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Prénom : Edvin

Age : 23 ans

Sexe : Masculin

Situation : Célibataire

Rang : Banni

Lieu de vie : Le Village des Bannis

Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs : (voir topic Système Rp & Xp - Carrières)
Traqueur
+2 INT, +1 ATT, +1 HAB

Compétences et objets choisis : (voir topic Système Rp & Xp - Compétences)

Compétences :

- Survie en milieu hostile
- Alphabétisation - Niveau 1
- Éloquence - Niveau 1
- Esquive - Niveau 1
- Coups précis - Niveau 1

Objets :

- Une épée courte
- Une arbalète
- Un carquois et des carreaux
- Une armure de cuir
- Un vieux journal

Edvin se lève d’un lit rudimentaire et se dirige vers la fenêtre de la petite chaumière. Il sent que son pas est lourd. La nuit de garde autour de la ville l’a fatigué, et l’agilité dont il fait habituellement preuve est en berne. Ses petits yeux noirs regardent un moment à travers la fenêtre le paysage glauque du village des Bannis. Edvin se tourne alors vers un coin de la pièce, où un petit miroir sale est accroché au mur par un clou et une ficelle. Dans l’image que la glace renvoie, il ne reconnaît pas le jeune homme qu’il était, auquel on trouvait du charme.

Désormais, ses traits durs et son regard désabusé lui donne mauvaise mine. Il tente un sourire face au miroir, mais le rictus sonne faux et lui donne un air plus triste encore. Edvin plisse les yeux et tente de voir dans le miroir le portrait de son lui d’antan, se concentrant sur le nez volontaire, les lèvres charnues, le large front. Il avait toujours été content de ce visage simple mais beau, comme un symbole de ses origines modestes. Il est aujourd'hui difficile d’ignorer le teint blafard et les cernes qui donnent à ses yeux un air encore plus distant, marque du manque de sommeil lié à la garde autant que de l’emprise de l’anxiété sur sa vie. En repensant à tout ce qu’il a perdu, Edvin commence à avoir le souffle court. Comme pour se calmer, il expire quelques « ça va… » d’une voix douce. Après quelques minutes, il sent son calme revenir.

Il soupire et s’éloigne du miroir pour rejoindre un seau d’eau croupie posé au sol. Il commence alors à se débarbouiller, moins pour être propre, tâche impossible au village, que par espoir que la fraîcheur de l’eau le réveille. Si son air désenchanté fait peine à voir, son corps est suffisamment athlétique et svelte pour lui rappeler qu’il est toujours un jeune homme en pleine possession de ses moyens, la plupart du temps. Il y a bien sûr quelques cicatrices superficielles. Même lorsqu’on ne fonce pas tête baissée vers le danger, passer son temps à surveiller les mouvements de fangeux laisse des traces. La plus impressionnante, en haut de son dos, est la seule authentiquement infligée par la griffe d’un monstre, et non par une chute où une branche. Et puis, il y a bien sûr la marque à son bras gauche, pire encore parce qu’infligée au fer rouge par l’Homme, pour lui interdire à tout jamais le confort de la ville. Edvin finit par passer un peu d’eau sur ses cheveux d’un brun très sombre.

Se sentant rafraichi, mais toujours fatigué, Edvin se dirige vers des vêtements posés à même le sol, mais impeccablement pliés. Il enfile donc ses habits de « ville », à commencer par une tunique qui fut à une époque de couleur bleue. Ses jambes le peinent et il s’assoit le temps d’enfiler ses bottes et son capuchon. Il se relève alors et jette un nouveau regard au miroir. De taille moyenne, son corps semble presque frêle sous ses vêtements amples, et le jeune homme doit bien admettre qu’il n’est pas très impressionnant. C’est heureux après tout, sa survie dépend de sa capacité à se mouvoir discrètement et prestement. Edvin jette un dernier regard en réhaussant le col de son capuchon, il se trouve fière allure malgré tout.

Edvin a passé la majeur partie de sa vie à ne se soucier que de lui-même, et à considérer les autres uniquement dans la mesure où ils pourraient lui permettre d’améliorer son sort. Ce caractère égocentrique ne l’empêchait pas de nouer des relations passagères, avec d’autres gamins des rues, mais il ne souhaitait pas entretenir d’amitié sincère avec des personnes qu’il comptait de toute façon quitter. Même s’il ne cachait pas son ambition, Edvin était à l’époque plutôt apprécié, notamment grâce au bagou dont il faisait preuve pour amadouer les passants.

C’est avec le temps passé à la milice, et l’influence de son Coutilier, que les valeurs de justice et de sacrifice viennent à prendre un sens pour lui. Edvin trouvera dans ce nouveau rôle une occasion de se réinventer, et tout en gardant à l’esprit la volonté de parvenir, devint plus sensible à l’idée qu’il faisait partie d’une communauté, et n’était pas seul contre tous. Ce changement venait en réalité autant des discours du Coutilier, que de la nécessité réelle de devoir compter sur les autres dans des situations de danger. A ce moment de sa vie, où le jeune homme avait accès à une certaine éducation, le verbiage qui l’avait rendu fameux chez les gosses de la rue se mua en une forme d’éloquence, qu’il s’attacha à développer pour atteindre ces rêves de gloire. Cette volonté de gravir l’échelle sociale donne toutefois à Edvin une image faussée de lui-même, et il a souvent tendance à se considérer comme plus intelligent et érudit qu’il ne l’est réellement.

Trahi par ceux sur lesquels il pensait pouvoir se reposer, Edvin a du remettre en cause la confiance qu’il accordait aux autres, mais ne peut effacer ce souvenir de l’époque où il avait le sentiment de vivre pour une cause plus grande que lui. S’il a retrouvé l’indépendance de ces années au Goulot, il garde aussi la volonté d’améliorer non seulement son sort, mais celui de ceux qui partagent ses conditions de vie.

La méfiance d’Edvin à l’égard des autres s’accompagne d’une certaine anxiété qui ne le quitte jamais vraiment. Des visions d'horreur de précédentes rencontres avec les fangeux l’ont traumatisé. S’il a passé une longue période de temps à assister une traqueuse protégeant le village des bannis, il sait que la meilleur manière de lutter contre ces monstres est en les évitant le plus possible et en espérant qu’ils tombent dans les pièges laissés sur leur chemin.

Quand Edvin doit se battre, il compte plus sur sa débrouillardise et sur son agilité que sur quelconque talent pour le maniement des armes. Sans être mauvais bretteur, ou tireur, il connait ses limites. Que ce soit à la milice ou en protégeant le village, il a toujours été amené à éviter la confrontation plutôt qu’à la chercher. Quand celle-ci vient à lui, il cherche plutôt à déboussoler son adversaire en agissant rapidement et en multipliant les angles d’attaque qu’à le défaire au combat « régulier ».

Le caractère pratique du jeune homme l’empêche de penser qu’il obtiendra quoi que ce soit par la dévotion, et il prie donc rarement. Quand c’est le cas, ses prières sont souvent adressées à la déesse Rikni, héritage de son passé de soldat, ou à Anur, pour le salut de l’âme d'un ami décédé.

Il ne m’est pas facile de coucher sur ce papier l’histoire qui va suivre, d’abord parce qu’elle est douloureuse, ensuite parce que c’est la mienne. Je ne sais pas encore comment elle se termine, mais je sais qu’elle commence mal.

J’ai connu une enfance très ordinaire, semblable à celle de centaines de gamins ayant grandis dans les rues du Goulot. J’aidais mes parents en faisant la manche et je trainais dans les rues à la recherche d’une rencontre qui me sorte un peu de ce quotidien morose. J’ai vite compris en grandissant qu’il fallait que je trouve un moyen de sortir de l’indigence, mais les occasions manquaient. J’ai bien cherché un maître de quelque art prestigieux qui voudrait bien faire de moi son apprenti, mais j’étais à l’époque trop crasseux et malhabile pour cela. La vie dans les bas-fonds m’avait toutefois appris beaucoup, à ruser quand c’était possible et à me battre quand c’était nécessaire. La vie était dure, mais je ne veux pas m’attarder ici sur les mésaventures de mon enfance et de mon adolescence, j’ai survécu comme j’ai pu et c’est après tout ce qui compte le plus.

L’opportunité de m’extraire du Goulot allait pourtant arriver, sous la forme d’un grand bouleversement que nous connurent tous ; la Fange. A l’époque où les rumeurs qu’on osait à peine répéter sous peine de passer pour un fou se transformaient en histoires de plus en plus détaillées, la Milice se forma et dut accueillir des aspirants prêts à lutter contre cette menace mortelle. Comme vous l’avez peut-être compris, j’étais à l’époque plutôt cynique et n’avais pas franchement envie de risquer ma vie à la gagner. Mais au fur et à mesure que la ville s’emplissait, la certitude de crever de faim me parut vite moins enviable que la possibilité de mourir au combat. Je rejoins donc à l’âge de vingt ans une escouade de la milice extérieure, où l’on nous envoyait alors nous confronter à des bêtes tout droit sorties d’un conte pour effrayer les enfants récalcitrants.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce fut la période la plus heureuse de ma vie. Nous étions alors placés sous l’autorité d’un Coutilier à peine plus vieux que moi, mais bien mieux-né, qui insufflait en chacun de nous une véritable fièvre. Nous n’étions plus des gamins face à un danger mortel, mais le dernier rempart de la civilisation, parcourant la contrée pour repousser la fin des temps. En réalité, la plupart de nos sorties étaient des missions de reconnaissance où nous tâchions d’éviter le plus possible la confrontation avec les monstres, mais nous nous sentions tout de même des héros. Je me liai vite d’une amitié profonde avec Arnoult, le Coutilier qui dirigeait notre équipe. En plus de m’entraîner au maniement des armes, comme il le faisait avec tous mes camarades, il prit l’initiative de m’apprendre à lire et écrire, cernant bien mon caractère ambitieux.

Au fur et à mesure que les leçons passaient, notre amitié devint un lien incassable. Nous partions ensemble en mission, passions souvent nos permissions tous les deux, et je découvrais à ces côtés tout un monde dont je ne soupçonnais pas l’existence. Je compris vite que cette amitié privilégiée faisait de moi le sujet des railleries des autres miliciens, qui répandaient des rumeurs sur moi dès que j’avais le dos tourné. Je ne m’inquiétais pas plus que cela de cette rancœur qui s’instillait en eux, et savais que, sous la protection d’Arnoult, je n’avais rien à craindre. Je sentis vite que cette relation m’avait transformé, du gamin des rues désabusé, j’étais devenu un soldat prêt à mourir pour la cause. Je me rêvais déjà adoubé, chevalier de Marbrume protégeant la veuve et l’orphelin ! Bien sûr, mon avenir devait être tout autre.

C’était une excursion de routine, un beau jour de printemps. Alors que nous marchions depuis plusieurs heures, Arnoult décida d’une pause avant de revenir en ville. Nous en profitâmes pour nous éloigner du groupe jusqu’au bord d’un marais, prétextant vérifier la sûreté de la zone. Le soleil perçant à travers les arbres et le calme qui régnait loin de la troupe donnait au décor des airs presque bucolique, et la joie de nous y retrouver seuls nous fit oublier un peu le danger de ces lieux. Ce fut une erreur fatale, puisque nous furent surpris par un groupe de fangeux. Nous n’avions pas la moindre chance contre eux et nous mirent à courir. Les bêtes allaient à une vitesse impressionnante, réduisant rapidement la distance entre eux et nous. Je sentis alors mon Coutilier ralentir le pas, et comprit qu’il était prêt à se sacrifier pour que je vive. Souvent, je repasse cette scène dans mon esprit, et m’imagine me retourner pour me battre comme un démon contre les monstres, quitte à y laisser ma vie. Mais, tétanisé par la peur, je continuais ma course et Arnoult fut rattrapé. Rejoignant mes camarades restés sur le chemin, je hurlais à la mort pour les alerter du danger et nous coururent rejoindre la ville.

Je passai alors de longs jours tout à mon deuil, inconscient du monde autour, j’étais alors tant miné par la tristesse que rongé de culpabilité. Je ne remarquai pas le reste des miliciens conspirer contre moi. Bien sûr, le Coutilier étant bien meilleur athlète que moi, il était impensable que je survécu et lui non. On m’accusa donc d’avoir vu les monstres avant lui et d’avoir décampé sans le prévenir du danger, les plus radicaux prétendaient même que je l’avais poussé aux fangeux pour sauver ma peau. Ne pouvant révéler la vérité du lien qui nous unissait et de son sacrifice, je dû accepter ma sentence ; le bannissement de Marbrume. On pourrait presque rire de l’ironie de mon sort, qui veut qu’en essayant de me sortir d’une vie de miséreux, je sois devenu un paria, exclu de la cité que j’avais juré de protéger.

J’ai pris la décision qui semblait la moins mauvaise, rallier le village des Bannis. L’idée de passer ma vie avec des criminels et la douleur provoquée par la mort de mon ami instillait en moi un chagrin inconsolable, qui ne m’a pas tout à fait quitté depuis.

Au village, je me sentais très seul et parlait peu aux autres bannis, je dois avouer qu’il y avait à l’époque beaucoup de mépris dans le regard que je leur portais, et j’étais persuadé de n’avoir rien en commun avec ces gens. Les semaines passant, je me rendis compte qu’il y avait dans le lot d’autres pauvres âmes malmenées par le destin, et même que d’authentiques malfrats pouvaient se repentir. Soucieux de trouver une place dans ce monde, je me rapprochai d’une femme du nom d’Isabeau, qu’on m’avait conseillé de voir quand j’avais évoqué avoir fait partie de la milice de Marbrume. C’était une femme unique, qui passait ses journées à traquer les fangeux autour du village. Elle suivait les traces de leurs pas pour cerner leurs mouvements erratiques, s’assurait qu’ils trouvent le plus de pièges possibles sur leurs chemins. A ses côtés, j’oubliais peu à peu mes réflexes de soldat pour adopter les postures plus subtiles d’un traqueur. Elle me dégota même une arbalète, et me conseilla de ne l’utiliser que pour mieux ralentir mon ennemi avant de prendre la fuite. Un jour, alors que nous surveillions les abords du village, elle parvint même à clouer un fangeux au sol en tirant un carreau tout droit dans son pied, nous offrant assez de temps pour nous échapper avant que la bête puisse de nouveau courir. Elle essaya de m'enseigner son adresse mais je suis encore loin de l'égaler.

Isabeau était ce qu’on appelle une « vieille fille » et elle ne devait sa tranquillité dans le village qu’à ses compétences exceptionnelles. Si elle était réputée, elle n’avait donc pas beaucoup d’amis et nous sommes vite devenus un repère l’un pour l’autre. Certains jours où la « chasse » était tranquille, nous échangions des moments d’authentique complicité, et je lui confiais des choses que jamais je n’oserais révéler à d’autres, pas même à ce journal. C’était une femme d’une grande sagesse, qui connaissait bien la douleur et pouvait m’aider à surmonter la mienne. Je passai donc presque deux années en sa compagnie, à œuvrer à la défense du village de miraculés au beau milieu des marécages.

Bien que la protection du village soit une tâche importante, je fus vite repris par cette même ambition qui causa ma chute, à la faveur d’une nouvelle opportunité. Malgré son caractère farouche et solitaire, Isabeau connaissait très bien les différentes factions des bannis, et fut vite informée du rapprochement entre les troupes du Chef de guerre terrifiant terré à Ventfroid et du Séraphin. Elle était alors partagée entre l’inquiétude des bains de sang que pouvait engendrer une telle alliance, et l’espoir que ce nouveau pouvoir puisse améliorer notre situation à tous. Toujours mu par ma volonté de devenir quelqu’un, je me rapprochai vite de ceux du village qui connaissaient le mieux les bannis les plus belliqueux. Après quelques semaines, on commença à me confier d’humbles tâches pouvant aider les troupes du chef de guerre. Au village, des sympathisants de La Griffe rassemblent régulièrement des vivres à destination de Ventfroid, et je devins un membre régulier de l’escorte tâchée de les y acheminer.

J’ai conscience que, si le Coutilier qui m’avait à l’époque tant inspiré pouvait voir ce que j’étais devenu, il serait révulsé. La participation à une entreprise aussi destructrice pesait alors sur ma conscience, mais je ne pouvais me résoudre à passer ma vie dans une chaumière du village des Bannis. J’imaginais que, peut-être, du chaos créé par le chef de guerre et les pirates viendrait un monde nouveau, dans lequel nous n’aurions plus à nous terrer dans les marécages.

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