Une visite au temple Rosen et Desmond (terminé)

7 décembre 1166 :

Je suis en pleine forme, une semaine passée à me reposer m’a permis de complètement récupérer aussi bien de la fatigue du voyage que de ma blessure au coude, et même si j’ai gagné une nouvelle cicatrice, tant que ce n’est pas sur le visage, ce n’est pas bien grave. C’est alors que je me demandais quoi faire de ma journée que je me rends compte que j’ai complètement oublier de prendre des nouvelles de la femme d’Hector !

Je dois pourtant continuer à la surveiller et je risque d’avoir des réflexions désagréables de Victor si je lui indique que j’ai négligé la mission qu’il m’a donnée. Pourtant il me faut une bonne excuse pour y aller et je me souviens des petites manies de la jeune noble et je file dans les réserves du manoir, prendre des bougies et des couvertures, je suis sûr que le maître des lieux ne m’en voudra pas, il s’agit d’un investissement pour gagner la confiance de ma cible.

Je revêts ensuite une tenue de ville, entièrement noire mais avec des filigranes d’argent, à la fois discret et classe ce qui m’identifie immédiatement comme chevalier. Je ceins mon épée et avec l’aide de mon fidèle suivant, Milas, un gamin d’une douzaine d’années, j’enfile mes bottes. Ainsi équipé et toujours accompagné par mon serviteur qui porte les biens que j’ai choisis, je prends la route en direction du Temple.

L’ancien bâtiment m’impressionne toujours par sa hauteur, et sa toiture est remarquable, noire avec des touches aux couleurs de la Trinité. C’est donc avec un certain respect que je monte l’escalier en marbre, passant à l’intérieur puisque les immenses portes sont ouvertes. Arrivé à la moitié l’édifice, je distingue bien les statue gigantesque d’Anür, Serus et ma divinité préférée Rikni, ainsi que les offrandes, forcément moins nombreuses qu’avant l’arrivée de la Fange.

Comme à mon habitude je dépose aux pieds de la Trinité un bijou que j’ai acheté spécialement pour l’occasion, voulant ainsi me faire pardonner mes quelques infractions aux commandements, comme les meurtres, les massacres, les pillages et autres petites entorses aux enseignements, choses incontournables dans ma profession.

Une fois cette formalité accomplis, je demande à un prêtre :

Bien le bonjour, mon père, pouvez-vous m’indiquer où se trouve dame Rosen de Sombrebois.

L’homme, un homme d’une quarantaine d’année mince comme un clou et raide comme la justice, me regarde d’un air inquisiteur, mais sans doute rassuré par ma tenue, il m’indique :

Cette dame se trouve au sous-sol, suivez-moi.

Nous arrivons ainsi aux termes et c’est une porte menant à une salle privé que nous nous arrêtons. Le prêtre m’indique alors :

Attendez-moi ici, je vais la prévenir de votre présence.

Au bout de quelques longues minutes, il nous fait enfin entrer et même si j’ai du mal à voir à cause à cause du manque de lumière, je distingue une silhouette, à qui je fais une révérence, incitant Milas à faire de même, avant de lui demander en souriant, espérant qu'il s'agit de la bonne personne :

Bien le bonjour, dame Rosen, comment allez-vous ?

Une visite au temple

Rosen feat Desmond

Le septième jour, je crois, si je compte bien. J’ai hâte de pouvoir sortir du temple, même si je risque de ne plus vraiment pouvoir quitter le lit tant que je n’ai pas accouché. Au moins, quand je pourrai rentrer à Sombrebois, je serai près de Hector…

On s’occupe bien de moi ici et je n’ai pas à me plaindre, mais je m’ennuie de mon époux. Je lui ai fait envoyer une lettre que j’ai rédigé avec l’aide d’Edwige il y a quelques jours et il me tarde d’avoir une réponse… Je crois que c’est ce qui m’aide à tenir.

Je commence à aller mieux, doucement, et je crois que j’ai repris un peu de poids même. Je vomis moins même si cela m’arrive toujours de temps à autre, mais cela n’est plus systématique.

Les nausées sont bien moins intenses et moins régulières, et maintenant on m’aide à m’alimenter plus en douceur, plus lentement, afin de ne pas surcharger mon estomac affaibli.

Il va falloir du temps avant que je ne puisse remanger comme avant, mais nous n’en sommes pas là. Pour l’instant, je dois m’accrocher et reprendre des forces, c’est la priorité. Même si les bouillons, potages, breuvages et autres liquides me sortent par les yeux…

Je dois me faire à ce nouveau régime ! Voilà donc où j’en suis, je commence à arriver à garder ce que j’ingurgite même si je reste encore très faible. A priori, si ça se stabilise, je pourrai même un peu quitter le lit dans quelques jours ! Bon bien sûr, j’essaie de me lever un peu tous les jours pour faire quelques pas histoire de ne pas perdre l’usage de mes jambes, mais ça reste assez peu.

Je dois impérativement garder le lit étant donné les antécédents de ma grossesse. Je pourrais perdre le bébé si je fais le moindre effort, c’est pourquoi je dois faire seulement quelques pas par jour dans la pièce maximum. De toute façon, je n’aurais pas la force de faire plus que ça pour l’heure.

Pourtant, arriver à trouver un breuvage efficace, ça aura mis du temps. Bien trois ou quatre jours. Il a fallu de nombreux essais, et ça n’a pas été évident d’arriver à voir ce qui faisait effet. Mais maintenant, je crois pouvoir dire que ça commence réellement à aller mieux.

Ce septième jour donc, j’entends taper à la porte et un prêtre entre me voir. Il m’explique que j’ai de la visite. Encore ? Décidément… ça ne s’arrête pas ! Puis au lieu de se retirer, il en profite pour me poser quelques questions pour savoir comment je me sens et faire un rapide bilan du suivi de ma grossesse.

Il semble satisfait de l’évolution, ce qui est encourageant, puis il s’en va pour laisser place à mon visiteur. A sa haute stature caractéristique, je reconnais bien vite Desmond avant même d’entendre le son de sa voix ou de ne voir distinctement son visage.

« Bien le bonjour, dame Rosen, comment allez-vous ? » me demande-t-il après m’avoir fait une révérence.

A ses côtés, je peux voir un jeune homme qui m’est inconnu faire de même.

« Desmond… voyons, appelez moi juste Rosen. Sinon je vais bien, je crois. Je survie… On s’occupe bien de moi et je commence à aller un peu mieux. Et vous ? »

Je demande dans la foulée intriguée par son accompagnateur que j’imagine être son page :

« Et qui est donc ce charmant jeune homme qui vous accompagne ? »

Ou peut-être déjà son écuyer ? J’ai du mal à bien jauger de son âge dans l’obscurité, mais il me semble qu’il est dans la tranche limite entre les deux. En tout cas, je me demande bien pourquoi le chevalier est venu avec lui au lieu de venir seul.

Lorsque Rosen m’indique qu’elle a meilleure mine, je la crois volontiers, elle a même pris un peu de poids ! Cet endroit est vraiment magique, car j’ai craint à certains moments pour sa vie, tellement elle était devenu maigre, et je lui dis :

Je vois en effet avec plaisir que vous allez bien mieux qu’il y a quelques jours. Pour ma part, ma blessure au coude est complètement guérie et je suis en pleine forme, je dois même vous avouer qu’après vous avez ramené au Temple, j’ai dormi deux jours entiers tellement j’étais fatigué.

Je n’exagère pas, entre les tours de gardes, les problèmes digestifs de la femme d’Hector, j’étais vraiment au bord de l’épuisement et pourtant je suis habitué à ne pas dormir de la nuit, c’est dire si ce voyage a été éprouvant. Lorsqu’elle me demande le nom de celui qui m’accompagne, je lui dis volontiers :

Il s’agit de Milas, mon suivant depuis quelques mois, je ne l’ai pas amené jusqu’à Sombrebois car la route est trop dangereuse pour lui, mais il commence à être futé et montre un certain talent pour le combat, alors s’il continue à faire des efforts, je vais peut-être reconsidérer ma position.

Je vois le garçon sourire de toutes ses dents, mais il ne dit rien, conformément à ce que je lui ai appris, ne prendre la parole que si on lui pose directement une question. Je suis assez fier de lui, en peu de temps il est passé de l’enfant turbulent et bagarreur à une personne bien plus posé et qui sait se tenir dans le grand monde, je lui indique d’ailleurs :

Maintenant va apporter les présents que nous avons préparés.

Il marche donc quelque pas et pose le sac qu’il portait, au sol, afin d’en sortir deux très bonnes couvertures et une dizaine de bougies parfumées. Une fois ceci fait, je peux expliquer mes cadeaux à la jeune noble :

L’hiver va être rude, et je sais que vous avez souvent froid. Pour les bougies, comme vous avez besoin d'en allumé une pour être apaisé pendant la nuit, j’en ai pris aux saveurs des bois, pour vous rappeler un peu le fief de votre mari.

J’espère que cela lui fera plaisir, d’habitude c’est plus simple, j’amène une bonne bouteille d’alcool, de la nourriture et ça passe à peu près partout, mais vu l’estomac de mon interlocutrice, ce serait un gâchis pur et simple, j’ai donc changé de stratégie. J’en profite pour lui demander :

Quel est le traitement miracle que l’on vous a donné pour que vous alliez mieux si rapidement ? Ou bien c’est la grâce des Trois qui est descendu vers vous ?

Cette dernière option est possible, car des personnes ont été guéris de leurs maladies, parfois de leurs infirmités rien qu’en dormant au Temple, je suis donc curieux de sa réponse. Si c’est le cas, c’est que Rosen est une très bonne personne, car il faut être sans tâche et très croyant pour avoir l’attention des Dieux.

Une visite au temple

Rosen feat Desmond

Le chevalier m’informe être content de mon rétablissement progressif et m’avoue avoir pas mal dormi pour récupérer après être venu me déposer au temple. J’imagine que le voyage a été éprouvant, surtout les nuits en ma compagnie. Il répond ensuite à ma question pour m’expliquer qu’il s’agit de Milas, son suivant, et il a l’air d'en être assez satisfait.

J’ai alors la surprise d’entendre Desmond demander à Milas d’apporter les cadeaux. Quels cadeaux ? Pour moi ? Oh ben ça alors ! Le jeune garçon déballe alors deux couvertures et quelques bougies, et le chevalier de m’expliquer que l’hiver sera froid et que comme j’ai besoin d’allumer une bougie la nuit pour être sereine, il m’en a pris des parfumées à la ‘saveur’ des bois pour que ça me rappelle Sombrebois. Quoi, ça se voit tant que ça que j’ai du mal à dormir sans lumière ? Ah… Bon, c’est bien gentil tout ça sinon !

« C’est vrai que j’aime bien voir mon environnement la nuit… Mais elles doivent avoir bon goût alors vu la saveur… je le taquine ensuite. Je plaisante, je suis sûre que cette senteur doit être agréable, j’en allumerai une ce soir. Encore que, de vous à moi, pour Sombrebois… la puanteur des marais environnant ne me manque pas. »

Je rigole doucement avant de répondre plus sérieusement :

« C’est gentil comme attention en tout cas, il ne fallait pas vous donner ce mal… »

Il me demande quel est le traitement miracle qui a fait que je me sens mieux. Je ne sais pas si c’est un traitement miracle – je ne suis pas en pleine forme non plus – mais au moins oui, je vais mieux et je ne suis plus décharnée.

« Oh eh bien je ne sais pas… on me donne pas mal de remèdes. Et afin de m’aider à garder ce que j’ingère, on me fait avaler de toutes petites quantités à intervalles régulier. On évite de me gaver comme une oie, si vous voyez ce que je veux dire... »

Je le regarde en souriant. Ce n’est pas vraiment une pique, je ne lui en veux pas d’avoir voulu m’aider à m’alimenter même s’il s’y est pris comme un rustre bourrin. Après tout, il a toujours été aux petits soins pour moi alors que je lui en ai fait baver.

Alors je crois que je n’ai pas à me plaindre. En tout cas, j’évite de lui répondre que les Dieux ne m’ont visiblement pas à la bonne… Sérus semble déterminer à m’en faire voir de toutes les couleurs, non ? M’enfin, s’il peut penser le contraire, c’est toujours mieux.

Je me recouvre des couvertures. Il est vrai que j’ai facilement froid en ce moment et ça ne sera sûrement pas de trop. Ça évitera que j’embête Edwige à lui demander de me faire des bouillottes car la vieille couverture que j’ai actuellement ne me tient pas toujours chaud.

« Ce sont de belles couvertures… vous avez trouvé où tout ça ? »

Étrangement, je vois mal Desmond aller dépenser une fortune pour m’offrir ça. Qui sait ?

Rosen semble être de bonne humeur, c’est même le jour et la nuit, avec son comportement de la semaine dernière où elle pensait qu’elle allait mourir. Alors certes, je ne la vois pas courir un cent mètre, départ arrêté, mais elle fait des blagues, et je pourrais même dire qu’elle semble heureuse, ce qui est sans doute la première fois que je la vois comme ça.

Elle est même gentille avec moi, me complimentant pour mes cadeaux, comme quoi le médicament qu’elle prend actuellement, elle devrait l’avaler tous les matins, cela ne peut lui faire que du bien. Et elle ne semble pas m’en vouloir pour l’avoir forcé à manger, ce qui me rassure, ayant été particulièrement « insistant », lors de ce moment qui a été très pénible pour elle.

Quand elle me demande où j’ai trouvé les couvertures, je m’apprêtais à lui dire que je les avais acheté à prix d’or chez un des marchands très réputé de la capitale, pour me faire bien voir d’elle et qu’elle en parle au maitre de Somberbois, gagnant ainsi, très facilement, sa reconnaissance mais mon page intervient avant moi pour lui dire :

On les a pris au Manoir, c’est moi-même qui les ai choisis et…

Je fais taire Milas en lui posant la main sur l’épaule et en la serrant un peu, ce qui stop immédiatement son flot de parole, je peux ainsi compléter :

Je les avais commandés spécialement pour moi, mais je vous en offre quelques-unes, comme vous pouvez le voir, elles sont très grandes, vous avez de quoi bien vous emmitouflez dedans.

C’est vrai que c’est un avantage d’être petite, et maintenant que j’ai répondu à sa question, je m’assois sur un des bancs en pierre, appréciant la sérénité des lieux, on peut vraiment sentir la présence des Trois à l’intérieur de ses murs. C’est donc en souriant légèrement que je lui demande :

Je suppose que vous devez être impatiente de retourner auprès de votre mari, mais avez-vous prévu de voir du monde pendant votre séjour à Marbrume ?

C’est justement le genre d’information qui pourra intéresser mon allié, elle a peut-être des amis ici, ou des connaissances peu recommandables, à moins qu’il ne s’agisse d’un amant, tout est possible et il faut que je reste vigilant. Toutefois, je ne dois pas lui faire croire qu’il s’agit d’un interrogatoire et je continu de manière innocente :

Avez-vous besoin de quelque chose ?

Le jeune homme qui m’accompagne trouve malin de rajouter :

Il nous reste plein de couverture !

J’hésite à lui appuyer sur l’épaule pour lui intimer l’ordre de se taire, mais je pense qu’une roturière ne va comprendre que l’on doit corriger son serviteur quand il parte à tort et à travers, et je préfère laisser faire, je lui mettrais les points sur i dès le retour à notre quartier général. Je finis ensuite par une dernière question :

Les prêtres vous on prescrit combien de jour de repos ?

Je ne sais pas si elle voudra que je l’escorte sur le chemin du retour ou si elle a prévu d’autre disposition, toutefois, je ne lui demande pas, ne voulant qu’elle pense des choses fausses à mon sujet.

Une visite au temple

Rosen feat Desmond

Alors que j’ai demandé à Desmond où il a été pêché ces couvertures, c’est Milas qui me répond qu’il les a choisies lui même et… et ? Je ne saurais probablement jamais la suite, car Desmond l’interrompt pour terminer la phrase : Qu’il les avait commandées pour lui mais qu’il m’en offre quelques unes.

Je le regarde un instant dubitative, tête penchée sur le côté. Je me demande bien ce qu’il essaie de faire, et j’ai bien l’impression qu’il essaie de me servir des salades.

Mais peut-être suis-je trop méfiante ? Avouez qu’il est étrange qu’il coupe ainsi son page… mais peut-être n’a-t-il tout simplement pas envie que ce dernier s’immisce dans la conversation. Allez savoir !

Desmond s’assied ensuite et me demande en souriant modérément si j’ai prévu de voir des gens, même s’il se doute que j’ai hâte de retrouver mon époux.

« J’ai envoyé une lettre à Hector il y a quelques jours… elle lui est bien parvenue et j'ai déjà eu une réponse. Mais qui voulez-vous donc que j’aille voir ? Je ne peux pas quitter le lit et ce n’est pas comme si j’avais beaucoup d’amis. Ceci dit, j’ai eu quelques visites inattendues. »

Et lorsqu’il me demande si j’ai besoin de quelque chose, son page prend alors la parole pour me dire qu’ils leur reste encore plein de couvertures ! J’éclate de rire devant cette remarque ô combien enfantine et amusante. Mais c’est mignon !

« C’est bien aimable mon garçon, mais j’ai bien assez de couvertures à présent », lui réponds-je.

Mais profitant de cette opportunité, je pousse le vice jusqu’à lui demander gentiment :

« Et les bougies, les avez-vous aussi choisies au manoir avec les couvertures ? »

J’aimerais bien savoir si le chevalier va le couper pour lui dire qu’ils les a commandé comme les couvertures pour son usage personnel ! Pas de chance pour lui s’il essaie de me mener en bateau, il apprendra que lorsque l’on veut servir du bobard, il vaut mieux éviter d’avoir un gosselin informé à ses côtés. Mais Desmond n’est pas des plus réfléchis, voilà pourquoi je n’ai pas à me méfier de perfides coups bas de sa part.

Puis ce dernier me demande combien de jours je dois rester au temple.

« Je n’en ai aucune idée, jusqu’à ce que mon état s’améliore, j’imagine. Le plus tôt sera le mieux... »

Dernière édition par Rosen de Sombrebois le Ven 18 Déc 2020 - 15:20, édité 1 fois

Malgré la distance, les deux tourtereaux continuent à communiquer, si j’avais un petit côté fleur bleue, je serais sans doute ému, mais grâce aux Trois, je n’ai pas un tel défaut, et je me contente juste d’enregistrer l’information, plaignant au passage le pauvre coursier qui va risquer sa vie pour transmettre cette missive. Je ne savais pas que Rosen savait se débrouiller suffisamment pour écrire, à moins qu’elle l’ait dictée à un membre du Temple.

Concernant ces éventuelles visites, elle ne compte pas en avoir, mais elle en a reçu et je lui demande :

Vous ne comptez pas vous déplacez voir le comte de Rougelac ?

Je ne sais pas si c’était prévu, mais il me semble normal pour une femme de la haute société d’aller voir l’allié de son mari, surtout après tout ce qu’il s’est passé comme friction. Pour les bougies, je laisse mon page répondre avec une belle assurance :

C’est sire Desmond qui les as choisis spécialement pour vous, on les a pris dans les réserves et il les a tous humés pour choisir les plus odorantes !

Je me sens stupide quand il indique cet épisode gênant et je lui dis avec sévérité :

Cela suffit maintenant, la Dame de Sombrebois n’a pas besoin de connaitre tous les détails, je t’ai déjà dit d’être concis dans les informations que tu donnes.

Milas, regarde le sol, pas très content d’avoir été grondé, et il se mord les lèvres pour ne pas répondre, ce qui me convient tout à fait. Je peux enchainer sur une nouvelle question :

Est-ce vous comptez accoucher ici ou repartir à Sombrebois ?

Pour moi, le plus sécuritaire serait qu’Hector la rejoigne à la capitale, le voyage est long et éprouvant, sans oublier que c’est dangereux de se déplacer de nos jours avec tous ses Fangeux, bannis et autres hors-la-loi. C’est vraiment la solution la plus sage, mais je commence à connaître mon interlocutrice et elle va prendre la voie la plus compliqué, c’est sûr. Je la vois très bien aller à pied jusqu’à Sombrebois, sans provision, ni arme, seule, enceinte jusqu’aux yeux et un soir de tempête, et l’entendre ensuite se plaindre qu’elle a eu des problèmes et qu’elle veut mourir.

Bien sûr je suis méchant, mais honnêtement, je dois avouer que cette roturière devenue baronne, comme la misère s’abat sur le pauvre monde, me fais de la peine. J’ai vraiment l’impression qu’elle n’avait aucune idée de ce que cela allait impliquer, alors que le baron aurait dû longuement lui expliquer, c’est surement cela que l’on appelle « l’amour fou », à moins que cela soit juste de l’inconscience, difficile à dire.

Toujours est-il qu’elle se retrouve ici, et je ne peux m’empêcher de lui préciser :

Si des personnes sont venues vous voir, il est bienséant de leur rendre la politesse, c’est la moindre des choses.

Je vois Milas acquiescer de la tête et me demander :

Vous avez raison, messire, je pourrai accompagner la jolie dame ?

Une visite au temple

Rosen feat Desmond

Alors que je ris et que j’ai posé ma question à son page, le chevalier me demande si je compte aller voir Victor. Quelle drôle de question ! Ne sait-il donc pas que ce dernier m’a fermé les portes de son manoir ?

« Vous savez très bien que je ne peux pas y aller… je lui réponds alors, cessant de rire. Il m’a fermé les portes de son manoir afin de préserver sa réputation. Hector n'est pas au courant. C’est mieux comme ça... »

Je soupire un instant. Rire à grands éclats laisse toujours ce désagréable flottement. Une brusque retombée… surtout lorsque cela se termine sur une contrariété.

« Mais il peut toujours venir me visiter s’il en a l’envie. »

Profitant du silence revenu, Milas explique alors que c’est Desmond qui a pris le soin tout particulier de sentir toutes les bougies pour chercher les plus parfumées…

Desmond plus que gêné demande au garçon de se taire et j’éclate à nouveau de rire, imaginant le colosse sentir tout un tas de bougies pour les sélectionner. Ce duo est épique…

Desmond ne devrait jamais se séparer de ce garçon. Bon, je suis méchante… après tout c’est gentil et attentionné de sa part et je mets ma main devant la bouche pour retenir la fin de mon rire.

« Je ne devrais pas rire… c’est… très attentionné de votre part ! »

Et je glousse encore un peu, de façon plus retenue cette fois.

« Mais nom d’un chien, je vous ai demandé de m’appeler Rosen ! »

Ah, sacré Desmond ! S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer.

Lorsqu’il me demande ensuite si je compte accoucher au temple ou à Sombrebois, je lui réponds sans vraiment réfléchir :

« Ma place est auprès de mon époux. Alors si on me laisse le choix, je veux retourner auprès de lui au plus vite. »

Je sais bien qu’un accouchement est naturellement quelque chose de dangereux et qu’il y a de grandes chances d’y rester, qu’une naissance sur deux est problématique au moins, et que je suis hautement à risques vu mes complications de grossesse. Mais si on me laisse le choix, je veux être avec Hector, quitte à prendre plus de risques encore.

Quoi que, ce dernier point est relatif ; j’aurais plus de chances de survivre à Sombrebois avec la prêtresse qui pourrait m’ouvrir le ventre sans état d’âme plutôt qu’ici où on me laisserait crever la bouche ouverte avant de sauver mon enfant. Mais j’évite de parler de ce détail au chevalier…

Il me demande ensuite si je compte aller rendre visite à mes visiteurs. Des fois, je me demande vraiment s’il le fait exprès. Et son page de surenchérir en disant qu’il aimerait bien m’accompagner !

« Non, le détrompé-je tout de go, vous perdriez beaucoup à me côtoyer mon jeune ami... croyez-moi. »

Puis je regarde Desmond :

« Je n’ai pas été invitée… qui voudrait bien avoir à faire à moi, sinon mon époux et vous ? Vous n’avez pas l’air de comprendre que l’on me méprise dans tout le royaume. Les visites se sont faites en toute discrétion. »

Je tique un peu quand Rosen m’apprend qu’elle n’est pas la bienvenue au Manoir Rougelac, je ne sais plus si Victor m’en a parlé ou non. Cette affaire me dit vaguement quelque chose, maintenant qu’on en parle mais j’ai vraiment une mauvaise mémoire et ça reste flou, je pense que je devrais faire plus attention à ce que l’on me dit. Pour sa proposition de faire venir mon allié ici, je lui dis prudemment :

Je vais lui en parler, s’il est d’accord, je vous le ferai savoir par Milas.

Le reste de la conversation se passe beaucoup mieux, grâce à la bonne humeur de la baronne qui prends un malin plaisir à me taquiner. Le seul point qui me gêne est cette manie de vouloir retourner à Sombrebois, comme je le pensais. J’essaye donc de la dissuader, en faisant appel à sa raison, ce qui n’est pas gagné, vu l’intelligence de mon interlocutrice :

Je pense qu’il vaudrait mieux rester ici et faire venir votre mari, le trajet sera beaucoup plus facile pour lui que pour vous et en plus les conditions sanitaires sont bien meilleures ici qu’au milieu des marécages.

Je suis sûr que la jeune femme doit se demander pourquoi sa santé me tient tant à cœur, mais ma mère n’ayant pas survécu à ma naissance, je sais ce que cela induit de grandir sans ses deux parents et je ne le souhaite à aucun enfant. C’est sans doute ce qui fais que je suis autant gentil avec elle, bien sûr, ma mission est de la surveiller, mais cela n’explique pas tout, j’ai l’impression que si son accouchement se passe bien, j’aurais d’une certaine façon rendu fière ma propre mère, qui ne sera pas morte pour rien.

Je sais que mon raisonnement est un peu tiré par les cheveux, mais c’est ce que je ressens et maintenant que je suis dans le Temple, je m’en rends complètement compte. Lorsqu’elle évoque le sujet sur l’affection des gens à son égard, je peux lui répondre en souriant :

Ne vous en faite pas, les gens à Sombrebois vous apprécie et puis la plupart des habitants de Marbrume n’ont jamais entendu parler de vous, alors ils vous restent de la marge avant de vous faire détester partout.

Je souris en prononçant ces derniers mots, essayant de faire un trait d’humour avant d’enchainer :

En plus, si des gens ont pris le risque de vous rencontrer malgré votre mauvaise réputation, c’est qu’ils vous apprécient.

Je me demande bien qui a pu vouloir la rencontrer, est-ce des ennemis de Victor essayant de l'affaiblir politiquement en faisant capoter l’accord avec Hector ? À moins que ce soit des marchands désireux de faire affaire avec le bourg pour acheter du bois ? Si cette dernière hypothèse est exacte, ce serait une excellente nouvelle, la preuve que les relations se normalise entre le baron et le reste de la communauté. J’aimerais bien lui demander l’identité de ses mystérieux visiteurs pour confirmer mes suppositions, mais je ne peux pas lui poser la question directement.

Une visite au temple

Rosen feat Desmond

Je regarde le jeune Milas qui aborde toujours son air boudeur et il me fait sourire. N’ai-je pas pris le même air renfrogné il y a deux lunes, lorsque Hector m’avait intimé l’ordre ‘restez à votre place, femme !’ ? Il y a des chances, oui. Je m’étais tournée de mon côté du lit en soufflant, sans rien rajouter de plus. Pas facile de devoir rester sagement ‘à sa place’ hein ? Mais la vie est ainsi faite et le page ou l’écuyer doit rester sous l’autorité du chevalier et la femme sous celle de son époux. revenons maintenant à nos moutons... et au chevalier qui, décidément, n’a pas fini de me surprendre.

« Vous n’êtes pas obligé de lui proposer de passer me voir, ai-je répondu comme il semblait vouloir que Victor vienne me voir. Qu’il le fasse s’il en a l’envie, c’est tout. Mais cela me paraît peu probable puisqu’il cherche à préserver sa réputation et que, j’imagine, s’il a quelque chose à me faire savoir, il enverra un intermédiaire. »

Il va de soit que ce scélérat n’en a cure de ma santé. A la rigueur, il pourrait même espérer ma mort qui pourrait aider ses intérêts. Le chevalier me dit ensuite que Hector pourrait venir ici, évidemment, il ne sait pas évidemment pour le bannissement. Je fais non de la tête.

« Hector ne peut pas venir me voir. »

Je me demande d’ailleurs comment il a fait pour survivre… je vois mal un fangeux lâcher sa prise une fois qu’il a croqué dedans… Il devait sans doute être bien entouré, et sans doute que quelques personnes ont tué le fangeux en question. Il faudra que je lui demande de me raconter cette histoire… c’est terriblement excitant !

« S’il avait pu venir à mon chevet, vous pensez bien que c’est lui qui m’aurait conduit ici et non vous. »

Je me sens vide à chaque fois que je repense à lui, j’ai comme un pincement dans la poitrine. J’ai hâte qu’il m’envoie sa lettre…

« Je ne veux pas le priver de ce moment, et si je dois mourir, je veux être à ses côtés quand sera venu le moment. Je ne veux pas mourir loin de lui… »

Puis il me dit que la plupart des gens n’ont jamais entendu parler de moi. Celle là c’est la meilleur ! Je dois être le sujet le plus abordé dans tout le royaume ces dernières lunaisons… et il arrive à dire que si des gens sont venus me voir, c’est qu’ils m’apprécient !

Comme si des inconnus comme la comtesse de Valis pouvaient m’apprécier ! C‘était plutôt une occasion pour assouvir leur curiosité à mon égard, comme l’on voudrait aller voir un fangeux échoué dans un fossé et lui jeter des cailloux pour s’amuser. Bon, j’exagère, mais vous voyez l’idée…

« Peu de gens m’apprécient Desmond. Quant à ne pas être connue de la plupart des gens… comment pouvez-vous dire une chose pareille ? »

Les choses semblent tellement faciles avec lui…

Dernière édition par Rosen de Sombrebois le Dim 13 Déc 2020 - 21:00, édité 1 fois

J’écoute ce que me dis Rosen sur la réputation de Victor, et je souris intérieurement, car si mon allié pense que c’est important de venir ici, rien ni personne ne pourra l’en empêcher. Mais mon attention est ensuite portée sur la révélation de l’année ! Je tombe littéralement des nues, heureusement que je suis assis, sinon je serais tombé à cause de la surprise, comme une femme voyant ma branche pour la première fois.

J’écoute le reste de la conversation de la jeune femme dans une espèce de brouillard, ne comprenant qu’un mot sur deux. Pourquoi donc Hector ne peux pas venir à Marbrume ? A-t-il été bannis ? Et si oui pourquoi ? A-t-il commis un crime ou pire été mordu ?

Je frémis à l’idée que j’ai peut-être côtoyé un homme qui pouvait d’un seul coup se transformer en goule et tuer tout le monde dans le village. J’ai parlé avec lui, et s’il m’avait contaminé ? J’essaye de me souvenir si un jour nous avons été blessés en même temps, mais heureusement ce n’est pas le cas. Quant à Rosen, c’est sûr, elle pourrais être contaminée elle aussi ! Il ne peut en être autrement, car elle a couché avec cet homme, enfin ce futur fangeux !

Je ne peux pas rester là, qui sait ce qui peut m’arriver ? Et dire que j’ai ramené ce pauvre Milas ! Grâce aux Trois il ne l’a pas touché et je décide de partir le plus rapidement possible, j’indique donc à la baronne :

J’ignorais complètement que votre mai ne pouvait pas venir, je vais prendre congé.

Puis, je m’adresse à mon suivant, d’un ton qui ne souffre aucune discussion :

Nous partons, maintenant.

Le jeune homme me regarde, étonné par mon attitude, il n’a pas dû comprendre mon inquiétude et je fais une rapide révérence, avant de quitter le temple. C’est la première fois que je trouve les lieux aussi étouffants et je cours presque, pour mettre le plus possible de distance entre moi et Rosen.

Je rentre directement au manoir, pressé d’entendre l’avis de Victor sur ce sujet, car il ne pouvait pas ignorer qu'Hector ne peut plus rentrer dans la capitale. C’est là une donnée potentiellement explosive, car je doute que les habitants de Sombrebois sachent que leur fameux dirigeant a peut-être été bannis, même si j'en ignore la raison.

C’est donc l’esprit en ébullition que j’entre au manoir, cherchant partout mon allié pour lui raconter ce que je viens d’apprendre, suivi par le pauvre Milas qui doit se demander quelle mouche a bien pu me piquer. J'espère que Victor pourra me rassurer sur ce point, conscient que je surréagis mais les Fangeux me terrifie et je n'arrive pas à penser rationnellement dès que j'en entends parler.

Une visite au temple

Rosen feat Desmond

Étrangement, Desmond décide de s’enfuir sur le champ alors que je lui ai dit que Hector ne pouvait pas venir me voir. Il se retire donc sans ne plus répondre à ce que je lui ai dit, faisant une piètre révérence. Même le garçonnet ne comprend pas et je me demande bien quel mouche l’a piqué.

Non, Hector a ses affaires, ses soucis, ses priorités alors pourquoi voudrait-il venir me voir ? Bien sûr, il pourrait certainement s’il le voulait réellement, mais je suis sûre qu’il ne fera rien pour essayer d’avoir cette permission exceptionnelle. Après tout, avec un prêtre qui le suivrait de son arrivée à son départ, il pourrait bien venir me voir un jour. Mais il ne voudrait pas s’abaisser à ça.

Je lui l’aurais bien demandé, comme je lui aurais bien demandé de m’accompagner à Marbrume, mais ces choses là, je voudrais qu’elles viennent de lui et que je n’ai pas à les quémander. À quoi bon sinon ? Quel serait l’intérêt qu’il se sente forcé ou obligé ?

Si je ne peux pas voir ses yeux briller lorsqu’il me regarde et son sourire illuminer son visage, s’il ne s’agit pour lui que d’une contrainte, ça n’est pas la peine. Je crois que je devrais me faire une raison et qu’il faudra que l’on ait une sérieuse discussion à mon retour, même si je crains qu’il ne cherche à l’esquiver. Je commence à connaître mon époux maintenant…

Il a horreur des discussions. Mais je dois bien savoir… Je ne peux pas continuer à avancer dans cette voie si elle se révèle stérile. Je dois construire mon avenir, me reconstruire sur des bases solides, que ce soit avec ou sans lui. Même si évidemment, je voudrais que ce soit avec lui…

Pourtant à ce jour, j’ignore réellement ce qu’il ressent pour moi, de quelle manière il me considère et s’il regrette de m’avoir épousée. A vrai dire, j’ignore bien ce qu’est réellement l’amour, je crois ! C’est encore bien trop nouveau, bien trop mystérieux avec une multitude de nuance.

Mais si j’arrive à avoir la certitude qu’il regrette, qu’il ne veut réellement plus de moi, je trouverai bien le moyen de le libérer du carcan que je représente. Et je reste pensive un moment, mes habituelles nausées me ceignant l’estomac. Je ferme mes yeux pour me reposer et essayer de dormir un peu. Chaque jour est un nouveau combat que je dois gagner…