Marbrume



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 Dans l'antre du Dragon

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MessageSujet: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyDim 22 Mai 2022 - 20:32
14 Avriil 1167


Dans l'antre du Dragon Ksfr
Jotul


La nuit était douce, la nuit était fraiche, la nuit était noir, ténébreuse, opaque et sans lune. Très haut, la multitude cotonneuse formait un écran de fumé parfait, masquant les rayons d’un astre déjà haut et blafard. Une vrai nuit de voleur, une nuit ou le sang et la violence pourrait se répandre en se cachant aux yeux des bienheureux ; une nuit ou il ne fallait pas être dehors, quand on ne possédait pas un long coutelas à sa ceinture et de solides pieds au bout de ses guibes. Autrement dit, pas le genre de moment appréciable, pas le genre d’instant rêvé, plutôt celui issu d’un cauchemar lent ou le réveil ce faisait attendre. Mais aucunes utopies, aucunes chimères en cet instant, juste la pure, simple et facile réalité.

Malgré cela, les venelles étaient particulièrement calme ; quelques rats se battaient dans les coins sombres et s’extirpaient en piaillant avant l’arrivé des gros matous qui les avaient pris en chasse. Un chien famélique à trois pattes s’évertuait à gratter le sol à le recherche d’un os à se mettre sous la dent, sans résultats. Les rares bourrasque faisaient volter une enseigne qui ne tenait déjà que par miracle. On aurait put croire la cité morte, mais d’ailleurs, ne l’était-elle pas dans un sens ?
Se gosant dans sa propre merde, faisant « comme si » alors qu’en réalité, il ne restait plus un putain d’espoir dans ce bas monde ? A l’extérieur, plus rien ne respirait, le monde était au mains des morts. Comment le savait-il ? Parce qu’il l’avait vue.




Lui, celui qu’on remarquait mais qu’on oubliait vite, qu’on cherchait à oublier même. Lui l’ombre sans nom mais à forme. Lui, celui qui hantait les ruelles et qui, sous ces paisibles cieux, était l’architecte des peurs primaires des bonnes gens. Missionné par son Maître, comme toujours, il patientait. Il était le croque-mitaine qu’on craignait dans les allées sombre, il était la bête qui se cachait derrière les murets, il était celui qui se nourrissait de la violence et du sang.
Personne n’appréciait sa compagnie, sauf le Dragon. Cet être qu’il haïssait autant qu’il aimait, ce presque père qu’il n’avait vu et pourtant qu’il aurait put écraser d’un revers de la pogne. Pas bien futé, il l’était pourtant assez pour savoir reconnaitre ses faiblesses, la jugeote en faisant partit. Alors, il avait décidé de n’être presque que des bras, laissant le soin à un plus malin que lui la réflexion et la planification.
Ce soir le plan était simple : récolter.

Patientant dans l’ombre du Cochon qui pète , réussissant à se camoufler en une porte de grange, il l’avait déjà vue passer et il devinait qu’elle repasserait par là. Comme le furet de la comptine, ce satané furet qu’il aurait apprécié becter. S’étant figé comme une statue, son bras armé prêt à frapper.
Un manant passa d’abord, un miséreux qui ne fit même pas attention à lui et qui empestait la gnôle. Un second quelques temps après, tirant un mulet pas assez réveillé. Puis enfin, elle vint. Frêle et grelotte, vive. Il avait fait tombe au sol un sous d’or, ostentatoire récompense qui brillait dans la nuit même sans lune. Elle ne pourrait pas résister à la tentation, aucuns n’y arrivaient.
Elle tomba dessus, se pencha pour l’observer et s’apprêta à le saisir

«  Eh. » Souffla t-il pour la surprendre.

Son visage poupon, empli d’excitation et de surprise n’eut pas le temps de comprendre, ni d’accueillir la peur. Il la cogna avec un gourdin, un coup léger, mais assez pour l’assommer le temps qu’il faudrait.






Dernière édition par Fafnar le Dverg le Ven 17 Juin 2022 - 8:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyMar 24 Mai 2022 - 12:41


La taverne avait été ouverte jusque très tard dans la nuit.

Jusqu'à une heure avancée, les ribaudes avaient aguichés les coupes-jarrets, voleurs, contrebandiers, malandrins et pauvres hères en quête de perdition en tout genre. La grande salle bien chauffée avait résonné d'éclats de rire gras, de cris et de quelques bagarres devant les tables de jeux : c'était toute une population bigarrée et hétéroclite, réunies devant la débauche et la déchéance, qui tentait alors de trouver une proie, de fuir leur misère ou leur labeur sans se préoccuper du temps qui passait.

Dans cette foule, une petite fille en haillon travaillait de son mieux. La fatigue et la fumée lui piquait les yeux, alors qu'elle ramassait les choppes vides sur un gros plateau qu'elle tenait à deux mains de peur de tout lâcher ; à la lumière des chandelles, les cheveux tressés comme à l'ordinaire, elle se faufilait parmi les adultes avec maladresse, récoltant parfois quolibets, tapes dans le dos et commentaires orduriers.

Margaux n'y prêtait plus guère attention. Ce qui était horrible, choquant et effrayant s'était normalisé, et elle avait rapidement compris qu'en devenant invisible, en murmurant de plates excuses - quand bien même elle n'avait rien fait - la populace mâle la laissait souvent tranquille, l'oubliait comme la petite souris qu'on lui demandait d'être. Mais ce soir faisait exception.

Deux hommes enivrés lui firent lâcher un plateau entier de nourriture qu'elle avait déjà du mal à garder droit tandis qu'elle boitait lourdement, pour la forcer à ramener des boissons qu'ils jetèrent par terre, sur les sabots de l'enfant. Le liquide alcoolisé lui coula entre les doigts de pieds, et elle se mit à les invectiver avec tout le savoir accumulé en deux longues années de déchéance.
Les hommes du gang finirent par s'en mêler, car un client qui payait ne pouvait être lésé, surtout par leur petite "protégée", et elle finit par échouer dans l'arrière salle, où trônait le Sanglier qui se faisait masser par une femme de petite vertu.

La gamine en ressortit couverte d'ecchymoses, le pas vacillant. Le regard rasant le sol, elle savait qu'elle devait absolument se rattraper rapidement. Le Sanglier lui faisait peur, très peur ; et il n'admettrait pas qu'elle leur fasse perdre plus d'argent.
Peu importait alors que le quartier fut plus dangereux encore la nuit : elle n'avait pas le choix. Un petit sac dans les mains, elle s'enfonça dans les ruelles, se rendit à une demeure non loin.
Son handicap s'était accentué avec la fatigue, et le retour fut plus lent, plus difficile. Elle rasait les murs pour éviter de se faire remarquer de la faune du Goulot, quand elle vit, à la lueur d'une torche, un gros sou d'or briller entre les pavés.

Margaux retint sa respiration, sourit avec avidité. Un sou d'or, tout à elle ! Enfin, la chance lui souriait, enfin ! Elle eut du mal à ne pas retenir un gloussement de bonheur ; mais alors qu'elle le saisissait, une silhouette émergea de l'ombre. Puis ce fut le noir total, alors qu'elle s'écroulait sur les pavés humides.

****

Une terrible douleur tambourinant l'intérieur de son crâne la fit gémir doucement. Elle tenta d'entrouvrir les yeux, ne distingua qu'avec peine un tissu marronnasse, dont l'odeur étrange la fit éternuer, avant de tenter de gigoter. Sa tête lui sembla vibrer de souffrance, et elle se renfonça dans un semi-coma, incapable d'aligner une pensée cohérente.

Etais-ce Sanglier qui se montrait plus fâché qu'à l'ordinaire ?!


Dernière édition par Margaux de Piana le Mar 24 Mai 2022 - 16:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyMar 24 Mai 2022 - 16:17




Il existait en Hendoire une contine narrant les aventures d’un homme et d’une femme ayant fait la rencontre d’un petit peuple. Ces derniers étaient les gardiens de la montagne, racontait la chanson, et ils protégeaient ses sentes des différents agresseurs venus des cités et de l’extérieur. Pourquoi donc ? Car dans les boyaux et caverne du mont, dormait un tas de richesse sans nom. Mais, au hasard d’un égarement, l’homme et la femme surprirent les gardiens chassés de leurs monts. Ces derniers leurs racontèrent comment, ils furent expatriés par la force, mis sur les routes sous l’assaut d’une terrible créature. Le petit peuple promit, grande récompense si l’homme et femme chassait la créature. Pour sûr que les humains acceptèrent, trop attiré par l’attrait du gain et du pouvoir. Ils se mirent en quête du mont, franchirent ses portes et trouvèrent la bête assoupie. Il s’agissait la d’un antique dragon, vieux et gras, ayant décidé de prendre pour paillasse, le lit d’or et de pierrasses. Son souffle rauque faisait luire la nuit et chassait la fumé aux alentours, terrible volcan de souffre à l’odeur insoutenable. Mais malchance pour lui, il avait fait bombance et dormait sur le reste de sa pitance. Alors homme et femme unirent leurs forces pour pourfendre d’un coup en plein coeur le vénéré dormeur. Trépassant presque sans un cri, il s’éteint sans vie, transformé en tas de cendre pour l’éternité. Le petit peuple revint et firent Roi et Reine des hommes, l’homme et la femme qui tendirent pour eux la main. Ainsi naquit la lignée des ducs d’Hendoire, fondant dans le sang et la mort, leur dynastie dans l’histoire. Une belle histoire possédant une belle fin, que mère et nourrice conte aux bambins.

Mais aujourd’hui, dans cette antre sans nom, il n’existait ni belles proses, ni belles paroles et encore moins de belles fins. La ou avait atterrit la gamine, ne régnait que la sueur et la peur. Dans ce conte qui était entrain de s’écrire, c’était le Dragon qui gagnait et qui finirait par dévoré sa proie si cette dernière n’obtempérerait pas.

«  Léveil toi. » susurrais je d’une blanche en retirant la cagoule de jute qui obstruait la vue de la malandrine. Comme à chaque fois, ils mettaient tous un temps certains à revenir à eux, puis à prendre conscience de l’endroit ou ils se trouvaient. Autrement dit, une cave voutée qui fleurait bon champignons et humidité, aux murs couverts de salpêtre et de moisissures. Eclairé par une unique flammèche, les ombres mouvantes me parcouraient et reflétaient ma carrure chtonienne.

D’un revers de paluche, je lui frappais la joue pour qu’elle se réveille plus vite ; la patiente n’avait jamais fait partie de mes attributions quand il s’agissait que l’on réponde à ma question.

«  Ton nom, gamine. »

Elle pouvait m’observer et voyait sans conteste le nain que j’étais. Je savais que bientôt la moquerie surgirait d’entre ses lippe. Mais elle ne durerait pas.
Elle ne durait jamais.




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MessageSujet: Re: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyMar 24 Mai 2022 - 17:23


Une voix mâle, lointaine et comme étouffée, résonna à ses oreilles.

Le tissu râpeux de la jute lui écorcha la peau encore tendre de son front lisse, mais la tête lui tournait. Une légère nausée montait, provoquée par la douleur lancinante provenant de sa tempe droite. Lentement, l'enfant se sentait revenir à l'état de conscience, mais la gifle la fit irrépressiblement sursauter.

D'un seul coup, Margaux ouvrit ses yeux d'azur, inspira la profonde odeur de pourriture et de renfermé du souterrain, promena un regard hagard sur les voûtes couvertes de mousse, puis sur le nain presque difforme, au physique ingrat, qui lui faisait face.
Son esprit mit quelques secondes à comprendre que l'individu venait de lui demander son nom. Mais, sans répondre, elle tenta de se dresser sur ses pieds, alarmée, alors même qu'elle ne savait pas où elle se trouvait.

Cela ne semblait pas avoir beaucoup d'importance au demeurant : elle savait qu'elle ne devait pas être ici , et cela suffisait bien !

L'enfant prit son élan pour se sauver bien vite ; et tomba brusquement à la renverse, tête la première, sur la rude surface pierreuse du sol. Elle poussa un hurlement de douleur et de surprise, fixa son pied avec une stupeur visible.
Une grosse corde de marin enserrait la cheville, elle-même reliée au mur par un anneau de fer.

Margaux eut comme un nouveau choc, et fixa l'étranger grotesque, qui était à peu près à sa taille, mais beaucoup plus épais, presque difforme, avec des yeux emplis de méfiance et d'une brusque colère. Elle essuya son nez, où s'étalait un nouvel hématome violacé, songea au Sanglier qui s'inquiétait sûrement de son absence. La vision de son petit frère mutilé, mis au travail à la travail la galvanisa d'une vague d'adrénaline, et la petite noble déchue se redressa, en carrant ses épaules, comme son père le faisait autrefois lorsqu'il était fâché.

- "On s'en fiche d'mon nom, dégages-moi d'là, tout d'suite, tout d'suite !"

Sa petite voix s'était faite aiguë, vibrante d'une autorité surjouée qu'elle ne possédait pas. Elle tapa du pied, se soutenant à la paroi suintante d'humidité pour ne pas tomber, et essaya de paraitre redoutable et sûre d'elle.

- "Sinon, tu vas voir, le Sanglier va te tuer, il te fera du mal avant de te tuer ! Si tu veux pas avoir tous ses hommes sur le dos, t'as intérêt, t'as intérêt à détacher cette corde tout d'suite, ou t'es mal ! Allez, hop, sale nain !

En réalité, la petite fille n'en menait pas large. Elle avait compris qu'elle se trouvait en grand danger - mais il fallait faire avec ce qu'elle pouvait. C'était pas un nain qui allait la retenir dans une cave !
Elle allait devoir s'en sortir seule, pour Louis - et parce que le gang ne chercherait pas à la sauver. Elle n'était que leur petite esclave, et sa vie n'avait pas de valeurs à leurs yeux. Ils le lui avaient suffisamment répété pour que ces mots restent gravés dans sa mémoire.
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MessageSujet: Re: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyMer 25 Mai 2022 - 8:29




Soupir, long et intense.

Dans une existence, il était possible de distinguer quasiment tout type de réaction ; celle qu’avait choisit aujourd’hui la môme, était la plus courante. Un savant mélange de peur, d’effroi, d’anxiété et d’adrénaline. En cet instant, elle ne réfléchissait pas, elle agissait, trop consciente de son sort et sa propre fragilité. Je n’appréciais guère ce moment de rébellion et de minauderie à n’en plus finir, on aurait put croire à un chaton tenu en laisse et malmené, et les cris de ce type me tapait avec force sur la caboche. Mes traits c’étaient à peine tirés, mais je pouvais déjà sentir la colère froide, tranchante et grondante qui couvait, je ne supporterais pas très longtemps se spectacle de criallarderie juvénile.

De la taille de l’enfant, j’avais pourtant la force d’un adulte et c’est au moment ou elle s’y attendait le moins, que je la frappais d’un revers de la manche, en plein visage. La surprise dut être total, car elle ne devait s’attendre à un tel coup. La douleur quand à elle devait être minime, j’avais uniquement frappé pour centrer son attention sur l’instant présent et je n’étais pas du genre à élever la voix. Profitant de l’instant de répit, je reprenais le cour de la conversation que j’avais engagé.

«  Le Sangliel ne peut lien pour toi ici jeune fille. Lui et ses colniauds ne sont lien et même si c’était le cas, je doute vlaiment qu’ils lisquent leuls vie poul une avolton de ton genle. Maintenant, calme toi, ici, si tu coopèles, tu ne clains lien. »

Ou presque. Le mensonge était un art en soit, mais j’avais appris par expérience, qu’il était bon d’user d’abord de diplomatie. Cette tactique pouvait vous ouvrir quelques portes que la terreur et la violence ne résoudrait jamais, bien sûr, il était incertain de tout parier dessus. J’observais rapidement ses réactions, et ne lui laissait pas le temps de trop cogiter, ce n’était jamais bon. Me tenant hors de portée de sa portée à elle, j’avais maintenant les bras croisés dans le dos et tentait de m’exprimer au mieux.

«  Je t’obselves depuis quelques jouls maintenant sais tu ? Tu es habile poul une petite messagèle, un peu tlop pingle mais habile. Mais tu n'es pas une gamine des lues, cela se voit, ne me mens pas. La tloupe de lallons qui t’utilise, sont-ils léellement bon avec toi ? J’en doute. Ont-ils réussis à te plotégel ? Point plus. Vois tu, j’applécielais que tu tlavails poul moi. Mais j’ai peu habitude de ploposel un travail à une inconnue. Donne moi ton nom. Maintenant. »

J'avais le ton sévère et autoritaire de celui à qui on ne refuse rien. Il fallait qu’elle le dise, il le fallait car je ne possédais aucunes certitudes et que des rumeurs. Si elle optait pour la souffrance et le mensonge, il me faudrait déployer quelques sombres talents, mais j’obtiendrais gain de cause. Comme toujours.




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MessageSujet: Re: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyJeu 26 Mai 2022 - 18:43



Margaux avait à peine terminé de parler que le coup s’abattît sur son visage avec autant de brusquerie que de brutalité. Elle faillit en tomber, se raccrocha à l’anneau qui la maintenait sur place.

La colère céda la place à une terreur sourde, glacée. Elle se sentait acculée, extrêmement vulnérable face à ce monstre difforme, dont elle pouvait voir le détail des verrues sur son odieux visage, et malgré la température qui devait être faible dans ces souterrains, son visage la brûlait, et des gouttes de transpiration se formaient sur son front.

Pressée contre les pierres couvertes de mousse, elle se gratta frénétiquement sa tignasse enflammée aux boucles emmêlées, avec nervosité. La gamine ne croyait pas un mot de ce qu’il racontait - même s’il était clair que personne ne viendrait la sauver, l’inconnu n’en était pas moins terriblement dangereux.
Comment avait-il deviné qu’elle n’était pas une enfant des rues ?
La question hantait la jeune Margaux, alors qu’elle tentait d’évaluer ses portes de sortie. Si elle acceptait la proposition et qu’elle se faisait prendre à un double jeu par le Sanglier, il n’hésiterait pas à mutiler son frère, à l’ami faire du mal aussi ; mais toute la question était de savoir ce qui se passerait si elle refusait la demande du forban qui la maintenait prisonnière.

Elle déglutit avec difficulté, essaya de se lancer, en rassemblant tout son courage. Elle repensa à son petit frère. Au besoin qu’il avait d’elle, de son obéissance au gang, quand bien même elle les détestait de toute son âme. Malgré elle, sa voix était rauque et faible. Une vraie petite souris.

- "J’m’appelle Marguerite. C’est vrai, chuis la fille d’un poissonnier, pas d’un traine-savate ! Écoutez, z’etes bien gentil, c’est bien tentant vot’proposition…"

Elle mentait comme une arracheuse de dents. Elle essaya désespérément de parler comme une fille du peuple, tout en songeant combien elle détestait le Goulot.

- "Mais j’suis déjà employée, alors … j’pourrais vous aider un autre jour. C’est pas la peine de me .. d’me retenir ici. J’vous assure. On peut faire affaire autrement, mais pas cette nuit. Il faut que j’rentre maint’nant, on pus avez qu’à me détacher, hein ? Et on f’ra affaire. Un autre jour. Laissez-moi partir d'ici, laissez-moi !!"

Elle avait si peur que sa vessie menaçait d’exploser, que sa bouche devenait toute sèche. Elle ferma les yeux, le souffle court, envahie de panique.

Anür allait-il la protéger ?
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MessageSujet: Re: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyVen 3 Juin 2022 - 8:09




«  Silence. »

Persiflais-je d’une voix tranchante. Ainsi, elle avait choisit le chemin ardue, celui qui demandait moult abnégation et qui engendrerait traumatisme et terreur. Droit comme un « i » , posté en face de la gamine, deux pas en arrière dissimulèrent mon visage dans les ombres de la cave. J’avais lu sur son visage, dans ses gestes et dans ses mimiques, j’avais lu sur sa peau et son cuir, cette petite pensait pouvoir me duper et pourtant, mais comment pourrait-elle tromper le Trompeur ? Je m’enfermais alors dans un silence pesant trahi par le seul bruit des colifichets que je portais et par les supplications plaintive de l’enfant des rues. Ce simple effet faisait souvent bien plus de mal que n’importe lequel des sévices, car il laissait à la victime le loisir d’imaginer le prochain coup porté par le tortionnaire. Hors je n’avais pas encore réellement commencer à envisager la torture, à dire vrai, je répugnais même à m’en servir en cet instant, sachant par expérience que ce type de sujet s’en trouverait à jamais briser et de ce fait, inutile. Mais il existait d’autres moyens pour faire plier une volonté, bien plus pernicieux et bien moins violent pour le corps de l’hôte. Si je connaissais les enchevêtrements de nerfs et les points précis de la souffrance physique, j’avais aussi développer un fort intérêt pour l’art de manipuler l’esprit.
En étant une nouvelle fois honnête, car j’étais par essence, l’honnêteté incarné, cette pratique me convenait bien mieux. Beaucoup mieux.

Passant une main dans une des petites poches que constituaient mon veston, j’en saisis une fiole à l’étui de céramique et au bouchon de liège ciré. Le contenant était une invention de mon cru : une poudre hautement volatile et qui une fois inhalé en grande quantité, plongeait le sujet dans une transe hallucinatoire pour une période de quelques heures. La mixture agissait comme un poison, le corps cherchant à tout moyen l’élimination du composé, permettant ainsi qu’aucuns de ces délires hallucinants ne se passent dans la bonne humeur. De plus, j’avais par empirisme, réussit à doser cette drogue juste à point pour que l’hôte garde une conscience profonde de son être. Ainsi, faire la différence entre le réel et l’irréel devenait tout simplement impossible. Je connaissais parfaitement ses effets pour me les êtres moi même infligé. D’année en année, je développais ainsi une résistance à mon produit, me rendant quasiment immunisé à son effet.
Dans les ténèbres, je débouchais la fiole, bourra une petite sarbacane fait d’un jonc creux et reprit.

«  Ainsi, tu as choisis la soufflance. Malguelite. » Je crachais ses mots avec la perfidie d’un crapaud à bubons.
« Ainsi, tu connaîtlas le plix qu’il coute de mentil au Dlagon. »

A l’annonce de mon surnom, des ombres, je soufflais avec force dans l’étui, projetant directement la poudre volatile à la tête de la gamine. Le nuage qui se forma l’envahit et la laissa une longue minute dans un brouillard blanchâtre. Ses yeux durent se mettre à piquer, sa gorge à enfler, et sa toux devint rauque. La drogue pénétrant rapidement par ses narines, ses mires et l’épiderme même de sa peau.
Quand elle rouvrit ses yeux larmoyant, je me tenais toujours dans l’ombre, mais à sa vision, mes yeux étaient maintenant fait de feu. Je mesurais plus de deux mètres de hauts, mes longues cornes cognaient contre les parois voutées de la cave et ma queue de lézard se terminait par une griffe tranchante.
Lentement, dans une gesticulation horrifique, je sortis des ombres, dévoilant ma trogne aux moustaches faites de cuir et ma gueule pleine de croc.

Tes mains ne sont pas celle d'une fille du port. Tu ne sens pas comme celle des docks. Ta pose est digne, pas voutée. Tu ne me mentiras plus maintenant. Marguerite.
Ou c’est ton âme que je dévorerais.
 




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MessageSujet: Re: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyVen 3 Juin 2022 - 22:19


L'enfant se tut sous l'ordre brutal.

Elle avait la bouche sèche. La terreur aux tripes, elle se pressait contre le mur répugnant, comme s'il allait lui permettre de se fondre dans les ombres, de fuir cette réalité glauque aux relents de pourriture.
La respiration lourde, elle tentait d'entrapercevoir le visage de son kidnappeur, tapi dans l'ombre épaisse du souterrain tandis que l'humidité la faisait frissonner toute entière.
Elle comprenait bien que ses suppliques ne donneraient rien ; mais Margaux ne savait plus quoi faire. Que lui voulait cet inconnu à l'aspect risible, presque grotesque, et à l'accent étrange ?

Elle était bel et bien retenue au mur ; il n'y avait aucune issue, aucune échappatoire. Dans ses yeux d'azur se formèrent deux grosses larmes qui roulèrent sur ses joues encore tendres d'enfant, qui séchèrent presque instantanément, tandis qu'elle tressaillait d'inquiétude, alors qu'il extirpait un étui étrange de sa poche.

Les prunelles écarquillées pour mieux voir, elle eut comme l'inspiration d'une prière subite et désordonnée aux Trois, alors qu'il bourrait une sarbacane d'une substance inconnue, chercha misérablement et désespérément une issue du regard.
Mais la poudre qu'il souffla sur elle lui fit tout oublier. Elle sursauta, éternua dans le nuage blanchâtre qui avait envahit son champs de vision. Elle respira à plein poumons cette chose envahissante et irritante, porta brusquement la main à sa gorge, tandis que sa respiration s'alourdissait, se faisait difficile et rauque. Ses yeux se mirent à la brûler, à larmoyer. Mais c'était comme si de la lave coulait sur ses joues ; et sanglotant désormais sans retenue, en silence, la fille du Chevalier se força à rouvrir ses yeux, à tenter d'évacuer cette fumée toxique.

Mais une vision soudaine la fit sursauter.
Bouche-bée, Margaux entrevit deux yeux rougeoyants dans l'obscurité. Une immense bête lui faisait face, aux crocs acérés et à l'immense queue tranchante, qui battait contre la paroi. Un hurlement désarticulé passa la barrière de ses lèvres ; et elle se jeta à genoux, en toussant si fort qu'elle crut qu'elle allait vomir ses poumons.
Les griffes tranchantes de ses doigts n'étaient plus qu'à quelques centimètres d'elle - et elle pâlit, si c'était encore possible, plus encore.
Son âme. Il allait prendre son âme !

La petite fille le crut entièrement, et ce fut une véritable logorrhée de paroles qui s'échappa de sa bouche raide. Un peu de sang, d'une veine éclatée, coula de son nez - mais elle ne ressentit rien, le cerveau tout entier pénétré de la vision d'horreur.
Un DÉMON. Un démon l'avait piégé, kidnappé, et elle était sa proie !

- "Je suis Margaux, Margaux de Piana. Mon papa était chevalier de Piana, du bourg non loin de Marbrume, mais avec Père, nous avons déménagé à Marbrume, et je ne peux pas, je ne peux pas travailler pour vous, ils retiennent mon petit frère... Ils ont pris mon petit frère quand ils ont incendié la maison ! Je vous en supplie, je dois... je dois protéger mon petit frère !"

Elle se sentait au bord de l'évanouissement. L'être surnaturel, immonde, la retenait en otage, entièrement à sa merci. Chaque inspiration n'était plus que souffrance, et ses genoux tremblait si fort qu'ils se heurtaient à la pierre, juste sous les immondices qui jonchaient le sol.

- "Je-je ferai tout ce que vous voudrez, mais je vous en prie, laissez-moi protéger mon petit frère, ils le retiennent prisonniers, alors je fais tout ce qu'ils veulent ! Je-je dois le faire, c'est pour ça !"
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MessageSujet: Re: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyMer 8 Juin 2022 - 8:38




J’avais mainte et mainte fois usé du même procédé, à un point tel, qu’on aurait put qualifier cette méthode de «  signature du Dragon ». J’appréciais son efficacité sur les esprits faibles car elle était sans conteste plus qu’efficace. Néanmoins, il n’était pas rare, qu’un surdosage et une sur utilisation du procédé entraîne des complications. Les sujets devenaient anxieux, nerveux, développaient une seconde personnalité, sombraient dans la folie, se tournaient vers le cannibalisme et se renfermaient sur eux même en psalmodiant des propos incompréhensible. En outre, ils devenaient inutilisable et très peu fiable ; l’art résidait donc dans le bon dosage et la bonne utilisation, ainsi on créait un serviteur soumis par la terreur en pleine possession de ses moyens.
Ce que vivait la dite de Piana actuellement, n’était qu’un début. Elle expérimentait ici les premières touches de mon savoir et gouttait à un avant goût de la peur. Ses réactions ne pouvaient se calculer, elle devrait faire face et assimiler. Mais pour l’instant, tout ce qui était entrain de se passer, se résumait à une énorme débâcle la concernant son mental. Rien n’aurait put la préparer à cela.

Je grognais, guttural cri rauque qui par le biais de l’hallucination, devait produire un terrible effet sur la gamine des rues.

Mmh bien, très bien, Margaux de Piana. Plus de mensonges. Terminé. Tu souffres, mais ce n’est encore rien comparé aux souffrances que je te promets si tu me déçois.

Il me fallait être productif maintenant, savoir ramper, persiffler, un vrai jeu d’acteur de théâtre. Je disparaissais dans l’ombre en ondulant, me cachant dans un coin de la pièce, toisant de mon regard de braise la jeune enfant au milieu de la pièce. Il était difficile de transcrire la vision qu’elle recevait en cet instant, peut être me voyait-elle grimper au plafond, peut être me voyait t-elle entrain d’exhaler quelques fumées par les narines. Je ne cherchais pas une vérité, l’effet quel qu’il soit, restait le même.

Je suis dans ta tête. Tu es à moi maintenant, à moi. Et comme tu m’appartiens, ton frère aussi. Mais je suis bon, avec mes enfants s’ils sont bon avec moi sais tu... Je ne permettrais pas qu’on vous fasse du mal, car il n’y a que moi, qui puisse vous punir maintenant. Que moi. Je te donnerais le pouvoir de te libérer de tes chaînes. Mais pour cela, tu devras m’obéir, à jamais. Margaux de Piana


D’un geste lent, je déposais à la périphérie de son regard terrifié, une fiole. Elle avait du percevoir cela comme un don du Dragon, un trésor apparu ou détenu par le terrible saurien. Un cadeau qu’elle ne pouvait refuser et qui, se trouvait à sa portée.

Es-tu prêtes à tout, pour arriver à tes fins ? 

La question résonna un long moment, écho infini dans la petite cave voutée et qui laisserait l’enfant sur sa fin, seule face à son choix.




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MessageSujet: Re: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyVen 10 Juin 2022 - 22:38


Les larmes roulaient sur ses joues presque sans que la jeune Margaux ne les sente.

Ce qu'elle voyait, sous ses yeux ébahis, horrifiés et hallucinés, dépassait purement et simplement l'entendement. C'était à peine si elle s'était rendue compte qu'elle était désormais à genoux, le dos désespérément pressé contre la muraille ; que ses yeux gonflés et écarlates la brûlaient avec force.
Elle tremblait fortement, convulsivement, fixant la Bête démoniaque pousser un hurlement guttural, qui lui arracha un gémissement de panique.
Les nombreuses pattes de la chose se précipita au plafond comme un araignée, son corps répugnant et fielleux, couvert de crocs, se mouvant avec facilité, prêt à se jeter sur elle.

L'enfant eut un sanglot plus lourd, implorant tout bas son Père de venir la secourir ; et elle se prosterna misérablement.

- "Terminé... Plus jamais... plus jamais... de mensonges..."

Et s'il décidait de manger tout de même son âme ? Et l'âme de son pauvre petit frère ?! Plus que jamais, elle se savait piégée. Plus que jamais, elle était vulnérable, soumise à une bête horrible, terrible, qui tenait sa vie dans le creux de sa main.
Pouvait-on prendre le risque de demander l'aide des Trois ? Si seulement... quelqu'un pouvait lui porter secours...

La tête prostrée dans la boue caillouteuse, le souffle de Margaux était précipité. Elle lui appartenait. Ils lui appartenaient tous les deux. Pas de choix possible, pas d'échappatoire : la Bête, la Bête lui ferait du mal, sans hésiter...
A tout le moins, les méchants du gang les laisseraient, tous les deux. Et s'ils ne seraient plus esclaves des hommes, ils seraient alors entièrement, corps et âme, livrés à un démon.

- "Pitié, pas mon frère..."

Elle s'entendit murmurer, presque comme si elle se voyait de l'extérieur de son corps. Son esprit sembla vaciller, mais se raccrocha au dernier moment à cette dernière idée.

- "Le gang, le gang ne voudra jamais nous laisser. Je ferai tout, tout ce qu'il faut. Il faut que mon frère... je peux pas le... vous le laisser, ayez pitié d'un petit garçon ! Je vous obéirais, Démon... je dois protéger mon frère..."

La Bête siffla à nouveau, sembla se mouvoir sur elle, ouvrir sa gueule remplis de crocs tranchants où scintillait du sang.

- "Je ferai tout, je ferai tout! J'obéis !"

Cette fois, Margaux l'avait hurlé. Son cœur battait la chamade, si vite qu'elle en avait mal à la poitrine, tandis que son souffle, erratique, ne se contrôlait plus, s'étouffait dans le sol.
Elle ne voulait pas mourir ! Elle ne désirait pas non être damnée ; mais son instinct de survie reprenait le dessus, lui dictait les mots nécessaires, sans réfléchir.

Par les Trois... Que les Trois aient pitié... car leurs deux âmes étaient en péril.
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MessageSujet: Re: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyVen 17 Juin 2022 - 8:26




Je suis le DRAGON !  

Hurlais-je avec force et fracas, couvrant les cris de la fillette. L’écho de ma voix résonnant, puissante et quasi destructrice dans la minuscule cave voutée. J’avais de nombreux noms en cité d’Allange, mais il n’en existait qu’un seul digne d’être répété par delà les rivières et les monts. Bien que certains puissent juger futile le fait de terroriser une enfant dans un coin sombre de la ville, je savais d’expérience, que c’était un premier pas, une première pierre, posé sur l’édifice de la rumeur et le monument de ma futur réputation. Certaines âmes étaient à la recherche de célébrité, de gloire, d’honneur ; je ne cherchais aucuns de ces chemins, seul comptait pour moi la peur que j’instaurerais bientôt dans les coeurs de ceux ayant quelque chose à se reprocher.

Toujours tapie dans l’ombre, serpentant à la surface entre ténèbres et lumières, je considérais la jeune De Piana comme une proie, jouant le rôle parfait du prédateur prêt à bondir et lacérer son dîner. Je connaissais les moyens de me mouvoir, les façons de faire, pas après pas. L’effet escompté n’était pas toujours le même, mais le résultat suffisait toujours amplement. Un instant je me mis à observer réellement l’enfant : elle était terrifié, mais un courage notoire continuer à vivre dans ses pupilles mornes ; manifestement, cette gamine n’était pas une enfant des rues, mais son bois était aussi résistant que ceux ayant vécus moults atrocités. De plus elle se battait pour conserver l’espoir de salut existant pour son jeune frère et il n’existait rien de pire en ce monde que l’espoir. Car celui ci vous contraignez à toutes le folies, sans aucunes garanties.
J’appréciais les personnes dotés d’espoir. Ils étaient de parfaite victime.

Cesse de geindre…Margaux. Tu es maintenant sous ma protecssion. Il ne t’arrivera plus rien tant que tu feras les bon choix. Vois tu cette fiole au milieu de la pièce ? 

Je lui désignais la dite. Un simple réceptacle d’argile tubulaire à bouchon de cire, d’une taille qu’on dissimulait adroitement dans une grande poche. Rien d’extérieur ne la différencié du genre qu’on utilisait pour épicer les plats.

 Grasse à celle ssi. Tu as le pouvoir de te libérer. Ssi tu fais le bon choix. Quand le moment ssera venu, vide son contenu dans le pichet que tu sserviras à tes anssiens maître et toi et ton frère sserait libérer de votre joug, plus perssonnes ne pourra vous faire du mal. En ssuite, je sserais la pour vous protéger tout les deux. Tu regagneras tes droits et ton jeune frère ssera lui aussi ssous mon aile. Les Trois le ssavent, je ne déroge jamais à mes promesses. 

Petit à petit, je m’enfonçais dans les ombres de la pièce, ne laissant apparaitre que les fumerolles de mes naseaux et mes pupilles mordorées. Il était temps d’en finir avec cet entretient.

  N’oublis pas Margaux, tu es a moi…Je te ssurveilles. 

A mon dernier mot, un immense battoir revint frapper la tempe de la gamine qui dut s’évanouir avant même de toucher terre. Dans les ombres de son dos, Jotul avait frappé.

— — —

Quand elle revint à elle, Margaux se trouvait dans une petite ruelle non loin de la taverne ou officiait le Sanglier et son gang. Elle était couverte de griffures, de bleues et de blessures superficielles, assez pour faire croire à une agression par un groupe de gamin des rues. Rien de bien mauvais, mais assez pour garder bon souvenir de la douleur.
Dans une de ses poches, un fiole d’argile au bouchon de liège.
Dans l’autre, un sous d’or.




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MessageSujet: Re: Dans l'antre du Dragon   Dans l'antre du Dragon EmptyDim 19 Juin 2022 - 18:51
Prosternée au sol, la petite fille ferma les yeux. Toute sa peau la brûlait, ses yeux la piquaient et il lui semblait que des larmes de sang roulaient sur ses joues, tant elle souffrait avec force.

Le nez collé au sol humide et couvert de fange malodorante, elle essayait de se calmer, de montrer son respect à la Bête. Il était terrifiant, avec ses yeux flamboyant qui continuait de la transpercer malgré ses paupières closes. Louis... Louis était-il perdu ? Avait-elle échoué à le protéger, malgré sa détermination, malgré tous les efforts qu'elle avait fourni jusque là pour garantir sa relative sécurité ?
Avec un effort, elle se força à redresser son regard, à fixer la bête immonde se mouvoir devant elle, à travers l'écran flouté des perles transparentes et salées qui coulaient sur sa peau couturée de taches de rousseur.

Du tréfonds de son mal-être, de la confusion de ses sens, elle comprenait qu'il était stupide d'espérer sa propre rédemption, et celle de Louis. Mais bien qu'ils étaient désormais les esclaves d'un démon, elle se rappela vaguement qu'il n'avait pas encore avalé leurs âmes : alors il faudrait plaire à ce monstre, au Dragon. Pour les sauver, pour permettre à Louis de grandir.
Il n'y avait pas le choix.

Il fallait garder l'espoir de sauver son frère. Jamais... jamais elle n'abandonnerait.

Son regard de saphir se planta sur la fiole, et elle se redressa lentement, en chancelant sur ses pieds. Elle comprit que la fiole contenait probablement du poison, et les visages de ses bourreaux tournoyèrent dans sa tête enfiévrée. Elle désira leur mort avec une ardeur encore jamais éprouvée, éprouva aussitôt la peur du bannissement.
La Bête, le Démon les protègerait ; mais pour combien de temps ? Contre quoi échangeait-elle sa liberté ?

Margaux tenta un pas, oubliant la chaine, et brusquement, sentit brièvement une intense douleur à la nuque, et perdit connaissance, accueillant avec plaisir l'oubli du néant.

***


Elle reprit connaissance dans la boue d'une ruelle, pelotonnée contre un mur. A chaque mouvement, ses membres lui faisait mal, et un atroce mal de crâne lui vrillait la tête.
Avait-elle rêvée ? que s'était-il passé ?

Elle devint toute pâle, alors qu'elle rencontra fortuitement dans ses poches la fameuse fiole de terre cuite - mais ce fut le sou d'or qui fit battre son cœur plus vite encore.
Nauséeuse et maladroite, elle s'accrocha littéralement à la façade blanchie à la chaux pour se redresser, faire quelques pas en direction de la taverne. Elle avait du mal à réfléchir, et ses yeux, très rouges, terriblement secs, la lançaient violemment.

Il fallait rentrer.

L'enfant devait protéger son frère. Quoi qu'il lui en coûterait, elle accomplirait ce que la Bête voulait.
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