Le Passe-Muraille [Desmond]

Le Passe-Muraille

08 août 1166
Le Labourg

Il n'était pas rare pour Enguerrand de parcourir les rues du Labourg pour aller à la rencontre des fidèles qui peinaient à se rendre au Temple. C'était notamment le cas pour les malades ou les blessés. En ce qui concernait les anciens et les handicapés, la sélection naturelle faisait son office pour le malheur des proches et le bienfait du peuple. La vie n'était pas juste parce que l'on faisait ce qu'on estimait être bien. Elle était, voilà tout. Et leur quotidien la rappelait à leur bon souvenir.

C'était aussi là où officiaient ses butineuses. Réparties aux quatre coins du quartier, cette tournée régulière lui permettait de rester proche de son réseau clandestin. Parmi les homme pieux, quelques-uns les consultaient pour oublier leurs conditions. Alors Enguerrand passait religieusement les voir pour vérifier s'ils étaient à la hauteur de leurs engagements financiers ou nourriciers...

A la sortie d'une masure, l'une d'elle l'attendait comme d'habitude. Mais alors qu'il glissa sa main droite dans sa poche - pour lui signifier que c'était un client sûr - elle détourna son regard, visiblement nerveuse pour qui savait l'analyser. Lorsqu'elle s'éloigna, il la suivit de loin, respectant scrupuleusement les codes qu'ils avaient mis en place. Il jeta un œil entre les toits rapprochés pour observer le soleil bas et la pénombre gagner l'endroit.

La densité humaine se réduisait drastiquement. Certains, même, remontaient la rue d'un pas pressé. Pourtant, sa partisane ne s'arrêtait pas. Pas un regard en arrière, telles que les consignes le recommandaient. Elle savait qu'il était là, visible ou non. Alors pendant qu'ils marchaient, il profita de leur passage dans une ruelle étroite pour défaire une large bande de tissu qui enroulait son torse sous son long manteau bleu-gris. Puis il l'utilisa pour former un chèche. Une fente laissait apparaitre uniquement ses yeux ; il était trop important que son identité soit conservée pour anticiper ses interrogations.

Tête ou bide ?

L’homme me regarde d’un air apeuré et me supplie :

Je vous en prie, ne …

Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase et je lui mets une vigoureuse claque en plein visage avant de lui redemander :

Alors, tête ou bide ?

Cette fois-ci l’homme comprend et me dit d’une toute petite voix :

Bide.

Cette fois, je prends mon temps et je lui mets un vigoureux coup de poing juste sous les côtes, lui coupant le souffle et il s’effondre sur le pavé de la petite impasse où j’ai amené ma victime. Je lui indique d’une voix compatissante :

Ça a dû faire mal, et encore tu as de la chance, je n’ai pas mon gantelet, sinon, tu serais déjà mort.

C’est vrai que je ne porte pas mon armure de plaque, je suis habillé de mon habituel tenue noire et d’une cape avec capuche pour que personne ne devine mon identité, même si peu de personne dans Marbrume ont ma stature, on ne sait jamais. Je le relève donc, faisant mine de l’épousseter, en lui disant :

Oh, regarde tu es tout sale.

Je lui souris avant de lui mettre un vigoureux coup de boule, lui cassant le nez par la même occasion.

Il se couche une deuxième fois, mais je n’en ai pas encore fini, je le soulève donc comme un sac de patate pour lui indiquer :

Tu n’aurais pas dû envoyer un homme déguisé en femme, mon employeur n’a pas du tout apprécier, même si c’était une bonne blague.

Je souris à ce souvenir, l’homme pour qui je travaille m’avait demandé de lui ramener un prostitué un peu classe et il m’avait recommandé ce souteneur avec qui je n’avais pas l’habitude de travailler. Ce dernier m’envoie une fille, bien foutu, bien habillé, un ton blanc comme neige, bref le joli petit lot, mais quand je la fille pour vérifier qu’elle ne porte pas d’arme, je sens une bosse dans le pantalon, et je découvre le pot au rose !

Enfin, ce n’était pas vraiment une rose, mais plus un bâtonnet. Dans tous les cas, ce n’était pas la marchandise que j’avais commandée, je l’ai laissé filer, prévenant mon employeur et je me suis immédiatement mis à la recherche du proxénète que j’ai coincé dans cette ruelle peu passante. Je suis un peu de toute cette violence et je décide de terminer en beauté en lui cassant un bras.

Le bruit que fait l’os brisé est tout à fait satisfaisant et je peux enfin lâcher ma victime, qui reste prostré au sol, se tenant son membre supérieur et pleurant à chaude larme. Je quitte ainsi la ruelle et je peux voir qu’une femme et un homme ont assisté à la scène, je leur demande d’un air méchant pour qu’on me laisse tranquille :

Vous voulez mon portrait ?

Hormis quelques badauds dont le regard semblait être attiré par quelque chose de dissimulé au coin de la ruelle, il n’y avait pas grand monde. Ce n’est qu’en tournant à l’angle du mur qu’Enguerrand compris pourquoi. Prostré contre une étale vide pour jeter un œil, un ogre prenait en effet son petit déjeuner. Le prêtre l’observait, sans comprendre tout de suite la raison qui avait poussé sa partisane à lui montrer cette scène. Puis quand la silhouette du monstre s’écarta sur le côté, il aperçu le visage tuméfié de l’agressé. Ses yeux se plissèrent avant de se détourner vers la jeune femme qui acquiesça.

Si le second ne lui était pas inconnu, le premier en revanche le questionna. Impossible de voir sa tête de là où il se trouvait. Mais le religieux ne manqua pas d’écouter le lourdaud à la manœuvre. Était-il de ces mercenaires qui trouvaient dans leur travail plus de passion à entendre les os craquer et à se satisfaire du sang coagulé ? Cette violence gratuite en pleine rue pouvait lui attirer de sérieux problèmes. Pourtant, cela ne l’empêchait pas d’agir ainsi. Enguerrand chercha du regard une éventuelle patrouille. Mais la rue était toujours vide. Il ne doutait pas pourtant que quelqu’un ait pu donner l’alerte.

Cet instant d’égarement passé, son regard croisa celui de la brute. Instinctivement, sa main glissa tranquillement sous son manteau. De l’ongle, il tapota la fiole remplie d’un contenu illicite pour vérifier sa présence dans la poche intérieure du vêtement. De la pulpe, il vérifia la position du manche de sa dague accrochée contre ses côtes. Alors que le gaillard s’adressa à lui, Enguerrand fit un signe du menton à sa protégée pour qu’elle file avant de faire un pas en avant. Il voulait s’assurer qu’il l’entende sans forcément trop élever la voix.

- Votre portrait, non. Mais votre sens de la répartie, oui.

En vérité, ce proxénète était un abruti de la pire espèce. Un concurrent aussi. A plusieurs reprises, l’énergumène avait tenté d’enrôler ses fleurs de trottoir, sous la menace. En contrepartie, Enguerrand l’avait piégé à son propre jeu. Mais il occupait toujours cette partie de la ville. Peut-être que cette petite incartade allait le faire réfléchir…

- J’ai de quoi vous fournir en chair à canon, moyennant bien entendu votre part. Si cela vous intéresse, indiquez-moi un endroit où nous pouvons discuter tranquillement, mais en public.

Inutile de rester seul face à ce molosse trop longtemps. Pas tant que la confiance n’était pas de mise. Une confiance qu’il restait à gagner s’il acceptait… En témoignait la sensation du métal sous ses doigts nerveux et invisibles.

D’habitude quand je menace des gens dans la rue, ces derniers se barrent rapidement, et si c’est bien le cas de la jeune femme habillée comme une prostitué, l’homme avec un chèche sur la tête qui cache son visage reste sur place et fais même un trait d’humour qui me fais froncer les sourcils. En tout cas, il doit en avoir dans le pantalon pour me répondre ainsi et lorsqu’il continue, me demandant de lui trouver un coin tranquille pour discuter, je suis forcément intéressée, surtout qu’il va falloir que je trouve un autre fournisseur.

Je lui indique un troquet que je connais bien :

Il y a un petit établissement de plaisir, qui fait également bar et table de jeux, bref, le paradis sur terre, il est situé dans le quartier de la Hanse et il se nomme le Balsamine. Vous n’avez qu’à m’y retrouver au coucher du soleil, je serais habillé tout en noir.

J’attends que mon interlocuteur acquiesce avant de lui préciser :

C’est vous qui payez la première tournée.

C’est ça que j’ai appris de mon allié Victor, toujours mêlé travail et plaisir.

Une fois cette condition annoncée, je pars à la première fontaine que je voie afin de me laver les mains de tout ce sang, puis, je passe le reste de la journée à réaliser les diverses commissions dont on m’a chargé. C’est donc avec un peu d’avance que j’entre dans le bâtiment que j’ai indiqué à l’homme masqué. C’est sans aucun doute un proxénète, mais cela peut être également un piège, je porte donc, en plus de mon costume de noble, de couleur noir et argent, mon fourreau avec mon imposante épée à deux mains, car après tout, on n’est jamais trop prudent.

La balsamine dispose de son propre service de sécurité, et étant un client habituel, et qui paye bien, je suis bien accueilli par Madame Vesseur, alias Dame Dentelle. Je m’installe à ma table habituelle, tout au fond de la salle à droite, où nous ne risquons pas d’être entendu par les autres clients attablé au bar.

Je commande un pot au feu et miracle, ils ont encore un peu de viande, ce qui fait que je commence à manger avec appétit, espérant que mon mystérieux invité va bien venir, je déteste me déplacer pour rien ou que l’on se moque de moi en me posant un lapin, comme la première fermière venue qui attendrais son prince charmant. Comme je ne sais pas s’il va manger, je n’ai pas prévu de seconde assiette, il devra en commander une lui-même s’il veut diner en ma compagnie.

Pour cela, il devra enlever son costume et j’ai hâte de savoir pourquoi est-ce qu’il le porte, soit il est très moche, soit il est connu. J’espère juste que ce n’est pas la première option, car il risque de me couper l’appétit, je déteste les monstres de foire, sans doute parce des fois, on me prend pour l’un d’eux à cause de ma grande taille, ce qui a le don de m’énerver, et oui, il y a beaucoup de chose qui m’énerve.

Débattre plus longuement dans la rue avec ce colosse était comme psalmodier nu sur la Place des Pendus déserte en plein hiver. Il n'y avait pas meilleur moyen d'attirer l'attention. Son paradis semblait correspondre au lieu idéal pour discuter d'affaires sensibles. La maison close de Dame Dentelle était réputée et lui faisait même de l'ombre, mais elle avait des valeurs et savait les faire respecter. Peut-être qu'un jour il devrait entrer en contact avec elle... En attendant, il accepta sa proposition et s’éclipsa.

~

Enguerrand prit place un peu à l'écart de l'établissement bien avant que le soleil ne commence à disparaitre. Installé sur un banc, il observait l'entrée au travers des fentes du chèche qu'il avait replacé sur sa tête. Le dénommé Justin en sortit quelques instants pour jeter un œil au-dehors et se dégourdir les jambes avant de rentrer presque aussitôt.

La question que le prêtre se posait n'était pas de savoir ce qu'un homme de son statut pouvait trouver comme excuse pour se rendre dans ce genre d'endroit. Ce n'était pas non plus de savoir comment entrer en conservant son anonymat. Non. S'il avait accepté ce lieu pour échanger avec le gaillard, c'était pour toute autre chose.

Voilà qu'après une longue attente, l'armoire à glace fait son apparition. Il scruta donc son comportement, sa stature... Tout d'abord, il avait tenu parole quant à l'heure du rendez-vous. Même qu'il s'était bel et bien présenté, vêtu de noir en effet. Prouvant ainsi son intérêt de travailler comme homme de main contre rémunération. Son éthique était-elle si simple à cerner ?

Contre toute attente, il portait à sa taille une arme imposante. Alors qu'il était allé corriger un individu avec cette préméditation de la violence sans équipement, voilà qu'il estimait être en danger. Derrière ce tas de muscles, il y avait donc une réflexion portée sur sa sécurité. Un homme prudent en valait deux.

Et le temps passait sans qu'Enguerrand ne se décide à entrer. Comme s'il attendait quelque chose. Un homme en vêtement de lin sortit de l'établissement et le prêtre leva une main discrètement. Non pas pour signaler son emplacement, mais pour calmer les ardeurs de ses deux compagnons dissimulés derrière un muret. L'inconnu approcha mais ne se tourna pas vers Enguerrand.

- Il dîne au fond de la salle, à l'abri d'oreilles indiscrètes. Visiblement, il n'est pas nerveux. Il semble être un habitué et connait la maitresse de l'endroit.

L'homme au chèche acquiesça et l'un de ses lascars sortit de sa cachette pour inviter l'espion de fortune à rejoindre une ruelle pour recevoir sa récompense. L'on n'entendrait plus parler de lui.

~

Au final, Enguerrand ne s'était pas montré au rendez-vous. Au contraire, sa patience fut récompensée quand le colosse sortit de la maison close. Alors seulement, il le filerait jusqu'à ce qu'il soit seul, avant de se dévoiler. Entre temps, sa stratégie avait changé. A besoin particulier pour personne particulière, mesures particulières...

Je fini mon assiette mais mon invité n’est toujours pas entré dans l’établissement, ce qui commence à m’embêter. Je commande alors de la bière, car je sais qu’ils en ont de très bonne, et je savoure à petite gorgée ce mélange d’orge et de miel, mais au bout d’une heure environ, je dois me rendre à l’évidence, l’homme ne viendra pas. Comme on dit dans le milieu, je me suis fait poser un lapin et un beau, ce qui m’agace prodigieusement, je déteste perdre mon temps.

De plus, je ne peux même pas profiter des plaisirs de l’endroit comme prendre un bain ou une fille, car je suis un peu à sec et l’argent ne poussant pas sur les arbres, je dois vivre avec ce que j’ai. Victor a beau me payer correctement, j’ai des frais importants comme la pratique des jeux et surtout la boisson, je dépense une fortune en alcool et je me retrouve toujours serré.

En parlant d’argent, il faut que j’aille à mon autre rendez-vous, je ne dois pas être en retard, je me lève donc et pose sur le comptoir ce que je dois à l’établissement, ayant à cœur de ne pas laisser d’ardoise à la Balsamine. Je sors donc, content de voir que malgré l’heure tardive, il fait encore jour et que la température n’a pas baissé.

Je prends donc la destination d’une auberge, non loin de la porte des Anges qui mène vers l’Esplanade et je marche tranquillement, sifflotant même et ne faisant absolument pas attention si je suis suivit ou pas. Je sais que je n’ai pas les capacités de le savoir et je dirais même que je m’en fiche, ma silhouette est aisément reconnaissable et si une personne veut me filer, grand bien lui fasse !

C’est donc l’esprit bien insouciant que j’entre dans l’auberge où j’ai mon dernier rendez-vous de la journée, elle est d’ailleurs bondée, comme d’habitude et je rejoins rapidement un homme attablé. Je le connais bien car c’est un des messagers d’une des grandes familles nobles et il me remet un pli cacheté pour mon allié. Conformément à la tradition, nous n’échangeons pas un mot, nous contentant de nous regarder, essayant de trouver des faiblesses chez l’autre, car il y a de grandes choses, qu’un jour, les maisonnées rentrent en conflit et que nous devions combattre.

C’est le destin des gens de l’ombre comme nous et je l’ai accepté il y a longtemps. En tout cas, je commande une bière, pendant que mon vis-à-vis quitte le bâtiment. J’ai décidé de rester un peu, il y a un ménestrel qui accompagne une fort jolie danseuse et même si je n’ai d’argent, regarder ne coûte rien.

Sujet: Re: Le Passe-Muraille [Desmond] Lun 4 Jan 2021 - 18:24

Le soleil s’était partiellement dissimulé derrière les bâtisses depuis un bon moment. Les pierres relâchaient encore la chaleur emmagasinée dans la journée. Les rues se vidaient peu à peu. Sans doute sous l’effet des ténèbres qui approchaient, malgré les hauts remparts de la cité. Depuis l’attaque, rien n’était plus comme avant. Lui-même se sentait épié dès qu’une zone d’ombre était un peu trop dense. Mais il ne pouvait pas non plus se laisser aller à son imagination. Mourir aujourd’hui ou demain, quelle importance après tout ?

C’est dans cet état d’esprit partagé qu’il suivait la masse colossale dont il était difficile de perdre la trace. Accompagné de ses deux hommes de main bourrus et aussi discrets que des fangeux dans un entrepôt de porcelaine courant après une brebis apeurée, il leur intimait tantôt de s’arrêter, tantôt de poursuivre.

Enguerrand aurait aimé le coincer dans une ruelle sans vis-à-vis. Dommage, il pénétrait dans un établissement, et bien trop près de l’Esplanade à son goût. Pourtant, cela figurait dans les différentes configurations qu'il avait anticipées. Dehors, le prêtre confia ses consignes à ses hommes et entra à son tour quelques minutes plus tard. Le visage découvert. Il s’installa à une tablée, loin de sa cible visiblement en affaire – un homme occupé, parfait – et commanda un verre de vin.

Son homme de main entra, accompagné de son acolyte. Aucun regard ne fut échangé. Si le mastodonte aurait pu le reconnaitre avec un chèche sur la tête, ce n’était sans doute plus le cas maintenant qu’il était à visage découvert. Et il valait mieux pour tout le monde que cela reste ainsi.

Ils s’assirent face à Desmond sans lui demander sa permission. Et sans lui laisser le temps d’en placer une, le plus costaud posa une enveloppe scellée à la cire devant lui. Du menton, il l’incita à l’ouvrir pour lire la lettre qui s’y trouvait.

- C'est pour vous. De la part de celui que vous attendiez.

Accepterait-il de regarder ce qu’elle contenait ? :

Pendant ce temps, des inconnus qui semblaient reconnaitre le prêtre le rejoignirent pour évoquer leur Foi et la situation. Des craintes qu'il prit le temps d'apaiser, si tant est que cela soit possible. Pourtant, c'est un regard en coin vers le trio de géants qu'il glissait de temps en temps.

Sujet: Re: Le Passe-Muraille [Desmond] Lun 4 Jan 2021 - 23:06

Alors que je le regardai la charmante jeune femme se déhancher, deux hommes du peuple, si j’en crois leurs tenues et leurs manières, s’assoient à ma table ! Et bien sûr, ils ne s’excusent même pas, se contentant juste de me tendre une lettre. Curieux, je décide de la lire avant de les envoyer balader et je commence à la déchiffrer, ce qui me demande quelques minutes, vu mon faible niveau en lecture, heureusement qu’elle n’est pas trop longues, sinon, j’en aurai eu pour une heure.

Sa première phrase me fait penser à une interlude que j’ai passée avec une prostituée, mais je me trompe totalement, car il s’agit en vérité d’un pervers qui a décidé de me faire passer des épreuves comme si j’avais le temps pour ses bêtises ! De toute façon, son prochain test consiste à faire dégager ses deux malotrus et c’est exactement ce que je comptais faire !

La seule chose positive, c’est qu’il va me payer mon repas à la Balsamine et il a intérêt s’il ne veut pas finir la tête écrasée contre le sol avec le cerveau sortant par les oreilles. Je regarde les deux hommes de main et je leur dis :

Il est écrit ici, que vous devez suivre mes ordres.

Je vois l’un des hommes hocher la tête, montrant ainsi qu’il a compris et je continue sur ma lancée :

Apparemment, je dois passer une sorte d’examen et pour le réussir je dois me débarrasser de vous.

Je les vois se regarder, comme s'ils commençaient à être un peu inquiet et je leur précise :

Vous devez savoir quel type d’homme, je suis, puisque vous travaillez pour celui qui vous a remis cette lettre et quelles doivent être mes compétences.

Ils sont de plus en plus mal à l’aise, et j’enfonce le clou :

La seule chose que vous avez à faire c’est de partir de l’établissement, vous aurez ainsi rempli votre mission, votre employeur vous paiera une prime puisque tout s’est bien passé. C’est ce que l’on appel du gagnant-gagnant.

Test:

Je vois l’homme en face de moi, celui qui m’a tendu la missive se mettre à rigoler et me dire :

Tu nous prends pour des idiots ? On ne bougera pas d’ici !

C’est loupé et je sens que je vais devoir faire preuve de violence, c’est quand même incroyable, j’essaye toujours d’être pacifique, faire preuve de diplomatie, d’être sympa, mais rien à faire, les gens sont des idiots et ils ne comprennent que la force. C’est pourquoi je pose mon fourreau contenant mon épée à deux mains sur la table et je leur dis, d’un ton très menaçant :

Ça suffit les deux rigolos, dégagez ou je vous coupe les jambes.

Test:

Je vois leurs visages blanchir d’un coup, puis ils se lèvent en me disant un simple :

Désolé de vous avoir déranger.

Je les vois quitter l’auberge et je soupire, finalement, ce n’est pas ma faute si je suis violent, je veux juste que l’on m’obéisse, c’est tout. Maintenant, je n’ai plus qu’à attendre de voir mon mystérieux interlocuteur et il a intérêt à se pointer, j’ai soif !

Sujet: Re: Le Passe-Muraille [Desmond] Mar 5 Jan 2021 - 18:00

Ils discutent… Et lui écoutait à peine ceux qu’il avait nommé ses « enfants » quelques instants plus tôt. Mais lorsque ses deux gaillards se regardent avec cette inquiétude dans l’iris, Enguerrand sait que quelque chose ne se passe pas comme il l’avait prévu. A moins que cela soit la méthode qu’il ait décidé d’employer. Comment allait-il se débarrasser d’eux, discrètement, maintenant qu’il les rendait craintif ? Et là, une petite étincelle vint lui chatouiller un coin de son cerveau. Se pourrait-il que…

Un petit soulagement le rend plus léger. Le prêtre devient soudain plus à l’écoute des fidèles et il leur murmure même quelques conseils pour espérer avoir une réponse de Rikni dans leur songe. Mais du coin de l’œil, il voit qu’il y a du mouvement. Les choses allaient enfin bouger.
Quand ses hommes obliquèrent le regard vers lui discrètement en sortant de l’auberge, l’incompréhension sur leur visage, Enguerrand haussa des épaules.

L’ecclésiastique avait prévu maints scénarii avant leur rencontre. Le refus du colosse. Le coincer dans une rue. Prévoir sa fuite. Prévoir un revirement difficile. Lui envoyer une de ses filles. L’attaquer par surprise pour voir sa réaction. Mais là… Là ! Effectivement, il venait presque de tomber de sa chaise. Pourquoi l’homme restait-il assis ? Qu’attendait-il ? Il l’avait vu lire la lettre. Voire peut-être même qu’il la leur avait lu. Qu’est-ce qu’il n’avait pas compris ?

- Mon père ? Quelque chose ne va pas ?

Enguerrand venait de se prendre le visage dans une main en soupirant. Au lieu d’arranger sa situation, l’armoire à glace l’avait rendue plus difficile encore. Ces deux gars, ses hommes de main, essayaient de le doubler en ce moment même. Sans le prêtre, ils n’étaient plus rien. Mais sans lui, ils récupéraient aussi son réseau. Enguerrand avait alors eu l’idée de soumettre le colosse à un test : d’une pierre deux coups, il se débarrassait d’eux et il prendrait leur place. Et…

Une nouvelle fois la petite étincelle le piqua dans la nuque, cette fois. Par Rikni… Il n’avait absolument rien compris de la lettre qu’il lui avait écrite !
Se débarrasser d’eux ! Pas les envoyer paître ! Se dé-bar-ras-ser d’EUX !

- Tout va bien, mon fils. Une migraine passagère. Avez-vous un petit tissu ? Je me sens chaud.

Et c’était peu de le dire… On lui confia un petit mouchoir de mailles épaisses et troué, avant qu’on ne le laisse seul pour se reposer. Maintenant, il n’y avait plus le choix. Il vida son verre d’une traite et se leva. Ses pas le menèrent tranquillement vers la cheminée éteinte mais d’où s’échappaient encore quelques morceaux de charbon. Il se baissa pour rajuster l’ourlet de ses chausses, ramassa un petit bout noir et se rassit à sa table.

Son regard balaya rapidement les alentours. Pas d’em…quiquineurs à l’horizon. Brièvement, il frotta le morceau de charbon sur le tissu avant de l’enrouler dedans pour le rendre plus lourd. Une fois encore, il se leva et s’approcha de Desmond. Une fois dans son dos, il jeta par-dessus son épaule le mouchoir qui s’écrasa sur la table, devant lui. En le saisissant, il constaterait la noirceur qui l’imprègne.

S’en saisit-il ? :

Enguerrand était déjà sorti de l'édifice par l'arrière. Inutile de tomber sur les lascars. Maintenant, il allait vraiment devoir compter sur l'intelligence et le courage de son "peut-être futur" homme de main... Au moins, il savait maintenant qu'il lui faudrait être clair et précis dans ses consignes.
Dans le doute, il sortit le large tissu qu'il gardait sous sa longue veste pour l'enrouler autour de sa tête. Inutile d'être reconnu maintenant...

Dans quel pétrin s'était-il fourré...?

Sujet: Re: Le Passe-Muraille [Desmond] Mar 5 Jan 2021 - 20:22

Alors que j’attendais que le type se pointe, pour qu’il me rembourse le repas de la Balsamine et que je puisse directement dépenser l’argent ainsi gagné pour me commander de nombreuses chopes de bonne bière, je reçois à la place un vieux mouchoir super sale ! Je me retourne aussitôt pour savoir qui a l’affront de me jeter un déchet mais il y a trop de monde et je n’arrive pas à décerner le coupable.

Finalement, c’est peut-être une épreuve du pervers qui m’a déjà envoyé les deux idiots et je l’ouvre avec une cuillère pour ne pas me salir. Il est écrit quelque chose avec une matière, ce n’est pas de la merde, mais ça y ressemble beaucoup.Je décrypte facilement l’écriture, car c’est écrit gros et que les mots sont assez simples, mais une fois lu, je fronce les sourcils.

Je dois tuer qui ? Les deux hommes qui viennent de partir ? Mais à quoi cela me sert de m’être d’abord débarrassé d’eux ? Intrigué, je relis la lettre avec encore plus d’attention et finalement, je comprends, c’est pour cela qu’ils acceptaient de me suivre dehors, le gars m’a pris pour un assassin, qui tue les gens sans raison, et en plus gratuitement !

Je décide de voir dehors si les lascars sont toujours visibles, mais la nuit commence à tomber, et je n’ai guère envie de tuer des gens pour rien. Si j’accepte maintenant les contrats sans être payé, je risquerai de créer un dangereux précédent et il ne sera pas dit qu’un contrat avec Desmond ne vaut pas grand-chose.

J’en étais là de mes réflexions quand j’aperçois une patrouille de miliciens qui sont en train de faire le bâtiment, je les rejoins donc à l’arrière et j’en reconnais quelques-uns. Tous me saluent même si certains sont plus réticent que d’autre, comme si j’étais un aimant à problème, je leur indique donc :

Bien le bonjour, vous avez bientôt terminé votre patrouille ?

Je vois le coutilier hocher la tête et me répondre :

En effet Chevalier de Rochemont, encore une heure et nous aurons fini le quartier, après nous rentrerons à la caserne.

Voilà une excellente occasion de me montrer sous mon meilleur jour et je leur indique :

Je vois qu’il vous manque un membre, puis-je me joindre à vous ?

Les miliciens se regardent, incertain de la conduite à tenir et j’essaye de les motiver en leur disant :

A la fin de votre service, je vous paye une bière à la taverne près de la caserne.

Cela va encore augmenter mon ardoise, mais ce n’est pas grand-chose, leur bière, coupée à l’eau, n’est vraiment pas chers. En plus, cela a un résultat, car le coutilier me répond :

Ce sera avec plaisir, mais interdiction de sortir votre épée, sans mon ordre express.

Je lui fais mon plus beau sourire et je lui réponds :

Bien entendu, vous avez la charge de cette patrouille.

Je les suis donc, prêt à être gentil, du moins pour une fois.

Sujet: Re: Le Passe-Muraille [Desmond] Dim 10 Jan 2021 - 17:41

Dehors, Enguerrand attendait que sorte celui qui devait le soulager de bien des maux. Il fit le tour de la bâtisse et quand il le vit enfin, retint sa respiration. L’individu semblait chercher ses deux hommes du regard. Contre toute attente, celui-ci se dirigea vers un groupe de miliciens en patrouille. Allait-il leur expliquer ce qu’il venait de se passer. Il tendit l’oreille autant qu’il le pu.

Chevalier de Rochemont. Il n’aurait pu le croire. Tabasser un homme dans la rue – certes, pas le plus saint de ses connaissances – au sang, au point de jouer avec lui comme un chat avec une souris, puis donner rendez-vous dans un lieu de débauche dont il semblait être habitué. Et finir dans un échange bien mystérieux dans une autre auberge avec un homme qu’il n’avait pas reconnu.
En effet, il n’aurait pu être un assassin… ou dans tous les cas, l’un de ses partenaires. Le risque aurait été trop grand. Un bien pour un mal semblait-il. Enfin… sa situation n’en était devenue que plus difficile, mais cela aurait pu être pire. Il avait la carrure d’un monstre, mais pas celle qu’il espérait.

Pourtant, le prêtre avait réglé tous les détails comme sur du papier à musique. La rencontre, les tests, les problèmes à régler, les rémunérations qui auraient pu l’empêcher de se nourrir un temps, l’obtention de l’accord de ses « anciens » hommes de main dont il allait effectivement devoir se débarrasser une bonne fois pour toute, les stratégies de communication pour que l’un et l’autre puissent œuvrer sans contrainte… Tant pis, ce serait pour le prochain qui mériterait sa confiance.

Dans tous les cas, il avait joué gros ce soir. La prochaine fois, il prendrait le temps de se renseigner sur le futur partenaire en question.

- Chevalier de Rochemont. Je suis certain que nous nous recroiserons.

Sur cette pensée, il s’enfonça dans les ruelles en réajustant son chèche sur la tête et en veillant à ne pas croiser les sentinelles qui faisaient leur ronde. Son cerveau préparait alors la suite des événements.