Marbrume


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 [Terminé] - Pluie d'enfer

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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptyVen 11 Juin 2021 - 9:40
Marbrume, Bourg-Levant, 5 Janvier 1167


La pluie avait mouillé tous les vêtements des miliciens ce jour-là. Les gouttes étaient tombées sans s’arrêter, transformant la moindre parcelle de terre en boue. Théo n’avait pas eu à gérer ce genre de problème...collant...sur le rempart. Sauf que maintenant qu’il était redescendu avec le reste de la plèbe, ses chaussures étaient souillées au même titre que celles de Grincheux et Puceau, ainsi que le reste de leur coutilerie.

Ce n’était pas tant le « splotch splotch » qu’émettaient leurs bottes à chaque pas qui gênait l’archet, mais plutôt ses cheveux collés sur son crâne. Il tentait tant bien que mal de leur redonner une certaine allure. Et bien autant dire que c’était un échec total, le niveau zéro de la réussite.
Un soupir, bien trop prononcé pour paraître naturel, franchit ses lèvres. Puceau tremblotait et était plutôt concentré sur ses propre problèmes, mais Grincheux ne put s’empêcher de lui lancer un regard noir accompagné d’une réplique acerbe.

« Tu devrais laisser ça comme ça Castaing. Tu dévoiles enfin ta vraie nature de sale cabot »

« Ah Simon ! Tu ne sais pas la chance que tu as de ne presque plus avoir de cheveux ! »

Le ton presque désespéré qu’avait prit Théo fit pouffer l’un de leur camarade juste devant eux. Cela encouragea inconsciemment le trublion. Tout en continuant de passer sa main dans sa crinière, avec un espoir que seul les sots entretiennent, il jeta un coup d’oeil à Grincheux.

« Pas de problèmes de frisettes, ni d’épi rebelle et encore moins de nœuds ! Et puis tu as tellement de place pour avoir de la compagnie. J’ai bien vu cet été, tu aurais certainement pu commencer un élevage d’insectes ! Coccinelles, mouches, mille-pattes, araignée et je suis presque sûr d’avoir vu une puce. Ou un morpion peut-être ? Est-ce que c’est cette coquine de Léa qui te l’aurais donné celui-là ? Parce que de ce que j’ai ent… »

« C’est bon ! C’est bon ! On a compris ! Ô grand malheur pour ta belle coiffure ! »


Grincheux était ensuite parti à l’avant du convoi, à coup de coudes, laissant Théophile et son sourire victorieux à l’arrière. Le bretteur avait rejoint leur Coutelier. Ce dernier regarda les deux protagonistes à tour de rôle et secoua la tête de dépit. Il avait été témoins de nombreuses scènes du style, et il avait arrêté de compter combien quand ça avait dépassé la querelle journalière.

L’esprit à nouveau maussade et la moue boudeuse, l’archet n’avait pas envie de rentrer pour se retrouver entouré de tous ces mâles puants. Ce qu’il lui fallait c’était la chaleur d’une chambre, la douceur d’un sein contre lequel il pourrait poser la tête, des hanches rondes auxquelles s’agripper...bref une femme avec qui partager un moment, puis une fois requinqué quelques verres.
Et comme il ne comptait pas y aller seul, il agrippa Puceau et le Rouquin pour les faire dévier dans la rue de droite.

« On vous rejoins plus tard ! »

« Attention à ce que les morpions ne s’attaquent pas à vous ! »

Le Coutilier lança un rire sonore suite à sa plaisanterie, dont il était le seul à se réjouir. Théo lui lança un regard indulgent, et embarqua ses deux compères avant qu’ils ne protestent. Ce qu’ils firent au final quelques mètres plus loin. Ils, enfin plutôt il, Puceau. Ce petit jeune avait visiblement eut l’intention de passer sagement sa soirée.

« Où est-ce que tu nous amènes ? »

« Mon ami, tu va passer une soirée extraordinaire. »

L’archet passa son bras autour des épaules de son cadet, après avoir insisté sur le mot extraordinaire, pendant que le Rouquin les suivait sagement. Lui non plus ne savait pas où Théo les amenaient, mais il s’en doutait, et que ce soit les femmes ou la gnôle, tout lui allait.

« Ce soir on va te remettre aux bons soins d’une dame »


« Mais... »

« Oh la la ! Mon Thibaut, j’ai dis une dame, pas d’inquiétudes. Bart et moi on va pas te laisser aux mains de la première friponne venue. Pas vrai Bart ? »

« Un peu qu’s’est vrai. Comment tu veux satisfaire ta future poulette si t’y connais rien ? »

D’un coup, Thibaut se rebiffa et ses yeux lancèrent des éclairs à Bart.

« La traites pas de poulette ! »

Le jeune homme se dégagea vivement du bras de Théo et s’élança vers le Rouquin, le tenant par le col. Il s’affrontèrent du regard, l’un impassible et l’autre enragé. Cela aurait pu être un spectacle fort fort divertissant si du bruit n’avait pas attiré l’oreille du borgne.
Un cri féminin.
Aucun doute.

Tournant la tête doucement et progressivement, il se concentra sur son ouïe pour découvrir le point d’origine de ce son. Pendant un instant, il ferma même ses paupières pour que seules ses oreilles travaillent.
Au bout d’une bonne minute, sa concentration paya et il découvrit de quel côté ils devaient se diriger.

Ni une ni deux, il prit son arc dans ses mains. Bien qu’il le garda baissé, il encocha une flèche à plume bleue et alpaga ses deux collègues.

« Vous vous disputerez plus tard, venez ! »


Sans un regard derrière lui, il les connaissait désormais suffisamment pour savoir qu’ils le suivraient sans poser de question en voyant son arme sortie, l’archet se dirigea vers l’objectif.


Dernière édition par Théophile Castaing le Mar 2 Nov 2021 - 21:33, édité 1 fois
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AngéliquePrêtresse
Angélique



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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptyVen 11 Juin 2021 - 17:34


Angélique espérait pouvoir regagner la sécurité du Temple dans les plus brefs délais. Sa cape bien trop usée ne les protégeait plus de l'eau depuis un moment, sa petite protégée et elle, et leur vêtements étaient à présent trempés. La main qu'elle tenait dans la sienne tremblait, et ce n'était pas seulement subséquent des sanglots qui secouaient encore le petit corps de temps à autre. Le vent traversait les tissus, attisant la sensation de froid. Mais pour sa part, ce n'était pas ce qui dérangeait le plus la jeune prêtresse. Non, c'était l'impression persistante qu'on les observait, depuis leur entrée dans Bourg-Levant. Tous sens aux aguets, la jeune femme était à l'affut du moindre détail alarmant. Jusqu'à présent, rien ne se dénotait Elle se demandait si la peur et l'angoisse qui l'habitaient ne lui jouaient pas des tours ; elles se trouvaient bien trop proche des Fangeux, et le temps ne s'y prêtait pas... Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'on les épiait.

Après d'autres minutes de marche rapide, elle discerna comme un échos à leur propres pas dans les flaques. L'imaginait-elle ? La pluie s'abattait drue, ricochait sur chaque surface dure, moussait là où elle s'accumulait... Et le vent sifflait par moment. Tant de bruits susceptibles de brouiller ses sens ! Non, elle ne rêvait pas. Les sourcils froncés, Angélique approcha ses lèvres de l'oreille de sa protégée guère plus petite qu'elle.

▬ Catriona, ne dit plus un mot à partir de maintenant, chuchota-t-elle à peine assez fort pour couvrir le martèlement de la pluie sur la cape. Nous allons continuer à marcher jusqu'au coin de la rue, là. Ensuite, nous compterons jusqu'à trois, et il faudra courir. Tu t'en sens capable ?

La prêtresse sentit, plus qu'elle ne le vit, le visage de la gamine acquiescer. Elles continuèrent leur marche rapide sur quelques pas avant de bifurquer sur la droite. Une violente bourrasque les y accueillit, glaciale. La ruelle dans laquelle elles progressaient était si étroite que les toits se touchaient, et le sol de terre était juste assez mouillé pour ne pas voler en poussière, excepté au milieu. Elles comptèrent mentalement jusqu'à trois, pas exactement à la même vitesse mais qu'importait... Alors Angélique pressa la main de la gamine et elles s'élancèrent de toutes leurs forces. Elles atteignaient l'extrémité de la ruelle lorsque leur poursuivant, à priori en train de courir à son tour, y pénétraient à leur suite.

Angélique traina sa petite protégée dans la première rue sur leur gauche, à nouveau inondée. Elle ne réfléchissait plus, laissant son instinct la guider : elle avait si souvent vagabondé ici que son corps se souvenait de chaque passage, raccourcis, détours... Sans la pluie, sans leur assaillant, elle aurait eut l'impression de rejouer à explorer la cité, comme autrefois. Elle accéléra, permettant tout juste à la gamine de tenir son rythme. Pour ne pas la perdre, elle lui saisit le bras pour la tirer, la contraignant à garder une allure à peine soutenable pour ses petites jambes. Catriona haletait, elle l'entendait. Mais elle ne devaient pas s'arrêter, pas ici, pas maintenant. Son propre souffle lui manquait, et le poids de sa cape gorgée d'eau la ralentissait mais elle n'avait pas le temps de s'en soucier. Après encore quelques croisement, les deux fuyardes déboulèrent dans une rue qui montait. Très haut. La petite poussa un cri strident en voyant les escaliers, mais Angélique l'y entrainait déjà, la tirant toujours à sa suite. Leur assaillant gagnait de la distance mais elles bénéficieraient bientôt d'un terrain plus clément. Elles continuaient, montant les marches deux par deux. La prêtresse faillit trébucher plusieurs fois mais protéger la fillette la poussait en avant.

▬ Ecoute moi bien, s'époumona Angélique une fois qu'elles furent parvenues en haut. Tout droit, c'est les quartiers de la milice. Court, ne te retourne pas ! A aucun moment ! Demande de l'aide, puis file au Temple ! Tu m'entends ? Ne t'arrête pas, jamais, tant que tu n'es pas à l'abri au Temple !

La prêtresse eut tout juste le temps de pousser l'orpheline en avant qu'elle fut brutalement tirée en arrière. Elle trébucha, mais ne tomba pas. Leur poursuivant les avait rattrapé et agrippait fermement sa cape. Son couteau en main, elle trancha le tissus qui la maintenait prisonnière pour faire face à l'homme. Pliée en deux, haletante, les cheveux plaqués sur son visage et ruisselant d'eau, elle offrait un piètre spectacle. Sa robe la collait, dévoilant plus qu'elle ne préservait chacune de ses formes, et la gênait. Même pour respirer. Elle était lourde.

▬ Catriona, court ! hurla-t-elle.

L'homme parlait, elle voyait ses lèvres bouger, mais elle n'entendait rien d'autre que des bourdonnements et le bruie des trombes d'eau s'écrasant autour d'eux. Il soufflait, ayant visiblement souffert de la petite course qu'elle lui avait imposé, mais souriait. Un sourire mauvais, dépourvu de dents, qui la fit frissonner davantage que le froid. Elle voyait mal les traits de son visage mais un énorme bleu en mangeait la moitié droite. Il ne ressemblait pas à un milicien, ni à un mercenaire, mais en imposait par sa grande stature. A vue d'œil, la main fermée sur son poignard faisait deux fois la taille de celle de la jeune femme. Il jeta la cape derrière lui.

▬ Allons, soit gentille.

▬ Ô Rikni, je t'en prie... Cette fois encore, donne moi ta force, implora-t-elle à voix basse. Permet moi de te servir fidèlement encore un peu de temps, accorde-moi ta clémence et ta bienveillance.

Angélique ne savait pas se battre, pas contre un homme de sa taille, mais elle se tint prête à un affrontement. Rikni ne récompensait pas les lâches. Au pire, il lui fallait juste gagner un peu de temps, juste assez pour que Catriona parvint saine et sauve au Temple... Et de chance. Et de la chance, Angélique en eut ! Dans sa fuite, sa protégée avait heurté milicien à qui elle conta tout d'une seule traite, en pleurant et reniflant et sans prendre son souffle, avant de reprendre sa course effrénée, non sans un regard larmoyant en arrière.

▬ Soit gentille ma belle, me force pas à te blesser. Je serais grassement récompensé si tu m'obéis, et on prendra soin de toi.

Angélique raffermît sa prise sur son couteau qu'elle brandissait devant elle dans l'espoir qu'il suffit à dissuader l'homme de l'approcher. Pas tout à fait aussi bête qu'il ne le laissait croire, il voyait clairement son inexpérience et sa peur. Avec un rictus de colère, il bondit en avant. La rousse se jeta en arrière. Plus habitué qu'elle à manier des armes, il la désarma d'un habile mouvement de dague tandis qu'il lui saisissait le poignet de sa main libre. Puis, le tordant dangereusement dans sa poigne ferme, il tira un coup sec pour attirer à lui la jeune femme. Elle poussa un cri de douleur, trébucha, et tomba à genoux devant lui. En plein dans une flaque d'eau mais, un peu plus n'y changerait rien, songea-t-elle les larmes au yeux. Son poignet lui faisait atrocement mal.

Derrière elle, des bruits de course ponctués par des éclaboussures lui parvenaient faiblement, venant dans sa direction. Elle distingua à peine ce qu'il se passait sous ses yeux tant tout sembla se dérouler étrangement vite.

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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptySam 12 Juin 2021 - 10:22
A peine eut-il fait quelques mètres en direction du cri, que Théophile reçut une masse dans l’estomac. Les trois miliciens venaient tout juste de bifurquer et la pluie qui tombait drue avait masqué le son des petits pas qui couraient. Heureusement pour lui, l’enfant qui lui était rentré dedans ne s’était pas bien lourde et aussi ils purent tous deux rester debout.

L’enfant regarda les trois hommes et ce qu’elle vit du la rassurer car elle se mit à leur parler. Enfin parler, c’était un bien grand mots. Les nombreux sanglots et reniflements rendaient le discours assez pu audible. Mais les miliciens avaient compris qu’il s’agissait de ce qu’ils cherchaient, aussi écoutèrent-ils avec attention.

« Angélique ! … Elle a besoin d’aide ! Y’a un méchant monsieur...qui s’en est pris à nous et…et... Angélique elle m’a dit de demander de l’aide et...et...d’aller au temple. Vite ! Elle est là-bas ! »


Les soldats observèrent tous trois dans la direction que la fillette indiquait de son doigt. Ils n’avaient même pas eu le temps d’en placer une qu’elle s’était déjà éclipsée. Théo commença à se mettre en route pour aller sauver ladite Angélique avant de se tourner vers Puceau et de désigner la silhouette de l’enfant.

« Thibaut tu la suis et tu t’assures qu’elle arrive en un seul morceau au temple ! »

Le jeune soldat ne se le fit pas répéter et se lança à la poursuite de leur fugueuse. Les deux autres hommes se dépêchèrent quant à eux d’aller dans la direction que leur avait indiquée la jeune fuyarde. Théo jura intérieurement. Sa coutilerie avait déjà effectué quelques rondes pour renforcer les effectifs et il savait que la ruelle où il se dirigeait était peu incluse dans les patrouilles. Elle était en haut d’un escalier et beaucoup trouvaient cela un peu trop fatiguant d’y aller alors que les citoyens n’y passaient que peu eux-même.
Ils ne devraient donc pas compter sur du renfort dans l’immédiat, seulement quand Puceau aurait quitté le temple

En débouchant sur les lieux du crime, la scène les glaça. Un homme de bonne corpulence avait fait prisonnière une jeune fille et la tenait d’une main, tandis que son autre paluche arborait un poignard de belle taille. Il n’était pas question de faire n’importe quoi, Angélique pouvait en pâtir.
Théo mis en joug le vilain et fit claquer un ordre :

« Lâches-là si tu ne veux pas que ça se finisse mal. »

« C’est moi qui ai la fille, c’est vous qui allez m’écouter »

Le bougre n’avait pas tord. Même si ils étaient en supériorité numérique, il tenait la demoiselle. L’attaquer de front serait une bêtise sans nom tant qu’il avait un otage. L’archer n’entrevit qu’une solution. Il devait attirer suffisamment l’attention de l’agresseur pour que le rouquin puisse le prendre à revers. Et clairement, être au centre de l’attention c’était totalement son domaine.

Prétextant de mieux s’équilibrer, le borgne fit un pas vers la droite. Il avait du mal à s’assurer que le Rouquin pouvait s’éloigner de l’autre côté, étant dans son angle mort, il devait cependant faire confiance à leur expérience commune. Habituellement c’était plutôt les bretteurs qui étaient en première ligne et lui qui devait courir par monts et par vaux pour se placer discrètement et tirer une flèche décisive voire mortelle. Les rôles étaient donc échangés et il ne pouvait pas se louper.

L’archer perdit son air sévère et arbora un visage un peu plus courtois en jetant un oeil la jeune fille.

« Tu sais, j’te comprends mon vieux. »

« Qu’est-ce que tu m’chantes ? »

Même si il se serait foutu des claques, le milicien devait adopter le même comportement que tous ces frustrés de bas-étage. Autant dire que respecter une fille ne faisait pas partie de leurs habitudes.

L’examen visuel que Théo fit subir au corps détrempé était sans doutes très désagréable. Le milicien prit son temps pour que ce soit réaliste. En même temps, même si elle était trop jeune pour lui, la victime n’était pas forcément désagréable à regarder. Un petit quelque chose se dégageait de sa personne. Dans la position dans laquelle elle se tenait, on devinait ses formes fines au travers de son vêtement collant.
Théophile dut faire fit de l’expression effrayée qui avait pris place sur le visage de la rouquine pour laisser son regard l’étudier encore quelques secondes. Il devait paraître aussi intéressé que par le porc qui la tenait afin d’être convainquant, évitant de chercher à savoir ce que les magnifiques yeux d’Angélique reflétaient du comportement de mufle qu’il adoptait.


« Elle est jolie la pouliche que t’as trouvé. Et vu son âge ça doit encore être une fleur fraîche. A cet âge, elles ont encore tout à donner. Ce sont mes fleurs préférées, et j’aime être celui qui les cueille. Ah l’ami, si on n’avait pas été dans ces circonstances, je t’aurais même aidé juste pour avoir droit à mon tour aussi. »

« T’arrives trop tard chien ! Elle n’est pas pour toi.»

Le milicien leva un sourcil et fit un sourire aguicheur. Il fit mine de détendre sa corde, baissant légèrement son arme, envoyant un signal positif au ravisseur. Et l’air de rien, un nouveau pas de côté.
Il força un regard qui se voulait concupiscent vers la proie.

« Aller, soit pas aussi égoïste...regardes-moi un peu ces yeux de biche effrayée. Ne t’inquiètes pas, on va bien s’occuper de toi. Laisses-moi entendre ta jolie voix ma poulette. Peut-être que je peux me laisser tenter après tout... »

Théophile se lécha les lèvres de manière obscène, cueillant l’eau qui y gouttait par la même occasion. Restait à espérer qu’Angélique n’ai pas trop peur de lui en étant libérée…
Bart quant à lui commençait à apparaître de l’autre côté de la scène, ses deux dagues prêtes à mettre en joug le vilain.

Lancer de dés:


Dernière édition par Théophile Castaing le Sam 12 Juin 2021 - 10:35, édité 2 fois
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AngéliquePrêtresse
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptySam 12 Juin 2021 - 18:07


Au début, la rousse cru bien être sauvée... Mais elle fut vite désabusée.

Elle n'avait qu'une seule personne dans son champs de vision, juste à sa droite : presque aussi grand que celui qui la retenait avec lequel il échangeait, l'homme était tout aussi détrempé qu'elle et armé d'un arc. Au moins n'était-il pas désarmé. Il lui semblait pourtant avoir entendu deux personnes accourir... Son ouïe, et sa peur exacerbée, se jouaient sûrement de la prêtresse. Elle tenta un nouvel assaut sur les doigts de son agresseur les labourant de ses ongles à peine trop courts pour pouvoir les y planter ; mais comme tous les autres auparavant, il se solda par un échec. Il ne lui accordait même plus la moindre attention, échangeant avec un homme dont elle se fichait éperdument des paroles. La douleur à son poignet, que son tortionnaire secouait lorsqu'il s'agitait pour ponctuer ses phrases, irradiait dans tout son bras et monopolisait le reste de ses facultés.

Jusqu'à ce que le duvet, sur sa nuque, ne se hérissa. Angélique l'avait senti : on la fixait. Dans un sursaut, elle lui jeta le regard le plus noir et meurtrier qu'elle put. De ses yeux aux couleurs différentes qu'elle ne distinguait pas très bien à cette distance, l'homme l'examinait outrageusement. Elle connaissait cette façon de procéder, comme s'il en estimait la valeur ; exactement à l'identique du gros porc qui la retenait. La pointe de son menton relevé, elle le défiait. Appréciait-il ce qu'il voyait, criait son corps. Pour sa part, elle aurait malheureusement répondu oui sans hésiter. Il portait des vêtements bien trop ajustés, collés d'autant plus près de son corps par les trombes d'eau. Même ainsi, alors qu'ils ressemblaient tous à bien peu de chose, il s'en dégageait un certain charme insolant qui en fit rosir la jeune prêtresse. En d'autres circonstances, dans une situation plus propice, être ainsi le centre de l'attention de quelqu'un comme cet homme l'eut certainement fait virer écarlate ; si elle s'empourprait, à présent, c'était bien à cause de la gène, la colère et la rage qui brûlait en elle, dévorant ses entrailles.

Angélique regarda autour d'elle, fouillant les environs proches à la recherche de n'importe quoi dont elle pourrait se servir. Même ainsi, alors que la peur se reflétait dans ses prunelles et qu'elle ne pouvait sourire tant elle souffrait, l'expression collée à son visage était celle de la détermination. Mais ces bravades ne trompaient que les malavisés : elle déglutissait difficilement et des larmes dévalaient de ses yeux sur ses joues, et se mêlaient à la pluie. Toutefois, effectivement, la rousse refusait d'abandonner si facilement. Elle était prête à tout, ou presque, quitte à empirer ses propres blessures. Elle plantait les ongles de sa main libre dans celle de son tortionnaire, essayait de défaire sa poigne comme elle le pouvait... Se débattait comme l'aurait fait un fauve piégé, vainement. C'était à peine si elle ne feulait pas. Tout en réfléchissant. Elle devait trouver une solution. Quelque chose. Peu importe quoi ! Enfin elle avisa son couteau, plus loin. En s'étirant assez, peut-être l'atteindrait-elle ?

Puis elle remarqua l'autre personne. Ainsi, son cerveau ne s'était pas joué d'elle ! Le second homme se déplaçait lentement, des dagues au mains. Alors, considérant la vue dans son ensemble, elle le réalisa : l'archer captait toute l'attention de son agresseur, et se déplaçait visiblement de manière à ce que son comparse pu passer inaperçu. La prêtresse souhaitait seulement ne pas s'être trompée ! Se raccrochant à cette idée comme s'il eu s'agit de son unique salut, Angélique supporta le regard concupiscent de l'archer et ses gestes obscènes avec cette même expression pleine de défi sur son regard juvénile. Elle força même un sourire, et ses yeux lui criaient : essaie seulement si tu l'oses.

Son tortionnaire s'impatientait, elle le sentait à sa poigne plus ferme. Les doigts de son agresseur s'enfonçaient davantage dans son poignet, et elle devait presque se mordre la langue pour se retenir de hurler. Sa peau d'ordinaire si pâle en conserverait longtemps les marques, à n'en pas douter. Combien de séquelles en garderait-elle ? Cela se discernait à peine mais elle les apercevait, entre les gouttes, les petites traces naissantes à l'alarmante couleur bleuâtre. Brusquement, il tira son bras d'un coup sec pour la lever et la placer devant lui, à la fois comme un bouclier pour sa sécurité et objet d'exposition dont il était particulièrement fier d'avoir fait l'acquisition –et ses paroles allaient dans ce sens. Angélique n'avait pu retenir un cri aigue et grimaçait clairement. Quand allaient-ils intervenir, bon sang ?

▬ Espèce de gougnafier éructa-t-elle entre ses dents serrées, à tel point qu'elles en crissaient presque. Couillemolle. Tu peux pas contrôler les putains, que tu t'en prends à plus faible ?

Pour seule réponse, il lui tordit davantage le bras ; sa conception de la douceur paraissait bien particulière. Un gémissement incontrôlable franchit les lèvres de la rousse. Sur leur droite, un bruit d'éclaboussure suivit de tintement du métal attira leur attention. L'homme aux dagues était à terre, et désarmé. Inutile. Tout aussi soudainement, son ravisseur explosa d'un rire tonitruant et recula de trois pas rapides, l'entrainant avec lui, jusqu'à ce qu'il pu avoir les deux assaillants dans son champs de vision. Il plaqua le dos de la prêtresse contre lui et caressa sa joue droite de sa seconde main pour narguer le brun. Ce faisant, sa lame passait près de la peau et de la gorge de la jeune femme. Beaucoup trop près.

Presque désespérément, Angélique tenta de l'écarter avec sa main libre... Qui ne le resta plus très longtemps. Avec une habileté déconcertante, il la pivota et s'empara de ses deux poignets qu'il retint dans une seule main. De l'autre, il saisit une masse de cheveux roux et tira brusquement dessus, lui tirant un nouveau gémissement tandis qu'il la forçait à se déboiter la nuque pour le regarder dans les yeux.

▬ Ne. Refait. Jamais. Ca, articula-t-il entre ses dents, sa mâchoire crispée.

▬ Jamais, affirma-t-elle à propos de tout autre chose.

Angélique ne se laissait pas abattre : sa position n'était pas enviable mais elle pouvait au moins s'essayer à de nouvelles entreprises. A commencer par lui cracher au visage. Parfaitement furieux, son tortionnaire lui administra une gifle retentissante du revers de sa main ; le gout ferreux du sang envahit sa bouche. La rage montait en elle, flamboyant dans ses yeux aux pupilles rétrécies à l'extrême. Avec une souplesse presque féline, et d'un mouvement aussi brutal que soudain, elle releva son genou aussi haut qu'elle en fut capable. Par une chance extrême, elle pu le monter assez pour qu'il atteigne sa cible ; l'homme poussa un rugissement à fendre le ciel et la relâcha, par réflexe, avant de se courber en deux.

Sans attendre son reste, Angélique s'écarta des trois hommes. Du dos de sa main valide, l'autre la faisant souffrir atrocement, elle essuya le sang qui coulait du coin de sa lèvre. Soulagée et épuisée, tout n'était malheureusement pas fini.

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Théophile CastaingMilicien
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptyDim 13 Juin 2021 - 10:59
Et bien la chance n’était pas du côté du milicien. Le type était moins crédule que Théo ne l’aurais parié. La demoiselle par contre ne se laissait pas abattre. Même si elle semblait souffrir de la poigne du malotru, elle était combative. Il ne l’avait pas remarqué pendant qu’il tentait de détourner l’attention du ravisseur, mais son visage était celui d’un guerrier. Ni soumise, ni abattue, elle ne comptait visiblement pas laisser l’homme l’enlever sans avoir tout donné.
Si elle n’avait pas été en danger, le milicien aurait trouvé ça fort amusant et intéressant de voir une fille de cet âge jurer comme un charretier. Par contre attiser la colère de son ravisseur n’était probablement pas une bonne idée.

D’ailleurs celui-ci utilisa à nouveau la violence pour la soumettre. Ils furent tous interrompu par la chute de Bart. Vu sa tête, c’était une totale surprise pour lui aussi. Son arrière-train arborerait un beau bleu pendant plusieurs jours...

Angélique venait d’être érigée en bouclier humain suite au raté des miliciens. Merde ! La situation était en train de dégénérer. Toute trace d’amusement s’était évaporée du visage de Théo, qui s’était remis en position de tir à la vision du couteau. Il avait trop peu d'ouvertures. Avec cette pluie il y avait trop de chances de blesser Angélique. Quelle plaie !

« Ca suffit ! »


Le cri de Théo fut étouffé par la tentative d’évasion d’Angélique. L’archer grimaça devant la gifle qu’elle reçue. Ce salopard n’y était pas allé de main morte et il l’avait fait saigner !
Alors qu’il allait à nouveau demander au malfrat de relâcher la fille, elle se débrouilla seule, assénant un coup de pieds bien senti dans les bijoux de familles de son agresseur. Aïe...Théo ne pouvait qu’avoir une once de pitié en le voyant se tenir l’entrejambe

Dès que la jeune fille fut hors de porté, l’archer se concentra un instant sur sa cible. Sa position recroquevillée ne lui permettait pas de viser précisément et le temps était un handicap à lui tout seul. Alors il se contenta de viser le centre de l’homme et lâcha sa corde sans hésiter. Celle-ci tremblait encore du tir, que la flèche alla se ficher dans le pectoral droit du malfrat. La pointe avait déchirée le cuir protecteur et avait continué sa course dans la chair de l’homme.
Le tir avait fait mouche, pas que Théo en aurait douté. Bien que sa première approche ait été un échec, il était plus que confiant dans son arc. Rarement il lui avait fait défaut.

Théo sourit en voyant le rictus de souffrance sur le visage du voyou. Entre le coup d’Angélique et surtout le morceau de fer dans sa chair, il devait regretter de s’être levé ce matin-là

« Tu aura du mal à t’en débarrasser de celle-là mon cochon. »

L’embout barbelé ne pouvait être simplement retiré. Il fallait inciser la peau tout autour pour la sortir sans trop de dégâts. Alors même si ça faisait moins mal qu’une simple pointe, et que c’était moins sanguinolent à première vue, il sentirait à chaque pas le métal racler l’intérieur de son muscle. Et le fin filet de sang qui s’échappait finirait par le vider de ses forces si il attendait trop longtemps pour se faire soigner.

Bart s’était relevé et s’avançait pour maîtriser leur adversaire affaiblis, qui ne se remettait pas de sa soudaine défaite.

« Fils de chiens ! C’est moi qui l’ai trouvé ! Elle est à moi ! »

Il se tu tout seul, se pliant à nouveau sous la douleur. Il venait de faire connaissance avec les premiers effets secondaires du tir de l’archer. Le Rouquin se servit d’un bout de corde qu’il avait toujours à la ceinture pour faire prisonnier le voyou. Il commença par lui mettre un coup de talon dans la chute de reins pour le soumettre et attrapa ensuite les deux bras pour les attacher avec sa corde. Il était très doué en la matière, arguant qu’il avait appris à faire des nœuds avec les marins.

« Lèves-toi sac à puces ! On va faire une balade tous les deux. »

Le Rouquin fit un signe de tête à son camarade, lui indiquant qu’il avait l’affaire en mains. Connaissant son ami, Théo savait qu’il acceptait difficilement sa propre disgrâce et de s’être fait doublé par une fillette. Il n’est pas dit que leur prisonnier arrive à destination sans quelques coups supplémentaires….

L’archer aller donc s’occuper de la demoiselle. Il rangea tout d’abords son arme et avança les mains visibles. La comédie qu’il avait joué plus tôt lui revenait maintenant en pleine face. Allait-elle lui faire confiance ?
Angélique avait été bien plus douée qu’eux, des soldats entraînés. Théo se sentait minable et il craignait qu’elle leur en tienne rigueur. Elle n’aurait pas vraiment tord de le faire….

Il adoucit son expression, laissant un léger sourire apparaître, et décontractant ses muscles. Il l’étudia, cherchant simplement à faire un simple inventaire de l’état de la demoiselle cette fois. Le sang continuait de couler de sa bouche, sûrement s’était t-elle mordue lors de la giffle. Une trace rouge était d’ailleurs en train d’apparaître sur sa joue, en partie cachée par la chevelure détrempée. Plus généralement, tout en elle était dans le même état. Sa robe ne la protégeait en rien de la fraîcheur, et elle n’avait plus de cape pour lui tenir chaud.

Actuellement, elle arborait encore cette expression sauvage. Mais bien vite, l’excitation du combat retomberait et ses douleurs allaient se réveiller, alors que sa combativité s’atténuerait.
Il fallait rapidement l’amener dans un endroit sec, et si possible auprès d’un feu, pour éviter qu’elle n’attrape froid.

« Il va falloir s’occuper de vos blessures Angélique. Est-ce que vous me permettez d’avancer pour jeter un coup d’oeil ? Mon frère travaille chez un guérisseur qui n’est pas très loin, je pourrais vous y conduire si vous acceptez. Il y fait chaud et vous y serez en sécurité. »


Les pas de Théo étaient prudents, laissant l’occasion à Angélique d’agir si elle en sentait le besoin.


Lancé de dés:
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptyMer 16 Juin 2021 - 20:22


L'épuisement s'empara subitement de la prêtresse dont la tête se faisait lourde. Angélique, plongée dans une sorte d'état second, ne comprenait pas ce qu'il se passait sous ses yeux. Elle regardait les hommes sans vraiment les voir, comme la spectatrice d'une scène qu'ils jouaient devant elle et à laquelle elle était étrangère. Elle n'écoutait pas plus ce qu'ils disaient... Ou du moins, elle entendait seulement des bourdonnements auxquels se mélangeaient tous les autres sons. Sa joue lui faisait mal, pulsait jusque dans son cerveau, ou du moins lui en laissait l'impression. Mais le pire, sans conteste possible, était son poignet dont la couleur virait entre le bleu et le violet aux endroit où le bandit avait planté ses doigts. Elle le ramena contre son ventre, sa main valide posé par dessus, comme si cela pouvait le protéger d'un mal pourtant déjà fait.

▬ Je prierais pour vous, cracha-t-elle avec une animosité nettement perceptible. Chaque soir, je prierais les Trois pour que vous récoltiez ce que vous avez semé, soyez-en assuré.

La rousse, pour ce qu'elle restait de rousse en étant aussi imbibée, ne vit pas vraiment son agresseur être emmené. Elle le fusillait plutôt du regard ; qui n'avait de regard que le nom tant il était noir et emplie de haine, de rancoeur et de pitié, presque insoutenable. Le genre de regard à faire se sentir le plus misérable des hommes ceux ayant encore une âme, un bout de conscience en eux... Un regard qui se détourna vite lorsque l'archer commença a esquisser un mouvement. Angélique le regardait approcher, et le laissait faire, sans bouger : quand bien même l'eut-elle voulu, son corps ne lui obéissait plus. L'adrénaline gagnée par l'excitation et l'urgence du moment retombait, plongeant progressivement la jeune femme dans une sorte d'épuisement et d'abattement. Elle n'était que douleur.

Face à elle, l'homme parlait. Elle l'écoutait, attentivement, se posant mille et unes questions. Ce faisant, elle forçait sa concentration à s'écarter de son poignet, tant bien que mal. Elle essuya une nouvelle fois le sang qu'elle sentait couler à son menton. Ou bien fut-ce la pluie ? Son esprit s'embrouillait, se faisait vaseux. Quant à sa bouche envahit du gout désagréablement ferreux caractéristique du liquide rouge et poisseux, elle était pâteuse, et l'ouvrir commençait à sembler au-delà de ses forces. Elle mit plusieurs secondes avant d'enfin réussir à articuler.

▬ Mes blessures... Oui.

Elle hésitait. Pouvait-elle lui faire confiance après ce qu'elle en avait vu ? Après ce qu'il s'était passé ? Pourtant l'homme ne semblait plus être tout à fait le même ; surjouait-il à présent ou bien tantôt ? Il se montrait plutôt amical, bienveillant, et moins goujat. Feignait-il ? Non, après tout il lui était venu en aide. Il souriait, mais plus de la même manière lui semblait-il. Tenterait-il que chose à son égard ? Angélique réalisa que, quoi qu'il en fut, elle ne pourrait de toute façon pas résister. Que cela fut maintenant, ou dans les prochaines minutes, tout son corps était à bout. Dans la précipitation et la panique, la jeune femme en avait oublié sa propre endurance, qu'elle connaissait pourtant si bien pour l'avoir éprouver durant non moins de seize années. Le contrecoup ne tarderait guère.

Comme si y penser avait suffit à lui rappeler sa condition, ce dernier la lâcha abruptement : ses deux genoux heurtèrent violemment le sol dont ils venaient de faire la rencontre, en plein dans un flaque qui la trempa au reste. Si tant est que cela fut seulement possible. Angélique grimaça sous le choc, mais n'afficha aucun étonnement. Elle attendait ce moment qu'elle savait imminent, bien qu'elle le redoutait.

▬ Avez-vous rencontré Catriona ? Elle est partie chercher de l'aide ! A-t-elle pu trouver refuge ? Va-t-elle bien ? Oh... C'est une fillette d'à peu près cette taille, mima-t-elle de sa main valide.

Sa voix se brisait à chaque mot en montant dans les aigües. Penser à la petite orpheline lui fit monter les larmes aux yeux. Puis, soudainement, Angélique se mit à rire. Pas un joli rire, ni un rire doux... Un rire libérateur qui cessa aussi promptement qu'il s'était élevé.

▬ Evidemment que vous l'avez vu... Sinon, comment auriez-vu su qui j'étais ? Je ne pense pas avoir déjà eu affaire à vous... Quel est votre nom ? Votre prénom plutôt... Enfin, peu importe. Comment dois-je vous appeler ? A moins que vous ne préfériez le surnom de sieur Mufle, railla-t-elle en souriant faiblement.

S'appuyant sur une main, elle essaya de se relever mais la force lui manquait. Son corps se soulevait de quelques centimètres à peine. Elle restait littéralement clouée au sol. Cela aurait put être plus simple, peut-être, avec sa seconde main. Elle soupira.

▬ Comme vous le voyez, je ne suis plus vraiment en état de... Faire quoi que ce soit, et j'apprécierais un peu de chaleur. Du feu ! La chaleur du feu, précisa-t-elle vivement, rougissant jusqu'aux oreilles. Je me vois obligée d'accepter votre proposition... Au moins le temps de recouvrer correctement l'usage de mes jambes. Je ne pense pas que ça soit très grave, des bleus et une entorse tout au plus. Et de la fatigue. Je n'ai pas fait tant d'exercices depuis bien longtemps. Peut-être un peu trop. Un peu de repos, un bandage, de l'onguent et quelques jours suffiront à m'en remettre... Enfin, vu comme je suis de nouveau bavarde, j'imagine que cela veut dire que je vais déjà mieux. Quel soulagement. Par les Trois, je ne vous ai d'ailleurs pas remercié ! Sans vous... Beurk. Je refuse d'imaginer ce que je serais devenue, non, non et non. Merci. Infiniment.

Tout en débitant son flot de parole, fidèle à elle-même, son regard fouillait les environs. Où était passé son couteau ? Et sa cape ? Même si elle ne valait rien aux vues de son état, il lui fallait tout de même la récupérer.

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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptyVen 18 Juin 2021 - 17:16
Guettant les réactions d’Angélique, Théo n'avait pas anticipé que celle-ci s'écroulerait. Pourtant ses blessures étaient bien là et l'archer se maudit avant de venir s'agenouiller auprès d'elle. Malgré la verve qu’elle avait eu, et le courage dont elle avait fait preuve dans une situation qui avait été la sienne, elle restait une jeune fille. Maintenant que le danger était passé, son esprit et son corps devaient être en train de comprendre le danger qui les avait menacés.

La douleur gagnait du terrain, ça se voyait au travers de ses yeux troublés. Théo avait déjà vu ce genre de comportement par le passé. Alors dans un premier temps, il la laissait décharger ses émotions, ses pensées, ses questions, jusqu’à ce qu’elle arrive au bout d’elle-même. Répondre, ou l’interrompre avant n’aurait servit à rien. Quant elle tenta de se relever avant d’abandonner, il sut que le moment était le bon.

En remarquant qu’elle cherchait quelque chose du regard, il tourna la tête et s’apperçu que quelques objets avait été laissés pour compte : deux poignards, et un morceaux de tissus qui arborait la même couleur que le bout de cape d’Angélique. Même si ce n’était pas le plus urgent, il se leva pour ramasser le tout en espérant que cela rassurerait la jeune femme, emmitouflant les deux armes blanches dans le morceaux de cape, et rangea le tout dans son carquois. Il avait reconnu l’une des lames comme celle du brigand, elle pourrait toujours servir de paiement pour les soins.

En revenant vers la demoiselle, l'archer passa son bras droit sous les genoux de la victime et son bras gauche derrière son dos. 

"Attention Angélique, je vais vous porter."

Sans lui laisser le temps de contester, pas qu'il pense qu'elle veuille le faire à la vue de son état, le milicien la souleva. 

"Laissez-vous aller, reprenez quelques forces, je m'occupe de tout."

De toute manière, elle semblait si fatiguée que se reposer contre son porteur ne pouvait être que sa seule option. Surtout qu’il la tenait fermement, autant pour ne pas la laisser tomber que pour ne pas qu’elle tente de s’échapper dans son état. Le milicien entama le chemin d’un bon pas, prenant sur lui de ne pas s’attarder sous les cieux tempétueux.

« Ah oui vous m’avez demandé mon nom. Je suis le milicien Théophile Castaing. Vous pouvez m’appeler Théo tout simplement, ou comme bon vous semblera après tout. Ce n’est pas comme si je pouvais imposer le petit nom dont vous aurez décidé de m’affubler en votre for intérieur.»

La pointe d’humour lui avait échappée. Il n’avait même pas essayé de dédramatiser la situation, c’était juste sa manière d’être. Le coin de ses lèvres relevé, ses éternelles fossettes présentes, sa pupille unique brillante de malice, c’était ainsi qu’il se présentait la plupart du temps, même sans public. Ce qui était sans doute le cas actuellement, la demoiselle reposant contre lui.

« Pour ce qui est de Catriona, si c’est la fillette à laquelle je pense, elle est partie en courant après nous avoir prévenu. Un de nos camarade l’a suivie pour s’assurer qu’elle arrive au temple. Il attendra d’être sûr qu’elle est en sécurité avant de la laisser. C’est un garçon sérieux, beaucoup plus que moi, ne vous inquiétez pas. »

La pluie tombait toujours autour d'eux, alors qu'ils parcouraient les quelques centaines de mètres qui les séparaient de la boutique du guérisseur.

La chance leur sourit lorsqu’ils atteignirent l’objectif. Un client sortait au moment où Théo et son paquet arrivaient, et leur tint la porte le temps qu'ils s'engouffrent à l'intérieur. Alaric était sur le point d’aller dans l’arrière boutique quand il entendit les pas lourds des nouveaux arrivants. Il se tourna et regarda son frère avec méfiance. Les expressions des deux frères étaient aux antipodes, mais leurs physiques étaient assez semblables.
Alaric arborait une carrure un peu moins imposante que celle de son aîné, mais l’air sérieux de son visage le faisait presque passer pour le plus âgé des frères Castaing. Sa coiffure était soigneusement peignée, sa tenue était celle d’un artisan respectable et surtout boutonnée jusqu’au dernier bouton.
Théo ne fit pas cas du reproche muet de son frère, il en avait l’habitude, et l’interpela.

« Al ! Elle est blessée. Vous pouvez l’examiner ? »


Constatant en effet que son frère portait une personne pour une autre raison que son plaisir personnel, il se fit professionnel.

« Viens, tu va la poser devant la cheminée. »


L’apprenti avait remarqué que son frère et la demoiselle qu’il tenaient était complètement trempés. Il les conduisit dans la pièce jouxtant la boutique. Elle était un peu plus grande et servait de salle d’examen et de préparation. L’une d’entre elle était d’ailleurs en train de chauffer dans un chaudron, surélevé par rapport au feu.

L’archer alla déposer son précieux chargement devant la cheminée. La paillasse servant aux clients se trouvait près de la fenêtre, sauf qu’avec la grisaille qui sévissait, l’examen se ferait aussi bien à la lueur des flammes, permettant ainsi à Angélique de se sécher.
Lorsque cette dernière fut installée aussi confortablement que possible, près de larges coussins posés à même le sol, Théo déboutonna sa veste et la posa sur une chaise proche. L’eau continuait d’en dégouliner alors qu’il venait lui aussi chercher la chaleur du brasier, les mains en avant. C ‘est alors qu’il ressentit une douleur sur l’arrière de son crâne. Il comprit mieux son origine en voyant son cadet la main levée.

« Hey ! Tu pourrais avoir un peu de respect envers ton frère ! »


« Je te respecterais quand tu te conduira en adulte ! Te mets pas à moitié nu devant une fille aussi jeune ! »

« Je veux pas attraper la mort ! Et puis elle a bien du en voir d’autres... »

« C’est pas une raison. Tu te rhabilles, on est pas dans un bordel ici ! »

«Allons les garçons calmez-vous. Alaric, va chercher des serviettes pour nos invités veux-tu ? »

Le gérant des lieux, le guérisseur en maître, apparu soudain près du groupe de jeunes. Le cinquantenaire devait être en train d’effectuer quelques travaux dans le bureau du coin lorsqu’ils avaient surgit.

« Oui maître. »

Le jeune homme s’éloigna vers la porte du fond, non sans une nouvelle tape à l’arrière du crâne de son frère. Derrière le battant se trouvait un escalier qui menait à l’étage, lieu de vie de la famille du guérisseur. Alaric y était également logé le temps de son apprentissage.

Pendant que l’apprenti quittait momentanément les lieux, le guérisseur prit le relais, venant s’agenouiller devant Angélique. Sa bonhomie dénotait un homme qui avait l’habitude de traiter des blessés et des malades depuis de nombreuses années.

« Théophile, que diriez vous de vous tourner dos au feu ? Je crois que cela réglerais nos problème de pudeur. Demoiselle, je me présente, je suis Léon Grégoire. Ma boutique est ouverte depuis de nombreuses années, je pense que nous allons pouvoir arriver à bout de ces quelques vilaies blessures. Regardons ça d’un peu plus près si vous êtes d’accords. »

Le milicien suivit les instructions du maître des lieux, effectuant un demi-tour. Ce n'est qu'en suivant que le regard bleu profond de Léon sondat la réaction de sa cliente, attendant un signe d’assentiment de sa part.

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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptySam 19 Juin 2021 - 12:35


Angélique n'avait, visiblement, aucunement le choix que d'accepter d'être portée ce qui la troublait au plus haut point, même après avoir fermé les yeux pour se calmer et reposer maintenant que le pire était passé, même après plusieurs enjambées. Le feu aux joues, grelottante, elle se laissa aller contre le torse de l'archer... Bien inconfortable compte tenu de son état tout aussi détrempé que le sien. Elle aurait bien passé un bras autour de son épaule mais il s'agissait malheureusement de celui bien trop meurtris pour supporter bouger ; elle se contenta de le maintenir contre sa poitrine, tandis qu'elle essayait de cacher son visage de sa seule main valide.

Merci, répondit-elle après un léger rire quant à son propre sérieux. Je suppose que si tout le monde était aussi sérieux... Et bien le monde serait bien triste et austère. Pas qu'il ne le soit pas déjà, pour ce qu'il en reste... Disons que les gens comme vous lui rapporte un petit peu d'équilibre. J'avais pour mission de ramener la petite fugueuse jusqu'au doyen. Disons que ça n'aura pas été un franc succès. Pour être franche, tant que Catriona rentre saine et sauve... C'est tout ce qui m'importe, Théophile.

La tête de la jeune femme dodelinait de plus en plus. Le contrecoup des évènements de la dernière heure se faisait sentir de plus en plus, pesant sur ses paupières autant que sur l'ensemble de son corps transit de froid. Elle se sentait engourdit, épuisée, et dramatiquement chanceuse. Peu importe où le milicien la mena, le pire ne pouvait qu'être passé. Ce fut sur ces pensées bien fatalistes que la rousse sombra dans un sommeil, léger et troublé de pluie, flèches et yeux épairs : les mêmes que ceux de son serviable sauveteur.


Ce fut la chaleur qui la réveilla, avec une douceur réconfortante. Comme après tout réveil ordinaire, l'esprit encore quelque part entre les bras de Rikni, Angélique voulu s'étirer. Son habituelle langueur féline fut remplacée par une sorte de tressautement bien désagréable à l'instant même où elle s'appétait à bouger les bras. La douleur toujours aussi vive dans son poignet et les diverses courbatures traversant son corps lui tirèrent un misérable gémissement plaintif. Ces faibles mouvements suffirent à lui rappeler combien elle était trempée, et glacée. Ses vêtements lui laissaient l'impression d'être enveloppée d'une chappe de plomb.

Elle laissa le milicien la déposer, puisqu'elle n'avait d'autre choix, quoi qu'Angélique eut préférer s'installer par elle-même. Cette situation était quelque peu humiliante pour elle... Si bien que pour cacher sa gêne croissante, Angélique regardait partout autour d'elle pour examiner cet endroit inconnu ; à en juger par le matériel présent ici et là, le chaudron sur son foyer et la disposition de la paillasse, il lui parut vite évident qu'elle se trouvait dans une officine. Sans prétention mais propre, ordonnée, cela suffit à rassurer la prêtresse aux joues et oreilles écarlate.

Heureusement qu'un peu plus tôt, le milicien l'avait informé de l'existence d'un frère... Elle aurait pu croire avoir deux Théophile sous les yeux. Bien qu'ils fussent significativement différents, l'un étant aussi nonchalant que l'autre semblait sérieux, la parenté n'en était pas moins évidente tant ils avaient d'airs en commun. Le tempérament visiblement bien trempé des deux hommes, et leur apparente discorde, fit éclater de rire Angélique. Que cela devait être bon d'avoir une famille... Après une journée pareil, la situation lui paraissait particulièrement incongrue et cocasse.

Je vous remercie, monsieur Grégoire, répondit la rousse à son tour. Je vous remercie une fois encore, monsieur Castaing. Par deux fois vous êtes venu à mon aide là où d'autres miliciens auraient tourné les talons, ou profité de la situation... Je vous récompenserais comme il se doit, bien que je n'ai pas grand chose en ma possession... Mes prières vous accompagnerons également.

La jeune femme détourna son regard à nouveau pétillant de vie d'un Théophile visiblement décomplexé, pour le planter dans celui du guérisseur abaissé à sa hauteur. Bien qu'elle ne riait plus, son visage se fendait encore d'un sourire et sa voix elle-même trahissait son amusement. Son expression retrouvait son état naturel, jovial et avenant. Etrangement, elle se sentait en confiance et bien à l'aise à présent, ce qui à l'encontre de la méfiance dont elle faisait habituellement preuve. Il avait l'air "bon", ou du moins courtois et bienveillant. Vu sa situation, cela lui suffisait.

Je suis enchantée de faire votre connaissance ! Il me semble me souvenir avoir entendu vos éloges au Temple. Je suis sœur Angélique, mais m'appeler Angélique est bien suffisant. J'aide parfois à l'infirmerie donc monsieur le milicien ne serait pas le premier homme que je verrais à demi-nu... Je ne pense pas être grièvement blessée mais... Je vais devoir me dévêtir un peu. Et compte tenu de l'état de mon poignet...

Angélique défit sa ceinture à laquelle pendait sa besace et commença a retirer sa robe, ainsi que ce qu'il en restait de sa cape, ce qui leur permettrait également de sécher plus rapidement autant que cela rendait examinable son épaule endolorie. Son poignet droit bougeant à peine et sa main refusant de se mouvoir illustrèrent ses paroles, et comme elle le suspectait, la contraignirent à quérir l'aide du guérisseur pour l'ôter. A son grand malaise. La prêtresse était peu pudique et rester en chemise ne lui posait généralement aucun soucis, lorsqu'elle n'était pas complétement trempée et donc... Partiellement transparente. Certainement était-ce là l'une des conséquences d'avoir grandi et partagé autant de proximité avec les orphelins, les malades et les visiteurs des thermes.

Qui la voyait aussi finement vêtue pouvait constater sa quasi maigreur. Les os à ses épaules et autres articulations était saillant sous sa peau porcelaine pictée de tâches de rousseur, et quelques grains de beauté avaient leur place à ses épaules et dans son dos ; l'un venait décorer son nombril et le faisait paraitre comme un point-virgule. Le mince tissus peu opaque se plaquait contre son corps comme une seconde peau, collante et entravant le moindre de ses mouvement, la faisant de nombreuses fois pester.

Mon épaule me tire un peu, et j'ai du me taler les genoux en tombant. En revanche... Mon poignet... La jeune femme grimaça devant l'aspect des bleus qui y zébrait sa peau alors qu'elle le tendait au guérisseur. Je ne le pense pas brisé. Mais ce... Peu importe ! Il l'a serré bien fort, comme vous le voyez, et l'a tordu et tiré. J'espère à de simple contusions, au pire une entorse... Qu'en dites-vous ? Quelle poisse... Dire que j'ai assisté à mon première instruction hier... J'espère pouvoir écrire à nouveau rapidement et assister aux cours...

De fait, son épaule ne se manœuvrait plus aussi aisément qu'elle l'eut dû. Ses genoux étaient rouges et des écorchures marquaient ses tibias. Tandis qu'elle même s'auscultait plus minutieusement, Angélique remarqua l'un de ses ongles cassés à la main gauche, et des bouts de peau présents sous ceux de ses autres doigts : elle en déduit qu'il s'agissait de souvenirs de son agresseur.

Que va-t-il se passer, demanda-t-elle finalement au milicien. Pour l'autre face de porc, je veux dire...

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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptyDim 20 Juin 2021 - 16:36
Les remerciements firent plaisir au milicien, ils n’en recevaient pas tant que ça. Au contraire, on les traitait plus souvent de brutes sans cervelle. L’archer étudia son arc, son carquois et son plastron qu’il avait posé près de sa veste et se demanda bien pourquoi cet attirail attirait l’antipathie de certains, alors qu’il ne faisait que les protéger.

« Je n’ai fais que mon travail Angélique, mais j’accepte volontiers vos prières. »


Si elle avait été plus âgée, il lui aurait peut-être extorqué un baiser sur la joue. Bien qu’avec ce qu’elle avait vécu plus tôt, ce n’était peut-être pas très malin. Le trublion n’était pas insensible à ce point tout de même.
Perdu dans ses pensées, l’archer n’avait pas écouté la fin des paroles d’Angélique mais il entendit un cliquetis puis le bruissement des vêtements qui se défaisaient. Il connaissait suffisamment ces sons pour les reconnaître. L’homme avait très exactement distingué le moment où le tissus toucha le sol. Ce constat lui fit prendre conscience qu’il devrait sans doutes penser à rendre visite à une « dame » ce soir...
En tous cas, pour une fois, Théo était content d’avoir écouté ce qu’on lui disait. Si son frère l’avait vu face à une jeune fille qui était en train de se dévêtir dans SON cabinet, il n’avait pas fini d’en entendre parler….Surtout qu’elle se présenta comme une prêtresse. Pas sûr que les Dieux soient ravis qu’il zieute une adolescente, surtout quand elle venait de se faire secouer par un dégueulasse.

Il tressaillis quand la jeune femme s’enquit du sort de son agresseur. La réponse risquait de ne pas forcément lui faire plaisir. Théo avait sentit qu’Angélique commençait à se détendre et se remettre quelque peu de cette histoire, malheureusement, et à son grand regret, il se devait d’être honnête avec elle.

« Probablement pas grand-chose...Vous savez comment ça se passe dans ce genre d’histoire. Surtout qu’au final il n’a pas été au bout de ce qu’il voulait faire. Si vous voulez mon avis, il ne sera pas inquiété pour vous avoir « un peu durement traité ». Désolé pour le terme mais c’est certainement ce qu’il en dira, ils disent souvent ça vous savez. »

Le milicien serra les poings. Il avait beau être considéré comme un charmeur de première, jamais il ne serait abaissé à forcer une fille. Grands dieux, les prostitués étaient là pour ceux qui voulaient juste se vider ! Certaines acceptaient même certains penchants particuliers, pas qu’il en ai déjà eu besoin de ces services là...Mais quand on mettait un pied dans ce milieu, les propositions diverses et variés arrivaient vite.
Pendant ce temps, le guérisseur ne dit pas mot et débuta l'examen sa patiente. Il commença par tester la mobilité du poignet et de l’épaule blessés. D’un main experte, ferme tout en étant chaleureuse, il leur fit exécuter plusieurs mouvements, guettant les réactions d’Angélique. A chaque signe de douleur, il changeait l’exercice. Ne leur faisant pas face, le milicien entendait simplement le tissu mouillé bouger, tout comme les soupirs de douleurs qui passaient les lèvres de la patiente alors que Léon poussait un peu son examen.

« Je ne suis même pas sûr que Bart, l’autre milicien, l’ait même amené jusqu’à une quelconque autorité. M’est d’avis qu’il l’aura plutôt « un peu durement traité » à son tour, histoire de lui faire passer l’envie d’aller courir après les filles qui ne veulent pas de lui. »

Avec ce genre d’homme primaire c’était parfois la seule solution. Théo avait toute confiance en son camarade dans sa capacité à faire peur à son prisonnier. Bart avait un côté sombre et mystérieux que même lui n’avait pas envie d’explorer. Au point que si on retrouvait un doigt ou un orteil dans une rue adjacente il aurait peu de doute quant à son propriétaire…

L’archer reçu une serviette sur la tête, alors qu’Alaric se dirigeait vers Angélique pour lui en déposer une délicatement sur la partie du corps que son maître n’était pas en train d’examiner. Il lui glissa quelques mots à l’oreille, après avoir posé des vêtements sur le fauteuil le plus proche, assez bas pour s’assurer que son enquiquineur de frère ne l’entende pas.

« J’espère que vous avez pu vous réchauffer un peu. Je vous ai ramené une chemise et une robe sèche pour quand les soins seront terminés. Ce sera peut-être un peu grand pour vous, au moins vous serez au sec. »

L’apprenti se tourna vers son aîné avec un regard d’avertissement. Même si celui-ci ne pouvait pas le voir, il ressenti clairement la menace dans ses paroles.

« Et toi si tu retournes je m’assures que tu ne puisse jamais avoir de descendance c’est clair ? »


« Allons allons Alaric, ton frère nous as tout de même ramené Angélique en un seul morceau, ne soit pas trop dur avec lui. Va plutôt chercher le baume cicatrisant pour les plaies de notre invitée. »

Le jeune frère glissa à nouveau quelques mots à l’oreille de la jeune femme.

« Ne laissez pas se beau parleur vous embobiner. Il brisera votre cœur si vous le laissez faire. »

Puis il s’exécuta, allant récupérer un pot remplis d’une pâte blanche. Théo ne se défendit pas, surtout que les dernières paroles lui avaient été inaudibles, préférant se sécher les cheveux puis laisser le tissus sur ses épaules pour faire barrage au froid. Maintenant que sa coiffure avait repris son aspect naturellement décoiffée, l’archer se sentait déjà ragaillardit.
Le guérisseur terminait son examen en même temps.

« Vous avez eu le bon diagnostic Angélique. Une légère entorse pour votre poignet et un mauvais contrecoup pour votre épaule. Je crains qu’il ne faille deux à trois semaines de repos. Deux semaines si vous êtes raisonnable et que vous appliquez bien la pommade que nous allons vous donner. Alaric, prends un petit pot pour les inflammations aussi s’il te plait.»

Le guérisseur reposa le bras de la jeune fille et repositionna la serviette correctement sur ses épaules. Il tapota affectueusement sa main non blessée avant de se relever difficilement. Il était de notoriété publique que l'humidité et les articulations ne faisaient pas bon ménage.

«Je sais que vous devez être impatiente d’engranger tout ce nouveau savoir mais ne commettez pas d'imprudence avec vos blessures. Si vous avez aidé à l'infirmerie vous devez savoir ce qu'il advient des blessures mise trop vite aux oubliettes. »
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptyLun 21 Juin 2021 - 22:30


Angélique adressa un sourire sincère au prénommé Alaric dont le caractère et les manières lui semblaient être aux antipodes de son aîné ; où tout du moins à ce qu'il lui en avait montré, soit un fanfaron à la langue bien pendue mais non pas capable d'être sérieux. Au contraire, l'apprenti était peut-être trop sérieux et bien plus consciencieux. Les rares paroles qu'ils échangeaient directement semblaient n'être que piques, reproches et menaces à peines voilées. Il devait toutefois bien exister une sorte de complicité et de bonne entente entre eux, non ? Voir les relations aussi tendues entre eux l'attristait... Mesuraient-ils la chance qu'ils avaient ? C'était, d'une certaine manière, injuste.

Quoi qu'il en fut, le spectacle fort divertissant qu'ils offraient à eux tous fit une nouvelle fois rire la prêtresse, qui renouait presque avec le genre humain par la même occasion. Oui. Ils devaient forcément exister une complicité et solidarité entre eux, qu'il suffisait de faire ressortir... Mais cela ne serait guère simple.

Je vous remercie, chuchota la prêtresse d'une voix aussi basse que le prénommé Alaric. Pour la serviette, les vêtements, votre prévenance et vos conseils avisés. Je doute tout de même être... Le genre de femme que votre frère aime courtiser.

Angélique étouffa un nouveau rire, quoi qu'un peu plus tôt, l'attitude que l'ainé Castaing avait eut la laissait douter sur la véracité de ses propres paroles. Après tout, elle ne le connaissait pas... Il pouvait aussi bien jouer la comédie que laisser transparaitre le fond de sa personne, aussi pourri que l'était son agresseur ou peut-être pire encore. Mais qu'importe. D'une part elle ne pouvait y croire, comme si tout n'était qu'exagérations. Puis elle en était à présent avertie et l'avait vu à l'œuvre... Si une telle chose venait à se produire et bien, son côté fataliste tendait à lui faire croire que cela ne serait que la volonté des Trois, le destin, et qu'il devait en être ainsi. Mais puissent les Trois l'en préserver.

La jeune femme reçut la marque d'affection du vieil homme –tout du moins le plus âgé d'entre eux quatre– avec un plaisir non feint. Elle lui adressa, en retour, un large sourire chaleureux ; de ceux capables d'illuminer toute une journée, même des plus désagréable et ponctué de pluie et de ténèbres. Elle aurait aimé faire plus, le remercier convenablement ou bien faire comme d'autres prêtres et prêtresses et lui adresser des paroles pertinentes... Mais elle n'en était pas capable. Tout ce que la rousse pouvait faire, au mieux, était de prier pour eux tous et bénir l'officine du guérisseur.

Je vous remercie de m'avoir soignée, monsieur Grégoire. Je suis effectivement impatiente, admit-elle en riant, mais l'écriture attendra. Ce n'est que partie remise. S'il y a bien une chose que j'ai apprise, c'est combien la vie et la santé sont bien trop fragiles et importantes... Le côté positif, c'est que je serais exemptée de nettoyage et rangement durant un certain temps !

Elle ri à nouveau. L'idée de ne plus avoir à tenir un balais où trier l'éternel désordre de certains prêtres la réjouissait particulièrement. Les soins terminés et le guérisseur déjà un peu plus loin, Angélique se releva à son tour et entreprit d'éponger maladroitement ses cheveux qui ruisselaient encore copieusement et avaient formé une flaque devant l'âtre. Son regard couleur brume alla à la rencontre de celui de l'apprenti guérisseur, auquel elle souhait encore adresser quelques paroles... Maladroites, mais auxquelles elle tenait. Elle s'était promis de les aider, d'une manière ou d'autre, afin qu'ils apprécient à son juste titre la chance qu'ils avaient tous deux. Les rapports et l'estime que les deux frères entretenaient chagrinait, si l'on puit le dire ainsi, la rouquine qui aurait aimé connaître la joie d'avoir une famille. Elle cru donc bon d'expliquer, assez fort afin que même Théophile puisse l'entendre, mais d'une voix douce et encourageante à l'égard de son cadet :

Je pense néanmoins que votre frère mérite que vous lui fassiez davantage confiance, Alaric. Il n'est probablement pas parfait, vous le savez mieux que moi, mais qui en ce monde l'est réellement ? Nous avons tous nos... Penchants et petits défauts. J'admets que que ce n'est pas simple... Mais c'est une grande force que de tolérer certains des petits travers de ses proches. Vous avez la chance d'avoir de la famille, l'un et l'autre, il serait dommage que vous vous méprisiez... Angélique laissa échapper un soupir qui pouvait en dire long à qui savait voir au delà des mots et des silences. Et comme l'a si pertinemment dit sieur Grégoire, je suis ici en un seul morceau grâce à l'intervention et l'aide de Théophile. Sans lui, les Trois seuls savent ce qu'il me serait arrivé !

Evidemment, ses paroles convenaient autant à l'un qu'à l'autre. Elle eu même une pensée rapide envers les Divinités qu'elle sentait toujours en sa présence mais... Inactives. Elle passa sa chemise par dessus sa tête afin de sécher jusqu'à la dernière goutte de pluie sur sa peau nue qu'elle frictionnait vigoureusement, jusqu'à qu'elle devint presque aussi rouge que sa chevelure. Que l'un des hommes pu oser l'épier, ou même contempler son corps et deviner sa nudité par le jeu d'ombres que projetait le feu sur le mur opposé ne lui traversa pas l'esprit. Ce dernier était préoccupé par tout autre chose, de bien plus grave et sombre encore. Angélique laissa tomber la serviette, bien humide à présent, sur le sol, afin d'essuyer également la flaque qu'elle avait formée.

D'ailleurs, en parlant de ça, je m'en doutais, malheureusement... Du sort qui attend ce pourceau, je veux dire ! Mais avant que vous n'arriviez Théophile, il a laissé échapper quelque chose qui... Ma foi, comprenez-y ce que vous voudrez y comprendre ! Il parlait d'obtenir une récompense. Elle s'interrompit brièvement le temps de sortir sa tignasse de sous les vêtements secs.Je crains qu'il ne s'agisse pas d'une simple agression. Les bordels ne manquent pas de femmes, pour ce que j'en sais... Je ne peux pas en être certaine mais je pense que je n'étais que son second choix, et qu'il en avait initialement après Catriona. Qu'en dites-vous ?

Comme le supposait Alaric, la robe qu'il lui avait apportée était effectivement bien trop grande. L'encolure dégageait un peu trop ses épaules sur lesquelles elle glissait au moindre geste, et elle marchait sur les ourlets de la jupe trop longue d'une bonne hauteur de main. Elle essaya de resserrer le laçage pour la tenir à peu près en place, en vain ; sa main invalide l'en empêchait. De la même manière qu'elle ne parvenait à tenir à la fois sa ceinture et sa robe pour tricher et maintenir cette dernière par la sangle de cuir.

Par la Trinité, pourquoi faut-il que je sois aussi petite, souffla-t-elle excédée sans se soucie de son blasphème, alors qu'elle laissait retomber le bas de la jupe sur ses pieds nus.

Résignée à ne pouvoir s'en sortir seule, elle implora du regard qu'on vint l'aider.
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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptyJeu 24 Juin 2021 - 23:18
De ce qu’il entendait, Théophile avait l’impression que leur jeune blessée allait un peu mieux. Sa voix revenait dans une tonalité moins aiguë, et son phrasé dégageait une chaleur qui avait été absente sous la pluie battante. Le doux son de son rire était comme une musique apaisante pour le trublion qu’était le milicien.
Il était étonnant, et tout de même réconfortant, de voir combien de mots la jeune fille pouvait rentrer dans ses respirations. Rassuré, Théo se détendit.

Après avoir réussit à se relever, le guérisseur était parti chercher une infusion fortifiante dans la cuisine jouxtant. Il ne restait que les deux frères pour aider Angélique. L’aîné aperçu du coin de l’oeil les ombres de la silhouette de la prêtresse, comprenant qu’elle se déshabillait. Il n’était donc pas encore temps pour lui de refaire face. Cela lui permit aussi de cacher son expression glaciale en entendant les révélations d’Angélique quant à son agresseur. Le Rouquin et lui avaient simplement cru à une « simple » histoire. Celle où un dégueulasse profitait de la faiblesse d’une fille pour se vider. Celle qui vous donnait envie de mettre une correction exemplaire à ces raclures qu'étaient ces "hommes". Oui on appelait ça encore dans hommes dans le commun. Visiblement là c'était encore pire.

Alaric vint à au secours de la jeune fille quand elle pesta après les habits et sa petite taille. L’aîné le laissa faire, y voyant l’opportunité qu’il se rapproche enfin d’une fille et laisse tomber le masque de sérieux qu’il avait constamment.
La colère du cadet était retombée en entendant les remontrances d’Angélique. Sa voix et ses doigts tremblaient légèrement, trahissait un soupçon de tristesse qu’il n’arrivait pas à suffisamment endiguer. Ce n’était pas vraiment ainsi que le borgne avait espéré que son frère se détente, au moins il ne s’était pas focalisé sur l’agresseur. Il aurait été difficile de le calmer le cas échéant...

« Laissez-moi vous poser une question. Vous croyez que quelqu’un qui a constamment l’expression réjouit de mon frère est réellement heureux Angélique ? »

Comprenant de quoi il s’agissait, l’aîné décida de stopper son frère avant qu’il n’aille plus loin. Cette conversation ne mènerait nulle part. L'apprenti guérisseur avait déjà tenté à maintes reprises, ça c'était toujours mal terminé.

« Al ça suffit. Va te rafraîchir les idées. »

L’ordre avait été ferme, ne souffrant d’aucune contradiction possible, alors que l’archer posa sa main sur l’épaule de son cadet et le poussa vers la boutique. Al avait besoin d’un bol d’air frais pour reprendre le contrôle de ses émotions. Le jeune guérisseur détestait perdre le contrôle de la situation. Quand c’était le cas, comme ça s’annonçait ici, l’aîné lui permettait de se retrancher pour souffler et se ressaisir. Même si par le passé Alaric n’avait pas toujours obéit sagement, aujourd’hui il savait que c’était nécessaire pour tous les deux.

Théo prit le relais avec les vêtements de la jeune prêtresse. Le visage à nouveau apaisé, offrant son expression habituelle de bonhommie, il commença par ajuster le haut de la robe afin de pouvoir lacer les liens. Du premier coup, il les fit tenir suffisamment pour que le tissus ne glisse plus, sans qu’il n’étouffe la petite rousse. Pendant ce temps, il répondit enfin aux question latentes concernant le duo improbable qu’Alaric et lui formaient.

« Merci de m’avoir défendu auprès d’Al mais soyez rassurée, il ne me déteste pas . Nos relations ont toujours été compliquées. Ca n’a jamais empêché que nous sommes une famille et que...Vous savez quoi….Ce que les hommes ont du mal à s’avouer... »

Il espérait avoir allégé l’atmosphère, rendue morose pas son cadet et les révélations de la prêtresse, sur cette dernière tournure taquine. Comprenant le dilemme qu’Angélique avait avec le bas de sa robe, Théo recommença l’opération du haut avec la ceinture en deux étapes cette fois. Une fois que la bande de cuir fut à peu près en place, il remonta le tissus et l’arrangea pour le faire joliment bouffer, avant de resserrer le lien. Les mouvements du miliciens avaient été rapide et précis, dénotant qu’il était habitué à traiter avec les atours féminins. Aucun geste ne s’était pourtant attardé sur la silhouette fine de l’adolescente, rien qui ne pourrait laisser penser que le milicien la considérait comme une conquête potentielle. Passant derrière la prêtresse, l’homme glissa la main dans ses cheveux et les démêla doucement.

« Etes-vous sûre que ce malotru en voulait à la petite ? »

En questionnant la jeune blessées, l’archer se mit alors à natter la chevelure de la jeune fille, d’une tresse épaisse. Patiemment, il entrelaçait les mèches rousses, comme il l’avait autrefois fait pour celles blondes d’Alice.

« Et savez-vous pourquoi ? Ca peut-être une demande de rançon par exemple, pas forcément les mêmes raisons pour lesquelles il vous a retenu. Catriona, est-elle une orpheline du temple ? Si elle est sous la garde du doyen c’est qu’elle doit avoir une certaine importance non ? »

Ces dernières phrases ressemblaient plutôt à des pensées à haute voix plutôt que des questions posées à la jeune fille. Honnêtement, l’enlèvement pour donner la fillette en pâture a des saletés de pédophiles restait la piste la plus valable. Mais l’assurer aurait probablement désarçonné la jeune blessée, qui avait déjà eu son lot d’émotions pour la journée.

L’homme en avait finalement terminé avec la coiffure d’Angélique. Il positionna la tresse au-dessus de son épaule saine, et reprit avec entrain.

« Voilà, vous devriez être moins gênée. Et vous avez raison, je ne vous courtise pas, vous êtes un peu jeune. Mais je pense que vous n’avez pas trop de différence d’âge avec Al. »

Un léger rire vint ponctuer ses paroles alors qu’il reculait. Si il souhaitait rapprocher les deux jeunes gens, il aurait été de mauvais goût que son idiot de frère croit qu’il comptait fleurette à une fille qui avait dix ans de moins que lui, et qui avait encore beaucoup à apprendre de la vie.

« Je suis sûr qu’il peut se montrer un peu plus agréable et ouvert si c’est il s’agit d’une jolie demoiselle comme vous. »
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AngéliquePrêtresse
Angélique



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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptySam 26 Juin 2021 - 1:56



Les étoffes bruissent faiblement puis le tissu est plié et déplié, étiré et relevé. Alaric manipule les vêtements peu conciliants dans lesquels est empêtrée la jeune femme, qui se laisse faire docilement. Elle n'a pas d'autre choix. Ceci dit, que ne donnerait-elle afin de le faire par elle-même...

Merci, souffle-t-elle d'une toute petite voix, la gorge nouée. Vous êtes... Très serviable. Je suis désolée de vous obliger à faire ça... Ah, ce que je déteste être petite !

Ses joues, elle le sent, sont brûlantes et la chaleur s’étend jusqu’à ses oreilles ; mais ce n'est pas l'œuvre d'une quelconque colère. Loin de là. En dehors des soins et quelques circonstances exceptionnelles, comme un peu plus tôt, la rousse n'a jamais été si proche d'un homme... Que cela soit de ses mains ou de son corps, ce qui l'échauffe toute entière. C'est mal, dit-on au Temple, alors elle écoute. Sceptique, mais elle écoute, elle n'a d'autre choix de toute façon.

Troublée au plus haut point, quoi qu'elle s'efforce vainement de ne rien laisser paraître, Angélique promène son regard dans la pièce avec l'envie de disparaître sous terre, devenir invisible ou même ne plus exister. Ne faire plus qu'un avec le plancher semble être une idée tout à fait séduisante. En somme, tout, qu'elle n'ait pas à affronter le regard de l'apprenti guérisseur. Non pas qu'il ne soit pas agréable, tant par sa présence qu'à regarder, pour ce qu'elle en a vu plus tôt... Au contraire ! Comme son frère, ils sont d’un genre plutôt attrayant, et ses cheveux trop bien disciplinés lui démangent les doigts, appellent à être décoiffés. Mais les ombres projetées au plafond sont aussi très intéressantes, et la fumée dégagée par un chaudron également. Il y a tellement de choses à voir ! Sauf à ses pieds. Qu'elle honte, songe-t-elle en refoulant les sensations qui la traverse.

Comme elle n'ose baisser ses yeux couleur brume, ils finissent par se poser naturellement sur le milicien ; de toute façon il est difficile de le rater et c'est à peu près la seule chose qu'il lui reste à regarder... Se moque-t-il d'elle ? Ce sourire, sur ce visage, n'est-il pas différent des autres ? La situation l'amuse-t-elle ? Qu'il l'agace ! Elle aimerait lui faire ravaler son petit sourire et lui jeter quelque chose à la figure mais se retient. Que cela lui coûte... Elle ne veut pas faire mauvaise impression auprès des guérisseurs, du moins pas plus que ça n'est déjà le cas. Et de toute façon elle n'a rien sous la main, sans compter que cela compliquerait la tâche à Alaric qui s'affaire en silence. Un silence qui devient lourd. Et s'il remarque quelque chose, il n'en montre toutefois rien, constate-t-elle avec soulagement en osant enfin un regard vers lui. Le premier depuis leur électrisante proximité, qu'elle s'efforce d'ignorer par tous les moyens lui venant à l'esprit. Le châtain se fait incroyablement respectueux et consciencieux, bien plus qu'elle-même et ses propres pensées ne le sont. Cependant elle ne peut que remarquer ses doigts tremblotants. Est-il aussi troublé qu'elle ? Peut-être ne fait-il pas cela souvent, réalise-t-elle après un temps. Est-il timide ? La déteste-t-il à présent ? A ce point ?

Contre toute attente, la voix d'Alaric s'élève, tremblante. La prêtresse est stupéfaite par la question qui lui pose, persuadée qu'il la déteste bel et bien. Quoi d'autre, sinon ? Elle l'observe attentivement, la tête légèrement inclinée sur le côté et les lèvres entrouvertes sur ses dents blanches, mais ne comprend pas, peu importe comment elle retourne ces paroles. Elle en perd le simulacre de sourire qui orne presque toujours son visage ; celui qui lui permet de se donner contenance et assurance. Pourquoi lui demande-t-il ceci ? Quel rapport avec elle ? A-t-elle commis un impair, un peu plus tôt ? L'a-t-il cernée ? Un ras de marré de questions assaillent son cerveau. D'un autre côté, la réponse lui parait si évidente ! Au Temple, la prêtresse a eu tout le loisir de constater que, le plus souvent, les personnes les plus souriantes sont celles qui souffrent le plus, érigeant cette façade comme une carapace pour se protéger. De quoi ? Seuls les Trois ainsi que quelques privilégiés le savent. Elle-même use et abuse de ce stratagème pour masquer les troubles profonds, sa noirceur et le vide de son cœur que la Trinité ne parvient à combler.

Je ne le pense pas !

Sa voix fluette est vibrante par les émotions qui l'assaillent. Elle contient et transmet son lot de tristesse, de gamelles trainées, de questions en suspens et d'obstacles infranchissables que ces quelques mots ont réveillés. Que peut-elle dire d'autre ? Ils se sont déjà éloignés, Alaric entrainé par le milicien, mais elle tenait à ce qu'il le sache, l'entende de sa propre bouche. Ses yeux gris écarquillés de perplexité ne rencontrent déjà plus que leur dos, celui du guérisseur davantage courbé et raide à la fois. Elle lui aurait volontiers courut après pour qu'il s'explique mais le seul pas qu'elle fait manque se finir en chute spectaculaire, son pied se prenant dans l'ourlet de sa jupe qu'elle a oublié de relever. D'angoisse et de gêne, ne pouvant qu'attendre, elle se tord les doigts posés contre son ventre bien trop plat, bien trop vide, où ses entrailles se tordent. Son poignet la fait souffrir à chaque mouvement mais son esprit trop préoccupé relaie la douleur plus loin dans son esprit.

Elle parait parfois bien plus âgée qu'elle ne l'est, faisant preuve d'une vivacité d'esprit et d'une précocité que d'aucuns qualifient volontiers d'alarmantes mais que tous s'accordent à lui prêter... Néanmoins elle n'en reste pas moins une adulescente, sans guère d'expérience, ayant désespérément grandi claquemurée dans l'enceinte protectrice de Marbrume et qui ignore, par conséquent, encore bien des choses. Trop. Encore faut-il les lui expliquer. Dans ces moments-là, elle n’est plus la Sœur, prêtresse de la Trinité, mais simplement Angélique la jeune et inexpérimentée adolescente qui aspire à grandir et à vivre plus que tout.

Théophile revient. Elle le laisse ajuster sa tenue laissée à moitié en plan, sans protester, sans s'agiter, sans même vraiment sembler réagir. Elle se mordille les lèvres, songeuse, cherchant que dire et que faire pour soulager tant son esprit que l'atmosphère, tandis que son regard casi absent est fixé sur ces mains manœuvrant et agençant habilement les tissus. Elle note à peine à quel point il est réellement habile, rapide avec sa robe et les pans de tissus, comme s'il en a l'habitude ; quoi qu’il soit plus probable qu’il sache les ôter que les remettre… Evidemment, la rousse constate, devine, mais pour autant juger et critiquer sont des mots contraires à son naturel bienveillant. D'autant plus quand elle méconnait la chose, petit bout de femme trop candide seulement éduquée à coup de fables édulcorées et de prêcheries religieuses hypocrites. D'ailleurs, là où tant d'autres en auraient profités, les mains du brun n'ont semblé qu'à peine l'effleurer lorsque nécessaire, sans jamais s'attarder sur une quelconque partie de son corps ou ses membres n'auraient dû se trouver. Paradoxalement, Alaric se montrait imperceptiblement moins rigoureux et vigilant quant à cela ; ce qui conforte la prêtresse dans l'idée qu'elle se fait, peu à peu, de Théophile. Si d'autres prêtres crieraient au scandale, pour sa part, Angélique n'en a que faire tant que, comme présentement, il ne fait rien qui puisse être répréhensible.

Merci, souffle-t-elle tandis que lui-même prend la parole.

Elle sourit, bien qu'il ne la regarde pas. L'ambiance s'allège considérablement d'un seul coup et sa propre respiration devient plus aisée, et ses épaules crispées se détendent progressivement. Elle l'écoute, puis rétorque :

Ce que... Oh. Vous voulez parler de cette fameuse chose que le stupide égo masculin vous empêche de dire ? demande-t-elle un sourire dans la voix, roulant les yeux d'exaspération. Tous les mêmes, pas un pour rattraper les autres. Même là, vous n'êtes pas capable de le dire... Et c'est milicien.

La rousse le provoque mais son ton exprime manifestement son amusement, comme l'éclat pétillant dans ses yeux s'il y prête attention. Après sa robe, c'est à ses cheveux qu'il s'attèle et Angélique se laisse faire avec délice, savourant la sensation que ces gestes procurent à son cuir chevelu. A nouveau son esprit s'écarte, s'égare dans ses pensées. C'est assurément un habitué et, compte tenu de sa pilosité, ce n'est pas sa propre tignasse qu'habituellement il manipule et tresse ainsi. Serait-ce à une sœur ? Une amie ? Une amante ? Dans tous les cas cela ne peut-être qu'à quelqu'un qu'il aime, suppose-t-elle, écartant de ce fait toute probabilité qu'il put s'agir d'une fille de joie.

La voix de l'homme s'élève à nouveau, éclatant sa petite bulle de réflexion comme si elle n'était faite que de savon. Malotru ? Petite ? Angélique ne comprend pas. Mais avant que l'idiote rêveuse et étourdie qu'elle est ne le fasse répéter, il reprend, enchaine de nouvelles questions. Des interrogations dont elle ne sait qui est réellement le destinataire, mais qui dévoilent le milicien profondément ancré au fond de lui, consciencieux et rigoureux à sa manière. Cela a un nom dont elle ne se souvient plus, mais la jeune femme trouve ça impressionnant et ne peut que se demander si, elle aussi, elle aura de tels réflexes un jour.

Non, je ne peux rien affirmer, admet-elle gravement après l'avoir compris. Elle n'est pas exactement sous la garde du doyen… Disons que c'est une question d'habitude. Compte tenu du temps qu'il a fait aujourd'hui, il m'a demandé de la ramener avant qu'elle ne meure de froid… Ou pire. C'était juste ma première impression... Une intuition.

Angélique se passe une main sur le front, nerveuse, ne sachant que dire. Parler du passé de Catriona ? Expliquer les raisons de cette conviction profonde ? Bien sûr qu'elle le devrait mais elle ne le fait pas. La famille de la fillette habitait au Goulot avant ce tragique évènement dont tout le monde se souvient avec tant d'amertume et de tristesse, et auquel seule la fillette survécut. Depuis, de manière très régulière, elle se rend au plus proche du Chaudron, animée par l'espoir que ses parents y réapparaitraient peut-être de manière impromptue. Improbable... Si ce n'est sous la forme d'effroyables et répugnantes goules.

La natte achevée, déposée sur épaule avec douceur et soin, Théophile l'interrompt de nouveau dans ses pensées… C'est à croire qu'elle n'a pas le droit de réfléchir calmement, tempête-t-elle intérieurement. Mais la bonne humeur qu'elle lui pense avoir retrouvée d'après la légèreté de ses paroles et l'intonation présente dans sa voix lui coupe tout envie de continuer sur cette discussion. N'est-il pas plutôt temps de s'inquiéter de son frère, qui n'est toujours pas rentré ? Non, cela semble être le cadet de ses soucis ; et tout comme il le dit, elle n'est effectivement plus du tout gênée. Pas par ses cheveux, ni ses vêtements en tous cas ! Il rit, et les mots qu'il lui adresse ensuite la troublent bien davantage. Elle le fusille du regard alors qu'il met quelques pas de distance entre eux. A la toute dernière phrase, ses joues et oreilles virent carrément au rouge tomate et son esprit se trouble à nouveau, comme en la présence d'Alaric. D'ailleurs, pourquoi ne réagit-elle pas ainsi avec le milicien ? Parce qu'il l'énerve ? L'agace ? Qu'elle sait qu'il n'est pas sérieux ?

Pardon ? Par tous les Dieux, vous moquez-vous de moi ? Si c'est le cas, sachez que ce n'est pas drôle ! Non mais je vous en mettrais moi, du jolie demoiselle, siffle-t-elle en s'avançant furieusement vers lui. Et qu'est-ce que votre frère a à voir avec ça ? Quel rapport cela a-t-il avec moi ?

Son regard flamboie. Elle a beau ne pas être bien grande, lorsqu'elle est énervée, Angélique sait se faire menaçante et intimidante à sa manière. Bien sûr, par autant qu'un colosse de deux mètres ! Elle ressemble plus à un chat contrarié qu'à un molosse particulièrement agressif. Mais elle sort ses griffes et cela suffit, le plus souvent… Avec les enfants. Sur la pointe des pieds, poing droit sur sa hanche, elle lui assène une pichenette ratée sur le front ; si elle est déjà maladroite avec sa main droite, imaginez un peu avec la gauche ! Les sourcils froncés, elle plante ses yeux pleins d'étincelles colériques dans ceux du grand brun qui la domine d'une tête. Qu'ils sont pénibles à être si grands, aussi ! Elle soupire.

S'il voulait parler… Me parler, il le ferait, non ? Remarquez, pour ce qu'il a essayé, vous l'avez expédié dehors comme... Peu importe. Je ne pense pas qu'il soit désagréable, ni qu'il vous déteste, vous n'avez pas à me rassurer à ce sujet et je ne veux même pas savoir ce qui vous a fait penser ça. Je crois seulement que, l'un comme l'autre, vous avez vos blessures que vous protégez chacun à votre manière, comme tout le monde ici bas... Et la Trinité m'en soit témoin, vous ne devriez pas avoir besoin de moi, de quelqu'un d'un peu jeune comme moi, pour vous exprimer. Les bras croisés sur sa poitrine, Angélique reprend sa respiration, ne sachant toujours que penser de tout cela. Mais soit. Que voulez-vous que j'aille lui dire ? Nous ne sommes pas proches, pas même amis... Et d'ailleurs ne devriez-vous pas aller le chercher, à présent ? Dois-je le faire ?

La rousse s'apprête à le contourner mais elle remarque le guérisseur s'éloigner discrètement. Sans doute est-il peu désireux de prendre part à cette conversation, laquelle s'apparente d'ailleurs davantage à une dispute. Comme quoi, une fois dans une bulle, elle n'accorde plus d'importe à quoi que ce soit qui l'entoure... Toutefois elle se fige, et ce pour une toute autre raison.

Alaric, soupire-t-elle en lui souriant, soulagée de le revoir... L'air si peu différent d'avant ? Allez-vous bien ? Je vous présente toutes mes excuses si je vous ai froissé... Ce n'était pas mon attention ! J'ai beau réfléchir beaucoup, je parle toujours à tord et à travers. Je ne veux pas vous forcer à m'expliquer quoi que ce soit mais... Et bien, comment dire... J'aimerais comprendre. Je le regrette mais je ne supporte pas être ignorante. Alors éclairez-moi, je vous prie... Qu'ai-je dis ou fait ? Comment puis-je me faire pardonner ? Quoi qu'il en soit, je ne pense pas que votre frère soit heureux. Ni vous. Voulez-vous en parler ? En tous cas, si vous en avez besoin plus tard, vous pourrez me trouver au Temple... Tous les jours, ou à peu près.

Angélique le scrute attentivement. Il arbore une expression fermée et sérieuse mais quelque chose dans son regard la fait frissonner. Un mauvais signe. C'est certain, il la déteste, mais elle en ignore la raison et ça la blesse plus qu'elle ne le laisse paraitre. Bien plus que de raison. Dans ses mains, il tient une infusion... Qu'il ne peut s'être procurée dans la boutique d'où il revient. Le regard de la rousse remonte à son visage, les sourcils froncés tandis qu'elle analyse la situation, et toutes les questions qu'elle se pose semble défiler dans ses yeux. Depuis combien de temps est-il là ? Qu'a-t-il entendu ? Quelle nouvelle situation catastrophique va-t-elle encore provoquée ? Pourquoi n'a-t-il rien dit ? Pourquoi monsieur Grégoire ne les a-t-il pas interrompu ? Théophile n'a-t-il pas remarqué sa présence ? Était-ce plus amusant de la laisser s'enfoncer, se demande-t-elle sans même avoir conscience d'à quel point elle peut, parfois, être éloignée de la réalité.

La prêtresse passe une main sur son front, qu'elle masse brièvement de son pouce et son index. En se levant le matin même, elle n'avait pas du tout prévu passer une journée si éprouvante et compliquée. Mais là tout de suite, elle a besoin de s'assoir.
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Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptySam 26 Juin 2021 - 14:44
Pensant que la jeune fille serrait ravie d’être un peu plus à l’aise, le borgne ne s’attendait absolument pas à recevoir une remontrance de cette petite demoiselle. De ce qu’il comprenait, elle ne le croyait pas quand il indiquait qu’elle était jolie.
Pour Théo, toutes les femmes avaient leur propre charme. Tel un papillon, il voyait en chaque fleur un endroit où reposer ses ailes quand elles sont fatiguées. Seules certaines pouvaient l’abreuver, mais toutes étaient digne d’intérêt. Malheureusement, beaucoup de gens ne le voyaient pas ainsi, les principales concernées en premier lieu. De la même manière qu’Angélique le vivait probablement en ce moment.
Il se doutait que sa taille et sa finesse étaient des disgrâce à ces yeux. Ces derniers, qui devenaient si vivant en ce moment même, pendant qu’elle l’invectivait, étaient à eux seuls une des raisons qui pouvait charmer un homme si elle se laissait approcher. C’est ce qu’il s’apprêter à lui dire lorsque le retour d’Al prit le pas.

Visiblement, la jeune femme s’inquiétait pour son frère et cela lui arracha un sourire de satisfaction. Comme quoi, il n’avait pas visé loin du compte.

Alaric de son côté, ne voulait pas laisser la jeune fille croire qu’elle était responsable de son mécontentement. Il l’observa, tâchant de comprendre comment cette frêle demoiselle avait pu ainsi le percer à jour. Non il n’était pas heureux, pas depuis la fange. Trop de choses pesaient sur lui, et il ne pouvait les partager avec son seul confident, qui portait le même poids sur les épaules.
Il remarqua que son frère avait natté les cheveux de la prêtresse comme il le faisait avec les cheveux d’Alice, et l’apprenti guérisseur eut un pincement au coeur. Encore une preuve que son frère cherchait encore désespérément à revoir sa femme. Certes, les paroles d’Angélique avaient touché un point sensible. C’était surtout la façon dont Théo s’était occupé d’elle, qui raviva la douleur qu’il s’efforçait de garder enfouie.

Lorsqu’elle montra des signes de fatigue, Al s’avança et posa la tasse fumante sur l’accoudoir d’un fauteuil. Il le désigna à Angélique, l’invitant à s’y installer confortablement, prenant lui-même place sur un tabouret y faisant face. Ils étaient proche du feu, l’apprenti considéra que ce serait une bonne chose que leur blessée se réchauffe encore un peu.

« Je n’ai pas touché à l’infusion. Elle est pour vous, c’est un mélange de camomille, menthe poivrée et mélisse. Ca vous fera du bien. »

Al savait que son expression était encore fermée, son frère lui avait trop de fois répété qu’il était trop sérieux et que des rides apparaîtraient bien trop tôt sur son front. Aussi, il laissa quelques minutes passer. Autant pour que la prêtresse se repose, que pour lui se préparer à lui expliquer la situation. Le jeune homme ne désirait pas qu’elle se sente responsable d’un problème qui n’était aucunement de sa faute.
Étonnement, ou pas, Théo avait déserté la pièce, laissant les deux jeunes gens seuls. Le silence était confortable pour Al, il y était à l’aise et put ainsi réfléchir à la manière d’aborder les choses.

Une fois qu’il se senti prêt, il désigna le plastron de son frère, plus précisément la bande de tissus gris qui en décorait la boucle.

« Ce ruban, c’est celui de son mariage. Vous savez ce que ça veut dire, quand il n’est plus porté au poignet. »

C’était un mauvais départ, sauf que contrairement à son aîné, Al n’était pas vraiment doué pour les discours. Surtout quand il ne connaissait pas la personne qu’il avait en face. Bien sûr, en travaillant à la boutique, il avait du faire des efforts, mais ils n’étaient pas suffisant pour gommer son manque d’aisance. Il se raclât la gorge avant de reprendre,et tourna son regard vers le feu. Il serrait plus aisé pour lui de continuer son histoire en ne regardant pas les hypnotiques pupilles de son invitée, qui il le pensait, étaient avides de connaître la vérité. Sans doute était-ce son envie de se délester de sa culpabilité qui lui donnait cette impression.

« Je crois que je devrais commencer par le début peut-être...Mon frère, je l’ai toujours connu comme ça, à rechercher l’attention de tout le monde. C’est assez insupportable de vivre avec un tel phénomène tous les jours. La seule qui arrivait à le supporter c’était Alice. Ils étaient souvent fourrés ensemble quand Théo n’était pas en vadrouille. Depuis toujours. Quand il n’était pas là, j’en profitait pour aller la voir. Elle me traitait toujours avec gentillesse, et elle ne me faisait pas sentir que j’étais un gamin. »

Al sourit doucement en se remémorant quelques scènes qu’il avait vécu auprès de sa sœur de cœur, alors qu’une des bûches craqua dans l’âtre. Maintenant qu’il avait commencé, le guérisseur sentait qu’il ne pouvait arrêter son histoire.

« Quand mes parents ont commencé à presser mon frère pour qu’il se marie, Alice a tenté sa chance. Elle m’a avoué que ça faisait un moment qu’elle ne voyait plus Théo comme un simple ami. Sauf que mon frère est un crétin et qu’elle a du lui mettre la pression pour qu’il comprenne qu’ils étaient fait l’un pour l’autre. J’ai bien essayé de savoir comment elle a fait. Elle s’est toujours contenté de sourire. »

Un rictus amusé prit place sur le visage du jeune homme. Il aurait tant aimé connaître les secret de sa belle-sœur pour maîtriser l’idiot qui lui servait de frère.

« Ils étaient heureux Angélique. Je n’ai jamais, même encore aujourd’hui, rencontré un couple qui était aussi heureux. Vous les auriez vu…on se sentait presque de trop. Ils m’ont appris ce que c’était le bonheur, simple et pourtant si beau... »

Alaric rougit légèrement, il avait l'impression d'être l'une de ces midinettes qu'il entendait parfois.
Puis son regard se fit à nouveau dur quand il dut arriver à la partie que le touchait et lui pesait tant. Son flux de parole était beaucoup plus important, et être replongé dans ces moments lui fit perdre conscience qu'il n'indiquait pas forcément tous les détails qui pourraient aider sa confidente à le comprendre.

« Il y a deux ans, Alice et moi étions en forêt pour cueillir des plantes. Des rumeurs sur la Fange étaient arrivées jusqu’au village. Théo ne voulait pas qu’Alice s’éloigne trop, et comme elle en avait quand même besoin, il m’a demandé de veiller sur elle encore plus que d’habitude. Sauf que j’étais trop sûr de moi, je l’ai laissée trop s’éloigner et deux créatures s’étaient approchées d’elle sans que je ne m’en apperçoive. Il se sont approché d’elle et c’est son cri qui m’a alerté. Elle a commencé à courir mais ils étaient trop rapide. Elle m’a crié de rentrer, de prévenir les autres. Alors j’ai l’ai abandonnée là, j’ai fuis lâchement au lieu de l’aider... J’ai eu si peur à ce moment là que je n’ai pensé qu’à sauver ma peau... »

Les mâchoire contractés, les poings serrés sur le tissu de son pantalon, le jeune homme prit quelques inspirations. Il n’avait pas eu l’intention d’avouer ce moment peu glorieux, et qui le hantait encore. Ses lèvres s’activèrent à nouveau, laissant un autre flot de paroles se déverser sans qu’il n’en ait le contrôle.

« Au bout d’un moment, je me suis tordu la cheville et je ne pouvais plus avancer aussi vite. Quant Théo m’a retrouvé, je lui ai dis que les rumeurs étaient vraies et qu’ils avaient eu Alice. Qu’il fallait rentrer. Et vous savez quoi ? Même si j’ai vu qu’il voulait la sauver, il m’a fait confiance. Il m’a fait monter sur son dos et on est rentré au village. Il l’a abandonné parce que je le lui ai dit... »

Sa voix tremblait à nouveau légèrement quand il continua.

« Il ne m’a jamais rien reproché alors qu’il aurait du le faire. Il n’a jamais pleuré, même à la mort de nos parents l’hiver suivant. Comme si rien de tout ça n’était arrivé ! La seule chose qu'il fait, c'est de se ruer dans les bras des femmes dès qu'il le peut et passer le reste de son temps avec ces camarades de la milice. Plus rien n'a d'importance pour lui, si ce n'est de s'amuser à tout prix...»


Reprenant son souffle, Alaric vérifia que personne n’était dans les alentours avant de faire sa dernière confession. La plus dure, celle qu’il n’avait encore jamais confié à personne.

« Alice m’avait confié un secret, quelques jours avant tout ça. Elle savait qu’elle était enceinte, et elle m’a fait juré de ne pas en parler à mon frère de suite. Elle temporisait jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus le cacher, de peur qu’il ne la couve trop. Cela faisait plusieurs mois qu’ils attendaient ça et les Dieux savent à quel point Théo aurait été encore plus protecteur et insupportable... »

Que les Dieux oublient sa lâcheté, lui-même n’en était pas capable. Comment atteindre celui qui pouvait lui apporter le pardon, alors qu’il n’y était pas prêt ?

« Comment je suis censé lui en parler, lui dire qu’il a aussi perdu son enfant, alors qu’il n’a toujours pas accepté la mort d’Alice ? »

Les larmes coulèrent le long de ses joues. Il n’avait pas pu les retenir, alors que sa culpabilité, mais aussi une certaine forme de soulagement, s’y déversaient. Son impuissance aussi, alors qu’il n’osait toujours pas regarder la jeune fille en face. Pourquoi avait-il tout raconté à cette inconnue ? Parce que son arrivée lui rappelait la fois où son frère l’avait porté ? Parce qu’il avait été si proche d’elle plus tôt et qu’il s’était sentit comme un imbécile ? Parce que son inquiétude et sa sollicitude l’avait touché ? Ou bien encore parce qu’il arrivait à bout de solutions ?

« Oui vous avez raison, aucun de nous deux ne va bien. Mais rien de ce que j’ai essayé n’a fonctionné. Je ne sais plus quoi faire... »

Seul un murmure avait accompagné sa dernière déclaration, les yeux toujours fermement fixés sur le feu. Maintenant qu’il avait tout dit, il regrettait de s’être laissé allé ainsi. Qu’allait penser cette inconnue de lui maintenant ?

D’un peu plus loin, dans la boutique vide à cause du temps, Théo observait la scène. Il n’entendait pas les paroles de son cadet, et il regrettait de ne pas pouvoir être celui en qui Al avait confiance pour se décharger. Les larmes qu’il avait vu briller à la lueur des flammes lui firent mal et le culpabilisèrent d’autant plus. Un regard au maître guérisseur le stoppa cependant dans son envie d’aller prendre dans ses bras son petit frère. Le sage avait comprit que c’était un oreille extérieure qui pouvait aider Al.
Alors, même si il était encore torse nu, il décida d’écouter le maître guérisseur lui disperser son savoir, laissant le temps aux deux jeunes gens. Pour une fois, l’envie de provoquer autrui lui était passée. Son frère n’avait pas besoin de son babillage, alors il respecterait son choix de se confier à Angélique.
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AngéliquePrêtresse
Angélique



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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptyMar 29 Juin 2021 - 15:40


HRP :

La prêtresse se laisse tomber sur le fauteuil plus qu'elle ne s'y assoit, et laisse échapper un soupire qui n'est ni vraiment dû à la fatigue, ni exactement assimilable au plaisir de se mettre à l'aise, enfin. Elle adresse un léger sourire au jeune guérisseur lorsqu'il dépose son breuvage à côté d'elle, précautionneusement ; c'est un jeune homme plein de qualités et de vertus, estime-t-elle, ainsi que soucieux et consciencieux, à n'en pas douter. Il s'assoie à son tour, face à elle, ce qui la surprend dans un premier temps. Bien que la perspective de converser ne la dérange pas, nonobstant toute sa maladresse et sa volubilité exagérée, la situation lui évoque plutôt un affrontement à mort qu'une simple et anodyne discussion… Toutefois il ne dit rien. Seuls les crépitements du feu accompagnés du martèlement de la pluie à l'extérieur rompent le silence oppressant qui envahit la pièce.

A en juger par son air sérieux et grave, les sourcils froncés et le visage à peu près aussi fermé que ses propres lèvres, Angélique devine l'importance des prochains instants… Et se prépare au pire. Le temps s'égrène, lentement, et pourtant cela parait durer indéfiniment à ses yeux. Une éternité insoutenable durant laquelle, elle le suppose, le guérisseur livre un combat intérieur. Il est pourtant perdu d'avance, il devrait le savoir, puisqu'il a pris place de manière équivoque ; mais elle ne veut pas le brusquer, quoi qu'à présent elle ne lui laissera pas le loisir de se débiner si, malencontreusement, l'envie l'en prendrait. En s'asseyant ainsi, il a passé le point de non-retour. Pour lui, cela n'en parait pas moins dur et éprouvant, présume-t-elle en le scrutant d'un regard attentif, presque perçant. Mais pour qui, au juste ? Lui ? Ou bien elle ? Dire qu'elle n'appréhende pas serait mentir. A la recherche d'une réponse, d'un quoi-que-ce-soit capable de la rassurer, la jeune femme sonde les yeux bleus du frère Castaing, assombri par les jeux d'ombres que produisent les flammes dansantes, insouciantes, mais n'y constate que la présence d'un éclat déterminé. Déterminé, certes, mais non moins vacillant entre crainte et… Timidité ? Honte ? A moins que ça ne soit que le fruit des flammèches dans les prunelles à peine plus foncées que les siennes.

Cette lueur fait légèrement fléchir la prêtresse. Dans quoi s'est-elle encore fourrée ? Puis, aussi subitement que cette pensée a surgit dans son esprit, elle se volatilise. C'est si absurde ! En toute honnêteté, Angélique sait, et admet, que c'est tant dans sa nature de venir en aide à chacun que dans son rôle de représentante de la Trinité… C'est plus fort qu'elle, elle se serait forcément mêlé des affaires de la fratrie Castaing si, d'aventure, ils venaient à se rencontrer à nouveau. Profondément utopiste, la jeune femme ne supporte pas plus l'injustice que le malheur.

Merci, souffle-t-elle enfin en prenant la tasse dans ses mains. Vous êtes guérisseur, Alaric. Quand bien même l'auriez-vous touché, je suis sûre que ça n'aurait été que dans mon intérêt. Ne vous sentez pas obligé de vous expliquer, vous faites… Ce qu'il convient de faire, au final.

Malgré ses paroles, le jeune homme ne semble pas se détendre –se dérider, ose-t-elle remarquer en son for intérieur, sans assumer le dire à voix haute. Elle imagine sa souffrance et ses tourments, ou du moins s'y efforce, alors que son propre cœur se trouble à le voir ainsi. Qui pourrait rester de marbre devant tant de douleur silencieuse, presque pernicieuse ? Certainement pas la rouquine en tous cas.

Son esprit prolifique, comme il le fut mainte fois démontré par le passé, s'égare en de vagues théories toutes plus farfelues les unes que les autres ; certaines sont fortement plausibles, d'autres franchement improbables mais… Il est dans sa nature de penser à tous les scénarios possibles, comme un mécanisme d'auto-défense douteux, qui lui permet se préparer à affronter la moindre éventualité, aussi invraisemblable fusse-t-elle. Quels sont les non-dits qui pèsent ainsi entre eux ? Elle en est certaine, à présent qu'elle a retourné les différents échanges de parole dans sa mémoire et assemblé les pièces ensemble : il ne peut s'agir que de cela. Il semble que Théophile est celui qui se fait le plus de soucis… Mais pourquoi ? Que lui aurait avoué, ou omis d'avouer, Alaric ? Ce dernier, par son comportement et ses dires lourds de sous-entendus, laisse deviner un secret qu'elle n'imagine que plus grand encore, considérablement bouleversant pour qu'il n'en ait parlé à son frère qui semble pourtant tant croire en lui. De la rancune ? Non, cela doit être bien plus profond. Une émotion moins simple, tant à vivre qu'à subir… De la honte ? Peut-être, mais pour quelle raison ? Du comportement de son milicien de frère ? Ce n'est pas si grave, en soit, et il n'est pas le premier goujat à arpenter Marbrume. Il n'en sera sans doute pas le dernier, non plus.

Prenez le temps qu'il vous faudra, l'encourage-t-elle d'une voix plus douce. Quoi que vous disiez, je ne vous jugerais pas.

Son expression, son regard qui ne savent mentir, peuvent la trahir quand bien même elle croit fermement en ce qu'elle dit. Ses derniers mots ne sont pas tout à fait honnêtes : Angélique ne juge réellement jamais autrui, excepté par quelques comportements bien extrêmes qu'elle ne peut excuser, ni même s'expliquer. Elle prie pour le salut de chacun avec la même dévotion, bien qu'elle ait parfois quelque privilégié ; mais rarement de mauvaises pensées, à en quémander réparation à Rikni. Et ce n'est pas tant par endoctrinement que moralité que la jeune prêtresse ne supporte ni ne tolère certains penchants sexuels qu'elle estime plus qu'outrageux, voir tout à fait blasphématoires ; elle ne peut d'ailleurs se les expliquer autrement qu'en rejetant la faute sur Etiol, sa malfaisance et ses exactions, bien que cela soit reconnaître son existe et pire encore, soit contraire à la doctrine Trinitaire. Mais qu'importe, son interlocuteur n'a nul besoin de le savoir. Alaric ne doit entrer dans aucune des petites coches exceptionnelles pour lesquelles elle ne peut que juger et réprouver.

L'expression toujours aussi fermée, Alaric bouge légèrement, enfin, ce qui la tire de ses réflexions. Le temps de la parole semble venu. Il désigne l'habit de son frère, qu'elle regarde les sourcils froncés en soufflant faiblement sur sa tasse toujours aussi fumante. Elle jette un œil sur le ruban gris, qu'elle a bien aperçu mais sans lui prêter une attention particulière ; ce qu'elle aurait peut-être dû, admet-elle après un éclair de lucidité qu'il confirme aussitôt –et elle se fustige de n'y avoir pas pensé plus tôt.

Son histoire, qu'il conte d'une voix attristée, noue la gorge de la jeune femme. Les émotions qui traversent Alaric sont palpables : tristesse, mélancolie, nostalgie, honte, regret, douleur… Chaque témoignage, chaque récit se fait plus poignant les uns que les autres, si bien que la prêtresse voudrait le prendre dans ses bras, autant pour le réconforter que se soulager elle-même ; mais si elle le fait volontiers avec les enfants, avec un homme est une autre affaire qui nécessite plus de proximité, qu'ils n'ont pas. Pas encore en tous cas. Aussi se contente-elle de poser une main chaude et douce sur le poing fermement serré du jeune homme afin de lui transmettre son soutient et sa compassion. Sa compréhension. Les yeux embués de larme, Angélique lui sourit ; pas un rictus de joie, loin de là, seulement l'expression de sa tendresse et de sa gratitude pour lui avoir accordé sa confiance.

Assise du bout des fesses sur le fauteuil à présent, elle porte distraitement l'infusion à ses lèvres rougie de les avoir trop longtemps pincées. Les confessions du jeune homme la laisse sans voix, mais également dans un besoin de réflexion intense afin de tout ordonner dans son esprit et trouver quoi dire. Dans l'immédiat, sa gorge est bien trop nouée pour lui permettre d'espérer parler. Ce répit silencieux, seulement interrompu par les crépitements dans la cheminée, laisse également tout le loisir à Alaric d'évacuer sa tristesse et sa colère. Car, au fond, il y avait de cela également. Culpabilité, colère, tristesse et amour : autant d'émotions qui forment un mélange indigeste et lourd à porter. La rousse elle-même le ne regarde pas, priant tout ce qu'elle peut pour lui, son frère et leur famille dans son intégralité, défunte épouse et enfant n'ayant pu voir le jour inclus. Elle préfère, et estime plus juste, de lui manifester son soutien par la pression de sa main par-dessus la sienne, lui offrant ainsi un semblant d'intimité pour qu'il se laisse aller, plutôt qu'à lui accorder une attention qui se peut être malvenue. Pour sa part, si elle s'attendait bien à des révélations poignantes… Non, les Trois lui en soient témoins, jamais elle n'aurait pu s'attendre à ces épreuves.

Je suis sincèrement désolée, murmure-t-elle enfin.

La voix de la prêtresse est étrangement plus éraillée qu'à l'habitude, si bien qu'elle la reconnait à peine. Reposant sa tasse avec beaucoup de précaution sur le sol, car elle sait combien sa malchance peut lui jouer des tours, elle se penche légèrement en avant afin de regarder Alaric dont elle s'empare à présent des deux mains en retenant une grimace –foutue entorse !

En tant que prêtresse, je ne peux que vous dire de suivre ce que votre cœur vous dicte, que vous avez fait un premier pas, aujourd'hui et que je vais faire mon possible pour vous aider… En tant qu'amie, si vous le voulez bien… Evidemment je ferais mon possible pour vous aider, là n'est pas la question ! Même si je suis jeune, et ignorante, et inexpérimentée… Mais j'aimerais vous apporter le soutien dont vous avez besoin.

Ceci étant, une question fort déplacée a germé dans son esprit, attisée par la curiosité et le besoin de savoir, de comprendre : que deviennent les enfants, dans le ventre de leur mère, une fois celle-ci transformée ? De mémoire, elle n'a pas souvenir avoir entendu parler de ce cas de figure qui, pourtant, doit bien avoir été soulevé à plusieurs reprises. Mais ce n'est ni le temps, ni l'endroit pour ça, se sermonne-t-elle silencieusement en secouant la tête.

Vous avez fait ce qu'il fallait, Alaric, et il ne faut pas vous en vouloir pour ça. Vraiment. Je sais que vous forcer à me croire est… Vain. Inutile. Mais parce que vous avez pris la bonne décision face à un danger… Incommensurable. Vous avez préservé de nombreuses vies ! Qui, mieux que vous, pouvait alerter de leur arrivée ? Ne me dites pas Alice, je vous prie, dit-elle plus fort tout en posant une main sur sa bouche pour l'empêcher de parler, de dire ces mots qu'elle s'attend tellement à entendre, par habitude. Je sais que c'est ce que vous auriez aimé… Malheureusement… Lorsque l'on voit un fangeux, il est souvent trop tard. Dans ce cas, la fuite n'est pas un pécher. Elle est parfois… Nécessaire. La vie est précieuse, Alaric. Si précieuse. Alors même si c'est dur, cessez de ressasser uniquement le négatif… Je ne vous dis pas de l'oublier ! Il faut vivre avec, l'accepter… Car il y a de positif à tout cela. Vous avez sauvé tellement d'autres vies, et celles d'enfants, et d'enfants à venir. Pensez-y... Vous n'êtes pas infaillible, vous n'êtes pas un Chevalier… Vous êtes Alaric, vous avez fait ce que vous avez pu, parce que votre corps lui-même vous criait que c'était ce qu'il fallait faire.

Angélique fait une pause, le temps d'ordonner ses pensées. Sa main, qui a quitté les lèvres du guérisseur se pose à présent sur son épaule. Il y a tant de choses qu'elle veut lui dire. Qu'elle doit lui dire.

Ce que vous m'avez décrit… Je l'entends chaque jour, ou presque, depuis plus de deux ans. Je n'ai jamais connu l'extérieur de Marbrume, confie-t-elle en cherchant le regard du guérisseur, ses yeux toujours embués de larme. Comme tout le monde… Comme presque tout humain, nous avons pris ses rumeurs au sérieux bien trop tard. Ici, l'on parlait de monstres dignes de cauchemars mais… C'était tellement en dessous de la réalité… Malheureusement, les rumeurs sont ce qu'elles sont. Quand bien même elles contiennent un fond de vérité, elles sont souvent si exagérées à mesure qu'elles se propagent… Comme une maladie. Alors tout le monde doute… Et par tous les Dieux, personne n'était préparé pour ça. Il aurait fallu être ou bien un génie, ou bien un monstre pour l'avoir pris au sérieux dès les premiers racontars…

La rousse reprend son souffle. Elle renifle faiblement : ses paroles ravivent des souvenirs douloureux et toujours aussi… Vifs. Son regard avise le milicien et le maître guérisseur au loin, vigilants, attentifs, mais visiblement compréhensifs de la situation puisqu'ils restent hors de portée de leur parole. Du moins elle l'espère…

Un jour… Quand la Hanse fut envahie de Fangeux, j'ai commis une faute impardonnable. Poussée par la curiosité, faisant fi du danger, j'y suis allée. J'en ai vu un… De Fangeux. Et j'étais terrorisée mais… Mais je suis restée là, je crois… Et quand il s'est tourné vers moi, une femme… Une femme que je ne connaissais pas m'a protégée… J'ai perdu connaissance, se confie à son tour la prêtresse dont la voix s'étrangle à chaque mot, mais à mon réveil… Je n'ai pu que remercier le bûcher… Les flammes et les cendres… Cette femme… Cette femme avait des enfants… Plus jeune que moi… Par ma faute… Anur toute puissante, j'ai son sang sur mes mains… A jamais. J'ai tué une innocente, et privé deux enfants de leur maman… Leur dernier parent… J'ai été les trouver… Ils sont devenus des orphelins, au Temple… Je leur ai avoué… Mais peu importe mes excuses, ou à quel point je demande pardon… Cela n'efface pas le mal que j'ai fait. Cela ne leur rendra jamais leur mère… Et ils me détesteront toute leur vie…

Angélique ramène sa main valide à son visage, qu'elle essuie laborieusement. Une migraine gagne ses tempes et, honteuse de montrer son visage rougie et disgracieux d'avoir versé des larmes, elle s'efforce de détourner le retard afin de ne pas rencontrer celui du jeune homme.

Tout ça pour dire… Parlez-en, ensemble, de cette situation que vous avez vécue… Ouvrez-vous à lui. Peut-être que vous lui avouerez… Ou peut-être pas. Faites ce que vous pensez juste… Et si l'un ou l'autre d'entre vous en a besoin, je serais là. Enfin, je serais certainement trouvable au Temple, rectifie-t-elle avec un petit rire amer. Je ne veux pas paraître sans cœur… Je ne le suis pas, à vrai dire. Mais ce qui est fait ne peut plus être défait. Cessez de survivre et reprenez, petit à petit, le goût de vivre et d'avancer. Lorsque son tour viendra, que Théophile aura fait son deuil, il avancera à son tour. J'en suis certaine. Mais perdre un aussi grand amour… Cela demande du temps, pour s'en relever. Et il aura besoin de vous.

Reniflant une dernière fois, la rousse reprit sa tasse en main en finit le contenu tiédasse d'une seule traite.

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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé] - Pluie d'enfer   [Terminé] - Pluie d'enfer EmptyMer 30 Juin 2021 - 11:24
HRP:

La main d’Angélique sur celle d’Alaric lui apporta un réconfort simple, mais tellement essentiel. Ses doutes s’apaisèrent momentanément à ce simple contact, et les paroles de la jeune femme lui mirent du baume au coeur tout autant qu’elle le firent rougir.
L’apprenti se demanda si il avait réellement le droit de se sentir moins couard. L’entendre de la bouche de quelqu’un d’autre rendait la chose plus légitime. Deux années de culpabilités ne s’effaçaient pas en un claquement de doigts, il se sentait pourtant un peu plus léger.

Al sécha les larmes qu’il n’avait senti couler que trop tard et un léger sourire fleurit sur ses lèvres en remerciement. Il était en tout point semblable à celui que son frère aurait pu faire, mais étant plus rare sur son visage, il était une preuve supplémentaire qu’il appréciait réellement la sollicitude d’Angélique. Même si lui avait toujours un peu honte de s’être laissé allé, et sa fierté masculine l’enjoignait désormais à se reprendre.
C’est alors qu’il remarqua que sa jeune amie était elle-même emplie de chagrin. Etait-ce son histoire qui l’avait mise dans cet état ? Bien entendu ! Le jeune homme se traita de crétin, comparant son insensibilité à celle de son stupide frère, et resserra ses doigts sur ceux d’Angélique. Pendant qu’il cherchait des mots pour s’excuser, la prêtresse lui conta son propre fardeau. Alaric ne pouvait rien faire d’autre que de la soutenir comme elle l’avait fait pour lui, vivant au travers de ses émotions le récit de ce terrible jour.

La blessée balaya bien vite ses propres peurs pour l’assurer de son aide et de son soutient. Le jeune homme n’était pas dupe et il se permit d’aller passer la main sur les joues de la jolie rousse. Son regard était redevenu calme et serein, comme il l’était en temps normal, et comme il aimerait que cela soit en toutes circonstances.

« Merci Angélique. De m’avoir écouté, et de votre support. Je crois que j’avais juste besoin de laisser sortir tout ça. Et vous aussi. Cette femme, si elle vous a protégé, c’était son choix. Mon frère, tout idiot qu’il soit, aurait sûrement fait la même chose. Parce que c’est dans la nature de certains. Alors même si vous pensez avoir commis une erreur, vous n’êtes pas responsable de sa mort. »


« La pluie a cessé, je vais pouvoir vous raccompagner au Temple Angélique. Oh désolé de vous déranger. Je vais me rhabiller discrètement. Continuez, faites comme si je n’étais pas là. »

Théo était revenu dans la pièce, et Al retira sa main de la jour de la prêtresse. Son visage se tendit et il fusilla son aîné du regard. Il voulait faire ravaler à son frère son sourire suggestif et son sourcil levé. Non, Théo n'avait absolument pas l'air d'être gêné, bien au contraire ! Ce....bêta était même fier de lui, c'était sûr !
La rougeur qui avait prit place sur les joues du puîné, d’avoir été pris en flagrant délit, rendait sa réprimande muette un peu moins crédible. Son ton n'en était pas moins désapprobateur.

« Toi discret ? Une horde de fangeux prendrait moins de place. »

Le milicien balança sa serviette mouillée à la tête de son cadet, se vengeant de la manière dont elle lui avait été amenée plus tôt. Une fois les mains libres, il s’attela à remettre sa veste puis son plastron en place. Alaric jeta la serviette sur une chaise proche avec humeur, et se mit à grommeler.

« Sombre crétin...Vous voyez Angélique, il est tout le temps comme ça. Comment voulez-vous que je reste calme ?! »

C’était plus une constatation qu’une question. Le milicien se tourna vers eux, son armement à nouveau rangé dans son dos, absolument pas contrarié par le nom d’oiseau avec lequel son frère l’avait nommé. Un sourire flottait toujours sur ses lèvres alors qu’il alla récupérer la cape mouillée d’Angélique, qui contenait toujours les deux dagues.

« Ne l’écoutez pas, Al est beaucoup trop sérieux. Il devrait penser à sortir un peu de temps en temps. Tiens d’ailleurs, tu devrais nous accompagner. »

« Je ne compte certainement pas te supporter une minute de plus aujourd’hui, j’ai eu mon quota. Et puis les clients vont revenir à la boutique... »


Il n'aurait pas précisé d'habitude, sauf que le jeune homme ne voulait pas qu'Angélique se fasse encore du mauvais sang. Elle avait assez à gérer avec ses blessures.
Et il savait que son frère reviendrait bientôt pour lui casser les pieds. Et, il le savait aussi, s’enquérir de lui auprès de son maître. Théo continuait de veiller sur lui, même si sa manière de faire lui donnait envie de lui faire avaler un pot entier de laxatif...Maître Grégoire quant à lui s’en amusait, trouvant que « la jeunesse est rafraîchissante ».
Voyant que l’aîné était prêt à quitter la pièce, il fouilla sa poche et lui donna quelques sous.

« Théo attends, prends ça pour moi, je n’ai pas eu le temps d’aller prier encore cette semaine. »


Le borgne n’avait pas besoin de plus d’explications et se contenta de prendre l’offrande pour les Dieux. Il profiterait d’être sur place pour aller les déposer et adresser lui aussi quelques mots aux Dieux et à leur famille.
Le jeune guérisseur murmura quelques mots à sa nouvelle amie avant qu’elle ne suive Théo.

« Je viendrais d’ici la fin de la semaine, j’essaierais de passer vous voir. Et puis, vous pouvez venir à la boutique. N'importe quand. N’hésitez pas. »

Ces mots simples avaient été prononcés avec le sérieux habituel d'Alaric, les rendant solennel.
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