Marbrume


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 Promenade nocturne [PV Morrigane]

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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Promenade nocturne [PV Morrigane]   Promenade nocturne [PV Morrigane] EmptyMer 4 Mar 2020 - 15:05
Mi-Novembre 1166

Le vent glacial de la mi-novembre frappait Marbrume à la nuit tombée. Au loin, la mer grondait de mille vagues, et semblait chargée du murmure de ses disparus à jamais oubliés.
Une lune difforme transparaissait derrière des nuages bleuâtres. Quelques torches difficilement alimentées éclairaient le haut du chemin de ronde, assez bien entretenu. Cette partie des remparts était en effet connectée à l'enceinte de l'Esplanade et les miliciens veillaient à ne pas la laisser s'écrouler.
Un rayon de lune jaillit un court instant des nuages pour venir éclairer une silhouette féminine, avançant en catimini, comme si elle ne voulait pas être reconnue.
Poussant un soupir, essoufflée par l'escalade, Clervie regarda en biais vers sa droite, se demandant si sa correspondante allait faire le déplacement. Mais connaissant le penchant des Ascalon pour l'aventure, il y avait de fortes chances pour que sa missive l'ait suffisament intriguée pour qu'elle accepte de se risquer hors de son manoir après le couvre-feu. Dame Morrigane, qui, avant de se retrouver à Marbrume, avait été une noble qui montait à cheval, chassait et combattait aux côtés de son frère, n'était clairement pas le genre de femme que vous pouviez obliger à rester sagement chez elle si elle avait décidé du contraire.
Clervie n'avait pas eu le temps de faire réellement sa connaissance, mais elle éprouvait une certaine admiration pour elle. C'était très dur pour une femme de prendre son destin en main dans le Morgestanc, elle en savait quelque chose. Si elle avait épousé Gwendal comme prévu, les longues parties de chasse avec Alaric auraient été terminés, ce genre d'activités ne siant plus guère à une Comtesse de Beaumont.
Alors qu'elle faisait le pied de grue, le coeur battant, elle entendit soudain un petit pépiement caractéristique. Cette fois, son coeur fit un violent bond dans sa poitrine, alors qu'une ombre se détachait soudain sur le ciel, volant vers elle. Les larmes roulant sur ses joues de bonheur, Clervie tendit son poing, préalable ganté pour l'occasion.

Onyx ! Mon Onyx !

Le faucon avait reconnu sa maîtresse, même dans la pénombre. Folle de joie, la jeune femme posa un baiser sur la nuque de l'animal, manquant de souiller son plummage de larmes. En réponse, le faucon lui donna un petit coup de bec affectueux sur le lobe de l'oreille, ce qui la fit rire doucement. Elle ferma un instant les yeux, laissant le faucon pépier de bonheur à son oreille. Le lien entre un fauconnier et son rapace était un lien unique, presque fusionnel. Bien différent de celui qui vous unissait à un chien ou un chat. Le rapace gardait son libre arbitre, mais si vous étiez son ami, alors vous l'étiez pour la vie. Si séparation il y avait, tôt ou tard, il reviendrait vers vous.
Elle prit enfin conscience que si Onyx était venue jusqu'à elle, elle n'était pas seule. En effet, une petite silhouette féminine s'approchait à son tour, de face. Dame Morrigane d'Ascalon, reconnaissable dans la pénombre à son rubis scintillant, avait décidé d'honorer le rendez-vous. Clervie s'approcha d'elle et lui fit un respectueux signe de tête.

Ainsi, vous êtes venue, Dame Morrigane d'Ascalon. Je vous en remercie du fond du coeur.

Il y eut un bref silence, puis elle ajouta :

Pardonnez-moi ce lieu froid et inhospitalier pour une telle entrevue. Il est vrai qu'il eût été de bon ton d'avoir cet entretien dans le salon de votre résidence, en prenant boissons et sucreries. Mais malheureusement, les miliciens de mon rang ne peuvent guère accéder à ce genre d'endroit sans permission spéciale. Et de plus, vu mon secret, si jamais on m'aperçevait là-bas...

Elle détacha brusquement ses cheveux, jusque là en chignon serrée, avant de s'approcher de l'une des torches qui éclairaient un peu le chemin, malgré sa répulsion des flammes, révélant la magnifique chevelure d'encre et l'allure altière qui faisait d'elle la Dame de Sombrelune.

Vous voici dépositaire d'un grand secret, Dame Morrigane. La milicienne Claire, que l'on a affublée du sobriquet de Dame Corbac, et Clervie de Sombrelune, fille de l'ex baron de Sombrelune, sont une seule et même personne. Et si certains l'apprenaient, il y a de fortes chances que mes jours soient comptés. Alors permettez-moi de vous demander :

Qui, à part vous et votre frère, soupçonne que je suis vivante ?

Spoiler:

Jet de fauconnerie, succès : Onyx a reconnu Clervie et est prête à la suivre.
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MessageSujet: Re: Promenade nocturne [PV Morrigane]   Promenade nocturne [PV Morrigane] EmptyVen 6 Mar 2020 - 15:57
J'ajustais mes jambières de cuir et terminais de boucler ma ceinture tressée maintenant un fourreau sobre et finement gravé. Celui-ci enveloppait l'épée courte d'apparat, bien que tranchante, que toutes les dames d'Ascalon portent traditionnellement lors des réceptions et autres soirées d'obligations. J'étais prête à honorer ce rendez-vous peu commun. Onyx patientait dans une cage un peu étroite, pour l'instant le rapace était calme je venais de l'y installer. Heureusement que je n'ai pas abandonné de vouloir l'attraper, voilà tout juste une semaine que le chasseur c'est laissé ramener au manoir. Je mis ma pèlerine bleu guède, puis partis pour les remparts.

La lune brillait d'une étrange couleur, à tel point qu'un superstitieux pourrait babiller je ne sais qu'elle infamie au nom de la sainte trinité. Pourtant il n'y avait là rien d'autre que la lune et quelques nuages pour la distraire.
Ma capuche relevée j'arrivais bientôt au lieu de rencontre, le nuage qui obstruait l'astre nocturne passa et la faible lueur me fit distinguer une silhouette. Je m’arrêtais un instant puis posais la cage au sol.
« Si cette personne est ta maîtresse tu ne tarderas pas à vouloir la rejoindre, non ? »
Évidemment je n'eus aucune réponse de la part du faucon, j'émis un léger sifflement en tendant le bras et Ulys se posa avec un peu trop de zèle. Je lui donnais le morceau de mouton que j'avais dans la main et le temps qu'il eut été occupé à becqueter j'ouvris la cage laissant Onyx prendre de l'altitude. Quelques instants plus tard l’oiseau descendit en tournoyant vers la silhouette pour finir sa course sur son épaule. J'étais certaine de ne pas m'enfoncer dans un guet-apens désormais.
Ulys s'envola de nouveau et j'allais à la rencontre de la Sombrelune.

À mon arrivé je fus accueilli par une jeune femme très reconnaissante de lui avoir rapporté son Pèlerin, mais quelque chose n'allait pas. Un rayon de lune passa sur la silhouette qui s'avançait dans ma direction, je ne m'attendais pas à y voir une milicienne. Je regardais rapidement par dessus son épaule mais personne ne sortait de l'ombre, incertaine des minutes à venir je n'osais me retourner ne faisant confiance qu'à mes seules oreilles. Dois-je empoigner mon épée ou feindre la sérénité, qu'en sais-je. La gaillarde s'arrêta et détacha d'un coup s'est cheveux. La lueur d'une torche dévoila une chevelure noir ornant un visage travaillé par la fatigue et des conditions de vie drastiques, maintenant je la revoie, les joues creusés mais toujours le même regard vindicatif que celui qui l'anima lorsque qu'elle s'enfuit. Elle s'excusa pour les modalités de cette rencontre qui a l'en croire seraient cavalières.
« Ne te soucis pas de pareils bêtises, c'est suffisamment courageux de ta part et la lune nous offre sa bienveillance ce soir. À t'entendre la Milice ne doit pas être de tout repos. Je ne m'attendais pas à cette uniforme vois tu. » À vrai dire je ne m'attendais à rien, trop pressé de lever ce voile de mystère, j'avais oublié qu'une année s'était écoulée. Bien sûr que je n'allais pas la rencontré portant jupons et houppelande... Où avais-je la tête.

Elle finit par révéler son identité véritable et me confessa ses craintes.
« Qui, à part vous et votre frère, soupçonne que je suis vivante ? »
Non contente de son aveu elle me demanda, sans surprise, si quelqu'un d'autre que mon frère et moi... Mon frère ? Comment pouvait elle affirmer qu'il eut été informé ? Certes il le sait. Au moins la jeune dame avait cultivé son assurance.
« Ma première sœur Isabelle était présente lorsque j'ai reçu la missive, c'est ensemble que nous avons cherché un moyen discret de vous retrouver. Elle est le Porte-étendard de notre maison et ma suivante, excepté pour cette nuit comme convenu. À nous deux nous épaulons Balian à la seule différence que je suis son aînée, tu n'as aucune raison de la craindre. »

Je rabaissais ma capuche pour m'identifier auprès de cette miraculée du destin. Mes cheveux devaient être en bataille comme à leur habitude, ils n'en font qu'à leur tête de toute manière...
« J'aurais souhaité que rien de tout cela ne t'accable, surtout en ces temps de trouble. As tu essayé de trouver qui aurait pu travailler une pareille machinerie ? Ou t'es tu déjà questionné sur ton père et les accusations qui lui ont été reproché ? C'est une pensée douloureuse mais vois tu Balian et moi sommes prêts à t'aider pour éclaircir tout cela, maintenant j'ai besoin de savoir si tu es préparée à affronter l'affliction à défaut d'innocenter ton nom. »
Il est clair que si nous remontons tout le manège mit en place et qu'il s'agisse finalement d'une exécution raisonnable... J'ignore comment elle réagirait mais les tribulations qu'elle aura surmontées n'en seront que trop plaisantes. Je préfère ne pas y penser, pauvre enfant. La Milice comme refuge... Si seulement nous avions pu la recueillir ce jour là.

Je secouai la tête évacuant toutes ces pensées troublantes, la regardai droit dans les yeux et ajoutai :
« Comment feras tu pour entretenir Onyx maintenant qu'elle est de retour ? J'ignore ce qu'il en est mais je doute que le quartier de la milice soit adapté pour un tel ménage. »
Cessons à présent de parler oiseau de proie :
« Balian voudra te rencontrer, as tu l'idée d'un lieu en particulier ? J'admets que je ne suis pas encore très familière avec les bonnes accointances de cette cité. »
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MessageSujet: Re: Promenade nocturne [PV Morrigane]   Promenade nocturne [PV Morrigane] EmptySam 7 Mar 2020 - 17:11
HRP : Les événements de cette nuit fatidique ont lieu après le rp avec Henry Duchemin et Elisabeth Blanchevigne. Peut-être ajouterai-je un autre rp avec Henry pour compléter. En tout cas, Clervie sait lors de cette discussion avec Morrigane qu'Henry est responsable de l'arrestation de sa famille.


La Dame d'Ascalon était fidèle à elle-même. Mépris total des conventions, parfaitement à l'aise sur ces remparts glacials, et pourtant, toujours altière, sage et avisée. Une personnalité entière, puissante, et un rien maternelle, bien qu'elle n'eût que dix ans d'écart avec la damoiselle Sombrelune. Si le tutoiement brutal la choqua quelque peu, tout ceci confirmait Clervie dans sa première impression. Il y avait enfin une personne dans l'Esplanade à qui elle pouvait faire confiance.
Elle semblait étonnée par l'uniforme de milicienne de Clervie. La jeune femme lui dit alors :

C'était cela ou terminer à mourir de faim dans la rue ou à me prostituer. De plus, quand on se lance dans une aventure comme celle qui me préoccupe, c'est un excellent moyen d'avoir accès à des informations et de ménager entrevue à des personnes que l'on ne pourrait contacter autrement. En effet, je connais ce chemin de ronde par coeur, maintenant. Et les heures de garde. La prochaine patrouille arrivera ici à la sixte. Ce qui nous laisse tout le temps de nous entretenir sereinement... en contemplant cette lune qui est suffisament bienveillante pour ne point nous éclairer trop.

Elle marqua une pause :

J'ai relevé une légère surprise dans votre regard, quand j'ai affirmé que votre frère était sûrement au courant de cette petite escapade. Sachez que je ne m'en formalise aucunement. Tout le monde sait que le Comte et vous êtes comme les deux doigts d'une main. Un peu comme nous l'étions, mon frère Alaric et moi. L'une des raisons qui m'ont poussée à venir sont que je me rappelle effectivement qu'il a tempêté en entendant prononcer la sentence. Je ne doute pas plus de lui que de vous ou de Dame Isabelle. Et puis...

Elle caressa doucement la tête d'Onyx du bout des doigt.

Vous et moi savons que les rapaces ne se laissent apprivoiser que par les personnes loyales et dignes de confiance...

Là-dessus, Morrigane formula la principale question. Qui avait pu monter le complot ? Ce à quoi Clervie décida de répondre franchement. Car si les Ascalon décidaient de l'appuyer, ces deux intrépides devaient être bien conscients des risques. Le noble purificateur pouvait très bien les faire envoyer au bûcher à leur tour. Déjà qu'ils avaient une drôle de réputation au sein de l'esplanade, avec le tempérament particulièrement frondeur et peu soucieux des conventions de Dame Morrigane. Cette aventure promettait d'être dangereuse, voire même suicidaire. Rétablir la justice, en finir avec la gangrène de cette secte qui faisait périr des innocents était un but louable, mais qui nécessitait des gens prêts à mourir pour leur conviction.

Je vais tout vous dire. De mon côté, à la milice, j'ai effectivement pu avoir accès à quelques informations. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui m'ont poussée à y entrer. Connaissez-vous le Baron Henry Duchemin ? Ce malheureux imbécile est la main qui a rédigé la lettre d'accusation au duc qui a valu à ma famille les arrêts. Par la suite, les regrets l'ont consummé car... il a en effet découvert que ma famille était bel et bien innocente. Il m'a tout révélé récemment. J'ai failli lui planter ma dague dans la gorge, heureusement, on m'en a empêchée.

Elle eut un pâle sourire. Puis continua :

Ce qui nous amène à une perspective qui n'est point des plus réjouissantes, Dame Morrigane. Il y a effectivement eu une machination, et impliquant des gens puissants. Vous connaissez maintenant la secte des purificateurs, responsable de la terrible invasion de mai. Il semble que mon père le Baron de Sombrelune ait découvert l'identité de l'un d'eux, un noble de l'Esplanade et s'apprêtait à la révéler lorsque le coupable a alors réussi à retourner les preuves contre lui ! Et il n'a sûrement pas agi seul. Je suis vraiment touchée que le Comte et vous me proposiez votre aide, mais ce ne sera vraiment pas facile. Vous risquez d'être en danger. C'est pour cela que j'ai pris toutes ces précautions pour une entrevue secrète. Le coupable a déjà le sang de ma famille sur les mains. On peut partir du principe qu'il peut facilement avoir aussi le vôtre. Surtout s'il s'agit d'un proche du Roi.

Elle marqua une pause.

Pour d'autres entrevues, nous pouvons facilement nous trouver à Bourg-Levant, je suis amenée à y patrouiller souvent. Votre frère pourra facilement venir s'entretenir avec moi à cet endroit. Si vous envoyez un coursier me quérir à la caserne, il peut demander après Claire, de la Coutillerie Blanchevigne. Je suis déterminée à découvrir le fin mot de toute cette histoire, non seulement pour laver le nom et l'honneur de ma famille, qui ne méritait pas cela, mais aussi parce que compte tenu de la dangerosité des coupables, si vous-même vous doutiez de ma survie, alors, mon ennemi aussi. Et dans ce cas...

Clervie montra brièvement à la lueur des torches le petit cordon qu'elle venait de retirer de ses cheveux. Sur celui-ci scintillait une petite perle brillante.

Il se pourrait que ce ne soit pas uniquement ma sécurité qui sera compromise, mais celle d'une personne qui m'est très chère. Et cela... Jamais je ne le tolérerai ! Jamais.

A la lueur de la torche, Clervie avait eu le regard qui flambe en prononçant ces mots. Sa détermination ne faisait nulle doute, et elle serait plus tranchante que n'importe quelle épée. Elle reprit, le souffle court.

Ne vous inquiétez pas pour Onyx. Elle vient de survivre plusieurs mois à l'état sauvage avant que vous ne la recueilliez. Et de plus, ma Coutilière, qui est milicienne affectée à l'extérieur, rêve d'avoir un animal capable de faire du répérage. En tant que telle, Onyx sera bien choyée. C'est plutôt de vous et de votre famille que vous devez maintenant vous soucier.

Le ton de Clervie était devenu grave et menaçant. Ses yeux noirs plongèrent dans ceux de son interlocutrice, l'incitant à écouter avec beaucoup d'attention ce qu'elle allait dire.

Si vous et le Comte de la Vire m'aidez, Dame Morrigane, vous vous exposez potentiellement, ainsi que Dame Isabelle. Il vous faudra agir avec prudence et discrétion, ne pas faire confiance à n'importe qui. Peu nombreux sont ceux qui oseraient penser le contraire du Roi. Je vous suis déjà très reconnaissante d'avoir recueilli Onyx et je ne pourrai vraiment pas vous reprocher de ne pas vouloir aller plus loin. Vous avez une question importante à vous poser. Est-ce que l'honneur baffoué d'une jeune femme et le fait voir d'autres innocents de mourir, leur vie détruite par d'odieuses personnes prêtes à tout pour couvrir leurs crimes heurtent vos convictions au point que vous préfériez la mort à voir de telles choses juste sous vos yeux ? Vaut-il mieux, à Marbrume, choisir de fermer les yeux, ou vaut-il la peine de tenter de ramener un peu de justice dans cette cité corrompue ?

Clervie avait la gorge serrée en prononçant ces derniers mots. Mais elle se devait d'avertir la Dame d'Ascalon du danger qu'il y avait à la soutenir dans sa lutte. Elle ne pouvait pas, devant sa propre conscience, laisser les gens dans l'ignorance des conséquences que pourraient avoir leurs actes futurs. Pour avoir posté l'annonce pour le faucon, Dame Morrigane pouvait déjà s'exposer à des problèmes.

Mais si vraiment, vous souhaitez continuer, et si nous parvenons au but, si je n'ai plus à me cacher sous une fausse identité et à craindre pour la vie des gens auxquels je me suis attachée ces derniers mois en dépit de tout, alors je n'aurai pas assez d'une vie pour vous payer ma dette. Mais je ferai tout pour.

Sur ces paroles, Clervie tira son épée courte. Les paroles qu'elle allait prononcer maintenant resteraient également entre elle et la Dame d'Ascalon. Elle mit un genou à terre, lame plantée au sol.

Dans les ténèbres, nous sommes la lumière. Ceci était la devise de ma famille. La lune nous éclaire quand la nuit nous entoure. Nous sommes le dernier éclat lorsque les heures sont sombres, et nous en faisons bénéficier nos alliés. Malheureusement, je suis femme, déchue de la noblesse à jamais, et certainement pas un chevalier. Au mieux deviendrai-je peut-être une coutilière affectée au service de la cité. Mais peu importe, je sais désormais tenir une lame et les Trois me sont témoins que c'est quelque chose d'utile en ces temps troubles. Et hormis quand il s'agit de protéger nos citoyens, je suis la seule à décider à qui je donne ma loyauté.

Le ton de Clervie était devenu très solennel. Elle déclara :

C'est ainsi que par le nom des Sombrelune et par l'honneur qui coule dans mon sang, si vous consentez toujours à m'aider, en tant que dernière représentante de ma maison, je jure fidélité et alliance à la Maison Ascalon. Ce serment est officieux et n'a aucune valeur du point de vue de nos lois... mais il n'en est pas moins sincère et une Sombrelune tient toujours parole. Mon épée sera à jamais vôtre, aussi longtemps que je vivrai. Je vous servirai et vos ennemis seront également les miens. C'est tout ce que j'ai à vous offrir, mais cela du moins, je vous l'offre.
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MessageSujet: Re: Promenade nocturne [PV Morrigane]   Promenade nocturne [PV Morrigane] EmptyMar 24 Mar 2020 - 0:11
Mais si vraiment, vous souhaitez continuer, et si nous parvenons au but, si je n'ai plus à me cacher sous une fausse identité et à craindre pour la vie des gens auxquels je me suis attachée ces derniers mois en dépit de tout, alors je n'aurai pas assez d'une vie pour vous payer ma dette. Mais je ferai tout pour.

Je tressaillis, son épée était tirée. Que diable lui passait il par la tête ! Avait-elle perdu l'esprit ? Un instant elle me parle d'une dette dont je n'est pas le pouvoir et l'instant d'après s’apprêterait elle à m'égorger ? Son regard brûlant déclencha un incendie de panique en mon for-intérieur. Serait elle atteinte du même contraste aussi absolu que peut l'être la consistance de son nom de famille ?
Durant cette réflexion la milicienne mit un genou au sol et planta son épée dans le sol rocheux du rempart. Je compris la scène.

C'est avec la surprise la plus entière que je me vit offrir la loyauté sous serment de la jeune milicienne. Fichtre ! À la fange les brocarts et les atours, point de ménestrels, point de joutes ! Juste cette courageuse et moi pour une soirée qui restera à jamais gravée dans sa mémoire. Le temps nous manque et cet épisode ne peut être reporté. Non, je dois achever l'honneur qui m'est dédié et dès à présent. Je me dégantais et pris son épée de ma main droite en gardant la pointe au sol. Elle dû certainement poser ses mains sur son genou, je n'ai pas fait attention à cela. Je baissais la tête, fermais les yeux et entrepris de réciter d'une voix douce et discrète les paroles d'un engagement séculaire:

« Bientôt viendra la dernière ronde, Notre cercle se défera,
Mais quoi qu’il advienne en ce monde, Un même feu nous unira.
Serments jurés pour une vie, Amis plus frère que gémeaux,
Honni soit celui qui renie, Et qui recule devant l’assaut.

Rappelez-vous les temps des conquêtes, Du sang qu’on versait sans faiblir,
On préférait mourir à la quête, Plutôt que tromper ou faillir.
Fidèles à cette devise, Nous savons que nous valons mieux,
Qu’une poignée de cendres grises, Plus est en nous qu’on ne le veut. »

J'ouvrais de nouveau les yeux, je ne m'étais pas aperçu à quel point l'astre de la nuit nous éclairait. En maintenant la garde de son épée sur son cœur, je lui annonce sur un ton un peu plus protocolaire :
« Tu jures allégeance à la Maison d'Ascalon, au Comte de la Vire et seule ta valeur formalise ce serment sache-le. Les lois ne dérogent pas à la morale.
- Tu m'offres ton épée, à jamais mienne.
- Tu me serviras et mes ennemis seront tiens.
- Ainsi tu me fais don de ton honneur et ceci jusqu'au trépas.
Tel est ton serment. »

Sans plus attendre je lui mis un léger revers claquant de la main gauche et sa tête pivota :
« Et ceci pour ne pas l'oublier. ».

Quelques instants après je fis un geste de la main pour la faire se redresser, je sentais un sourire se dessiner sur mes lèvres :
« Lève toi Dame Clervie de Sombrelune, en cette belle nuit d'automne tu as ma protection et de tes actes je répondrais. »

Je lui redonnai son épée en la présentant à l'horizontal, posée sur mes poignets. Je remis mes gants en repensant au cordon qui lui attachait les cheveux... Serait-ce un présent de notre invité surprise ?
Je n'allais certainement pas spéculer sur un tel sujet :
« Je n'ai pu m'empêcher de remarquer cette attache ornée d'une perle qui te maintient les cheveux. Je crois avoir fait la connaissance du tendre qui te l'a offert et pas plus tard qu'en début de soirée.
J'ai dû le faire enfermer dans la cave tellement il était intenable, une vraie furie. Il semble vraiment s'éprendre de ton cœur malgré les écarts de vos situations respectives.
D'ailleurs il s'y trouve toujours. Veux tu profiter de la nuit pour aller lui rendre visite ? J'ai bien compris que l'esplanade ne t'est pas accessible en temps normal mais maintenant que nous sommes là ... Ce n'est plus si loin.»
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MessageSujet: Re: Promenade nocturne [PV Morrigane]   Promenade nocturne [PV Morrigane] EmptyMar 24 Mar 2020 - 14:46
Dame Morrigane marqua un bref instant de surprise, puis elle entreprit l'épée des mains de Clervie pour prononcer les formules rituelles. La jeune milicienne écouta attentivement, gravant en son esprit la devise de la maison à laquelle elle venait de jurer fidélité. Et songea que son père et son frère auraient été fiers d'elle.

« Tu jures allégeance à la Maison d'Ascalon, au Comte de la Vire et seule ta valeur formalise ce serment sache-le. Les lois ne dérogent pas à la morale.
- Tu m'offres ton épée, à jamais mienne.
- Tu me serviras et mes ennemis seront tiens.
- Ainsi tu me fais don de ton honneur et ceci jusqu'au trépas.
Tel est ton serment. »


La petite claque surprit Clervie qui s'attendait à voir la lame de son épée lui toucher l'épaule, comme on le faisait lors des adoubements. Mais peu importait, après tout. Les Ascalon avaient toujours eu leur propre manière de faire les choses.

« Et ceci pour ne pas l'oublier. ».

Jusqu'à mon trépas. Je le jure ! prononça Clervie d'un ton vif, mais en évitant de trop porter la voix.

Quand la Dame Morrigane l'autorisa à se redresser, Clervie vit passer un sourire dans son visage.

« Lève toi Dame Clervie de Sombrelune, en cette belle nuit d'automne tu as ma protection et de tes actes je répondrais. »

Clervie réalisa à cet instant qu'en plus d'avoir gagné une suzeraine, elle avait incontestablement gagné une amie. Elle pouvait entendre au ton de la voix de la Dame d'Ascalon qu'elle venait de gagner non seulement son estime, mais son affection définitive. Elle avait employé le nom de Clervie et le titre de Dame avec la même solennité que si celle-ci n'avait jamais été déchue de ses droits. Lui rendant symboliquement son honneur baffoué. La jeune milicienne dût battre des paupières pour chasser les larmes qui lui montaient aux yeux sous l'émotion. Une soirée dont la lune seule était témoin, mais chargée de valeur. Désormais, quoiqu'il arrivât, sa destinée était liée aux Ascalon. S'ils devaient périr dans l'entreprise folle dans laquelle ils venaient de se jeter, ils périraient dans l'honneur.

La liste de nos ennemis risque d'être bien longue au cours des prochains mois, commenta-t-elle en rendant à sa suzeraine de coeur son sourire. Mais maintenant que nous savons pouvoir compter l'une sur l'autre à jamais, j'ai l'espoir que nous puissions triompher. La difficulté dans notre affaire, c'est bien le fait de devoir nous méfier de tout le monde, vu combien la vipère qui se dissimule dans l'Esplanade maîtrise l'art de la dissimulation et du complot. Cet ignoble individu nous tuera volontiers dans notre sommeil si nous avons le malheur de lui en laisser l'occasion. Toute loyauté sincère sera un cadeau de la Trinité.

Elle avait à présent repris son épée et regardait la Dame d'Ascalon avec une reconnaissance et une estime non dissimulée. Puis elle en profita également pour rattacher sa chevelure, qu'elle n'avait lâché que pour aider son interlocutrice à reconnaître en elle la jolie jeune fille qu'elle avait été. La perle de la cordelette brilla un instant sous la lune, et la noble la regarda avec intérêt.

« Je n'ai pu m'empêcher de remarquer cette attache ornée d'une perle qui te maintient les cheveux. Je crois avoir fait la connaissance du tendre qui te l'a offert et pas plus tard qu'en début de soirée.
J'ai dû le faire enfermer dans la cave tellement il était intenable, une vraie furie. Il semble vraiment s'éprendre de ton cœur malgré les écarts de vos situations respectives.


A ces mots, Clervie fut décontenancée. Sans plaisanter, Erwan eût-il commis telle folie ? Puis, elle réalisa que ce n'était guère possible. Déjà, il ne pourrait atteindre l'Esplanade sans se faire arrêter bien avant de pouvoir parler à qui que ce fût. De plus, même s'il avait appris par elle ne savait quelle coicidence fortuite, la véritable identité de Clervie, il aurait plutôt chercher à la trouver à la caserne ou à Bourg-Levant pour lui demander des explications.
De plus, Morrigane avait mentionné leurs "écarts de situations respectives". Il n'y avait rien de tel avec Erwan. Noble déchue, Clervie n'était en réalité guère plus qu'une membre du peuple, et donc son égale. Si un jour elle décidait de l'épouser, rien ne l'en empêchait.
Ses joues se teintèrent de rose alors qu'elle avait cette pensée. Epouser Erwan...
Mais elle n'eut guère le temps de s'attarder sur cette pensée car Morrigane venait de lui asséner une question dont la réponse n'attendait nul délai.

D'ailleurs il s'y trouve toujours. Veux tu profiter de la nuit pour aller lui rendre visite ? J'ai bien compris que l'esplanade ne t'est pas accessible en temps normal mais maintenant que nous sommes là ... Ce n'est plus si loin.»

Morrigane ne pouvait parler que d'une seule et unique personne. Et Clervie sentit son coeur battre à tout rompre dans sa poitrine.

Gwendal de Beaumont ? articula-t-elle, la gorge brutalement sèche.

La confirmation ne se fit guère attendre, et Clervie en sentit son coeur battre avec violence dans sa poitrine. Ainsi, malgré son mariage, le bouillonnant jeune comte ne l'avait guère oubliée. Et à l'idée de la savoir en vie, il bondissait d'espoir, voulait s'entretenir avec elle. Un sentiment de culpabillité noua les entrailles de Clervie. Lui laisser croire à sa mort avait été certes la seule solution à l'époque. Nul doute que les gens qui avaient causé la perte de son père s'en fûssent pris à lui. De plus, jamais le père de Gwendal n'aurait pu tolérer de maintenir le mariage avec une femme qui n'était plus rien, avait tout perdu jusqu'à sa dot.

Je suis désolée qu'il vous ait ennuyée, Ma Dame. Gwendal a toujours été un peu... impulsif, me concernant, avoua-t-elle avec un sourire triste.

Après tout, il avait bien été le genre à venir lui chanter sérénade à une heure indécente.

Soit, je dois m'entretenir avec lui, histoire d'éviter qu'il ne fasse plus de bêtises. Heureusement encore qu'il n'eût pas été taper à la porte de l'un de nos ennemis pour se renseigner, n'est-ce pas ? Vous avez bien fait de le retenir, malgré la manière dont vous avez dû vous y prendre. Il est vrai que je lui dois un certain nombre d'explications et cette affaire doit être réglée céans. Je vous en remercie.

Là-dessus, la jeune femme pressa le pas, incitant son interlocutrice à faire de même.

Cela ne devrait pas être trop long, l'important est que j'arrive à disparaître de l'esplanade avant la sixte si nous ne voulons point être vues ensemble.

Elle réalisa que son attitude n'était point celle d'une femme amoureuse, mais peu importait.
Ce fut ainsi que les deux jeunes femmes zigzaguèrent sur le rempart, prenant garde à se dissimuler dans les coins d'ombre, de manière à ne pas laisser voir leur passage. Onyx planait au-dessus d'elles, silencieuse comme un fantôme. Désormais, le faucon ne quittait plus Clervie des yeux et ne tarda pas à se poser sur son épaule.


Finalement, elles atteignirent le manoir des Ascalon. Clervie avait pris soin de couvrir de nouveau son visage. Mais bien entendu, les serviteurs de Morrigane ne s'avisèrent point de poser la moindre question et Clervie put constater à quel point la Dame pouvait compter sur la loyauté de ses gens. Pas un qui oserait trahir, c'était sûr.
La cave était assez glaciale et lorsqu'elles arrivèrent, Gwendal attendait... Proprement ficelé sur une chaise, bien qu'on lui posé gentiment une pélerine de fourrure sur les épaules.

Et bien, Ma Dame ! Il s'est vraiment mal comporté, n'est-ce pas ? commenta Clervie qui aurait pu trouver la situation presque comique si elle n'eût pas été aussi grave.

Elle faisait de l'humour, une fois de plus, mais elle était terriblement gênée et son coeur battait à tout rompre en reconnaissant la magnifique chevelure châtain doré et les beaux yeux verts qui l'avaient ensorcelée, fut une époque. Gwendal de Beaumont n'avait rien perdu de ses atouts et malgré ses liens, ce fut d'une voix vibrante de la plus grande des émotions qu'il murmura :

Clervie... Ma mie !

Une larme de soulagement roula sur sa joue. Il étouffa un sanglot de bonheur et la jeune femme sentit son coeur se serrer en réalisant combien il avait été inquiet. Durant un instant, le temps parut se suspendre et Clervie se laissa envahir par la nostalgie de certains souvenirs, notamment leurs promenades lorsqu'ils étaient encore au domaine de Sombrelune...

Il ajouta :

Par quel miracle êtes-vous en vie, ma chère ? Si je pouvais me lever de cette chaise, je vous presserais contre mon coeur et ne vous lâcherais plus... J'ai tant pleuré en pensant à vous...

Cette simple phrase ramena Clervie au présent.

Abstenez-vous en, Gwendal, même quand vous aurez retrouvé liberté de mouvement, répliqua la jeune femme d'un ton ferme, mais contenant une certaine affliction. Vous êtes désormais Comte de Beaumont et un homme marié. Voulez-vous vous déshonorer ? Vous n'auriez même point dû venir ici !

Ce mariage était une exigence de mon père, cracha Gwendal qui paraissait outré. Mais mon épouse ne l'est que de nom bien qu'il me faille parfois remplir mes devoirs conjugales pour concevoir héritier. Elle a mon affection, mais elle ne vous a jamais remplacée. Le coeur ne se laisse guère influencer par les conventions, Clervie. Je vous aime toujours, et je vous aimerai jusqu'à mon dernier jour sur cette terre. N'en est-il point de même pour vous, Claire (il avait employé cette fois le tendre diminutif) ? Avez-vous déjà oublié cette promesse que nous nous sommes faits un matin de printemps, voici deux ans ?

Jamais je ne l'ai oubliée, répondit Clervie d'un ton calme, mais le coeur battant sous l'appréhension. Mais Gwendal, je ne suis plus la femme que vous avez connue. Je suis désormais une roturière, une milicienne et je dissimule ma réelle identité pour ne point connaître le même sort que celui qui a emporté mon père et notre bien-aimé Alaric. Nos ennemis rôdent.

Ces forbans ! cracha Gwendal. Il s'agissait donc bien d'un complot, n'est-ce pas ? Est-ce pour cela que vous m'avez dissimulé que vous étiez en vie ? Pour me protéger ?
Exactement, Gwendal, dit Clervie d'un ton soulagé. Vous m'en voyez désolée. Je n'ai pas eu le choix.

Au moins, le jeune homme ne paraissait guère en colère contre elle.

J'ai souffert pendant des mois de vous savoir morte, pleuré chaque nuit, répondit le jeune noble. Mais je vous pardonne tout de bon, tant ma joie est forte de vous voir vivante et en bonne santé. La milice ! Quel sort épouvantable pour une dame de votre rang. Laissez-moi vous apporter mon secours. Vous pourriez avoir facilement un petit commerce. Vivre dans une demeure confortable. Et je vous visiterai tous les jours, personne n'en saura rien...

Là, la jeune femme faillit le gifler. Etait-il bien entrain de lui proposer de devenir sa maîtresse ? A elle, une Sombrelune ? Elle avait peut-être perdu jusqu'à son honneur lors de la déchéance de sa famille, mais Dame Morrigane venait de lui rendre. Ce n'était guère le moment de la décevoir à ce propos.
Et de plus, la question ne se posait même plus.
Car si, durant un court instant, elle avait ressenti une douce chaleur dans sa poitrine lorsque Gwendal avait évoqué leur promesse d'amour mutuel, leurs fiançailles et un relent de nostalgie, une autre vision s'était imposé à son esprit. Le visage mat aux beaux yeux sombres d'Erwan. L'homme dont elle était tombée amoureuse en un jour et une nuit.
Il était le seul à posséder désormais son coeur. Et il allait falloir que Gwendal le comprenne.

Vous êtes fou, décréta-t-elle. Vous ne pouvez renouer ainsi un lien brisé. Nous avons été séparés durant près d'un an, et j'ai appris votre mariage peu après sa célébration. J'en ai ressenti une énorme rage et une grande tristesse, mais je vous souhaité tout le bonheur possible. Et je veux renouveler ce dernier voeu. Je n'ai plus rien à vous apporter. De plus, voudriez-vous vraiment achever de vous déshonnorer en faisant de moi la maîtresse d'un homme marié ?
Vous retrouver à la milice n'est-il point un déshonneur plus grand ? répliqua Gwendal. Les femmes conscrites ont une réputation à en faire rougir les catins. Le beau rôle, que de se retrouver soldate à devoir partager le lit de ses camarades selon leur bon vouloir, pour une Sombrelune !
Le beau rôle, que celui de mari adultère pour un Comte de Beaumont ! rétorqua Clervie d'un ton furieux. Votre père avait le sens de l'honneur, il rougirait de savoir que vous préméditez ainsi de tromper votre malheureuse épouse ! Alors que vous avez promis devant Anür de l'aimer et de la chérir à jamais ! Allez-vous donc vous comporter de la façon de certains nobles marbrumiens fréquentant les putains en portant le vernis d'une fausse vertu ? Croyez-le ou non, mais la vie que je mène actuellement est encore honorable à côté de ce que vous me proposez !

Elle le toisait, de toute sa hauteur, majestueuse, furieuse, ses beaux yeux bruns étincellant d'indignation. Plus belle que jamais, et terriblement désirable aux yeux du jeune comte, malgré sa cape verte de milicienne, son visage amaigri par les privations.

Est-ce vraiment là le souvenir que vous voulez me laisser de vous, Messire de Beaumont ?

Messire de Beaumont. Pas Gwendal. La rupture était nette. Le jeune homme s'en rendit compte.

Vous ne m'aimez plus, réalisa-t-il soudain, un coup de poignard perforant son coeur. Je ne sais pourquoi, mais c'est l'image que vous renvoyez. Je... Par les Trois, dites-moi que je me trompe !

La gorge de Clervie se serra violemment. Vu comment Gwendal était toujours épris d'elle, elle ne pouvait prévoir sa réaction lorsqu'il se comprendrait repoussé à jamais. Il allait peut-être lui porter tort pour se venger. Elle ignorait si son amitié pour Alaric et leur amour passé pouvaient le maintenir sur le chemin de l'honneur. Bafouer l'amour d'un homme pouvait être très dangereux, sa mère l'en avait toujours prévenue.

"Même si tu n'as pas la belle peau blanche de la plupart des nobles, tu es très belle Clervie. Bien des prétendants t'aimeront et voudront t'épouser. Alors sache dès maintenant les ménager, car certains hommes ne supportent guère les refus et sauront te faire payer ce qu'ils considèreront comme une offense. En particulier s'ils sont d'une condition sociale supérieure à la tienne."

En l'occurence, avec quelle audace une noble déchue osait-elle ainsi repousser un comte, qui lui faisait encore beaucoup trop d'honneur en lui demandant d'être sa favorite ?
Pourtant, elle allait le faire. Elle ne savait être fourbe à ce point-là, et l'idée de trahir Erwan lui donnait la nausée.

Un an a passé, Gwendal. Je vous l'ai dit. Je vous ai cru marié, et je vous ai espéré heureux.

Elle marqua une pause.

J'ai refait ma vie de mon côté. Et... mon coeur appartient désormais à un autre.

Voilà. Elle l'avait dit. Une vague d'adrénaline monta dans ses veines. Avec un tel aveu peut-être venait-elle de signer sa condamnation à mort. Heureusement encore que son soupirant déçu était attaché !
La réaction du jeune homme ne se fit guère attendre.

Cet homme vous aime-t-il ? demanda-t-il aussitôt d'un ton brusque. Connaît-il votre passé ? L'acceptera-t-il ? Sait-il le risque auquel il s'expose à fréquenter une proscrite ? Vous aime-t-il à ce point là, Clervie ?

Ces quelques phrases remuèrent en effet les pires craintes de la jeune milicienne. Non. Erwan ne savait toujours rien. Et non, elle ne savait pas quelle serait sa réaction. Et le comte le vit aussitôt dans son regard, sans même qu'elle n'eut le temps de répondre.

Ha ! Vous ne lui avez rien dit, n'est-ce pas ? Ce n'est point là ce que l'on peut appeler une relation solide !

Il ajouta d'une voix perfide :

Et vous vous permettez de me donner des leçons de morale ?

Une larme roula sur la joue de Clervie. Son ancien fiancé avait frappé droit en son coeur. Néanmoins, elle garda la tête haute.

Vous avez raison, Gwendal. Je lui ai tout caché, pour sa conservation autant que pour la mienne, et un jour, il m'en haïra sûrement. Mais peu importe.

Elle avait l'impression qu'une pierre était bloquée dans sa gorge, tant celle-ci était devenue douloureuse. Son coeur se serra et elle se mit à trembler.

Vous voyez la différence entre ce que j'éprouve pour lui et pour vous, Gwendal ? Votre haine, votre colère m'atteignent à peine même si elles me causent une certaine culpabilité. Je les endurerai, je le mérite. Je demande votre pardon pour vous avoir fait souffrir, mais j'assume cela. Rien ne vous oblige à me pardonner, par ailleurs. Ce sera votre choix.

Après une pause, elle articula :

Sa haine à lui, par contre, me sera insupportable si elle doit me frapper. Rien ne saurait plus me blesser.

De nouveau, elle s'interrompit, tentant de reprendre contenance.

Je vous aimais, Gwendal, et je vous garde une certaine tendresse encore aujourd'hui. Je vous veux en bonne santé et heureux. Mais si vous m'avez aimée, si vous m'aimez encore, respectez ma décision. Ne dîtes à personne que je suis toujours en vie et ne cherchez plus à me contacter. Je vous en prie. Si ce n'est pour moi, faîtes-le en mémoire d'Alaric qui fut votre frère d'armes. Ne lui avez-vous pas promis, à lui aussi, de toujours veiller sur moi ?

Gwendal se mordait furieusement les lèvres, cherchant visiblement à contenir la douleur que lui avaient assénée chaque parole prononcée par celle qu'il avait toujours considéré comme l'amour de sa vie. Enfin, il osa s'exprimer :

Jamais je ne renoncerai à vous, Clervie, répliqua-t-il. Vous ne pouvez me le demander. Je tenterai de reconquérir votre coeur. A mon rival de montrer qu'il est réellement digne de vous. Ce que je saurai le jour où vous lui direz la vérité, car tôt ou tard, vous savez aussi bien que moi que vous la lui devrez ! Et plus vous différerez ce moment... pire sera sa réaction, surtout s'il est autant épris de votre personne que moi. A vous d'en juger. Moi, je ne le connais pas.
Je ne deviendrai jamais votre secret et votre honte, rétorqua Clervie. Même si je termine rejetée par lui.
Vous dîtes cela aujourd'hui, ma Claire. Mais nul ne sait ce que vous affirmerez d'ici quelques mois ou quelques années. La vie est dure à Marbrume. Et rares sont les vraies attaches...

Sur cette phrase, il entonna :

Dame Morrigane, j'espère que tout ceci vous a divertie, au moins ? Avez-vous bien ri de mon infortune ? Maintenant que la petite scène de ménage est terminée, auriez-vous l'obligeance de me détacher ? N'ayez crainte, je ne ferai point de mal à la Dame de Sombrelune. Même si elle me rejette, je continue de l'aimer de tout mon coeur et je souhaite toujours sa conservation.


Puis, il eut un petit sourire triste en direction de Clervie :

Je garderai votre secret, quelle que soit la peine que vous m'infligez, ma mie. L'amour, le vrai, consiste aussi à pardonner...
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MessageSujet: Re: Promenade nocturne [PV Morrigane]   Promenade nocturne [PV Morrigane] EmptyDim 5 Avr 2020 - 17:26
Selon elle une vipère demeurerait à l'esplanade ? Ma foie c'est fort probable, pour envoyer in extremis toute une famille dans l'opprobre et le brasier la même journée... Cette verpine doit avoir un relationnel grandissime, condition dont nous manquons cruellement. Cela fait pourtant des mois que nous sommes nantis en ces lieux et je doit admettre que pour l'instant je me suis faite relativement discrète.
Une chose était sûr, rien de ce qu'il s'est dit cette nuit ne devait se faire savoir. Ce qu'il s'est passé au rempart restera au rempart.

Toutefois la petite Sombrelune fut émerveillée. Cette petite mascarade avait fait son effet, qu'importe que rien de cela ne soit reconnu par l'autorité royale, non pas que je n'en eus cure, mais voir simplement l'espoir et la fierté dans ses yeux me suffit amplement. Qui sait peut être un jour Balian lui fera cet honneur, si nous prouvons que sa Maison n'est pas renégate, si elle ne l'est vraiment pas. Cette tâche, en revanche, ne sera pas la même mayonnaise, elle risque d'être très acre... ou âpre je ne sais plus.

Soit, je dois m'entretenir avec lui, histoire d'éviter qu'il ne fasse plus de bêtises. Heureusement encore qu'il n'eût pas été taper à la porte de l'un de nos ennemis pour se renseigner, n'est-ce pas ? Vous avez bien fait de le retenir, malgré la manière dont vous avez dû vous y prendre. Il est vrai que je lui dois un certain nombre d'explications et cette affaire doit être réglée céans. Je vous en remercie.
En effet je préférerai ne pas avoir à conserver un noble natif dans une cuverie plus longuement que nécessaire, de crainte qu'il ne macère dans son arrogance certainement.

« Allons donc retrouver ce Comte de Beaumont, je ne souhaite pas le retenir davantage »
En tendant le bras gauche je lui fis un geste d'ouverture en direction des marches à prendre pour ce rendre à l'esplanade. Je ramassai la cage de transport et sifflai quelques notes singulières. Ulys se posa sur mon épaule ne lâchant aucunement Onyx du regard. Je ne pu m'empêcher d'esquisser un sourire :
« Peut être un jour tu chasseras avec elle » Je caressai sa joue de mon doigt et ainsi nous nous dirigeâmes vers le manoir, notre refuge et à l'issue de cette histoire possiblement notre future tombeau.

----

Qu'ouïe-je ? Qu'entend-je ? Clervie ?Ma mie ? Que les trois me foudroient, il m'a semblé sentir caresser mes oreilles d'une frivole invitation égrillarde. Ai-je l'esprit décalé ? Un instant j'ai cru que l'étourneau lui avait chercher l'adultère...
Les verbes fusèrent à tout va. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas assisté à pareilles joutes formelles. Sans ce contexte fataliste une scène aussi haute en couleur se vaudrait certainement les applaudissement d'une assistance venu tressaillir d'émotion, face à une comédie mélo-dramatique.
Et je vous visiterai tous les jours, personne n'en saura rien...
La chaleur de mon sang semble s'être dérobée.
Bigre ! Il l'a dit le salaud !
La sauvagerie hurlait dans les veines de la Dame déchue, j'en perçu presque les échos. Je priai pour qu'elle ne fasse rien qui nous promettrai une inquisition pour les prochaines heures. Rien ne fit suite, la Sombrelune garda sagement sa fougue.
Les arguments de l'un comme de l'autre ne manquèrent pas. L'honneur fut souvent mit en avant par le débauché, savait il au moins ce que ce terme signifiait.

Je m'étais mise à l'écart pour les laisser régler leurs affaires et malgré cette attention le Comte m'interpella :
Dame Morrigane, j'espère que tout ceci vous a divertie, au moins ? Avez-vous bien ri de mon infortune ? Maintenant que la petite scène de ménage est terminée, auriez-vous l'obligeance de me détacher ? N'ayez crainte, je ne ferai point de mal à la Dame de Sombrelune. Même si elle me rejette, je continue de l'aimer de tout mon coeur et je souhaite toujours sa conservation.

« Contrairement à votre avis je ne me divertis guère du malheur d'autrui, aussi légitime soit il. N'êtes vous point las de vos esbroufes incessante ? Quand enfin allez vous comprendre l'insignifiance de vos lamentations ? Des questions auxquelles je n'attends nulles réponses rassurez vous. Vous ne resterez pas ici davantage. »
Je fis volte-face aux escaliers, ne prenant même plus la peine de le regarder.
« Vos querelles d'aphrodite ne me concerne guère aussi j'aimerais ne plus vous voir pour de tels enfantillages. »
Peut-être regretterai-je un jour ses paroles, claquer la porte à un Comte c'est une relation d’intérêt qui s'en va. Qui sait le jour où j'aurais besoin d'un tel personnage... Quand bien même, qu'il ne s'attende pas à me voir ramper à ses pieds !
Je regardai Clervie du coin de l'oeil :
« Si cette entrevue est close remontons à l'air frais. »
Ce coup d’œil dû lui paraître bien dépourvu d'égard et de respect, en opposition avec ce qu'il s'est passé plus tôt dans la soirée mais à quoi bon. Le geste est là mais l'intention absente, devant certains individus on ne peut se permettre la moindre faiblesse.

Les Sers Renaud et Gildas qui attendaient en haut des escaliers iront libérer le bougre quand nous aurons quitté la cave.


Dernière édition par Morrigane d'Ascalon le Mar 7 Avr 2020 - 21:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Promenade nocturne [PV Morrigane]   Promenade nocturne [PV Morrigane] EmptyDim 5 Avr 2020 - 18:58
La Dame Morrigane semblait courroucée et Clervie ne pouvait que la comprendre. Gwendal se comportait d'une façon proprement inqualifiable et la jeune milicienne dut se mordre la langue pour retenir une dernière réplique cinglante. Mais son sang se glaça en voyant l'expression écoeurée de sa suzeraine, qui parlait d'enfantillages. Bien qu'elle s'adressât à Gwendal exclusivement, Clervie ne put s'empêcher de se sentir également visée.
Sentiment qui s'accrût lorsque la Dame d'Ascalon lui jeta un regard du coin de l'oeil avant de l'inciter à quitter la pièce. Clervie crut qu'elle allait mourir de honte. Aussi lorsque les deux femmes fûssent remonter les escaliers, elle prit la parole.

J'imagine que cela serait bien la première fois que l'une de vos dames se couvre de honte le soir même où elle vous aura prêté serment. Je vous demande donc bien pardon de vous avoir fait assister à une scène aussi misérable. J'ai été vraiment prise au dépourvu.

Ses pommettes avaient rougi et elle affichait l'air contrit d'une dame en faute face à un incident inqualifiable. En effet, même si elle n'était pas responsable de l'intrusion de Gwendal dans le manoir, elle se demandait s'il n'eût pas fallu y pourvoir en le contactant d'avance.

Elle ajouta :

Et j'espère vraiment qu'il tiendra parole de ne point révéler que je suis en vie. Qui sait ce que peut réserver la colère d'un amant repoussé, surtout en se sachant supplanté ? Car vous le savez désormais, la perle m'a été offerte par celui qui détient mon coeur à présent. Il n'est point encore temps de vous conter cette histoire, mais soyez assurée que je ne vous la dissimulerai point si vous m'interrogez par la suite. L'une de mes grandes préoccupations ces derniers jours a en effet été de ne pas l'exposer. Sur ce...

Le ciel était toujours très sombre, mais Clervie se doutait que l'heure n'était vraiment plus aux palabres. Elle devait quitter l'Espanade, et vite.

Je dois prendre congé avant que nous ne soyons surprises par quiconque. Et soyez encore remerciée de vos bontés envers moi, Dame Morrigane. Soyez assurée que je saurai m'en montrer digne...

Après un dernier signe de tête empreint du respect le plus profond, la jeune milicienne se hâta de disparaître dans les ombres de la nuit.
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