Marbrume


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 Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis]

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis]   Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis] EmptyMar 10 Nov - 16:51
Ces derniers jours, l’automne tendait à disparaître, l’hiver reprenait ses droits. Des pluies glaciales balayaient encore les marais, mais petit à petit, le froid se faisait plus mordant. Le ciel s’était déchargé de ses flocons de neige, certains formant des amas qui n’avaient pas encore fondu, ici et là. Bientôt, ils disparaîtraient, réchauffés par un ciel pâle qui illuminait la région.

Alaric aimait les températures froides, pourvu qu’il ne pleuve pas. Cette humidité compliquait ses parties de chasse, assombrissait le territoire, amenuisait sa vue et surtout, attirait les créatures qui sortaient de leurs trous. L’hiver était rude dans le Morguestanc, mais rarement aussi dangereux que l’automne. Vu les pluies diluviennes qui s’étaient abattues sur Sombrebois et les alentours, il espérait bien que le plus dur était derrière lui.

Ainsi, il avait décidé de quitter le château en direction de Marbrume. Il n’y avait plus mis les pieds depuis presque deux mois, il était temps qu’il y retourne. Rosen et Desmond étaient partis deux semaines plus tôt et, le soldat l’avouait, il était un peu inquiet de ne pas les voir revenir. La blonde était au plus mal, dépérissant à vue d’œil, alors que la grossesse semblait ne pas l’amener vers la vie, mais plutôt vers la mort. Certes, ils avaient dû voyager lentement à cause de sa condition, mais si elle n’avait eu besoin que de quelques soins, ne seraient-ils pas revenus ? En plus, le mercenaire n’accordait qu’une piètre confiance à l’homme de Rougelac. Qui savait ce qui se tramait dans leurs rusées petites têtes ?

Et puis, il y avait Sydonnie. Il n’avait qu’une envie, c’était de la revoir. Était-elle seulement à Marbrume ? Elle avait mentionné un possible déménagement au Labret, la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Il y a deux mois. Plus il y pensait, plus il se sentait ridicule : après autant de temps, alors qu’ils ne s’étaient rien promis, elle ne pensait certainement plus à lui. Balloté sur le dos de Bravoce, il secoua la tête afin de chasser ces mauvaises pensées. Inutile de partir dans des hypothèses, il en aurait rapidement le cœur net. Alaric avait pris la route la veille ; demain au plus tard, il poserait ses pieds dans les faubourgs. Ce soir, peut-être, mais il ne comptait pas pousser sa monture à bout. Tant qu’il ne croisait aucun danger pendant son escapade, il n’y avait pas de raison de se presser. Il pourrait toujours faire une escale à Menebres si la situation l’exigeait.

Il avait quitté Piana un peu plus tôt dans la journée, là où il avait passé la nuit. Il avait tellement l’habitude de s’y arrêter et connaissait les ruines par cœur qu’il s’y sentait presque en sécurité. L’estomac rempli par un repas que Pénélope lui avait préparé avant son départ, Alaric observait les alentours. Les rayons du soleil se réfléchissaient sur les petits monticules de neige, il devait parfois plisser les yeux pour discerner la végétation autour de lui. Ses sens étaient aux aguets cependant, mais tant qu’il entendait des oiseaux gazouiller ou des écureuils glousser, il n’était pas trop inquiet.

Pourtant, un grognement – semblait-il ? – lui parvint plusieurs broussailles devant lui. D’instinct, il encocha une flèche avant de tenir en joue une cible imaginaire non identifiée.

- Tout doux, Bravoce, murmura-t-il, intimant à sa monture de s’arrêter.

Il ne reconnut pas les râles caractéristiques des fangeux, aussi pensa-t-il être en présence de bandits, bannis ou du moins, d’un être humain. À tous les coups, sa position avait été repérée. Sans abaisser son arme, il demanda d’un ton qu’il voulait autoritaire :

- Montrez-vous.

Percevant un frêle mouvement parmi les feuillages, il ordonna à Bravoce de reprendre le pas d’un coup de talon. Peut-être s’était-il trompé et qu’il s’agissait d’un animal ? Alors, histoire de surprendre le mystérieux individu, il poussa son cheval vers l’avant d’un mouvement brusque, prêt à tirer une fois la silhouette identifiée. Heureusement pour lui, il ne décocha pas la flèche qu’il tenait toujours entre ses doigts. Face à lui, assise par terre, une femme le dévisageait.

- Euh… Madame ? Vous êtes blessée ?

Il ne baissa pas son arc pour autant. Il pouvait toujours s’agir d’un piège.
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MessageSujet: Re: Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis]   Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis] EmptyMar 10 Nov - 19:01


Ce jour là était à priori un jour comme tous les autres jours. Un soleil pâle venait difficilement réchauffer une atmosphère froide. Peut-être pas encore la plus rude de l’hiver, certes, mais bien suffisante pour vous refroidir les os sans trop d’effort. Comme s’était devenu une habitude depuis quelques temps, Irène avait décidé d’égayer sa journée par un promenade à cheval jusque dans les faubourgs. Depuis le départ de Jehan ses quelques montures ne recevaient plus autant d’affection et de soin qu’avant et elle avait décidée d’y remédier en allant dégourdir les montures hors de leurs box aussi souvent que son emploi du temps le lui permettait.
Sans réellement se l’avouer, c’était aussi là pour elle une manière de garder un lien avec son ancien capitaine, même inconscient.
Elle était partie avec les premières lueur matinale et avait atteint les grandes portes alors qu’elles ouvraient à peine pour la journée. Elle s’était enfoncée entre les bâtisses des faubourgs. Entre ses jambes l’étalon rechignait à maintenir le pas alors que ses muscles frémissaient d’excitation. Elle ne le montait pas souvent, il était un peu haut pour elle, et bourru comme un âne. Mais on pouvait sentir sa force.

Ce n’est qu’en dépassant les dernières maisons qu’elle lui lâcha la bride, et sa monture ne se fit pas prier pour s’élancer vivement à travers ce qui avait dû être un champ à une époque. Elle lui permit de faire plusieurs allers-retours sans rien faire d’autres que s’accrocher, puis elle lui imposa des changements de rythme comme son capitaine et mentor lui avait appris afin de lui faire travailler tout ses muscles.
Elle s’arrêta à l’orée des bois, peu avant le début de la route s’éloignant de Marbrume pour se diviser plus loin entre Conques et Menebres. Elle comme sa monture, haletaient, mais pas de fatigue non, plutôt d’une forme d’excitation contenue quand les muscles sont enfin près à fournir leur plein potentiel.

Elle savait qu’elle devait rentrer. Elle avait rendez-vous avec une couturière pour l’ouverture de la dentellerie qu’elle avait racheté à Sydonnie. Et plusieurs dossiers étaient en souffrances sur son bureau. Mais là, assise sur le dos puissant de l’animal, son regard posé sur la cité dont les murs ressemblaient plus à une prison qu’à une protection, elle hésita.
Qu’est-ce qui l’attendait là-bas si ce n’était des inquiétudes, des doutes, des problèmes ? Elle n’avait pas vue son amie sergente depuis un moment, et en réalité cela faisait des jours qu’elle n’avait pas prononcé un mot qui ne concernait pas le travail ou l’étiquette. C’était juste épuisant, douloureux presque.
Comme s’il était conscient de son malaise, et tout aussi impatient qu’elle de s’en arracher, l’étalon tira dans la direction opposée de la cité. Et au lieu de lui tenir la bride, elle desserra les doigts. Elle tenta de se convaincre que ça ne pourrait pas lui faire de mal de trainer quelques minutes de plus aux abords de la cité. Que ce n’était qu’histoire de prendre l’air. Mais force était d’admettre qu’elle accélérait, le dos tourné à la cité. Ses jambes battirent les flancs de l’animal et il bondit en avant sur la route. Ses longues enjambées se mirent à avaler les kilomètres.

Le vent lui battait les oreilles avec fureur, elle ne sentait déjà plus le bout de son nez, les bois défilaient autour d’elle si vite qu’elle faillit bien être arrachée de sa monture par une branche trop basse. Pourtant elle hurla d’une joie féroce et poussa encore sa monture à aller plus vite. Elle obtempéra.
Sa perception du temps et de l’espace sembla se flouter à mesure que l’euphorie la gagnait. C’était stupide, délicieusement stupide. En dehors de toutes règles, de toutes logique. Juste les kilomètre défilant et la liberté. Elle ne sut dire combien de temps dura cette félicité. Ce n’est qu’en s’apercevant qu’elle franchissait un portail, dépassant des maison courtaude, qu’elle commença à reprendre pieds. Elle croisa des regards surpris et vit des formes s’écarter précipitamment. Mais à peine avait-elle reconnu des gens qu’elle sortait de ce qui devait être une bourgade. Il lui fallut encore quelques minutes pour parvenir à reprendre le contrôle de son esprit engourdit. Le soleil était haut à présent. Des heures avaient du passé.

C’est ainsi, étourdie et perdue qu’elle fit une erreur de débutante et tira brutalement sur les rennes de sa monture pour l’arrêter, oubliant qu’ils étaient à pleine vitesse.
Le cheval cabra, hennit et se débattit contre la barrière soudaine. Elle se rendit alors compte qu’elle avait les jambes engourdies et froides et pas assez des forces pour le calmer, pas même assez pour tenir en place. Deux mouvement brusques, et elle volait tel un oiseau par-dessus la selle découvrant le monde d’un point de vue inversé. Elle eut au moins le réflexe de se rouler en boule et atterrit en grognant dans un mélange de congère et de buisson. Le choc fut douloureux mais elle ne s’arrêta sur rien de dur par la grâce des trois. Du moins sin on considérait qu’un sol glacé par les premiers frimas de l’hiver n’était pas “dur“. Elle roula sur plusieurs mètres avant de s’arrêter par manque d’inertie. Elle fut surement sonnée car quand elle ouvrit les yeux, elle avait des flocons sur les paupières et froid partout malgré sa tenue d’hiver composée d’un pantalon de chasse moulant mais d’un cuir épais et d’une veste étroite doublé d’un col de fourrure de loup.

Elle se redressa sur ses fesses avec d’infime précautions et fut soulagée de ne pas découvrir qu’elle baignait dans son propre sang. C’était plutôt une bonne nouvelle. Elle regarda autour d’elle et ne vit nulle part ça monture.

Saleté de foutue âne bâté ! » grogna-t-elle sans faire trop de bruit non plus, tout à fait consciente de vulnérabilité soudaine. Comme pour se moquer d’elle, le destin s’amusa à la mettre en présence d’une menace alors qu’elle avait encore du mal à rassembler ses pensées.

Une voix parcourue l’air, plus mordante qu’autoritaire. Oui bien sûr, elle allait se montrer et même lui offrir un thé. Elle n’avait peut-être pas vraiment de capacités pour survivre en dehors des murs, mais elle ne se sentait pas assez stupide pour signaler sa position à un inconnu au milieu de nulle part. Elle glissa une main dans son dos et rencontra avec soulagement la poignée de la petite dague qu’elle emmenait toujours hors de murs.
Mais son agresseur ne lui fit pas le plaisir de l’ignorer et déboula par-dessus un buisson percher sur le dos d’une grande monture qui au moins n’était pas la sienne. Et une flèche pointait entre ses deux yeux. Au moins il ne tira pas aussitôt. Elle lâcha sa dague et fit mine de masser son dos qui était effectivement douloureux. Tant qu’il était si loin, mieux valait ne pas l’énerver en se comportant comme une sauvage.
Elle fut surprise de constater qu’une fois de plus elle n’avait pas peur. Elle avait conscience du danger immédiat, et de son impuissance presque totale. Mais son souffle était redevenu calme et son esprit clair. N’avait-elle vraiment plus aucune hésitation face à la mort ? Le ton de l’inconnu quand il posa sa question fut plus hésitant que menaçant, même s’il la gardait dans son angle de tir. C’était plutôt bon signe.

Non, non tout va bien, juste une chute. » dit-elle en se relevant prestement pour sembler moins vulnérable. Au moment où elle posa son pieds gauche sur le sol et prit appui dessus, un éclair de douleur lui foudroya la cheville et elle glapit avant de retomber sur son postérieur. « Bon, peut-être bien que si en fin de compte. » Répondit-elle en massant son pied douloureux. Elle releva les yeux et détailla l’homme. Il était plutôt beau dans son style “baroudeur forestier“. Son regard était perçant mais lui parut triste, pas pour elle, plutôt comme si c’était son quotidien. Une barbe de deux ou trois jours lui mangeait le visage, signe que son image ne lui était pas essentielle sans pour autant qu’il se néglige. Il avait le bras sur, et ne devait pas en être à sa première flèche encochée.

Vous n’auriez pas vu un cheval avec l’air coupable dans les parages ? » demanda-t-elle pour détendre l’atmosphère. Mais une autre question lui vint avant toute réponse. « Vous savez où nous sommes ? j’ai dépassé un village il y a peu en suivant la route, mais… je ne saurais dire s’il s’agit de Conques ou Menebres. »

Bravo ma fille, ta première sortie en solitaire est un succès du tonnerre.


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MessageSujet: Re: Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis]   Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis] EmptyMer 11 Nov - 18:36
Méfiant, Alaric toisait l’inconnue. Il relâcha quelque peu ses muscles, lorsqu’il se fut assuré qu’elle n’avait pas d’arme entre ses mains pâles. La peau de son visage était tout aussi clair, parsemé de poussière dû à sa mauvaise chute. Elle avait des traits fins, un regard perçant qui semblait le défier, des cheveux argentés que le soldat n’avait jamais vu chez une personne aussi jeune. Car l’individue devait avoir plus ou moins son âge, mais était clairement issue d’un autre milieu. Sa tenue, bien qu’abîmée et boueuse, témoignaient de la noblesse de ses origines.

Sa seconde chute, accompagnée d’un gémissement plaintif, assura le soldat qu’il ne s’agissait pas d’un piège. Confus, se sentant légèrement idiot de l’avoir menacée, il rangea ses armes et sauta à bas de Bravoce en souplesse.

- Je n’ai pas croisé de cheval, non.

Alaric n’avait que faire du canasson, l’état du pied de la noble était bien plus préoccupant. Lentement, il s’approcha et s’accroupit afin d’être à sa hauteur. À coup sûr, elle se l’était foulé lors de sa chute à cheval, s’il avait bien assemblé les pièces du puzzle. N’empêche… Que faisait une jeune noble en plein milieu des marais ? Elle semblait si fragile, sans défense…

- Vous avez dû dépasser Menebres. Euh, je peux ? demanda-t-il en passant une main dans son dos, avec douceur. Appuyez-vous sur moi.

Il la trouva bien frêle entre ses mains et, veillant à ce qu’elle ne se blesse pas d’autant plus, la hissa sur ses deux jambes. Une fois l’exercice terminé, il lui offrit un sourire.

- Comment vous appelez-vous ?

Il manqua d’ajouter « Et que faites-vous seule dans les marais ? » mais se retint. Il ne voulait pas la froisser – son amour propre avait déjà dû prendre un sacré coup – ni outrepasser ses droits en se montrant trop intrusif.

- Moi, c'est Alaric.

Il ne précisa pas qu’il était le chef de la garde d’Hector, comme à son habitude. Depuis son mariage avec Rosen, le terme « Sombrebois » était encore plus mal vu qu’auparavant. De plus, il avait affaire à une noble et il y avait peu de chance pour que le baron soit dans ses bonnes grâces…

D’un geste du menton, il lui désigna sa monture qui farfouillait dans les herbes humides, repoussant la neige de son museau.

- Si je vous aide, pensez-vous être capable de monter sur Bravoce ?

S’il parvenait à la hisser sur son cheval, il n’aurait plus qu’à mener ce dernier par la bride et rejoindre Menebres à pied. L’idéal serait de retrouver la monture de la noble, mais Alaric n’avait aucune idée dans quelle direction elle avait bien pu filer. Il ne l’avait ni vue, ni entendue : la bête avait dû partir vers l’est, vers la mer. Cependant, le soldat n’avait aucune envie de perdre autant de temps dans les marais. Dans l’absolu, ce ne serait pas un énorme détour de passer par la plage, il aurait pu se le permettre s’il était seul, sur le dos de Bravoce. Mais aux côtés de la blessée il se sentait démuni.

- Je ne veux pas vous effrayer, mais il faudrait gagner Menebres au plus vite. Je suppose que vous voulez retrouver votre cheval ?
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MessageSujet: Re: Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis]   Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis] EmptyMer 11 Nov - 20:01


Elle n’avait pas vraiment espéré qu’il sorte son cheval de sa poche, mais elle admit intérieurement qu’elle était déçu que ce ne soit pas le cas. Elle tourna les yeux un peu partout en quête de trace, toujours assise sur son séant. Mais sa recherche fut infructueuse, surtout que le cavalier sautant à terre retint immédiatement la majeure son attention, même sans son arc il restait bien plus dangereux qu’elle. Menebres, elle l’avait passé Menebres. L’énormité de l’information la surpris, cela voulait dire qu’elle avait du galoper deux bonnes heures au minimum, elle avait l’impression qu’une poignée de minutes tout au plus s’était écoulée depuis qu’elle avait tourné le dos à la cité.
Elle se tendit en sentant la main dans son dos, mais elle était bien consciente qu’elle ne s’en sortirait pas seule. Surtout sans son satané canasson. Elle hocha la tête et s’appuya sur l’épaule solide de l’homme d’arme qui la redressa sans aucun effort apparent. Il devait mesurer facilement une tête de plus qu’elle, et elle dut s’accrocher à son bras en s’apercevant que son épaule lui arrivait au niveau du visage.

Irène.. Cerne! » grogna-t-elle douloureusement entre ses dents alors qu’elle tentait de poser son pieds qui refusa d’être autre chose un nœud de douleur. Elle ne lui donna pas son vrai nom. Elle n’espérait pas passer pour une roturière vu son allure, mais mieux valait éviter de lui jeter sa noblesse à la figure. « Enchantée Alaric. Belle saison n’est-ce pas ? » questionna-t-elle d’un ton mêlant colère contre elle-même et ironie. Elle partait en quête de liberté et se tordait la cheville à moins d’une demi-journée de cheval de son point de départ. Elle connaissait une sergente qui aurait rit aux éclats. Après l’avoir dument rossé pour sa bêtise sans doute.

Oui, ça devrait aller pour tenir en selle. » opina-t-elle. Ils firent un premier pas fébrile tandis que son sauveur lui laisser entendre que chercher sa monture serait sans doute un risque plus inutile que constructif. Il avait raison. Elle le rassura tout de même, autant qu’elle se rassura elle-même. « Si cet idiot ne s’est pas cassé une patte dans un trou, il sera retourné à la dernière trace de civilisation qu’on aura croisé. Il a été dressé pour ça, il servait de monture pour les coursiers avant… tout ça. » expliqua-t-elle en balayant la forêt autour d’elle de son bras libre pas vraiment envieuse d’évoquer la catastrophe fangesque alors qu’elle était justement perdue en plein milieu. « Avec un peu de chance on le retrouvera à Menebres ou en chemin. »

Ils traversaient la route glacée puisque le dénommé Bravoce dans sa quête de nourriture avait décidé de s’éloigner de quelques pas supplémentaires. Elle eut bien envie de le maudire intérieurement mais se retint. On ne mord pas la main qui vous secoure. Ou son cheval. Elle essaya d’ignorer la douleur lancinante en suivant le chemin des yeux. Si elle ne se trompait pas, elle venait de la droite. Menebres donc. A gauche, à encore une longue distance, devait se trouver Sombrebois. C’est de là que son sauveur venait sembla-t-il. Qu’est-ce que ce Alaric pouvait…
C’est alors que son esprit accepta de se remettre à fonctionner et qu’elle comprit. Elle s’arrêta net et regarda l’homme avec des yeux ronds. Elle ne devait pas avoir l’air très intelligente à cet instant car il lui rendit son regard avec incrédulité et incompréhension.

Puis elle explosa de rire. Elle n’avait pas ri ainsi depuis des années. Depuis les jardins de sa mère, à des milles et des milles d’ici. Elle en eut le souffle coupé et mal au ventre au point de se plier en deux et trébucher. Elle aurait bien pu emmener son acolyte dans sa chute. Mais étant deux fois plus large qu’elle, il sembla à peine se rendre compte qu’il portait la majeure partie de son poids alors qu’elle essayait de stopper sa quinte de rire et de reprendre de l’air.
Il lui fallut plusieurs secondes supplémentaires pour retrouver un semblant de calme, sans pour autant pouvoir retenir des gloussements d’adolescente. Elle essuya ses yeux humides de sa main et se redressa en se servant du bras épais comme d’une corde.

Pardonnez-moi, je sais que ce n’est ni le lieu ni le moment pour une bonne boutade. » dit-elle sans pouvoir s’arracher son sourire. Bravoce se stabilisa près d’eux et son compagnon l’aida à grimper d’une simple impulsion. S’il y avait mis juste un peu plus de force, elle aurait surement voler par-dessus l’animal et finit de nouveau les quatre fers en l’air de l’autre côté. Cette idée faillit bien relancer son rire mais elle le contint, aidée en cela par l’éclair de douleur qui lui remonta la jambe alors que celle-ci tomber sur le flanc massif. Elle serra le dent le temps de l’absorber et se stabilisa. Le maître de la monture saisit la bride et se prépara à reprendre la route.

Je vous remercie, sans vous, j’aurais été dans de beaux draps… » son air enjoué affaiblissait sans doute l’aspect solennel de sa déclaration, mais elle ne pouvait s’en empêcher. « Dites-moi Alaric, croyez-vous au destin ? » demanda-t-elle tout sourire alors qu’ils prenaient la route.




Dernière édition par Irène de Valis le Jeu 1 Avr - 9:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis]   Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis] EmptyJeu 12 Nov - 18:32
- Hé bien, enchanté Irène.

Il la maintint contre lui, raffermissant sa prise lorsqu’il la sentit se contracter en réprimant un nouveau grognement de douleur. Il n’avait aucune plante avec lui susceptible de soulager la blessure de la jeune femme. En réalité, les seules mixtures qu’il était capable de préparer endiguaient les saignements d’une blessure, désinfectaient les coupures ou amélioraient le sommeil d’autrui. Rien dans sa besace ne lui permettrait de soigner une cheville foulée et il ne s’y connaissait pas suffisamment pour rechercher un remède efficace.

- En fait, j’aime bien lorsqu’il fait froid, mais clair, répondit-il, sans saisir l’ironie dans la voix d’Irène.

Avec délicatesse, il la mena vers Bravoce. Il n’avait pas besoin de la regarder pour deviner la douleur qu’elle ressentait à chacun de ses pas. Sa respiration s’accélérait, en cœur avec son rythme cardiaque. D’un murmure, il l’encouragea à avancer. Tandis qu’elle poursuivait son effort et qu’il la soutenait du mieux qu’il le pouvait, il discutait avec elle. Se concentrer sur leurs dires l’aiderait sans doute à poursuivre. Satisfait de savoir qu’il n’aurait pas besoin de chercher le cheval d’Irène dans les marais, il hocha la tête.

- Les chevaux sont des animaux intelligents, confirma-t-il. Nous ne sommes pas très loin de Menebres, il devrait nous y attendre.

Même si la bourgade n’était pas bien loin, Alaric n’avait aucune idée du temps qu’il leur faudrait pour l’atteindre. Bravoce au pas, lui à pied et méfiant vis-à-vis des alentours… Heureusement qu’il avait décrété qu’il n’était pas pressé d’arriver à Marbrume. Le soldat siffla sa monture afin qu’elle se rapproche. Les oreilles du hongre réagirent, mais il ne daigna pas tourner la tête vers les deux mortels qui l’accompagnaient. Bravoce était un cheval fidèle, rapide et puissant, il avait déjà permis à Alaric d’échapper à des bandits et des fangeux un nombre incalculable de fois. Malheureusement, il avait aussi son petit caractère, d’autant plus lorsqu’il mangeait.

- Bravoce, appela Alaric d’un ton plus autoritaire.

Enfin, en renâclant, la bête daigna se rapprocher.

- Tu crois que c’est le moment de traîner ici, hein ? le réprimanda le soldat.

Alors que le mercenaire pensait pousser Irène vers la monture, cette dernière s’arrêta net et le dévisagea, sans un mot. Arquant un sourcil, il la toisa, sans comprendre. Avait-elle entendu quelque chose ? Impossible, malgré l’aide qu’il lui apportait, Alaric restait concentré, ses sens aux aguets. Son cheval non plus, n’avait pas montré le moindre signe d’hostilité probable. Il sursauta quand elle se mit à rire. Un rire franc qui aurait pu se révéler communicatif si le cadre s’y était prêté. Il la retint quand elle manqua de trébucher, une main dans son dos, l’autre posée fermement sur son poignet. Se moquait-elle de lui ? Sa réaction lui semblait quelque peu exagérée, si c’était le cas… Il pensait qu’il venait de secourir une folle quand la concernée reprit la parole.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-il tout de même, alors qu’elle se hissait enfin sur le dos de Bravoce.

Malgré sa blessure, l’exercice ne sembla pas trop lui coûté. Pour Alaric, c’était rassurant de la savoir juchée sur le cheval : c’était un gage de sécurité, dans les marais. Si les choses tournaient mal, il pourrait toujours persuader Bravoce de galoper jusqu’à Menebres afin de protéger la noble. Le contournant, il saisit la bride et l’entraîna à sa suite.

- Je vous remercie, sans vous, j’aurais été dans de beaux draps…

Il opina.

- Si je peux me permettre… Que faites-vous seule dans les marais ?

Alaric ne quittait pas la ligne d’horizon des yeux. Cependant, il se retourna d’un mouvement vif à l’écoute de la dernière question d’Irène. S’il croyait au destin ? C’était une question étrange, qui sortait un peu de nulle part. Mais bon, la noble avait l’air… Spéciale, alors il imaginait que ce n’était pas si bizarre. Il réfléchit quelques instants avant de lui répondre.

- Si vous voulez dire que tout est écrit à l’avance, non. Les Trois ont un plan pour chacun de nous, mais… Nous avons des choix à faire, des décisions à prendre qui influencent ce que, je suppose vous appelez, le destin.

Il marqua une petite pause, avant d’ajouter :

- Mais si je devais croire à une forme de destin ce serait que… Le destin des hommes est de vivre en respectant la volonté des Trois sans avoir de regrets.

Toutes ces notions abstraites le dépassaient un peu, il n’était pas certain d’avoir répondu correctement à la question, ni si la noble approuverait ses propos. Plus pour lui donner la réplique que par réel intérêt, il demanda :

- Et vous ?
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
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MessageSujet: Re: Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis]   Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis] EmptyJeu 12 Nov - 20:59


Irène cala son pied avec précaution dans l’étrier afin que sa cheville n’ait plus à porter son poids, mais ne fit pas pareil de l’autre côté, ne voulant pas faire croire à la monture qu’elle s’apprêtait à le guider, laissant toute latitude à Alaric pour décider de la route et du rythme. Elle secoua vaguement la main comme pour indiquer que la raison de son rire n’avait strictement aucune importance. Bien sûr c’était faux, mais Irène n’avait encore aucune idée de quelle importance il s’agissait. Et elle ne voulait pas perdre sa soudaine jovialité en se mettant trop à réfléchir au sens de tout cela. Une partie d’elle envisageait même qu’elle était sans doute mourante, le crane fracturé contre un arbre à délirer dans ses derniers instants et cette plus qu’improbable rencontre.
Elle aurait préféré que ces derniers instants soit consacré à des corps plus… attrayant pour elle. Pas qu’Alaric soit désagréable à regarder, loin de là. Mais ce n’est pas avec lui qu’elle aurait aimé fantasmer de vie à trépas.

Ce que je fais seule ici ? N’est-ce pourtant pas évident ? Comment pourriez-vous être un preux chevalier si je n’étais pas une demoiselle en détresse ? » Elle gloussa avant de répondre plus sérieusement. « En toute honnêteté, je suis là parce que je me suis montrée particulièrement stupide. J’avais besoin de m’éloigner de la cité, et j’ai écouté ce besoin plus que la raison. »

Les deux mains posées sur le pommeau de la selle, la comtesse boiteuse écoutait attentivement la réponse de son guide, son regard détaillant son dos avec une telle intensité qu’elle s’étonnait même de ne pas réussir à passer au travers.
Elle appréciait le fait qu’il soit assez nuancé pour admettre l’importance de l’individu dans ce que certain appelaient la destinée. Il ne faisait pas partie de ceux qui croyaient tout écrit à la virgule près au point de finir par en dédouaner leurs propres actes. Il devait permettre des discussions intéressantes. Même si l’efficacité des ses réponses ne laissaient pas entendre qu’il n’était pas du genre à philosopher des heures durant sur un sujet.
Elle fut bien plus dubitative face à la formule “vivre en respectant la volonté des Trois“. Mais sans le connaître mieux, elle ne se permettrait pas d’en tirer une conclusion. Après tout, c’était un homme travaillant pour un noble rejeté de ses pairs, dans une des zones habitées les plus dangereuses du royaume, marié et pourtant fricotant avec une milicienne sergente en plein deuil.
Sa perception de la volonté des trois devait être un peu particulière. Tout comme ce qui lui laissait des regrets.
Toujours à choisir des gens problématiques ma petite Sydonnie. Elle sourit et répondit.

Si je n’écoutais que moi je vous dirais que non. Mais vu le temps que je passe à me battre contre lui, ce serait peu lucide de ne pas le reconnaître. Cependant, je m’accorde avec vous sur le sujet, nos actes l’influent et le forge. » dit-elle en glissant distraitement une mèche de cheveux derrière son oreille. « Mais chaque fois que j’ai l’impression d’avoir pris le contrôle du miens, il s’amuse à déposer une petite pierre sur ma route pour me faire trébucher et me rappeler qu’il réagit selon son bon vouloir. Un peu comme aujourd’hui…»

Elle ne se départit pas de son sourire en observant les alentours. Elle savait qu’une menace pouvait surgir à chaque instant, et qu’elle serait sans doute assez rapide et puissante pour les déchiqueter avant même qu’elle ne hurle. Elle avait vu les fangeux massacré tout un convoi, et elle ne doutait pas un seul instant de leur efficacité. Pourtant ce n’était pas pour cela qu’elle observait les alentours. Malgré le gris hivernal, les branches dénuaient de feuilles, les tas de neiges sale, la boue et le froid, elle trouvait le paysage particulièrement beau.
Tout semblait tellement plus vivant que depuis ses hauts murs. Voilà quel était le véritable crime de la fange. Par la peur et la douleur, ils effaçaient la beauté du monde de la mémoire humaine.

Et qu’en-est-il de vous Alaric ? Je suppose que vous ne battez pas la campagne dans le but de trouver des femmes seules et vulnérables à secourir ?» Même si avec Sydonnie, ça faisait au moins deux. Quoi qu’il était un peu présomptueux de qualifier son amie de “vulnérable“. Il n’empêche qu’encore une et elle pourrait le qualifier de sauveur en série. Il faudrait qu’elle lui demande ! Son sourire s’élargit encore et elle retint un nouveau rire dissimuler dans un toussotement. -« Qu’est-ce qui vous amène sur ces routes gelées ? »

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MessageSujet: Re: Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis]   Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis] EmptyVen 13 Nov - 17:21
Alaric ne se sentait pas du tout l’âme d’un chevalier et, à son avis, Irène n’avait rien d’une princesse en détresse. Il l’avait découverte par hasard, elle n’avait appelé personne à son secours. Même maintenant, la jeune noble ne semblait pas avoir peur, craindre pour sa vie. Une réaction qui aurait pourtant été légitime, qui aurait fait trembler bon nombre d’hommes et de femmes. Alaric connaissait bien les marais, du moins, la partie entre Sombrebois et Marbrume et, sans dire qu’il y était complètement à l’aise, il y trouvait ses marques. Le comportement d’Irène était étrange et une fois de plus, le soldat se demanda si elle avait bien tous ses esprits.

Folle ou non, elle avait le mérite d’être honnête, reconnaissant qu’elle s’était montrée particulièrement stupide. Pourtant, son parler, sa tenue, prouvaient qu’Irène n’était pas une idiote. Elle avait eu besoin de s’éloigner de Marbrume. Alaric ne comprenait que trop bien ce sentiment, pour l’avoir vécu, un an plus tôt. Cette cité l’avait rongé petit à petit, il s’y était senti pris au piège alors qu’il étouffait. L’idée de liberté qui avait saisi la noble avait dû être telle qu’elle s’y était laissée aller.

- Je comprends. Vous aviez besoin de respirer.

La bride de Bravoce entre les doigts, il mena le cheval et son joli chargement entre broussailles et arbres dénudés. Un vent froid les balayait par intermittence, mais le ciel demeurait bleu et les rayons du soleil contrebalançaient la bise glaciale. Sans se retourner, il l’écouta répondre à sa question, avec plus d’attention qu’il n’aurait cru.

- Êtes-vous certaine de ne pas mettre de pierres vous-mêmes sur votre chemin ?

Bien sûr, Alaric n’avait aucune idée de la vie que menait Irène, ni des différentes épreuves qu’elle avait dû traverser. Vu son escapade dans les marais, sa vie à la capitale ne devait pas être des plus heureuses. Il ne l’aurait pas cru, mais il se sentait assez proche d’elle : il était passé par là, lui aussi. Qu’importe le danger, il le tentait afin de côtoyer la mort d’un peu plus près. En somme il avait lui aussi posé plusieurs pierres sur son chemin jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il ne pouvait pas continuer à mettre sa vie en péril pour, parfois, des broutilles.

- Et qu’en-est-il de vous Alaric ? Je suppose que vous ne battez pas la campagne dans le but de trouver des femmes seules et vulnérables à secourir ?

Ce fut à son tour de rire. Il se retourna vers elle et, marchant à reculons, manqua de trébucher. Il se rattrapa et pesta avant de reporter ses yeux bleus sur l’horizon. Il ne fallait pas qu’il se foule une cheville, lui aussi…

- Ce n’est pas mon but, mais ça arrive, dit-il, un sourire en coin sur les lèvres – qu’Irène ne pouvait voir.

Est-ce que Sydonnie ne lui avait pas dit quelque chose de similaire, la dernière fois ? En fait, il ne l’avait pas vraiment sauvée. Ils s’étaient entraidés et avaient affronté l’adversité ensemble, ils s’étaient soutenus et s’en étaient sortis. C’était cette aventure qui l’avait sauvé, lui.

- Je me rends à Marbrume, ça fait longtemps que je n’y ai plus mis les pieds. Et puis, je m’inquiète pour la santé d’une amie, elle n’en est pas revenue et… J’aimerais être sûr que tout va bien.

Il n’avait croisé aucun convoi, ni aperçu Desmond et Rosen sur son trajet. Il était pourtant difficile de rater l’armoire à glace de Victor, même dans l’immensité des marais. Surtout qu’ils prenaient tous plus ou moins le même chemin pour se rendre dans la cité fortifiée. Cependant, même s’il croisait le duo improbable, retournerait-il à Sombrebois en leur compagnie ? Il savait bien que non. Qu’il les croise ou pas… Il se rendrait à Marbrume.

- J’aimerais profiter de l’occasion pour revoir quelqu’un…

Enfin, si Sydonnie ne l’avait pas oublié. Le plus ridicule était-il de croire qu’elle pensait toujours à lui ou qu’elle était complètement passée à autre chose ? Se rendant compte qu’il avait laissé sa phrase en suspens, il ajouta :

- Bref, j’ai plein de raisons de parcourir ces routes gelées ! Heureusement que je me suis décidé, qui serait venu à votre secours sinon, hm ? J'aurais pu être un banni ou pire, un fangeux.
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MessageSujet: Re: Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis]   Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis] EmptyVen 13 Nov - 20:58


Irène ne put qu’acquiescer en souriant à sa remarque des plus pertinentes. Malgré son manque de volubilité, l’homme d’arme semblait avoir un esprit aguerri et logique. En plus d’être un grand romantique. Infidèle, certes, mais romantique.

Je me balade surement avec une besace invisible rempli de caillou en effet. Vous savez, juste au cas où la vie ne serait pas assez intéressante… » dit-elle amusée. « Mais certains semblent venir dont ne sais où, presque comme un hasard mais si significatif qu’on ne peut y voir autre chose qu’un message. »

Elle haussa les épaules sans développer plus avant, hors de question de gâcher son plaisir en révélant la vérité à son compagnon. C’était bien plus divertissant ainsi. Il se mit à rire, et à son grand damne, elle trouva le son agréable et du cocher une croix de plus sur la liste des “pour“ qui s’allongeait un peu trop face à celle des “contre“. Elle pouffa en le voyant trébucher, mais sans moquerie, simplement détendue.

Par les trois, si vous vous blessiez aussi je suis presque certaine qu’on verrait un bataillon de la milice sortir sans raison des bois pour nous secourir ! Mais bon, à quoi bon prendre le risque ? » remarqua-t-elle avec un sourire sans préciser que dans son esprit, ce serait sans aucun doute Sydonnie qui dirigerait ce groupe, à moitié nue avec un pagne et une immense épée à l’image de ces reines barbares des contes. Histoire de vraiment faire dans l’improbable cliché.

Alaric lui répondait ouvertement, ce qui était appréciable, surtout en considérant le fait qu’il devait se demander si elle ne s’était pas cogner la tête en tombant vu ses réactions. Pourtant il s’était montré compréhensif quand elle lui avait confié son besoin de liberté. Sans jugement. Pas étonnant que la sergente apprécie sa présence. Discret, intelligent, et avec sans doute une grosse épée à aiguisée ! Elle retint un gloussement. Oui elle avait dû se cogner la tête, ou alors la douleur de sa cheville meurtrie devait lui embrumer l’esprit, ce genre de pensée grivoise n’était pas profondément son genre…
Quoi que plus fréquente ces derniers mois. Elle se rappelait d’ailleurs la réaction d’Apolline. Elle revint à la conversation en entendant l’évocation d’une amie. Des informations qu’elle récoltait régulièrement, Sydonnie n’avait pas à recevoir de telles inquiétudes. Alaric savait-il quelque chose qu’elle ignorait ? Et que diable entendait-il par revenir à Sombrebois ?
Sydonnie partait-elle ? Son cœur faillit bien s’emballer d’inquiétude, bien plus que pour le simple fait se retrouver démunie au milieu du territoire fangeux. Heureusement Alaric la rassura de lui-même avec sa phrase suivante. Elle sut rien qu’en entendant ce ton mêlant nostalgie et espoir qu’il parlait de leur sergente. Sa voix avait les mêmes intonations quand elle l’évoquait, même ainsi à demi-mots.
Elle détendit ses muscles, rassurée et reprit le cours de leur échange.

Je crois que je préférerais sans doute un fangeux. » dit-elle d’un ton déterminé. « Ne vous y trompez pas, je ne considère pas les bannis comme une sorte de groupe composé de coupe gorge et de monstre. Je sais que beaucoup parmi eux sont plus malchanceux que coupable d’un quelconque crime. Mais je sais aussi qu’un fangeux vous tue, sans état d’âme, sans plaisir, sans considération. Comme un bucheron qui coupe un arbre. Quelques secondes de souffrance et le néant. »

Elle soupira.

Seul l’être humain semble prendre du plaisir à faire durer la souffrance de sa victime. Quitte à me retrouver entre les griffes de quelqu’un ou quelque chose, je choisirais la promptitude. » Dit-elle repoussant au fond de son esprit la sensation du poids pesant d’un homme sur son corps d’enfant. Plus jamais, plutôt mourir, de sa propre main si nécessaire.

Me ferez-vous l’honneur de me laisser vous offrir un verre à Menebres ? Je suis passée un peu vite, mais il doit y avoir l’équivalent d’une taverne, ou d’un comptoir non ? Peut-être que si je vous enivre assez, vous me parlerez de cette mystérieuse personne que vous voulez revoir ? J’ai moi-même un ou deux sujet croustillant à vous proposer, du genre très mystérieux aussi… Allez, dites oui ! Vous me devez bien ça pour vous avoir sagement attendu assise dans la neige plutôt que de m’être sauvée la vie toute seule ! »





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MessageSujet: Re: Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis]   Pour une comtesse en péril [Ft. Irène de Valis] EmptyDim 15 Nov - 18:48
Un court instant, il imagina Sydonnie les secourir tous les deux, avant de les réprimander pour leur stupidité. La première fois qu’ils s’étaient rencontrés, dans la tour, elle l’avait trouvé suicidaire, et, il l’avouait, n’était pas loin de la vérité. Que penserait-elle du comportement de la jeune noble, dans ce cas ? Au moins, Alaric était capable de se défendre et il avait une bonne connaissance des marais. Irène s’était montrée complètement inconsciente. Il était inutile de lui dire, cependant. Le soldat était certain qu’elle était pleinement consciente de ses actes : un caillou qu’elle avait lancé pour épicer sa journée.

- Un bataillon de la milice ? J’étais milicien autrefois, dites-vous que je suis aussi ce bataillon.

Et si c’était un abruti comme Étienne sur lequel ils tombaient… Il préférait presque se faire dévorer par des fangeux que d’être sauvé par un sergent tel que lui. Il secoua la tête, évitant de se jouer d’autres hypothèses plus invraisemblables les unes que les autres dans son esprit. N’empêche, l’idée de revoir la noiraude un jour dans les marais n’était pas pour lui déplaire. L’aider dans une expédition, lui montrer de quoi il était capable, la sauver des griffes de fangeux… Il soupira. Cette histoire de preux chevalier et de princesse lui était montée à la tête. À coup sûr, avec Sydonnie, il serait la princesse qu’elle essayerait de sauver.

Il hocha la tête, étant une fois de plus d’accord avec les paroles d’Irène. Une mort rapide était toujours meilleure qu’une longue torture précédant une lente agonie. Pourtant, sa petite sœur avait eu le temps de crier lorsque les fangeux l’avaient déchiquetée, sur le champ de bataille, il avait entendu des râles de soldats, alors qu’ils s’éteignaient, mordus à sang. Alaric ne répondit rien, plongé dans ses lugubres pensées. Oui, les hommes aimaient faire souffrir leur victime, mais à la différence des monstres, on pouvait parfois les faire changer d’avis. Parfois.

- Les hommes sont des monstres à leur manière, murmura-t-il pour lui répondre.

Mais, lui tournant le dos alors qu’il continuait de progresser entre les broussailles, il n’était pas certain qu’elle l’ait entendu.

Sa proposition le déconcerta, la suite de sa phrase d’autant plus. Ne venait-elle pas d’avouer ouvertement qu’elle espérait le saouler afin de lui tirer des informations ? Il ne doutait pas, en revanche, qu’elle avait en sa possession des anecdotes croustillantes dont il n’était pas sûr de raffoler. Il n’aimait pas catégoriser ainsi, mais ces commérages étaient une affaire de femmes. Lui n’en avait cure. Néanmoins, il préféra se monter poli et puis, il comprenait qu’elle veuille le remercier.

- Il y a une petite auberge, elle sert de relais aux quelques voyageurs, confirma-t-il. J’accepte votre offre, mais un verre me suffira.

Il ne comptait pas lui annoncer qu’il ne tenait pas l’alcool. Et puis, de toute façon, Menebres avait beau être un terrain gardé par les hommes, il n’en restait pas moins dangereux. Hors de question qu’il baisse ainsi sa garde.

Il rit encore, levant les yeux au ciel face à sa dernière remarque.

- Bien sûr, vous pouviez vous sauver toute seule…

Alaric prit le risque de se retourner afin de ponctuer sa phrase d’un sourire espiègle comme lui seul en avait le secret. Puis, reprenant un air plus sérieux, il ajouta :

- À ce rythme, on devrait atteindre Menebres début d’après-midi. Si vous avez faim, il y a de la viande séchée dans les fontes de Bravoce.

Ses bottes émettaient un bruit spongieux à chacun de ses pas, la faute à la neige fondante et à la terre humide naturellement des marais. En général, il s’occupait de nettoyer les sabots de sa monture à chacune de ses traversées, mais cette fois, il aurait besoin de décrotter à fond ses chaussures. Une branche craqua à son dernier pas. Il se figea, crut qu’il avait brisé une brindille, mais il n’y avait que son empreinte sous son pied. En silence, sans mouvement brusque, Alaric attrapa son arc passé autour de son corps, puis une flèche hors de son carquois, accroché à sa cuisse. D’un regard, il intima à Irène de ne faire aucun bruit. Ce n’était peut-être qu’un animal, qui sait, le cheval de la noble ? Ou bien tout autre chose. Quelque chose de moins charmant.
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