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 [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]

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Eleanor SeraphinPrêtresse de Serus
Eleanor Seraphin



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MessageSujet: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyVen 8 Mai 2020 - 14:58
11 juillet 1166

L'air chaud du début de l'été aurait du réjouir Eléanor, toujours enchantée de voir l'arrivée de la saison estivale. Malheureusement, en ce début d'après midi de juillet, elle avait été envoyée avec un serviteur du temple dans les rues sales et mal famées du Labourg pour y faire la charité. Un épaisse fumée couvrait le ciel qui aurait du être bleu. La chaleur était insoutenable, a tel point qu'elle faillit retirer le manteau qui la couvrait, oubliant que c'était le seul rempart entre elle et la nourriture qu'elle apportait et des hordes d'affamés qui n'auraient pas hésité à se jeter sur elle. Elle s'en était vite souvenue en voyant les regards envieux qui lorgnaient sur ses habits. Elle savait très bien que ni elle, ni l'apprenti qui l'accompagnait, pourtant bien bâti, ne feraient le poids face à tous ces miséreux. Et ils ne pouvaient pas compter sur l'aide de la milice. Ils savaient très bien que celle ci était débordée, sans doute prise ailleurs car elle ne voyait aucun milicien dans les rues autour d'eux. Bref, ils étaient seuls.

Ils pataugeaient dans une eau sale, remontée des égouts surement. L'air était lourd et portait les odeurs, crasseuses, des vivants comme celle, pestilentielles, des morts. Cette période de l'année était insupportable pour ceux qui avaient le nez fin. Pour ceux qui ne l'avaient pas aussi d'ailleurs... Ce n'était pas la première fois que la jeune femme parcourait les rues de ce quartier à la recherche des plus démunis, de ceux qui avaient besoin que l'on prie pour eux car ils ne pouvaient plus lever les mains pour le faire. Elle marchait, l'apprenti à quelques pas derrière. Elle aurait voulu qu'il reste à ses côtés car même si elle avait l'habitude de voir tous ces gens la regarder avec un mélange de respect, de crainte et de haine pour sa condition, elle n'en avait pas moins peur. Une peur viscérale qui l'obligeait à marcher plus vite dans les endroits les plus sombres, les rues les plus étroites. Mais elle savait qu'il ne voulait pas s'approcher d'elle. Maudite chevelure. Elle prenait soin de la cacher dans ces quartiers car même ceux qui avaient perdu la foi la prendraient pour une sorcière. Mais lui la connaissait bien, il la croisait tout le temps. Eléanor s'était habituée avec le temps mais là, elle ne pouvait pas s'empêcher de la haïr encore et encore. Non! Elle ne devait pas la haïr. Les Trois la lui avait donnée pour une raison. Elle ne pouvait se permettre de haïr la volonté des Dieux.

Absorbée comme elle l'était dans ses pensées, elle ne vit pas l'enfant qui traversa la rue en courant juste devant elle. Elle le percuta de plein fouet et le petit tomba les mains en avant sur la chaussée. Il ne comprit pas tout de suite ce qui lui était arrivé, mais il vit que ses mains étaient pleines de coupures et saignaient légèrement. Alors il se mit à pleurer. Il ne devait pas avoir plus de six ans. La jeune prêtresse, sonnée, s'approcha et s'accroupit devant lui. Il avait les joues, les mains, le corps sale. Il pleurait à chaudes larmes et ses cris résonnaient dans toute la rue. Des visages interrogateurs se tournaient vers eux et regardaient la jeune femme d'un air mauvais.
- "Aimé, s'il te plait, amène moi des bandages." dit elle calmement. Le serviteur, car c'était lui, s'approcha avec prudence de la jeune femme. Il lui tendit des bandages et une petite gourde d'eau et elle s'en servit pour nettoyer les mains et les plaies du jeune garçon. Elle les lui enroula ensuite dans une fine bande de tissu.
- "Nous ne devrions pas rester ici, Soeur Seraphin". Elle leva les yeux au ciel. Voilà qu'il s'inquiétait pour elle maintenant. Elle approcha les mains du visage du petit et lui nettoya le bord inférieur de yeux et les paupières. Il la regarda avec de grands yeux et elle lui sourit, attendrie.
- "Comment t'appelle-tu?" lui demanda-t-elle. Elle n'eut comme toute réponse qu'un petit sourire timide et un battement de cils admiratifs.
- "J'ai soigné tes plaies mais ne retires pas le tissu que j'ai mis dessus avant ce soir. Est ce que tu as compris?"

Un hochement de la tête, et il était parti. Elle le vit courir vers une bâtisse qui semblait sur le point de s'écrouler, puis il tourna au coin et disparut. Elle soupira.
- "Je n'ai pas eu le temps de lui donner de quoi manger... Tu as raison Aimé, il faut que nous partions. Nous n'avons presque plus rien et il va être temps de rentrer bientôt." Elle se releva et s'engagea à la suite du garçon, à la recherche d'une dernière âme en peine qu'elle pourrait soutirer à la mort, pour une journée de plus.


Dernière édition par Eleanor Seraphin le Dim 17 Mai 2020 - 21:33, édité 2 fois
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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyVen 8 Mai 2020 - 23:00
L’air chaud a au moins un mérite : celui d’épargner les vêtements précieux, ceux qu’on ne porte pas parce que cela serait incommodant, comme les capes ou les vêtements de laine. Il a par contre un inconvénient : celui de ne laisser aucun doute sur la pauvreté et la misère de ceux qui ne portent que le strict minimum décent afin de ne pas suffoquer. Tel est mon cas. En ce mois de juillet, je ne porte que ce que la petite commode de bois sec soigneusement entretenue à l’étage de ma modeste chaumière a bien voulu me donner de plus léger et de pas trop abîmé. C’est-à-dire pas grand-chose. Il y a bien les chemises d’Henri. Il y a les chemises de père, aussi, mais elles sont toutes dans un tel état de décrépitude désormais que je ferais mieux, sans doute, d’en faire autre chose. L’œil complètement éteint, je me résous donc à porter la vieille chemise maintes fois raccommodée et tenue par un nœud grossier sur la nuque. Une chemise chère à mon cœur pour tous les souvenirs heureux qui y sont associés. Par-dessus ces lambeaux formant un ersatz de vêtement, j’enfile une vieille robe grise, usée jusqu’à la trame, donc le bas n’a plus aucun ourlet, trop courte d’au moins un pied et déchirée ici et là. Je me regarde, morne habitude qui ne révèle rien de plus que ce que je sais déjà : les choses vont très mal.

La solitude, couplée à la misère et à l’ostracisme, tout cela fait que je suis au plus mal sur tous les plans. Avant, je me serais rebellée. J’aurais pleuré, j’aurais essayé de faire des choses pour m’en sortir, j’en fais encore, bien sûr, évidemment, mais j’en fais moins. Parce que ça ne sert à rien. Je n’ai pas d’autres endroits où aller alors je reste là, dans un environnement qui me hait pour de mauvaises raisons. Je glane des choses ici et là, des baies, des racines, des fruits…J’ai tenté de placer des pièges pour attraper de petites proies, sans succès. Plus personne ne vient à ma porte pour requérir mon aide, plus personne n’a besoin de mes soins, on dirait. Je me suis débattue longtemps, j’ai essayé de m’en sortir, de devenir meilleure, de changer de vie…mais…tout cela n’a servi à rien. Me battre n’a servi à rien. Me défendre n’a servi à rien. Prier n’a servi à rien. Toutes les nuits je revois cette charrette s’en aller sans moi vers le Labret, alors qu’une prêtresse m’avait promis du travail chez elle. Un avenir. Un apprentissage des lettres. Cette charrette qui s’éloignait dans la poussière des chemins signait la fin de toute heureuse perspective. Il ne me restait plus qu’à trouver un moyen de ne pas crever de faim. Et le seul qu’il me restait, le seul sur lequel j’avais toujours refusé de compter, devenait l’évidence : j’allais devoir mendier mon pain. Pour ne pas mourir.

Aujourd’hui, ça fait trois jours que je n’ai pas mangé quelque chose de correct. Les fraises des bois ne remplissent pas longtemps un estomac. Pas plus que les bouillons de racines, même s’ils sont bien agrémentés et relevés. Il faut que je mange quelque chose de plus épais que cela, un vieux morceau de pain sec, par exemple. Plongé dans de l’eau épaissie par des morceaux de racines, il étoffe le potage et rassasie mieux que ne le ferait n’importe quelle baie sauvage. Et le pain, on ne peut le trouver que là bas, dans la cité. Je n’aime pas m’y rendre. Je déteste ça, même. Cela étant, je n’ai pas le choix. Je n’ai plus rien à me mettre sous la dent. Me redressant devant ma paillasse, j’observe mes chevilles grêles, visibles sous les petites bottines ornées d’un brin de lavande, autre souvenir heureux.

- Plus vite j’y vais, plus vite je reviens. Ça doit pas être si terrible. Si les autres y parviennent, je peux y arriver aussi.

Je quitte donc ma petite chaumière et prends le chemin de la ville, filant aussi vite que je le peux, évitant d’approcher les maisons des Faubourgs, longeant les murs en silence, avant d’arriver enfin dans les rues malodorantes de la cité. Le Temple est là-haut. Je ne sais pas vraiment comment faire, ni quoi dire, d’autant que la dernière fois que je m’y suis rendue…M’enfonçant dans les rues, les bras croisés, marchant très vite, je songeai à Père Raphaël. A Mère Kristina. Encore des promesses. Encore des illusions. Encore des paroles doucereuses qui résonnent en mon esprit tourmenté comme une comptine affreuse dont les paroles apprises par cœur sont autant de coups de poignard dans le dos. En cet instant précis, je me sens totalement abandonnée de tous et je dois prendre sur moi pour me rendre là où je m’étais jurée de ne plus jamais me rendre : au Temple, là où on m’avait promis de jolies choses qui ne sont jamais arrivées. Je lève un regard vers cet autre endroit là haut, la belle esplanade remplie de si jolis jardins et de souvenirs. Là aussi, je ne peux m’y rendre. De toute façon personne ne me laisserait passer, ainsi vêtue. Autant oublier Irène. Autant oublier Jehan. Autant tout oublier. C’est pas ça qui va remplir mon estomac, de toute façon.

- Qu’ils meurent tous. C’est tout ce qu’ils méritent.

J’en étais là dans mes réflexions quand je fus bousculée par un petit garçon aux mains bandées qui s’enfuyait là bas derrière les vieilles maisons aux murs décrépis. Je suivis du regard, un bref instant, la toute petite silhouette, avant de reprendre ma route. Ce n’est plus très loin. Je cherchais alors une formule polie pour demander. Mendier. Chose que je n’ai jamais faite.

- « Bonjour, mon Père, Bonjour ma Mère, est-ce que vous auriez du pain s’il vous plaît » »…Ou est-ce que c’est mieux… « Bonjour, j’ai faim, vous auriez quelque chose pour moi ? Où dois-je me rendre ? C’est par où la nourriture ? »

Je passe une main maigre sur mon visage creusé, peu convaincue par mes phrases, avant d’aviser là bas deux personnes qui approchent. Ils portent tous les deux les signes distinctifs du Temple. Ils sont sûrement à la recherche de quelqu’un pour venir se perdre dans un quartier pareil. Peut-être ce petit garçon aux mains bandées de tout à l’heure ? Quoiqu’il en soit, je me place sur le côté, pour les laisser passer, murmurant un tout petit : « Ma mère », peu convaincant et fort peu sympathique. D’un coup d’œil, je peux voir que cette jeune personne se porte bien. Elle ne semble pas souffrir d’une quelconque carence alimentaire, elle. Tête basse, au passage des deux individus, je ferme les yeux, avant de prendre une profonde inspiration. Autant m’entraîner ici, quand il n’y a personne d’autre que ces deux-là. Ça fera moins mal à mon orgueil.

- Ma mère, dis-je en esquissant un geste vers elle,…pardon de vous importuner…mais…est-ce qu’il reste quelque chose à manger au Temple ? qui dois-je demander pour avoir un peu de pain ?

Je préfère ne pas la regarder. C’est déjà bien assez humiliant de demander cela en pleine rue à quelqu’un qu’on ne connait pas. Je me sens très mal d’en arriver là, et un profond sentiment d’injustice étreint mon cœur alors que le silence s’installe dans la rue. Je préfère regarder mes doigts, que je triture sans ménagement.
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Eleanor SeraphinPrêtresse de Serus
Eleanor Seraphin



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MessageSujet: Re: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyDim 10 Mai 2020 - 23:44
Eleanor était encore perdue dans le souvenir frais du regard du petit garçon qu'elle venait de soigner. Il avait l'air si jeune, et pourtant déjà si aguerri. Il devait sans doute être né dans ces ruelles ou tout du moins y avait passé la majeur partie de sa vie. Il n'avait pas la bouille ronde et rose des enfants de nobles qu'elle croisait parfois au Temple et qui venaient prier avec leurs mères, ceux qui sont bien nourris et choyés. Lui était frêle, ses épaules étaient maigres et ses joues, creuses. On ne voyait pas dans ses yeux la joie de vivre des petits garçons du même âge. Pourtant il courait quand ils s'étaient percutés et il courait encore quand il était parti. Sa rencontre avec la prêtresse, il l'avait surement déjà oubliée. Peut être s'en rappellerait-il ce soir quand il enlèverait ses bandages, ou peut être les avait-il déjà enlevés. Seuls les Trois le savaient.

La jeune femme se sentait bien plus triste, au fond, qu'elle n'aurait voulu l'admettre. Elle les connaissait pourtant bien, ces quartiers, et la misère qui les habitait. Elle avait vu tant de gens, mourant de faim, l'implorant de leur donner un bout de pain alors qu'elle n'avait déjà plus rien. Elle n'aurait pas dû être aussi touchée par cette misère, elle s'y était préparée pourtant. Les larmes lui montaient aux yeux. Le petit ne lui avait rien demandé et pourtant elle avait senti qu'il ne mangerait surement rien ce soir. Elle ne devait pas pleurer. Elle prit une grande inspiration mais son esprit la ramena vers l'enfant. Il devait être habitué à la faim, et cela lui faisait si mal. Elle avait le sentiment que sa mission n'était pas achevée, plus encore que d'habitude. Elle avait trop chaud, et son manteau ne l'aidait pas. Ses larmes avaient fait monter en elle une bouffée de chaleur et elle du s’agripper au bras d'Aimé pour ne pas se sentir mal. Elle resta ainsi quelques secondes avant de se redresser et de continuer d'avancer.

Ils croisèrent une jeune femme, plus loin, à l'allure encore fière malgré la misère. Elle portait de vieux vêtements, sans doute rabibochés plusieurs fois avec les matières qu'elle avait eu sous la main. Eleanor n'eut pas le temps de bien la voir car celle-ci passa vite à côté d'eux. Tout ce qu'elle put faire c'est lui adresser un léger sourire amical, car elle était toujours sous le coup de son malaise et n'eut pas la présence d'esprit de lui proposer quoi que ce soit, alors qu'il lui restait un peu de pain.
Elle ne remarqua pas non plus le regard insistant de la jeune femme sur son visage, témoignage de sa santé. Eléanor pouvait l'admettre, elle mangeait à sa faim. Le repas quotidien que les prêtres et prêtresses faisaient était certes modeste et rationné, mais il l'était bien moins que ceux des gens qui vivaient dans ces ruelles ou aux abords de la ville.


Soudain, alors qu'elle avançait d'un pas plutôt lent pour se remettre de ses mésaventures, elle entendit une petite voix derrière elle. Elle n'entendit d'abord pas très bien ses propos mais elle se retourna tout de même et son esprit s'éclaircit quand elle se rendit compte que la jeune femme qu'elle venait de croiser demandait de ses conseils. Elle attendit la fin de sa phrase et lui sourit amicalement.
- "Ma Fille, vous me semblez mal à l'aise alors que vous n'avez pas à l'être! Tous ici sont sans doute dans le même cas que vous et vous êtes bien courageuse de venir demander mon aide." Dit-elle calmement.
Elle tenta de capter le regard de son interlocutrice, sans grand succès. La jeune femme ne semblait pas avoir envie qu'on la regarde.

- "Ne soyez pas timide, ajouta-elle de sa petite voix douce, de quoi avez vous dont besoin Ma Fille? Il me reste quelques denrées que je n'ai pas pu distribuer, il y a peu de monde dans les rues ces jours ci. Vous me semblez affamée et honteuse de l'être..." Elle attrapa la main droite de la jeune femme, doucement, pour ne pas l'effrayer. Elle même ne savait pas très bien ce qu'elle faisait mais elle sentait que c'était sa chance, qu'elle pouvait peut être se rattraper et offrir à cette femme ce qu'elle n'avait pu offrir au garçon qu'elle avait bousculé. Elle regarda cette main avec bienveillance, et souriait à la jeune femme.
Aimé, lui, ne l'entendait pas de cette manière. Il était aussi jeune qu'Eléanor et pourtant bien plus fermé d'esprit. Il saisit la main frêle que la prêtresse tenait et l'arracha de son étreinte pour la rejeter vers la jeune femme. Il regarda la prêtresse droit dans les yeux d'un air désapprobateur.

- "Que faîtes vous, ma Soeur? Vous osez toucher une gueuse?"
- "Aimé, je suis prêtresse du Temple et représentante de Serus. Ton devoir, comme le mien, est d'aider ceux qui en ont besoin, tu dois l'apprendre. Je sais quelles taches m'incombent, laisse moi les accomplir et nous rentrerons en bons termes."
Elle soutint son regard, plaçant dans celui-ci toute sa détermination, et se tourna de manière à mettre la jeune femme derrière elle, sous sa protection. Elle n'était pas d'un naturel courageux, mais cette fois ils étaient seulement trois dans la ruelle et si Aimé avait décidé de renier le Temple, à deux elles pouvaient avoir le dessus sur lui. Si elle gagnait la confiance de la jeune femme...


Dernière édition par Eleanor Seraphin le Sam 16 Mai 2020 - 22:26, édité 1 fois
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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyLun 11 Mai 2020 - 9:40
Il ne s’agit pas de timidité, il s’agit de honte. La nuance est énorme. Difficile à combler. Insupportable même. Quel âge peut-elle bien avoir ? 20 ans ? 25 ans ? Difficile à dire en ces temps troublés où les carences multiples vieillissent les corps et les âmes bien plus vite que les années qui n’épargnent personne. Quoiqu’il en soit, du peu que j’ai pu en voir, elle est jolie. Bien habillée. Nourrie. Tout le contraire de moi malgré un dur labeur et une vie difficile à tenter de gagner les cœurs tout en gagnant mon pain. Les temps sont donc bien injustes. Peut-être devrais-je moi aussi embrasser une carrière de cette sorte. Dire de jolies et gentilles choses et ne pas en penser un seul mot, réconforter les gens tout en songeant à mon prochain repas, prendre des mains d’un air compatissant comme elle vient de le faire à l’instant…

Le mouvement me surprend, puis me fait rougir avant de me mettre dans un profond embarras. J’ai toujours du mal avec les contacts, quels qu’ils soient, cela me gêne, mais…curieusement, j’y trouve là un vrai réconfort. Quelque chose de nouveau. On dirait un geste totalement désintéressé. Spontané. Je relève la tête, un peu, pour l’observer, et remarque la jeunesse de ce visage qui me regarde avec bienveillance. S’agit-il d’une vraie bonté ou est-ce, une fois de plus, un masque habile, le plus efficace de tous, celui qui permet d’approcher tout le monde sans crainte ? Celui qui permet d’assouvir tous les désirs ? Je n’en sais rien. J’allais dire quelque chose, balbutier un remerciement, empêtrée que je suis dans un embarras teinté de rouge carmin, mais je n’en ai pas le temps. L’homme qui l’accompagne ôte ma main de celle de la prêtresse avec la dernière violence.

Je regarde l’homme sans comprendre, puis la prêtresse, avant de l’entendre parler de moi comme d’une gueuze. Une gueuze. Les lèvres pincées, je me regarde. Puis je la regarde elle. C’est vrai. J’ai l’air d’une gueuze. Une mendiante des bas quartiers qui a à peine de quoi se couvrir avec décence. J’ai l’air d’un animal, une bête affamée qui rôde dans les ruelles à la recherche d’un os à ronger. J’en ai l’attitude, le regard, les gestes. Mais je ne suis pas un animal. Je ne suis pas une mendiante. Je ne suis pas une gueuze. Tout ceci me vient à l’esprit alors que la prêtresse se place entre celui qui l’accompagne et ma personne, dans un mouvement de protection qui m’échappe. Une prêtresse ? Me défendre ? Ici ? Le grotesque de cette situation me fait sourire. Un affreux sourire qui se transforme en rictus. Puis en ricanement fort peu sympathique. Que croit-elle au juste, cette prêtresse ?

- Alors ? On découvre les réalités en dehors des jolis murs de son temple, ma petite Mère ?

Je croise les bras sur ma poitrine grêle, laissant mon regard éteint passer de l’un à l’autre, sans aucune bonté et aucune envie d’être aimable.

- Pour avoir droit à une charité, il faut être propre, il faut être beau, il faut être en train de pleurer dans un coin, et susciter la pitié. Donner à une femme qui demande, une femme en haillons, ça fait mauvais genre, c’est pas assez digne, sans doute. C’est pas assez noble, pas assez beau, pas assez bien vu, de faire une charité à une femme comme moi. Pour que cela soit joli à regarder, petite Mère, pour que ça compte, ‘faut que ça soit fait à des petits enfants presque tout nus, des femmes enceintes, des petits vieux qui ne savent plus marcher. Ou alors, mieux encore, à des malades. Allez visiter des malades, un jour où il y a du monde pour vous voir, et là vous verrez votre popularité augmenter. Là on vous dira que votre geste est beau. Là on vous dira que vous êtes une sainte. Et les gens que vous visiterez ne seront pas des gueux, ce seront de pauvres gens dans le besoin. Ce ne seront pas des gueux, comme une femme qui vous arrête en pleine rue pour avoir à manger.

Un air de déjà vu. Un air de déjà entendu. Un air de déjà constaté. Pour avoir droit à quelque chose, dans cette ville, il faut le prendre avant que d’autres ne le prennent, cela ne va pas tellement plus loin que cela. Je la regarde, je le regarde lui, avant de secouer la tête et de me frayer un passage entre eux, bousculant la prêtresse et celui qui l’accompagne sans ménagement, tout en grognant :

- Gardez-le, vot’ pain. Gardez-les, vos simagrées. Vous êtes tous les mêmes. Beaux dehors, pourris en dedans. J’préfère encore me broyer les genoux sur les pavés plutôt que de vous demander quoi que ce soit.

Je savais que venir ici était une très mauvaise idée. J’aurais du suivre mon instinct et m’éviter une humiliation supplémentaire. Peut-être que si je vais au port, il restera du poisson quelque part dans une caisse ? Quelque chose de comestible sur les plages au milieu des goémons charriés par les marées ? Le port est loin, mais j’ai faim. Et je pourrais faire absolument n’importe quoi pour ne plus souffrir de ces abominables crampes qui tétanisent mon estomac. N’importe quoi, sauf me rendre au temple. Si j’en avais eu quelque envie, elle venait de disparaître, au moment même où cet homme a ôté ma main de celle de la prêtresse, comme si je n’en étais pas digne. Au moment même où un tout petit espoir s’illuminait dans mon cœur fermé à toute tendresse depuis des mois.

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Eleanor SeraphinPrêtresse de Serus
Eleanor Seraphin



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MessageSujet: Re: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyMar 12 Mai 2020 - 3:54
Eléanor avait peur, quand même, du jeune homme qui la défiait du regard. Elle se raidit, entendant la voix timide qui, quelques minutes auparavant, demandait de l'aide devenir froide, presque glaciale et hautaine dans son dos. Pour la confiance, il faudrait repasser. Cette jeune femme avait du en voir des vertes et des pas mures et Eléanor avait cru pouvoir faire quelque chose, la protéger peut être, d'un danger qui n'existait surement pas pour elle. Une gueuze. Aimé l'avait traitée de gueuze. Eléanor était dégoutée par tout le mépris et la rage qu'elle avait senti dans la voix de l'apprenti. Qui n'avait plus l'air de l'être.

Quoi qu'il en était, la prêtresse avait perdu tout ce qu'elle avait pu gagner en confiance chez la jeune femme qu'elle voulait aider. Elle s'était mise dans un beau pétrin, encore, parce qu'elle avait voulu être honnête. Elle avait été honnête avec le petit qu'elle avait bousculé, honnête avec la jeune femme qui se tenait, les bras croisés, derrière elle et honnête avec Aimé. Toute sa vie, elle avait voulu être honnête, non pas qu'elle avait peur d'un quelconque châtiment qui viendrait à sa mort, mais parce qu'elle estimait que la vie des autres avait la même valeur que la sienne, et que mentir à autrui c'était mentir à soi-même. Mais cette jeune femme l'accusait de mentir, de jouer l'hypocrite. Les larmes lui montaient aux yeux, tandis qu'elle se raidissait à chaque nouveau reproche comme autant de coups portés à son estime. Hypocrite. C'était le mot qui ressortait dans sa tête. Pour tous ces gens qui mendiaient, combien avaient la même présence d'esprit que cette femme et combien s'étaient dits, en la voyant, qu'elle était hypocrite? Combien avait vu dans son regard, qu'elle voulait bienveillant, un masque qui cachait une personne avide de réputation? Une personne qu'elle n'était pas. Une larme coula sur sa joue, unique, la seule qu'elle s'autorisa ce jour là.

Aimé ricana. Il était de ceux qui croyaient qu'il n'y avait que les riches qui s'en sortiraient. Il était de la vieille école et n'avait jamais rien compris à la doctrine. Il n'avait jamais réussi à la comprendre, et il n'était pas encore devenu prêtre à cause de cela. Il ne comprenait pas que les gens puissent être dans le besoin. Il voyait le mal dans tout ce qui était différent de là ou il vivait et il ne supportait pas la vue des malades, des mal nourris et des pauvres gens qui tentaient simplement de survivre à l'adversité. Il l'avait suivie à contrecœur et parce qu'il y avait été obligé, Eléanor le savait. Il avait vu un moyen de se rebeller contre le Temple, seule dans la rue, il ne pouvait pas ternir sa réputation. Car lui s'en souciait. Lui était hypocrite et lui voyait, dans l'acquisition d'une haute réputation, le moyen de fuir le temple et de trouver un autre emploi, plus hypocrite. La prêtresse n'était pas en colère. Elle comprenait le jeune homme. Il cherchait un moyen de s'assurer la survie, tout en méprisant le Temple. Il était facile de lire en lui.

- "Tu n'as que ce que tu mérites, sorcière." Sorcière. Ces mots n'étaient pas adressés à la jeune femme derrière elle, mais bien à Eléanor. Sorcière... Sorcière. C'est comme ça qu'il la voyait, alors. Elle décida qu'elle avait assez subi ces remarques. Elle défit lentement sa capuche, vérifiant que personne n'approchait. Elle montrait au grand jour ses cheveux qui lui posaient tant de torts depuis qu'elle avait été admise au Temple. Elle défit sa longue tresse, laissant ses cheveux voler sous la douce brise d'été. Elle espérait qu'elle montrerait ainsi qu'elle ne pouvait pas être hypocrite, que même si elle l'avait voulu, jamais elle n'aurait pu l'être. Elle ne dit rien, pendant qu'elle défaisait lentement les nœuds de ses cheveux. Toute peur en elle s'était enfuie. Elle ne dit rien non plus quand elle vit le regard horrifié d'Aimé, mais elle sentait une pointe de satisfaction en elle. Le jeune homme cracha à ses pieds. Elle lui sourit simplement, le sourire le plus sincère qu'elle pouvait faire. Elle savait que cela ne ferait qu'ajouter des braises à la flamme de rage de l'apprenti, mais cela lui était égal.

Alors elle se tourna lentement vers la jeune femme. Elle permit ainsi à Aimé de voir à quel point sa chevelure était longue. Elle ne l'avait jamais coupée, en signe de respect pour ce que les Trois lui avaient donné. Son sourire était sincère quand elle se tourna vers celle qui venait de déverser sa haine sur elle et ses semblables. Eléanor voyait dans son regard tous les troubles par lesquels elle avait pu passer. Elle lui tendit la main, doucement. Elle avait les doigts fins, de ceux qui ne connaissent pas le labeur des champs. Pourtant ces mains avaient soigné, pansé, bandé tant de blessures déjà. Trop pour une jeune femme de vingt ans. Et pourtant elle n'était pas la plus spécialiste en soins, bien au contraire. Elle ouvrit sa main vide vers la jeune femme, comme une invitation, une envie de lui montrer que tous au clergé n'étaient pas mauvais, qu'il restait encore du bon en ce monde.

Aimé, dégouté, lâcha par terre tous les objets qu'il tenait et s'enfuit dans les ruelles. Il tenterait surement de rejoindre ceux que l'on appelait "les purificateurs". Les petites gourdes d'eau et les objets de soin étaient répandus au sol, au milieu de la crasse et des flaques d'eau croupie de la ruelle, et la prêtresse n'avait plus de protection. Tant pis, au moins connaissait elle le chemin du Temple, elle pourrait toujours rentrer seule si c'était avant la nuit. Peu lui importait à part la jeune femme qui se tenait toujours les bras croisés en face d'elle. Elle voulait tant lui redonner espoir...


Dernière édition par Eleanor Seraphin le Sam 16 Mai 2020 - 22:31, édité 1 fois
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Flore MaisonfortHerboriste
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyMar 12 Mai 2020 - 11:35
Sorcière.

Je ne bouge plus. Ce mot, combien de fois l’ai-je entendu. Aussi bien pour m’apostropher moi que ma mère bien aimée.

Sorcière.

Je ferme les yeux, inspirant longuement, avant de me retourner, prête à en découdre une bonne fois pour toute, même si pour cela je dois m’en prendre à un homme qui pèse sans doute deux fois mon poids et qui est au moins quatre fois plus épais que moi. A ma grande surprise, il ne s’est pas pris à moi mais à elle. Elle qui désormais ressemble à une créature d’un autre monde, nimbée d’une chevelure qui n’est pas sans rappeler une personne chère à mon cœur, une dame qui a disparu de ma vie comme l’enchantement qu’elle était, la belle comtesse d’argent. Je hausse un sourcil avant de regarder le serviteur cracher à ses pieds, avant de tout lâcher et de s’en aller, comme si la prêtresse n’était qu’une fille de rien.

Sorcière ?

Quelle sorcellerie peut bien se cacher dans une telle créature ? C’est une sorcière parce qu’elle est belle ? Parce qu’elle est très belle, oui. Ma mère l’était aussi. Une femme belle et intelligente, pleine de sagesse et de mélancolie, toujours à regarder Henri avec tendresse et à me regarder moi avec tristesse. Sans doute savait-elle que j’aurais moi aussi à supporter toute l’ignorance et la méchanceté des gens tout au long de ma vie, qu’elle soit longue ou brève. Sans doute. Et elle avait tellement raison, Mère. Leur installation dans les Faubourgs ne s’est pas faite sans heurts. Je n’ai jamais su d’où provenaient mes parents mais je sais que dès leur arrivée, les gens se sont ligués contre ma mère parce qu’elle connaissait des choses, parce qu’elle savait soigner, parce qu’elle savait aider avec presque rien. Parce qu’elle était belle. Parce que mon père ne pouvait qu’avoir été ensorcelé par une telle femme. Et pourtant ils s’aimaient, mes parents. Un amour sincère et vif, qui ne s’est jamais démenti au fil des ans. Quand Père et Henri ont disparu, son chagrin a été tel qu’elle s’en est laissé dépérir. Parfois elle me regardait, semblait sur le point de me dire quelque chose, mais elle ne disait rien. Elle regardait le feu, sans dire un mot, parfois pendant des jours.

Il n’y avait en ce monde personne de plus doux, de plus gentil, et de plus triste que ma mère. Et il me semble retrouver cette tristesse dans le regard de la prêtresse, cette femme qui me tend à nouveau la main.

- Ça fait mal hein ?

Je regarde le sol, un sol couvert de divers instruments et fioles, de la nourriture. Des choses utiles pour des soins ambulants. Pour une distribution de nourriture. Des choses précieuses. Des choses que je n’aurai sans doute pas les moyens de m’acheter avant longtemps. Je m’accroupis au sol, récupérant les petits objets, les essuyant à l’aide de ma manche de chemise, avant de les ranger avec méthode et précision dans le petit sac afin qu’ils ne s’abîment pas. Je sais, je connais la valeur de chaque chose dispersée ici et il est absolument impensable de laisser tout ceci sur le sol. Il y a du pain aussi. Une belle miche de pain, qui commence à s’imbiber de l’eau croupie de la ruelle. Je la ramasse aussi, reniflant au passage cette odeur que je n’ai plus inspirée depuis si longtemps et le frotte à son tour, de manière à en ôter les dépôts noirâtres collés dessus, avant de le ranger à son tour dans le sac. La gorge sèche, l’estomac éveillé par cette odeur délicieuse, je grimace en me relevant, tendant le sac à la prêtresse, au lieu de la main qu’elle semble réclamer.

- Ce que vous venez de vivre là, c’est ce que je vis depuis toujours. Parfois on s’en remet, parfois non.

Je regarde ailleurs, un instant, avant d’ajouter :

- Bienvenue à Marbrume. Bienvenue dans la vraie vie des gens qui souffrent.

Je me permets une question, en avisant ses cheveux :

- Seriez-vous parente avec la comtesse de Valis ? Vos cheveux…Ils sont magnifiques. Comme les siens.
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Eleanor SeraphinPrêtresse de Serus
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyMer 13 Mai 2020 - 1:29
Si ça faisait mal? Eléanor ne savait plus. Elle hocha la tête machinalement. Ça lui avait fait mal au début, quand elle était entrée au temple. Ça lui avait fait mal quand les autres apprentis avaient commencé à la traiter de sorcière, les garçons surtout. Les filles ne s'y opposaient pas mais au moins, certaines d'entre elles étaient compréhensives et la réconfortaient quand elle venait pour la énième fois de se prendre la même remarque en pleine face. Sorcière. Non, ça ne lui faisait plus mal. Elle n'y prêtait plus attention, elle avait appris à couvrir ses cheveux quand elle sortait pour ne pas attiser de haines inutiles et à les tresser correctement pour les messes qu'elle présidait. Elle cachait ses mèches grises sous les noires et elle n'en parlait pas. Ça ne lui faisait plus mal. Elle avait toujours honte, elle les cacherait sans doute toujours, par habitude, même lorsqu'elle aurait un mari et une famille. Cela faisait partie de sa vie.

Elle regarda la jeune femme se pencher pour ramasser les effets qu'Aimé avait fait tomber plutôt que de prendre sa main. Elle voulut l'aider, mais elle était allée trop vite. Elle avait tout ramassé avant qu'Eléanor ne puisse dire un mot et elle lui colla le sac dans la main qu'elle tendait, au lieu de la sienne. La prêtresse referma sa main sur la bandoulière du sac, sans rien dire, et le passa au dessus de son épaule, sous son manteau de laine. Elle commençait vraiment a avoir chaud et elle portait maintenant deux sacs. Elle allait vite devoir retourner au Temple si elle ne voulait pas faire un malaise en chemin. Elle écouta la jeune femme dont elle ne connaissait même pas le nom, la regardant dans les yeux, sans animosité, juste de la bienveillance.

Bien sur, elle aussi vivait ces moqueries depuis toujours. Parfois, ça avait été plus violent et elle s'était souvent retrouvée en larmes, cachée dans un dortoir du temple, avant qu'une prêtresse vienne la trouver pour la rassurer et la consoler. Son éducation s'était faite par accoups, parfois douce et aimante aux cotés des prêtres et prêtresses plus âgés, parfois dure face aux enfants de son age, qui ne la voyaient pas digne de devenir une représentante de la trinité. Mais ce temps était désormais révolu. Elle sourit en entendant la jeune femme lui souhaiter la bienvenue a Marbrume. Quelle ironie... Elle qui y avait toujours vécu et qui n'avait jamais refusé aucune mission dans les quartiers les plus difficiles, alors que ses semblables étaient si souvent découragés. Elle avait beau être peureuse, cette peur s'effaçait lorsqu'elle se rappelait l'enjeu de sa mission. Elle devait aider les autres, elle consacrait sa vie à cela. Elle ne voulait pas y descendre seule mais elle était toujours en avant. Elle ne laissait pas les autres se mettre en danger pour elle. Sa façon de vivre était qualifiée de bizarre par ceux qui la connaissaient bien, et surement à raison, se disait-elle souvent.

Elle entendit la question de la jeune femme et l'écouta respectueusement, jusqu'à ce qu'elle ajoute que ses cheveux étaient magnifiques. Elle se raidit.


- "Vous..." bégaya-t-elle. "Vous les trouvez... magnifiques?" Ce dernier mot avait du mal a passer, tant elle était étonnée que quelqu'un puisse voir quelconque beauté dans sa chevelure. Elle ne savait pas quoi dire, elle était complètement déstabilisée. Elle ne savait pas si ces mots devaient lui faire plaisir ou non. Elle ne distinguait aucun mensonge, aucune envie de plaire dans la voix de la jeune femme, juste de la pure sincérité. Des mots prononcés presque par réflexe.

- "Je... Non je ne crois pas avoir un lien de parenté avec la comtesse de Valis, mademoiselle..." Tiens, c'est vrai qu'elle ne connaissait toujours pas le nom de la jeune femme qui lui parlait.
- "Excusez moi mais, comment vous appelez vous? Je ne connais pas votre nom." Elle était tellement déboussolée par ce qu'elle venait d'entendre qu'elle en oublia les usages.
- "Pardonnez moi, je me nomme Eléanor Seraphin, représentante et prêtresse de Serus. Je suis ravie de faire votre connaissance." Elle sourit à la jeune femme, l'invitant par la même occasion à donner son identité.
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyMer 13 Mai 2020 - 11:26
Visiblement, j’ai dit quelque chose qui la trouble. Serait-ce ma façon de décrire sa chevelure ? Car oui elle est magnifique, il n’y a pas de mot plus adéquat que celui-là. Loin des couleurs communes telles que le marron ou le blond, la prêtresse est nimbée de gris, d’argent, une couleur que je n’ai vu qu’une seule fois et qui n’est pas sans me rappeler le doux sourire d’une jeune femme drapée d’une robe argentée, comme le sont les princesses des contes. Un voile passa une seconde devant mon regard, alors que je tentais d’apercevoir, loin derrière la prêtresse, les toits les plus hauts des demeures de l’Esplanade. Une fois de plus, je ne pus passer la journée sans penser à eux. Détournant le regard pour le reposer sur la prêtresse, je haussai les épaules en répondant :

- Ce n’est pas dans ma nature de faire des compliments immérités. Vos cheveux sont magnifiques, loin de ce que j’ai l’habitude de voir. Vous devriez les montrer au lieu de les dissimuler dans une coiffe. Cela étant…

Un fin sourire entendu s’affiche sur mon visage, je le sais.

- …je comprends que vous les cachiez. Les gens ont du mal à accepter tout ce qui est différent. Ils voient ça comme un mauvais présage, sans doute, voire même une malédiction. Je sais de quoi je parle, soigner des gens avec ce qu’on trouve relève presque de la sorcellerie, pour mes voisins.

Je croise les bras sur ma poitrine, regardant mes pieds, un bref instant silencieuse après qu’elle ait répondu ne pas avoir de lien avec Irène. Je suis un peu désappointée. Triste. Je m’étais imaginé que peut-être cette femme pourrait me donner quelque nouvelle, une confirmation qu’elle est toujours en vie. Et que donc, par extension, il y aurait une petite chance pour que l’homme que j’aime toujours le soit aussi. Mais non. Rien. Personne ne peut rien me dire et cette torture est bien plus efficace que la faim qui me tourmente quotidiennement. Inspirant profondément, je murmure alors :

- Je m’appelle Flore. Flore Maisonfort. Je suis herboriste et soigneuse, quand on me permet de pratiquer mon art sans recevoir d’insulte.

Elle se présente à son tour. Elanor Séraphin. Une prêtresse de Serus. Celui des Trois que je prie le plus souvent, tandis que je plante de petites graines dans le petit lopin de terre jouxtant ma misérable chaumière. Il faut croire que je ne prie pas assez ou que je prie mal, puisque les graines ne sortent que clairsemées, malingres, pour finalement mourir au bout de quelques jours. Il n’y a que mes plantes à poison qui perdurent. Elles prolifèrent même. Sans que je ne comprenne pourquoi.

- Ravie ? De me connaître ? Pourquoi ?

Je la regarde à nouveau, triturant mes doigts.

- Je ne suis personne. Tout le monde me le fait savoir. Même vos pairs du temple…Alors, en quoi êtes-vous ravie au juste ? A moins que tout cela ne soit, une fois de plus, que pure politesse de circonstance…Oui…C’est probablement cela. Personne n’est jamais ravi de me connaître. Et à dire vrai…On risque fort de vous jeter des pierres, si on vous voit en ma compagnie. ‘Feriez mieux de vous en aller.

Il y a également une raison qui me pousse à ce qu’elle s’en aille. Je suis sur le point de défaillir, je le sens, je le sais. Toucher du pain pour ne pas en prendre une seule bouchée, ça a probablement achevé ma résistance. J’ai faim. Tellement faim, par les Trois. Cependant, jamais je ne prendrai quelque chose qu’on ne me donne pas personnellement. Du moins pas de cette humiliante façon. Garder le pain alors qu’elle m’a vu le ramasser et le nettoyer, je trouve cela affreusement mortifiant. J’essaye de garder le contrôle, de bien me tenir, de ne pas céder face à cette femme, mais…

- Allez vous en…

Triturant toujours mes doigts, je tourne les talons après avoir jeté un dernier coup d’œil à son sac, la gorge sèche, les yeux brûlant de mauvais sommeil. Le port. Oui. Aller au port. Trouver quelque chose là bas. Il doit bien y avoir quelque chose là bas pour moi. Personne ne me verra. Je longerai les murs et je finirai bien pour trouver de quoi manger. A pas lents, je prends une des petites ruelles transversales, à peine éclairée même en pleine journée, encombrée par les détritus de toutes sortes. Un pavé mal aligné aura pourtant raison de ma résolution. Je tombe au beau milieu des détritus, salissant ma robe depuis ma poitrine jusqu’à mes chevilles. La tête dans le caniveau, je finis par fermer les yeux, avant de me hisser sur le haut du pavé, pour m’appuyer contre un mur humide, derrière une caisse abandonnée, à l’abri des regards. Reprendre mon souffle, calmer ce violent mal de tête qui me taraude, ne pas craquer.

Ne pas craquer.

Non, ne pas craquer.

Le doux visage d'un cavalier au sourire tendre s'impose à mon esprit. La seule pensée joyeuse qui soit même si je sais que je ne le reverrai jamais plus...
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyVen 15 Mai 2020 - 0:17
- "Ce n’est pas dans ma nature de faire des compliments immérités. Vos cheveux sont magnifiques, loin de ce que j’ai l’habitude de voir. Vous devriez les montrer au lieu de les dissimuler dans une coiffe."

Eléanor était abasourdie. Personne, jamais, n'avait complimenté avec autant de sincérité de ses cheveux. Pas même son grand frère qui pourtant aimait beaucoup les coiffer quand elle était plus jeune. Elle écouta la suite des propos de la jeune femme sans dire un mot, trop choquée par ce que celle-ci venait de lui dire. Elle vit le regard de Flore se baisser peu à peu, sa honte la rattrapant. Elle ne pouvait rien faire pour cette jeune femme à l'air perdu et elle sentit que malgré tout ce qu'elle pourrait lui dire, l'herboriste continuerai à ne pas y croire. Sans doute avait-elle vécu trop d'épreuves, comparé à Eléanor, pour que celle ci puisse la comprendre. Pourtant, elle essaya. Elle tenta de discerner le moindre propos auquel elle pourrait se raccrocher pour la convaincre que tout n'était pas perdu pour elle, qu'elle n'était pas seule.

- "Même vos pairs du Temple."

Elle savait très bien de qui la jeune femme parlait. Ils étaient peu nombreux, mais ils étaient comme Aimé, fermés d'esprit, destructeurs. Tout ce que le clergé devait renier, ils le représentaient. Ils n'aidaient pas, ils détruisaient. Ils détruisaient l'image du clergé, ils détruisaient le peuple et il détruisait sa foi. Eléanor avait eu bien trop affaire à eux et, même avec toute la gentillesse dont elle disposait, elle leur souhaitait parfois de n'avoir jamais existé. Malheureusement, l'arrivée de la Fange n'avait fait qu'accroître le malheur que ces gens distribuaient autour d'eux. Ils estimaient que les petites gens pouvait bien être dévorés tant qu'eux même sauvaient leurs fesses. Et ils avaient encore fait une victime, qui se tenait là, devant la prêtresse à se triturer les doigts, et qui avait tellement honte qu'elle ne savait plus comment quémander la nourriture dont elle avait besoin pour survivre.

- "Allez vous en..."
- "Non..." Murmura Eléanor. Pas comme ça. Elle avait vu que Flore avait faim, elle avait vu son regard quand elle lui avait rendu la miche de pain. Elle ne voulait pas la laisser succomber à cette faim qui la dévorait, mais la jeune femme tournait déjà les talons. La prêtresse n'avait pas eu le temps de se justifier, elle aurait voulu échanger un peu plus avec cette femme. Elle ne voulait pas la laisser partir. Elle était vraiment ravie de la rencontrer, comment aurait-elle pu dire ces mots sinon? Pas comme ça...

- "Attendez!"

Mais elle était déjà loin, le temps que la prêtresse avait mis pour se ressaisir et elle avait déjà tourné au coin de la rue, prenant la direction du port. Alors Eléanor se mit en route, marchant plus vite en espérant la rattraper. Elle la vit trébucher, de loin, et se précipita mais elle s'était déjà relevée. Elle s'était adossée contre un mur et la jeune femme n'eut aucun mal à la rejoindre.

- "Attendez..." Elle était un peu essoufflée, mais elle se remit bien vite et sortit la miche de pain de son sac.
- "Prenez la, je vous la donne toute entière. Je dois rentrer de toutes façons et elle vous fera bien quelques repas." Elle lui sourit et continua "Je suis sincèrement ravie de vous connaître et j'aimerai vous aider, mais cette miche est tout ce que je peux faire pour vous maintenant." Elle soupira, elle se doutait que ça ne ferait sans doute ni chaud ni froid à la jeune femme. Des promesses, elle avait du en entendre des tas. "Ecoutez, je sais qu'il y a des..." Elle hésita "Des ordures au clergé, comme partout. J'en ai fais les frais tout au long de ma vie, comme vous avez pu le constater tout à l'heure... Je ne sais quoi vous dire, vous semblez croire à un mensonge à chacun des mots que je prononce..." Elle cherchait ses mots. "Si vous voulez, à toutes les prochaines fois ou vous avez faim, venez au Temple et demandez moi, et si je ne suis pas là, demandez Emile et attendez mon retour avec lui. Vous n'aurez pas à avoir affaire à d'autres que nous et je vous promet de vous donner tout ce dont vous avez besoin à chaque fois."

Que pouvait elle faire de plus? Elle n'était pas habilitée à embaucher des serviteurs au Temple et puis pour quoi faire? Flore aurait sans doute été traitée de la même manière qu'elle ne l'était dans ces quartiers et cela ne ferait qu'accentuer sa rancœur envers ceux qu'elle ne pouvait déjà que peu supporter. Non elle voulait mieux que ça pour elle. Elle garderait sa liberté et trouverait de quoi se nourrir chaque fois qu'elle le voudrait. Peut être qu'à force, elle oublierait sa méfiance envers Eléanor et elles pourraient devenir amies? Enfin l'espérait-elle, du moins...
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyVen 15 Mai 2020 - 23:32
Appuyée contre le mur, sale des pieds à la tête, je n’entends pas vraiment les paroles de la prêtresse. Je n’entends rien en fait, il n’y a qu’un bourdonnement dans mes oreilles, quelque chose de diffus qui m’agace et qui me fatigue encore plus que ma fuite vers le port. Encore plus que ma chute. Encore plus que la présence de cette femme à mes côtés. Mais qu’est-ce qu’elle veut à la fin ? Je ferme un instant les yeux, tentant de me mettre debout, sans y parvenir. Je me suis fait mal au genou droit en tombant, la douleur est diffuse, supportable mais incommodante. Je vais attendre un peu avant de me redresser. J’allais dire quelque chose mais une odeur vient chatouiller mes narines. Du pain. L’odeur du pain de tout à l’heure. Je la regarde, elle, son visage d’ange et ses yeux purs. On dirait une fée. Et moi…je ne ressemble à rien. Il y a de la boue sur mon visage, je le sais, je la sens sécher sur mes joues. Quoiqu’il en soit, je prends le pain et le serre contre moi, comme une gamine le ferait d’un trésor trouvé dans la rue.

- Merci…

J’ai trop faim, je ne peux pas me retenir. Même avec mes doigts sales, j’arrache un morceau de cette miche providentielle, appuyée contre le mur, avalant avec difficulté le petit morceau de pain. Puis un autre. Et encore un autre, jusqu’à ce que je sente quelque chose tomber sur mes doigts. De l’eau. Des larmes. Je pleure et je ne m’en rends même pas compte. Un hoquet s’empare de moi, m’empêchant de continuer à m’alimenter. J’ai mangé trop vite…Je l’écoute donc, jusqu’au bout et attends que le hoquet passe de lui-même pour enfin dire :

- Pourquoi vous faites ça pour moi ?

Je la regarde, déglutissant à nouveau avec difficulté.

- Je suis pas la seule à avoir faim. Tout le monde a faim. Alors pourquoi moi ?

Je range le pain sous ma chemise, me promettant d’en garder une large ration pour les trois jours qui viennent et de garder le reste pour épaissir mes potages. Je passe une main noire sur ma joue sale, dans l’illusoire envie d’ôter la crasse de mon corps. Il faudra que je prenne soin de moi en rentrant, absolument.

- C’est parce que j’ai dit que vos cheveux sont magnifiques, c’est ça ?

Sans demander son aide, je me redresse alors, pour me regarder. Je suis dans un état pitoyable. Je ne serais même pas étonnée qu’on me jette des pierres et qu’on me prenne pour une vagabonde. Mes bottes sont couvertes de boue noire, tout autant que ma robe, mes bras et mes mains. Ma coiffe sommaire s’est défaite sous le choc et mes cheveux sont allé tremper dans ce brouet immonde qui stagne au milieu des chemins. Je ne ressemble même plus à un être humain. Quelle chance que Jehan ne soit plus là pour voir cela. Quelle chance. J’en serais morte de honte, je crois. Quoique s’il avait été là…je n’aurais sans doute pas du traverser tout ceci ni même mendier mon pain. Je serais certainement dans ce bel endroit qu’il m’a promis. Un endroit de paix et d’amour, de rires et de joie. Pas cette ruelle sordide à l’odeur fétide.

- Ne faites pas de promesses que vous ne pourrez pas tenir. Je ne crois plus aux promesses, j’ai été bernées par des promesses bien trop belles pour être honnêtes, je m’en rends compte maintenant. Alors…ne dites rien. Si vous êtes là, je viendrai vers vous. Si vous n’êtes pas là, je m’en irai. Mais…Ne faites pas de promesses que vous ne pourrez peut-être pas tenir.

La croûte du pain contre ma peau me gratte. La tête me tourne. J’ai peur qu’on ne me vole mon repas, le quartier n’est pas sûr.

- Vous ne devriez pas rester ici toute seule, cet endroit, c’est pas pour vous…

Je regarde derrière elle et avise le quartier. Elle est seule. Je finis par grimacer.

- Vous devriez vite rentrer…

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MessageSujet: Re: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyDim 17 Mai 2020 - 15:26
- "C'est parce que j'ai dit que vos cheveux sont magnifiques, c'est ça?"

Eléanor était habituée à voir des faux semblants, des masques. Des nobles à l'allure bienveillante qui venaient prier et faire parfois la charité au Temple, et que l'on avait vu torturer des innocents, leur donner des coups de pieds quand ils passaient dans les rues mal famées. Des gens qui vivaient dans un environnement aseptisé. Mais elle n'aurait jamais pensé que son visage ressemblait tant à un masque. Qu'avait-elle fait, par Serus, pour que l'on ne croit jamais à sa sincérité? Cette jeune femme la faisait douter d'elle même, alors qu'elle ne la connaissait que depuis quelques instants. Pourtant, Eléanor savait très bien qu'elle mourrait de honte si on la prenait à jouer l'hypocrite.

- "Non..."

Bien sur que non, elle ne faisait pas cela parce que Flore avait dit que ses cheveux étaient magnifiques. Elle faisait cela parce qu'elle avait besoin d'aide. Elle aurait fait pareil pour tous ceux qu'elle aurait croisé à la place de la jeune femme, n'est ce pas? Oui, elle voulait juste aider, permettre a quelqu'un d'autre de vivre quelques jours de plus. Le voulaient-ils vraiment? Parfois, certains étaient tellement desespérés de la vie de misère qu'ils menaient qu'ils ne voulaient plus demander d'aide. Parfois, certains avaient refusé le pain qu'elle leur tendait, alors que d'autres avaient encore en eux la rage de vivre, d'espérer un jour une meilleure condition. Eléanor discernait ces deux aspects dans les yeux de Flore. Que pouvait elle avoir vécu pour que le désespoir s'empare d'elle comme cela et lui crie d'abandonner, et qu'est ce qui la faisait tenir autant? Seuls les Trois le savaient.

Elle lui disait maintenant de ne pas faire de promesses qu'elle ne pourrait pas tenir. Pourtant, elle voulait la tenir cette promesse. Par les autres, si elle ne venait pas prier ou se confesser, Flore serait surement rejetée au Temple. Eléanor ne voulait pas cela.

- "Très bien. Si je ne suis pas là, revenez quand vous voulez en espérant que j'y sois. Mais... Je voudrais que vous me promettiez... au moins d'essayer? S'il vous plait, Flore..."

La prêtresse avait prononcé ces mots avec un air implorant. La jeune femme lui avait demandé de partir, de rentrer au plus vite. La journée avançait et, malgré que le soleil se couche tard en cette saison, Eléanor savait qu'elle ne devrait pas trainer bientôt, ou elle se ferait sans doute regarder de travers. Elle prit le ruban qui lui servait a attacher ses cheveux et entreprit de les natter avant de les glisser son sa capuche. Quelques mèches noires apparaissaient ça et là mais rien de bien grave, et elle se redressa.

- "Vous avez raison, il faut que je parte. Faites attention à vous en rentrant ma Fille, je ne voudrais pas qu'il vous arrive quelque chose de regrettable." Elle lui sourit, attendant tranquillement la réponse de la jeune femme.
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MessageSujet: Re: [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor]   [Terminé] A la recherche d'âmes charitables [PV Flore et Eléanor] EmptyDim 17 Mai 2020 - 21:20
- Moi, je ne fais pas de promesses. Surtout quand je sais que je ne pourrai pas la tenir. J’essayerai…Si j’arrive à passer outre le dégoût que j’éprouve.

Je sais. C’est méchant de parler comme ça devant elle qui a été si gentille. Je sais. Pourtant, j’ai besoin de cracher tous ces sentiments négatifs en parlant à quelqu’un. Je sais que tôt ou tard je devrai me rendre au Temple pour me confesser, confesser toute cette rage, tout cette haine qui couve depuis si longtemps. Cela étant, je ne peux pas. Je préfère prier les Trois à l’abri dans ma maison, devant mes petites statuettes de bois plutôt que de revenir au Temple, au milieu de la froide indifférence et de la condescendance de ceux qui hantent les lieux. J’ai réellement très mal vécu les comportements et attitudes de membres du clergé, il faudra me laisser le temps de l’acceptation et du pardon afin que je puisse revenir dans un autre but qu’un but alimentaire.

Je sens le pain irriter ma peau, de manière désagréable. Je la regarde, un long moment. J’ai beaucoup de ressentiment, mais je ne souhaite pas qu’il arrive quelque chose de fâcheux à cette prêtresse. Haussant les épaules, je finis par murmurer, la voix rauque :

- Toutes les choses que je pouvais regretter se sont déjà produites. Et…je suis pas assez intéressante pour qu’on songe à m’agresser…Rentrez chez vous là-haut. On se reverra, peut-être…

Je préfère tourner les talons très vite et m’éloigner. Personne ne s’en prendra à une prêtresse. Par contre, en ce qui me concerne, rien n’est moins sûr et ce malgré ce que j’ai pu dire à la représentante des Trois. C’était de la frime évidemment. C’est donc au pas de course que je longe les murs, afin de rejoindre ma petite chaumière dans les faubourgs, après de longues, très longues minutes à vérifier que personne ne me suivait. Quand je pus entrer et fermer la porte de ma maison, je sortis la miche de pain de sa cachette et la déposai sur la table, comme une précieuse relique. Sans dire un mot, je pris un petit tabouret et m’y assis, le temps de me remettre de tout ceci. Je finis par pleurer, une fois de plus, en silence, le visage plongé dans mes mains sales. Comme souvent. Et comme souvent, je priai en silence afin que les Trois me délivrent de tout ceci d’une manière ou d’une autre. Même si j’avais vu aujourd’hui un des plus beaux visages qu’il m’ait été donné de voir depuis des semaines. Même cette beauté au milieu de tant de laideur ne parvenait pas à me consoler. Rien ne le pourra jamais vraiment…
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