Fréquentations douteuses

Fréquentations douteuses

- De l’hydromel je vous prie.

La serveuse s’éloigna, et Grim replongea le nez sur la table. Il tripotait consciencieusement sa petite bourse en cuir, la vidait devant lui pour compter et recompter sa monnaie avant de tout ranger, et répétait ce processus plusieurs fois de suite sans vraiment se rendre compte de ce qu’il faisait. Les temps étaient terriblement durs à Marbrume, et si le jongleur avait toujours un peu de sous pour se payer une chope d’hydromel, il ne pouvait pas en dire autant de tout le monde. Son père, bien qu’il travaillait encore, peinait de plus en plus à acheter ses médicaments. Personne ne savait vraiment ce qu’il avait, mais ce que tout le monde pouvait dire, c’était qu’il allait de moins en moins bien. Et Grim culpabilisait de ne rien pouvoir faire pour l’aider.

La jeune femme déposa la chope devant lui, avant de le dévisager un court instant, lorgnant sur le bel œil au beurre noir qui décorait son visage. Il lui tendit rapidement l’acompte, et elle prit congé après avoir souri. Et lui lâcha un petit soupir de soulagement, jamais bien à l’aise quand on le regardait trop intensément.

Il aimait bien ce bar qui donnait sur la mer, Grim. Il y avait souvent du monde, mais ils n’étaient pas tous les uns sur les autres. Il venait souvent, ici. Ceux qui y travaillaient commençaient à le connaître, mais aucun n’avait vraiment réussi à lui parler. Trop timide le jongleur. Il se mettait très vite à bégayer quand on s’adressait à lui, avant de partir sans finir sa consommation, le visage rouge et les yeux brillants.
Son attention fut attirée dans son dos. Il tourna la tête, chope au bord des lèvres, pour constater la présence de trois hommes qu’il n’avait pas vu entrer. Ils discutaient de manière animée, en plein dans une conversation dont le saltimbanque ne parvint pas à saisir les paroles. Curieux comme il l’était, il aurait aimé savoir, c’est pour cela qu’il tenta, durant quelques petites secondes seulement, de lire sur les lèvres de l’un d’eux, en vain. Lorsqu’il releva les yeux, il croisa son regard pénétrant et glacial, et, aussitôt, Grim tourna la tête, intimidé. Il se fit tout petit sur sa chaise – encore plus petit que ce qu’il était -, et ferma un instant les yeux, serrant son verre contre lui, priant pour ne pas que l’homme vienne vers lui. Il était tellement simple de se faire agresser dans cette ville … un simple regard pouvait suffire. Et Grim craignait que ça ait suffit à ce bonhomme pour créer des hostilités.

Il patienta un instant ainsi, buvant par moment quelques petites gorgées d’hydromel, avant de finalement voir passer devant lui les deux hommes. L’autre devait être resté derrière, à son grand désarroi. Les autres le saluèrent d’un signe de la main avant de sortir et de disparaître de sa vue.

Ni une, ni deux, Grim finit sa boisson cul-sec, posa vivement son verre sur sa table et se mit debout, bien décidé à partir avant que les choses ne tournent au vinaigre. Parano, lui ? Probablement. Bien qu’il préférait utiliser le terme ‘méfiant’.

Théodemar ne pensait pas retrouvé cette Taverne qu'il aimait tant pour sa vue sur la mer et sur ses échoppes. Il avait commandé une choppe de bière, cette dernière était bien meilleure dans cet établissement que ceux dans la Rue des Grands Hytres ou même à la Hanse. Il avait rendez vous avec un de ses espions dans la taverne et cet établissement était parfait pour ce rendez vous.

Il était habillé d'une simple tunique avec des épaulettes noire. Au dessus de sa tunique, il avait mis un fin manteau noir en cuir avec une capuche. Ses bottes étaient noire également. Il était installé au fond de la salle en attendant ses employés, aujourd'hui encore la Taverne était noire de monde.

"M'sire Théodemar."

Il releva la tête et vit son espion puis leur montra la chaise à sa table. Puis commanda une autre bières à la serveuse.

"Pas de nom ici, espèce d'idiot. Assied toi.

L'homme s'assit et dit avec un ton désolé

"Excusez moi, m'sire. L'homme dont j'vous est discutaillé va arriver bientôt.

"Bien."

L'homme en question arriva alors et s'installa à la table de Théodemar. Ils se mirent à parler avec ferveur d'une petite affaire qui concerné le vol d'un tableau dans une demeure d'un Noble puis Ecuviel remarqua qu'on le regardait et il arrêta de parler puis fixa l'homme d'un regard pénétrant et glacial puis quand il arrêta de le regarder, Théodemar dit en finissant de boire sa bière:

"Je vais en dehors. Rejoignez moi, 5 minutes après. J'ai l'impression qu'on nous observe.

Il partit alors d'un pas pressé, les deux hommes le saluait pendant qu'il sortit de la Taverne.
Il attendait au dehors de la taverne quand il vit le Nain qu'il l'avait observé à l'intérieur. Il le prit alors par les épaules et lui envoya un coup de poing du gauche dans le visage pour l'ensuite le lever d'environs 40 centimètres du sol par le col et dit avec un petit sourire:

"Bonjour mon petit ami. Comment va-tu ? A-tu trouvé les quelques mots que tu à pus discerner à ton goût ?
Ses deux complices arrivèrent alors un air satisfait et Théodemar lâcha l'homme qui tomba lourdement sur le sol.

"Veut-tu gagné quelque pièces d'or mon jeune ami ? dit-il avec un petit sourire

En moins de temps qu'il le fallait pour le dire, le type de tout à l'heure revint à la charge, Grim visiblement dans son collimateur. Ce dernier eut un mouvement de recul, mais se heurta le talon contre sa chaise, l'empêchant d'aller plus loin. L'empêchant d'éviter cette attaque, qu'il n'avait d'ailleurs pas du tout vu venir. Qu'il n'avait pas du tout anticipé.

Pourquoi ?

Ce mot passait dans sa tête alors qu'il affrontait le regard terrifiant de l'agresseur. Tellement surpris qu'il n'eut aucune exclamation de douleur à la mandale, aucun cri, rien. Il demeura muet comme une carpe.

- Bonjour mon petit ami. Comment vas-tu ? As-tu trouvé les quelques mots que tu a pu discerner à ton goût ?

Grim fronça les sourcils et ouvrit la bouche, prit au dépourvu. Mais il n'avait même pas réussi à saisir deux mots ! Il était outré, réellement outré de cette violence gratuite.
Il s'écrasa lourdement au sol, assez pour que l'air de ses poumons s'échappent d'un seul coup et qu'il grimace. Aussitôt, il regarda autour de lui, constatant la présence des deux autres hommes de tout à l'heure. Et il se sentit mal, prit au piège, comme un lapin entre trois loups affamés.

Dans la taverne, les éclats de voix s'étaient calmés. La plupart des regards étaient tournés vers eux, attentifs, certains choqués de cette attaque. La serveuse de tout à l'heure s'approcha, mais l'un des types lui intima de reculer d'un geste de la main. Le tavernier, quant à lui, fulminait dans son coin, probablement habitué à ce genre de scénario. Il devait savoir que se mêler d'histoires qui ne le regardaient pas était dangereux, au grand regret du jongleur qui se sentait en cet instant terriblement seul.

Sa respiration se fit plus saccadée. Il dévisageait tour à tour les trois bonhommes, et lorsque celui qui l'avait frappé lui demanda s'il voulait gagner quelques pièces d'or, il bondit en avant, se faufila avec l'aisance d'un animal entre ses jambes et, sans poser de questions, prit la fuite.
La porte de la taverne se trouvait devant lui, comme le Graal. Inatteignable également, puisqu'il ne parvint pas à la traverser. On lui attrapa brutalement le bras et le tira en arrière. Quelques exclamations s'élevèrent, venant de clients.

- Qu'a-t-il fait, ce pauvre enfant ? Demanda l'un d'eux, outré.
- Laissez-le donc !

On le planta sur une chaise et les trois hommes l'encadrèrent de nouveau. Ils étaient proches, très proches de lui. Grim ne se sentait pas bien du tout. Très vite, des larmes lui grimpèrent aux yeux. Il avait beau chercher, il ne se souvenait pas avoir fait quelque chose de mal.

- J'ai rien fais, laissez-moi s'il vous plaît, balbutiait-il.

Il leva ses yeux verts et implorants vers eux.

- Ne me faites pas de mal.

Ses mains se plaquèrent sur sa face pour ne pas avoir à affronter leur regard fier et leur sourire carnassier.

"Ferme là toi !

Un homme imposant qui semblait être avec Théodemar envoyait un coup de poing gauche dans le visage du vieil homme.

Théodemar se mit à sourire, cette taverne lui appartenait enfin .. il avait des parts en grande partie il en était le propriétaire, Tom, le patron n'allait pas appeler la garde, ça il en était sûr mais les autres par contre. Il aimait ce sentiment de peur que ce genre de spectacle procurait à tous. Il aimait cette odeur de peur.

"Hahaha, allons allons. N'allez pas abimé ce petit monde. Reprenez vos activités gentes dames et messieurs. Ne vous occupez pas de nous. "
Un vieil homme se leva, il ressemblait à un pêcheur. Il dit alors
"Laissez le petit, Brutes !

Le pêcheur allait envoyé son poing dans le visage de Théodemar quand celui ci envoya son gantelet clouté dans son abdomen et prit rapidement sa dague à sa ceinture pour lui trancher vivement la gorge juste au dessus de la carotide. Il regardait le pêcheur tombé à terre dans un immonde gargouillis de souffrances. Il regardait la salle avec un sourire et dit

"D'autre amateurs ? Bien ... Il se tourna vers ses hommes
Amenez moi ce petit gars. On va aller dans un lieu plus discret."

Il se dirigea vers Grim et lui envoya un coup de gantelet clouté dans le visage qui l'assomma sur le coup. Un de ses homme le prit sur ses épaules et le trio se dirigèrent vers la porte quand deux gardes ouvrit la porte de la Taverne et dit

"Hola Ecuviel ! Eh bah alors ? Qu'est ce qui ce passe ici ?

Théodemar se mit à sourire, les deux gardes étaient les Jumeaux Gallois, des amis à lui.
"Rien, simple altercation. Le pêcheur a cru que j'allais me laisser faire. "
"Et lui ?

Il désigna le petit Grim sur l'épaule d'Igor, son homme de main

"Personne. Ecoute Henry, tu n'a rien vu d'accord ? il lui envoya une bourse contenant des pièces d'or Tu trouvera bien une excuse à ce bazar, hein ? "
L'homme prit la bourse et rit

"Allez va, avant que je change d'avis "
Puis le trio partit et ils se dirigèrent vers la Grande Rue des Hytres. Quand Grim se réveilla, il était sur une chaise en chêne, les mains enchaînées. Théodemar lui mit alors une gifle pour parfaitement le réveillé.

"On ce réveille mon ami ! Il lui prit alors le menton et le leva brusquement vers lui Mauvaise blessure, mais tu survivra. Il le relacha et dit avec un petit sourire. Je te repose une dernière fois la question, petit homme. Veut-tu gagné quelque pièces d'or . "

Il avait peur, Grim. Pire encore : il était terrifié. Comment est-ce qu'un simple moment de détente pouvait ainsi tourner au vinaigre ? Pourquoi lui ? Qu'avait-il fait ? Il était pourtant connu pour être l'être le plus inoffensif et le moins au courant de ce qu'il se passait à Marbrume. Un agneau.
Spectateur de la scène, les larmes se mirent vite à couler sur ses joues. Et lorsque l'on exécuta sous ses yeux un vieil homme ayant eut le courage de réagir, le visage de Grim vira au blanc et un juron fleuri lui échappa avant qu'il se plaqua la main sur sa bouche, choqué. Ses yeux s'agrandirent d'effroi tandis qu'autour de lui, des cris se firent entendre. Il avait l'impression de nager dans un cauchemar, et l'espace d'un instant, il n'arrivait plus à détacher son regard terrifié du corps sans vie du pêcheur qui se vidait peu à peu de son sang. De celui qui avait tenté de l'aider, et qui ne reverra jamais sa famille.

Sur qui était-il tombé ? Pourquoi, nom de Dieu, pourquoi avait-il croisé son regard ?!

Celui qui semblait être le chef s'approchait vivement de lui. Grim leva ses yeux vers lui et se ratatina sur sa chaise. Apparemment pas assez, car il sentit une subite douleur lui traverser la face. La seconde d'après, plus rien.

Il papillonna des paupières avant de froncer les sourcils quand la douleur irradia tout son visage. Un râle étouffé lui échappa tandis qu'il parvenait peu à peu à remettre les informations en place dans sa tête. La taverne, cet homme, le pêcheur …
Il n'eut pas le temps de plus réfléchir qu'une violente gifle lui fit lever la tête. L'homme de tout à l'heure, un certain Théodémar apprendra-t-il plus tard, lui faisait face.

Aussitôt, le jongleur se mit à paniquer. Il avait du mal à respirer, et son cœur tambourinait tellement fort contre sa cage thoracique qu'il menaçait de s'en expulser d'un instant à l'autre.

- On se réveille mon ami !

L'autre lui saisit le visage, le forçant à le regarder dans les yeux. Il eut alors tout le loisir de voir dans ses prunelles toute la pourriture du monde. Malgré son évidente position de faiblesse, le regard de Grim se durcit. Il constata alors qu'il était attaché, et qu'il n'était plus du tout dans la taverne. Alors, c'était ça ? La pure terreur, celle qui te tétanise et qui fait que tu pense mourir sur le champs ? Seul, sans personne pour te pleurer ni pour t'aider ?

- Mauvaise blessure, mais tu survivras.

Les mains de Grim vinrent tirer sur les chaînes qui l'entravaient. La panique gagnait de plus en plus le petit homme qui se sentait vraiment prit au piège. Qui sentait vraiment sa dernière heure arriver. Il s'agitait sur sa chaise, le souffle court et le visage teinté de terreur. Quand il constata qu'il n'arriverait pas à s'en sortir seul, il se mit de nouveau à pleurer. Il baissa la tête pour couper le contact avec celui qu'il considérait à présent comme son bourreau.

- Je te repose une dernière fois la question, petit homme. Veux-tu gagner quelques pièces d'or ?

Pourquoi ?
Pourquoi l'idée de gagner de l'argent ne l'enchantait pas du tout à partir du moment où il sentait une lourde menace peser sur lui ? Pourquoi est-ce qu'il se doutait être face à une question rhétorique ?
Étouffant un sanglot, Grim garda la tête baissée et les yeux fermés. D'une petite voix pleine de détresse, il osa enfin parler.

- Oui...

De toute manière, c'était bien ce qu'il voulait entendre.

- Qu'est-ce que vous … vous voulez de moi ?

Qu'importe ce qu'était son plan, il mettait sa main à couper qu'il s'agissait-là de quelque chose de dangereux.

Ah ce que Théodemar adorait semé la peur derrière lui. Il avait mis le petit homme dans sa cave, comme ça personne ne saurait qu'il était là, car oui, sa cave était sous sa demeure, elle faisait parti des galeries des Égouts et servait à entreposer des marchandises plus Illégale que légale.

Quand il vit la mine terrifié du jeune homme, il éprouvait de la pitié pour ce garçon quand il ce mit à paniquer et eu du mal à respirer, il se mit à rire intérieurement. Il connaissait un peu ce petit bonhomme. Un rescapé du massacre des De Sarosses devant la porte parait-il. Petit, agile, habile lanceur de bolas d'après ses espions .. et en plus de cela il est demandé parmi la Noblesse pour animé des petites fêtes. Le parfait homme !

"Arrête de pleuré, pleutre ! Il lui asséna une gifle en plein visage de son gantelet clouté. Il le regardait ce débattre comme une truite qu'on venait de pêcher et qui voulait retourné dans son habitat. Quand il remarqua qu'il ce débattait, Théodemar vit rouge. Il lui envoya 2 gifles supplémentaire dans le visage, il ne supportait pas une telle couardise.

Vas-tu arrêté de pleurer ?! Je ne vais pas te tuer !

Finalement au bout d'un petit moment, le petit homme accepta sa proposition. Il ce mit à sourire et dit claqua des mains. Un homme sortit de l'ombre et détacha le petit homme.

"Approche mon ami. Je suis content que tu ais pris la bonne décision. "

Ils s'approchèrent d'une petite table en bois éclairé d'une lanterne à huile où était eparpillé quelque parchemins et des cartes de Marbrume.

"Alors mon petit Grim, si je puis me permettre de t'appeler par ton prénom. J'ai besoin d'hommes habile et qui n'attire pas trop l'attention des autorités. Parfait pour toi, un honnête artiste de rue. Déjà mes espions m'ont fait part que tu était un homme en contact direct dans les petites sauteries des Nobles mais aussi que tu fais des représentations dans la rue. Je te propose une bourse de 3 Pièces d'or par semaine pour être mon informateur. Je veux tout savoir ! Du plus petit au plus croustillant des secrets, Nobles ou non. Pour toute informations importante ... je te propose une bourse de 6 écus. Il lui montra un plan de Marbrume, et plus particulièrement des Bas-Quartiers. Le goulot est infesté des pires raclures, les quelque espions que j'y avais sont mort. On m'a dit que tu y faisait des représentations, donc tu sera parfait pour ce travail. Mais ... si tu pouvais faire des représentations dans le Quartier de la Milice, histoire d'avoir des petites informations concernant la sécurité de la Ville ..etc. cela ne nous fera point de mal. On nous cache beaucoup de chose. Puis il montra un plan de l'Esplanade. Regarde cette endroit. Bourré de Sang-Bleus n'attendant que mes espions pour nous faire part de leurs secrets. Je te demande de les espionné, également. D'accord ? Tu sera nourris, loger et payer. Pour le logement, tu n'en à pas besoin il me semble étant donné que tu vis dans une taverne appartenant à ton père, non ? Bien ! Alors ta réponse ? "

Une gifle, deux gifles, trois gifles. Grim anticipait en fermant fort les paupières, persuadé de recevoir à chaque fois le coup de grâce. Et étrangement, ce n'était pas parce que son bourreau lui assurait qu'il n'allait pas le tuer qu'il se sentait mieux. Les larmes coulaient toutes seules sur ses joues rougies par la peur, et ses mèches bouclées venaient se coller à son visage.
Même lorsqu'un homme, qu'il n'avait pas vu, s'approcha pour le détacher, le jongleur garda la tête baissée. Il ramena seulement ses mains sur ses genoux et se massa les poignets.

- Approche, mon ami. Je suis content que tu ais pris la bonne décision.

Lentement, il se mit sur ses jambes flageolantes, rejoignant à reculons Théodemar et redoutant le pire. Il avait l'impression d'être encore enchaîné, mais cette fois, à cet homme. Et il n'avait rien pour rompre ces liens fortifiés.
Dos voûté, Grim écouta les instructions de son chef-forcé, en se mordillant l'intérieur des joues. Ses joues étaient encore trempées de larme, mais il avait cessé de pleuré. À présent, bras refermés sur son buste, il observait, le visage neutre, pressé qu'on le relâche. Effrayé à l'idée qu'on puisse le garder enfermé ici.

Ainsi, on l'avait espionné ? Lui qui était quelque peu paranoïaque de base, savoir que des gens aient pu le suivre et l'observer à son insu le mettait hors de lui … C'était … horrible. Comme sensation. On violait son intimité, après tout !
Théodemar lui proposa des pièces d'or en échange de ses informations. De n'importes quelles informations. Était-ce une bonne idée ? Cela pouvait être de l'argent facile. Mais Grim se disait que s'il n'apportait pas les bonnes informations au bon moment, cela pouvait lui retomber dessus.
Il fit mine de s'intéresser à la carte qu'on lui mettait son le nez, retenant son souffle. Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsqu'il annonça que ses plus grands espions avaient été tué là où il voulait qu'il se rende. C'était terrible, terrible ! Lui n'était même pas espion ! Comment pourrait-il survivre plus de deux jours sans aucune formation, sans savoir rien faire ?

Il s'essuya les yeux et renifla légèrement.

- Ce n'est pas la taverne à mon père, corrigea-t-il du bout des lèvres.

Et son père ! S'il échouait à sa mission, est-ce qu'on allait s'en prendre à lui ? Oh lala … Trop de choses le tourmentaient … Il voulait refuser. Il aurait aimé refuser, là sur le champs, et mettre ces hommes au tapis. Il maudissait sa petite condition.

- Je n'ai pas vraiment le choix.

Il hocha la tête et pinça ses lèvres avant de prendre une grande inspiration.

- Vous souhaitez quelles genres d'informations ? Politiques, sociales ? Je suppose que vous faites cela pour grimper l'échelle hiérarchique. Non ? Je préfère vous apportez ce que vous désirez plutôt que des infos futiles.

Au moins, il sera plus facilement débarrassé de ce travail.

- Et comment ferai-je pour vous les apporter ?

Plus vite il aurait posé toutes les questions, plus vite il pourra partir et faire ce qu'il désire.

Théodemar aimait l'effet que cela faisait aux gens qu'ils étaient espionnés par ses hommes. Il aimait la peur, la paranoïa qu'il voyait dans leur yeux. Même si Ecuviel lui proposait des pièces d'or, il savait que cela n'allait pas le corrompre et le faire taire. Malgré tout ce n'était qu'un poltron, un couard. Ayant peur de la moindre pression. Il avait prévu le coup, évidemment. Son père était sous surveillance de ses espions et avec un seul mot, il pouvait l'éliminer, le petit Torren devait s'en douté mais il n'en dit mot.

- Ce n'est pas la taverne à mon père,

Il se mit à sourire et dit sur un ton menacant:

"Qu'importe ! Je sais où tu habite, c'est cela l'important." puis sur un ton plus doux "Ahah ! C'est vrai, tu n'as pas vraiment le choix, si tu ne veux pas finir devant les Murailles "

- Vous souhaitez quelles genres d'informations ? Politiques, sociales ? Je suppose que vous faites cela pour grimper l'échelle hiérarchique. Non ? Je préfère vous apportez ce que vous désirez plutôt que des infos futiles.

Théodemar ce mit alors à rire, un rire franc. Ce que Grim avait dit semblait l'amuser au plus haut point

"HAHAHA !! Mon pauvre petit hobbit naif ! Crois-tu vraiment que je voudrais monté dans la vie politique ?! Je suis Marchand ! Pas Politicien ! Hahaha ! Ces informations pourraient me servir de ... moyens de pression envers des hommes puissants vois-tu ? Avoir un coup d'avance sur mes ennemis, tu comprend ? Bien sûr que non, comment un Saltimbanque comprendrait ces choses de la vie. Je veux toute les informations que tu aura ! Toutes !"

Puis quand Torren lui demanda comment il apportera les dit-informations, il lui dit alors tout en s'approchant doucement mais sûrement vers lui

"Votre lieu de résidence, mon jeune ami. Vous aurez un de mes informateurs à la Taverne où vous vivez. Si vous avez quelque chose à faire transmettre, il vous contactera. Tu le reconnaîtra grâce à l’écu de couleur rouge sur ses habits. Maintenant, Igor va te raccompagné"

Un homme imposant sorti de l'ombre et prit violemment le bras droit de l'homme pour l'emmener vers la sortie de la cave et avant qu'il ne parte, Théodemar dit sur un ton menaçant mais doux:

"Ah Messire Torren. J'espère que je peux vous faire confiance. Si j'ai vent d'une quelconque traîtrise ... je peux vous assuré que vous et votre père, sera .. des Fangeux. Maintenant hors de ma vue. "

Dieu comme il aurait aimé pouvoir le frapper, là, sur le champs ! Grim n'était pas quelqu'un de violent, bien au contraire. Mais, à cet instant, il aurait pu – s'il avait eu la force -, se montrer agressif. Mortellement agressif. À la place, il se contenta de lui jeter ce regard noir qu'il réservait à ceux qu'il n'aimait pas. Bien que, venant de Grim, ce petit regard noir n'avait rien d'effrayant : on avait l'impression voir un enfant faire une moue boudeuse.

Théodemar éclata d'un rire particulièrement cynique lorsque le jongleur lui posa ses questions. Ce dernier fronça les sourcils, n'appréciant guère qu'on se moque ainsi de lui. Il tiqua au mot 'hobbit', qu'il n'avait jamais entendu, mais se douta qu'il ne devait pas s'agir d'un compliment. D'ailleurs, toute sa phrase l'écrasait, lui, petit saltimbanque de son état, et le réduisait à l'état de fourmis, inutile et invisible.
Grim hocha lentement la tête en réponse à ses indications. Il y aura ses hommes sous son lieu de résidence. Dans la taverne, l'Oisif. Histoire de plonger plus encore le petit homme dans l'embarra, le voilà qu'il englobait aussi ceux qui y travaillaient. Car si jamais les choses venaient à mal tourner, il y a de fortes chances pour que tous ceux connaissant de près ou de loin les Torren y passeraient.

Le dénommé Igor l'attrapa vivement, lui arrachant, au passage, une grimace de douleur. Était-il obligé d'user de tant de violence ?! Grim se laissa entraîner, sans un regard derrière lui. Partir. Enfin, il allait quitter ce repère d'allumés. Il allait retrouver l'effervescence de la ville, où tout continuerait à se passer comme si de rien n'était. Grim, lui n'allait jamais pouvoir ignorer ce qu'il avait vécu.

- Ah, messire Torren.

Il ferma fortement les paupières.

- J'espère que je peux vous faire confiance. Si j'ai vent d'une quelconque traîtrise … je peux vous assurer que vous et votre père, seront … des Fangeux. Maintenant, hors de ma vue.

La porte claqua derrière lui. Igor l'avait poussé tellement fort à l'extérieur que Grim bouscula une femme. Elle râla, et lui se confondit en excuse, troublé, dépeuplé, tourmenté. Elle n'insista pas quand elle remarqua son visage tordu d'inquiétude, et voulut même se renseigner sur son état. Mais il était déjà loin, parti en courant, l'estomac retourné et la gorge nouée, avec l'envie irrépressible de se cacher dans un coin et d'attendre que le temps passe en espérant qu'en sortant de sa cachette, tout serait comme avant.