Désillusions (ft. Desmond)

Sujet: Désillusions (ft. Desmond) Sam 16 Jan 2021 - 23:37

Désillusions

◈ 13 Janvier 1167 ◈

Il est encore tôt, trop tôt pour que les premiers rayons du soleil ne soient visibles à l'horizon. La brume nocturne enveloppe Marbrume comme un voile froid et silencieux, lui donnant une atmosphère fantomatique. On ne saurait deviner combien de crimes ont été commis au gré de la nuit, combien de cris ont résonné dans les rues, combien de voix se sont tues à jamais. La ville sinistrée est encore fermement endormie.

Le dernier bastion de l'humanité est malade, physiquement et moralement. Le désespoir gagne les cœurs, et l'extrémisme, les esprits. Certains actes qui auraient scandalisés autrefois sont devenu d'un banal effrayant. La vindicte populaire fait des ravages, créant un terrain fertile aux sectes qui peuvent désormais se permettre de s'en prendre à tous, indistinctement.

Cette nuit là, ce fut au tour d'Edwige de se découvrir victime. Malgré son statut de jeune prêtresse et le respect qu'ont inspiré ses bonnes actions, elle n'a pas été protégée de la noirceur qui s'est saisie des derniers hommes. Ses pieds nus portent sa silhouette recroquevillée au gré des ruelles glaciales. Mue par un automatisme inquiétant, la brune marche au milieu du chemin, le regard vide, et les lèvres tremblantes. Rares sont ceux qui la voient passer, et plus rares encore sont ceux qui devinent sa fonction au clergé. Sa tunique réduite à l'état de guenilles, le visage tuméfié en de multiples endroits, elle n'est plus rien, sinon l'ombre d'elle-même.

En un sens, peut-être cet état de choc est-il pour le mieux, puisqu'il lui permet d'oublier la brise qui lui gèle les os. Elle ne fait attention à rien d'autre que sa destination, qui la mène à quitter le Labourg pour les quartiers plus favorisés de l'Esplanade. La guérisseuse ne pouvait se résoudre à retourner au Temple après son agression. Quelqu'un là-bas l'a sciemment livrée à ses ravisseurs, quelqu'un épie pour le compte des Purificateurs... et cela l'effraie au plus au point. La demeure des Trois a jusqu'ici été sa seule maison. Edwige ne peut prétendre avoir beaucoup d'amis en ville, et elle n'a pas d'argent pour s'offrir le luxe d'un gîte. La seule adresse à lui être venue à l'esprit est celle du chevalier de Rochemont, qui a affronté la secte à ses côtés en de multiples occasions. Si elle ne peut pas avoir confiance en lui, alors en qui...?

Un lourd portail finit par se détacher de la brume, lui barrant la route vers les trois imposantes structures qui constituent la résidence Rougelac. Des personnes importantes résident en ces lieux, la brune ne l'ignore pas. C'est seulement face à cet obstacle que la prêtresse commence à réaliser son état de frigorification. Elle veut entrer... mais la laissera-t-on ?

Pas de cloche à proximité. La religieuse est si tendue qu'elle ne se sent pas capable de crier. Elle rassemble ses dernières forces pour contourner le mur d'enceinte jusqu'à atteindre une porte contre laquelle elle laisse tomber son épaule avec l'espoir de faire un peu de bruit.

- Sire... supplie-t-elle à mi-voix, comme si sa nature discrète lui interdisait d'imposer sa présence même en situation critique. S'il vous plaît...?

L'épuisement ne la portera pas plus loin. Peut-être un serviteur noctambule l'entendra-t-elle. Peut-être la trouvera-t-on au matin, morte de froid sur le palier. Si la Trinité est juste, sa prière sera portée jusqu'à une oreille bienveillante...

Sujet: Re: Désillusions (ft. Desmond) Dim 17 Jan 2021 - 14:22

Et encore une patrouille de nuit où il ne c’est rien passé d’intéressant, on a juste trouve deux cadavres de clochards gelés que l’on fera brulé le plus vite possible par crainte qu’ils ne se transforment en Fangeux, car dans le dernier bastion de l’humanité, on est jamais trop prudent. Je rejoins donc le manoir du comte passant à travers la porte des Anges, les soldats, censés être l’élite des miliciens de Marbrume sortent à peine de leur guérite pour me dire bonsoir.

Une fois sur l’Esplanade, je me hâte de rejoindre mon objectif, car le froid est glacial avec des rafales de vent pas possible, alors que nous sommes que mi-janvier, je me demande même si les goules ne détraquent pas le temps et surtout comment elles font pour survivre sans vêtement, ni poils, encore un mystère à propos de ses monstres.

Arrivé devant l’entrée principale, je vois une masse un peu plus loin, sur la porte servant aux serviteurs et je fronce les sourcils en apercevant quelques guenilles. Je m’approche et je vois un gueux, visiblement congelé, ce qui me rend furieux par ce fait même. Ces soldats sont vraiment des incapables, laissé passer un gens du peuple salir nos plus beaux espaces par sa seule présence ! En plus, je ne peux pas le laisser crever devant la résidence, ça ferait désordre alors que l’on venait juste de repeindre la clôture ! Je n’ai plus qu’à le récupérer et le mettre devant la maison d’Apolline de Pessan, ça lui fera les pieds à cette noble qui a osé m’insulter !

Je me rapproche donc et l’empoigne sans manière, mais alors que je le hisse sur mes épaules, je me rends compte que son visage ne m’est pas inconnu. Je le dégage un peu plus de la neige et me rends compte qu’il s’agit de sœur Edwige ! Elle est en très mauvais état, pieds nus, son visage a reçu de nombreux coups et elle est bien sûr frigorifié. Pour tout dire, c’est un véritable miracle qu’elle soit en vie ! Je me dépêche donc d’entrer grâce à ma clé et arrivé à l’intérieur, je fais quérir le soigneur grâce à mon suivant, Milas.

Je l’installe ensuite dans l’infirmerie bien chauffé et j’indique au médecin :

Il s’agit d’une prêtresse, faite tout ce que vous avez à faire, mais ne la laissez pas mourir, je ne veux pas avoir la malédiction des Trois sur le dos.

Je vois l’homme devant moi frémir et il se met immédiatement au travail. Pour ma part, je donne comme consigne à mon page :

Va immédiatement au temple et demande à voir sœur Anastasie, tu lui indiques que la religieuse Edwige Rutheford a été attaqué et se trouve actuellement en sécurité. Mais elle va avoir besoin d’une robe neuve, elle devrait te la fournir. Surtout, tu ne réponds à aucune question et tu reviens immédiatement après, en semant d’éventuels poursuivants, tu as bien compris ?

Je vois l’ancien gamin des rues acquiescer puis il part en courant. Je lui ai demandé d’être discret, car je ne veux surtout pas mettre Victor dans l’embarras.

Quant à moi, je vais enlever mon armure et me nettoyer. C’est donc plus présentable que je reviens pour découvrir la représentante des Trois bien allongé dans un des lits de l’infirmerie, dormant paisiblement. J’ai pris avec moi une gourde contenant de la soupe bien chaude aux cuisines et j’attends qu’elle se réveille pour lui en proposer. Tout ce que j’espère, c’est qu’elle a reconnu son agresseur, car je vais prendre beaucoup de plaisir à lui casser tous les membres, un par un, et ça c’est juste pour commencer.

Sujet: Re: Désillusions (ft. Desmond) Dim 17 Jan 2021 - 21:01

Désillusions

Edwige ne sait plus à quel moment sa conscience s'est évadée. Ses ongles ont gratté le bois jusqu'à se briser, sans que ses plaintes ne soient entendues. Alors que le givre l'enveloppait lentement, l'obscurité s'est emparée de son monde, et le froid s'est emparé de son âme.

Ce sommeil profond fut ponctué de nombreux rêves, principalement des souvenirs de son enfance, ainsi que des détails qu'elle pensait avoir oublié. L'agression et la peur se font lointaines alors la prêtresse flotte dans un océan sans fond. Rien ne peut plus l'atteindre... Et les Trois ne sont plus très loin. Elle peut presque les voir lorsqu'une étrange démangeaison s'empare de ses extrémités. Peu à peu, les douleurs reviennent, deviennent plus précises. C'est comme si, le temps de cette expérience mystique, elle avait oublié ce que cela faisait d'avoir un corps.

Ow... Et dans quel piteux état l'a-t-elle laissé. Ses côtes lui font mal lorsqu'elle respire. Son front est brûlant, et pourtant son sang est glacé. Alors qu'elle ouvre ses paupières, la luminosité lui semble insupportable. Une ombre indistincte est à son chevet, de larges épaules qui l'épargnent du soleil levant. Edwige cligne des yeux. Elle s'essaye à sourire, bien qu'il ne soit animé d'aucune joie.

- Vous... souffle-t-elle entre ses lèvres fissurées. J'aurais dû vous écouter...

Le chevalier avait proposé, lors de leur dernière entrevue, de l'accompagner lorsqu'elle aurait besoin de se rendre hors du temple. Pourtant, Edwige n'a même pas considéré cette option en allant assister cette femme enceinte dans le Labourg. Elle a bien vu de quoi était capable la secte, elle les a vu tenter d'assassiner une enfant pour l'empêcher de parler. La novice elle-même a reçu une belle coupure en essayant de la défendre. Mais imaginer qu'ils puissent s'en prendre à elle par pures représailles, sans réel motif...? Cela dépasse sa compréhension du mal.

Un brusque frisson la pousse à se recroqueviller. La guérisseuse revient de loin.

- Sire, murmure-t-elle, un peu agitée. Je ne peux pas retourner au temple, quelqu'un là-bas me veut du mal... La secte savait où me trouver. C'est un milicien qui m'a secourue...

Edwige tente péniblement de se redresser contre son oreiller. Ses blessures ont été nettoyées, ses vêtements ont été changés pour une tenue de nuit. Une odeur alléchante lui fait remuer le museau. C'est un peu étrange de se retrouver dans la position de la patiente... et ce n'est pas très agréable.

Sujet: Re: Désillusions (ft. Desmond) Lun 18 Jan 2021 - 23:40

Les premières paroles de la patiente sont pour s’en prendre à elle-même, comme quoi les religieux ont toujours du mal à accuser les autres de leurs problèmes, alors que pour moi, c’est tout à fait naturel. En tout cas, elle n’a pas tort, si elle m’avait demandé mon aide, je l’aurais protégé contre tous les dangers.
J’apprends également qu’une personne de l’église lui veut du mal et je n’ai guère de mal à la croire vue son état, puis elle essaye de se lever. Je l’aide comme je peux en faisant attention à ne pas la brusquer puis je lui dis :

Je vais vous aider à boire.

Je lui mets la gourde entre les mains puis je l’aide à la soulever pour ne pas qu'elle force trop. Une fois, ceci fait, je lui verse un verre d’eau et je lui dis en souriant :

Ne vous inquiétez pas, vous êtes dans le manoir de Rougelac, il ne peut rien vous arriver, vous êtes complètement en sécurité.

J'attend qu'elle ai bu son gobelet, puis comme le rebouteux est parti, je me permets de lui ébouriffer gentiment les cheveux en lui indiquant :

Vous pouvez rester ici aussi longtemps qu’il vous plaira, j’ai l’habitude de m’occuper des femmes en détresse et pour le moment, elles sont encore toutes en vie.

Je pense à Rosen que j’ai aidé bien des fois avec sa grossesse difficile ou encore sa tentative de noyade, à moins que ce soit sa blessure au bras, j’ai arrêté de compter. En tout cas, je ne mens pas, la dernière fois que je l’ai vu à Sombrebois, la femme d’Hector se portait comme un charme. C’est donc d’un ton assuré que je peux lui dire :

Pour le moment, vous devez vous reposer, ensuite vous allez devoir écrire une lettre au temple, je ne veux pas que les prêtres pensent que je vous ai kidnappé ! Enfin, si vous le souhaitez, vous me raconterez ce qu’il s’est passé. Si cela est trop dur pour vous, je me contenterai du nom du coupable et j’appliquerai la justice des Trois.

J’ai en effet à cœur que les Dieux soient satisfaits et je pense que punir la personne qui a osé porter la main sur une de leurs servantes devraient leur faire très plaisir. En tout cas, ce sera mon cas, et c’est déjà pas mal, car ne dit-on pas, que charité bien ordonnée commence par soi-même ? Je vois le docteur revenir dans la tente et m’indiquer :

Chevalier, ma patiente a besoin de se reposer, je vous prierai de quitter les lieux.

Je hoche la tête et j’indique à Edwige :

Je vais vous laisser dormir, mon servant que vous connaissez déjà, Milas, est partit vous cherchez une robe, mais ne vous inquiétez pas, personne ne pourra le suivre. Elle sera à vos pieds quand vous vous réveillerez et vous pourrez vous vêtir comme il sied.

J’attends une éventuelle réponse puis repars prendre un véritable petit déjeuner, j’ai très faim ! De toute façon, le médecin sait où je suis, il m’appellera quand elle sera prête à me parler.

Sujet: Re: Désillusions (ft. Desmond) Mar 19 Jan 2021 - 18:46

Désillusions

Desmond se montre aussi prévenant que l'on puisse l'être, démontrant encore une fois que la violence de façade peut dissimuler une réelle attention pour ceux qu'il juge proches. Naturellement, cela pourrait aussi n'être qu'une façon de s'attirer les bonnes grâces du clergé, mais ce n'est pas ainsi qu'Edwige voit le monde. Le chevalier lui a sauvé la vie plusieurs fois, comment pourrait-il être autre chose qu'un protecteur à ses yeux ?

Une fois redressée, la prêtresse se restaure de quelques gorgées de soupe avec son aide. Le simple fait de déglutir est douloureux, sa gorge portant encore les sévices d'une strangulation. La chaleur du bouillon, en revanche, lui fait grand bien.

- Merci, articule-t-elle entre deux gorgées. J'ai l'impression d'avoir fait le tour du monde en une nuit... *Achoo !*

La brune se frotte le nez. Il faut dire qu'elle revient de loin. Après une nuit comme celle-ci, s'en sortir avec une fièvre et quelques bleus est finalement une chance. Elle peut tout de même sentir une ou deux côtes fêlées sous sa peau, et son poignet semble fragilisé. Sa vilaine plaie à la joue s'est réouverte, et cette fois, la cicatrice semble inévitable. Rien de tout cela ne devrait menacer sa santé à long terme... Quant à sa psyché, seul le temps le dira.

Les plaisanteries de son hôte la font sourire. Serait-elle devenue une princesse en détresse l'espace de quelques heures, comme dans l'un de ces contes de fées ? En un sens, elle aurait peut-être préféré avoir été enlevée par un dragon ou un cyclope. Les monstres imaginaires sont certainement plus rassurants que l'idée que des êtres humains puissent se livrer à de tels actes.

Desmond évoque une lettre à rédiger pour le temple. Edwige lève sur lui des yeux inquiets. L'hésitation est lisible sur son visage, ainsi qu'autre chose... une pointe de honte.

- ... Il y a autre chose, Sire, admet-elle à mi-voix. Le clerc qui m'a piégée m'a offert la confession alors que je pensais que mon heure était venue... et maintenant, la secte sait quelque chose qui pourrait me faire destituer de ma place auprès des Trois. Peut-être serait-il préférable que tout le monde pense que je me suis enfuie de vos soins...

Un inconnu entre dans la pièce et la jeune femme baisse la tête, redevenant silencieuse. Celui qui s'avère être son guérisseur exige qu'un temps de repos lui soit accordé, et que la conversation soit remise à plus tard. Desmond ne proteste pas. Il lui promet de nouveaux vêtements à son réveil, et fait le serment de réparer l'affront qui lui fut porté. Edwige se contente d'hocher la tête. Son esprit est encore embrumé de fièvre et de fatigue. Le soldat noble s'éloigne, et la blessée replonge lentement dans l'inconscience.

◈ Cette nuit là... ◈

Ce sommeil-ci est moins paisible. Les souvenirs encore frais de l'agression tournent en boucle dans ses songes sans qu'elle ne puisse y échapper. C'est en sursaut qu'elle s'éveille, seule, le front couvert de sueur. La lune filtre à travers la fenêtre de sa chambre. Comme promis, une bure neuve l'attend sur sa table de chevet. Edwige soupèse ses options. Elle ne se sent pas capable de se rendormir. En silence, elle s'assied au pied de son lit et revêt sa nouvelle robe, ainsi qu'un châle pour remédier à ses frissons. Le cliquetis de la serrure la fait sursauter, mais ce n'est que le guérisseur.

- Oh, fait-il simplement avant de refermer le battant derrière-lui. Pardonnez-moi, ma jeune mère, je venais simplement récupérer quelque chose. Je m'attendais à ce que vous dormiez plus longtemps... Le seigneur de Rochemont doit être dans ses quartiers à cette heure tardive, mais il a demandé à être prévenu lorsque vous seriez prête à lui parler. Dois-je le faire quérir ?

Edwige opine du menton, un peu absente. Elle ne désire déranger personne, mais au vu de la situation, il est un peu tard pour se soucier d'être une bonne convive.

Durant les minutes qui suivent, la clergesse est invitée à patienter, puis conduite vers la chambre de son protecteur et assise sur un fauteuil confortable. Le valet réanime le feu dans la cheminée pour son plus grand plaisir. Lorsqu'enfin Desmond réapparaît, sa mâchoire tombe. Voila deux choses auxquelles elle ne s'attendait pas : le chevalier semble avoir été tiré de son repos... et il n'a pas jugé utile de couvrir son torse.

Edwige détourne le regard par réflexe, ses pommettes gagnées par une teinte pivoine. Malgré son attirance moindre pour la gente masculine, la notion de pudeur a été grandement implantée dans son esprit par des années d'éducation pieuse. Il lui faut un peu de temps pour trouver ses mots.

- Mille excuses, je n'imaginais pas vous déranger sur vos heures de coucher, s'empresse-t-elle de dire. Je serais incapable de vous dire l'heure qu'il est, je crois que je suis un peu déphasée.

Difficile de le lui reprocher. Il faudra un peu de temps pour retrouver un quotidien normal.

- ... Vous devez avoir de nombreuses questions, renoue la novice avec une mine navrée. Je ferai de mon mieux pour vous narrer ce qu'il m'est arrivé la nuit dernière. Tout d'abord, je suis sortie au matin pour me rendre auprès d'une mère sur le point d'accoucher, dans le Labourg. Son cas était complexe, et j'y suis restée pour le reste de la journée. Le soir venu, j'ai été... interceptée, sur le chemin du retour.

La rescapée marque un temps de pause pour chercher la meilleure manière de formuler la suite sans alarmer le guerrier.

- J'ai pu reconnaître l'homme que nous avons repoussé près du marché, celui qui cherchait à faire du mal à la petite Mélanie. Lui et ses complices m'ont emmenée à travers des rues que je connais mal, jusqu'à une bâtisse où d'autres les attendaient. Ils m'ont forcée à prendre soin d'un des leurs... et je l'ai fait.

Sauver la vie de criminels lui est déjà arrivé par le passé. Les enseignements de la Trinité sont flous à ce sujet, et Edwige elle-même ignore si elle devrait en tirer de la fierté ou de la culpabilité.

- Ils m'ont jetée dans une cave après cela, murmure Edwige en ceinturant nerveusement sa poitrine de ses bras. C'est ensuite que le clerc s'est adressé à moi à travers la porte. Il m'a expliqué sa vision de la Purification et m'a proposé une dernière confession avant son retour au temple... Je sais que je n'aurais pas dû accepter, il ne représentait pas mes croyances... mais je pensais que je n'aurais pas d'autre chance de reconnaître mes pêchés devant les Trois.

Son regard croise brièvement celui du chevalier. Elle se demande quelle serait sa réaction s'il apprenait la raison de son tourment. La chasserait-il ? Peut-être... mais ce serait son droit moral le plus strict.

- Je vous dois la vérité, s'il vous faut l'entendre... Je prie pour que vous n'en preniez pas offense.

La balle est dans le camp de Desmond. A lui de décider s'il souhaite être son confident, au risque de heurter l'image qu'il possède de la prêtresse. La cause de cette culpabilité, si innocente soit-elle, pourrait bien causer des dommages irréparables si elle venait à être partagée aux mauvaises oreilles.

Sujet: Re: Désillusions (ft. Desmond) Mar 19 Jan 2021 - 22:09

Je suis fourbu, je me suis encore entraîné à m'entrainer à combattre à main nue une bonne partie de la journée et alors que je pensais enfin pouvoir me reposer, je suis réveillée par Milas, mon suivant, qui m’indique la jeune prêtresse veut me voir, je me lève donc et met rapidement un pantalon avant de passer dans l’autre pièce où j’ai laissé ma chemise.

Je suis surpris de voir la religieuse ici, je pensais qu’elle m’attendait dans la tente du soigneur et je regarde mon jeune apprenti, il y a vraiment un manque de communication ou est-ce que c’est une de ses fameuses blagues ? De toute façon, pour le moment, je ne vais pas le corriger devant Edwige et je me contente de mettre rapidement ma chemise, remerciant les Trois d’avoir au moins mis mon pantalon, sinon j’aurais pu la choquer à vie, la pauvre.

Comme d’habitude, elle commence par s’excuser et enchaîne sur les circonstances de sa mésaventure. Je l’écoute sans l’interrompre une seule fois, car je sais que pour une femme s'est toujours compliqué d’expliquer les choses de manière chronologique et détaché. Son histoire d’ailleurs est banale, elle s’est fait attaquer la nuit, par un cultiste que nous avions déjà croisé, parce qu’ils avaient besoin d’elle et ensuite avec un peu de manipulation psychologique, on lui a soutiré un secret compromettant.

C’est exactement ce que j’aurais fait si j’avais été à leur place, à un détail près la prêtresse ne serait plus en vie, on peut donc dire qu’ils ont été sympas avec elle, à moins que ce soit le mystérieux milicien qui l’a sauvé. Je commence tout d’abord par mon rituel matinal et je prends un verre d’alcool, du bon hypocras et je propose un à mon interlocutrice, je le pose sur la table ne sachant pas si elle aime cette boisson. Milas étant parti depuis le début de notre conversation, je peux lui dire en toute honnêteté :

Donc si je comprends bien on vous a kidnappé, battu et forcé à faire et à dire des choses. Je ne vois pas vraiment où vous avez fauté dans tout cela et pourquoi vous ne voulez pas retourner au Temple. Si je me souviens bien des bases de la religion, ce fameux prêtre ne peut pas parler de ce que vous lui avez dit, car il ne pourra jamais expliquer comment il a eu cette information.

Je m’approche doucement d’elle, m’agenouille et je lui prends avec les précautions les mains, plongeant mon regard dans le sien :

Vous êtes sainte Edwige, j’ai vu de mes yeux un fanatique se rendre et implorer le pardon des Trois juste parce que vous lui avez parlé. Quoique vous ayez fait, les Dieux sont et resteront avec vous.

Je me lève, lui ébouriffe gentiment les cheveux et je repars m’asseoir en lui précisant :

Je ne vois pas ce qu’une jeune femme comme vous a pu commettre comme impiété et je vous dirais même que cela ne m’intéresse pas plus que ça. Si vous voulez votre sac, allez-y, mais cela ne changera rien à mes yeux.

Je prends un peu de temps pour finir mon verre et je conclus :

Pour moi, il y a deux choses importantes, pouvoir punir ceux qui osé vous faire cela et vous gardez en sécurité. Si vous n’avez plus confiance dans les prêtres, envoyez une lettre expliquant ce qui s’est passé à la plus haute autorité que vous connaissez et je vous escorterai là où vous voudrez, le temps que les choses se calme.

Je lui souris en prononçant ses derniers mots, car transporter des demoiselles en détresse, c'est devenu ma spécialité, on pourrait même m'appeler: le Transporteur.

Sujet: Re: Désillusions (ft. Desmond) Ven 22 Jan 2021 - 0:25

Désillusions

Cela fait maintenant deux fois que Desmond a eu l'opportunité de lever le voile sur un secret qui pourrait grandement coûter à la jeune prêtresse. La première fois, il aurait pu lui arracher sous la contrainte, et maintenant qu'Edwige se montre résignée à tout avouer, il lui accorde le silence. La jeune femme lève les yeux vers le chevalier, surprise. Un sourire reconnaissant la gagne, sans qu'elle ne puisse trop tirer sur sa lèvre fendue. Elle pourrait avoir tué quelqu'un, ou commit les pires sacrilèges, mais Desmond semble s'en moquer. Il ne veut la juger que sur ce qu'elle accepte de partager.

Après un nouveau passage de sa main dans sa chevelure, Edwige ne peut retenir un rire silencieux. Elle lève la sienne pour essuyer une larme avant qu'elle ne puisse s'échapper de sa paupière gonflée.

- C'est un acte d'une réelle noblesse, sire, murmure-t-elle en inclinant la tête. Je n'irais pas prétendre être une sainte, mais je peux vous promettre que je n'ai fait de mal à personne. Je n'ai pas choisi... cela.

Les mots sont difficiles à trouver. L'éducation lui a appris que son affliction était née du péché et de la corruption, que c'est une faute active plutôt qu'un trait inné... Mais plus le temps passe, moins cette notion n'a de sens. Elle décide d'accepter la faveur de son hôte et de garder son secret. Peut-être qu'un jour, elle trouvera un élément de réponse à ce doute.

- Malheureusement, reprend-elle, je ne pense pas que la secte se soucie de nos principes fondamentaux. Quand bien même le clerc qui m'a interrogée ne pourrait pas se révéler au grand jour, il suffirait que ses acolytes fassent courir la rumeur. Après cela, les hauts-prêtres me feraient jurer mon innocence sur la Trinité... et je ne saurais commettre ce sacrilège.

L'acte serait pourtant simple aux yeux de n'importe quel laïc, mais pas pour une novice impressionnable qui se soucie du salut de son âme. Le mensonge est déjà un faux-pas qu'elle a bien du mal à assumer, alors le parjure...

- Du reste, poursuit la prêtresse, la plupart de mes assaillants ont été éconduits par la milice. Je dois remercier le soldat Riparia pour ma survie, il a su voir les signaux, et il est intervenu juste avant que... avant qu'ils ne puissent me défaire de mon honneur.

Edwige frissonne. Cette fois, ce n'est pas la fièvre. Tout cela a eu lieu il n'y a pas encore si longtemps, elle n'est pas encore certaine de bien se rendre compte de tout ce qui aurait pu arriver si le hasard n'avait pas mené ce garde à croiser son chemin. Tout s'est joué à un regard près, elle en est convaincue...

Relâchant un souffle tremblant, la prêtresse s'autorise une gorgée de ce breuvage inconnu. L'odeur des épices se mêle à l'amertume du vin, détournant ses pensées vers sa coupe plutôt que vers les évènements de la veille.

- Vous avez été très généreux avec moi, remercie-t-elle. Je ne veux pas faire de vagues, j'écrirai cette lettre. Après cela...

Il n'y a qu'une piste à ses yeux, une option unique qui lui permettrait de se remettre sur pieds à l'écart et de rebondir.

- Il y a une femme que j'accompagne depuis quelques temps, révèle la brune en nouant nerveusement ses mains. La baronne de Sombrebois, dame Rosen. Elle m'a fait promettre de passer la voir pour m'occuper de son enfantement à venir, alors...

Leur relation, initialement tendue, s'est mue en une forme d'amitié avec le temps. Elle ne se doute pas un instant que Desmond ne la connaît que trop bien...

Sujet: Re: Désillusions (ft. Desmond) Ven 22 Jan 2021 - 21:02

Comme d’habitude, je ne comprends pas la moitié des choses que dit Edwige, à la fois, c’est un sacrilège et à la fois elle n’a blessé personne, tout étant imposé par on ne sait qui. Trop réfléchir me donne mal à la tête, c’est vraiment typique des prêtres de compliquer les choses ainsi, au lieu de s’exprimer clairement avec des phrases simples.

Le reste de la conversation est plus terre-à-terre, car elle a déjà réfléchi à ma proposition et comme elle ne veut pas cacher la vérité, elle ne retournera pas au temple. D’un côté, je suis d’accord avec elle et je lui dis :

Mentir en jurant sur la Trinité est quelque chose que je ne ferais pas non plus, même si ma vie en dépendait.

Lorsqu’elle évoque le milicien Riparia, je me souviens de ce nom, un bon soldat qui m’a aidé lors d’une chasse au cultiste dans les égouts. La prochaine fois que je le verrais, je lui offrirai une bière pour le remercier d’avoir sauvé la vie de mon interlocutrice. Cette dernière m’indique également qu’elle va écrire la lettre puis me surprend en indiquant qu’elle connaît Rosen !

Le monde est vraiment petit, surtout depuis l’arrivée des fangeux et je lui réponds en souriant :

Je connais également la baronne de Sombrebois et je pourrais facilement vous y conduire, le comte de Rougelac a des intérêts là-bas et j’y vais souvent pour lui faire des comptes-rendus de l’avancement des travaux.

Je vois que la religieuse apprécie cette boisson et je remplis à nouveau sa coupe, en lui précisant :

Après la bataille terminée, il est coutume pour les survivants de boire et de se laisser aller, c’est une manière de remercier les Dieux de nous avoir accordé la vie sauve, alors lâchez-vous, seulement pour cette nuit.

Je continu ensuite plus sérieusement :

J’irai demain vous chercher des vêtements de voyage et me renseigner si un convoi y part bientôt. Il n’est pas raisonnable de faire le cheval en voyage vu votre état, donc nous voyagerons en groupe. Selon la météo, il va falloir bien vous couvrir, le voyage durant plusieurs jours au minimum, maintenant, avez-vous besoin de quelque chose qui est au Temple ? Si vous avez toujours confiance en votre amie, je peux envoyer mon page aller lui demander.

Je la laisse répondre avant de continuer :

Demain matin, une fois que vous vous sentirez mieux, vous me ferez la liste de tout le nécessaire vous avez besoin, avec des couvertures, des vêtements de rechange, des chaussures, bref tout ce dont vous avez besoin pour vivre plusieurs jours, car une fois arrivé dans le bourg, il n’y a aura plus rien à acheter, les conditions de vie étant assez spartiates.

C’est le moins que je puisse dire, il n’y a même pas une taverne, et je ne parle même pas d’une maison de passe, Sombrebois, c’est vraiment la zone !

Sujet: Re: Désillusions (ft. Desmond) Dim 24 Jan 2021 - 0:41

Désillusions

Si Desmond ne peut la suivre à travers de l'entièrerté de son raisonnement, il demeure assez respectueux pour qu'elle ne le remarque pas. L'homme valide simplement, sans commenter, sans chercher à influencer sa décision. A l'entente du nom de Rosen, néanmoins, son regard s'anime. Il la connaît bien ! A ses dires, il serait disposé à accompagner la prêtresse jusqu'à son domaine, malgré les difficultés de la route et la rudesse de l'hiver. Et ce n'est pas tout : le chevalier se montre généreux, lui offrant non seulement son escorte mais aussi tout le nécessaire de la traversée, et même plus pour lui permettre de vivre par elle-même sur place.

Alors qu'Edwige cherche la meilleure façon d'exprimer sa gratitude, il lui remplit de nouveau son verre, l'invitant à un peu de laisser-aller. La jeune femme est prise d'un doute, peu habituée à ce genre de grivoiserie. Elle lève une main pour lui enjoindre de limiter le remplissage, mais le gobelet est déjà plein jusqu'au col.

- Oh, c'est assez, c'est... proteste-t-elle en vain. Par les Trois, je ne suis pas accoutumée à l'alcool, voila qui me fera dormir jusqu'au jour... mais le vin est bon, et je ne voudrais pas défier la coutume...

Elle sourit, levant sa coupe à la santé de Desmond, et en boit une gorgée de plus. Compte-tenu de sa petite stature, il est certaine qu'elle n'exagère pas. Ses doigts sont déjà un peu engourdis, et sa vue est un peu plus trouble que d'ordinaire. Les prémices d'une adorable ébriété qui devrait amoindrir ses douleurs et calmer ses craintes.

- Je ne sais que vous offrir en échange de votre aide, sire, admet la clergesse en revenant à leur conversation. Je ne possède rien, et j'ignore encore ce qu'il adviendra de mon avenir au sein du clergé. Néanmoins, je n'oublierai pas que je vous suis redevable, je vous en fais la promesse.

Sa parole est tout ce qu'elle peut donner actuellement. Selon la manière dont se déroule la suite, il se peut qu'elle n'ait jamais rien d'autre. Son cœur se serre un peu. Il faut espérer que les choses rentrent dans l'ordre un jour... mais il faut admettre que ce ne sont pas les meilleures circonstances pour se permettre d'avoir des problèmes de ce genre.

Edwige se détend dans son fauteuil, réchauffée par le feu de cheminée et par l'hypocras. Elle passe une main sur ses yeux ensommeillés. Bien qu'elle ait eu droit à un long sommeil, l'idée de dormir une nuit de plus lui paraît très attrayante.

- Je ne serai pas trop exigeante, promet-elle, la mine avinée. Je n'aurais besoin que d'une ou deux tuniques, quelque chose de chaud, et... oh, ils m'ont pris mon nécessaire de soin. Je mettrai cela par écrit à la première heure, sire.

Le mieux qu'elle puisse faire pour faciliter la vie du seigneur de Rochemont est de suivre ses directives sans tergiverser. Cela lui permettra aussi de s'occuper l'esprit, plutôt que de le laisser vaquer et retourner à cette cave. Elle baille de nouveau, atteignant le fond de son gobelet. Elle ne tiendra pas beaucoup plus longtemps avant de s'assoupir contre le dossier.

- Vous aviez raison, souffle-t-elle, à demi-éveillée. Cette coutume est agréable...

Lentement mais surement, la brune s'éteint.

Sujet: Re: Désillusions (ft. Desmond) Dim 24 Jan 2021 - 16:14

Mon invité me fait plaisir en continuant à boire et je la sens se détendre peu à peu, comme quoi l’alcool n’a que des vertus ! Pour ma part, je réponds à son salut et je bois mon verre sans problème, l’avantage de l’habitude ainsi que de ma stature, je suppose, car il me faut de très grande quantité de boisson forte pour être saoul, ce qui me coûte extrêmement cher !

Mais aujourd’hui, ce n’est pas le but, je dois juste accompagner celle que je considère comme une amie à aller mieux, et ça, c’est ma spécialité ! D’ailleurs, cette dernière m’indique qu’elle apprécie mon aide et qu’elle me doit maintenant une faveur, et je hoche la tête pour lui montrer que je comprends. Cette promesse ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd et c’est vraiment dommage que la jeune femme soit une prêtresse, car j’aurais eu de nombreuses idées, toutes plus intéressantes, les unes que les autres.
Mais aujourd’hui, je n’ai rien à lui demander, je lui réponds donc gentiment :

Ne vous en faites pas pour cela, vous êtes la protégée des Trois et à ce titre, vous avoir près de moi est déjà une bénédiction.

Voilà, on verra bien si un jour, j’ai besoin de ses compétences, je lui demanderai de se souvenir de ses paroles, mais pour le moment, je vais la laisser tranquille et se reposer. Elle enchaîne ensuite sur la liste de course et heureusement qu’elle indique qu’elle mettra tout par écrit, car je n’aurai de toute façon, pas tout retenu.

Je vois la pauvresse s’endormir sur le siège, elle ne tient vraiment pas l’alcool ! Je la prends donc dans mes bras et la porte jusqu’à l’infirmerie, afin de la coucher dans son lit et de la border. Je ne peux m’empêcher de lui ébouriffer les cheveux doucement, car elle parait si paisible maintenant qu’elle est partie au pays de songes.

Je peux enfin me recoucher, et je dors d’un sommeil sans rêve. Le matin, je me lève à l’aube comme d’habitude et je commence par mes ablutions matinales, toujours obsédé par la propreté de mon corps avant de prendre un solide petit déjeuner, même si ce ne sont que des légumes. Je vais ensuite récupérer la lettre pour le supérieur de l’église que je demande à mon suivant d’apporter au temple, toujours chez l’ami de la religieuse.

À son retour je lui demande d’acheter les vêtements demandés pendant que je pars chercher un convoi quittant prochainement Marbrume en direction de Sombrebois. Grâce aux Dieux, il y a en un qui va partir dès demain, ce qui est vraiment formidable, car c’est quelque chose d’assez rare et je peux donc passer le reste de ma journée à préparer mon voyage ainsi qu’à m’entraîner à viser les différentes parties du corps humain, afin d’être prêt en cas de rencontre avec un Fangeux.