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 Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor

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Jacob de RivefièreComte
Jacob de Rivefière



Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor Empty
MessageSujet: Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor   Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor EmptyJeu 15 Oct 2020 - 0:24
10 octobre 1166




« Je veux du superflu, de l'inutile, de l'extravagant, du trop, de ce qui ne sert à rien !* »

La maîtresse de maison avait été des plus infernale. Ses exigences, criées comme des ordres et résumées en cette seule phrase, tenaient du plus évident absurde. Cependant et comme l’affirmait un adage malheureusement trop juste, « le client était roi ». En l’occurrence, ce client-là était Baronne. L’une de ces grandes dames de la cour, native du Duché et encore riche d’excentriques idées. Elle avait commandé poulardes et gibiers, pâtisseries et entremets dépensant une indécente fortune et exigeant que les plats soient servis par des domestiques triés sur le volet. Ces derniers, choisis selon leur physique, ne pouvaient être que beaux, jeunes, bien faits et fiables. Elle avait insisté sur ce dernier critère comme étant essentiel. Ses invités comptaient parmi les plus riches et les plus influents au sein de la belle société. Il n’était pas question, ni de les indisposer, ni de les décevoir. D’autant plus qu’ils avaient presque tous répondu présents à l’annonce d’une fête promise comme la plus exubérante possible.

Il y avait donc là le très gras et ventripotent Vicomte de Serret. Un homme de petite taille qui usait de marchepieds pour se hisser à table et qui aimait à porter des talonnettes. La rumeur lui prêtait quelques entrées privilégiées dans le cabinet du Bailli, Henri d’Orsay. À quelques pas de lui, se tenait la châtelaine Marguerite de Pessac-Varon. Une femme dans la fleur de l’âge, qui portait le veuvage avec un indéniable raffinement. Son visage en forme de cœur et sa bouche à l’allure de cerise lui valaient une cour d’admirateurs qui, même ici, se pressaient à ses mollets. Le Comte de Rougelac avait bien évidemment été convié lui aussi. Toujours à la pointe de la mode et impeccablement apprêté, il figurait ici et à lui seul ce que les plus hautes sphères comptaient de gratin.

L’hôtesse ne s’y était d’ailleurs pas trompée. Accrochée au bras du mondain comme s’il tenait du plus prestigieux trophée, elle lui contait ses propres mérites avec une suffisance dont seule la classe nobiliaire avait le secret. Le sien, elle le glissait suavement à l’oreille de son invité de marque, se trouvait dissimulé sous les pans de sa très riche toilette : un grain de beauté en forme de losange sur l’intérieur de sa cuisse droite. Lourd de sens, le regard qui avait accompagné cette révélation ne devait pas laisser son invité de marbre. Cependant et alors qu’elle se hissait une nouvelle fois à son oreille pour lui murmurer quelques confidences, une exclamation toute collective vint à suspendre son geste. Toutes les chandelles allumées pour illuminer la fête venaient d’être soufflées. Convives et hôtesse se trouvaient dans la pénombre. Un murmure inquiet voulait s‘élever, mais le premier accord d’une musique entraînante vint à l’étouffer. C’était LE moment qui devait rendre cette fête inoubliable !

Les grandes portes donnant sur le salon d’honneur s’ouvrirent dans une volée flamboyante qu’un cracheur de feu souffla au-dessus de la trop haute coiffure d’Astrid de Fasoul. La noble en lâcha un cri de surprise, contribuant ainsi à rendre l’apparition plus mémorable. Deux jongleurs se déployèrent presque aussitôt de part et d’autre de la salle, pour ouvrir passage aux serviteurs chargés des hauts chandeliers qui devaient ramener de la lumière dans le salon. Derrière eux, les domestiques tant attendus par l’hôtesse firent leur entrée. Elle en lâcha le bras de son prestigieux invité et se mit à battre des mains. Grandiose, splendide, c’était tout ce qu’elle avait espéré entendre et ses invités, pour la plupart subjugués, ne tarissaient pas d’éloges alors que belles demoiselles et beaux damoiseaux se déployaient dans la salle.

Sous les accords d’une musique déliée et entraînante, ils se glissaient et se faufilaient entre les convives pour leur présenter les plateaux garnis de mets alléchants. Leurs tenues, toutes faites de fine dentelle, habillaient leurs corps parfaits avec une audacieuse élégance. Un raffinement qui ne devait pas même frôler le scandaleux, mais qui ne manquait pas d’attirer l’œil. Cachant ce qui devait l’être et exhibant le reste sous les regards d’experts devenus curieux quand le ballet et la musique s’interrompirent pour laisser loisir à l’hôtesse de s’exprimer.

« Je vous avais promis le mémorable et j’espère qu’il vous est apparu. Alors buvez, mangez et admirez les pièces uniques que je vous propose d’acquérir ce soir. C’est une exclusivité âprement négociée et je me trouve en très grande joie de pouvoir vous la réserver. »

L’offre était lancée et les enchères annoncées. Un bon présage, il fallait l’espérer, pour celui qui avait préféré rester à l’écart de ce spectacle qu’il avait pressenti comme tapageur. Pour autant, il devait bien l’admettre, la Baronne avait tenu chacune de ses promesses. Les produits de l’ancienne dentellerie d’Algrange devenue Rivefière se trouvaient indubitablement mis en valeur et les clients potentiels, que sa liste d’invités avait soigneusement ciblés, étaient prêts à la dépense.

Passant une main dans ses cheveux d’un blond presque opalin, il arqua un sourcil en entendant les premières offres affluer. Une pièce ne tarda pas à être vendue, tandis que la propriété d’une autre se voyait disputée entre le Vicomte de Serret et la Baronne de Fasoul. Un soupir de soulagement fila entre ses lèvres. Avoir ses entrées dans un boudoir pouvait finalement s’avérer utile. Dire qu’il s’en était fait une montagne.

Tendant la main pour cueillir un verre de vin au passage d’un serviteur, il se glissa dans la masse des convives. Il y avait effectivement du beau monde et s’il n’était pas jusqu’alors un oiseau de cour, il pouvait au moins reconnaître quelques visages parmi les plus connus. Son pas le porta d’ailleurs vers l’un d’entre eux. L’occasion d’une discussion avec l’ancien créancier de sa famille se présentait enfin.

« Quelque peu clinquant, vous ne trouvez pas ? Laissons-lui cela que notre hôtesse sait nous tenir en haleine... Elle vous a parlé de son grain de beauté ? » Il laissa son regard glisser vers le mondain, alors qu’un sourire venait orner le coin de ses lèvres. « Remarquable… Vraiment. »


*:


Dernière édition par Jacob de Rivefière le Lun 25 Jan 2021 - 15:33, édité 1 fois
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor   Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor EmptyVen 16 Oct 2020 - 10:23
les femmes d'âge mûre avait cette particularité, pardon, cette "qualité" de savoir ce qu'elle voulait et ce dans bien des domaines de la vie. La Baronne en était l'incarnation vivante et de surcroît, son veuvage la décomplexait plus que de raison. Le Comte de Rougelac éprouvait à son endroit une certaine fascination et rien n'aurait pu l'empêcher de refuser l'invitation à une de ces réception dont la réputation n'était plus à faire. L'hôtesse du soir ne lésinait sur aucune dépense, mettant les moyens, même pharaonique, pour contenter ces convives. Ainsi, aucun des nombreux sang-bleu présent ce soir là ne s'attendait à être déçu et la Baronne tenait ses promesses sans l'ombre d'un doute. Victor faisait, comme vous le savez, parti du plus fin "gratin" des invités et pour l'occasion, sa toilette avait été préparée et réfléchie avec le plus grand soin, allant jusqu'à peaufiner certain détails qui d'ordinaire auraient été anecdotique. L'homme s'était drapé d'une tunique cintrée obsidienne à brocard argenté, surplombée d'un fin pourpoint ouvert, pour l'occasion. A peine ces pas foulèrent le parquet de la salle de réception qu'il se vue convoité par autant d'hommes que de femmes, car s'afficher avec cet individu titré comme peu pouvait s'en targué était une opportunité à ne pas raté.

Evidemment, dans ce faste endroit qui transpirait luxe, richesse et extravagance, le Gouverneur de Sombrebois avait aussi une carte à jouer et sa représentation, sa prestance devait être parfaite. De surcroit, s'il devait attirer l'intérêt et le regard des autres invités, il devait prioritairement s'attacher à contenter la maîtresse de maison qu'on savait exigeante et excentrique. Ce fut d'ailleurs presque naturellement que leur chemin se croisèrent et plus naturellement encore que le mondain dû se plier à l'étiquette en acceptant d'offrir son avant bras à la donzelle. Si la pénombre rendait ce début de festivité bien atypique, l'objet que se sentait incarné Victor au bras de la maitresse des lieux, était une expérience que le mondain trouvait fort plaisante. Suave, la Dame alla même jusqu'à souffler à l'oreille du Comte, l'existence d'une petite marque sur son grain de peau pâle à un endroit dont la pudeur aurait interdit toute vierge à une telle révélation. Un sous entendu, accompagné d'un regard qui en effet ne laissa pas de marbre le noble intriguant qui en retour lui donna de quoi nourrir un tableau des plus salace.

- Il serait assurément une faute de goût de ne pas y jeter un œil avant l'aube... très chère... Je suis un grand amateur d'art, vous le savez...

L'allusion était sans équivoque, mais pas le temps pour le duo de jouer aux provoquantes joutes d'expression que semblait prête à assumer la Baronne qui venait une nouvelle fois de se hisser à hauteur d'oreilles pour quelques autres confidences. Non, car voilà les réjouissances venaient soudainement de se mettre en place : musique, lumière, cracheur de feu et défilé de mode. Un cocktail d'étonnant qui contribua à ce que le duo ne se sépare pour un temps. La maîtresse de maison devait alors jouer son rôle et personne ne savait mieux se prêter à l'exercice qu'elle. Brillant de s'exécuter à de telles obligations qui lui permettait de maintenir une solide réputation sur l'Esplanade, la veuve pouvait sans aucun doute imaginer que son prestigieux invité ne la quittait pas une seule seconde du regard et ce fut le cas jusqu'à temps que les premières enchères débutèrent.

Si Victor ne s'était encore lancé dans l'exercice c'est qu'il savait pertinemment que les meilleurs pièces allaient être dévoiler en clôture de défilé, mais pour autant, il ne bouda pas son plaisir d'admirer les dentelles réaliser par les plus hauts couturiers de marbrume, se prêtant par moment à quelques supervision "tactile" des toilettes proposées à la vente. Dans cette assemblée d'oiseaux de cour, Rougelac était plus que jamais à son aise et lorsque Jacob de Rivefière se porta à sa rencontre, le mondain n'en fut ni offusqué ni surpris, allant même jusqu'à apprécier la présence de ce jeune homme autrefois porteur d'une dette familiale au même titre que ces frères et sœurs. Inclinant la tête vers son interlocuteur, il laissa la gorgée de liquide Carmen exposer en bouche avant de déglutir et donner la réplique au tout nouvel héritier de la maison Rivefière qui pleurait la perte de Roland.

- Clinquant dites-vous ? Rien n'est trop éclatant à mon goût, vous devriez le savoir mon cher.

Il lui adressa alors un regard entendu au sujet de la suite de ses propos avant d'esquisser un léger sourire à la commissure de ces lèvres.

- En effet, voilà quelque chose d'assez remarquable qui pousserait, qui sait, ma curiosité, vers quelques vérifications d'usage. Y avez-vous d'ailleurs succombé ? Les femmes mûre ne sont plus un secret pour vous...

Faisant délicieusement référence à une certaine Catherine Monsauret.

- Quand à nous tenir en haleine, je dirais même que le mot est faible tant ces réceptions sont éblouissantes à qui sait apprécier le bon goût et l'opulence.

Il détailla alors la toilette que portait Jacob de la tête au pied avant de reprendre une gorgée de vin, rajoutant ensuite.

- Vous voilà bien à votre avantage. Méfiez-vous de toutes ces petites tourterelles ce soir, ou vous risqueriez que certaines enfoncent leurs ongles dans votre peau. La jeunesse est si oisive alors que des dames comme notre hotesses savent ce qu'elles font et ce qu'elles veulent.

Fini-t-il en adressant un clin d'oeil entendu à son interlocuteur.
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Jacob de RivefièreComte
Jacob de Rivefière



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MessageSujet: Re: Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor   Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor EmptyLun 25 Jan 2021 - 17:25
Tout en laissant son sourire s'épanouir sur ses lèvres pleines, le Rivefière porta un regard appuyé sur la silhouette du mondain. Il était indubitablement apprêté pour l'occasion et si sa tenue ne laissait rien au hasard, sa posture concourrait à le rendre tout particulièrement charismatique. L'homme était à la hauteur de sa réputation et sa verve, agrémentée d'un accent typiquement marbrumien, ajoutait à l'image du noble intriguant. À côté de lui, le nouveau Comte de Rivefière tenait surtout du fringant bellâtre. Néanmoins, l'oeil avisé d'un expert et diplomate ne pouvait manquer le potentiel caché sous sa caboche.

Jeune héritier inexpérimenté dans ce que le subterfuge apportait aux bonnes manières, il n'en possédait pas moins une prestance naturelle certainement héritée de sa mère. D'ailleurs, à bien y regarder, ses traits empruntaient leur finesse à ceux de la douairière Éloïse. Jacob, contrairement à son aîné Roland, lui ressemblait tout particulièrement et bien plus qu'à son père. De lui, Jacob n'avait gardé que la couleur de ses yeux clairs, une couleur d'un bleu limpide, presque hivernal. Un incontestable atout qui avait fait chavirer bien des coeurs - si l'on s'en tenait à la rumeur - et qui, conjugué au blond argenté de sa chevelure, dessinait le tableau du parfait héros romanesque. Un joli "garçon", en somme, affublé d'une mâchoire remarquablement taillée qui contribuerait un jour à classer dans la catégorie des hommes. Ce que faisait déjà la cicatrice sur sa joue gauche.

Non... Jacob de Rivefière n'avait très certainement pas usurpé sa réputation de "tombeur". Ses frasques, largement contées par la rumeur, pouvaient avoir été exagérées. Pour autant, l'essentiel demeurait acquis à son statut de "mauvais garçon" et l'affichait comme le mouton noir de la famille dont il avait aujourd'hui la charge. Une célébrité acquise dans le lit de ses conquêtes, mais également à l'aune de son tempérament volcanique. Jacob de Rivefière, en effet, était connu pour son esprit révolutionnaire et bravache. Un cocktail finalement détonnant qui justifiait aujourd'hui ce qu'avaient oser présager quelques-uns des intrigants de l'Esplanade : ce tout nouveau Comte s'affichait comme une étoile montante de la noblesse.

La Baronne et hôtesse ne s'y était d'ailleurs pas trompée. En s'associant à lui, elle avait offert un spectacle inédit à ses convives. Une réussite qu'elle partagerait sans nul doute avec le jeune noble. Ce dernier, en tant que non natif, ne disposait que d'un capital restreint. Quelques rares possessions acquises à son nom par le mariage entre feu Roland de Rivefière et Sydonnie d'Algrange, et les très rares biens que l'exode avait permis aux siens d'amener avec eux jusqu'à Marbrume. Presque rien donc, comme le savait l'ancien créancier des "Rive".

Cependant et c'était sûrement là tout le génie du nouveau Comte de Rivefière, rien n'était jamais immuable. Pour celui qui savait s'adapter et innover, Marbrume avait encore quelques richesses à offrir. Un visionnaire pouvait donc espérer tirer son épingle du jeu. La chance souriait aux audacieux, Jacob n'en doutait pas un seul instant. La sienne, il l'admettait avec lucidité, résidait dans ce que les dieux lui avaient accordé de faveurs. Un nom auréolé d’une ancienne gloire et encensé par le récit des combats livrés pour la défense de la cité, une santé robuste, un physique béni par la grâce d'Anür et un indéniable talent pour la brette.
N’en déplaisait donc à ses détracteurs, Jacob de Rivefière avait pris le parti de s’afficher sans rougir de ce que sa réputation narrait de ses travers. Un toupet qui finalement lui réussissait bien, si l'on en jugeait par les sommes annoncées à l'occasion de ces enchères organisées avec talent. Si les plus belles pièces restaient à venir, celles que se disputaient déjà quelques convives se vendaient à prix d'or.

« Rien n'est trop clinquant dites-vous, tout en portant l'obsidienne avec prestance. Est-ce là ce que les nobles marbrumiens dédient au comble ? Hmm... »

Tout en portant son verre à ses lèvres, il pencha la tête sur le côté.

« Ce que je sais de vous Monsieur, vaut bien ce que vous connaissez de moi. Nous sommes curieux, bien plus qu'avides de conquêtes. Je n'oserais donc pas nuire à votre plaisir et vous gâcher quelques surprises. Le grisant réside dans l'expectation... et je ne parle pas de médecine. »

Il s'offrit une gorgée de vin et laissa un fin sourire étirer ses lèvres.

« Néanmoins, apprenez que le vin est à l'image de la maitresse de maison. »

Un connaisseur - et c'était bien le cas de Rougelac - trouverait dans cette dernière phrase la réponse à sa précédente question.

« Et si je suis à mon avantage, c'est que je pars de loin. La milice n'accorde que peu d'intérêt à l'apparence. Cependant, je vous l'accorde. J'ai peut-être eu l'occasion de connaître l'acéré d'une griffe fangeuse sans y succomber, mais je n'aurais probablement pas la chance d'échapper aux ongles limés d'une toute jeune tourterelle. »

Il laissa filer un léger rire.

« Par tous les dieux Rougelac ! Comment avez-vous fait pour survivre à trois mariages ? Je n'arrive pas même à m'imaginer en contracter un seul ! »



Dernière édition par Jacob de Rivefière le Mar 2 Fév 2021 - 13:35, édité 1 fois
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor   Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor EmptyVen 29 Jan 2021 - 17:11
Que ce Jacob était fringuant ! Autant dans sa prestance que dans sa verbe. Ayant connu Roland, il voyait en ce jeune homme quelques traits de similitude avec son frère décédé. Les Rivefières volaient à présent de leur propres ailes et finalement se n'était pas pour déplaire à leur ancien créancier qui appréciait la compagnie de cette étoile montant de la noblesse. Ce qu'il appréciait par dessus tout c'était cette forme de spontanéité qu'offrait son interlocuteur à son endroit, ne jouant pas la prudence face à ce que le Comte représentait par sa notoriété complexe qu'il aimait à entretenir.

Ainsi, le culot du jeune noble ne fut pas couronné d'un échec, mieux, il reçu de la par du mondain un sourire entendu à la commissure de ces lèvres avant que la joute verbale redonne à Victor la possibilité de lancer son estoc en toute légèreté.

- Je vous l'accorde, cela semble bien contradictoire. Mais voyez-vous cet effort de sobriété n'est de circonstance que pour laisser briller notre hôtesse. Vous semblez bien habile à relever le moindre détails. Vous faites preuve de qualités, de discernement et de bons mots. L'adage d'un homme de pouvoir.

Il se joignit à lui, s'offrant une gorgée de vin non sans du regard, chercher l'hôtesse des lieux qui suscitait une forme certaine de convoitise.

- J'oserais m'avancer pour vous dire que nous possédons quelques similitudes. Une génération nous sépare, certes, mais je crois que Jacob de Rivefière fera rapidement parler de lui et probablement que ce nom s'installera durablement dans les esprits de la Haute et peut-être même bien au-delà. Là où justement, j'ai faillit de longue années durant, m'en rendant compte seulement depuis quelques mois.

Il évoquait le terreau de la société, ces petites gens qu'il cherchait depuis peu à en obtenir une certaine forme de sympathie. Évidemment, Rougelac trouva la réponse à cette expression que l'on donnait en œnologie et son parallèle avec la maitresse de maison.

- Je ne doute alors pas que j'y trouverais en bouche une explosions de saveur. Si vous me vantez ce cru, puis-je espérer en profiter incessamment sous peu et qui sait, peut-être le sommelier que vous êtes organisera cette prochaine dégustation.

Un appel du pied afin de savoir si Jacob avait le cran de dresserr, mettre en place cette sauterie que semble suggérer et désirer le Comte en compagnie de la Baronne. Le Comte ria ensuite de bon cœur à la réplique que lui avait lancé Jacob, ce dernier approuvant, plussoyant face à la dangerosité des ongles de ces dames de la Haute, noblettes ou bourgeoises, il n'y avait plus guère de différence ces derniers temps. Mais ce sont les derniers mots du jeune loup de la noblesse qui le fit s'esclaffer avant qu'il ne pose une paume de main sur l'épaule du sang-bleu.

- Par les Trois ! Fort heureusement non ! J'ai uniquement survécu à un mariage, mais aussi a deux fiançailles. Trois femmes d'exceptions je dois vous l'accorder. Il eut tout d'abord madame Calderan, une véritable diablesse dans le bon sens du terme. Puis mademoiselle de Barsey, la délicatesse incarnée puis enfin ma défunte épouse, madame de Rougesoleil, l'insaisissable. Leur survivre n'est pas le sujet. Prenez les choses d'un angle different. Je m'oppose volontiers à votre pensée en affirmant plutôt que je suis maudit en amour.

Servant un sourire entendu et espiègle, Rougelac rajouta pour toute forme de conclusion à ce débat.

- Je vous souhaite plus de chance que moi à cet égare. Vous en contracterez un et si ce n'est point de votre décision, cela le saura de votre famille. Mieux vaut que vous preniez les devant avant qu'il ne soit trop tard.
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Jacob de RivefièreComte
Jacob de Rivefière



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MessageSujet: Re: Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor   Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor EmptyMer 3 Fév 2021 - 12:55
« L'adage nous apprend surtout que le pouvoir est triste. Probablement parce qu'il oblige à la sobriété... »

La taquinerie aussi flagrante qu'amicale n'avait rien d'une méchante parole. Le Rivefière, de toute évidence, ne cherchait pas à nourrir la querelle par quelques jeux de mots subtilement choisis. Il connaissait ses atouts et savait que les apparences avaient cet avantage de tromper parfois jusqu'au plus fin observateur. Son aplomb affiché, entre impudence et audace, tenait ainsi du bluff. Ici, dans ce qu'il connaissait désormais des soirées mondaines de la haute société, il peinait à trouver sa place. Considéré comme un jeune coq impertinent, il devait faire ses preuves tout en marchant sur des oeufs cassants.

Autour de lui, les visages aux expressions travaillées lui inspiraient la méfiance. Il n'avait pas l'esprit retord d'un habile manipulateur. Cependant, il n'était pas sot. S'il considérait la scène politique et sociale de Marbrume avec l'oeil d'un combattant, il savait n'être pas en mesure de rivaliser avec ses plus habiles stratèges. Sa chance était donc de les charmer pour qu'ils le perçoivent comme une ressource intéressante. Alors peut-être parviendrait-il à conjuguer les intérêts Rivefière avec ceux de ces grands qui, à l'Esplanade et au-delà, faisaient la pluie et le beau temps. Peut-être réussirait-il à s'en faire des alliés...

Pour autant et à la différence de Roland, il n'était pas prêt à s'avilir pour leur plaire. Courber l'échine, faire des ronds de jambes et se mettre au service d'un puissant revenait à lui livrer les armes concourant à sa propre défaite. Et s'il fallait bien lui laisser quelque chose qu'il tenait de son père, c'est que Jacob était fier. Tout dans sa posture en témoignait. Son menton légèrement relevé, son maintien très droit, la manière empruntée qu'il avait de tenir son verre et même l'insolent sourire qu'il laissait flotter au coin de ses lèvres. Le nouveau Comte de Rivefière ne se glisserait pas dans la peau d'un palefrenier, ni même dans celle d'un page pour satisfaire aux désirs d'un pair. En revanche, et il l'affirmait avec ce qu'il pouvait de finesse, il était homme de parole.

« D'ailleurs, si le proverbe dit vrai, j'aime autant laisser ce fameux pouvoir entre les mains de notre souverain. De mon côté, si j'ai un rôle à jouer, il ne peut être que celui du devoir. Une obligation ou plutôt une contrainte que vous et moi savons tout particulièrement... policée. »

Partisan du roi ou non, Jacob affirmait ainsi son allégeance avec une certaine subtilité. Un tact succulent que lui avait enseigné une très grande dame de la cour. Ses leçons, apprises dans le confort et la volupté d'une couche, demeuraient ancrée dans sa mémoire. Ils y figuraient le lit d'une ligne de conduite qu'il s'appliquait à maintenir. Catherine de Monsauret, la fameuse Colombe du Val, avait été sa maîtresse dans tous les sens du terme. Il lui devait beaucoup de ce qu'il connaissait des femmes, de leurs plaisirs, mais également des règles qui, dans l'ombre, s'appliquaient aux jeux de cour. Elle lui avait enseigné quelques uns de ses secrets, sans lui permettre de tous les découvrir et cela aussi, lui avait servi de leçon.

Tout en reprenant une gorgée de vin, il laissa son regard filer en direction de leur hôtesse. Elle avait un charme indéniable. Des formes à l'arrondi généreux, une croupe au dessin engageant et un tempérament tout à la fois pétillant et vif.

« Mais vous avez raison ! Laissons la pudeur aux dieux qui eux ont tout pouvoir sur nous et savourons ce que la soirée a à nous offrir. Un bon vin, une compagnie agréable et quelques surprises qui, même si je ne suis pas caviste, pourraient m'amener à vous rendre service sans me faire votre échanson. »

Au regard que lui lança Rougelac, Jacob dut admettre que le double sens de sa dernière tirade portait l'étendard du culot. L'ébauche du sourire qu'il avait vu naître sur les lèvres du mondain l'avait peut-être trop enhardi. Cependant, les dés étaient à présent jetés. À demande acceptée, il exigeait contrepartie. Arranger une rencontre entre la Baronne et le Comte était dans ses cordes, mais s'il accédait à sa requête ce ne serait pas uniquement pour lui plaire. La dette des Rivefière était aujourd'hui épongée et les deux sangs-bleus devaient maintenant jouer sur un pied d'égalité, chacun avec leurs forces et leurs faiblesses. Une chose que même Rougelac pouvait se trouver prêt à admettre, tandis qu'il s'esclaffait et posait sa main sur l'épaule de son interlocuteur.

Compris - à tort ou à raison - comme une marque de sympathie, ce geste amena le jeune homme à se détendre. Il se joignit au rire léger du mondain et pendant un instant, il baissa sa garde pour avouer d'un ton presque complice.

« Si je devais laisser ma mère choisir mes alliances, même matrimoniales, je pourrais bien en arriver à suivre l'exemple de mon aîné. Non, vraiment Rougelac, je préfère être aussi malheureux en amour que vous et m'offrir par là quelques nouvelles perspectives. »

Cela aussi, prenait l'allure d'un appel du pied.
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor   Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor EmptyDim 4 Avr 2021 - 13:28
Le Comte de Rivefière enchaînait les bons mots et son acoquinage avec le dangereux et intriguant Rougelac ne faisait à présent plus aucun doute, tout du moins durant cette soirée. Aveux, sous entendus, convenances, les deux nobles échangeaient dans une atmosphère aussi agréable que vénéneuse. Jacob se démarquait indéniablement de son frère Roland, mais finalement, il n'était pas si aise de cerner ce personnage se targuant d'être un homme de devoir et d'obligation. Était-il fervent partisan du roi ? Rien n'était moins sûre ! Mais en tout cas, il savait divertir le quadragénaire jusqu'à même le mettre au défi. Un défi que le jeune homme semblait vouloir relever à la condition d'une contrepartie. Provoquant un sourire en coin entendu chez le Gouverneur de Sombrebois, Jacob pu sentir une des main de Victor se poser sur son épaule, le regard azur pétillant d'audace.

- Vous savez fort bien que je puis vous être un soutien dans bien des domaines. Ma bourse comme mon relationnel peuvent vous être ouvertes. Cela dépend évidement de vos besoins et d'un juste équilibre à avoir dans les affaires.

Il reporta son attention brièvement sur l'hote de la soirée la baronne, paradant volontiers dans cette réception de goût où s'arrachait quelques pièces de collections en tissu à prix d'or. Lorgnant la délicate générosité de ces formes il montra un instant les canines avant de glisser un filet de vin entre ces lèvres pour, sans rompre son observation de l'objet de convoitise, pour alors reprendre le file de la conversation avec ce fringuant Jacob.

- Un bon conseil, l'amour est faiblesse. Ne vous y trompez pas. Je mord à présent la vie à pleine dents et cela m'a finalement redonner quelques armes que j'avais perdues ou émoussées. Réalisez vos ambitions avant de vous faire mordre par l'un de ces succubes. Pour le reste, ne me parlez pas de devoir ou d'obligation, nous ne devisons nullement devant quelques importants personnages de la cours. Ou alors, avouez que le devoir, comme vous dites, est conditionné par quelques desseins personnels.

Il passa sa langue sur sa lèvre inférieur, dégustant du regard la baronne qui faisait sensation auprès de chaque invité. Elle savait tout comme Rougelac entretenir une notoriété et ne lésinait sur aucune dépense pour y arriver.
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MessageSujet: Re: Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor   Du superflu, de l'inutile et de l'extravagant - Victor Empty
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