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 [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique]

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MessageSujet: [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique]   [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique] EmptyMer 9 Juin 2021 - 11:38

Le 6 octobre 66

Le naufrage datait seulement de trois semaines, qui paraissaient une éternité pour Angélique. La quantité folle de taches qu'on lui confiait chaque jour, depuis l'arrivée des réfugiés dans l'enceinte du Temple, l'empêchait de trop y penser. Et elle brûlait d'envie de s'en approcher, et de voir la fameux navire de plus près –quitte à y entrer !– mais la milice y restreignait encore trop les accès. Ils refoulèrent la curieuse rouquine à deux reprises, et bien que l'adage dit "jamais deux sans trois", elle comptait bien à ce que la troisième fut la bonne.

Les commérages qui parvenaient à ses oreilles semblaient s'éloigner de plus en plus de la réalité, comme si chacun y rajouter son grain d'originalité afin de se rendre plus intéressant ou se faire plus remarquer que son voisin, et l'intéressaient donc de moins en moins. Evidemment, la promesse d'y trouver des trésors la rendait d'autant plus curieuse mais, au départ, il n'avait s'agit que de quelques piécettes et objets "exotiques" à leurs yeux. Après réflexion, Angélique admettait que si elle fut à bord du vaisseau, jamais elle n'y aurait laissé quoi que ce soit ayant de réelle valeur ; ils seraient sur elle, avec elle, et nul part ailleurs... Bien que la moindre camelote puisse se troquer à prix d'or. Tristesire, le gamin qui se revendiquait seigneur du port lors de leurs "jeux" avec d'autres gamins des rues, clamait à qui le voulait entendre qu'il avait trouvé une statuette en bois très étrange, et qu'il en avait obtenu six pistoles d'argent ; d'après la rousse, il exagérait outrageusement et n'en avait probablement tiré que quelques sous de bronze.

En attendant, à défaut de mieux, Angélique se contentait d'observer les naufragés de plus ou moins loin, avec insistance, dès que le temps le lui permettait ; faute d'oser les approcher, ou du moins de leur parler, afin de leur poser toutes sortes de questions susceptibles de lui passer par la tête. Elle les épiait, non sans une certaine indiscrétion, analysant sans vergogne le moindre de leurs gestes : cela allait à la façon de de s'exprimer, leur accent, leurs vêtements, ou même encore la manière dont ils buvaient leur soupe et tenaient leurs gobelets. Parfaitement similaires en bien des points, elle marqua néanmoins quelques divergences par rapport aux Morguestanais à commencer par un aspect rude. Car d'apparence, les Hendois n'étaient guères différents d'eux ; seule leur carnation dénotait vraiment, halée pour les uns ou blafard pour les autres, stigmates de leurs longues années passées passées sur les mers. Ils les dominaient légèrement en taille, bien qu'aux yeux de la petite rousse, tous semblaient être aussi grands ; elle devait systématiquement lever le regard. Certains portaient des fers à l'une ou l'autre de leur cheville, dont ils garderaient des séquelles encore longtemps ; d'après ce qu'elle en compris, il s'agissait d'une coutume du nord du royaume, d'où ils venaient, interdite dans le Duché-Royaume. Elle posa bien des questions au sujet de l'esclavage, toujours auprès de quelques adultes dans la bibliothèque, mais cette pratique lui paraissait toujours aussi obscure et barbare ; d'autant qu'elle ne concevait que des humains pussent s'adonner à ce genre de pratiques. C'était probablement là, la raison même de son appréhension à les approcher. En plus de leur vénération pour Etiol, bien évidemment, dont on la défendait presque de parler au sein du clergé.

Ce midi là, donc, et comme tous les jours d'avant, Angélique portait des repas dans les infirmeries et hospices, auprès des pensionnaires alités les plus valides ; souvent de faible constitution ou aux jambes immobilisées mais capables de s'assoir et manger par eux-mêmes. Elle trottinait de lits en lits, de chambres en chambres, distribuant des bonjours et des sourires à tour de bras pour rendre à chacun leur bonne humour, leur adressant quelques mots gentils ou ragots comme ils les aimaient. Sans être particulièrement rayonnante ou radieuse, la rousse souhaitait tout de même leur apporter du baume au cœur et du réconfort. Certains ne passeraient peut-être pas la journée. Sa tournée terminée, la rouquine s'en retourna discrètement jusqu'à l'un des premiers patients à qui elle avait distribué le repas : une réfugiée Hendoise, qui se trouvait être seule à l'instant même.

▬ Rebonjour, articula-t-elle exagérément, peu certaine de son propre accent. Je ne sais pas si vous vous rappelez de moi, mais je vous ai apporté le repas tout à l'heure... Est-ce que le repas était bon ? J'ai aidé à le faire, aujourd'hui.

La bouche d'Angélique était désagréablement pâteuse, et sa voix sonnait étrangement à ses oreilles, comme si elle ne provenait pas d'elle-même, trop aigüe. Elle triturait le bout de sa natte qui reposait son épaule, et effectuait des allers et retours d'un bout à l'autre de la pièce avec ses yeux bleus-gris étincelants, comme si elle surveillaient les alentours, soucieuse d'être vue. Son agitation trahissait clairement sa nervosité. Enfin, après une longue inspiration, et quelques tapotement sur le devant de sa robe de laine verte pour se redonner bonne contenance, elle reprit la parole, plus doucement.

▬ Je m'appelle Angélique ! Est-ce que vous me permettez de vous parler ? J'aimerais... J'ai... Beaucoup de questions... Pardon ! Vous n'êtes peut-être pas en mesure de... Enfin... C'est que je suis très curieuse, voyez-vous ? Alors on n'arrête pas de me dire que mes questions sont fatigantes... Je ne voudrais pas être une gène. Je comprendrais si ça ne vous... Convenait pas.

Enfin elle reprit son souffle ; malgré de nombreuses hésitations, la jeune fille avait tout déballé d'un coup. Jamais, de mémoire, il ne lui fut aussi difficile de s'exprimer... L'angoisse, à son paroxysme, faisait résonner les battements de son cœur à ses oreilles. Elle déglutit avec difficulté, tandis que son regard clair braquée sur la femme épiait la moindre de ses réactions et la détaillait sans ciller.



Dernière édition par Angélique le Mar 22 Juin 2021 - 14:22, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique]   [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique] EmptyMer 9 Juin 2021 - 23:13
Le naufrage datait seulement de trois semaines, et Gudrun n'en revenait toujours pas de se réveiller chaque matin dans un lit, au chaud. Après avoir été bercée par le roulis du bateau durant deux longues années, elle peinait presque à s'endormir le soir sur la terre ferme, mais la nourriture et la sensation de sécurité compensaient largement ce désagrément. Lors de cette nuit terrible les Dieux avaient dû veiller sur elle, puisqu'elle s'était réveillée dans un lit au temple de Marbrume, avec seulement quelques blessures : une cicatrice sur la joue droite, une jambe cassée et quelques bleus. Toujours vivante !

Depuis, elle était alitée dans un des dortoirs dédiés aux patients. Elle avait recommencé à marcher un peu, à l'aide d'une béquille en bois grossière, mais restait couchée la plupart du temps. C'était une sensation étrange d'être de l'autre côté pour une fois, d'être celle qu'on soigne. Cet endroit lui paraissait presque familier, l'ambiance lui rappelait étrangement le temple d'Allange.

Aujourd'hui encore, c'était une jeune fille rousse qui venait lui apporter son repas. Cette petite était énergique, mais elle avait une tendance à laisser traîner ses yeux un peu partout, au point que cela en était parfois embarrassant. La jeune fille repartit, la laissant seule dans le dortoir. Le dernier patient encore alité était parti ce matin même. C'était un ancien esclave, que Gudrun n'avait pas fréquenté sur le bateau et qui était muet. Elle commençait à se sentir seule dans ce nouvel endroit, les conversations lui manquaient de plus en plus et elle n'avait pas de nouvelles de ses amis du navire.

Elle finissait donc son assiette en silence quand la jeune fille reparut à la porte.

- Rebonjour. Je ne sais pas si vous vous rappelez de moi, mais je vous ai apporté le repas tout à l'heure... Est-ce que le repas était bon ? J'ai aidé à le faire, aujourd'hui.

La gamine semblait nerveuse, les mots semblaient sortir difficilement de sa bouche. Gudrun avait déjà remarqué ce phénomène avec d'autres Marbrumiens. Elle avait cru comprendre que la gêne provenait de la présence des esclaves à bord, et de leur culte d'Etiol. Elle s'était donc bien gardée de s'ouvrir sur le sujet. Pour l'instant, elle devait comprendre comment rester en vie à Marbrume.

- Bonjour. Je t'avouerai qu'après deux ans passés en mer, manger un tel repas semble toujours luxueux.

Hm, peut-être pas la réponse la plus flatteuse pour la petite. Trop tard, au moins elle avait été honnête.

- Je m'appelle Angélique ! Est-ce que vous me permettez de vous parler ? J'aimerais... J'ai... Beaucoup de questions... Pardon ! Vous n'êtes peut-être pas en mesure de... Enfin... C'est que je suis très curieuse, voyez-vous ? Alors on n'arrête pas de me dire que mes questions sont fatigantes... Je ne voudrais pas être une gène. Je comprendrais si ça ne vous... Convenait pas.

Angélique semblait toujours aux abois. Gudrun crut qu'elle n'arriverait jamais à terminer sa phrase ! Mais elle avait besoin de conversation, elle passa donc quelques secondes à réfléchir à ce qu'elle allait dire. Pour une fois que quelqu'un voulait parler, il ne faudrait pas lui faire peur !

- Ravie de faire ta connaissance Angélique. Je m'appelle Gudrun. Ne t'inquiète pas, ma jambe est peut-être en mille morceaux mais ma langue fonctionne très bien. D'ailleurs... Si j'accepte de répondre à tes questions, peut-être voudrais-tu bien m'aider à faire quelques pas dans la chambre pendant ce temps ? L'exercice me manque cruellement et cette béquille ne vaut pas l'aide de quelqu'un.

Elle espérait qu'un échange de service permettrait à Angélique de vaincre sa nervosité. Peut-être même parviendrait-elle à glaner quelques informations intéressantes sur Marbrume.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique]   [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique] EmptyJeu 10 Juin 2021 - 23:57


La femme mettait du temps à répondre, ce qui laissa penser à la clerc qu'elle avait commis une bévue : après tout, elle en faisait tellement souvent ! Elle bavardait trop, assommait chacun de questions, sans même parler de sa fâcheuse maladresse... Il ne pouvait être autrement : Angélique avait dit ou fait quelque chose de trop, encore. Ou peut-être réfléchissait-elle à ce qu'elle dirait ? Pouvait dire ? Et une réponse vint. Un sourire radieux ourla les lèvres de la jeune fille.

▬ Avec plaisir, s'exclama-t-elle en frappant dans ses mains, comme une enfant. Enchantée de faire votre connaissance Gudrun ! Quel étrange prénom. Avez-vous réellement passé deux ans en mer ? Dans ce bateau ? Comment était-ce ? Qu'avez-vous vu ?

La rousse referma brusquement la bouche, avant d'y poser ses deux mains d'un air affreusement embarrassé, tandis qu'une légère rougeur gagnait ses oreilles. Une fois encore, la tentation avait été trop forte. Elle se désolait d'autant plus de sa réaction que, pour Gudrun, les souvenirs de ces évènements devaient être atrocement douloureux. Passer autant de temps dans un endroit si exigüe, avec tant de personnes... Des liens furent nécessairement forgés, et ils venaient de se briser comme le navire sur un écueil. Néanmoins, la naufragée ne l'impressionnait plus autant, et sa compagnie la remplissait d'aise et d'espoirs : enfin quelqu'un avec qui parler, réellement. Ses yeux brillant en attestaient, à présent uniquement rivés sur la femme alitée. Elle paraissait plus âgée qu'elle, de nombreuses années.

Angélique hocha la tête. Le marché que Gudrun lui proposait lui paraissait des plus corrects, et tout à fait acceptable. La soutenir était dans ses cordes.

▬ Autant de pas que vous voudrez, madame. Nous pourrons même aller faire quelques pas dehors ! Il y a un peu de vent mais le temps est clément aujourd'hui, et le ciel est dégagé. Enfin, si ça vous dis... Et si vous n'êtes pas trop fatiguée non plus. Sinon je pourrais aussi revenir plus tard, ou demain, et aussi le lendemain et le surlendemain ! Pour vous aider je veux dire... Je n'ai pas grand chose à faire de toutes façons, à part aider aux cuisines ou au ménage. Mais je leur fausse souvent compagnie alors je pourrais venir... Si vous êtes d'accord ? Je préfère parler. Enfin, écouter, mais puisqu'il faut parler pour cela...

La rousse s'interrompit brièvement, se mordillant les lèvres. Elle brûlait de poser tant de question, il y avait tellement à apprendre d'eux ! Mais il fallait qu'elle se retienne. Elle tapotait distraitement les jupes de sa robe comme pour en remettre les plis en place, ou en faire tomber quelques poussières. Elle secoua finalement la tête avant de déclarer, d'une voix sûre et ferme :

▬ Je suis désolée. Je pose toujours trop de questions, et je parle beaucoup... On me le dit mais c'est plus fort que moi. Je m'emballe à chaque fois. Si je vous ennuie, vous n'aurez qu'à me le dire ! J'arrêterais aussi vite. Et si vous aussi, il y a des choses que vous voulez savoir, n'hésitez pas ! Demandez-le moi. Même si je suis ignorante de bien des choses, j'écoute tout. Je vous raconterais avec plaisir ce que je sais !

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MessageSujet: Re: [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique]   [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique] EmptyVen 11 Juin 2021 - 17:49
La jeune fille était un véritable moulin à paroles. Gudrun manquait de conversation depuis longtemps, mais le retard serait vite rattrapé ! Angélique enchaînait les questions sans lui donner le temps de répondre. Elle s'interrompit brièvement une fois, semblant se rendre compte que son inépuisable réserve de questions devait être bien fatigante pour une convalescente. Ce n'était pas vraiment le genre de personne dont Gudrun aurait recherché la compagnie, mais c'était la seule, il faudrait bien faire avec. Du reste, la rouquine était jeune et facilement excusable. Même si Gudrun se rappelait qu'au même âge, elle-même était déjà bien plus calme et respectueuse de ses aînés.

Finalement, Angélique accepta son offre et lui proposa même d'aller faire un tour dehors. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas vu le soleil ! Finalement, cette conversation avec Angélique ne serait peut-être pas si désagréable. Celle-ci semblait toujours aussi nerveuse.

- Ne m'appelle pas Madame, appelle-moi soeur Gudrun. Je suis prêtresse de... J'étais prêtresse là d'où je viens. Si je comprends bien, tu es hébergée par le temple mais tu n'es pas encore prêtresse ? Es-tu apprentie ? Dans tous les cas, même si c'est très honorable de ta part de vouloir m'aider, tu ne devrais pas te dérober à tes devoirs Angélique. La vie en communauté implique la responsabilité de chacun... Mais tu as encore le temps pour comprendre certaines choses ! Allons, j'aime beaucoup cette idée de marche dehors, sortons !

Angélique l'aida à se lever et à mettre son manteau, tout en continuant à parler. Après trois semaines passées quasiment en permanence au lit cependant, les muscles de ses jambes ne répondaient plus aussi bien qu'avant. Sa jambe gauche était encore douloureuse, immobilisée par une attelle, et elle devait faire porter tout son poids sur la jambe droite. L'espoir de sentir le soleil et même le vent sur son visage cependant lui donnait des ailes ! Finalement, Angélique conclut sa tirade par un :

- Je vous raconterais avec plaisir ce que je sais !

Gudrun étouffa un petit rire. Si les responsables du temple de Marbrume avaient envoyé Angélique pour tenter de lui sortir les vers du nez au sujet d'Etiol, ils avaient choisi le mauvais émissaire !

Elles étaient désormais dans le couloir.

- Alors, Angélique, que voulais-tu savoir exactement ? Je ne pense pas que nous aurons le temps de discuter des innombrables questions qui semblent se bousculer dans ta tête. Il va te falloir faire un choix, au moins pour aujourd'hui !

HRP:
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique]   [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique] EmptySam 12 Juin 2021 - 1:53


Angélique ne répondait rien mais buvait les paroles de l'Hendoise, comme une assoiffée l'eut fait à une source d'eau claire. Avec le temps, et bien des sermons, elle avait compris qu'elle ne pouvait faire les deux à la fois : or, entre parler et écouter, c'était de loin ce dernier qu'elle préférait. Incontestablement. D'autre part, la jeune clerc s'efforçait d'être la plus efficace possible dans ses mouvements pour aider Gudrun ; et ils ne tremblaient pas, aucunement, tant elle se concentrait à la tache et prenait l'habitude à force d'aider les blessés. Une fois qu'elle fut prête, la rousse se plaça sous son bras afin de la soutenir ; ça ne devait pas forcément être simple ni agréable pour la blessée car elle était plus grande qu'elle. « Ce qui n'est pas compliqué » admit mentalement Angélique.

▬ Vous êtes donc prêtresse, assimila la jeune femme. Peu importe où vous êtes, vous restez une prêtresse, sœur Gudrun. Tant que votre fois demeure...

Vive d'esprit et prompte à la déduction, elle conclue que la prêtresse cachait probablement quelque chose... Sinon pourquoi aurait-elle parlé au passé ? Elle espérait avoir vu juste.

Elles avaient presque traversé l'infirmerie, à présent, et gagnaient doucement le couloir. Angélique hésitait à poursuivre. Si elle aimait babiller, parler à outrance et poser bien trop de questions sur des choses qui ne la concernaient que peu, sinon jamais... Elle n'appréciait guère les questions à son sujet. Pour ne pas dire aucunement. Après tout : que pouvait-elle bien dire à son propos ? Angélique avait la tête basse ; tout d'un coup, ses pieds lui paraissaient particulièrement fascinants.

▬ Je suis... Je ne sais pas vraiment, admit-elle d'une voix grave, après un profond soupire. Je fais partie des orphelins du Temple, et j'ai rejoins le rangs des clercs... J'ai fait plusieurs apprentissages mais rien ne m'a plu. Ou du moins, tout m'intéresse, toujours...

Voilà qu'à présent elles avaient atteint le couloir, plus sombre que l'infirmerie. Encore quelques pas, et elles rejoindraient un petit jardin tout à fait charmant, dont les préparatifs pour un long sommeil hivernal devenaient doucement visibles. Jusque là, elles ne croisèrent personne... Comme si l'ensemble des clercs et des prêtres évitaient scrupuleusement cette partie là du Temple. Par rapport à l'effervescence qui régnait dans d'autres bâtiments et salles, Angélique trouvait que ce calme anormal avait quelque chose d'angoissant. Peut-être ressentait-elle ceci car elle n'était pas toute seule ?

La rousse ouvrait les portes donnant sur le jardin en prêtant, une fois n'étant pas coutume, une grande considération aux paroles de Gudrun et à la sagesse indéniable qu'elles renfermaient. A l'extérieur non plus, il n'y avait pas un chat, s'assura-t-elle d'un vif coup d'œil circulaire. Cloisonnée par des haies, la petite cour arborée et fleurie ne subissait pas trop les assaut du vent. Le ciel était encore plus dégagé que tantôt et le soleil perçait, permettant à ses rayons de les réchauffer dès qu'elles restaient en place. Angélique désigna un banc de pierre du menton, offrant à la prêtresse de s'assoir pour se reposer un peu après ces efforts qu'elle devinait épuisant. Elle-même apprécierait détendre son épaule.

▬ Etes-vous une prêtresse d'Etiol, demanda-t-elle de but en blanc au bout d'un moment. Ici, c'est répréhensible mais... Et bien, puisses les Trois me pardonner pour mes pensées, mais je m'interroge...

Sa voix ne s'élevait guère plus que si elle se murmurait à elle-même, et ses mots s'enchainaient à toute vitesse. La rouquine haussa les épaules comme si le sujet l'indifférait. D'une certaine manière, peut-être un peu : à ses yeux, il ne représentait qu'un centre d'intérêt comme un autre... Le problème étant qu'elle était curieuse de tout ! Heureusement, ou malheureusement suivant les points de vue, l'éclat dans ses iris, plus bleus que gris à cet instant, et le détachement qu'elle essayait d'apporter dans sa voix se faisaient particulièrement révélateurs. Elle s'assit à son tour, à même le sol, dans une posture fort peu féminine. Son regard était ancrée dans celui de la brune, sans honte, sans jugement, sans crainte, sans mépris... Totalement bienveillant quoi que légèrement troublés ; mais cela était lié à un tout autre sujet.

▬ Sœur Gudrun, comment avez-vous sut qu'elle voie vous vouliez suivre ? Que vous vouliez devenir prêtresse ? Moi... Je ne sais pas ce que je veux être. Bientôt, je devrais choisir entre le Temple et... Autre chose. Je suis dévouée au Trois mais il y a tant de choses... J'aimerais me battre, aider des gens, ou contribuer à rendre le monde meilleur... J'ignore comment. Mais de toute façon je n'en ai pas le courage. Les Fangeux me terrifient.

Angélique attira ses genoux contre sa poitrine et les enserra de ses bras maigres. Elle se mordait les lèvres. Ses yeux pleins de larmes, à présent rivés sur un point imaginaire aux pieds de Gudrun, révélaient la profondeur de ses angoisses, des tourment qui l'habitaient et sa détresse. Une part d'elle éprouvait une vif réconfort à se confier, pour la première fois, à une personne ; une autre culpabilisait, lui donnant l'impression d'abandonner la Trinité qui l'avait toujours accompagnée sans faillir.

▬ Et même si je suis reconnue en tant que femme, au fond de moi je me sens encore petite fille... Perdue. Abandonnée. Je rêve à la liberté et parfois je préférais vivre dans ma tête qu'en ce monde. Je pourrais y faire des recherches, lire des livres, écrire autant qu'il me plairait, et je ne mourrais jamais de faim, ni ne subirais les autres.

La rousse marqua un moment de silence durant lequel elle reprit contenance. Elle essuya une larme et, avec souplesse, se releva avant de proposer reprendre la marche. Toutefois elle ne voulait pas forcer Gudrun, ni la brusquer alors qu'il s'agissait surement de la première fois qu'elle sortait depuis son arrivée dans cette nouvelle cité...Elles feraient le tour de la cour, se reposeraient une nouvelle fois, puis rentreraient : la promenade aurait amplement suffit pour une première fois.

▬ Pardonnez-moi, ma sœur, nous ne devions parler de ça ! Racontez-moi donc, s'il vous plait, comment était Hendoire ? Je ne suis jamais sortie de Marbrume... Je ne saurais même pas vous dire ce qu'il se trouve au-delà des murs !
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique]   [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique] EmptySam 12 Juin 2021 - 22:36
Malgré le flot de paroles qui sortaient de sa bouche, Angélique était efficace, elle devait avoir l'habitude d'aider les blessés. Gudrun quant à elle se concentrait sur sa marche. Un pied devant l'autre, un pas à la fois. Oublier la douleur, sans tout à fait l'ignorer. La prêtresse ne commenta pas les nombreuses réflexions d'Angélique, absorbée dans ses efforts. Cependant les couloirs étaient vides, elle put écouter sans distraction la petite rouquine babiller. Elles arrivèrent enfin à un petit jardin où Angélique la mena droit à un banc. La marche lui avait paru durer une éternité et elle fut reconnaissante de l'attention d'Angélique.

- Excuse-moi, je t'écoutais tout à l'heure. Je comprends que tu as des idées bien arrêtées sur ce qu'est une prêtresse, fit-elle avec un sourire amusé. On m'a appelé soeur Gudrun presque toute ma vie, je ne pense pas pouvoir en changer désormais. Mais cela repose maintenant entre les mains des responsables de ce temple. Les tâches administratives sont un autre devoir que tu n'as pas encore eu le plaisir d'expérimenter je pense ! Peut-être est-ce justement l'apprentissage qui te conviendrait ? la taquina-t-elle.

Rien que de penser à cela la fit de nouveau sourire. Parler à un autre être humain, revoir le soleil et sentir le vent la rendaient de bonne humeur.
Un moment passa en silence où Gudrun put savourer le plaisir de se retrouver en plein air. Elle commençait à s'étonner de ce silence venant d'Angélique, quand celle-ci reprit brusquement la parole :

- Etes-vous une prêtresse d'Etiol ? Ici, c'est répréhensible mais... Et bien, puisses les Trois me pardonner pour mes pensées, mais je m'interroge...

Estomaquée, Gudrun la regarda quelques secondes avec des yeux ronds. Peut-être qu'elle avait bel et bien été envoyée par les responsables finalement. S'imaginaient-ils qu'elle serait moins méfiante avec une jeune fille ?

- Eh bien... Non, je ne suis pas une prêtresse d'Etiol. J'imagine que tu as entendu certains racontars sur le duché d'Hendoire. Ne te fais pas de fausses idées, nous n'avons pas de prêtres d'Etiol là-bas, mis à part quelques déviants qui sont pourchassés pour hérésie. La différence c'est que, tandis qu'ici l'existence d'Etiol est cachée, chez moi nous reconnaissions son existence, sans le vénérer. Mais, si tu as entendu parler d'Etiol, c'est que certains reconnaissent son existence ici aussi sans doute ?

Gudrun fit une rapide prière dans sa tête. "Etiol, Dieu du mensonge et des secrets, sois honoré par ce mensonge pour me protéger, et n'en prends pas ombrage."

Angélique s'assit par terre, en face d'elle. Elle semblait encore une fois perdue dans ses réflexions et avait déjà perdu tout intérêt pour Etiol. Bénis soient les Quatre.

- Sœur Gudrun, comment avez-vous sut qu'elle voie vous vouliez suivre ? Que vous vouliez devenir prêtresse ? Moi... Je ne sais pas ce que je veux être. Bientôt, je devrais choisir entre le Temple et... Autre chose. Je suis dévouée au Trois mais il y a tant de choses... J'aimerais me battre, aider des gens, ou contribuer à rendre le monde meilleur... J'ignore comment. Mais de toute façon je n'en ai pas le courage. Les Fangeux me terrifient.

- C'est plutôt une bonne chose d'avoir peur des Fangeux. C'est ainsi que tu resteras en vie. Pour ma part, j'étais destinée dès mon plus jeune âge à rejoindre le temple. C'était mon destin. Elle haussa les épaules. Cela ne m'a pas empêché d'aider les autres et d'essayer de rendre le monde meilleur, au contraire. J'ai passé beaucoup de mon temps à soigner les autres au temple. C'était ma manière d'aider. Choisir une direction, c'est aussi ne pas pouvoir voir où mènent les autres. Mais si tu ne choisis pas, tu fais du surplace. C'est mon point de vue, mais as-tu essayé d'en parler à d'autres prêtres ?

Pour une fois Angélique resta silencieuse. Gudrun put voir quelques larmes perler à ses yeux. Avait-elle dit quelquechose de blessant ? Elle ne pensait pas. A cet âge, les émotions sont décuplées, Angélique devrait se débrouiller seule avec les siennes. Elle resta silencieuse, attendant que la jeune fille fasse le tri dans ses réflexions, se contentant d'observer les oiseaux qui planaient dans le ciel.

- Et même si je suis reconnue en tant que femme, au fond de moi je me sens encore petite fille... Perdue. Abandonnée. Je rêve à la liberté et parfois je préférais vivre dans ma tête qu'en ce monde. Je pourrais y faire des recherches, lire des livres, écrire autant qu'il me plairait, et je ne mourrais jamais de faim, ni ne subirais les autres.

- Grandir est difficile Angélique, mais personne ne peut le faire à ta place. Encore moins une inconnue comme moi ! Tu devrais essayer de passer plus de temps avec les autres si tu te sens si seule.

Gudrun ne pouvait vraiment pas se permettre d'aider davantage, surtout en ce moment. Chacun devait assumer ses choix et sa vie, il était injuste de rejeter la faute sur les autres. Elle avait parlé avec sévérité, car la jeune fille n'avait plus l'âge de vivre dans ses rêves.
Angélique resta silencieuse encore un instant, puis se releva, et proposa de reprendre la marche.

- Pardonnez-moi, ma sœur, nous ne devions parler de ça ! Racontez-moi donc, s'il vous plait, comment était Hendoire ? Je ne suis jamais sortie de Marbrume... Je ne saurais même pas vous dire ce qu'il se trouve au-delà des murs !

Gudrun sourit. Finalement, la gamine avait un peu plus de volonté qu'elle ne le pensait. Cet arrangement, exercice physique contre questions incessantes, ne lui semblait plus si terrible, et serait sans doute à recommencer...
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique]   [Terminé] Tant que c'est encore chaud [Gudrun & Angélique] EmptyDim 13 Juin 2021 - 12:33


Tout aussi doucement et délicatement qu'à l'aller, la clerc soutint Gudrun pour regagner l'infirmerie, puis rallier son lit où elle l'aida à s'installer à son aise. Malgré tous ses efforts, sa déception s'affichait sur son visage de manière flagrante. Les réponses apportées étaient encore bien loin de lui suffire ; elle trouvait la prêtresse bien évasive à certains sujets, presque assez habilement pour qu'elle ne s'interrogea pas plus tout en lui laissant supposer bien des choses.

« Reconnaître son existence sans le vénérer » réfléchissait-elle encore. Était-ce seulement possible ? Ici, à Marbrume, ceux affirmant l'existence d'Etiol se faisaient persécuter, chasser, ou bien comptaient dans les rangs du Cloaque. Une cohabitation divine pouvait-elle se faire si simplement ? Avec tolérance et ouverture d'esprit ? Non, assurément pas. S'ils en reconnaissaient effectivement l'existence, ce que Gudrun confirmait, il y avait forcément des prêtres dédiés. La rousse n'en doutait que plus. Qui était dans le droit chemin ? La Trinité ou... L'Autre religion dont elle ignorait le nom.

Quant au reste... Angélique l'avait bien cherché. Elle ne pouvait qu'acquiescer. Effectivement, ce n'était pas en se considérant elle-même comme une enfant qu'elle deviendrait adulte et crédible. Ce n'était pas de cette manière qu'elle saurait quoi faire. Mais comment... Les prêtres et prêtresses Marbrumiens ne s'en préoccupaient que peu, de ses doutes et états d'âme... Pour le peu qu'elle leur en expliquait. A cet égard, l'Hendoise ne semblait pas différente d'eux. Était-ce un trait inhérent au fait d'être un adulte ? L'acquéraient-ils avec la maturité et expérience ? Voulait-elle elle-même devenir ainsi ? La tête rousse sentait la migraine arriver.

Angélique espérait en apprendre bien d'avantage, à la base... Tant pis, ce n'était que partie remise. Elle reviendrait. Avec bien des nouvelles questions à poser, qui se bousculaient déjà dans son esprit avide et insatisfait.

▬ Je reviendrais, assura-t-elle à Gudrun d'une voix à nouveau enjouée. J'aurais plein de nouvelles choses à vous demandez, et je vous emmènerais au verger cette fois. Alors reposez-vous bien ! A bientôt, ma sœur !

Sans un regard en arrière, un grand sourire placardé sur son visage, Angélique s'éloigna en courant. Dans son excitation renaissante elle bouscula une prêtresse tandis qu'elle entrait dans l'infirmerie ; elle s'excusa vivement, se courba à deux reprises sous un rire indulgeant, et disparut à peine plus lentement.
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