La solitude est un bien fort rare quand on est une catin (Hugues et Alexandre)

La semaine avait été mauvaise. Le baron et le vicomte de Terresang avaient mené une mission de repérage autour du baraquement leur servant de base avancée, non loin de Marbrume. Ils avaient pour objectif de nettoyer le plus possible la zone des fangeux, de trouver et d'escorter de possibles réfugiés ainsi que de récupérer le plus de ressources possibles, viande, bois, blé venant des anciens champs en friche. Le projet tourna court tant la malédiction de la Fange les accabla, ils durent laisser beaucoup de bon gars là-bas, dans les marais, sans pouvoir brûler leurs corps. D'anciens compagnons d'armes qui viendraient bientôt aggraver la plaie de la région. La mission fut donc un cuisant échec, beaucoup plus de pertes que de gains, aussi les deux comparses rentrèrent en ville abattus et exténués. Le vicomte eût la bonne idée de proposer une séance dans les bains chauds, qui permettraient d'expulser tant les mauvaises pensées que la fatigue physique.

Hugues n'y avait encore jamais mis les pieds, après tout, en tant que noble vivant à l'Esplanade, il possédait son propre bain, mais l'idée de s'y rendre le séduisit tout de même. Voir des sangs-bleus se décrasser au côté des pouilleux, voilà qui inspirerait le peuple ! En tout cas le baron aimait y croire. L'endroit semblait d'une autre époque, souvenir d'une grandeur passée, avec ses piliers de marbre et ses mosaïques peignant des scènes légères et heureuses. Cela détonnait presque avec la morosité constante de Marbrume. Mais qu'importe, pour une fois, il aurait le loisir de se vider la tête de toutes ses inquiétudes permanentes.

Le bain lui fit du bien, il conversa avec le vicomte comme avec d'autres roturiers présents, de bons bougres, ouverts et optimistes, denrée rare ces temps-ci. La chaleur des bassins se livrait un combat à mort avec le froid de l'hiver déjà installé, et le résultat fut cette brume opaque qui envahissait tout l'établissement, si opaque que l'on avait dû mal à voir devant soi. Couplée au sol humide et glissant, les clients déambulaient dans l'office comme des animaux un peu gauche. La scène pouvait prêter à rire, si tant est que l'on discerner la moindre silhouette dans ce brouillard enivrant.

Et visiblement, les deux nobles n'étaient pas les seuls gênés par la vapeur, car une grande rousse vint percuter le blond barbu. La jeune femme recula sous l'impact et se confondit en excuses.

 « Du calme ma douce, du calme, c'est un endroit fait pour se détendre non ? »

Il lui sourit, même s'il ignorait si la catin pouvait le voir. Entre la brume et la barbe, il fallait avoir le regard perçant ! À mesure qu'il tentait de déchiffrer le visage en face de lui, il se rendit compte que ses yeux rouges pleuraient. Il regarda alors le vicomte, interloqué, avant de reprendre.

 « Allons, allons, une femme aussi belle que vous ne devrez pas pleurer, que vous arrive-t-il ma chère ? »

En effet, cette semaine avait été mauvaise .. j'avais avec mon compagnon d'armes, Hugues de Noblecoeur, monter une expédition de repérage et de nettoyage dans les alentours de notre poste avancé situé dans les Marais … malheureusement, nous n'étions pas préparé à une riposte massive de la Fange … dans cette expédition, je perdis un de mes meilleurs guerriers et amis .. le Garde de Sang, Olar de Gangresang … il fût décapité par un groupe de Fangeux et nous avons omis de brûler tout les corps des hommes que nous avons perdus .. repeuplant les Marais de quelque créatures de plus.

Je proposais à Hugues, une baignade dans les Thermes du Temple de la Trinité .. j'en avais plus que besoin après ces deux mois de guerre contre la Fange et contre mes démons intérieurs, j'étais tout à fait exténué et je devais me détendre avant de mourir moi même de stress.

Nous étions dans un bassin en compagnie de trois personnes venant du peuple ; la conversation allait bon train, je discutais avec un trentenaire victime de la Fange et qui voulait plus que tout, venger sa fille tuée par un Fangeux. Hm … je lui proposais un poste dans le Soleil Bleu et il accepta immédiatement. Je souris à l'homme puis je regardais Hugues, il sortais du bassin mais avec le brouillard de vapeur d'eau chaude on avait du mal à voir un quelconque mouvement.

Quand une jeune rousse vint s'aplatir sur le torse de mon compagnon et qu'elle s'excusa maladroitement , je me mis à sourire quand Hugues fit la remarque :

 « Vous avez le don de vous trouvez des admiratrices même dans les lieux les plus improbables, Hugues Haha.

Quand je discernais le visage de la jeune rousse qui avait les yeux rouges tant elle avait pleurée, je regardais le jeune baron avec un air interrogateur et je vis deux grands hommes s'approchaient à grand pas de nous. Je me mis alors devant la catin et je dis :

 « Hola messieurs, qu'avez vous donc à courir ? Nous sommes dans un lieu public, voyons ! Pas dans les marais. Que voulez vous à cette jeune demoiselle ? »

La jeune femme se cogna contre quelqu'un de plus grand, plus fort et bien plus âgé. Un homme sans aucun doute. Alors qu'elle s'attendait à se faire frapper, une voix qui se voulait rassurante l'accueillit. Il fallait qu'elle se calme... Après tout... Après tout elle n'avait rien fait de mal. Malgré la brume, il semblait avoir vu les larmes qui avaient roulé sur ses joues. Tant de douloureux souvenirs qui remontaient à la surface... Elle essaya tant bien que mal de se calmer et, fébrilement, elle s'enroula dans sa chemise en lin pour cacher du mieux qu'elle pouvait sa nudité.

- Je... Euh... Ce n'est rien... Une histoire de famille.

Mais pourquoi avait-elle lâché ça ?! L'émotion lui faisait vraiment dire tout et n'importe quoi ! Pourquoi ne pas crier tout haut sa parenté tant qu'elle y était, ça aurait été plus rapide et moins compliqué ! Dans un hoquet de gêne elle plaça sa main devant la bouche.

- Oh non Messire oubliez ce que je viens de dire.

Alors qu'un deuxième protagoniste, sans doute ami dudit sieur qu'elle avait percuté tantôt, se manifestait, elle entendit les deux hommes qu'elle avait surpris se rapprocher à grands pas. Alors que le second arrivant se plaçait entre elle et les agresseurs potentiels, elle se raccrocha à la seule chose qu'elle avait gardé sur elle : sa parure en argent.
L'un des deux hommes pointa son index sur elle en lâchant d'un ton méprisant et violent.

- Il y a que cette demoiselle a une fâcheuse tendance à écouter ce qui ne la concerne pas !

Confuse et encore sous le choc de la révélation, Satine balbutia pour se défendre, ayant perdu toute l'assurance qu'elle portait habituellement.

- C'était un hasard malheureux je vous assure... Jamais je n'ai...

Le second lâcha d'une voix plus forte.

- Silence gamine ! N'essaie pas de nier, nous t'avons vue ! Aurais-tu quelques comptes à régler avec notre ami De Marchellier ? Il avait l'air de t'intéresser...

La jeune femme devint rouge. Entendre ainsi le nom de son père la rendait complètement folle. Ses mains crispées sur le fin collier d'argent tremblaient plus que jamais alors qu'elle secouait la tête comme pour se retenir de leur sauter à la gorge.

- Arrêtez ! Ne prononcez pas ce nom !

Les habitants qui venaient les chasser, le feu dans la campagne et la silhouette de ce vieux château au loin... Il les avait certainement vues ce soir là et il n'avait rien fait. Il avait eu vent de l'épidémie et il n'avait rien fait. Sa mère était morte en disgrâce alors qu'elle avait fait tout son possible pour protéger les habitants de la châtellerie... Et il n'avait pas levé le petit doigt. Ce nom ouvrait trop de blessures dans son coeur de jeune femme. La mort de la seule personne qui l'avait aimée, l'absence d'un père dont elle aurait eu besoin, l'abandon... Il n'y a pas pire pour un enfant que d'être rejeté par son propre géniteur puis de recroiser son chemin. Elle qui pensait avoir tout oublié...

Alors que les voix s'échauffaient, elle profita du rempart que constituait les deux hommes pour s'enfuir en sens inverse. Mais la chaleur et l'humidité la firent glisser et elle perdit au passage l'un de ses précieux bracelets, a l'intérieur desquels une discrète pièce d'armoiries était gravée.
Quant à Satine, sa glissade ne la projeta que quelques mètres plus loin mais totalement sonnée par le choc, elle peinait à se relever.

Je regardai les deux hommes, puis Hugues. Ces deux hommes voulaient s'en prendre à la jeune femme. L'un d'eux l'accusa d'écouter les conversations, elle répliqua qu'elle ne voulait pas mais l'autre, remit le couvert. Je me mis alors à dire :

 « Holà ! Vous parlez à une jeune demoiselle, messires. Vous semblez oublier vos bonnes manières . Déguerpissez avant que MOI, je n'oublie les miennes de manières. Allez zou !

Je vis alors la jeune femme devenir rouge lorsque le Noble prononça le nom « De Marchellier » puis cria qu'elle ne voulait pas entendre ce nom et partit en courant dans l'autre sens. Malheureusement elle tomba sur le sol glissant en faisant tomber un bracelet. L'un des deux hommes allait s'approcher de la jeune femme au sol quand je m'avança un peu plus et je dis :

 « Je suis le Vicomte Alexandre de Terresang, émissaire du Duc Sigfroi de Sylvrur, si vous ne voulez pas que ce dernier en soit informé, déguerpissez ! Où alors, je vous jure sur les Trois que je risque d'oublier mes manières.

Les hommes se regardèrent puis partirent de l'autre sens, leur rage contenue. Je me dirigea alors vers la jeune femme encore étendue au sol, je ramassai le bracelet à côté d'elle et porta la jeune femme au passage je passa par les vestiaires pour prendre ses vêtements.

Une heure plus tard, j'étais rentré dans ma demeure, je vis la jeune Baronne Kira de Haldonores partir au même moment, je lui souris puis j'allais dans mon cabinet ou j'enveloppa la jeune femme dans un drap puis mis ses affaires à côté d'elle, j'ordonna aux serviteurs d'amener quelque chose de chaud et consistant pour le poser sur la petite table qui se trouvée à côté du divan où était allongée la jeune femme. Je regardais alors le bracelet lorsque la jeune femme se réveilla, j'étais à mon bureau et je le regardais avec un sourire

 « Bonjour, Mademoiselle. Bonne sieste ?

Satine se réveilla dans un écrin chaud et doux. Doucement, ses yeux s'ouvrirent sur une pièce relativement cossue et bien éclairée. Elle était enveloppée dans une grande serviette et ses vêtements étaient près d'elle... Doucement elle essaya de se relever quand soudain, une voix mûre et chaude la fit sursauter.
Fébrilement, elle se recouvrit de la serviette autant qu'elle put en rougissant et posant nerveusement une main sur sa cicatrice ancienne, au niveau de l'oeil.

- Je... Euh...

Elle reconnut l'homme. Il l'avait aidée tout à l'heure aux thermes, avant qu'elle ne s'enfuie.

- Oui... Merci de... De ne pas m'avoir laissée là bas, ma maladresse est impardonnable....

Elle se rappelait la discussion qu'elle avait surprise, les nouvelles de son père et puis sa chute... d'ailleurs, où était son bracelet ? Elle commença à le chercher fébrilement avant de s'apercevoir qu'il l'avait entre les mains. Soudain elle pâlit. Sans nul doute avait-il eu le temps de l'examiner et d'en apercevoir les armoiries...

- Monseigneur... Si cela ne vous ennuie pas j'aimerais beaucoup récupérer ce bracelet... Je... J'y tiens énormément.

Une possession de telle valeur pour une fille du peuple n'était pas sans éveiller les soupçons, évidemment. C'est pourquoi elle se sentit obligée d'ajouter avec aplomb.

- Même si cela peut paraître étrange je ne l'ai pas volé. C'est un don de ma mère.

Gênée par sa nudité dissimulée seulement par une serviette, elle souhaitait se changer.

- Pardonnez moi si je vous paraît cavalière mais... Je... Je voudrais pouvoir m'habiller.

La jeune femme semblait déroutée. Après tout, se retrouver envelopper dans un drap dans un bureau avec un noble à son réveil, il y avait de quoi l'être. La jeune Satine se justifia. Je l'arrêtai d'un geste de la main droite.

"Haha. Ne vous inquiétez pas mademoiselle. Moi même, je sais être maladroit. Dans votre sommeil, j'ai bien failli vous ébouillanter en amenant cette écuelle de soupe.

Je me mis alors à sourire, elle semblait réfléchir, sûrement aux événements passés, elle cherchait quelque chose. Son regard se posa sur ma main gauche. Elle semblait paniquée. Mais pourquoi ? Fait-elle partie de la Maison de Marchellier ? Et si c'était le cas, pourquoi voulait-elle ne pas être découverte ? Je mis alors le bracelet sur le bureau.

"Mais bien sûr, reprenez le."

Je la regardai toujours avec un sourire et je croisa mes mains sur le bureau. Je lui dis alors avec un ton qui se voulait décontracté.

"Allons Mademoiselle. Ai-je l'air d'un Milicien ? Vous n'avez pas à vous justifier. Mais une chose me turlupine ... ces deux "gentilshommes" qui vous pourchassaient sous prétexte que vous aviez écouté une conversation concernant cette famille ... ah mais oui allez y.

Je me levai alors puis je me retourna alors vers la fenêtre de mon bureau et je continua à lui parler.

"Après vous dîtes au Baron que ce n'est qu'une affaire de famille et quand l'homme vous dit que vous devez avoir un problème avec la dite famille, vous vous enfuyez. Vous faîtes tomber un bracelet dans votre chute où j'aperçois les armoiries de la dite famille et maintenant ... Je me retourna quand elle eut fini de s'habiller "Et maintenant vous me dîtes que ce bijou, vous a était offert par votre mère. Qui êtes vous mademoiselle ? Et ne me mentez pas, s'il vous plait. Je suis là pour vous aider et non pour vous mettre la corde au cou.

La jeune femme se rhabilla alors que l'homme lui tournait le dos tout en lui parlant. Elle rougissait un peu. Effectivement elle s'était mise dans le pétrin toute seule... Mais peut-être que parler à cet homme la libérerait d'un poids ? Elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance...
Doucement, avec une grâce et un maintien égal à celui d'une duchesse elle se rassit et saisit le bol de soupe qu'il avait laissé à sa disposition. Elle en but un peu et le remercia d'un signe de tête avant de lâcher un sourire gêné.

- Je conçois que tout cela ne doit pas vous apparaître très clairement... En réalité, ma mère était herboriste. Elle vivait sur le territoire de Sieur de Marchellier... Cet homme... Cet homme est mon père. Il n'a jamais été satisfait de son épouse et je crois... Je crois qu'il nous a un jour aimées, ma mère et moi. D'ailleurs, il lui avait offert cette parure qu'il gardait dans sa famille depuis des générations.

Elle baissa les yeux et repris plus doucement, le passage le plus douloureux de sa vie.

- Quand j'étais petite... Je ne me rappelle plus bien de mon âge à l'époque, il y a eu une épidémie. Ma mère a fait tout ce qu'elle a pu pour soigner le village mais elle n'a pas réussi.

Elle soupira et releva ses yeux en essayant de faire bonne figure même si sa voix tremblait.

- Vous savez comment sont les gens en temps de crise... Il leur faut un bouc émissaire. Ils nous ont chassées et ont tout brûlé chez nous. Ils traitaient ma mère de sorcière et ils ont voulu me tuer, ils disaient que j'étais la progéniture d'un démon. J'en garde d'ailleurs un joli souvenir.

Non sans ironie, elle désigna la balafre qui parcourait son oeil.

- Mon père n'a pas levé le petit doigt pour nous venir en aide ce jour là. Nous avons dû fuir et errer longtemps, jusqu'à-ce que ma mère ne succombe à son tour. Puis j'ai dû me débrouiller seule.

Elle termina sa soupe et le regarda, un peu plus sûre d'elle.

- Voilà, vous savez tout. Je m'appelle Blanche et je suis la fille illégitime d'un châtelain sans héritier. Quel beau revirement de situation vous ne trouvez pas ?

Sa voix, bien que douce, cachait des relents d'amertume et de tristesse.

La jeune femme semblait hésiter à me répondre , elle rougissait même légèrement. C'est alors qu'en buvant un peu de soupe que je lui avait apporté, elle commença à me parler de sa misère. La révélations qu'elle me fit me faisait ni chaud ni froid.

Cette jeune femme était la fille bâtarde de Bohort de Marchellier. Je ne portais pas cette homme dans mon coeur. Il n'était qu'un faible, même pas un homme. Tout pour éviter un quelconque affrontement et garder ses terres.

Elle m'expliqua alors plus clairement la situation. Son village fut en proie à une violente épidémie... Évidemment, il fallait un bouc émissaire , c'était toujours ainsi. En faisant cela la populace se rassurait en se disant qu'en sacrifiant quelqu'un, la colère divine s'arrêtera.

Elle me fit savoir également que son père n'avait rien fait ?! Plus je connaissais cette homme, plus il me sortait par les yeux. Cet individu n'était rien. Il meritait de perdre ses terres. Hum ... Une idée me vient alors. La jeune femme était donc châtelaine de par son Sang même si elle était illégitime , on pourrait toujours s'arranger pour qu'elle le soit. Je la regarda alors avec un sourire puis je dis tout en m'asseyant à mon bureau

''Voulez vous un vrai retournement de situation ? Eh bien ... Si vous m'y autorisé , je vous ferai légitimé par les hautes instances de Marbrume. Vous dites ce que vous venez de me conter au Duc. Vous lui demandez les Terres qui vous revienne, tout en chassant votre incapable de père et votre belle mère. Et vous récupérez vos terres. Voilà ce qu'est un véritable retournement de situation. Alors qu'en dites vous ?

Devant les paroles du noble, Satine resta blême. Est-ce qu'elle voulait vraiment tout cela ? Oui elle détestait son père mais avait elle pour autant envie de le voir ruiné et ridiculisé ? Non... Cela ne lui ramènerai pas sa mère... Et comment pourrait-elle gérer un domaine à elle seule ? Et puis... Est-ce que tout ceci était légal ? Elle ne connaissait que peu de choses en politique mais elle trouvait cela étrange qu'une ribaude puisse ainsi arriver dans la noblesse. Confuse, elle bafouilla.

- Vous êtes trop bon Sire de Terresang mais je ne me sens pas de taille à devenir chatelaîne... Cependant j'aimerais bien obtenir audience auprès de mon père. Je ne veux pas de sa place et de ses terres, je veux juste qu'il me regarde comme la fille qu'il a perdu.

Satine se releva et posa délicatement le bol.

- Qu'éventuellement il puisse me reconnaître et me verser une rente serait déjà bien au delà de mes espérances... Mais pensez-vous seulement que l'on m'accordera audience ? Et ses terres sont, dans mes souvenirs, bien loin de Marbrume... Comment ferions-nous route jusqu'à lui ?


La jeune femme sourit à son bienfaiteur, le sourire le plus sincère du monde.

- Je vous remercie de m'aider Messire. Votre aide m'est on ne peut plus précieuse. Comment comptez-vous donc organiser tout ceci ?

A ses paroles, je me mis à sourire. Elle avait du cran la petite, narguer le paternel, lui faire voir l'héritière qu'il n'aura jamais. J'aimais l'audace de la jeune femme, elle lui demandera une rente ... profitant de l'apitoiement de son père, profitant de sa faiblesse .. hum .. oui, bien.
Mais est-ce que on lui donnera audience ? Avec moi et une escorte conséquente, je le pense oui. Je me servis alors une coupe de vin et je la regarda avec un sourire:

"Nous ferons route de jour, bien entendu. Il faudra un beau soleil et nous n'aurons point d'ennuie avec la Fange. Nous irons en convoi et une escorte minimale mais assez conséquente pour montrer l'importance de notre visite.

je bus alors une gorgée à ma coupe et je dis:

"J'ai beaucoup à faire avec le Soleil Bleu dans les jours qui vont suivre. Le mois prochain cela vous conviendrait-il ? Je préparerais un convoi avec une escorte assez conséquente, et avant de partir, je vous donnerais des habits faisant assez noble. Quand à votre père, il sera prévenu qu'un émissaire du Duc, moi en l'occurrence viendra inspecter son château. Cela lui donnera assez bien la pression, je le pense.