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 Conjonctures et filigrane

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MessageSujet: Conjonctures et filigrane    Conjonctures et filigrane  EmptyMar 14 Juil 2020 - 8:34





Conjonctures et filigrane




C'était ce frémissement indistinct dans les broussailles ; ces ondulations soudaines à la surface d'une étendue d'eau précédemment paisible ; le chuintement humide de la vase qui s'enfonçait sous un poids. C'était, encore, la façon dont pouvait grincer le bois sec, ou le roulement imperceptible d'un caillou sur le sol. Avec le temps, il avait appris à discerner le silence d'un lieu calme, de celui d'un lieu abandonné. Cela allait plus loin que le simple silence ; tels ces moments figés dans le temps, juste avant que le monde ne s'endorme, et que la vie se taise pour quelques heures à peine. Les âmes se suspendaient alors dans le temps, comme une nuée de lucioles flottant au-dessus d'une clairière.


Contenu, un grognement n'en monta pas moins de la gorge de Merivel au moment de se redresser, quittant le fourré où il s'était abrité. Dans un même geste, son bras détendit lentement la corde de son arc, sans aucun mouvement brusque, et il saisit la flèche qui y était encochée pour la ranger dans son carquois. Inspirant avant de soupirer, son yeux se levèrent sur le ciel de cette froide journée d'octobre, parsemé de nuages cotonneux. A la façon dont le soleil avait progressé dans le ciel, il estimait que deux heures à peu près s'étaient écoulée depuis son arrivée. Peut-être un peu moins, mais trop longtemps quoi qu'il arrive, à en juger la façon dont ses genoux ankylosés le tiraillaient.


Son regard s'abaissant, il balaya une nouvelle fois ses environs directs du regard. Il y avait là un étang de taille modeste, bordé par un bois dont les feuilles des arbres, leurs branches griffues, étaient tombées pour s'agglutiner à la surface de l'eau stagnante. Leurs teintes tantôt cuivrées, tantôt ambrées, caractéristique de l'automne, iris et potamots livraient bataille à cette masse végétale et pourrissante pour se frayer un chemin jusqu'à la surface. Eux-mêmes dressés fièrement sur la berge de l'étendue aqueuse, joncs et roseaux restaient les maîtres incontestés des lieux, offrant autant d'abris à la faune, mais qui restait pourtant cruellement absente.


Si Merivel avait choisit cet endroit, ce n'était pas seulement parce qu'il avait aperçu un renard détaler lors de son approche initiale, mais justement à cause de lui. Doué en pistage, un examen plus approfondi des lieux lui avait révélé des traces loin d'appartenir au seul Vulpes ; diverses et variées, mais surtout relativement fraîches, elles suggéraient qu'il s'agissait là d'un lieu privilégié pour les animaux souhaitant s'abreuver. Cela ne voulait pas dire, en revanche, qu'il s'agissait d'un lieu dépourvu de danger : car le banni s'en était rendu compte il y avait longtemps de ça maintenant, les Fangeux n'attaquaient que son espèce.


Jouant de malchance ou accusant un coup du destin, cela ne lui importait guère, tant qu'il était certain qu'aucune de ces créatures ne se dissimulait à proximité, et le long moment passé ici, entre des hautes herbes, l'en avait assuré en même temps que la futilité de traîner plus longtemps. Sa chasse devrait se poursuivre ailleurs, surtout s'il voulait attraper autant de gibier que nécessaire : pour le village des bannis, pour Belladonne, et enfin pour la cérémonie du Cloaque, qui se déroulerait d'ici quelques jours. Ainsi, enjambant la branche morte qui jonchait le sol devant lui, Merivel se dirigea à pas mesurés vers le bois ; vers la voie que lui avait ouverte le renard...

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MessageSujet: Re: Conjonctures et filigrane    Conjonctures et filigrane  EmptySam 22 Aoû 2020 - 20:10








A l'intérieur du bois, les signes du retrait prolongé des hommes étaient multiples : tant dans la densité des herbacées, que dans l'absence de pistes facilement discernables, ou le nombre d'obstacles sur le chemin. Ronciers et branches basses s'accrochaient aux vêtements de Merivel tandis qu'il progressait, gardant la nuque courbée et le regard attentif à la présence récente ou passée d'animaux. Au-dessus de sa tête, et malgré la chute de nombreuses feuilles, la canopée elle-même était épaisse, bloquant efficacement les rayons du soleil pour offrir une fraîcheur bienvenue dans un environnement d'ordinaire moite.

Si son esprit appartenait à ceux qui vagabondent, le banni se serait peut-être arrêté pour contempler les environs, le patchwork de couleurs proposé par un lieu forestier en proie aux mutations de l'automne ; il aurait humé les fragrances boisées flottant tout autour de lui, ou les senteurs florales émises par les arbustes ; apprécié le tapis de jacinthe qu'il était en train de fouler, ou le lichen et la mousse juste en-dessous. Mais toute son attention était tournée vers la recherche d'une proie. La corde de son arc détendue, l'encoche de la flèche pincée entre son index et son majeur, il tournait la tête tantôt à droite, tantôt à gauche, observant alentour.

Parfois pourtant, il s'arrêtait. Ses yeux percevant des nuances parmi les couleurs acajou, sapin ou bistre du bois, Merivel se penchait pour cueillir divers fruits : mûres sauvages au coeur d'un buisson épineux, fraises des bois dans un recoin ombré, à côté de ce qui fut autrefois un sentier emprunté par les voyageurs ; prunelles ou encore argouses, tous terminaient dans la besace en cuir qu'il portait au flanc. Ce n'était rien de très nourrissant, mais c'était un changement toujours bienvenue dans son régime alimentaire, habitué comme le reste des bannis à consommer du gibier ainsi que le résultat souvent maigre de leurs cultures.

Les baies plutôt abondantes, il commençait en revanche à douter qu'il y eu des animaux proches quand il l'aperçut : accrochée à l'écorce d'un arbre sur sa droite, il y avait une touffe de poils châtains. En s'approchant un peu plus pour mieux voir, Merivel reconnut les traces causées par le frottement des bois de l'animal, ainsi que la façon dont ses dents avaient gratté quand il s'était nourrit : un cerf. Un examen minutieux des environs lui révéla non seulement des traces, mais aussi et surtout, des excréments encore frais, signe que la bête était là récemment.

Face à cette découverte, son enthousiasme resta mesuré. Même s'il traquait et parvenait à tuer l'animal, il savait qu'il ne pourrait jamais récupérer l'ensemble de sa viande sans effectuer plusieurs aller-retour au village. Or même en journée, les Fangeux rendaient tout voyage périlleux, et se déplacer de nuit était absolument hors de question. Son meilleur espoir, c'était de revenir le lendemain sur les lieux, avec un autre membre du village. Mettant de côté ces considérations, il se mit en route avec espoir. Il y avait peut-être, au bout du chemin, des repas copieux pour quelques jours...
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