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 Esmée de Sabran[Validée]

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MessageSujet: Esmée de Sabran[Validée]   Esmée de Sabran[Validée] EmptyJeu 21 Oct 2021 - 23:15


Esmée de Sabran
Quand l’innocence termine, la fierté commence.



Identité



Nom : Sabran (de)
C'est un nom prestigieux, mais ce n'est qu'un nom. Bien sûr, il a été porté par mes "valeureux" ancêtres. Des hommes certainement courageux et des femmes probablement remarquables qui ont marqué l'histoire du royaume, et de notre duché. Cependant, comment pourrions-nous aujourd'hui nous attribuer leurs mérites seulement en invoquant leur souvenir ? C'est à chacun de faire ses preuves. Un blason ne suffit pas. Je suis née Sabran, mais cela ne me définit pas.  

Prénoms : Esmée, Isélia, Azélaïs
C'est à mon grand-père paternel que je dois mon prénom. Esmée, pour celle qui est aimée. Et je l'ai été. Aimée par ma famille, mais également par les gens qui composaient notre maisonnée. Mes autres prénoms, Isélia et Azélaïs, ont été choisis par mon père et ma mère.
Le premier appartenait à ma grand-tante paternelle. Une femme au caractère bien trempé que les Sabran s'osaient à surnommer "l'Intrépide". Le second était celui d'une artiste que ma mère appréciait tout particulièrement. Une peintre dont elle avait acquis plusieurs toiles.

Age : 18 ans
Je suis née à Chanteloup, il y a de cela bientôt dix-huit ans. Mon père ne m'en a jamais voulu de n'être qu'une fille. Je crois qu'il était simplement heureux de me tenir dans ses bras. Je sais avoir fait endurer le martyre à ma mère. Elle a souffert tout un jour et une nuit entière pour que je vienne au monde.
J'ai poussé mon premier cri à l'aube du 19è jour de juillet 1149. C'était un vendredi. La fête qui a suivi cet événement a duré plusieurs jours. J'étais visiblement attendue.

Sexe : Féminin

Situation : Célibataire
Il m'a pourtant été donné d'aimer déraisonnablement. De toutes mes forces et comme jamais je ne saurai le décrire en quelques mots. J'imagine que j'étais tout simplement jeune et ignorante.

Rang : Vicomtesse
Rien n'est jamais acquis. C'est aujourd'hui tout ce qu'il me reste de certitude. J'ai néanmoins appris cela dans la douleur. Celle du corps, évidemment, mais également celle de l'esprit. Je ne me suis jamais interrogée sur ce que le monde comptait d'injustices. Née au sein d'une noble famille, première enfant du Comte Icare de Sabran et de son épouse, Hermance de Choiseul, j'ai eu une enfance privilégiée. J'ai bénéficié de la meilleure éducation possible, je n'ai jamais eu à souffrir de la faim, ni même des froides saisons de notre royaume. Mon avenir était parmi les plus lumineux et tout semblait vouloir me sourire.
Avant ce fameux jour, jusqu'à ce terrible moment, je n'avais pas connu la peur. Je veux dire la vraie peur. Celle qui vous glace. Celle qui en vient à vous tétaniser et qui parvient à voler jusqu'à votre souffle. Aujourd'hui, je la ressens et la vis à chaque instant. Dès le lever du jour et jusqu'à son coucher. Dès que mon regard se pose sur la marque qu'un fangeux a laissé sur ma peau autrefois intacte.

Lieu de vie : Le Labret - Usson & Marbrume - Quartier de l'Esplanade
J'ai passé la plupart de mes étés sur le plateau du Labret, non loin d'Usson, dans le pavillon de chasse des Choiseul. J'y ai certainement vécu mes plus belles années en compagnie de ma famille, mais également avec mes deux meilleurs amis ; Auxence de Malemort et Tharcise d'Aspremont. La Fange a évidemment défiguré les paysages de mon enfance. Elle nous a également obligé à revoir nos habitudes et à réaménager la demeure dans laquelle résonnaient autrefois nos rires d'enfant. Pour autant et par chance, l'essentiel du domaine a été préservé.
À l'Esplanade notre manoir n'a pas encore eu à souffrir du Mal qui ravage notre monde. Tout du moins je le suppose, tout comme je suppose qu'il reste parmi les plus belles demeures de la cité ducale.

Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs :
Je crois m'être toujours appliquée à parfaitement intégrer les règles de bienséance qui m'ont été enseignées. J'ai très tôt appris à lire et j'ai passé de nombreuses années à perfectionner mon écriture. Cependant, je ne me suis jamais leurrée quant à mon rôle. Dans le Morguestanc et plus largement dans notre royaume, les femmes n'ont jamais été appelées à gouverner. C'est ainsi et je n'ai jamais ressenti le besoin de contrevenir à cette réalité, quand bien même sa simple idée me révolte.
La donne semble toutefois avoir changé avec l'arrivée de la Fange. Aujourd'hui les femmes peuvent rejoindre la milice et certaines s'osent même à administrer leurs biens. Pour ce qui me concerne, j'ignore encore où je me situe dans ce nouveau décor. Mes très nombreuses leçons de danse et mes excellentes manières ne m'aideront probablement pas à survivre à l'extérieur des murs. J'ai cependant hérité du tempérament de mon père et cela va probablement aider à améliorer mes chances.

Voie de la Noble Mondaine :
+2 en habileté
+1 en intelligence
+1 en initiative

Compétences et objets choisis :

Compétences :
- Alphabétisation
- Administration - Niveau 1
- Art (broderie) - Niveau 1
- Danse - Niveau 1
- Étiquette - Niveau 1

Objets :
Je n'ai jamais manqué de rien. Vêtements, bijoux et autres accessoires ont toujours garni mes armoires ou leurs tiroirs. Aujourd'hui encore, je ne puis me plaindre. Je dispose de tout ce dont j'ai besoin et de bien plus encore. Pour autant, j'ose pudiquement confesser mon désintérêt pour ces choses considérées comme essentielles au sein de la belle société. Finalement, ce que je considère posséder de plus précieux tient de l'inestimable qu'il recèle. En son sein sommeillent mille pensées, un parfum qui se souvient et les mots d'une promesse. J'aurais sans doute dû m'en séparer.


Apparence

J'ai toujours entendu dire que je ressemblais à mon père. Il est vrai que mes cheveux sont aussi sombres que les siens. D'un noir de jais, comme l'affirmait ma nourrice. Je crois cependant qu'elle appréciait de les coiffer. C'est elle qui m'a appris à les tresser pour dompter leurs boucles folles. Elle m'a également enseigné à toujours paraître sous mon meilleur jour. La propreté et l'élégance, disait-elle, sont les premiers atours d'une Dame. Ils font l'essentiel de sa parure et la décence lui interdit de les négliger.
J'ai toujours veillé à strictement appliquer son conseil. Cependant et malgré tous mes efforts, je ne suis jamais parvenue à effacer ou seulement dissimuler les tâches de son qui ornent ma peau claire. D'après mon ancienne dame de compagnie, elles ajoutent à mon charme. La plupart des gens s'accordent pourtant pour dire qu'elles sont symbole de malheur.

Et c'est très probablement le cas. Les Trois nous adressent de nombreux signes que nous ne sommes pas toujours en mesure de saisir. Des avertissements et des conseils que nous ne comprenons pas. Tout du moins, pas avant que leurs conséquences ne se réalisent. J'aurais alors dû m'inquiéter d'un éventuel message qu'ils auraient voulu m'adresser. Me montrer plus humble peut-être et moins superficielle sûrement. Mais je me souciais bien davantage de mon image au sein de la cour.

Comme toute jeune fille de mon âge (tout du moins je le supposais), je voulais être admirée. J'avais le désir d'être enviée et courtisée. Je souhaitais être belle. Aussi magnifique que l'avait été ma mère lors de son entrée dans le monde. Je ne ferai pas preuve de fausse modestie en affirmant ne pas y être parvenue. Simplement, je me rends compte aujourd'hui à quel point cet objectif était futile. Si les Trois nous offrent la beauté, ils ne souhaitent certainement pas qu'elle serve seulement à nourrir nos propres intérêts.
C'est pourquoi je m'efforce, depuis bientôt un an, de ne plus accorder autant d'importance à mon apparence. J'ai remisé mes somptueuses robes de bal et rangé mes vêtements d’apparat, pour leur préférer des tenues plus simples. Des vêtements pratiques et sans fioritures, parfaits pour mener à bien les objectifs que je me suis fixées ici, à Usson. Parfois, je m'ose même à m'habiller en homme, mais cela déplaît tout particulièrement à Père.

Il s'exaspère toujours de me trouver ainsi, occupée à quelques tâches normalement dévolues aux domestiques, les cheveux en bataille et le nez poussiéreux. Il ne comprend pas que cela me rend heureuse. D'ailleurs, je pense que mon sourire n'a jamais été plus éclatant que depuis que nous nous sommes installés au Labret. À la cour le rire se veut mesuré. À moins de le laisser éclater au dépend d'un malheureux, il n'est pas considéré comme élégant. Les Dames ont même prit l'habitude de cacher leur sourire derrière une main gantée ou derrière quelques accessoire de mode. C'est dommage, j'ai toujours eu le sentiment qu'il pouvait illuminer un visage. Surtout lorsqu'il est sincère. Alors tant pis ! Si plus tard mon regard se trouve pincé par quelques rides, j'aurais l'audace de prétendre mes yeux pétillants de joie. Enfin... Peut-être.
Peut-être me sera t-il donné d'oublier ce que j'ai vu, mais j'en doute. Comment ne pas se souvenir des horreurs survenues ce jour là ? Je sais que mon esprit se trouve aujourd'hui marqué par les terribles images du couronnement. J'imagine qu'il en va de même pour mon physique et je ne parle pas de ma blessure quand je dis cela. Non... En vérité, lorsque je prends maintenant le temps de regarder mon reflet dans un miroir, j'ai ce sentiment de voir une autre femme. Une femme qui a grandi trop vite, mais qui reste trop jeune pour avoir l'air aussi grave. Sans doute est-ce le fait de constater l'ambre de mes yeux moins éclatant. Comme si le Malheur était parvenu à en ternir l'or. Comme s'il avait réussi à voler une part de moi.

Il en est pourtant pour dire que les épreuves vous forgent. Pour ce qui me concerne, elles sont inscrites dans ma chair. Hormis la douleur provoquée par la blessure qu'un fangeux m'a infligée, c'est son horreur qui m'arrache encore des larmes. Jamais en public, évidemment. Les Sabran sont connus pour leur maintien fier et leur port altier. Cependant, parfois, lorsque le soleil se couche et que je me souviens, je ne parviens pas à contenir ma peine. Mes nuits sont alors difficiles et je me réveille l'oeil rougi.
Je n'admets cependant pas de m'épancher. Ne serait-ce que pour le bien de Père. Je sais qu'il souffre tout autant que moi et peut-être même davantage. Aussi, j'évite de lui parler de ces choses. Nous n'avons même plus jamais abordé le sujet de notre départ précipité. Même si j'imagine sa décision liée aux dernières mesures prises par le Roi et son conseil à l'encontre des victimes de la Fange. Pour l'heure, je n'ai pas été marquée. Mes bras sont intacts et je remercie les Trois de n'avoir pas eu à subir la brûlure d'un fer rougi sur ma peau trop délicate.

Je n'oserais prétendre qu'il s'agit là de chance, mais je parviens heureusement à dissimuler la cicatrice laissée sur ma cheville par l'attaque du fangeux. Elle a mis beaucoup de temps à guérir, si tant est qu'il soit possible d'utiliser ce terme pour qualifier le souvenir de l'ignoble plaie engendrée par sa rage. La prêtresse qui m'avait scrupuleusement auscultée à l'époque prétendait que la bête n'était très probablement pas parmi les plus redoutables de son "espèce". Sans quoi, elle l'affirmait, il aurait fallu m'amputer. J'ignore si elle disait vrai, mais je sais n'avoir jamais eu plus mal que lorsqu'elle me prodiguait ses soins.
Il a fallu gratter profondément dans ma chair pour en retirer le Mal. Cette torture, parce que c'est là le plus juste mot, a cependant porté ses fruits. J'y ai sacrifié le carillonnant de ma voix plusieurs fois brisée, mais ma blessure a pu être sainement recousue.

Me voici donc aujourd'hui, jeune fille à l'allure délicate, ancienne Demoiselle de la cour admirée et courtisée, nobliaute maniérée, fière et certainement inadaptée à sa nouvelle vie, mais déterminée et depuis toujours révoltée. Une femme, tout simplement et comme jamais je ne l'ai été auparavant.

Personnalité

L'honneur, le courage et la bravoure sont l'apanage des hommes de bien, mais j'ai la prétention de croire que je n'en suis pas dépourvue. Probablement aurais-je aimé être l'un de ces chevaliers dont les exploits sont contés par les ménestrels. Un vaillant au coeur pur qui se fait le bouclier des veuves et des orphelins. Si j'avais alors pu choisir ma propre monture, j'aurais voulu que sa robe soit d'un gris pommelée, à l'image de celle de Cendre. Certainement parce que j'ai cette idée que rien ne peut être simplement blanc ou noir. Il n'y a que les Dieux pour être parfaits. Le Mal, quant à lui, est capable de revêtir de nombreuses formes. Il peut même se trouver tapi dans le plus tendre des regards.

Je n'ai jamais été douée pour me rendre compte de la véritable nature d'une personne. La plupart des gens se contenterait de dire que je suis naïve ou simplement bête. Que je ne suis qu'une jeune femme crédule, impressionnable et évidemment manipulable. Pourtant, rien n'est moins vrai. Je confesse volontiers mon obstination à voir ce qu'il y a de bon en chacun d'entre nous, mais je ne suis pas dénuée d'esprit critique. Je crois simplement que personne ne vient au monde foncièrement mauvais et que ce sont nos expériences qui parfois nous amènent à faire des choix discutables. J'en suis même convaincue. Personne n'est seulement égoïste ou cruel sans raison. Il y a toujours une explication et une histoire.

Est-ce que cela m'amène à pardonner facilement ? Indubitablement. Je ne suis pas rancunière et je pense que nous sommes tous capables du pire, comme du meilleur. J'estime également qu'il ne me revient pas de suppléer aux Trois. Les Dieux sont les seuls à pouvoir juger de nos actions. Mère me disait souvent que je raisonnais comme une prêtresse. J'aurais probablement pu consacrer ma vie au service de la Trinité, mais je ne me suis jamais considérée assez digne pour cela. Je sais que je cèle en moi bien trop de colère et une trop grande révolte pour espérer me faire la porte-parole de nos Dieux. Et cette part de moi que je ne m'ose pas même à décrire, m'effraie.
Cela ne m'empêche pas de croire en les Trois, quand bien même certains s'interrogent sur ce qu'Ils ont souhaité nous faire subir avec la Fange. Souvent même sont-ce ces gens qui affirment que les épreuves nous forgent. Faut-il alors leur concéder que nos faiblesses, tout comme nos peurs participent à notre humanité. La mienne se trouve dans ma qualités, mais également dans ce que je possède de défauts. Et je ne parle pas seulement de ma blessure.

J'ai bien évidemment conscience de ce qui m'attend. La méfiance, l'opprobre... Je vis dans la peur, mais également dans la honte de n'être plus qu'une pestiférée. Une considération qu'il m'a fallu accepter avec ses injustices tout en admettant que je suis seule responsable de mon malheur. Mes choix n'ont pas toujours été les plus judicieux et si j'avais espéré un jour me marier et avoir des enfants, mener une vie simple, j'imagine qu'il me sera à présent plus facile d'apprendre à voler.
Cependant, je n'admets pas que mes erreurs et leurs échecs puissent un jour dévorer ce qu'il me reste de coeur. J'ai souhaité rester fidèle à mes valeurs et osé prétendre à vivre mes rêves. Je n'entends pas me laisser aveugler ni par la haine, ni non plus par l'amertume. Je tiens à ma dignité et n'envisage pas rougir pour ce que d'autres ont à se reprocher.

J'ai perdu bien des choses dans ce que la vie m'a appris de ses injustices. J'ai également cédé bien des êtres chers à son indifférente cruauté. Sans doute est-ce pour cela que je me sens toujours concernée par le malheur des autres. Certainement est-ce là ce qui me pousse à toujours vouloir tendre la main aux plus démunis. Parce que je crois que l'essentiel se situe dans ce qu'il nous reste d'humanité. Parce que j'estime que nous devons faire front ensemble, quelles que soient nos origines, pour le bien commun et pour l'avenir des générations futures.
Voilà ce qu'il me reste d'ambition, quand il m'a été donné de côtoyer les grands de ce monde. Un sursaut de fierté qui m'interdit de simplement abandonner tout espoir. Parce que, comme depuis toujours, je suis incapable de me résigner.

Histoire

Quand bien même elles parvenaient à me terroriser lorsque j'étais enfant, je n'ai jamais cru aux histoires de monstres. Jamais, jusqu'à l'apparition de la Fange et de ces abominations.

Je me rappelle les premières rumeurs chuchotées dans les salons mondains du Morguestanc. Personne ne prêtait réellement foi aux étranges récits colportés depuis l'Ouest. Cela tenait de l'anecdote, sinon de l'affabulation quand bien même les réfugiés affluaient de plus en plus nombreux. C’est alors et très sûrement à l’occasion de l’affaire dite de Sarosse qu’il nous a fallu admettre l’improbable. Le Mal que nous avions estimé imaginaire était bel et bien réel. Et il était aussi effroyable que décrit. Inarrêtable et ravageur… Tout simplement meurtrier.
Je ne saurais décrire l’atmosphère dont s’est imprégnée la cour après cette horrible nuit. Pour ma part, j'ai considéré et je considère encore cet événement comme une abjecte injustice. Une infamie qui m'a dérobé l'un de mes plus précieux amis, pour l'offrir aux crocs des monstres. Une atrocité qu'un homme s'est offerte par orgueil et grâce à laquelle il s'est imposé comme un tyran. Sans doute étais-je alors trop jeune pour dire ma révolte justement ou peut-être étions-nous tous trop lâches pour refuser et combattre la terreur.

Il me pèse cependant d'admettre que mon père n’a jamais blâmé Sigfroi de Sylvrur, ni pour son despotisme, ni non plus pour sa bouffissure. Comme s'il était légitime de condamner des innocents à la mort, seulement pour satisfaire à son amour-propre. Fallait-il néanmoins laisser au Comte de Sabran qu'il se justifiait de n'agir toujours que dans le seul but de préserver sa famille. Un point qu'il me faut lui accorder, alors que je n’ai jamais eu à craindre pour mon avenir.

Je n’ai jamais été une enfant difficile. Mon seul caprice aura probablement été celui qui m’amena dans mon actuelle situation. Du reste, j’ai été une jeune fille, puis une jeune femme studieuse et respectueuse des conventions. Mon éducation a naturellement contribué à me rendre docile. Délicate diront les habituelles langues de bois, mais je préfère appeler un chat un chat. Personne n’est vraiment dupe.
Toutefois, les gens se sont accordés pour dire que mon entrée dans "le monde" fut une réussite. Je dois probablement à mon nom d’avoir reçu les éloges de certains hauts dignitaires, mais je sais également m’être parfaitement comportée. Aujourd’hui, à bien y repenser, je mesure toute l’absurdité d’un tel cérémonial. À l’époque, lorsque je me tenais devant les grandes portes qui devaient s’ouvrir sur la salle de bal, je pouvais sentir chacun des vifs battements de mon cœur.

La plupart des gens trouveront cela risible. Je suppose qu’ils ont raison d’y voir une forme de plaisanterie. Pour autant, ce qu’il faut comprendre de ce moment qu’il m’arrive encore de parfois revivre en songe, c’est qu’il représente et qu’il a représenté pour la jeune fille que j’étais, le point culminant d’une contraignante préparation. Passer des années à perfectionner une démarche et autant de temps à parfaire une simple révérence. Sacrifier chaque moment normalement consacré à l’amusement pour ne jamais se montrer inconvenante ou indigne. Apprendre à ne jamais rien laisser paraître de ses émotions, contrôler jusqu’au clignement de ses yeux. Se laisser façonner sans avoir seulement le choix de ses rêves. C’est là ce que nous endurons pour avoir le droit de nous tenir devant deux portes recouvertes d’or.
Alors bien évidemment, je n’oserais pas me plaindre des privilèges que ma haute naissance m’a accordés. J‘ai conscience de ma chance et j’en remercie les Trois. Je confesse néanmoins qu’en cet instant, j’aurais échangé ma place avec n’importe qui. Par crainte d’échouer sans aucun doute ou seulement parce que je me trouvais alors proche de ce que j’avais toujours imaginé comme mon unique but. Reste que ce moment figurait alors comme le plus angoissant de toute ma jeune existence.

Je venais de fêter mes seize ans. Ma robe, une merveille dont le buste avait été entièrement brodé et incrusté de petites pierres scintillantes, avait coûté le prix d’un palefroi. Une folie que j’ai toujours cru devoir à ma mère, mais qui n’avait pu être financée que par mon père. Je ne me fais aucune illusion quant à l'étalage de cette richesse qui ne devait servir qu'à confirmer l'existence de ma très confortable dot. J'étais en âge d'être mariée ou d'au moins prétendre à des fiançailles. D'ailleurs, c'était là tout l'enjeu de mon exhibition.
J'ignore si cette soirée a réellement porté ses fruits. Père n'a jamais fait étalage des négociations engagées suite à ma première apparition dans le monde. Il faut toutefois admettre que je me souciais très peu des promesses et autres propositions qui auraient pu lui parvenir au lendemain de ce bal. Mon choix était déjà fait.

Marin de Luynes était un jeune homme charmant. Grand et bien fait, il avait soigné son apparence et portait une tenue blanche qui lui donnait l'allure d'un prince. Bien des jeunes femmes cherchaient ce soir là à attirer son attention. C'est qu'avec ses jolies boucles blondes et ses yeux d'un bleu lumineux, il était tout simplement beau. Je ne lui ai accordé qu'une seule danse. Une valse qu'il me demandait le rose aux joues. Cependant, je n'ai plus jamais été la même. Mes jours, mes nuits, chaque nouvel instant de ma vie n'avait plus de saveur sans lui.

Père détestait Marin. Il l'estimait inintéressant, sans ambition et tout particulièrement fade. Il n'a jamais eu un mot gentil pour lui. D'après moi son aversion était liée aux origines de Marin. Ce dernier n'était que le deuxième fils d'un petit baron du Morguestanc. Un insignifiant banneret dont la fortune se résumait à quelques meubles précieux. Je suppose que Père ne le considérait pas digne d'épouser l'unique fille du Comte de Sabran.
Mère lui aurait probablement donné raison en d'autres temps. Cependant, alors que La Fange se trouvait à nos portes, je crois qu'elle tenait surtout à profiter de ce que la vie pouvait encore nous offrir de joie. Je ne saurais dire si elle était convaincue de notre fin toute proche. Je sais seulement, qu'à cette époque, elle a entrepris de dilapider partie de notre fortune en festivités et autres futilités.

Quoiqu'il en soit, ma mère est parvenue à infléchir les réticences de mon père et Marin a été autorisé à me rendre visite. Il le fit de manière régulière, une à deux fois par semaine, sous l'étroite surveillance d'un chaperon bien évidemment. Cette régularité a probablement joué en sa faveur. Père a fini par s'adoucir et Mère n'en a été que plus charmée par le jeune noble.
Pour preuve de son dévouement, Marin s'est engagé à soutenir les efforts de la milice. Il a d'ailleurs participé à l'une ou l'autre expédition hors les murs et est parvenu à se faire une solide réputation. Nos fiançailles ont été annoncées à l'arrivée des beaux jours. À quelques semaines du couronnement, nous discutions les derniers détails de notre union prévue en juin. Je me sentais amoureuse et j'en étais heureuse. Le bonheur tient finalement à peu de choses.

Au matin du 1er mai 1166, mon avenir m'apparaissait rayonnant. Même si nous souffrions de ce que la Fange avait modifié de notre quotidien, je me sentais chanceuse. Nous n'avions connu que peu de victoires contre le Fléau et souvent, ces dernières s'étaient faites au prix de nombreux sacrifices. Néanmoins et malgré tout, l'Espoir demeurait permis.
Je me trouvais avec mon fiancé lorsque les premiers cris de panique nous sont parvenus. Depuis l'estrade où nous avions pris place, nous avons assisté à un inexplicable mouvement de foule. J'ai d'abord cru à une nouvelle tentative d'assassinat préméditée contre notre Duc. J'aurais indubitablement préféré que ce soit le cas, mais j'avais tort. Je me souviens avoir poussé un cri à l'apparition du premier fangeux. Je savais leur apparence horrible, mais jusqu'à ce jour-là, jusqu'à cet instant, je n'en avais jamais vu d'aussi proche.
Très vite le chaos nous a encerclé. Aujourd'hui encore, je suis incapable de me souvenir autre chose que la folle impression de voir le monde déflagrer. Comme si la plus terrible des tempêtes venait d'assaillir la cité pour en faire déborder tout ce qu'elle pouvait contenir d'horreurs. Les pieds de notre estrade ne tardèrent pas à céder, emportés par la masse des gens qui tentait de fuir les monstres. Nous nous sommes effondrés parmi eux, sur eux et dans ce que je crois pouvoir qualifier d'enfer.

J'ai eu le sentiment de me retrouver dans l'oeil d'un cyclone. Au coeur d'une mêlée où je ne trouvais aucun allié. J'ai été bousculée, poussée, entraînée dans un flot de hurlements. Je crois même avoir été battue. J'ai appelé Marin, j'ai hurlé son nom la peur au ventre. Je l'imaginais sous les décombres de l'ancien podium, écrasé par la foule, aux prises avec un fangeux... Mais il m'a retrouvée. Il a attrapé mon bras et nous avons fui. Nous avons couru, la mort aux trousses, à travers les rues de la ville anciennement fleuries. Nous avons escaladé des barricades de fortune, rebroussé plusieurs fois chemin, marché dans d'immenses flaques de sang, et franchi de nombreux corps sans vie. Je crois que les images de ce carnage resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Au même titre que je me souviendrai toujours de cet instant, lorsque nous sommes arrivés aux pieds de la muraille qui devait contenir l'attaque.
Je ne m'explique pas l'attitude qu'a alors eu Marin. J'ai beau me rejouer la scène qui s'est déroulée sous mes yeux, je peine encore à la croire avérée. Pourtant, à chaque fois, je le vois arracher ce tout jeune enfant de l'échelle qu'il s'employait à gravir. J'entends sa voix devenue horrible, alors qu'il me poussait à prendre la place du garçonnet pour que nous puissions passer les premiers. Je sens toujours ses mains sur mes hanches, tandis que ses jambes repoussaient et frappaient les malheureux autour de nous. Oh Anür... Je goûte encore à la désillusion de le voir me tourner le dos.

Je n'ai pas escaladé cette échelle, mais Marin l'a fait. Il a grimpé les marches sans se retourner et sans probablement éprouver la moindre honte. De mon côté, j'ai sans doute été happée par la foule. Entraînée dans son tumulte et coupée de toute échappatoire. J'ignore comment, mais j'ai retrouvé le jeune garçon. Je suis restée avec lui. Je l'ai gardé dans mes bras pour lui éviter d'être noyé dans la foule grandissante. Tout s'est néanmoins accéléré lorsque les premiers fangeux sont apparus dans notre dos. La panique nous a certainement tous assailli. Les quelques miliciens qui se sont portés à notre secours n'ont pas réussi à repousser les créatures et ces dernières ont déferlé sur nous, étripant, griffant, et éventrant quiconque se trouvait à portée de leurs coups.
De toutes mes forces, j'ai porté l'enfant au plus haut contre la barricade, espérant que quelqu'un puisse le saisir. Des mains sont venues à sa rencontre et l'ont attrapé. Elles se sont ensuite tendues vers moi pour m'aider à grimper, mais cela n'a pas suffi et je n'ai pas réussi à éviter la poigne du fangeux qui avait saisi mon pied. J'ai été sévèrement blessée ce jour-là. Au niveau de ma cheville gauche, juste au-dessus du talon.

Pour autant et une fois de l'autre côté des barricades, personne n'a semblé se soucier de mon état. Les soldats s'afféraient à secourir le plus de personnes possible ou se trouvaient occupés à défendre les palissades érigées à la hâte. Ils n'avaient que faire d'une jeune femme échevelée et sale. D'ailleurs, je suppose que ma robe tâchée et déjà pleine de sang a très largement contribué à me rendre indiscernable dans la masse des victimes.
Il se dit qu'un animal blessé retourne toujours à sa tanière. J'ignore si cette vérité s'applique de manière universelle, mais elle s'est avérée exacte dans mon cas. J'ai marché jusqu'à atteindre l'Esplanade. Je me rappelle avoir parfois été aidée à tenir debout, mais je n'ai aucun souvenir quant au trajet que j'ai emprunté. Je me souviens seulement m'être effondrée sur le perron de notre manoir, avant de perdre connaissance.

Si j'avais alors pensé ne pouvoir vivre pire journée que celle-ci, je n'avais pas encore conscience de tout ce que l'attaque était parvenue à me prendre. J'y avais perdu mon fiancé ou plutôt l'image que je me faisais de lui, mais j'y avais aussi et surtout perdu ma famille. J'ai appris le décès de ma mère et de mes deux plus jeunes frères, trois jours après le couronnement. Mon père, qui avait été invité sur la tribune officielle, était vraisemblablement toujours en vie. Cependant, personne ne l'avait revu depuis la veille au soir.
En toute honnêteté, je me fichais alors de mon propre état. Je voulais seulement retrouver les miens. Revoir ma mère, mes frères et savoir où se trouvait mon père. J'ai pleuré. Longuement, plus que jamais auparavant et jusqu'à me laisser emporter par le chagrin.

Alors, lorsque cette nuit-là mon père a fait irruption dans ma chambre, j'ai d'abord cru à une nouvelle attaque. Je me souviens encore de son air grave et de sa mine lugubre. Depuis combien de temps n'avait-il pas dormi ? Il m'ordonna de prendre mes affaires. Le strict nécessaire uniquement, afin que nous puissions quitter la ville au plus vite. Je n'avais pas la moindre idée de ce qui se passait, mais ne m'obstinais pas à l'interroger inutilement. J'ai donc rassemblé le peu de biens que je pensais indispensables à mon confort pour le suivre.

Nous avons quitté Marbrume alors que le jour n'était pas encore levé, à la faveur d'une nuit sans lune et dans le plus grand des secrets. Notre escorte réduite au minimum se composait d'un seul garde chargé de me protéger et d'une prêtresse grabataire qui devait s'occuper de me soigner. Je n'ai jamais su comment mon père les avait convaincu de nous accompagner. J'ai toujours supposé qu'il les avait très largement rétribué, comme j'ai imaginé qu'il avait grassement payé les gardes qui nous ont permis de quitter la cité. Cependant et depuis cette nuit-là, ils ne nous ont jamais quitté. Tout du moins pour ce qui concerne Valent puisque Lucile est décédée quelques mois après notre arrivée à Chanteloup.
Le domaine de chasse des Choiseul avait été mon terrain de jeu lorsque j'étais enfant. Je m'y sentais chez moi, malgré ce que la Fange y avait apporté de changement. Je suis restée cloîtrée plusieurs semaines, des mois en vérité. Une très longue période pendant laquelle j'ai reçu les soins nécessaires à mon bon rétablissement. Marin n'est plus jamais venu me voir. Même si mon père ne l'a pas clairement confirmé, j'ai saisi que mon nouvel état avait mis un terme à nos fiançailles... L'amour tient finalement à peu de chose.

Il m'a fallu un certain temps pour accepter cette sentence, mais sans doute est-ce mieux ainsi. J'ai au moins appris de mon erreur. Alors et même si mon coeur brisé n'a pas eu l'occasion de se reconstruire, j'ai supposé trouver ici un nouveau sens à ma vie. J'ai découvert un nouveau au dehors des murs de la cité-refuge et loin de l'Esplanade. Un monde où les pauvres gens et les démunis devaient se battre durement pour survivre. J'ai imaginé pouvoir contribuer à leur survie et j'espère encore avoir l'occasion de me rendre utile. Alors je désobéis encore et très régulièrement à mon père. Je m'échappe de la prison qu'il a imaginé comme un cocon sécuritaire et m'efforce d'apporter de mon aide à ceux qui se trouvent dans le besoin.



Derrière l'écran


Certifiez-vous avoir au moins 18 ans ? En effet !

Comment avez-vous trouvé le forum ? Par l'intermédiaire d'une amie.
Mon pseudo est un indice.

Vos premières impressions ? La communauté a l'air sympathique !

Des questions ou des suggestions ? Plus de fluff !

Souhaitez-vous avoir accès à la zone 18+ ? Oui... Mais ne le dites pas à mon père  Embarassed




Dernière édition par Esmée de Sabran le Jeu 22 Sep 2022 - 19:13, édité 76 fois
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Morgred PêcheurPêcheur
Morgred Pêcheur



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MessageSujet: Re: Esmée de Sabran[Validée]   Esmée de Sabran[Validée] EmptyVen 22 Oct 2021 - 6:42
Officiellement : bienvenue, Esmée ! :]
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Desmond de Rochemont
Desmond de Rochemont



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MessageSujet: Re: Esmée de Sabran[Validée]   Esmée de Sabran[Validée] EmptyVen 22 Oct 2021 - 11:27
Salut,

Bienvenu à toi et bon courage pour ta fiche.

A bientôt
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https://marbrume.forumactif.com/t5332-desmond-de-rochemont-carri
Cécilia ValclairChasseuse
Cécilia Valclair



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MessageSujet: Re: Esmée de Sabran[Validée]   Esmée de Sabran[Validée] EmptyVen 22 Oct 2021 - 19:17
Bienvenue ! Bon courage pour la suite de ta fiche ! Très jolie ava o/
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MessageSujet: Re: Esmée de Sabran[Validée]   Esmée de Sabran[Validée] EmptyVen 22 Oct 2021 - 21:15
Bienvenue, même si déjà dit sur la CB ! C'est vraiment sympathique de voir plus de nobles débarquer sur Marbrume !
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Esmée de Sabran[Validée]   Esmée de Sabran[Validée] EmptySam 23 Oct 2021 - 12:51
La bienvenue, noble bannie .
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InvitéInvité
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MessageSujet: Re: Esmée de Sabran[Validée]   Esmée de Sabran[Validée] EmptyDim 24 Oct 2021 - 18:46
Merci beaucoup pour vos gentils messages.

J'ai très hâte de vous rejoindre en RP Wink
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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: Re: Esmée de Sabran[Validée]   Esmée de Sabran[Validée] EmptyVen 29 Oct 2021 - 23:45
Bonsoir Esmée ! Tout est bon pour moi, voici ta carrière, avec ta carte de collection et ton suivi de succès. Par ici un coin où demander un rp. Et un endroit pour créer un journal et noter toutes tes aventures !

N'hésite pas si tu as besoin d'aide dans quelque chose, et bienvenue officiellement parmi nous !
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MessageSujet: Re: Esmée de Sabran[Validée]   Esmée de Sabran[Validée] Empty
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