[TERMINÉ] Quelques mots par la fenêtre [Rosen x Azelaïs]

Quelques mots par la fenêtre

Rosen feat Azelaïs

27 septembre 1166

Décidément, que tout est terriblement compliqué. Je dois me démener comme un pauvre diable à longueur de journée pour tout et n’importe quoi. Pour préserver ma sécurité, pour préserver ce que je peux - ou plutôt ce qu’il me reste – de mon image, pour m’intégrer dans cette nouvelle vie et pour me faire respecter.

Les affaires ne vont pas fort bien évidemment et je commence à me demander si je n’ai pas fait une connerie à vouloir reprendre la Bonne Fortune. Je n’aurais jamais cru que mon mariage s’apprendrait si vite et que tout serait remis en question…

Mais heureusement, pour la reprise de la Bonne Fortune, personne hormis Victor, Hector, le clergé et moi même n’est au courant, alors cela limite les dégâts si j’ose dire. Ce n’est pas Victor qui en parlera, ni moi. Le clergé non plus à mon sens. Hector ne devrait pas non plus ébruiter l’affaire, alors ça devrait aller.

« Vous savez, ça devrait aller mieux dans quelques lunes. Les gens ne savent pas… Les gens pensent que je n’ai plus aucun lien avec la Bonne Fortune. Tant que personne ne sait que j’ai repris l’établissement, c’est le principal. Les choses vont se tasser et les clients reviendront. Ce n’est qu’une question de temps…
- Le temps... c’est de l’argent. Puissiez-vous ne point faire disette trop longtemps tout de même.
- Ce n’est pas le genre de choses qui dépend de ma volonté… A part me faire oublier, je ne peux rien faire de plus.
- D'une manière ou d'une autre, on s'acquitte toujours d'une dette contractée auprès de Rougelac.
- Je m’acquitterai de ma dette chaque lune comme convenu, ne vous inquiétez pas… il y aura peut-être juste un peu moins que prévu, ce sera peut-être un peu plus long, mais je continuerai à vous rembourser.
- Bien, soit, je vous fais confiance. »

Bon… Ça aurait pu être pire. Mais je n’aime pas trop son air menaçant. J’aimerais autant ne pas avoir à tout expliquer à Hector pour qu’il rembourse lui même le gouverneur, mais s’il n’y a pas le choix, je crains de devoir passer par là. Victor ne tenait pas à ce que Hector soit au courant de notre arrangement, mais je pense qu’il préférera son argent à cette petite clause. Dans quel pétrin me suis-je encore fourrée…

Alors que nous avons fini de débattre au sujet des finances de la Bonne Fortune, j’entends soudain du bruit dehors. Je fais signe discrètement à Victor et je m’approche pour lui chuchoter à l’oreille après avoir poser ma main sur le haut de son bras.

« Il y a quelqu’un sous la fenêtre. Continuez à parler pendant que je vais voir. »

Et je sors du manoir par la porte d’entrée pour ainsi faire le tour afin d’atteindre la fenêtre d’où j’ai entendu le bruit. Quelqu’un a dû nous écouter et nous entendre. Manquait plus que ça… Là, j’aperçois une femme rousse me semble-t-il. Je m’approche silencieusement derrière elle.

« Alors, as-tu appris quelque chose d’intéressant ? », demandé-je après avoir croisé les bras.

Celle-là… je vais pas la laisser filer de sitôt. J’ignore ce qu’elle a entendu, mais je suis clairement de la merde si elle va cafter. Mon chaperon étant resté à l’intérieur, je trouve qu’il fait un peu frisquet, vêtue de ma simple robe pourpre de velours.

Dernière édition par Rosen de Sombrebois le Jeu 14 Mai 2020 - 15:54, édité 3 fois

Si elle devait un jour s'aventurer dans les demeures les mieux gardées de la ville, ça ne serait pas pour tout de suite, songeait amèrement Azalaïs en reprenant furtivement le chemin des bas quartiers. Trop bien gardés, trop inaccessibles, les manoirs de la noblesse ne tomberaient pas aussi facilement qu'elle l'avait espéré. Il allait falloir planifier les choses de manière approfondie, et sans doute aussi recruter du renfort. En aurait-elle l'étoffe ? Organiser sa propre bande de monte-en-l'air, comme Paulin à l'époque, l'idée lui trottait dans la tête depuis que Biel et elle s'étaient installées en ville, deux ans plus tôt. Bien sur, le Paulin avait une certaine envergure dont elle manquait probablement. L'Azel était une voleuse hors pair, ça oui, une entourloupeuse de compétition, mais elle n'était ni assez musclée pour tenir une bande par la force, ni assez méchante pour la tenir par la peur. Ça allait compliquer les choses. Bien sûr, elle pouvait bluffer, mais passé un certain stade, si vous ne pétez pas quelques jambes, que vous faites pas sauter quelques dents, que vous ne laissez pas un ou deux cadavres barboter dans le fond du port, les gens ont du mal à vous prendre au sérieux.
Mais penser à toutes ces richesses qu'elles pourraient piller si elles avaient les moyens de monter une entreprise un peu sérieuse lui donnait un début de vertige. Elle n'avait pas vraiment de plans pour le futur, l'Azel. Elle n'avait pas vraiment l'impression qu'il existait, le futur, ni pour elle ni pour le reste de l'humanité d'ailleurs.
Mais la fin du monde serait certainement plus agréable avec un édredon de soie, de grosses bagues à ses doigts, et autre chose à manger que des navets et des rats.

Elle y rêvait distraitement tout en longeant l'une de ces maisons cossues aux trésors inaccessibles lorsqu'une conversation, s'échappant d'une fenêtre ouverte, lui attira l'oreille. Elle s'immobilisa, écoutant avec attention, et se rapprocha discrètement.

Voilà qui était intéressant. Elle n'avais pas la moindre idée de qui étaient ceux qui discutaient, mais de toute évidence, ils n'avaient pas intérêt à être entendus, surtout la dame. Ce qui rendait la fenêtre ouverte fort imprudente... et représentait une aubaine pour la voleuse. La virée dans le quartier noble n'aurait pas été totalement inutile, finalement. Pelotonnée dans l'ombre, concentrée pour ne pas perdre un mot de l'échange, elle ne vit pas arriver celle-là même qu'elle tentait de mettre dans l'embarras. Elle se retourna vivement lorsque la noble dame pris la parole.

Vite, reprendre contenance. L'esprit fonctionnant à toute vitesse, l'Azel se redresse, carre les épaules, étire ses lèvres en un sourire suffisant, feignant une assurance qu'elle ne ressent pas le moins du monde. Si tu t'comportes comme une souris, tu t'feras bouffer par le chat. Alors elle fait plutôt le chat, main sur la hanche, et jauge la femme qui lui fait face quelques instants. Une blonde, noble de toute évidence, et pas qu'un peu, vu la robe : du velours pourpre, rien que ça ! On ne se refuse rien, apparemment. Le paniquomètre grimpe encore un peu. La dame a probablement le pouvoir de la faire pendre d'un claquement de doigts. Mieux vaut ne pas trop y penser. Elle est seule, c'est déjà un bon point, d'autant que dans cette tenue, elle aura du mal à lui courir après. Azel se fait violence pour ne pas darder le regard vers les issues possibles en cas de fuite. Ça pourrait se voir.
Elle n'a pas l'air armée non plus, alors que la voleuse a toujours son poignard, sous sa jupe. Ça aussi, c'est rassurant.
Bien sur, elle pourrait cacher une arme elle aussi. Peu probable, chez une femme de ce rang. Mais toujours possible. Prudence.
Sa meilleure carte, bien sûr, c'est ce qu'elle vient d'entendre. C'est ce qu'il va falloir jouer. Exploiter son avantage.

« Oh, c'tait plutôt instructif, ouaip », assène-t-elle d'un ton calme, moqueur, qui tranche avec son bouillonnement intérieur. « Pourquoi, v'voulez acheter l'info ? »

Son sourire s'élargit légèrement. D'un léger mouvement de main, elle fait ressortir le manche de son poignard de sa ceinture. Rien de menaçant, juste un message. Ne tente rien de stupide, je suis armée

Quelques mots par la fenêtre

Rosen feat Azelaïs

Mais d’où elle sort celle-là… Sans déconner ? Je la surprends en pleine effraction et tout ce qu’elle trouve à faire, c’est me prendre de haut et de me montrer son poignard à la ceinture ?!

J’éclate de rire. Non, vraiment. La scène est trop risible.

« Tu cherches vraiment les ennuis ma parole… tu te sens vraiment obligée d’en rajouter une couche, là ? Allons ! Je pourrais te faire pendre. »

Moi, je me méfie d’autant plus des armes que je ne peux pas voir. C’est ça, l’habitude de la rue. Le chien qu’on ne voit pas venir et qui vous prendra par surprise vicieusement sera toujours plus dangereux que celui qui aboie et que l’on voit venir de loin.

Mais j’imagine que cette petite sotte n’est pas habituée au milieu et qu’il ne lui viendra pas à l’esprit que, moi aussi, je pourrais avoir une lame contre ma cuisse, bien cachée sous mes jupons.

Mais je ne cherche pas la guerre. J’aurais pu la chercher autrefois. J’étais assez folle pour ça. Mais là, j’aimerais autant éviter un bain de sang qui pourrait être le mien et celui de l’enfant que je porte dans mon ventre depuis deux lunes maintenant.

« Allons, que fais-tu à rôder par ici ? Tu n’as visiblement rien à faire à l’esplanade. »

Je me demande bien comment elle a fait pour entrer dans le quartier. Ceci dit, moi non plus, je n’ai rien à y faire et je ferais mieux de rester discrète si je ne veux pas attirer d’ennuis à Victor.

Mais j’ai de plus en plus l’impression que les ennuis me collent au train comme une mouche sur un tas de merde. J’aurais sans doute mieux fait de rattraper cette bourde autrement.

De ne pas me précipiter sur elle ainsi. Je me suis affichée en quelque sorte, et il sera bien compliqué à présent de lui faire croire que je n’ai rien à avoir avec cette histoire. Maintenant, elle a vu mon visage. Mais elle n’a pas mon nom ce qui me laisse un espoir de pouvoir rattraper ce merdier.

Son visage ne me dit rien, mais après, des clients, j’en ai tellement vu à la Bonne Fortune. Il se peut largement qu’elle soit déjà venue plusieurs fois et qu’elle me connaisse au moins de vue, ce qui serait sérieusement compromettant.

La seule chose que je peux faire pour l’heure, c’est d’essayer de voir ce qu’elle sait déjà. Mais elle n’est pas si bête, elle est déjà en train de chercher à me soutirer de l’argent contre l’information. Voyons… je pourrais toujours essayer de la rouler dans la farine.

« Crois-tu vraiment que je vais te donner le moindre sou ? Pas même un quignon de pain. J’ignore bien ce que tu peux avoir entendu à cette fenêtre, mais je connais bien les résidents et s’ils s’aperçoivent que tu les espionnent, ils te feront exécuter sans la moindre compassion. Tu n’es pas très discrète… Moi, je me fiche bien de ce qu’ils peuvent se dire. Mais je t’ai vu de loin en train d’écouter à cette fenêtre et… je pourrais bien aller tout leur raconter. A moins que tu ne saches m’en dissuader… »

Je la regarde en souriant, mais j'ignore bien encore qui de nous deux est en position de force...

Si l'Azel ne cherche que rarement les ennuis, il faut bien admettre qu'elle a un genre de don pour les trouver quand même, et si possible s'étaler en plein dedans. Elle ne le fait pas exprès, vraiment. Elle est juste douée pour se mettre dans la mouise.
Cela dit, à force, elle a également développé une certaine capacité à se sortir de la dite mouise, et à retourner les situations en sa faveur. Cela passe par un esprit vif, prompt à s'adapter, et à analyser en un coup d’œil une situation pour évaluer ses différentes options et choisir la moins risquée... ou la plus profitable. Malheureusement, il est rare que ce soit la même.

En l'occurrence, elle réalise rapidement qu'elle a sous-estimé la nobliaude qui lui fait face : celle-ci ne semble guerre intimidée par le poignard. Quel genre de noble est-ce donc là ? La voleuse en prend note. Attention, danger.

Les paroles suivantes de son interlocutrice la laissent d'abord perplexe, avant qu'elle ne comprenne ou elle veut en venir. Croit-elle réellement qu'elle n'a pas reconnu la voix qui venait de l'étage, et qui s'est comme par hasard arrêtée juste avant que la Dame fasse son apparition ? Voila qui réconforte l'Azel : Elle n'est pas la seule à sous-estimer la personne à qui elle s'adresse.

Elle évalue donc ses possibilités, rapidement. Comme toujours, le plus sûr serait de filer. Aucune chance d'être rattrapée par quelqu'un attifé comme ça, et le temps que la milice arrive si la blonde se met à hurler, l'Azel sera déjà loin.
Mais cette conversation épiée à la fenêtre pourrait bien avoir de la valeur, et comment s'en assurer si elle se sauve ? Elle pourra toujours revenir, se renseigner discrètement, mais cela risque d'être laborieux. Surtout, surtout, cette soirée s'est révélée frustrante, et elle a vraiment envie de ne pas repartir bredouille.
... Iil y a pourtant une troisième option. Parfois, jouer à la souris peut être rentable malgré tout. A condition de ne pas laisser le chat s'approcher de trop près. Et puisque la noble dame semble la sous-estimer...

Elle baisse la main, sans toutefois l'éloigner complètement de son poignard. Elle perd son sourire et se mort la lèvre d'un air inquiet. Ses épaules s’affaissent légèrement. Elle s'autorise, avec un soulagement authentique, à guetter les issues possibles.

« .... Ecoutez, j'veux point êt' pendue.... dites rien, d'accord ? J'allais m'en aller t'façon, ma bonne dame. Ça sert rien d'aller bav... euh, raconter, hein ? J'ai rien entendu d'vraiment important, t'manière. Moi, j'disais ça pour dire un truc, hein...»

Voyons ce qu'elle veut, la noblette-qui-n'a-pas-peur-des-couteaux et qui, pour une raison encore obscure, n'aurait pas dû reprendre la Bonne Fortune. Qui sait ? Il y a peut-être davantage à en tirer

L'Azel n'a jamais mis les pieds dans l'auberge dont il est question, mais elle la connaît de nom. C'est quelque part dans Bourg-Levant et ça ne devrait pas être difficile à trouver. Pas vraiment sa faune de prédilection, à priori. Elle se promet néanmoins d'y faire un tour dès que possible, pour en apprendre plus.

Enfin, si elle ne se fait pas pendre avant.

Quelques mots par la fenêtre

Rosen feat Azelaïs

Un revirement de comportement bien soudain. Non, elle se paie ma tête. Comment pourrait-on être si sûr de soi et la seconde d’après changer du tout au tout ? Non, ce n’est pas crédible. Elle me balance qu’elle entend des informations intéressante, et la minute d’après rien du tout ? Si elle croit que je vais la laisser filer à si bon compte, elle se met lourdement le doigt dans l’œil. Ce serait bien trop facile.

Je lui souris amusée.

« Tu crois vraiment que je vais te laisser partir si facilement ? Amuse-toi à ne faire ne serait-ce qu’un pas pour partir et je crie au voleur. »

Qu’elle essaie, ça sera marrant. Et sous peu, elle se balancerait au bout d’une corde avant d’être réduite en cendre.

« D’ailleurs, donne moi une bonne raison de ne pas le faire ? »

J’ai un semblant d’ascendant sur elle, il faut que j’en profite avant que ça ne tourne.

« Tu ne passeras pas les grilles… et d’ailleurs, comment es-tu rentrée à l’esplanade, je me le demande ? Tu es bien rentrée, mais tu auras bien plus de mal pour en sortir, je te le garantie. Alors on va faire quelque chose. Finalement, moi aussi ça m’intéresse les ragots. Tu vas me dire exactement tout ce que tu as entendu à cette fenêtre et si j’estime que tu essaie de me rouler, je te fais pendre. Je te conseille de ne pas trop déconner, je manque de patience et de disponibilité ces derniers temps. Moi, je gage qu’il serait dans mon intérêt de te savoir hors d’état de nuire. Les petites fouines comme toi… Ca ne peut rien apporter de bon. Peut-être me trompé-je ? Peut-être peut-on trouver un arrangement quelconque où tu me serais utile et où tu y trouverais ton compte aussi, tant qu’à faire. Les affaires marchent mieux lorsque chacun y trouve son compte. Mais pour ça, je te conseille déjà d’arrêter de me prendre pour un con. »

Je la regarde, je penche la tête de côté pour réfléchir. Elle est plutôt pas mal, comme catin elle aurait sans doute du succès. Je la verrais bien dans l’établissement… S’il se trouve qu’elle a entendu les choses compromettantes qui se sont dites, autant essayer de l’inclure dans la partie pour qu’elle trouve son intérêt à ce que tout se passe bien.

Bon, pas en tant que catin, j’imagine bien qu’elle ne voudra jamais. Mais on pourrait toujours trouver quelque chose qui nous convienne à toutes les deux. A voir ! Déjà, à voir si je peux lui faire confiance. Et pour ça… Je dois voir si elle saura dire ce qu’elle a réellement entendu.

Sinon, je crois que je la fais embarquer sur le champ si elle s’amuse à jouer aux plus fines. Je n’ai que deux mots à crier… Et l’affaire est réglée.

Et elle cause, et elle cause, et elle cause, la nobliote ! Au bout de quelques phrases, il faut bien l'avouer, l'Azel a plus ou moins décroché. Les menaces, ça lui fait une belle jambe. Les chiens qui aboient sont loin d'être les plus dangereux.

Je vais sortir comme je suis rentrée, blondasse, et tu peux crever, j't'indiquerai pas le passage, songe l'Azel en retrouvant un demi sourire. Elle laisse l'autre finir sa diatribe, posant son poing sur la hanche. Elle reste sur ses gardes, mais l'attitude de son interlocutrice la rassure. Le danger n'est de toute évidence pas immédiat, sans quoi la blonde aurait déjà beuglé.

« Ça va, z'avez fini ? V'devriez faire gaffe, sauf vot' respect, Dame, tous ces mots en même temps, z'allez vous fouler la langue un jour ! Enfin j'dis ça, j'dis rien.... »

Elle s'écarte légèrement du mur, toujours nonchalante. A dire vrai, elle n'a pas tellement de raisons de rester. Les gardes patrouillent, ils n’apparaîtront pas instantanément au cri de la noble dame, et le temps qu'ils arrivent, elle sera déjà loin. Autant filer tout de suite. Elle dispose d'une information intéressante, qu'elle pourra faire fructifier plus tard. L'Azel a confiance en son pied sûr et sa connaissance de la ville pour semer n'importe quel poursuivant, surtout un milicien lourdaud ou une donzelle robée de velours.
Quand même, elle n'aime pas bien le regard qu'elle distingue dans la pénombre. L'impression de se faire évaluer comme un morceau de viande.

Raison de plus pour ne pas traîner.

« C'que j'ai entendu, c'est qu'vous gérer la Bonne Fortune, Dame, et qu'vous voulez pas que ça s'sache », repart-elle d'un ton badin. « Lors v'pouvez toujours appeler les gardes, mais si j'me fais prendre, ça s'ra la première chose que j'leur dirai. Et v'savez comment sont les miliciens, eh. Ça cause, ces bêtes-là. »

Elle ne laisse pas le temps à son interlocutrice de s'engager dans une nouvelle longue diatribe inutile. Elle bondit. Elle n'est pas musclée, l'Azelle, mais elle est vive. Sauterelle, elle s'écarte, s'éloigne des lumières, hors de vue, courant aussi vite qu'elle le peut.

Elle reprendra contact avec la noble dame, lorsqu'elle aura son nom. Cela ne devrait pas être trop compliqué, il faudra sans doute creuser un peu, mais elle ne doute pas d'y parvenir en temps et en heure. Alors, la discussion pourra reprendre, suivant ses propres termes, dans des conditions moins précaires.

Elle espère juste que la nobliaude aura la jugeote de ne pas réellement appeler la garde, sans quoi elle va vraiment devoir courir vite.

Quelques mots par la fenêtre

Rosen feat Azelaïs

Ouh… elle a du culot de me parler de la sorte celle-là. Mais c’est qu’elle me plaît ! Oui, elle me plaît ! Je glousse doucement. A la mine qu’elle fait, elle sent que je la contemple avec avidité. Elle pourrait sûrement être utile si on pouvait repartir sur de bonnes bases... Le genre bigrement débrouillarde dans le milieu et qui n'a pas froid aux yeux. J'imagine déjà plein de projets pour elle...

« Non, c’est pas en parlant que je risque de me fouler la langue… lui réponds-je. Par contre en m’en servant autrement... »

Je me mords un peu les lèvres. Elle, elle s’écarte légèrement du mur. Observatrice, je me tiens prête à toute éventualité de fuite. Apparemment pas si sotte qu’elle en a l’air à première vue, elle a très bien compris que c’est moi qu’elle a entendu. Quel merdier…

La menace d’en parler à la milice, je n’en ai cure. J’ai juste envie de la rattraper pour lui couper la langue en la voyant détaler comme un lièvre. Je m’élance à sa poursuite, mais bien vite elle prend de l’avance. Moi, je me prends les pieds dans ma robe et je manque sérieusement de tomber, mais je me rattrape de peu. Appelant les gardes - qui n’apprécient pas vraiment que je les sollicitent – je finis par m’arrêter.

Jets poursuite

« Une femme, une rousse. Une roturière… Elle m’a volée ma bourse.
- C’toi la roturière, dégage. On t’a assez vue ! »

Le garde se tourne vers son collègue pour lui dire d’aller patrouiller à tout hasard. On verra bien s’ils la trouvent… Ce n’est pas vraiment judicieux et j’aurais peut-être dû réfléchir avant. Mais je n’ai pas réussi à accepter l’idée de la laisser filer à si bon compte, quelle garce !

De toute façon, elle va sûrement me mettre dans l’embarras quoi qu’il en soit. J’attends où je suis, mais bien vite le gade revient dire qu’il n’a trouvé personne. Merde… elle s’en est tirée. C’est Victor qui va être content en apprenant ça…

Si jamais elle moufte c’est la fin. Je rentre tête basse chez Victor.

« Victor… il faut qu’on parle. »

Oui je sais, c’est ce qu’on était déjà en train de faire. Eh bien, il va falloir continuer. Je lui explique donc la situation. Et bien entendu, que si jamais il a des nouvelles d’elle, qu’il m’informe au plus vite. Sur le champ même, par le moyen qui sera à sa disposition.

Bon, recevoir des correspondances met un certain temps, mais il faudra dans tous les cas plusieurs jours pour que j’en sois avertie, même s’il venait personnellement. Alors qu’il fasse comme il lui plaira.