De l'or pour des murailles d'Acier[Pv Desmond de Rochemont]

En poussant la Herse du manoir de Neuvilly, l'on traverse un espace verdoyant idyllique pour les promenades digestives ou pour deviser assis sur un banc de pierres à admirer une grande fontaine au centre du parc. Parc qui mène à une allée bordée de massifs de fleurs. C'est par la suite, que l'on fait face à une grande bâtisse de trois niveaux dont la façade est composé de murs de briques rouges qui donnent un cachet original et plaisant. En ouvrant la porte, on accède au hall d'entrée dont les murs sont de teinte ivoire, le sol constitué d’un dallage de pierres blanches où repose une table blanche aux pieds dorés dont l’utilité s’associe à la réception de missives. La pièce comporte également un porte-manteau et deux grands vases qui encadrent la porte d’entrée et qui contiennent du sable fin et des cailloux blancs. Une méridienne est accessible dans l'angle pour permettre au visiteurs de patienter en admirant les nombreux tableaux des ancêtres de Neuvilly.

Du Hall d'entrée, on jalonne un petit couloir où quelques portraits de la propriétaire, ses défunts parents et ses défunts frères y sont accrochés. Une porte-fenêtre illumine ledit couloir. Pour accéder au salon, on emprunte une porte latérale à double battant. Le salon est carré et les murs alternent entre miroirs enchâssés et
boiseries aux angles de la pièce. Le sol est recouvert d’un tapis blanc cassé, les rideaux sont d’un vert sobre et bordés de boiseries de chêne accrochées aux fenêtres. Le salon se compose essentiellement d’une table
ronde de salon en chêne, trois fauteuils et une méridienne, tous à la teinte ivoire et aux pieds dorés, deux guéridons en chêne massif, et une table de lecture près de l’âtre d’une petite cheminée blanche décorée de brindilles de lierre. Quelques tableaux de peintres, vases, statues, plantes constituent les éléments de décoration.

Lorsqu’on pousse la porte latérale gauche, on pénètre dans la salle à manger qui se compose d’un buffet pour le service de la vaisselle, une grande table à rallonge blanche recouverte d’une nappe blanche brodée de décor végétal, huit chaises au dossier-lyre, les fenêtres sont voilées de grands rideaux blancs. Ensuite une porte centrale pour traverser un petit couloir qui mène à la cuisine. De retour au salon, on emprunte la porte latérale droite pour accéder au bureau de la jeune femme, et un autre couloir mène aux chambres des invités dont les murs sont d'un vert sobre. Ensuite de nouveau dans le Hall, dans l’angle, on monte une volée de dix marches. Le palier gauche conduit au grenier, du palier droit deux chambres dont celle de la dame écarlate. Les chambres se composent d'un grand lit à la polonaise et son baldaquin relevé, une cheminée, table de chevet, armoire, commode, et une table d'écriture. Voilà à quoi ressemble le manoir des Neuvilly.

Le carrosse rouge enjolivé de dorures et marqué des armoiries de la famille, progresse péniblement dans les ruelles de la cité. À l'intérieur, installées sur de moelleux coussins de velours cramoisi, Celeste l'intendante et Arthur son garde personnel, que Isabelle voit se pencher pour laisser courir un regard admiratif sur la belle vue qui se dresse devant eux. Recruté récemment, c'est la première fois que son garde aperçoit le manoir. Il est vrai que la vue de la façade émerveille toujours autant ou alors choque. Ce qui a le don d'amuser grandement la Vicomtesse.

Dans la cour intérieure, le cocher se précipite pour ouvrir la portière et ainsi assister les occupantes de l'habitacle à poser souliers sur pavé. Puis avec célérité, il décharge les malles de la Vicomtesse alors que Arthur, d'un petit saut, heurte le sol encore cristallisé par une fraîche averse. Isabelle le voit s'étirer, puis regarder avec curiosité le bâtiment principal.

-Hâtez-vous. J'attends de la visite. Faites préparer mon bain, ainsi qu'un repas pour recevoir mes invités. Vérifiez les coffres que nous aurons suffisamment de financement pour nous garantir la protection de ces mercenaires.

Tout de suite Madame la Vicomtesse.

-Arthur prenez de quoi vous sustenter et vous rafraîchir, ensuite au travail.

Bien Madame la Vicomtesse.

Après son bain, sa camériste Olivia, orne progressivement son corps de fines toilettes. Ses dessous se composent d’une chemise de coton, de toile et de brassières portées sous un corsage décolleté en satin. Les bas sont d'un blanc crème, les souliers à hauts talons en harmonie avec les bas, sont en satin. Les jupons doublés sont assortis au tissu du corsage. Par-dessus, une robe d'intérieure en satin pourpre, ouverte sur le devant avec des manches resserrées à mis-bras par un ruban noué et fermé aux poignets par des manchettes. De fines boucles en amont et une longue tresse en aval, constituent sa coiffure, quelques gouttes de sa fiole personnelle pour ravir son sillage d'un délicat parfum, et elle est fin prête. De retour dans le grand salon où un chaud feu de cheminée crépite encore, la jeune femme s'assied à sa table de lecture près de l'âtre et se plonge dans une passionnante lecture.

14 avril 1167

Je suis vraiment bien occupé aujourd’hui, mais je ne peux pas m’empêcher de perdre du temps. Après tout, c’est aujourd’hui que ma guilde de mercenaires, les Boucliers de Marbrume commence réellement, avec la fin des travaux de mon Quartier Général par un célèbre architecte, mes premiers clients roturiers et, je l’espère grâce à ma visite d’aujourd’hui, ma première cliente dans l’Esplanade.

Je suis accompagné par mon suivant Milas, un jeune garçon de douze ans que j’ai éduqué aux subtilités de l’étiquette. Pour ma part, j’ai délaissé mon armure de plaque habituelle, trop militaire, pour ma tenue noire et argent, aux armes de ma famille. J’ai également remis le blason de la maisonnée Rougelac à côté du mien, maintenant que nous sommes de nouveau alliés.

C’est simple, il ne me manque plus que la récupération de mon titre pour que les choses soient comme avant. Bien sûr, il restera quand même quelques problèmes, comme faire grandir mes revenus et mon mariage, mais je reste optimiste sur ma situation. Je suis sorti de mes pensées par mon page qui m’indique que nous sommes arrivés.

Je lève la tête et je vois une belle bâtisse de deux étages, avec un parc contenant une fontaine. C’est vraiment un endroit magnifique qui, contrairement à d’autres manoirs, semble avoir réussi à éviter la décrépitude généralisée. Je me présente aux éventuels gardes avant de passer la herse, et j’arrive ainsi dans le parc puis j’entre, accompagné par le personnel selon les consignes de leur maîtresse dans le hall d’entrée, très monochrome et d’une blancheur immaculée.

Je ne sais pas combien cela prend de temps aux domestiques, mais j’ose à peine marcher sur le sol pour ne pas le salir. Je continue ma visite en passant par un couloir, avec des portraits de membre de la famille de Neuvilly puis au bout d’un certain nombre de détours, on me fait attendre dans une pièce. Je n’ose même pas m’asseoir, car si je brise une chaise à cause de mon poids, cela ne fera pas bonne impression.

Toutefois, être seul ici, me permet de me remettre de mes émotions, je suis vraiment dans un endroit très luxueux, mais c’est également le cas du manoir de Victor alors tout devrait bien se passer. Même si je n’ai jamais encore rencontré mon hôtesse, je me suis renseigné sur elle et je connais son passé de fine négociatrice et je ne doute pas une seconde, que notre discussion sera difficile. Je suis ici sur un terrain qui ne me sied guère et j’aurais mille fois préféré être sur un champ de bataille, mais je n’ai guère le choix, car comme aurait dit mon père, quand la bière est tirée, il faut la boire.

Finalement, la mission se passe très bien et je passe le reste de la journée à m'entrainer à la stratégie en lisant de nombreux livres sur ce sujet. Une épreuve pratique à même lieu avec un ancien général, autant perdu une jambe et n'ayant pas pu accompagner le Roi dans sa dernière bataille.