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 Bienvenue chez soi | Jacob

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Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



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MessageSujet: Bienvenue chez soi | Jacob   Bienvenue chez soi | Jacob EmptyDim 14 Fév 2021 - 16:04




Bienvenue chez soi
Manoir Rivefière - 30 décembre 1166


Debout face à l’immense bâtisse, la milicienne était encore empreinte au doute. Il n’y a de cela pas si longtemps, elle était encore en pleine forêt hostile en train de fuir sa réalité. Si entre temps et grâce à la bonté des Beauharnais, elle avait su reprendre forme humaine, il était clair qu’il lui faudrait encore un peu de temps pour récupérer sa forme. En effet, la milicienne était encore un peu maigre, ses forces réduites, sa peau abimée, sa chevelure raccourcie et ne portait pas des vêtements réellement adaptés à sa carrure. En même temps, il avait toujours été difficile de trouver des habits adaptés à son métier et taillés pour une femme, donc bon, cela ne changeait pas réellement de d’habitude.

Cela lui avait pris un peu de temps pour se décider à venir ici. Était-ce la bonne voie ? Son seul choix ? Elle en conclut rapidement que oui. Ce n’était pas comme si elle avait autre part où se rendre. Aussi cassée fût sa famille, elle restait la sienne et la seule qu’elle avait connue. Il était donc finalement naturel pour elle de revenir à eux et cela malgré ses doutes. Doute, car elle redoutait fortement leur réaction. Allaient-ils l’accueillir à bras ouverts ? Ou au contraire, la rejeter comme jamais ? Elle n’en savait trop rien. Avec la disparition de son père, puis de son frère en cette même année et à quelques mois d’intervalle, elle n’était pas sûre de ce qu’elle allait découvrir derrières ces portes. Elle avait néanmoins tenu à être de retour pour l’anniversaire du benjamin de la famille et était donc arrivée la veille.

Main sur son fourreau, elle inspira profondément avant de toquer au manoir des Rivefières. C’était réellement une étrange sensation. Difficile à dire si elle considérait ce lieu comme son foyer ou non. Non, en réalité, le seul endroit auquel elle pouvait réellement se sentir attacher restait leur ancien Comté. Mais il n’était plus et cela était un fait.

Lorsque ses portes du manoir s’ouvrirent, ce fut le visage hébété de la douce Margareth qu’elle découvrit en premier. Bien vite, son visage déformé par la surprise, puis par l’émotion se remplit de larme. Ses mains recouvrirent alors sa bouche lorsqu’elle demanda presque avec crainte.

« Dame… Serena… ? »

Figée un instant, la noble rescapée mit un peu de temps à réaliser le moment présent. Alors que son cœur se mit à s’emballer et incapable de prononcer le moindre mot, son visage esquissa un simple sourire. Dès lors, les deux femmes se prirent dans leur bras, omettant un instant leur statut social au bénéfice de retrouvailles dignes de ce nom.

« Que se passe-t-il ? »

L’ambiance chaleureuse retrouvée chez cette domestique particulièrement loyale fut néanmoins de courte durée. La voix froide et autoritaire qui venait de retentir n’appartenait à nulle autre que sa mère, Éloise de Rivefière. Lorsque le visage de Serena apparut sous ses yeux, la stupeur envahit rapidement ses expressions d’ordinaire si fermées. Toutefois, la droite maîtresse des lieux fit tout pour garder sa contenance.

« Prévenez mes fils. Préparez-lui aussi de quoi boire et manger… » Ses yeux toujours aussi perçants descendirent sur son accoutrement. Il était clair que la noble Éloise devait se faire violence pour ne pas soupirer. « Des vêtements. »

Sans plus attendre, Margareth s’éclipsa avant de faire le nécessaire. Pendant ce temps, Serena fut cordialement invitée à suivre sa mère dans le salon. Un long et lourd silence s’installa entre elles. Toutes deux n’avaient jamais entretenu une bonne relation mère-fille. Il était donc difficile ce jour-là de trouver les mots. Évidemment, sa mère devait avoir multitude de questions et de reproches à lui faire. Pour autant, rien d’autre que le silence ne put se faire entendre jusqu’à ce que cette dernière déclara.

« Je vais m’assurer que ta chambre soit préparée comme il se doit. »

Les yeux émeraude de la milicienne suivirent un instant sa silhouette avant de se perdre dans la grandeur de la pièce. Il était vraiment compliqué de réaliser qu’elle était cette fois-ci réellement de retour.






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Jacob de RivefièreComte
Jacob de Rivefière



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MessageSujet: Re: Bienvenue chez soi | Jacob   Bienvenue chez soi | Jacob EmptyLun 22 Fév 2021 - 0:17
Les yeux rivés sur le plan étalé devant lui, Jacob s'efforçait de donner le change. Il n'avait pas la moindre idée de ce que le maître d'oeuvre tentait de lui expliquer et n'entendait rien à la liste des arguments qu'il déployait pour le plier à son point de vue. Cependant, le faire entendre et comprendre à l'artisan paraissait tout bonnement impossible. Aussi Jacob mimait-il sa réflexion sérieuse et son attention entièrement acquise à celui qui énumérait chacun des points forts de la bâtisse à vendre. L'immeuble était effectivement adapté au projet imaginé par le jeune noble. De belle taille et situé dans le quartier du port, il avait l'avantage d'offrir un large plateau aménageable, un accès à un point d'eau, plusieurs bouches d'aération et tout ce qui s'avérerait utile, sinon essentiel, à la création d'un atelier. À cela s'ajoutait en plus et surtout, un autre atout tout particulièrement décisif ; son prix inespérément abordable.

Préférant toutefois se fier aux jugements de ses accompagnateurs, le Rivefière les interrogea du regard. Le premier gaillard, un homme dans la fleur de l'âge, arpentait le vaste espace d'un pas lent. Toujours surpris de l'opportunité qui lui avait été offerte, il passait une main nerveuse dans sa tignasse en bataille sans oser se prononcer. Il était maçon. Un maître au sein d'une corporation que ses trois fils avaient rejoint avant l'arrivée de la Fange. Chassés de leurs ateliers de l'Ouest par le Fléau, ils avaient trouvé refuge à Marbrume et n'avaient pu que difficilement survivre dans une ville déjà surpeuplée. Son aîné, Jérémia, avait tenté sa chance lors de l'appel à volontaires pour le Labret. Jacob l'avait rencontré à cette époque, sur le chemin en direction du plateau. Le jeune compagnon lui avait alors raconté l'histoire de son père, Maître Savoisin, ainsi que la sienne. Il voulait prendre un nouveau départ, aider sa famille et les convaincre de sa démarche pour que tous le rejoignent à Usson. Malheureusement, l'attaque fangeuse à quelques lieux seulement de ce qu'il imaginait comme un "El Dorado", avait mis un terme à ses rêves en mêmes temps qu'elle lui volait sa vie. Jacob s'était alors promis de retrouver son père pour lui dire les derniers mots pleins d'espoir de ce jeune rêveur. Finalement, il lui avait seulement proposé de bâtir une nouvelle vie pour les siens et ceux qui - comme lui - pouvaient aider à construire un meilleur avenir aux Hommes.

À l'inverse de lui, Maître Rensy portait un regard d'aigle sur les lieux. Deux fois veufs et père de six marmots dont le plus jeune n'avait pas dix ans, le charpentier était d'un tempérament vif. Il avait accueilli le projet avec enthousiasme, sans même chercher à y trouver une quelconque entourloupe. Lui avait grandi à Marbrume. Connu dans le quartier qui l'avait vu naître, son atelier se trouvait aujourd'hui cédé à quelques naufragés d'Hendoire. Des familles, pour la plupart, qui grâce à lui avaient trouvé un refuge pour leur progéniture déjà éprouvée. L'homme s'était ainsi attiré les foudres d'un voisinage superstitieux. Accueillir sous son toit et au coeur même de la Hanse des étrangers "hérétiques" tenait du blasphème. L'avenir du "gâte-bois" - un sobriquet qu'il tenait de son ancien maître - paraissait pourtant déjà scellé bien avant qu'il ne cède à sa "vilaine" compassion. Amputé d'une main et affublé d'une jambe raide depuis l'attaque du 1er mai, il peinait déjà à trouver quelques nouveaux contrats.

« Il y aura probablement quelques travaux à réaliser avant de pouvoir se mettre à l'ouvrage. »

Maître Savoisin était pragmatique. Cependant, son intervention permit de renégocier le prix de vente à la baisse, pour permettre l'achat des matériaux nécessaires aux aménagements envisagés. L'affaire aurait pu se voir conclue à cet instant, si Marcelin n'avait pas fait irruption dans le local.

Le domestique, depuis toujours rattaché à la maisonnée du Comte de Rivefière, avait la mine affolée. Cependant, le sourire épanoui qui étirait ses lèvres de part et d'autre de son visage émacié, était gage de bonne nouvelle. Sans attendre d'y être invité, il s'élança vers Jacob et attrapa son bras. L'homme manquait indubitablement de tact et n'avait de manières que celles qu'il devait réserver aux dames, mais il était surtout muet. Aussi fallait-il déchiffrer les mots silencieux qu'il articulait presque frénétiquement.

« Serena… ? » Marcelin acquiesça.

« Serena... Est rentrée ? » Une nouvelle fois, il hocha la tête pour répondre par l'affirmative.

La nouvelle laissa le noble sans voix. Incapable de proprement réagir sur l'instant, il se contenta de froncer les sourcils, avant d'opiner du chef. Il n'aurait dû ressentir que du soulagement, de la joie aussi, mais un insidieux sentiment voulait refaire surface. Profondément ancré dans ce qu'il lui restait de souvenir d'avant la Fange, il étouffait jusqu'aux battements de son coeur. Le souffle éteint et l'oeil terne, il laissa s'installer un lourd silence avant de le rompre d'une voix atone.

« J'ai affaire et ne serai pas de retour avant le dîner. »

Il n'avait pas besoin d'en dire davantage. Le temps n'avait rien effacé de la douleur et la rancoeur née de la perte continuait à gangréner le coeur du Rivefière. Alys, sa soeur jumelle, était morte sur le trajet qui du comté devait les conduire à Marbrume. La faute en incombait à Serena. Tout du moins, il le pensait. Il le croyait avec tellement de ferveur que sa mâchoire en vint à se crisper. Marcelin relâcha son bras et après un instant d'hésitation, il quitta les lieux, seul.

La nuit en vint à tomber, avant que Jacob ne s'en retourne à l'Esplanade. L'esprit soumis à la torture, il voyait ressurgir ses anciens démons. Le chagrin, la révolte, mais surtout la colère... Froide et implacable, cette dernière voulait dévorer la moindre de ses pensées. Elle grondait, griffait et taraudait sa chair avec un insatiable appétit. Sur sa joue, la cicatrice lui brûlait la peau et sans même s'en rendre compte, il porta la main à sa lame. Ses doigts se refermèrent sur le pommeau de son épée alors qu'il poussait la porte du manoir, mais son regard se heurta à la lourde tenture qui trônait dans le hall. Les armoiries Rivefière, témoins de la gloire passée et garantes des valeurs familiales.

Un soupir glissa entre ses lèvres et sa main retomba le long de son corps. Les dieux pouvaient en attester, en cet instant, il aurait pu maudire et Wymarc et son aîné, Roland. S'obligeant toutefois à conserver ce qu'il lui restait de contenance, il s'engagea dans les couloirs du vaste manoir. Sur sa route, il croisa Margareth qui glissa quelques mots à son attention. Il en saisit l'essentiel : Serena se trouvait dans l'un des salons de la demeure. Une pièce qu'il ne tarda pas à rejoindre, mais dont il ne franchit pas le seuil. S'arrêtant dans l'embrassure de la porte, il pinça les lèvres et riva son regard sur le sol, avant de relever les yeux vers celle qui se tenait là... Serena.

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MessageSujet: Re: Bienvenue chez soi | Jacob   Bienvenue chez soi | Jacob EmptyMer 10 Mar 2021 - 20:18




Bienvenue chez soi
Manoir Rivefière - 30 décembre 1166


Ainsi Jacob ne serait pas de retour avant le dîner.

Un douloureux sourire s’afficha alors sur le visage de la milicienne. Qu’avait-elle imaginé ? Pour le coup, elle se sentait même idiote d’avoir espéré qu’il vienne l’accueillir, se réjouir de son retour. Malheureusement, la réalité était bien différente. Sans doute, oui sans doute, que son frère la préférait morte. Elle le méritait après tout. Mais cette pensée restait incroyablement insupportable. Il était même difficile de décrire la déchirure qui parcourait alors tout son corps, tout son être à cet instant. N’avait-elle donc réellement plus aucune place dans son cœur ? N’était-elle plus la bienvenue au sein de sa famille ? Même sa propre mère peinait à lui montrer son amour.

Heureusement, oui, heureusement, son dernier frère était bien différent. Drystan était venu à elle à bout de souffle. Et lorsqu’il put confirmer de ses propres yeux que tout cela n’était pas un vil mensonge, mais bel et bien la réalité, des larmes s’écoulèrent le long de ses joues. Tous deux émus, ils n’attendirent ainsi pas plus longtemps pour se prendre dans les bras. C’était ainsi qu’elle remarqua pour la première fois que son jeune et petit frère avait déjà bien grandi. Oui, il n’était plus ce petit garçon encore bien trop naïf. Lui aussi avait changé et s’était forgée à travers toutes ces tragédies et cela malgré tout l’amour et toute la protection de ses aînés.

Évidemment, celui-ci tenta poser milles et une question. Que lui était-il arrivé ? Pourquoi n’était-elle pas revenue plus tôt ? Comment avait-elle réussi à revenir seule jusqu’ici ? Des interrogations légitimes, mais qu’elle ne se sentait pas prête à répondre. Elle se contenta donc de lui sourire, lui corriger une mèche de cheveux, puis déclarer.

« Je n’allais tout de même pas rater ton anniversaire. »

Et en effet, celui-ci s’apprêtait à fêter son dix-septième anniversaire. Et à ces mots, il était impossible pour lui de ne pas se sentir envahi pas les émotions. Clairement, elle ne laissait pas non plus la place à d’autres questions. Chose que ce dernier respecta.

De là, plusieurs tentèrent de la convaincre de se mettre à l’aise, de se changer, peut-être s’écouler un bain. Mais dans la tête de la milicienne, toutes ses choses lui étaient impossibles. Comment pourrait-elle se permettre de se détendre sans avoir l’autorisation du nouveau maître des lieux ? Avait-elle seulement son autorisation ? Ou allait-il la jeter dehors ? Tout était possible et Serena se tenait donc prête à repartir.

Ainsi, la milicienne attendit. Elle attendit, tantôt debout, tantôt assise dans cet immense salon familial. Encore une fois, pour elle, tout semblait bien loin de la réalité. Elle n’avait pas encore pleinement conscience d’être ainsi revenue dans la civilisation et surtout son foyer. Il était donc encore aisé pour elle de se perdre dans ses pensées. Il n’était pas rare non plus qu’elle sursautait aux bruits qui pour elle étaient devenus étrangers. D’ailleurs, elle refusa catégoriquement de se séparer de ses armes. C’était donc toujours vêtue telle une guerrière ou une voyageuse expérimentée qu’elle attendait et patientait.

Debout, elle sentit son corps se figer lorsqu’elle entendit enfin celui-ci entrer dans la demeure. Elle savait que cela ne pouvait être que lui. Elle entendait ses pas se rapprocher lentement. Comment allait-il réagir ? Qu’allait-il lui dire ? Toutes ses questions s’apprêtaient enfin à être répondue lorsque soudainement ce dernier apparut dans le cadre de la porte.

Même si elle voulait paraître forte et impassible. Il était évident que Serena ne s’était pas encore remise complètement de son séjour à l’extérieur. Elle avait perdu du poids, son visage était encore fatigué et sa chevelure coupée. Elle ne dévoila aucun sourire, mais ses yeux légèrement humides trahirent quelque peu ses émotions.

Ce fut alors un long et profond silence qui s’installa entre eux deux. L’atmosphère était lourde, si lourde. Jamais, elle ne s’était sentie aussi mal à l’aise et angoissée. Les mots ne lui venaient pas. Et pourtant, ce silence lui était bientôt tout simplement insupportable. Elle tenta donc de le briser.

« … Cela faisait longtemps. »





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