Marbrume


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 Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron]

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Astrid SagardNaufragée
Astrid Sagard



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MessageSujet: Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron]   Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron] EmptyMar 22 Déc 2020 - 0:29
5 novembre 1166

Inspire. Expire. Détends-toi.

Les paupières closes, je tente de me concentrer sur ces mots, sur la sensation de l'eau chaude contre ma peau, sur la tranquillité qui règne dans les thermes à cette heure tardive. J'essaie de faire le vide et d'oublier, un instant seulement, qui je suis, d'où je viens, ce que j'ai perdu, où je me trouve. Je souhaite me contenter d'exister dans le néant, ne plus rien voir ou entendre, ne plus ressentir quoi que ce soit. Inspire. Expire. Détends-toi.

J'ouvre les yeux subitement. Deux femmes qui discutent allègrement viennent de se glisser non loin de moi dans l'eau. Elles me saluent poliment de la tête tout en me jugeant du regard. Je ne me suis pas encore lavée, alors je suis couverte d'un mélange de sang et de poussière auquel s'ajoutent quelques ecchymoses. Je suis maigre et fatiguée, contrairement à elles, qui semblent resplendissantes de beauté et de santé malgré ces temps difficiles. Des bourgeoises, probablement. Des bourgeoises aux mœurs légères qui se préparent à aller visiter la couche de leur amant ou qui en reviennent. Ou quelque chose du genre. Je sais juste qu'à cette heure-ci, les jeunes femmes de bonne famille ne traînent pas dans les bains des thermes; elles sont déjà bien au chaud dans leur lit, prêtes à rêver à leur prince charmant.

Je me redresse, répondant aux salutations par un imperceptible mouvement de la tête. Les inconnues poursuivent leur discussion et, préférant ne pas m'attarder auprès d'elle, j'entreprends de me décrasser le corps et les cheveux. J'y mets du cœur, mais pas assez d'élégance au goût de mes compagnes de bain, qui me jettent quelques regards réprobateurs et dégoûtés. La boue et le sang qui se répandent dans l'eau au
fur et à mesure que je frotte ne s'harmonise pas avec leur teint de pêche, il faut croire.

« Vous devriez faire cela ailleurs! », proteste finalement l'une d'elles.

Je lui sers un air mauvais et lui désigne d'un geste vague les autres bassins avant de terminer mon nettoyage en règle. Je n'ai rien demandé. Enfin, aux Quatre, j'ai demandé la paix, mais ça semble être difficile à avoir dans cette ville.

Enfin propre, j'attrape ma serviette et sors du bassin. Je me convaincs de ne pas éclabousser inutilement les deux femmes en me répétant que je suis dans un lieu sacré. De leur côté, elles ne se gênent pas pour passer des commentaires sur la « gueuse » - c'est moi, ça – et de proposer leurs idées pour révolutionner le fonctionnement des thermes. Grognasses. Je le siffle entre mes dents, dans ma langue natale. J'espère que les dieux n'ont pas entendu.

Je m'éloigne pour tordre mes cheveux et les sécher au meilleur de mes capacités, histoire de ne pas attraper froid à l'extérieur. Constatant que mes ongles sont très sales, je m'accroupis près d'un bassin pour en retirer la saleté, puis me relève une fois que je juge le travail relativement satisfaisant. Lorsque je me retourne, je vois que mes compagnes de bain ont quitté le bassin. Bon débarras.

Je finis de me sécher et entre dans la pièce attenante, où j'ai laissé mes vêtements. Vêtements que je ne vois pas. Je fronce les sourcils et parcours la pièce de bout en bout. Rien. Je fouille chaque recoin. Rien, rien, rien. Ma stupide tenue de milicienne s'est volatilisée. Mon uniforme sale et malodorant a été volé. Par ces femmes? Par des collègues malintentionnés qui m'ont suivie jusqu'ici et qui veulent se venger? Je n'en sais foutrement rien.

Je crie de rage et donne un coup de pied dans un banc, coup de pied que je regrette aussitôt la douleur venue. J'attrape violemment une autre serviette et tente de me confectionner une tenue de fortune, puis quitte la pièce d'un pas rageur. Il me faut trouver des vêtements, demander à une prêtresse de me prêter quelque chose que je pourrai rapporter demain. N'importe quoi qui m'évitera de traverser la ville dans cet état.

Alors que je traverse le couloir vide, je m'arrête juste à temps pour éviter de heurter de plein fouet un homme qui sort des bassins réservés aux hommes – ou aux baigneurs mixtes, je ne sais plus trop. Je recule brusquement en tenant ma pathétique robe de serviettes et crache, le ton glacial, le regard dur :

« Regarde où tu vas. »
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Aaron ClayPrêtre
Aaron Clay



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MessageSujet: Re: Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron]   Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron] EmptySam 26 Déc 2020 - 14:59
Sale époque pour notre Prêtre. Le Maître d'oeuvre du Temple sature un peu. Si les commandes en extérieur et son expertise sont encore sollicités de temps à autre, comme lors de la transformation du plus luxueux bordel de Marbrume en auberge sanitaire il y a plusieurs mois déjà, les réparations au sein du Temple sont ralentis par une pénurie de matière première. Les gens restent généreux mais ne peuvent donner plus qu'ils n'ont. Du moins pour le peuple. Les nobles sont plus radins, à quelques exceptions notables près, et ce sont eux qui, avec quelques riches bourgeois tout aussi radins à ses yeux, les carrières et les forêts qui ramènent les pierres et bois utiles pour les importantes rénovations. Cela l'a obligé à revoir ses critères concernant les réparations d'urgence, critères qui forcément ne sont pas acceptés par ses supérieurs, pour peu que ces derniers aient besoin d'une réparation dans leur secteur d'activité. il a noirci quelques parchemins avec les réparations à faire, le matériel et les humains nécessaires, pour quand un prochain arrivage arrivera. Cela fera beaucoup de travaux de supervision, mais le reste est prêt. Que ses supérieurs fassent les appels aux dons, c'est plus compliqué pour lui qui est muet, après tout.

Compliquée, sa vie sentimentale l'est aussi. Sa maîtresse habituelle a été virée du Temple il y a plusieurs mois maintenant, celle dont il est tombé amoureux n'éprouve rien à son égard, mais il pourrait aussi s'interroger sur un choix qui fait que le muet ait craqué pour une prostituée aveugle. Et celle qu'il aurait volontiers épousée l'a congédié avec violence avant d'aller épouser un idiot mais qui avait l'avantage d'être Comte. Et une fois veuve, elle n'est plus venue le revoir. Si on ajoute que la situation actuelle n'aide pas ses parents à lui confier autant d'argent de poche que par le passé, ce qui l'éloigne des fleurs de trottoir, on peut dire qu'il fait ceinture. Mais la vérité est peut-être ailleurs. Il ne rajeunit pas, les ingénues ne l'attirent plus et les femmes mariées ont perdu de leur intérêt. Et l'âge cumulé à l'absence de sollicitation l'ont éloigné du mystère féminin ou des plaisirs de la chair. Certains diront qu'il s'est assagi. Ses rares tentatives de se trouver une épouse sont restées lettre morte. Faut dire qu'il veut une épouse indépendante financièrement car lui ne peut gagner un sou et ce genre de femme, célibataire, ne court pas les rues. C'est aussi une bonne excuse pour ne pas trouver, mais il ne l'avouera jamais.

Restent les livres, qu'il a un plaisir indicible à lire, réparer, conserver. Un travail de titan qu'il abat et qui lui a offert le titre officieux d'archiviste du Temple. Et l'âge aidant, même s'il se sent encore vert, son plaisir passe plus par les livres que par l'architecture. D'autant que la finalisation de son ouvrage prend beaucoup de temps. Il est conscient qu'il ne sera pas salué par les instances à la tête du Temple actuellement, mais les pistes de réflexion qu'il lance pourront peut-être nourrir la sagacité d'une future génération qui ne verront en lui qu'un arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père, en restant optimiste. Mais l'architecte plus que l'érudit travaille pour les générations futures, certains ouvrages qu'il entame ne seront finis qu'un siècle plus tard. L'homme qui a conçu les premiers plans de ce Temple en a-t-il seulement vu les fondations ?

Mais quand le monde à la Bibliothèque l'exaspère et que les box de soins ont été remplis, souvent par ses soins d'ailleurs, il s'autorise une évasion en visitant des lieux qui rarement ont besoin de réparation. Et le chef-d’œuvre du Temple, du point de vue architectural en tout cas, est ce lieu nommé les Thermes. Avec les connaissances actuelles, quelques siècles plus tard, l'humain ne pourrait bâtir ce lieu mieux qu'il n'a été imaginé par le concepteur de l'époque. Du génie pur. Alors il y passe, pour inspecter minutieusement le lieu et faire qu'il reste intact et en examine chaque recoin, aussi pour comprendre les choix posés. Cela lui fait du bien à l'esprit, quand les livres perdent ce pouvoir. Et alors qu'il analyse un bassin en prenant un peu de recul, une furie vêtue juste de serviettes lui rentre dedans et le regarde avec dureté.

« Regarde où tu vas. »

Elle se croit où, cette idiote ? En prime, elle le tutoie, lui, un prêtre ? Il hésite un court instant, puis se contente d'un taquet bien humiliant plutôt qu'une gifle. Qu'elle regarde sa tenue et elle comprendra qu'on ne s'adresse pas à lui comme cela. C'est un prêtre, bon sang, pas un gueux. Et bien que ça soit les Thermes, cela reste le Temple. Il est ici chez lui et œuvre pour les Trois. quand bien même serait-il en tort, et il ne l'est pas, qu'elle lui devrait de s'exprimer avec la déférence requise à son rang. Mais il n'a pas de temps à perdre à l'expliquer à une femme qui reste pudique dans les Thermes, ce qui est ridicule, et il reprend l'observation de ce qu'il étudiait, sans plus se préoccuper de l'autre folle.
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Astrid SagardNaufragée
Astrid Sagard



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MessageSujet: Re: Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron]   Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron] EmptyMar 29 Déc 2020 - 19:29
Dans ma colère, dans la soudaineté du moment, je n'ai pas réalisé. Je n'ai pas réalisé que l'homme qui s'est dressé sur mon chemin n'est pas un simple baigneur inattentif, mais un prêtre. Un prêtre inattentif qui, s'il ne m'adresse pas un traître mot, ne se gêne pas pour me faire part de son agacement en me collant un taquet. Je recule brusquement en lâchant un grondement de surprise et en tenant ma serviette. Mais qu'est-ce qui lui prend, à ce clerc? Il sort de nulle part et me fonce dedans, et après, il se permet de me le reprocher d'un soufflet alors qu'il est dans le tort? Ils n'apprennent pas à s'excuser, à Marbrume, les prêtres? C'est, dans tous les cas, l'impression que j'ai tandis que l'homme de foi se détourne pour m'ignorer et continuer à observer quelque chose qui m'échappe totalement.

La surprise passée, je regarde brièvement le clerc. Je songe à marmonner quelque excuse pour l'avoir interpelé de façon peu respectueuse, mais renonce et choisis plutôt de reprendre ma route. Je considère déjà avoir fait amende honorable en me gardant de réagir à son taquet. Il devra se contenter de cela, prêtre ou non.

Je m'apprête à partir lorsque la fraîcheur du soir sur mes jambes nues me rappelle mon état. Je soupire intérieurement. Même si je déteste l'admettre, le clerc à proximité représente probablement ma meilleure chance d'éviter une balade en petite tenue dans l'ensemble du temple. J'ai besoin de vêtements. N'importe quoi qui me permettra de rentrer à la caserne sans passer pour une prostituée.

Je m'arrête face au prêtre, qui paraît toujours concentré. Un instant, mon regard glisse pour suivre le sien, mais je ne vois toujours pas ce qu'il étudie avec tant d'attention. Peu importe. Si un religieux observe le vide ainsi dans l'obscurité, il doit avoir une raison de le faire.

Après avoir réajusté ma robe de fortune, je me racle légèrement la force pour indiquer au prêtre que je suis toujours là.

« On a volé mes vêtements pendant que j'étais dans les bains, dis-je simplement, le ton neutre. Mon uniforme de milicienne. Une mauvaise blague, sans doute. »

Je lève une main pour signaler que je ne veux pas de pitié. À vrai dire, j'aimerais ne pas avoir à demander d'aide, mais il semblerait que la vie à Marbrume ne me donne pas trop le choix de passer outre mon amour-propre.

« Est-ce que le temple aurait quelque chose à me prêter? demandé-je. N'importe quel vêtement qui me permettrait de rentrer sans m'exposer de façon déshonorable. Je rapporterai le tout demain matin sans faute. »

Je serre la mâchoire, pince les lèvres. Demander me coûte. Je déteste m'en remettre à la bonne volonté et à la bonté des autres, surtout en sachant que ces deux qualités se font de plus en plus rares de nos jours. On n'obtient rien sans rien. Les membres du clergé sont parfois moins avares, mais j'ai appris à me méfier d'eux aussi, en particulier ceux de Marbrume. Impossible de leur faire totalement confiance, peu importe leur gentillesse – ils condamnent les fidèles d'Étiol, après tout. Heureusement, je ne suis pas là pour discuter de mes croyances; obtenir une tunique ou quelque chose de semblable sera ben suffisant.

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Aaron ClayPrêtre
Aaron Clay



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MessageSujet: Re: Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron]   Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron] EmptyMer 6 Jan 2021 - 9:56
Pas simple de reprendre un travail qui nécessite de la concentration quand on est dérangé, et cela, Aaron le sait. C'est pourquoi, quand on ose le déranger à la Bibliothèque, il lève un doigt avant qu'on ne l'ait interrompu, le temps qu'il finisse sa réflexion ou sa recherche. Mais s'il peut comprendre qu'on l'embête dans ce qu'il a fini par considérer comme "sa" bibliothèque, car ceux qui aiment les livres ou ont besoin d'une recherche ont des raisons de venir le trouver, il s'attend à ce qu'on lui foute une paix royale aux thermes. Autant dire que le raclement de gorge qu'il entend l'énerve instantanément. Le taquet n'était pas la bonne option, même la gifle, si la donzelle ne l'avait pas trouvée suffisamment humiliante, n'aurait pas suffi. La bonne option, c'était de l'assommer. Sauf que voilà, Aaron n'est pas un guerrier. Il peut faire mal, ça, aucun doute, mais de là à assommer, il en doute.

Sa colère ne retombe pas mais change de destinataire quand elle lui explique pourquoi elle l'embête. Sa raison est on ne peut plus valable, elle ne peut effectivement pas se déplacer sans vêtements, sinon dans les Thermes. Il fait une grimace d'incompréhension quand elle lui dit penser qu'il s'agit d'une blague douteuse. Elle est milicienne, c'est une information utile. Et s'il a bien saisi les données, Aaron imagine que des collègues auraient pu chercher à l'humilier de la sorte. Les femmes ne sont pas aussi bien accueillies à la Milice qu'elles ne le sont au Temple. En même temps, la prêtrise demande beaucoup de talents féminins, comme l'écoute ou les soins postnataux. Bon, certes, l'autorité n'est pas innée chez elle, mais comme Aaron est franc, elle ne l'est pas chez tous les hommes non plus. L'image paternelle fonctionne bien au Temple, tout comme l'image maternelle. Ceux qui parlent ne disent pas "Mon fils" ou "Ma fille" par hasard et les gens ne les nomment pas "Mon Père" ou "Ma Mère" que pour le decorum. Mais qu'importe, le problème n'est pas là.

Une information importante semble échapper à la milicienne. Les Thermes font partie du Temple. Il dessine, de ses mains, un édifice religieux, donc grand, haut, majestueux puis il montre les Thermes de la main et mime le fait de prier. Il ne se voyait pas comment lui expliquer que les Thermes font partie du Temple. Puis, mais avec beaucoup plus de malice car visiblement, cela l'amuse, il mime le voleur, marchant genoux pliés, en silence, guettant à gauche à droite, avant de voler un objet imaginaire au sol et de partir, sur quelques mètres à peine, comme un voleur. Il la regarde, amusé, puis s'interroge un court instant sur ce qu'il voulait lui dire. Et là, il redevient sérieux. Il prend la pose du voleur, mais bras entravés, mimant le criminel arrêté. Il refait le geste de voler, il remontre ici, avec la prière pour indiquer le côté religieux et la regarde fixement, avant de se dresser sur la pointe des pieds, de passer une main haut au-dessus de sa tête et de plier la tête sur un côté, lui donnant un mouvement de balancier. Pour pousser le réalisme, il ferme les yeux (bien qu'il sache qu'ils restent ouverts, mais on préfère imaginer la mort les yeux clos) et sort la langue. Voler dans le Temple est puni de mort. Bon, certes, désormais c'est le bûcher, mais il est plus facile de mimer un pendu.

Elle lui demande si le Temple aurait quelque vêtement à lui prêter et il comprend la démarche. Lui ne se voit pas lui prêter sa robe. Se balader en tenue ecclésiastique quand on n'est pas prêtre risque de lui attirer les foudres, si pas des Trois, du moins de la foule de ceux qui la connaissent en tant que milicienne. Vouloir faire croire qu'on a une fonction alors que non, cela peut entraîner de solides désagréments. S'il avait une épouse, il aurait pu lui prendre des vêtements à elle mais non, ni épouse, ni fiancée, ni amante pour l'heure. Par contre, des collègues féminines, ça ne manque pas. Mais expliquer par signe qu'il a une paroissienne dans les Thermes à qui on a volé les vêtements, chose difficilement concevable, en le mimant lui prendrait des siècles, en l'écrivant aussi car forcément se poseraient des questions, le plus simple est encore de l'emmener dans ce qui est une zone interdite pour lui, le dortoir des femmes. Il restera du bon côté de la porte et la donzelle semblant savoir s'exprimer correctement, c'est elle qui expliquera le vol, le besoin qu'on la vête et le fait qu'elle ramènera les vêtements prêtés le lendemain.

D'un signe, il l'invite à le suivre. Rejoindre le dortoir peut se faire rapidement, en passant par le lieu de prière rempli de fidèles, mais il se doute que la dame n'appréciera pas d'y être vue vêtue uniquement de serviettes. Aussi l'entraîne-t-il vers les passages où on croise peu de monde. Vivre depuis trente années dans les lieux et en être le maître d'oeuvre lui permet de connaître les lieux. Seul inconvénient, comme il y a peu de passage, ce ne sont pas les lieux les mieux chauffés mais l'un dans l'autre, c'est la moins pire des solutions. Arrivé dans les quartiers théoriquement interdits aux non-membres du Clergé mais accessibles s'ils sont accompagnés par l'un d'eux, Aaron et Astrid croisent quelques clercs qui les remarquent à peine. Puis arrivé à une grande porte, Aaron sourit à Astrid, frappe fort à la porte puis s'en éloigne et tourne le dos.

- Certaines ici récupèrent d'une nuit de travail, faites moins de... Père Aaron ? Que faites-vous ici ? Oh... euh... madame ?

La Mère qui a ouvert la porte de mauvaise humeur est surprise par le tableau. Le Père Aaron n'est pas connu pour tourner autour du dortoir des femmes, malgré la triste réputation dont il a bénéficié et dont il reste quelque chose, et encore moins pour y amener une femme nue. Le tableau est tellement peu conventionnel qu'elle garde silence et attend des explications. Et pour ces explications, elle se tourne vers Astrid, sachant que son Frère est muet.

Spoiler:
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Astrid SagardNaufragée
Astrid Sagard



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MessageSujet: Re: Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron]   Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron] EmptyJeu 7 Jan 2021 - 4:20
Je reste un instant étonnée lorsque le prêtre se met à gesticuler. Comme j'imagine qu'il a mieux à faire que de jouer au mime avec moi, j'en déduis rapidement qu'il est muet. Je soupire intérieurement. Un prêtre muet. C'est bien ma chance.

Les bras croisés, je tente de comprendre les gestes du clerc. Je ne saisis pas vraiment la première partie de son intervention, mais je pense deviner qu'il imite un voleur. À son air, cela l'amuse, même. Je reste de marbre, peu encline à rigoler avec cet homme, qui s'est déjà permis de me mettre un taquet. Quand il reprend à son tour son sérieux, c'est pour m'indiquer – enfin, je crois – que le fautif pourrait être exécuté pour son crime. J'acquiesce. Je sais. Je sais, mais vu ma popularité, la liste de suspects potentiels est longue. Entre les miliciens qui me détestent et les pures inconnues qui me méprisent, on a l'embarras du choix. Je pourrais tenter de trouver un témoin et mener une enquête, mais l'envie n'y est pas. Pour le moment, je n'ai qu'une envie : trouver de quoi m'habiller et essayer de dormir quelques heures.

Le prêtre me fait signe de le suivre et je lui emboîte le pas. Nous marchons dans un passage que je ne connais pas et qui doit être réservé aux hommes et aux femmes de foi. Tandis que j'avance, je scrute les alentours et observe le clerc. Il semble avoir décidé de m'aider, mais je reste néanmoins sur mes gardes. Certains diraient que je suis paranoïaque, que les représentants du temple sont dignes de confiance. La plupart d'entre eux le sont probablement quand on croit aux Trois. Les choses sont cependant bien différentes, ici, quand on croit aux Quatre. Et rien ne me dit que quelqu'un n'est pas allé souffler à l'oreille de ce prêtre que je suis une « hérétique ».

En chemin, nous croisons quelques membres du clergé qui ne nous portent peu attention malgré mon accoutrement pour le moins particulier. Je me fais discrète et me contente de suivre le prêtre en silence, jusqu'à ce que nous atteignions une porte à laquelle il frappe avant de se détourner.

Père Aaron. La religieuse qui apparaît semble furieuse, mais aussi interloquée par la scène qui vient d'apparaître sous ses yeux. À cette heure tardive, le jeu de devinettes avec son confrère muet n'est pas dans ses priorités et c'est donc vers moi qu'elle se tourne pour obtenir des explications.

« Je suis allée me laver aux thermes et on en a profité pour me voler mes vêtements, expliqué-je donc, le ton neutre. Je suis milicienne. En sortant, j'ai croisé le... père Aaron et je lui ai demandé s'il pouvait me trouver quelque chose à enfiler, n'importe quoi qui me permettrait de rentrer à la caserne. Il m'a emmenée ici. »

Je replace un morceau de serviette qui menace de tomber et ajoute :

« Je vous rapporterais le tout demain. Sans faute. »

La prêtresse me regarde, puis jette un coup d'œil à son collègue, qui a toujours le dos tourné. Mon histoire, qui m'enrage, mais me paraît malgré tout banale par rapport à tout ce que j'ai pu subir au cours des dernières années, semble la choquer profondément.

« Un vol d'uniforme de milicienne ici, entre ces murs? souffle-t-elle, comme abasourdie à la fois par la mesquinerie et par la stupidité de la chose. Quelle disgrâce... »

Elle me fait signe d'attendre un instant et se tourne pour murmurer quelques mots à une consœur dans le dortoir. Elle revient ensuite à moi :

« Mère Laurianne est partie à la recherche d'une robe qui devrait être à votre taille. »

Elle reporte son attention sur le père Aaron et fait un ou deux pas dans sa direction.

« Mon Frère, vous étiez aux thermes, j'imagine? demande-t-elle, l'air sévère. N'avez-vous donc rien vu de suspect entre deux de vos observations... nocturnes? »
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Aaron ClayPrêtre
Aaron Clay



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MessageSujet: Re: Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron]   Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron] EmptyLun 18 Jan 2021 - 14:40
Bon. Comme il s'y attendait, la milicienne a su expliquer sans trop de peine ses besoins et comme convenu, une prêtresse a compris l'importance de la chose et l'aide s'organise. Aaron tire la conclusion qui s'impose : on n'a plus besoin de lui, il peut retourner à des choses plus importantes. C'était sans compter sur le besoin de la Mère de poser une question stupide. D'un coup d'un seul, Aaron se rappelle pourquoi il déteste communiquer avec les autres : C'est de la dépense d'énergie inutile ! Quand il entend la question, il ne répond pas directement oui ou non. Il hausse un sourcil surpris, pointe deux doigts vers ses propres yeux, puis les ferme et tâtonne comme un aveugle qui cherche son chemin. Puis il croise deux mains devant sa bouche, puis deux mains devant ses yeux et la regarde avec colère. Il est muet, pas aveugle ni stupide. S'il avait vu quelque chose, il l'aurait dit. Mais constatant qu'elle ne comprend pas sa réponse trop complexe, il soupire et fait "non" de la tête. Évidemment qu'il n'a rien vu. Voir quoi, déjà, des gens qui se baladent en serviette et récupèrent des vêtements ? Il est censé savoir à qui appartient quel vêtement ? Sérieusement ? Bon, il a son compte : Un salut de la main et il s'en va. Enfin, c'est ce qu'il croyait car la mère le retient par le col de sa robe de prêtre.

- Holà, Frère Aaron. Vous avez une ouaille, ce n'est pas parce qu'il y a un aspect de l'aide dont elle a besoin qui est de la compétence des femmes que vous pouvez renoncer à votre mission !

Le Prêtre est pour le moins interloqué. Il se retourne vivement et frappe la main qui le retient, prouvant par ce biais que soit il a la main lourde, soit c'est un moyen de communication qui lui convient. La prêtresse n'a pas apprécié mais avant qu'elle n'ait dit un mot, Aaron a entamé son mime. il pointe la malheureuse Astrid du nez puis la regarde et mime le fait de défaire sa serviette avant de s'exposer, comme s'il était nu et exhibitionniste.

- Un peu de sérieux, mon Père. Il est hors de question que vous l'observiez pendant qu'on la vêt. Mais elle reste votre ouaille et vous aurez à la guider. Ne serait-ce que vers la sortie du Temple où, je présume, elle devra récupérer ses armes. Et l'entendre en confession si elle en ressent le besoin.

Aaron fait non de la tête, désigne l'ensemble du dortoir qu'il ne voit pas, la porte ayant été refermée suffisamment que pour lui en couper la vue et lui ne tentant d'ailleurs pas d'y regarder, mais la chose est claire, du moins pour la Prêtresse.

- Bien sûr que nous pourrions nous en charger. Nous pourrions même confier cela à une novice. Mais c'est vers vous que cette dame s'est rendue. Elle est sous votre responsabilité.

Le Père Clay soupire fortement et mime le fait qu'elle lui est rentré dedans en fait mais visiblement la Mère n'en a cure

- Il suffit ! Ah, vous avez un don pour fuir les boulots que vous ne voulez pas faire, mais ça ne marchera pas avec moi. C'est votre ouaille, vous ne vous en défausserez pas. Et inutile de me faire ce regard furieux, j'ai passé l'âge d'être impressionnée, mon Frère !

Elle se tourne vers Astrid et ajoute à son intention :

- Ne croyez pas que c'est un tire-au-flan, le Père Clay abat un travail énorme ici et il ne compte pas ses heures. Mais quand il y a quelque chose qu'il ne veut pas faire, c'est une vraie tête de mule. Et il trouve toujours un truc urgent à faire pour ne pas faire ce qu'on attend de lui. Et NON, mon frère, ce que vous faisiez dans les thermes et qui était sans doute d'une importance capitale peut bien attendre quelques minutes. Sinon vous n'auriez même pas aidé notre milicienne.

S'il y a bien un truc qu'il déteste, c'est être pris en porte-à-faux. En effet, l'urgence n'est pas telle qu'il pouvait laisser une fidèle dans la mouise. Il pourra toujours tenter de s'éclips...

- Ah, on vous a trouvé une tenue, j'espère qu'elle conviendra. Rentrez dans ce dortoir pour vous changer, je me charge de vérifier que notre ami ne fuie pas entretemps.

Aaron fixe la Mère avec une douceur très relative, imprimant son visage pour se promettre de mettre un chantier dont elle aura besoin tout en bas de sa liste des priorités. Et que les Trois en soient témoins, nul ne parviendra à le contraindre à exercer ce chantier... s'il ne revêt pas d'une réelle urgence. Aaron n'est pas un monstre non plus. Et le temps qu'il perd va compter double, il y a des chances que les Mères et les novices veuillent en savoir plus sur ce vol de vêtements. C'est que c'est un sacré événement, à la limite du jamais vu. Cela, les plus anciennes le confirmeront, ou pas. Pour Aaron, c'est une première, et il l'espère une dernière. S'il faut mettre des gardes pour veiller les vêtements, ça va occuper quelques clercs de façon stupide et inutile.

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Astrid SagardNaufragée
Astrid Sagard



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MessageSujet: Re: Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron]   Bonne foi, mauvaise foi [PV Aaron] EmptyMer 20 Jan 2021 - 0:17
La question de la religieuse semble particulièrement irriter le dénommé Aaron. Je ne saisis pas exactement ce qu'il tente de mimer, mais je devine qu'il se sent insulté parce qu'il a l'impression d'être pris pour un con par sa collègue. Bien sûr qu'il n'a rien vu. Il n'a d'ailleurs tellement rien vu qu'il s'apprête à nous laisser seules, la prêtresse et moi. Celle-ci ne l'entend toutefois pas ainsi et commence à sermonner son frère de foi, ce qui lui vaut d'ailleurs une tape sur la main.

Tandis que les deux clercs échange, je jette un coup d'œil en direction de la porte. J'aimerais bien en placer une, dire à la religieuse que je n'ai pas besoin d'être accompagnée et que je n'ai aucune intention de me confesser, mais elle est si absorbée par son propre discours qu'elle ne remarque pas que je tente d'intervenir. Je soupire intérieurement. Et dire que je suis venue au temple pour me détendre.

Après avoir fait la morale en bonne et due forme à son collègue, la prêtresse pivote vers moi pour m'inviter à aller me changer. Elle précise qu'elle va surveiller de près le père Aaron pour s'assurer qu'il ne tente pas de fuir. Je renonce à lui dire que ce n'est pas la peine de le retenir. Inutile d'ajouter la furie d'une religieuse persuadée que j'ai besoin d'un guide à ma soirée déjà bien pourrie.

Quand j'entre dans le dortoir, mère Laurianne m'approche et me tend une robe simple, de celles qu'elle devait porter avant de se vouer entièrement aux Trois. Je la remercie d'un geste de la tête et m'éloigne quelque peu pour me défaire des serviettes et enfiler la tenue. Celle-ci est légèrement trop grande pour moi et accentue probablement la maigreur dont je tente de me débarrasser, mais elle fera l'affaire.

« Je vais m'occuper de les rapporter », m'indique mère Laurianne quand je reviens vers elle, serviettes à la main.

Je lui tends ce qu'elle réclame, puis acquiesce pour la remercier une nouvelle fois.

« Est-il vrai que l'on vous a volé vos vêtements ici même, dans le temple? », demande-t-elle avec une pointe de curiosité et d'inquiétude, quelques regards se posant alors sur nous.

Je hoche la tête, peu désireuse de me lancer dans l'histoire de mes malheurs de milicienne. C'est un événement inusité, une situation chiante qui me donne envie de frapper le premier que je soupçonne, mais c'est aussi au bas de l'échelle des horreurs que j'ai vécues au cours des dernières années.

« Ça ira », dis-je simplement, inclinant la tête avec un semblant de politesse avant de prendre congé.

Ça ira pour moi, ça ira pour elles, ça ira pour le temple... Elles tireront leurs propres conclusions de ma réponse.

Lorsque, vêtue de la robe, je sors du dortoir, j'avise les deux clercs, puis porte mon attention à la prêtresse.

« Je vous la rapporte demain. Merci.

- Ce n'est rien. Nous resterons attentifs pour éviter qu'un tel acte se reproduise, et je prierai personnellement les Trois pour qu'il vous aide à mettre la main sur les malfaiteurs qui ont tenté de porter atteinte à votre pudeur et votre dignité. »

Je salue la prêtresse, puis emboîte le pas au père Aaron, qui me fait traverser les couloirs réservés aux hommes et aux femmes de foi.

« Pas besoin de venir avec moi jusqu'aux portes du temple, dis-je après un court silence. Je vais récupérer mes armes et partir. Il y a des trucs urgents qui vous attendent, après tout. »

Nous débouchons dans la grande salle du temple. Je m'arrête brièvement pour étudier le clerc.

« Et j'ai pas besoin de guide. »

Sur ces mots, je le salue d'un mouvement de tête respectueux et m'éloigne vers les portes principales du temple.
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