Marbrume


Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal

Partagez

 

 L'heure des comptes [Victor]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Emilliane de RivainVicomtesse
Emilliane de Rivain



L'heure des comptes [Victor] Empty
MessageSujet: L'heure des comptes [Victor]   L'heure des comptes [Victor] EmptyMer 2 Juin 2021 - 18:32

L'heure des comptes



À l’approche de la belle demeure où séjournait le Comte de Rougelac, Emilliane prit une lente et profonde inspiration pour raffermir sa volonté. L’homme était plus connu que le loup blanc et en dépit des éloges d’un certain chevalier géant l’année précédente (et qu’elle gardait bien en tête) la jeune femme était prête à croire les pires racontars à son propos. Sans parler du fait qu’il avait été expulsé de l’Esplanade pendant un temps et mêlé à de sombres affaires qui n’avaient rien de ragots, ce qui n’arrangeait pas son image publique. Cependant, rumeurs ou pas, elle devait accomplir sa tâche avec la même efficacité que d’habitude.

Le Roi avait confié à Victor la charge de réhabiliter les Faubourgs, en plus de lui donner l’autorisation de percevoir les impôts dans le sud de la région. Des fonctions importantes et plutôt prestigieuses, qui convenaient sans doute très bien à un amateur de la finance tel que le Comte, mais qui demandaient aussi une bonne dose de confiance. Or, le bonhomme n’avait pas été la personne la plus fiable du Royaume ces dernières années…
Voilà pourquoi la famille de Rivain avait la lourde tâche de tenir la laisse royale qui avait été passée au cou de Victor, avec permission d’utiliser la muselière si nécessaire. La jolie brune s’y connaissait assez mal en dressage canin mais cela faisait presque un an qu’elle assistait son père dans ses fonctions et elle se sentait assez légitime pour parler en son nom.

La visite qu’elle rendait en ce jour au Comte de Rougelac était purement administrative. Elle devait s’enquérir des projets de reconstruction, récupérer le plan de financement promis au Grand Argentier pour examen et validation, ainsi que “prendre la température”. Cette mission était plus officieuse et relevait plus d’une demande de la part de son père que d’un réel besoin exprimé par le Roi. Maxime de Rivain avait toute confiance en sa fille qui, en dépit de son sexe, s’était toujours montrée efficace. Néanmoins, il avait lourdement insisté sur le fait qu’elle n’était pas obligée de s’approcher de l’individu. Charmeur notoire et désormais taxé de Barbe Bleue dans certains cercles, le noble était au-delà du sulfureux et n’importe quel père tiendrait sa fille à l’écart.
Mais bien décidée à ne se laisser impressionner par personne, la têtue demoiselle avait balayé les craintes paternelles en assurant qu’elle ne risquait rien et qu’elle ne se déroberait pas. Sorin, qui assurait sa protection depuis l’hiver, serait une escorte suffisante face au personnage, elle en avait la conviction. Après tout elle n’allait pas se jeter nue dans le Chaudron, ce n’était qu’une visite à un noble.

À présent qu’elle se trouvait devant le logement de ce terrible Croque-mitaine, elle réalisa qu’elle ne se sentait effectivement pas inquiète pour un sou. Sa canne dans une main, le mercenaire taciturne à ses côtés, elle se fit annoncer avec assurance auprès des hommes qui gardaient la demeure.
Enlacée par une robe bleu sombre à laquelle elle avait ajouté une ceinture de cuir et d’argent, elle ressemblait à un oiseau de mauvaise augure pour resquilleurs. Qu’ils tremblent les filous et les voleurs, Emilliane comptait passer à la loupe la moindre ligne de calcul qui passerait entre ses mains.

Le temps que le mot sur son arrivée ne circule et qu'on ne la laisse entrer, elle admira la façade du bâtiment. C'était un bel endroit, elle devait en convenir. Le manoir de sa famille n'avait rien à lui envier en taille, mais manquait de ce faste extravagant en apparence, lui préférant une allure plus humble à la limite de l'austérité. Un style qui convenait bien au père et à la fille, bien qu'ils sachent tout deux reconnaître la grandeur du luxe. La pauvre baronne de Nera aurait dû pouvoir profiter de cet endroit pendant encore de longues années si le malheur ne s'était pas abattu sur elle. Triste histoire.

On vint très rapidement les chercher pour les introduire dans le bâtiment principal. Il était prévu qu'ils se montrent aujourd'hui, rien d'étonnant à ce qu'on les accueille si vite. De plus, les portes ne restaient pas fermées bien longtemps lorsque la secrétaire personnelle du Grand Argentier demandait à entrer. Ce fut donc avec une curiosité tempérée que la jeune femme entra dans le domaine de l'un des plus célèbres habitants de l'Esplanade.


Revenir en haut Aller en bas
Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



L'heure des comptes [Victor] Empty
MessageSujet: Re: L'heure des comptes [Victor]   L'heure des comptes [Victor] EmptyJeu 3 Juin 2021 - 10:14
Il fallait accorder au Comte de Rougelac un emploi du temps des plus chargé depuis la redistribution des rôles dont la reine et le roi avait été les instigateurs. Entre Sombrebois, pour veiller au bon déroulement de la réhabilitation du bourg et pour dispenser de ses conseils à la baronne, et Marbrume où sa place à la cours du roi lui tendait enfin à nouveau les bras, le mondain ne savait plus où donner de la tête tant et si bien que le propre personnel de son manoir ne le voyait apparaître souvent qu'en coup de vent. Lorsqu'il décidait de rester quelques jours à demeure c'était pour s'enfermer dans son office afin de réaliser l'étude de financement du bourg puisqu'à présent le mur d'enceinte était enfin achevé.

Le Grand Argentier lui demandait des comptes puisque la couronne venait prendre le relais financier du projet. Une aubaine pour Victor de Rougelac qui voyait ainsi le bénéfice risque lui être favorable car au change, la reine avait été des plus généreuse à son endroit et qui sait d'ailleurs si elle ne le serait pas plus encore ? Les échanges ambiguë que le Comte avait nourri face à cette femme pouvait le laisser penser si et évidement si Victor respectait sa part du contrat. Et c'est ce qu'il s'évertuait à faire depuis ce fameux dixième jour du mois de mars de l'an 1166 où ses perspectives venaient de prendre leur essor, un coup de pouce du destin qu'il saisissait volontiers et qu'il ne voulait pour rien au monde voir lui filer entre les doigts. C'est pourquoi après avoir raccompagné Rosen de Sombrebois à résidence, au château baronnial, il n'avait perdu de temps pour regagner la capitale et l'Esplanade car il attendait la venue d'une personne, certes point aussi importante qu'il l'aurait espéré, mais qui se révélait être la plus proche parente du Grand Argentier en personne, sa fille Emiliane de Rivain.

Sans doute envoyé chez le Gouverneur du Sud pour faire des premières armes, ses griffes, si l'on peut se permettre ces expressions, il fallait bien avouer que le Grand Argentier prenait quelques risques dans cette opération lorsqu'on connaissait la réputation et le passif du personnage de Rougelac. On le qualifiait de bien des mots, bien des surnoms, mais l'essentiel n'était pas là pour lui, cela lui plaisait certes car cela attisait justement ce qu'il recherchait d'autre, une forme à la fois de respect et de crainte pour sa personne. Mais l'idée de recevoir la fille de Rivain était autant divertissant pour le quadragénaire qu'elle n'était aussi une épreuve qui fallait affronter et surmonter avant de lui même pouvoir regagner la cours des grands de ce monde. C'était également l'occasion pour lui aussi de découvrir tout le potentiel ou non de cette jeune femme qui devait à minima être aussi ambitieuse que ne l'est son père. Une rencontre qui allait s'instaurer dans une atmosphère finalement fort éclectique dans ses aspects, sa nature officielle et sa tournure.

Sans surprise, l'arrivée de la secrétaire du Grand Argentier était attendue en ce trente et un mars de l'année 1166, la domesticité ainsi que le service d'ordre du Manoir ayant eu pour consigne de se montrer irréprochable avec la jeune femme qui passerait les portes de la résidence. D'ailleurs, la présence d'un homme au coté d'Emiliane n'avait soulevé aucun réticence, fort conscient que la fille de l'Argentier Royal allait forcément venir sous escorte. Pris en charge par la gouvernante des plus avenante et polie, cette dernière les délesta de leur affaire superflu sur demande avant de les inviter à la suivre dans le grand hall richement décoré jusqu'à emprunter sur leur gauche une porte qui amena la trio jusque dans le boudoir du manoir tout aussi entretenu dans le moindre détails. Les boiseries étaient tant détaillés, le tableau du portrait du Comte devant une cheminée en sommeil depuis la fin de l'hiver donnait aussi une certaine forme de sérénité au lieu et se fondait à merveille dans ce décors où l'art et le sens du détails semblaient omniprésent, jusqu'aux couleurs et aux textures des coussins de la banquette à deux place faisant face à deux fauteuils aux accoudoir possèdent des moulures travaillés avec une précision au millimètre.

Emiliane pouvait d'ailleurs confirmer dans son esprit que sa visite était plus que préparé et attendu puisqu'un plateau d'argent était déjà entreposer sur une table basse et s'y trouvait carafes en cristal d'eau et d'alcool d'hydromel. Prenant congé, la gouvernante alla ensuite prévenir son maître qui finalement apparut dans le boudoir après une petite dizaine de minutes. I était tout un art de ne pas se précipiter comme de ne pas faire trop attendre un invité de marque, un juste dosage, le temps qu'il finisse de se préparer dans sa tenue qu'il affectionnait tant, cette tunique obsidienne à col haut qui brillait de discret reflet argenté cousu de-ci de-là en léger relief. A son arrivée, son regard se porta immédiatement sur la jeune femme et deux caractéristiques éveillait son plus grand intérêt, la canne dont elle disposait ainsi que le bleu sombre dans laquelle elle avait choisit de s'afficher.

La partie allait débuter et évidemment l'introduction était tout aussi importante que l'intrigue et l'épilogue, auquel cas la saveur de l'affaire laisserait en fin de bouche un gout légèrement amer. C'est ainsi que muni de son petit sourire à la commissure de ses lèvres, il s'avança vers la secrétaire du grand Argentier, le visage légèrement incliné, avant de s'incliner dans une révérence de circonstance, ni trop ni pas assez, devant son invitée. Son regard azur scrutateur commençait déjà à sonder ce ravisant petit minois juvénile, si l'on se référait à l'écart d'âge entre les deux protagoniste. Et sans prêter le moindre intérêt à Sorin, il prit la parole.

- Je me réjouit de votre visite attendue de longue date, mademoiselle de Rivain. Votre toilette, puis-je me permettre un compliment étant amateur d'art dans toutes ses formes, vous sied. C'est grâce à la Couronne que nous voyons réuni aujourd'hui, bénie soit-elle pour ce premier échange, il me tardait de faire votre connaissance.

Menti-il car c'était plutôt de faire directement affaire avec le Grand Argentier en personne qui lui aurait donner une valeur ajouter de premier ordre. Mais il n'y avait pas que des inconvénients à devoir faire affaire avec la fille, bien au contraire! Une richesse de possibilité s'offrait à lui en fin de compte, celons comment tourner ce premier face à face. Il mentait oui, mais si bien qu'on ne pouvait détecter la ruse et la fourberie !

- Bienvenue en mon humble demeure. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, une clochette se trouve sur la console tout à coté de vous, l'une de mes domestique se tiendra à votre disposition alors.
Revenir en haut Aller en bas
Emilliane de RivainVicomtesse
Emilliane de Rivain



L'heure des comptes [Victor] Empty
MessageSujet: Re: L'heure des comptes [Victor]   L'heure des comptes [Victor] EmptyJeu 3 Juin 2021 - 12:24

L'heure des comptes



Les épaules droites, la démarche souple, la jeune femme suivit la domestique sans hésiter. Si elle fit mine de ne pas regarder autour d’elle avec la curiosité naïve d’une enfant, elle ne manqua pas de relever la présence du tableau ou de l’argenterie qui trônait sur la table. Que ce soit par crainte de lui déplaire ou dans l’espoir d’impressionner ses goûts féminins, il n’en demeurait pas moins qu’un effort évident avait été fait pour sa venue.

Assise dans le boudoir en compagnie de son garde, elle eut tout le temps de réfléchir en l’absence de son hôte. Il ne l’avait pas faite venir dans un salon, mais dans une pièce plus privée, elle n’était pas certaine qu’il se soit permis de faire de même avec un homme mais encore une fois, le personnage avait une telle réputation qu’elle n’aurait pas été étonnée d’apprendre que c’était là sa façon de recevoir habituelle.
Sorin n’avait pas dit un mot et se tenait sagement derrière l’assise du fauteuil, son regard balayant la pièce avec un flegme qui le caractérisait bien. En dépit de son expression détachée, il faisait de l’excellent travail et aucun recoin de la pièce ne lui échappait. Aussi lorsque le Comte de Rougelac apparut enfin, le garde-du-corps ne fut pas pris au dépourvu.

Émilliane se leva dans un mouvement élégant et répondit à la courbette par un hochement de tête et un sourire. Il y avait dans cette situation quelque chose d’amusant : Victor était plus âgé, c’était un homme et son titre était plus prestigieux, pourtant il était ici plus en position de faiblesse que son invitée qui, du haut de son jeune âge et de son titre, avait tout de même le pouvoir de lui mettre des bâtons dans les roues. Après tout, elle avait non seulement l’oreille attentive de son père mais également un lien de sang direct avec la Reine. Si leur relation n’avait jamais été très proche, elles étaient néanmoins en très bons termes. En d’autres circonstances moins apocalyptiques, la brune aurait été duchesse. Ce drôle de décalage rendait l’échange pour le moins atypique.

Je me réjouis de votre visite attendue de longue date, mademoiselle de Rivain. Votre toilette, puis-je me permettre un compliment étant amateur d'art dans toutes ses formes, vous sied. C'est grâce à la Couronne que nous voyons réuni aujourd'hui, bénie soit-elle pour ce premier échange, il me tardait de faire votre connaissance.

Était-elle surprise que l’on commence la conversation en parlant mode et style vestimentaire ? Pas vraiment. Ce n’était pas la première fois, ce ne serait pas la dernière. Elle attendait toujours l’homme qui parviendrait à la surprendre au détour d’une phrase. En revanche, elle trouvait amusant qu’il lui dise avoir été impatient de la connaître. On attendait rarement avec enthousiasme la visite d’une personne versée dans l’art de réclamer de l’argent ou de refuser des financements. Mais peut-être faisait-il allusion à l’opportunité qu’elle lui offrait de montrer patte blanche ?

Je vous remercie pour votre accueil et votre hospitalité, messire. Il me tardait également de pouvoir rencontrer en chair et en os une figure si incontournable de ce royaume en déclin, fit-elle d’une voix tranquille, le sourire aux lèvres. Chacun semble avoir beaucoup à dire à votre sujet, j’étais curieuse de pouvoir séparer le vrai du faux par moi-même.

Elle lui laissait le loisir de décider ce qu’elle entendait par là et reprit place dans le fauteuil où elle s’était installée précédemment, une main posée sur sa jambe et l’autre sur le pommeau de sa canne.
Sans se presser, la demoiselle observa avec beaucoup d’attention le Comte. Il avait presque vingt ans de plus qu’elle, mais demeurait bel homme malgré tout. Il était aisé de comprendre sa facilité à trouver une épouse malgré sa mauvaise réputation. Sans parler de la richesse évidente des lieux. Sa tenue était impeccable, son maintien également, il avait une voix plaisante à l’oreille et dégageait quelque chose de fascinant qui poussait à tourner son regard vers lui. Autant d’atouts qui lui avaient évidemment bien servit à se bâtir la vie qu’il avait aujourd’hui… La mise à la porte de l’Esplanade en moins, évidemment. Une chance que la demoiselle n’ai pas le cœur assez tendre pour se laisser corrompre par si peu.

Chassant ses cheveux courts derrière son oreille, elle renchérit quant à l’offre de faire usage de la clochette près d’elle :

C’est très aimable de votre part. Malheureusement, je crains que tout ce que je puisse désirer en ces lieux, vous seul êtes capable de me l’apporter.

Un court silence ponctua la phrase avant qu’elle ne reprenne, sans se départir de son calme et de sa voix caressante.

Avez-vous eu le temps de produire les documents demandés par le Grand Argentier à propos de vos projets pour les rénovations ? Nous souhaiterions aussi passer en revue les dépenses déjà effectuées ainsi que les commandes passées.

Et par “nous” elle entendait surtout son père. Mais qu’il le veuille ou non, elle aussi aurait les yeux dessus et serait dans la confidence.
Revenir en haut Aller en bas
Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



L'heure des comptes [Victor] Empty
MessageSujet: Re: L'heure des comptes [Victor]   L'heure des comptes [Victor] EmptyJeu 3 Juin 2021 - 14:50
Les remerciements de la jeune femme avaient une douce mélodie à double sens et pour le coup, Victor ne se formalisa pas sur quelques choix à décidé quand à ce qu'il devait y entendre. Le fait qu'on puisse avancer les mêmes armes que lui, tout en finesse et sous entendus, plaisait plus que de raison au Comte, friand d'interlocuteurs tout sauf soporifique. D'emblée, la secrétaire et fille du Grand Argentier cherchait à marquer son style, son emprunte. Elle le faisait déjà fort bien dans un visuel où tissu et objet accessoire donnait le ton d'une femme loin des stéréotype de son sexe et de son rang. Mais à présent, elle offrait ses talents d'oratrice, tout du moins elle en laisser s'échapper quelques prémisses, venant renforcer un premier avis plutôt satisfait auprès du mondain.

Sa répartie, son calme, sa voix caressante étaient de bon indicateurs pour Rougelac qui n'avait en rien à faire à une oisive demoiselle venue mot pour mot donner les instructions de son paternel. Un léger sourire carnassier se forma sur le visage du Comte avant qu'il ne finisse par se servir un fond de gobelet de ce nectar alcoolisé de miel et prendre place dans la confortable assise face à la demoiselle de Rivain, la jaugeant un instant silencieusement du regard.

- Vous savez, plus on en dira sur ma personne, mieux je me porterais et que ce soit en bien ou en mal, cela n'a en réalité que peu d'importance.

Il prit une gorgée de ce liquide ambré avant d'esquisser un second sourire à la commissure de ses lèvres dès lors qu'Emiliane jouait d'un pouvoir de répondant flirtant délicieusement avec l'outrance. La pointant, non pas du doigt mais du haut de son gobelet, il ne manqua pas de gratifier son interlocutrice de bon mots car il fallait bien l'avouer, la fille du Grand Argentier était venu dans un but précis et ne semblait vouloir quitter ce sentier.

- Ah je comprend, vous n'êtes point venu me compter fleurette ou deviser sur la météo qui nous attend en ce printemps. S'amusa-t-il à faire remarqué de façon taquine. Vous êtes l'émissaire de votre père et votre père attends que je lui dois des comptes. Soyez assurés que tous les documents sont à l'heure où je vous parle sous pli. Mais que vous vous hâtez, mademoiselle, prenez le temps de vous désaltérer, à moins que vous ne vous sentiez pas à l'aise en mon manoir pour y rester plus que de raison.

Il se releva, posant son gobelet qui scintillait d'un charmant rubis qui y avait été incrusté avant de se diriger vers la porte d'une commode et d'en tirer une pipe ainsi qu'une bague à tabac.

- Mais, je puis comprendre, je fascine, j'intrigue autant que je ne provoque la peur et la crainte. J'imagine que plus votre père, le Grand Argentier, comptera les heures avant votre retour, plus il son angoisse grandira de vous avoir envoyer à sa place dans la tanière d'un vieux loup. Oh, je comprends donc ne pas pouvoir vous offrir l'étendu de mon étiquette, mais qui sais, au travers d'une soirée de salon, dans quelques cercles, nous serions amener à deviser de façon plus informel.

Il se rassie, croisant élégamment les jambes avant d'entreprendre à bourrer la pipe d'herbe et d'amorcer la combustion.

- Hmm'fff, vous voulez que je vous liste les dépenses et les commandes passés ? Quelle chose étrange ! Il s'agit de ma propre dette dont vous souhaitez les détails ? Le Grand Argentier souhaiterait éponger mes passifs et ainsi me faire profiter de meilleurs plu value dans l'exercice de ma fonction de précepteur ?

C'était évidemment lâché sur un ton amusé, Victor bien conscient que là n'était pas l'objet de la demande. Il fini par tirer sur sa pipe et après quelques bouffées, il en lassa s'échapper dans l'air un cercle de fumé qui à mesure de s'élever dans l'air s'élargissait.

- Les dépenses, il y en a eu en nourriture évidemment, je ne vous cache rien. Via quelques fournisseurs au Labret et quelques bon amis à la capitale. Du petit matériel pour les travaux de second oeuvre du mur. Des peaux pour les tentes qui ont souffert de l'hiver... quoi d'autre ? de l'outillage et quelques moules de brique. Vous savez, ce projet pour un seul homme était fou alors, il fallait penser à la moindre économie. La pierre nous à à peine servi pour une base solide du mur, ensuite, nous avons judicieusement fait avec la matière première la plus présente dans ces foutu marrais... le bois.

Il prit une pause, avisant la jeune femme, sachant qu'il deviait un peu des sentiers battu, mais seulement pour expliquer certains choix.

- Le bourg sera rhébilité en grande parti avec des structure en bois et en brique. Oui la brique, car la terre, la boue y est omniprésente. Et en parlant de dépense, la plus importante mais non moins relative serait celle récemment signée quand à la livraison de plusieurs four afin d'y cuir la terre pour en faire de solide brique.

Son regard océan s'en trouva alors aussi lubrique et malin et mordant avant d'achever ce début d'exposé.

- Mais, n'ai-je pas encore pu honorer mes fournisseurs en plein travaux sur ce sujet. Et pour cause, le Roi à prit à sa charge se que je n'avais pas encore eu le loisir de payer. C'est donc naturellement votre père, le Grand Argentier, qui en sera par sa fonction le débiteur. En tout cas je pourrais vous lister toutes les commandes en cours d'ici au début du mois prochain. A moins que votre intérêt pour mon office où sont stockés toutes mes parchemins vous pousse à rester plus que de raison... mais je vous met en garde, votre homme devra rester à l'extérieur de mon bureau, question de principe.

Il se détourna du joli minois de la jeune femme pour fixer la canne qu'elle tenait et qui lui donnait ce petit plus, un cachet que le Comte connaissait bien lui aussi car cela vous donner une envergure plus prononcé par moment.

- Hmmm... un fort bel ouvrage que cette canne, j'ai une petite collection qui devrez vous plaire. Oserais-je vous demandez s'il s'agit d'une canne-épée ? Un bijou de technologie, enfin de rouage mécanique pour être plus précis.
Revenir en haut Aller en bas
Emilliane de RivainVicomtesse
Emilliane de Rivain



L'heure des comptes [Victor] Empty
MessageSujet: Re: L'heure des comptes [Victor]   L'heure des comptes [Victor] EmptyMer 9 Juin 2021 - 12:00

L'heure des comptes



Le personnage était presque aussi haut en couleur qu’on le lui avait décrit. Elle s’était même attendue à ce qu’il soit plus théâtral qu’il ne l’était déjà. En un sens, il avait raison : plus on en disait à son sujet, moins il était facile de discerner la vérité à son propos. Se dissimuler dans la foule était une méthode efficace.
Malheureusement pour Emilliane, le Comte était loin d’avoir dit son dernier mot et souhaitait qu’elle s’attarde un peu au lieu de rapidement conclure l’affaire. Elle aurait préféré qu’il expédie cette corvée rapidement afin de pouvoir rentrer chez elle. Qu’à cela ne tienne, elle pouvait endurer la présence sulfureuse de son hôte encore un moment.

Sorin ne fit aucune remarque et ne broncha pas, cependant elle pouvait deviner qu’il râlait intérieurement à l’idée de devoir rester planté là sans bouger encore longtemps. Il était plus homme d’action que de discours et si la plupart du temps il trouvait la force de rester inactif, c’était parce que son employeuse le laissait s’affaler dans un siège à sa guise. Peu lui importait la façon de se tenir de son garde-du-corps lorsqu’ils étaient loin des regards, tant qu’il gardait un esprit alerte. En public, le mercenaire savait tenir son rôle sans laisser paraître son inconfort, mais il y avait cette aura de mécontentement autour de lui qui en disait long sur son déplaisir.

La Vicomtesse ignora le verre qu’on lui avait servi, peu encline à s’adonner à la boisson à cette heure. Profitant que Victor lui tourne le dos, elle s’autorisa une expression de lassitude un tantinet agacée en l’écoutant déblatérer à propos de son père et de l’inquiétude qu’il devait éprouver quant au fait de savoir sa fille chez l’un des plus grands séducteurs de la ville. Il aimait visiblement supposer beaucoup de choses à propos des gens et elle n’avait aucune envie de le contredire. Il était souvent plus simple pour elle d’avoir l’air de ce qu’elle n’était pas que de convaincre les gens qu’ils se trompaient à son sujet. Ou au sujet du Grand Argentier.

Peut-être en aurons-nous l’occasion, effectivement. Bien que les soirées de ce genre ne soient plus monnaie courante, même à l’Esplanade. La rumeur circule qu’il serait de bon ton de se montrer plus économe, dit-elle avec un sourire innocent qui n’essayait pas de se faire passer pour tel.

Les de Rivain n’étaient pas connu pour leur sens de la débauche et de la démesure, en cela Emilliane en était la digne représentante. On aurait presque pu dire qu’elle était le parfait opposé du Comte de Rougelac. C’était à se demander comment ils pouvaient échanger sans que l’atmosphère ne devienne explosive en trois mots.

Hmm'fff, vous voulez que je vous liste les dépenses et les commandes passés ? Quelle chose étrange ! Il s'agit de ma propre dette dont vous souhaitez les détails ? Le Grand Argentier souhaiterait éponger mes passifs et ainsi me faire profiter de meilleurs plu value dans l'exercice de ma fonction de précepteur ?

Qui sait, peut-être souhaite-t-il se montrer généreux ? Ou peut-être ne s’agit-il là que d’un test pour s’assurer de votre bonne volonté envers la Couronne et le Conseil ? À moins qu’il ne souhaite s’assurer que votre fortune soit belle et bien employée aux travaux demandés et non à des fins personnelles qui justifierait une nouvelle expulsion ? avança la demoiselle en se fendant d’un sourire amusé, un coude désormais posé sur l’un des accoudoirs du siège. Mais il se peut aussi qu’il ne cherche qu’à vous ennuyer. Mais se pourrait-il que la demande vienne d’une autre personne que de lui ? Allez savoir…

Toutes les hypothèses tenaient la route et seule la brune Vicomtesse savait à quoi s’en tenir. Du moins, si elle mimait l’assurance, elle le faisait à merveille. Après tout, elle n’était que secrétaire personnelle et non Argentière elle-même, il était naturel de penser qu’elle n’avait que peu d’implication dans le traitement des documents qu’elle réclamait.

Victor se mit à énumérer les différentes dépenses ainsi qu’à détailler une partie des travaux en cours. Il semblait avoir une feuille de route correcte et en dehors de quelques précisions qui n’avaient rien à voir avec ce que demandait Emilliane, il se montra coopératif.
La demoiselle fit un effort de concentration pour mémoriser un maximum d’éléments et pouvoir les retranscrire à l’écrit. Elle n’était pas dotée d’une mauvaise mémoire, cependant les écrits restaient mieux que les souvenirs. Elle ponctua la fin de son discours d’un hochement de tête entendu.

Nous attendrons pour la liste définitive des commandes en cours. Vous imaginez bien qu’elle fera l’objet d’un examen scrupuleux pour s’assurer que tout corresponde aux livres de comptes et aux directives reçues. Évitez donc les erreurs de calcul en votre faveur, cela ternirait votre toute nouvelle réputation de bienfaiteur, conseilla-t-elle sans agressivité.

Contrairement à ce que ses occasionnels sous-entendus pouvaient faire croire, elle croyait en l’honnêteté du Comte. Il était indubitablement intelligent et avait plus d’une fois prouvé qu’il savait mener sa barque, elle doutait qu’il tente la moindre filouterie alors qu’il était sous surveillance. Ç’aurait été trop maladroit de sa part.

Je ne nierais pas brûler de curiosité pour vos livres de comptes. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut avoir l’occasion de jeter un œil aux formules qui ont conduit quelqu’un au succès. Malheureusement… Elle feignit de prendre un air profondément désolé. Je ne m’enferme pas seule dans une pièce avec un homme inconnu, question de principe.

Autant bondir dans son lit tout de suite et aller répandre elle-même la rumeur qu’elle venait de s’ajouter à l’interminable liste des maîtresses de Victor. De plus, il y avait quelque chose de jouissif à dire à ce Don Juan d’aller se faire cuire un œuf. Peut-être que s’il avait été un tantinet plus haut placé dans la société, ou avec une meilleure réputation, elle se serait laissée tenter par la prise de risque, cependant Emilliane avait de bien plus grandes ambitions que celles de se faire croquer à la première occasion.

Un peu prise de court par le brusque changement de sujet, la jeune femme posa sur sa canne un regard attendit et caressa machinalement du pouce que pommeau gravé.

L’artisan qui s’en est récemment occupé a un talent rare. Parvenir à travailler un objet si simple sans pour autant le transformer entièrement est un tour de force à mon sens. Ce n’est qu’une simple canne, j’en ai peur. Ni compartiment secret, ni arme dissimulée, je ne suis même pas certaine qu’elle soit assez solide pour assommer quelqu’un avec.

Elle n’était pas une dame tout à fait conventionnelle, mais elle n’était tout de même pas si originale. Manier une arme aurait été bien pratique et elle envisageait de demander à son garde du corps de lui donner quelques conseils ou leçons pour ne pas se retrouver totalement démunie. Mais d’ici à ce que cela se fasse, elle était comme toute jeune fille de bonne famille : sans défense. Il fallait bien donner du travail à tous ces pauvres mercenaires qui n’avaient rien à faire à Marbrume.

Vous aurait-il plu que je me promène chez vous avec une arme dissimulée dans ma canne ? Ça n’aurait pas été très prudent de m’avoir seule dans votre bureau dans ces conditions, vous ne pensez pas ? demanda-t-elle avec une lueur espiègle dans les yeux.

Revenir en haut Aller en bas
Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



L'heure des comptes [Victor] Empty
MessageSujet: Re: L'heure des comptes [Victor]   L'heure des comptes [Victor] EmptyMer 9 Juin 2021 - 15:40
La fille du Grand Argentier offrait au Comte de Rougelac une répartie aussi spectaculaire qu'elle ne s'en trouvait jamais maladroite. Victor devait bien admettre qu'il était plaisant de deviser en ce, qui puis est, charmante compagnie. Nul doute que son éducation avait été laissé au main des plus grands précepteur que la capitale puisse compter en ces rang. Il aurait été étonnant du contraire ! Mais au delà de cet aspect, c'est bien la personnalité rafraîchissante de la jeune femme qui piquait l'intérêt croissant du mondain. Elle était loin de se laisser dominer par le personnage face à laquelle elle se trouvait. Mieux, Emilliane était capable de s'affirmer en bousculant avec subtilité et méthode la prestation du vieux loup de salon. La secrétaire allait même jusqu'à menacer le quadragénaire en cas d'usage de faux, enfin, plus précisément s'il s'osait à quelques filouterie d'écriture comptable.

Sans jamais apparaitre agressive, en gardant perpétuellement une maîtrise de soit et de ses émotions, la demoiselle de Rivain était peut être à l'opposé du "style" de son hôte, elle n'en demeurait pas moins proche dans bien des domaines réservés à cette élite qu'on appelait la Haute. Bien entendu le Gouverneur du Sud avait initier ce petit jeu, cette délicieuse et subtile joute de verbe et d'étiquette dans l'optique de mieux cerner la secrétaire du Grand Argentier. Mais à quel fin ? Une énième conquête ? A n'en pas douter, elle avait tout pour plaire et serait bien attractive pour réchauffer une couche. Qui puis-est, elle était héritière d'un haut fonctionnaire de Marbrume, ce qui faisait d'elle un parti d'exception qu'elle eut été ravissante ou non. Mais, Victor, aussi charmeur et séducteur qu'il était à un âge plutôt avancé, avait derrière lui un passif plutôt malheureux dans le domaine des unions et le loup s'était assagit après avoir doté sa propre fortune de l'héritage laissé par sa précédente épouse, la baronne de Nerra, en bien autant mobilier qu'immobilier. Ainsi, il n'était pas enclin à retrouver les complications d'un couple, même s'il ne possédait aucun héritier. Alors pour l'heure, il ne considérait la Vicomtesse comme une potentielle conquête, mais plutot comme une intrigante divertissante qu'il semblait apprécier dans l'art de la verbe.

La lueur espiègle qui brillait dans ce regard fini par faire céder un Rougelac ne pouvant alors s'empêcher d'afficher un fin sourire à la commissure de ces lèvres. Ne l'ayant interrompu tout du long, le Comte avait à présent l'occasion de la réplique dans cette brillante pièce de théâtre qui semblait se dessiner en toute finesse d'esprit. Il s'avança alors jusqu'à hauteur du siège de la jeune femme puis tendis une main en direction du pommeau de la canne.

- Me laisseriez-vous juger de cette œuvre. Rien ne vaut le touché des choses, vous savez.

Qu'elle lui laisse ou non l'occasion d'apprivoiser de manière tactile la canne de riche facture, le Comte de Rougelac reprit la parole non sans à présent fixer l'acolyte de la jeune femme qui jouait la plante décorative sur cette scène. Pour autant, ses mots n'étaient adresser à ce dernier, mais bel et bien toujours à l'endroit de la Rivain.

- Que d'hypothèses vous m'offrez! Brouiller les pistes, noyer le poisson, se montrer tant dans l'art de la supposition, amenant à de larges réflexions. Voilà quelques talents que j'affectionne. En savez vous plus que de raison ? N'êtes-vous qu'un simple porte parole ? Un jeune coq cherchait à creuser les doutes, mais, suis-je un jeune coq ?

Il fini part incliner la tête vers le bas pour fixer de son regard océan la Vicomtesse d'un regard entendu.

- Oh soyez-en sûre, j'imagine fort bien que mes écrits serons décortiqués, mot par mot, chiffre après chiffre, virgule après virgule. Vous n'y trouverez que la vérité dans l'affaire qui vous amène, mandé par votre père. Quand à vos flatteries, elles me touches, mais vous parlez là de livres de comptes n'afférant point à notre affaire. Pensez bien que je tiens différents livres, il n'est guère avisé de mélanger certains intérêts lucratifs.

Avec une gestuelle qui s'en trouvait théâtralement prononcé, Victor leva les bras et les yeux au ciel, répliquant.

- Ah les questions de principes ! Les codes ! L'étiquette ! De belles et honorables choses qui font de nous ce que l'on est. Mais, je vous donnerais le conseils d'en faire quelques écarts par moment, en toute discrétion cela va s'en dire ! Oh... il m'aurait certainement plu que le fer se dissimule dans cet ouvrage, cela stimule l'adrénaline et l'adrénaline nous pousse à nous surpasser.

Il y avait bien entendus quelques sous entendus, mais même le plus grand érudit de Mabrume n'aurait su les comprendre tant ils étaient abstraits.
Revenir en haut Aller en bas
Emilliane de RivainVicomtesse
Emilliane de Rivain



L'heure des comptes [Victor] Empty
MessageSujet: Re: L'heure des comptes [Victor]   L'heure des comptes [Victor] EmptySam 17 Juil 2021 - 15:51

L'heure des comptes



La visite serait décidément plus longue qu’elle ne l’avait imaginé de prime abord, mais pour une fois il s’agissait d’une visite intéressante. Elle n’avait pas souvent l’occasion de s’essayer à ces petits jeux verbaux depuis qu’elle assistait son père, préférant une froide distance pour tous ses entretiens avec les débiteurs du Royaume. La plupart n’étaient pas issues de la noblesse et il était hors de question qu’ils se fassent une fausse idée de ses motivations en ne saisissant pas la subtilité de ses propos.

Hochant la tête, elle tendit sa canne au Comte pour qu’il puisse l’observer de plus près. Le bois sombre du pied contrastait avec le métal argenté qui renforçait le bout et la tête de l’objet. Aucunes pierreries, simplement des gravures dont la précision était admirable.
L’attitude de Victor lui donnait envie de sourire, mais elle se contenta d’une expression sereine tout en lissant un pli de sa robe, lui présentant un profil parfait et tranquille. C’était aussi ça le but du jeu, être celui qui parviendrait à troubler le plus la surface de l’étang de l’autre tout en gardant le sien aussi lisse qu’un miroir.

En savez-vous plus que de raison ? N'êtes-vous qu'un simple porte-parole ? Un jeune coq cherchait à creuser les doutes, mais, suis-je un jeune coq ?

Cette fois, elle s’autorisa un sourire en coin et ses prunelles bleus sombres accordèrent un bref regard au terrible Comte de Rougelac. Le temps de la jeunesse était terminé depuis longtemps pour lui, et bien que cela ne retire rien à son charme, il ne fallait pas se voiler la face : il n’avait plus la naïveté éclatante des damoiseaux, pas plus que leur fougue.
Bien sûr qu’il ne chercherait pas à en savoir plus, il était trop malin pour se risquer de cette façon dans l’arène.

Levant enfin tout à fait les yeux vers lui pour lui rendre son regard, elle haussa les sourcils et les épaules, l’air de dire “Qui sait ? Peut-être que je suis simplement trop curieuse.” avant de laisser échapper un rire sincère lorsqu’il la prit par surprise avec ses mimiques théâtrales. Il ne craignait pas de se donner en spectacle et pourtant réussissait à ne pas paraître ridicule, une belle leçon de mis en scène.

Pour ce qui est des écarts, cela me semble indispensable. La discrétion en revanche, je me demande s’il est bien de votre ressort de me prodiguer ce conseil. À moins que je ne me fourvoie complètement et que tout ce qui se sait de vos propres écarts ne soit de votre volonté ? Ce qui signifierait que vous cachez de plus sombres histoires encore et avec assez de talents pour les garder véritablement secrètes.

Emilliane eut un haussement d’épaule pour signer qu’elle n’avait pas besoin d’une réponse.
Dans quoi était-elle en train de s’engager ? La conversation était certes plaisante, mais c’était pas la raison de sa visite. Outre l’inquiétude paternelle, elle n’oubliait pas qu’il lui restait fort à faire pour s’acquitter de son travail de la journée. Peut-être valait-il mieux mettre fin à cet étrange entretien…

Quittant le fauteuil où elle s’était installée, la jeune femme se tourna vers Victor et le gratifia d’un sourire poli qui dissimulait ce qu’elle pensait vraiment derrière cette façade parfaite qu’elle savait si bien dresser.

Je m’égare et il ne serait pas très judicieux de m’attarder beaucoup plus longtemps en votre compagnie. Les rumeurs sont la seule chose qui ne pâtit pas de la présence de la Fange. Cet entretien fut néanmoins très instructif et, je l’admets, plus plaisant que je ne l’aurais pensé de prime abord.

Son garde du corps pris une inspiration en se redressant, roulant un peu des épaules pour se délasser et témoigner de sa propre lassitude à rester planter tel un radis au milieu du salon. La jeune Vicomtesse eut un peu de peine pour lui.

Pensez-vous pouvoir me fournir ce que j’étais venu chercher initialement, ou dois-je attendre la venue de l’un de vos messagers un peu plus tard dans la journée ? Interrogea-t-elle en dévisageant Victor de Rougelac.


Revenir en haut Aller en bas
Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



L'heure des comptes [Victor] Empty
MessageSujet: Re: L'heure des comptes [Victor]   L'heure des comptes [Victor] EmptyDim 18 Juil 2021 - 9:44
Un proverbe disait qu'on ne faisait pas d'un âne un cheval de course. Mais ce que le proverbe ne disait pas, c'est qu'un cheval de course produisait généralement une descendance de la même envergure. Emilliane de Rivaine était de cette progéniture qui faisait la fierté de sa aïeux. Elle le montrait brillamment en ce jour dans la tanière du Gouverneur du Sud. Une femme délicieuse en bien des aspects, peut-être même en bien trop d'aspects. C'était ce genre de personnage que le Comte de Rougelac désirait en allié comme en ennemi. Douée de répondant, de prestance et surtout d'esprit, la fille de l'Argentier du Royaume laissait une fort belle impression à son interlocuteur qui n'eut pas le temps de répliquer aux mots de la jeune femme qu'il en fut condamné au silence.

Ainsi, pour toute réponse, il lui adressa un regard aussi admiratif que fascinant, ce bleu océan impénétrable d'ordinaire, laissait volontairement trahir quelques émotions alors que finalement le déroulé de l'entretien tendait à se finir pour des raisons que Victor comprenait bien aisément. Finissant alors d'examiner cette canne de riche facture, il s'en libéra lorsque la demoiselle de Rivain se décida à quitter son assise, lui rendant l'objet avec élégance. Complimenté, Rougelac, inclina légèrement la tête en guise de remerciement, faisant toujours fie de la présence du garde du corps de la jeune femme pour alors glisser quelques murmures à l'adresse d'Emilliane.

- Je vous renvoi ce compliment. La Haute est faites de femmes plus oisives les unes que les autres mais comme rare, vous dérogez à cette règle. Ce qui rend l'intérêt à votre égare, bien vivace.

Il n'en dit plus, ne souhait s'arroger d'excès qui dévaluerait le résultat de cet entretien, mais suffisant pour laisser place à de nombreuses interprétations d'esprit. Ce faisant, l'envoyée de l'Argentier revint au sujet de sa visite et évidemment, Victor ne pouvait la laisser quitter son Manoir sans qu'elle reparte bredouille, question de principe et d'engagement dans l'exercice de ces nouvelles fonctions auprès de la couronne.

- Tout est déjà prêt. Un portefeuille en cuir vous attend dans le hall d'entrée, qu'un de mes proches collaborateur vous remettra en main propre, à vous ou...

Il fixa d'un regard distrait, sans grand intérêt l'homme se tenant derrière elle.

- ... à votre homme. Pensez bien que je n'allais point chercher à obtenir les mauvaise grâce de votre père. Il représente la Couronne après tout et mon engagement envers cette dernière m'est suffisamment favorable pour ne chercher à la mécontenter.

Il fini par lui adresser un fin sourire avant de l'inviter à le suivre pour quitter le boudoir. Profitant de l'occasion d'une furtive, éphémère proximité avec la jeune femme, il rajouta.

- Que votre père vous renvoi vers moi afin d'en établir les conclusions ou non, permettez-moi d'espérer de votre part que nos chemins se recroisent dans les délais qui seront les vôtre et dans le contexte qui vous plaira. Marbrume à besoin de gens comme vous et moi, et ce plus que jamais à la vue des changements qui s'opérère et des décisions du Roi et de la Reine.

Il n'en dit plus, n'attendant pas non plus de réponse, à la manière que le fit son interlocutrice un peu plus tôt.
Revenir en haut Aller en bas
Emilliane de RivainVicomtesse
Emilliane de Rivain



L'heure des comptes [Victor] Empty
MessageSujet: Re: L'heure des comptes [Victor]   L'heure des comptes [Victor] EmptySam 4 Sep 2021 - 22:45

L'HEURE DES COMPTES



Ah, le vieux renard ! Il avait tout de prêt depuis le début, mais s'était bien gardé de lui dire. Elle se serait contentée de prendre les papiers et tourner les talons repartir comme elle était venue, mais non, il avait fallu qu'on l'invite à entrer et s'installer. Elle prit mentalement note de ceci : Victor de Rougelac avait la dangereuse habitude de tout prévoir. S'il n'avait pas eu si mauvaise réputation, elle n'avait aucun doute sur le fait que son père aurait arrangé un possible mariage avec lui. Les esprits affutés n'étaient jamais de trop.

Si elle n'avait gratifié sa remarque à propos de l'intérêt qu'il lui portait désormais que d'un battement de cil innocent, elle s'autorisa un sourire plus franc lorsqu'il assura ne pas vouloir se mettre le Grand Argentier à dos. Bien sûr qu'il voulait être dans les bonnes grâces du Roi et du Conseil, c'était dans son intérêt. Et Emilliane ne doutait à présent plus du fait qu'il parviendrait à se frayer de nouveau un chemin vers une place de choix. Sa disgrâce n'avait été que temporaire.

Notant qu'il profitait de leur déplacement vers la sortie pour se rapprocher et laisser le chaperon à l'arrière, la jeune femme fit en sorte de calquer son rythme sur celui du Comte. Elle ne se sentait plus aussi méfiante qu'à son arrivée et pourtant, elle avait désormais des preuves qu'il fallait se méfier de lui à bien des égards. À croire qu'à présent que la menace était identifiée, elle consentait à quelques rapprochements.
Les manières de Victor auraient fait rougir bien des jeunes filles et elle faillie se sentir sincèrement flattée par cette attention qu'il lui portait. Il savait si bien tourner les choses qu'elle se serait presque sentie à part, exceptionnelle et digne de cet aparté glissé à l'oreille. Mais par la faute de son tempérament froidement rationnel, l'émoi n'effleura même pas son cœur. Il en faisait peut-être un peu trop, ou alors elle était habituée à ce qu'on lui fasse de belles courbettes pour plaire, à travers elle, à son père ? Les Trois seuls savaient. Emilliane était cependant prête à croire la volonté de son hôte de nouer de bonnes relations commerciales et politiques durables avec la maison de Rivain.

Nous nous reverrons, soyez-en sûr. Marbrume est devenue trop petite pour que l'on puisse perdre de vue les gens. Et il se pourrait que j'ai quelques plaisirs à converser de nouveau avec vous, cher Comte, avoua-t-elle d'un ton amusé.

Son père lui offrirait sans doute l'un de ses regards sévères lorsqu'il apprendrait le déroulement de l'entretien, mais il serait également heureux d'apprendre que les dettes sont honorées.
Laissant le soin à son garde du corps de prendre les documents qui les attendaient à l'entrée, la jeune femme se fendit d'une parfaite et élégante révérence en souhaitant une agréable journée à Victor avant de reprendre le chemin de sa demeure familiale.



~ FIN DU RP ~
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



L'heure des comptes [Victor] Empty
MessageSujet: Re: L'heure des comptes [Victor]   L'heure des comptes [Victor] Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
L'heure des comptes [Victor]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - L'Esplanade ⚜ :: Quartier noble :: Résidences de la noblesse :: Manoir Rougelac-
Sauter vers: