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 [Convocation]Le destin de toutes vies

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MessageSujet: Re: [Convocation]Le destin de toutes vies   [Convocation]Le destin de toutes vies - Page 3 EmptySam 20 Nov 2021 - 5:59



10 Avril 1167.
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Comme prévu, la capitaine de Sombrebois était aussi à l’aise à parler de lui-même ou de son passé qu’un rocher ne l’était à nager à la surface d’un étang. En tout cas, les deux coulaient en beauté.
Mais ce n’était pas grave, l’important était qu’ils parlent, même pour ne rien dire, c’est ainsi qu’on forgeait les liens entre les gens. Du moins c’est ce que lui répétait sa mère quand elle était plus jeune. Et parmi les rares leçons qu’elle avait pris la peine de retenir entre deux bêtises, celle-la en particulier lui était restée, comme une sorte de mantra qui la reliait à elle, et aux autres.

- Merci de rendre le travail de bureau intéressant ! lui répliqua-t-elle en échange de ses remerciement, balayant de fait la nécessité de se remercier l’un l’autre pour avoir tout deux envie d’aider les autres.

Elle but une longue gorgée sans se soucier des effets que cela aurait sur elle. Si une chose était certaine pour un membre de la milice extérieure, c’est que tu apprenais vite à boire. Boire pour tromper l’ennui, boire pour sympathiser, boire pour oublier, boire pour chasser la peur. Son gosier avait surement vue passer assez d’alcool pour une vie, et même ronde comme une barrique, elle ne doutait pas de ses capacités à se défendre en cas de besoin.

Et puis, si on ne pouvait jamais lever le pieds, à quoi bon ? Le temps aurait raison d’elle quoi qu’il arrive, inutile de lui sacrifier ses nerfs en prime. Même si le sujet des dieux la concernait autant que la montagne concerne un poisson, elle répondit à Alaric.
C’était aussi ça l’avantage de boire. Ça rendait n’importe qui philosophe au besoin.

- Sans doute que si on percevait leur signe clairement et pour ce qu’ils sont, ce ne seraient pas des dieux. Je veux dire, qu’est-ce qu’il y aurait de divin à débarquer au milieu de ta route et te dire « prend à gauche là » ? Non, moi si j’étais une déesse, je pense que je ferais dans le suspens. Je débarquerais en guenilles et j’évoquerais une lointaine menace sans donner de détails, avec une mission tout aussi floue à remplir, du style « Boie à la coupe d’or pour trouver le passage, Eïlyn ! » et bien sur j’offrirais un objet magique, ou une relique censée me guider. Ça, ça ferait divin. Alors ne te prend pas trop la tête cap’, si jamais quelqu’un t’envoie quelque chose depuis là-haut, c’est pas fait pour que tu comprennes.

Elle se mit à glousser à son tour et porta de nouveau ses lèvres pour une gorgée agréable.

- Comme je te l’ai dit Alaric. A notre niveau, tout ce qu’on peut faire c’est continuer à vivre, aussi intensément qu’on le peut, et en prenant les joies où elles se trouvent, même temporaire. Ce que tu ne fais pas assez… la preuve que c’est notre premier verre ensemble ! A moins que tu sois allé te faire une semaine de beuveries et d’orgies à la capitale ? questionna-t-elle son supérieur avec un regard plein de malice et de questions.

- Je n’ai pas de question précise cap’, je veux juste apprendre à mieux connaître l’homme avec qui je travaille. Au-delà de l’impression qu’il me fait. Jouer les mystérieux capitaines ne te protégera pas de moi ! plaisanta-t-elle en buvant à nouveau.



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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Convocation]Le destin de toutes vies   [Convocation]Le destin de toutes vies - Page 3 EmptyDim 21 Nov 2021 - 12:13
Si j'étais une déesse, je débarquerais en guenilles, j'évoquerais une lointaine menace, j'offrirais un objet magique. Lorsque le bourg sera en danger et que la nuit hurlera... Si j'étais une déesse... Alaric doutait fortement que le bâton offert par la conteuse ait des propriétés magiques, mais le reste de la déclaration de la coutilière collait parfaitement aux prévisions d'Odalie. Alors le soldat se souvint de son regard perçant, mais néanmoins maternel, de la douceur de ses yeux bleus, de l'aide qu'elle avait essayé de lui apporter, tout en mystères et paroles sibyllines. Je ferais dans le suspens. Le garde déglutit ; les dieux ne foulaient plus les terres mortelles depuis des siècles, n'est-ce pas ? Il n'y avait aucune chance pour que la diseuse de bonne aventure cache les traits parfaits d'Anür. Il secoua la tête, caressa le pied délicat de sa coupe de vin d'un air distrait, pensif. Un pâle sourire étira ses lèvres lorsqu'il l'entendit glousser et il releva la tête vers son interlocutrice, à priori peu désireuse de limiter sa consommation d'alcool. Une fois de plus, elle avait raison : ses propos le soulageaient d'un poids plus lourd qu'il ne l'avait cru. Il ne servait à rien d'essayer de comprendre l'incompréhensible : la lumière éclairerait ses doutes en temps et en heure. Eve, Odalie, désormais Eïlyn... Elles lui donnaient toute des cartes différentes qu'il pourrait jouer, d'une manière ou d'une autre. S'il savait à l'avance quand et comment, où serait le défi ?

Mais j'essaie, bougonna-t-il, tel un enfant qui s'escrime à résoudre un problème sans en trouver la solution. La preuve, je bois un verre avec toi.

Et si tu savais ce que j'ai fait d'autre à cause de ce que tu m'as dit. Ou peut-être le savait-elle, vu la malice qui venait d'allumer son regard argenté.

Mais non, la détrompa-t-il.

Il avait répondu sans s'en rendre compte, précipité qu'il était à la démentir. Et pourtant, même s'il était déjà trop tard, il était clair que cette affirmation rapide ne faisait que confirmer les dires de son quartier-maître. C'était lorsque l'on tentait vainement de dissimuler quelque chose, que l'on l'exposait à la vue de tous, malgré soi. Les joues rougies, il cacha ses yeux dans sa coupe et but une longue gorgée, embarrassé par le silence bref – qui eut l'air de durer des heures – qui s'était installé.

J'ai juste bu une fois avec des... amis, ajouta-t-il.

Il avait un souvenir assez vague de cette soirée, où Herold et son épouse avaient invité les deux tourtereaux à boire avec eux, jusqu'aux petites heures du matin. C'était la première fois de sa vie qu'il ingérait autant d'alcool en si peu de temps et, étrangement, il n'avait ressenti aucun désagrément, si ce n'est un faible mal de crâne le lendemain, ainsi qu'un état nauséeux qui s'était dissipé dans la journée. Dans les bras d'Eve, il avait dormi comme un nouveau-né.

Je veux juste apprendre à mieux connaître l'homme avec qui je travaille. Lui aussi aurait bien voulu se connaître lui-même. Il ne savait même pas quoi lui dire. Soudain, il se remémora ce qu'Aeryn lui avait dit quelques jours plus tôt, lorsqu'ils s'étaient croisés à Balazuc. Elle doit être une personne particulière pour te faire changer à ce point. Et sans réfléchir, il lui avait rétorqué qu'Eve ne l'avait changé en rien, plutôt qu'elle lui avait permis de redevenir la personne qu'il était avant tout ça. Avant la fange et la milice. Avant Marbrume et Sombrebois. Une vie simple et des bonheurs simples, quelques bêtises ici et là propres à de jeunes adultes, une envie de vie paisible, agrémentée d'une ou l'autre surprise, histoire de ne pas s'ennuyer.

— Je ne sais pas trop quoi te dire, je suis pas doué pour ça.

Après une gorgée supplémentaire, il se laissa aller en arrière et passa une main dans ses cheveux, prenant garde de ne pas basculer. Une brise tiède soufflait par intermittence sur le bourg, annonciatrice de plus chaudes journées. Il était agréable d'être là, de discuter tranquillement, la langue déliée par un le breuvage ; une douce traîtrise dont il était étrangement heureux de subir les effets. Les visions d'Odalie étaient lointaines, nullement menaçantes. Les intrigues d'Eve étaient floues, aucunement préoccupantes. Demain, elles le seraient à nouveau.

J'aime ça, murmura-t-il.

Ses yeux étaient toujours fixés sur le ciel qui s'assombrissait. Bientôt, des étoiles parsèmeraient un soyeux drap indigo.

Sentir le vent, la chaleur du temps, entendre les rires des autres, voir des enfants grandir. Mais...

Il lui sourit.

Ce n'est pas assez, Eïlyn. Avant, je ne le savais pas, mais j'ai aussi besoin de danger et d'adrénaline. J'aime jouer et j'aime gagner.

Il craignait pour la vie des autres, jamais pour la sienne. La situation de Sombrebois l'effrayait, une part de lui angoissait lorsqu'il pensait à Eve, à leur relation secrète et aux conséquences qui pourraient en découler. Il pensait détester diriger un bourg et hériter d'innombrables responsabilités, une peur froide lui soufflant qu'il n'était pas prêt pour tout ça. Car la peur était bien présente, mais par les Trois, il fallait bien l'avouer, il aimait ça. Il en avait besoin. La vie méritait-elle d'être vécue sans quelques défis ? Alors bien sûr, il se serait bien passé des prédictions d'Odalie, mais à choisir... Oui, s'il devait être honnête, à choisir, il préférait cent fois être au centre d'un funeste destin, que de survivre sans but, avant qu'Anür ne l’accueille en son sein.

Il haussa les épaules, comme si sa réponse était anodine. Dévisagea sa coupe presque vide, avisa celle d'Eïlyn.

Tu n'as pas peur de boire, releva-t-il. Que se passerait-il, si le bourg était attaqué, hm ?

Alaric croisa les bras sur son torse, l'air faussement sévère.

Si nous avons trop bu tous les deux, on aura l'air malin. Je serai mal placé pour faire la morale à la baronne, ajouta-t-il, plus bas.

Si, si, si.


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MessageSujet: Re: [Convocation]Le destin de toutes vies   [Convocation]Le destin de toutes vies - Page 3 EmptyLun 22 Nov 2021 - 19:08



10 Avril 1167.
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Un léger pincement au cœur et une gorgée plus longue que les autres, voilà ce qu’il fallut à la milicienne pour parvenir à surmonter ce qu’Alaric tâcha de dissimuler dans ses mots. Mais cette attente sur le mot ami, cet empressement à la détromper. Elle croyait juste le taquiner, mais son capitaine n’était pas le genre d’homme à garder secret ses émotions. Les taire, bien sûr, il le faisait en permanence, presque comme un système de défense savamment huilé, mais elle était toujours là, visible sous la surface, juste refrénée. Et ce qu’elle venait de voir, ce n’était pas la honte d’avoir bu.

Ses sentiments oscillèrent entre de la jalousie enfantine et la satisfaction de savoir son supérieur, si seul, l’être un peu moins. Elle opta pour le second après quelques secondes d’hésitation. Pas comme si le fait qu’il lui plaise le rendait redevable de quoi que ce soit envers elle. Ouais, elle était contente pour lui. Elle serait jalouse quand elle décuverait dans sa couche. Elle reprit une autre gorgée pour chasser les dernières traces d’amertume.

La suite la surprise presque autant. Pas parce qu’elle ne comprenait pas ce qu’il voulait dire, bien au contraire, mais plutôt parce que c’était sans doute l’une des choses les plus intimes qu’il lui ait dit depuis leur rencontre. Cela pouvait sembler anodin à première vue, mais elle savait ce qu’il en coutait d’avouer cela, particulièrement à soi-même. Elle serra ses mains sur sa chope jusqu’à sentir le bois résister à la pression exercée, puis elle inspira longuement pour se détendre.

- La première fois que j’ai combattu un fangeux…

Elle hésita.

- Je veux dire vraiment combattue, pas juste fui en lançant des pierres et en hurlant pour ma vie. précisa-t-elle finalement. On était une quinzaine et il nous fauchait comme un paysan dans son champs, sans faire plus d’effort que ça. Et un moment, alors qu’il fonçait droit sur moi, il s’est pris le pieds dans une racine. Tu imagines ? Sauvé par une racine ?

Un petit rire s’échappa de sa gorge.

- Il s’est étalé, là juste devant moi, comme un type bourré à la sortie d’un bar. J’ain bien failli me pisser dessus à ce moment-là. Mais à la place, j’ai levé mon épée et frappé. Frappé et frappé encore. C’était comme taper sur le tronc d’un arbre, je sentais plus mon bras, mais je continuais. Je l’ai senti arraché mon bouclier et m’agripper la jambe, mais j’ai continué. Un moment il s’est arrêté de bouger, mon épée coincée dans ses vertèbres. Il avait eu cinq des nôtres avant de mourir, un tier du groupe. Et tu sais ce qu’on a fait ? On a ri. J’avais pas ri comme ça depuis que j’étais gamine. J’étais terrorisée, j’avais mal, mais pour la première fois depuis le début de ce bordel, j’ai eu l’impression d’être vivante.

Elle esquiva le regard d’Alaric et tourna la tête vers l’entrée du bourg.

- J’ai beau savoir que c’est dangereux. Même si j’aime la sécurité d’une forteresse, la douceur d’un lit, un bon verre d’alcool. Chaque fois que je regarde la forêt, je dois résister à l’envie de passer cette foutue porte et de m’y enfoncer. C’est presque un besoin… Je crois que l’époque qui nous a vu naître et grandir nous a fait comme ça cap’. Ce n’est surement pas une mauvaise chose, parce que les autres ont besoin de gens comme ça, qui ne pourront pas se contenter de la sécurité et du bonheur. finit-elle par dire en ramenant son regard sur Alaric.

Si elle craint une réprimande à la question suivante d’Alaric qui se voulait d’une sévérité qui ne lui allait pas vraiment, elle ne le montra pas et sourit éhontément en faisant signe à la serveuse de reremplir leurs verres.

- Je leur cracherais du feu avec une torche, j’ai vu un ivrogne faire ça une fois à Marbrume. Bon il s’est cramé la barbe, mais ça restait impressionnant ! dit-elle pleine d’assurance. Je crois que même si on finissait ivre mort et cul nul au centre du bourg, t’aurais encore une petite marge sur la dame de Sombrebois. La question est plutôt, imagine si le bourg n’est pas attaqué ? Un capitaine digne de ce nom ne laisse pas boire son second seule ! Épaule contre épaule frère d’arme, jusqu’à la mort ! s’exclama-t-elle en citant une des devises de la troisième et faisant claquer son verre contre celui d’Alaric.



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MessageSujet: Re: [Convocation]Le destin de toutes vies   [Convocation]Le destin de toutes vies - Page 3 EmptyJeu 25 Nov 2021 - 14:35
Elle est comme moi. Attirée par le danger comme un fangeux l'est par la chair humaine. En recherche constante de sensations, d'adrénaline, de vie. Lorsqu'Alaric avait abattu sa première créature, cette excitation aussi l'avait gagné. Des frissons jusqu'au bout des doigts, le coeur au bord des lèvres, ses pensées anesthésiées par un sentiment de plénitude intense : respirer encore, en savourer chaque inspiration alors que la Mort le toisait, dédaigneuse, mais impuissante. Lorsque l'on y avait goûté une fois, il était difficile de s'en passer, Alaric voulait toujours plus. Peut-être était-ce pour cette raison qu'il côtoyé désormais les ennuis d'une autre manière, dans l'obscurité des intrigues plutôt que dans l'ombre des lames.

Tu as raison, opina-t-il.

Une sombre époque où il était nécessaire d'y dénicher quelques instants de joie, quelques souffles d'espoir afin de ne pas se contenter de survivre, mais de vivre un peu plus. Le monde l'avait modulé, l'avait transformé en un soldat qu'il n'aurait jamais cru devenir. Il était le résultat d'un passé qui ne cesserait de le hanter, de plus lointains souvenirs encore qui l'avaient vu rire et s'amuser. Un mélange paradoxal qui existait bel et bien ; un enfant joueur et un adulte sérieux, un fermier passionné et un soldat désabusé... Un homme rêveur et réaliste.

Alaric fixa sa coupe à moitié vide, sourit à la coutilière puis la vida d'un trait. D'un geste de la main, il fit signe à la fille de Moe de remplir leurs verres. Malgré tous les soucis qui ne cessaient de graviter autour de son esprit, il se sentait bien. Il n'aurait jamais cru qu'il trouverait en son quartier-maître une personne aussi proche de lui. Quelqu'un qui pouvait le comprendre. Ce climat de confiance le poussait à la confidence ; il n'était plus question d'édulcorer ses propos, de dissimuler ses envies.

Moi, mon premier fangeux, je lui ai sauté dessus. J'ai escaladé une vieille maison...

De ses doigts, il se mit à mimer la scène.

Et je me suis jeté sur lui ! Et tu sais quoi ? Il n'a même pas bougé.

Alaric se mit à rire, face à la stupidité de son action, à l'idiotie de ce souvenir.

On a dû s'y mettre à deux pour que je puisse le planter. Tu as remarqué ? ajouta-t-il d'un ton étrangement absent. On ne voit pas la vie quitter leurs yeux.. car ils sont déjà morts.

Sa coupe remplie, le soldat but une nouvelle gorgée.

C'était débile de ma part. Mais je me suis senti vivant comme jamais après ça.

Ses mains jointes sur la table, il se pencha un peu plus vers la coutilière, sans la quitter des yeux. Ses longs cheveux noirs lui rappelaient Sydonnie. La comparaison était aisée : toutes les deux femmes d'armes, elles avaient bataillé pour mériter leur place au sein de la milice, preuve de leur force de caractère ainsi que de leurs talents. Et pourtant, il y avait une différence formidable entre elles deux : l'une se souvenait comment rire et plaisanter.

As-tu connu la sergente de Rivefière ? Tu as au moins dû entendre parler d'elle. Et bien, quand elle a appris que je me promenais souvent seul dans les marais, elle m'a pris pour un fou.

Il rit.

Mais je n'avais rien à perdre.

Au contraire, il avait tout à y gagner. Il avait la même sensation en ce début de soirée : refuser de boire un peu à cause de « si » était une grossière erreur. Alaric s'était rarement joint aux autres miliciens à la caserne, encore moins lorsque ces derniers se rendaient dans une taverne après une dure journée de labeur. Néanmoins, conscient que se mettre en retrait aurait pu lui jouer des tours, il avait accepté quelques fois de les rejoindre ; un chiffre qu'il aurait pu compter sur les doigts d'une main.

Je te préviens, que je finisse cul nul au centre de Sombrebois est pas impossible, fit-il en reprenant ses mots. La première fois que je suis sorti boire avec d'autres miliciens...

La langue déliée par l'alcool, il lui relata l'anecdote : les piètres souvenirs qu'il en avait gardé, la façon dont il s'était réveillé dans une ruelles de la cité, complètement nu et la mémoire défaillante, comment une herboriste avait accepté, malgré sa nudité, de lui donner de quoi s'habiller dans sa boutique et de lui venir en aide... Et la raison pour laquelle il avait décidé que plus jamais il ne boirait une goutte d'alcool après ça – et il avait presque réussi à s'y tenir. Il grimaçait à l'évocation de certains détails, animait son histoire de grands gestes, s'arrêtait parfois pour trinquer à nouveau.

Maintenant, à ton tour de me raconter quelque chose.

Il avait parlé bien assez ce soir à son sujet pour tout le mois suivant. Tel un enfant prêt à écouter une formidable légende, il changea de position, passant une jambe sous ses fesses afin de se surélever un peu.

Hé tiens, puisque la troisième aime les beuveries...

Il lui sourit.

Il vous accompagne, le sergent de Morguestanc ?

Il imaginait mal Yohan se prêter à ce genre de soirées, mais au fond, il ne connaissait pas très bien le personnage.
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MessageSujet: Re: [Convocation]Le destin de toutes vies   [Convocation]Le destin de toutes vies - Page 3 EmptyDim 28 Nov 2021 - 1:42



10 Avril 1167.
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La seconde du capitaine manqua de s’étouffer dans un rire mélangé à de l’alcool tandis qu’elle devait s’interrompre en plein milieu d’une gorgée, visiblement bien plus amusée par l’idée d’imaginer son supérieur jouant les araignées sur les murs d’une maison que par la dangerosité presque suicidaire du plan lui-même.

- Ouais, c’est des putains de tronc d’arbre sur pattes ces saloperies, rien qui passe dans leur tête, à part le fer d’une bonne lame. Mais sans un peu de stupidité, il n’aurait pas d’acte héroïque, on va dire que c’était ton coup d’essai ! lui accorda-t-elle avec un sourire narquois mais plus taquin que moqueur, préservant autant que titillant son égo, même si l’un comme l’autre avait conscience que ce n’était pas nécessaire. Juste amusant d’en plaisanter.

Elle lui lança un regard surpris à l’évocation du nom de la sergente bien connue parmi les verts.

- Tu connais geugle d’acier ? demanda-t-elle sans pouvoir cacher son étonnement, avant de se rappeler de la différence de grade entre elle et la concernée, surtout devant une personne qui la connaissait, elle toussota et reprit une gorgée avant de poursuivre.

- La sergente à toujours eu un pied dehors et un pied dedans. Elle peut pas tout à fait savoir ce que ça fait de vivre dehors. Je veux dire, d’en faire partie. Elle a fait ses choix. Dit-elle presque avec du jugement dans la voix qui s’estompa complètement à la remarque suivante de son capitaine. Un sourire tout sauf innocent étira les lèvres d’Eïlyn et ses yeux brillèrent de malice et d’autre chose.

- Si ça devait arriver… soit sûr que je surveillerais tes arrières A.la.ric…

La façon dont elle prononça son nom, syllabe par syllabe, ne laissa aucun doute sur l’aspect parfaitement littéral de l’interprétation qui fallait faire de cette phrase. Loin d’avoir honte de son audace à la limite de la provocation, elle lui offrit un sourire à pleine dents et s’accorda une longue gorgée après lui avoir fait un clin d’œil. Elle prit un petit air offusqué, qui ne possédait aucune crédibilité tant on ressentait son amusement.

- Ce n’est pas parce qu’on les honore qu’on les aime cap’ ! Bon on les aime aussi, mais quand même… dit-elle faussement boudeuse en attendant la question à la quelle elle se mit à réfléchir en jouant avec le bout d’une mèche récalcitrante.

Le visage détendu, le regard perdu dans le ciel, ses cheveux détachés tombant sur ses épaules comme des chutes de soie noire. Ces quelques secondes de pure réflexion offrir pour la première fois peut-être à Alaric, la vision de la toute jeune femme pleine de féminité et simplicité qui se cachait derrière la milicienne confiante et expérimentée.
Celle-ci revint quand elle trouva quoi répondre et ramena ses yeux perçants, mais vaguement flouté par la boisson sur son Capitaine.

- Son corps vient parfois, mais jamais son esprit. Et autant essayé de remplir la mer de bière que de le saouler, c’est juste perdre son alcool et son argent. Je crois bien l’avoir vu frémir une fois en se levant, mais j’étais occupée à pas me gerber dessus après le tonnelet qu’on avait descendu, alors qui sait…

Elle rit de nouveau, avant d’hausser les épaules et de reprendre sur un ton plus sérieux, du moins plus calme.

- Le sergent… il est différent. Parfois on a l’impression que toute cette merde ne l’atteint pas. Il est pas insensible hein ! Pas du tout. Mais c’est comme si pour lui, tout ça n’était qu’une toute petite étape sur sa route, une simple colline à franchir, pour voir la suite de son chemin… ça en fait surement ce que la milice peut espérer de mieux pour lutter contre ce qui nous menace. Mais il franchit juste sa colline, il n’a pas prévu de bâtir quoi que ce soit…

Elle gloussa.

- Une réponse tout à fait claire, pas vrai ? se prit-elle d’elle-même en dérision avant d’encourager son interlocuteur à boire alors qu’elle signalait déjà à la serveuse un nouveau service à venir. Si tu veux le voir perdre son sang-froid, faut le battre aux échecs ! Et bonne chance pour ça !



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MessageSujet: Re: [Convocation]Le destin de toutes vies   [Convocation]Le destin de toutes vies - Page 3 EmptyJeu 2 Déc 2021 - 14:22
Alaric plongea ses yeux dans les iris argentés de la coutilière. Leur couleur métallique brillait d'un éclat malicieux, rehaussé par un sourire audacieux des plus charmants. Même pour lui, il ne lui était pas difficile de saisir le sens de ses paroles, leur portée littérale et les lignes cachées avec nonchalance entre ses mots. Peut-être était-ce dans son caractère de flirter ainsi avec lui, de le taquiner allégrement, simplement pour découvrir ses réactions. Pourtant, le soldat se souvint qu'elle l'avait dévisagé à plusieurs reprises la première fois qu'ils s'étaient rencontrés et qu'elle n'avait pas semblé perdre une miette de son duel contre le sergent de Morguestanc. S'il acceptait de rentrer dans son jeu, il devinait aisément la conclusion de la partie. Aussi se contenta-t-il de rire face à son clin d’œil, de secouer la tête et de boire une nouvelle gorgée à son tour. Eve n'avait peut-être pas eu tort, lorsqu'elle lui avait lancé une moue boudeuse et jalouse, lorsqu'il lui avait annoncé que son quartier-maître était une femme.

La jeune noble n'aurait pas aimé la remarque de la coutilière, pas plus qu'elle n'aurait apprécié le spectacle qu'elle offrait au soldat, perdue dans ses réflexions. Son visage était tourné vers le ciel qui se teintait de rose, comme si ce dernier pouvait lui fournir un semblant de réponse. Quel homme n'aurait pas voulu passer ses doigts dans ses cheveux de jais, embrasser ses lèvres d'un rouge naturel, caresser les courbes que sa tenue peinait à cacher ? Et pourtant... Si Alaric ne la quittait pas des yeux, appréciant les détails qui lui avaient échappé la première fois, il se rendit compte qu'il ne la désirait pas. Elle était jolie, il n'en disconvenait pas, mais son cœur ne battait pas plus vite alors qu'il en prenait conscience, aucune chaleur ne l'enveloppait, ne lui procurait un sentiment d'envie. Il était certain que si sa main touchait la sienne, aucune décharge ne le secouerait de part en part, alors qu'il avait suffi à Eve de l'entrainer sur une piste de danse improvisée pour que son monde cesse de tourner. Ou plutôt, pour qu'il ne tourne plus qu'autour d'elle. C'était étrange. Mais il avait trop bu pour y réfléchir et de toute façon, même sobre, il doutait d'y trouver une quelconque solution. Le coeur a ses raisons que la raison ignore.

La voix d'Eïlyn le sortit de sa rêverie, bien qu'il dût faire un effort certain pour se concentrer sur ses dires, pour chasser les souvenirs sulfureux qui avaient envahi son esprit. Yohan avait-il seulement un seul défaut ? Sans doute lorsque l'on s'appelait Morguestanc, on en avait vu d'autres, à tel point que les ennuis de certains n'étaient que des banalités pour lui. Alaric hocha simplement la tête avant de lui sourire. Si même la coutilière se perdait en paroles vagues ce soir, il n'était pas sorti de l'auberge.

Dommage que je ne sache pas jouer aux échecs, grimaça-t-il.

Mais il pourrait améliorer son combat à l'épée afin de le défier un autre jour en duel. Un affrontement respectueux, bien sûr, où un sentiment de compétition animerait bottes et parades, afin qu'il soit capable de l'emporter. Même si les miliciens avaient applaudi sa performance, il avait perdu bien trop facilement à son goût. Ou plutôt, le sergent avait gagné trop facilement ; un gouffre les séparait encore. Et visiblement, en ce qui concernait l'alcool, l'ancien noble le surpassait également, et de loin. Une bulle avait commencé à atténuer les bruits qui l'entouraient ; un goût de vin appréciable demeurait collé à son palais, à l'instar de certains mots qu'il pensait prononcer mais qui ne quittaient pas sa gorge.

Je devrais m'entraîner, t'sais...

Il but sans s'en apercevoir.

Pour ma revanche, ajouta-t-il comme un enfant mauvais perdant.

— C'est un honneur de vous servir tous les deux.

Alaric tourna la tête. Pas d'adolescente timide face à eux, mais un aubergiste baraqué, deux nouvelles coupes entre ses paluches ; un large sourire fendait son visage barbu.

— Tenez, dit-il en les déposant devant eux. Un nouveau cru, vous m'en direz des nouvelles !

Le breuvage était plus foncé que le précédent, une robe pourpre délicate qui attendait d'être dégustée. Le soldat lança un regard satisfait à sa coutilière, avant de refermer sa main sur la coupe. Pour une fois qu'il pouvait un peu profiter de son statut à Sombrebois...

— Capitaine, ajouta Moe avant que le concerné ne puisse goûter. J'ai rencontré Isaac...

Isaac ! Il avait presque oublié le gamin.

— Il m'a l'air d'être un garçon courageux, mais il n'a pas trop voulu me parler.

Alaric soupira et passa une main dans ses cheveux, avant de hausser les épaules.

On ira l'voir demain. J'suis sûr qu'il pourrait aider, ici.

Le capitaine engloba la terrasse aménagée d'une main. Il devenait difficile pour Moe de gérer seul sa taverne qui ne faisait que grandir et d'attirer une clientèle croissante, à mesure que la population s'installait, que les convois en provenance de la capitale arrivaient. Il était persuadé que l'aubergiste ne refuserait pas un peu d'aide, quand bien même Isaac se montrait taiseux au début. Un environnement aussi chaleureux que celui-ci l'aiderait peu à peu à s'ouvrir aux autres. Ça a bien marché pour moi. L'homme hocha la tête, leur souhaita à nouveau une bonne dégustation, avant d'être hélé ailleurs ; les commandes arrivaient toujours trop tard pour les ivrognes impatients...

Je t'ai pas raconté, dit-il à Eïlyn.

Pour dire vrai, il ne savait plus s'il lui avait parlé de Balazuc. En quelques mots, il lui relata ce qui s'y était déroulé, et la raison pour laquelle il était rentré accompagné d'un gamin blessé.

Tu l'connais toi, le sergent de Balazuc ? Un abru...

Il se reprit de justesse, ne sachant pas ce que son quartier-maître pensait dudit sergent, préférant ne pas insulter un homme plus important que lui au sein de la hiérarchie.

Entre les mercenaires qui ont tué la moitié des bannis et l'sergent, là... J'ai préféré l'ramené ici. Il pos'ra pas de problème, crois-moi.

Sa langue devenait trop pâteuse, trop lourde, mais d'une manière ou d'une autre, les mots avaient besoin de s'écouler de sa bouche, aussi rapidement qu'il désirait boire son nouveau verre de vin. D'ailleurs, il estimait qu'il avait déjà trop attendu. Isaac et Balazuc envolés, il savoura la boisson d'une petite gorgée. Mais Alaric n'y connaissait rien en spiritueux et il était déjà trop éméché pour percevoir une différence. Arquant un sourcil, il interrogea la coutilière.

Il est vraiment meilleur ?

Meilleur ou pas, il se laissait déguster. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour en venir à bout, dardant ses yeux bleus sur le fond vide de sa coupe en bois. Ce n'était peut-être pas plus mal : l'heure était déjà bien avancée, il n'avait toujours pas mis les pieds au château et, sans Rosen, c'était à lui de s'occuper de la maisonnée, de Pénélope et des enfants. Hilde avait dû leur apprendre son retour, mais il lui tardait de les revoir et de prendre de leurs nouvelles. Mais après ? Après il ferait un tour sur le chemin de ronde s'il était encore capable de faire plusieurs pas sans tanguer, il s'accouderait aux remparts, chercherait le tertre en forme de tortue des yeux. Si du moins l'alcool ne donnait pas des formes étranges à tout ce qu'il observerait d'ici-là. Et ensuite... Ensuite il retrouverait sa chambre du deuxième étage. Une petite pièce froide et austère. Où il serait seul. N'y avait-il pas moyen de retarder encore un peu l'inévitable ?

Ses deux mains posées fermement sur la table, il se redressa avec précaution. La tête ne lui tournait pas – encore – et le sol ondulait juste assez sous ses pieds pour le convaincre de poursuivre sur sa lancée.

Tu crains pas les fangeux si t'as bu, dit-il en écho à l'une de leur discussion. Laisse-moi en juger.

Il croisa les bras sur son torse et la dévisagea. Il s'agissait sans doute de sa stature de capitaine la moins convaincante de son histoire ; le vin ne voilait en rien la lueur de défi qui brillait dans ses yeux, ni n'atténuait le charme de son sourire en coin.

T'as bien une ou deux épées en bois, là, non ? dit-il en désignant le camp du menton. J'ai perdu contre le sergent... J'perdrai pas aussi contre mon quartier-maître, dit-il en se penchant vers elle, provocateur.
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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: Re: [Convocation]Le destin de toutes vies   [Convocation]Le destin de toutes vies - Page 3 EmptyVen 3 Déc 2021 - 1:46



10 Avril 1167.
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Eïlyn observa l’échange entre Alaric et le tavernier avec une curiosité toute relative, plus intéressée par l’histoire que cela cachait que par l’évènement lui-même. Et cette histoire lui fut contée par le principal concerné quand ils furent de nouveau seul à seul. Elle ne saisit pas tout les détails, comme lorsqu’il s’attarda sans qu’elle sache pourquoi sur le crottin de Bravoce avant de comprendre que son cher capitaine était ivre, et qu’elle devait surtout essayer de capter l’essentiel.

Elle fut surprise dans un premier tant qu’il tienne si peu l’alcool, presque autant que du fait qu’il ait participer à la défense d’un village en l’évoquant comme un détail de la route, mais après elle prit conscience de la solitude d’Alaric.
Ils n’étaient tous deux pas très différents, mais elle avait trouvé la troisième, et le sergent. Des hommes et des femmes avec qui elle pouvait rire, vivre, pleurer parfois. Elle buvait avec ses camarades presque aussi souvent qu’elle tirait l’épée à leur côté. Deux conclusions pouvaient en être tiré. La première et la plus évidente, c’était une ivrogne. La seconde, c’est qu’elle avait eu mainte occasion d’apprendre à supporter l’alcool et elle aurait pu enchainer quelques tournées avant de voir flou.

Alaric lui était seul. Pas parce que personne n’était autour de lui, mais parce que personne n’avait pris la peine de devenir son ami, son camarade, sa famille. Il avait pris le combat des autres, accepté le poids de leur vie et malgré tout, il était désespérément seul. Et incapable de tenir la boisson.
Là en sirotant le verre offert par Moe, elle se promit de devenir la camarade de cet homme et de lui montrer qu’il n’était plus seul. Même si elle devait le faire rouler sous la table trois soirs par semaine pour cela.
Le défi la fit glousser avant de lui répondre.

- Meilleur je ne sais pas, plus fort, ça c’est certain. Et oui c’est un abruti, un gars de l’interne. dit-elle comme si rien que ce fait pouvait expliquer en partie la bêtise de l’homme. Les querelles entre l’interne et l’externe étaient aussi courantes que les gouttes d’eau un jour de pluie. Et la seconde n’était pas du genre à apaiser les tensions.

Elle haussa des sourcils surpris en voyant son supérieur se redresser appuyer sur la table, manquant de peu de la bousculer. Elle sauva son verre encore presque plein en le levant pile à ce moment et répondit au sourire en coin par un regard plein d’arrogance amusée.

- Rien de plus gratifiant que de mettre un supérieur à quatre pattes dans la poussière, je suis ton homme Cap, enfin ta femme, enfin t’as compris ! s’emmêla-t-elle en se levant d’un avec des gestes bien plus alerte malgré des yeux embrumé par l’alcool.

Ils ne leur fallu pas longtemps pour se trouver un coin dégagé où mettre en scène leur petit défi. La quartier maître tenait toujours son verre dans sa main gauche, y buvant de longues gorgées en faisant des moulinets avec l’autre, l’épée battant l’air tandis qu’elle s’échauffait.
Elle s’orienta face à Alaric qui faisait de même et lui lança un glorieux sourire, avant de passer à l’attaque d’un bond en avant.

Quand la cloche du matin réveilla Alaric, il était dans son lit toujours habillé à l’exception de ses bottes qu’il ou qu’on lui avait enlevé. Il sentait fort un mélange de sueur et de vin, pas vraiment étonnant, et il avait l’impression que des chevaux avaient décidé que faire quelque pas de danse sur son crâne. Et sa fesse droite était douloureuse. A part ça, il se sentait bien.

Il pu découvrir une cuve d’eau fraiche posée près de lui, une épée de bois en travers et une serviette non loin.
Ce jour-là quand il rejoignit sa seconde, il eu le droit à un grand sourire et des cernes violettes, ainsi qu’un vilain bleu en travers de la joue mais qui ne gâchait rien de l’amusement de celle-ci. Elle prit bien la peine de ne pas aborder la conclusion de la soirée précédente, mais ils se surprirent plusieurs fois à la limite de l’hilarité quand personne ne les regardait. La seule phrase qui y fit concrètement allusion fut une proposition de la jeune femme alors qu’ils avaient la tête plongée dans une carte de patrouille.

- La prochaine fois, on prendra une tournée de plus avant.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Convocation]Le destin de toutes vies   [Convocation]Le destin de toutes vies - Page 3 EmptyDim 5 Déc 2021 - 11:32
Un gémissement plaintif franchit ses lèvres, tandis qu'il portait les deux mains à sa figure, comme si elles avaient le pouvoir d'atténuer le mal de crâne qui le faisait souffrir. Alaric garda les yeux fermés, même s'il percevait les faibles rayons du soleil derrière ses paupières : quand bien même ces derniers seraient-ils bien pâles, il les soupçonnait d'être encore trop vifs pour le tirer de sa torpeur en douceur. Il roula sur le ventre, enfonça un peu plus sa tête dans son oreiller, grimaça lorsqu'une douleur au niveau de son fessier se réveillait en même temps que sa conscience. Il grogna et tâcha de se remémorer son duel et les événements qui l'avaient suivi ; des blancs parsemaient ses souvenirs. Comment s'était-il retrouvé dans son lit ? Des bribes lui revenaient peu à peu, ponctuées d'éclats de rire, agrémentées de vin. Malgré son état qu'il jugeait pathétique, il sourit. Pour une nuit de plus, il avait réussi à repousser la solitude dont sa seule idée l'avait tiraillé une partie de la journée. Certes, il ne pourrait pas terminer ivre mort tous les soirs – bien que cette perspective eut sans doute plu à son quartier-maître – mais peut-être n'aurait-il pas à l'affronter tous les jours comme il l'avait craint. Et puis, il se sentait étrangement bien ; comme si l'alcool avait lavé ses doutes et ses peurs. De bonne humeur, il voulut se lever d'un bond, regretta immédiatement son geste et se laissa retomber mollement sur le lit. Par les Trois...


***


Alaric ressentit une pointe de fierté en remarquant le joli bleu sur une des joues de la coutilière. Au moins avait-il combattu avec panache ! Lorsque leurs regards se croisèrent, ils manquèrent de rire tous les deux, comme des enfants qui partageaient un secret que les adultes – miliciens – autour d'eux, ignares, ne pouvaient comprendre. Des confidences puériles qu'il chérissait plus que de raison, parce qu'elles étaient le socle de quelque chose de nouveau. Ou plutôt, elles suivaient un cours qu'il avait initié quelques semaines plus tôt. Accepter les autres, s'ouvrir un peu à eux. Ne plus les repousser par craindre de les perdre, les accepter par plaisir de vivre. Alaric ne coupait plus les liens, mais les tissait. Il sourit en observant Eïlyn réprimander l'un des soldats, repensa aux paroles d'Odalie. Le doute l'avait saisi lorsque la jeune femme avait serré sa main, lorsqu'elle avait choisi de lui faire confiance. Comme si le capitaine de Sombrebois risquait de causer la perte de sa seconde par sa seule présence, à l'instar d'un mal qui rongerait le fil qu'il avait eu le malheur de broder. Mais si c'était plutôt l'inverse ? Peut-être qu'il n'était pas là pour noircir ces liaisons, mais pour les embellir. Peut-être ne causerait-il pas la mort d'Eïlyn – ou de quiconque – mais qu'il était là pour la sauver. En tout cas, décida-t-il, c'était bien de cette manière qu'il désirait influencer les destins de toutes les vies qui l'entouraient.

Pour cette raison, avant de rejoindre Moe et Isaac comme il l'avait promis la veille, il retrouva la coutilière sous la tente principale et, à l'abri de regards et d'oreilles indiscrètes, prit ses mains dans les siennes et lui murmura :

Tu es une excellente combattante. Mais tu sais, parfois... La plus belle victoire, c'est de rester en vie.

Il haussa les épaules.

Pense-y, ordre de ton capitaine !

Il lui sourit puis s'éclipsa avec un sentiment de devoir accompli. Maintenant, au tour d'Isaac...
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