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 Les belles plumes font les beaux oiseaux [Mathilde]

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Angusel de CambaireChevalier
Angusel de Cambaire



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MessageSujet: Les belles plumes font les beaux oiseaux [Mathilde]   Les belles plumes font les beaux oiseaux [Mathilde] EmptyMer 23 Sep 2020 - 17:31

Il enroula ses bras autour du tronc, puis ses jambes et il se hissa en s'écorchant aux écorces du résineux. Ses mains protégées dans une épaisse paire de gants en cuir, il débuta l'ascension du sapin. Une première branche, d'abord. Puis une autre, enfin ! Jusqu'à se hisser vers le sommet. Il arriva au nid !
Accrochée derrière son dos, la petite cage en osier tressés lui battait les reins. L'arbre n'avait pas été choisis au hasard. Il l'avait repéré plusieurs jours avant, au cours d'une de ces promenades à cheval qu'il affectait tant le long des coteaux du plateau. C'est là que Peyre, son valet, avait aperçu le nid. Etait-il vide ? Était-il occupé ? Dans le doute, ils étaient resté plusieurs heures à l'observer, prenant garde à ce que d'éventuels promeneurs ne remarquent pas leur présence (Car c'était une trouvaille qui pouvait s'avérer fructueuse pour le chevalier. A condition que l'on sache s'y prendre), jusqu'à ce que les parents ne reviennent dans de grands bruissements d'ailes.
Un sourire ravi, le regard plein de convoitise, l'homme observait la découverte. Devant lui se dressaient cinq à six oeufs blanchâtres cassés dans un vieux nid de pies ou de corneilles, et au moins quatre becs (redoutables !), qui s'ouvraient et se refermaient dans sa direction, l'air bien menaçants.

« Holà ! Tous beaux mes amis... tous beaux ! Voilà. »

Et comme il tendait une main gantée dans leur direction, un bruit le surprit. Sa main ripa, son pied glissa, arrachant des écorces à l'arbre et l'un des objets de sa convoitise s'élança dans le vide, essayant de voler : heurtant une branche, puis une autre, boulant et chutant en un tonnerre de cris aiguës.

« Par les poils de toutes les garces ! Qu'est-cela, Peyrot ? As-tu entendu ? »

Tendant l'oreille malgré les pépiements des oisillons restants, le coeur plein d'angoisse, il distingua au pied de l'arbre une voix lointaine et fluette - celle de son valet - qui lui répondit. 

« Je ne sais monseigneur, mais quoi que ce soit : il l'a bellement abrochié ! »

Lâchant un nouveau juron, le regard de l'homme se figea. Et ses yeux d'aigle se firent plus acérés. Si des fangeux venaient à les surprendre, sa brette était restée accrochée à la selle de sa monture. Le temps de descendre rejoindre son valet d'arme, il ne serait pas d'une grande aide. Mieux valait dans ce cas rester dans l'arbre et tenter de s'y dissimuler... Partir maintenant, c'était prendre le risque de perdre cette manne d'argent en devenir. Parce qu'un autre passerait entre temps à leur place. Et ça, Angusel s'y refusait tout de gob !

« Ouvre l'oeil et s'il y a du danger : file sans tarder quérir de l'aide ! »

Remontant rapidement vers la cime du pin, il se saisit le plus délicatement possible des trois dernières boules de plume, sentant dans sa poigne les corps frémissant de colère des oisillons apeurées. L'exercice était long et délicat - les bêtes étaient fragiles et chétives - et il dû s'y prendre à plusieurs reprises. Heureusement pour lui, les griffes recourbées des créatures étaient encore inoffensives.
A peine les avait-il récupéré, qu'il entama la descente de l'arbre, pressé de ne pas se retrouver face aux parents si d'aventures ceux-ci revenaient inopinément au nid.

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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Les belles plumes font les beaux oiseaux [Mathilde]   Les belles plumes font les beaux oiseaux [Mathilde] EmptySam 3 Oct 2020 - 20:45
L'angoisse. Ce désagréable sentiment qui étreint la gorge, écrase la poitrine, bande les muscules et décuple l'ouïe. Cette sensation que n'importe quel être vivant ressent désormais à chaque fois qu'il est contraint de sortir de chez lui pour s'enfoncer dans la forêt. Ce trouble qui s'empare sournoisement du corps et de l'esprit pour devenir une obsession, au point parfois de paralyser l'être qui le ressent devant l'idée du danger qui pourrait se présenter à lui. L'angoisse ne s'empare pas de la jument aventureuse qui marche dans la forêt, broutant ça et là quelques touffes d'herbes grasses et de fougères folles.

Plus tôt dans la journée, la belle Marguerite, jument de trait à la robe luisante et au crin bien entretenu avait profité d'une longe mal attachée par un Arthur insouciant, quelque part à Usson. Le jeune garçon l'avait suivie du regard alors qu'elle partait au galop vers la forêt, et s'était empressé de retourner ventre à terre à la ferme. C'est que l'animal était indispensable à la vie des champs en plus d'être la plus vieille amie encore en vie de la propriétaire, la veuve Dumas. Elles ne comptaient plus les lieues parcourues dans le Labret, à la faveur des beaux jours, ni les courses folles sur les chemins de terre pour échapper à un bandit plus téméraire. Ensemble, la jument et la fermière avaient connu la fuite vers Usson, lors de l'invasion, et le retour tant espéré à la ferme, relativement épargnée en leur absence. Souvent, lorsque la dame et sa monture faisaient leur apparition dans la petite ville, on murmurait sur leur passage que c'était grâce à son animal que la maraîchère avait surmonté la solitude de l'hiver et que les deux vieilles amies avaient un caractère sensiblement identique. Pas étonnant, dès lors, que Marguerite décide de profiter d'une liberté tant appréciée plutôt que d'être contrainte d'attendre le jeune Arthur, attachée à un piquet non loin de la place d'Usson.

Le drame de la fuite du canasson rapporté, il n'avait pas fallu plus de deux minutes à Mathilde pour prendre la décision de partir à la recherche de son amie. Persuadée que quelques sifflements suffiraient à la faire revenir, avec une pomme en guise d'appât ultime, elle s'était élancée au pas de course en direction d'Usson avant de bifurquer vers l'orée de la forêt, là où Marguerite avec disparu. Ce n'est que là, face aux arbres dont les troncs n'étaient pas sans rappeler les colonnes du Temple de Marbrume que la fermière avait hésité. Le danger était considérable. Seule et à pieds, elle était à la merci de tout ce qui peuplait le bois : bêtes sauvage, fangeux, bandits. Les bannis, quant à eux, avaient quelque chose de rassurant, assez que pour qu'elle en vienne à espérer en croiser un qui l'aiderait dans sa recherche.

Du courage, ma fille s'était-elle murmuré à elle-même avant de s'enfoncer, la peur au ventre, sur le chemin de terre battue, sur lequel la forêt reprenait lentement ses droits alors que les hommes le foulaient de moins en moins. Après tout, elle n'avait pas choix : Marguerite était son gagne-pain, celle qui lui permettait de labourer les champs et d'échanger ce service contre des biens indispensables. Elle était également ce qui lui permettait de faire des livraisons dans les villages voisins, et d'échapper aux bandits de grands chemin... et surtout Marguerite était pleine, et l'été prochain, elle donnerait naissance à un poulain qui prendrait sa relève dans quelques années.

***

Un craquement. Sec. Bruyant. Dont le son sembla résonner longtemps dans la forêt bien trop calme. Quelques oiseaux s'envolèrent dans le ciel parfaitement dégagé. Un écureuil sorti de son trou pour guetter l'intruse et lui crier, avec une évidente colère, tout le désagrément qu'elle venait de provoquer. Le vent souffla à travers les feuilles qui s'entrechoquèrent dans une musique joyeuse. Mathilde, elle, resta parfaitement immobile. Tétanisée.

Les yeux allant nerveusement de droite à gauche et de gauche à droite, elle guetta le moindre son, la moindre ombre suspecte, se maudissant silencieusement d'avoir posé le pied sur une branche sèche. Le poing solidement fermé sur son arc, elle savait que ses jointures allaient blanchir tant elle serrait... avec raison. Un bruit lui était parvenu en réponse à son imprudence. Celui de quelque chose qui glisse le long d'un tronc. Un bandit qui descend de son perchoir, sans doute. Fassent les Trois que ça ne soit pas un fangeux. Les pépiements stridents qui suivirent ne la rassurèrent pas, bien au contraire. Mais au bout de quelques secondes, la fermière n'eut pas d'autre choix que de recommencer à respirer, malgré la boule d'angoisse qui lui nouait les tripes.

La réaction la plus logique était de faire demi-tour et de prendre ses jambes à son cou pour fuir le danger. Après tout, il était de notoriété publique qu'un fangeux ne mourait pas dès la première flèche, et la fermière était très lucide quant à sa capacité à se défendre face à un attaquant. Le problème, c'est que l'instinct de Mathilde avait tendance à défier la logique, aussi se dirigea-t-elle vers la source du bruit avec l'espoir fou qu'il s'agisse de Marguerite. Elle ne perçut pas les voix, trop basses, masquées par les tambourinements de son propre coeur contre ses tempes. Les entendre lui aurait sans doute permis d'au moins se rassurer quant à son ennemi potentiel.

A pas désespérément lents et mesurés, prenant soin de ne pas poser le pied sur une autre branche, la fermière avança. Dans son esprit, les choses étaient claires : quel que soit l'ennemi, elle ne perdrait pas son temps à tenter de l'embrocher. Elle grimperait dans un arbre - elle était bonne grimpeuse, depuis l'enfance, malgré des jupons trop encombrants à son goût - et viserait depuis les hauteurs. Et si par bonheur il s'agissait d'un être honnête, elle pourrait peut-être lui demander de l'aide. Mathilde émit un sifflement et écouta en se mordillant nerveusement la lèvre. Si Marguerite l'avait entendu, elle serait venue à elle en hennissant joyeusement... ce ne fut pas le cas. Sondant la forêt du regard, une ombre descendant le long d'un pin attira son attention.

- Qui va là? lança-t-elle, défiant tout bon sens. Si un fangeux était dans le coin, il était évident qu'elle venait de l'inviter à se mettre en chasse, bien à l'abri du soleil dans la futaie. Mathilde s'en rendit compte immédiatement et serra les lèvres, comme une enfant qui se rend compte qu'elle a parlé trop vite. L'ombre l'avait certainement entendue. Marguerite, pourquoi tu me fais ça? Une fois encore, au lieu de fuir, Mathilde avança entre les arbres avec prudence. L'ombre n'était peut-être pas seule. Dans son esprit, les noms de Rowan et Jocelyn résonnèrent un instant comme des sauf-conduits si d'aventure l'ombre appartenait aux marqués. A mesure qu'elle avance, l'ombre prend une forme humaine. Un humain qui porte un étrange panier à la taille.
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Angusel de CambaireChevalier
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MessageSujet: Re: Les belles plumes font les beaux oiseaux [Mathilde]   Les belles plumes font les beaux oiseaux [Mathilde] EmptyMer 7 Oct 2020 - 12:33

Le craquement attira l'attention d'Angusel vers les épaisses broussailles alors qu'il avait dégainé sa dague. Et sa tension monta subitement d'un cran tandis qu'il scrutait les sous-bois. Le soleil de plomb grillait les arbres de la forêt, dont les feuilles commençaient à changer de couleur. Sur le plateau comme à Marbrume, l'été touchait à sa fin avec l'arrivée du mois d'octobre. Difficile pourtant de discerner quoi que ce soit sous cette épaisse frondaison, et dans ces taillis sombres et épais ! Un picotement d'excitation et de crainte mêlées parcouru le chevalier, le coeur battant à l'idée de rencontrer un banni ou un détrousseur. Il examina les alentours, essayant de trouver quelque objet qui pourrait lui servir d'arme. Mais il n'y avait que des branches mortes et des ronces, des expédients bien inutiles contre une vraie lame.

- Tiens-toi sur tes gardes, glissa-t-il à Peyre en lui montrant les fourrés. Le valet avait saisi son épieu, mais il tremblait à l'idée d'une rencontre avec quelques fangeux ou des bandits.

- Messire, nous devrions fuir avant qu'il ne soit trop tard, souffla d'une voix étouffée le valet.

On entendait bruisser de nouveau des branchages, puis un sifflement et Angusel ne fit pas plus attention à la couardise de son serviteur. Il était désormais persuadé qu'il s'agissait bien d'un humain et non de l'une de ces immondes créatures.
Écartant les fourrés, il s'approcha des buissons et enfin, il repéra une ombre entre les branches et s’orienta dans sa direction. L'ombre s'approchait. Il retint son souffle. C'était une femme. Ses yeux croisèrent finalement ceux de Mathilde et il se figea. Sans faire de mouvements brusques, il la désigna de sa dague.

- Et qui le demande, sotte caillette ? grommela le damoiseau, encore tout en colère d'avoir peut-être perdu l'un des oiseaux tant convoités. Sur ses gardes, il dévisagea la grande femme brune. Dans son dos, il sentait la cage remuer sous les mouvements des oisillons apeurés. Sais-tu seulement, combien d'écus je viens sans doute de perdre, par ta faute ? Ça ! Si nous étions sur mes terres, je te donnerai du fouet sur la croupe, pour t'apprendre à être plus discrète !

Le chevalier lança un regard de côté vers son valet et constata que Peyre était toujours aux aguets vers les buissons derrière la fermière. C'était peut-être un piège, pensait-il. Ou bien d'autres visiteurs inopportuns pouvaient se présenter. Fantaisie, rendez-vous galant, chasse ? Quel motif avait bien pu pousser cette femme à s'aventurer seule en pleine forêt, à l'écart des habitations ?

- Mais, je te connais..., s'exclama Angusel après quelques instants, un brin déconcerté. Abandonnant aussitôt le tutoiement, le chevalier passa au vouvoiement lorsqu'il s'aperçut, un peu incrédule, de l'identité de la donzelle. Vous êtes la veuve Dumas. Êtes-vous folle pardi ! Quelle fantaisie vous a fait vous aventurer ici ? Et seule et en pleine forêt ?

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