Suprématie au quatrième

Suprématie au quatrième

“
Aussi paradoxal que puisse paraître cet endroit, cela empeste moins la vanité et le mensonge que dans les beaux quartiers…” pensa Rohélias, s’aventurant dans le quartier en question.

Ici, le paraître n’avait pas cours. La misère s’affichait partout. Des haillons jusqu’au moisissure qui rongeait la pierre de ci et là. Il n’y avait pas grand chose à convoiter car la pauvreté s’appliquait à tous ici. Même la milice oppressive se faisait plus rare.

Quelle ironie de se dire que ces gens avaient un cadre de vie plus propice à l’éveil que les riches. Bien entendu, cela laissait place à d'autres vices. Peut-on parler de vice quand sa vie est menacée ? En voilà une question sur laquelle la Corneille va devoir trouver réponse pour étayer ses desseins.

La proximité du port donnait à l’atmosphère ambiant un parfum de sel et une légère brume qui stagne au sol.

“Z’auriez pas un sous, mon père ?” demanda une voix cassé par l’alcool et la Trinité savaient quoi.

“Disons deux sous et vous m’indiquez la taverne le Corbeau Déplumé ?” enchérit Rohélias.

Le sans-le-sou ne se demanda pas plus pourquoi le prêtre désirait se rendre à cette taverne tans il était ravi de gagner son maigre pécule.

Il le fit passer à travers des ruelles tout aussi insalubres et lugubres que le reste du quartier avant de débarquer pile devant une façade en sale état. De prime abord, l’endroit semblaient complètement inhabité tant les pierres et la chaume semblaient rongé par l’humidité et le temps.

L’individu en haillon et à la face pustuleuse tendis une main implorante vers la Corneille qui lâcha pas du regard l’établissement à l’abandon. Il plongea sa main dans sa sacoche et en tira deux pièces de cuivre qu’il donna au malheureux.

“Mershiiii, mon bon prêtre !!! Gloire aux trois !!” dit-il en s’éloignant dans la brume et les ruines.

“Et suprématie au Quatrième…”chuchota la Corneille en lisant l’écriteau sur la devanture le Corbeau déplumé.

Il s’approcha de la porte d'entrée dont le bois souffrait autant que le reste du quartier de l’humidité de la mer non loin.

Il décrocha sa petite serpe de sa ceinture et fixa le creux de sa main armé de sa serpe dans la main droite. Cette main présente bien trop de rides, un chiromancien aurait de quoi décrypter, si tenter que la Corneille est du temps et de la patience à perdre à écouter ces balivernes. Ses doigts ont toujours étaient longs et crochus tels des serres de rapaces, bien pratiques pour la minutie de ses travaux.

Il entailla sa main gauche de bon cœur, chose qu’il n’avait jamais fait jusque-là et contempla son sang couler le long de sa main et ses doigts.

La douleur lui procura un certain soulagement comme si le sang se déversait directement sur sa haine et son dégoût de Marbrume. En cet instant, ses névroses sur la propreté étaient réduites au silence. Il n’y avait que la douleur lui apportant un moment de paix dans ce tumulte de vanité.
Il trace donc sa marque sur la porte. Le bois était humide. Il se débrouilla tout de même pour schématiser une tête de corbeau, symbolisant à la fois sa personne et le culte d’Etiol.


Adressant un dernier regard à son œuvre ensanglantée, il enroula sa main dans d’un bandage et prit la direction du Temple. Il traversa la face cachée et inavouée de Marbrume et s'apprête à replonger dans la sinécure mensongère de son Ordre.