[TERMINÉ] Le vin fait surnager les secrets Ft Victor de Rougelac

L'emploi du temps du Gouverneur du Sud était certes chargé ces dernières semaines mais il ne manquait pas de se rendre disponible sur la scène mondaine de la capitale dès lors qu'un personnage important pouvait le sollicité. Et c'était bien le cas en ce jour où il se rendit à la demeure du Comte de Sabran. Un homme qui lui était loin d'être inconnu puisqu'il avait déjà par le passé noué des affaires avec ce dernier.

Une sombre affaire impliquant son homme de main, Ser Rochemond et un prétendant à la main de la fille de ce dernier. Victor avait tenu bien entendu parole et correspondait avec Icare en exil au Labret depuis de nombreux mois et naturellement au retour de ce dernier à la capitale, Rougelac avait tenu à revoir son semblable de quelques années son cadet.

Jonglant donc avec ces intrigues de cours et ses affaires courantes, le mondain s'était présenté chez son hôte dans sa plus charismatique prestance faite d'une tunique obsidienne à col haut, laissant sur le pas de la porte de la résidence son escorte composée de deux hommes de main. Depuis longtemps, le sang bleu ne se déplaçait jamais sans protection sa notoriété restaurée amenant son lot de jaloux et d'ennemis. Pourtant, alors qu'il accompagnait l'un des domestique jusqu'à la pièce où allait se tenir la rencontre, Victor n'était en aucune manière anxieux ni fébril car si son homologue Sabran était lui aussi un homme ambitieux, il ne le considérait pas comme une menace, bien au contraire, il s'agissait d'un soutien qui pouvait lui être grandement utile.

Après qu'on l'ai débarrassé de sa cape, le Gouverneur du Sud salua Icare, un homme fringuant et adapte des bonnes manières de la Haute, avant de rejoindre le siège qu'on lui proposa, échangeant avec ce dernier un sourire en coin réciproque.

- Je suis bien heureux de vous revoir dans cette vastes tanières de loups et louves mon ami. Votre absence nous à fait défaut. Menti-il car ce n'était finalement qu'un échange de bon mots nués de sens et de sincérité, ayant pour unique but de flatter l'égo de ce dernier. Flattez mes papilles de cette promesse de cuvé hors du commun. Serais-ce aussi pour fêtes autant nos succès que vos récentes acquisitions qui vous redonne toute légitimité à votre retour parmi les personnages les plus influents du morguestanc !

S'essayant après ces rond de jambes et formalités d'usages, le vieux loup de l'aristocratie marbrumienne prit alors ses aises, retirant ses gants de velours qu'il rangea dans l'un des revers de sa tunique.

- Un an déjà et pourtant c'est comme si c'était hier, vous n'avez point l'air d'avoir changé mon ami, au contraire de notre chère Esplanade en proie aux changements depuis les évènements du couronnement de notre bon Roi.

Il ne se lança pas dans d'autres répliques, après tout, avait-il le temps d'évoquer le Labret, la perte de son épouse, sa nomination au poste de Gouverneur de Sombrebois puis du Sud, l'ordre nouveau à la capitale où la noblesse s'était affaibli au détriment de la bourgeoisie que flattait la couronne dont l'intérêt et l'importance s'était accru depuis les tragiques évènements de la Fange ainsi que bien d'autres sujets dont il ne doutait pas qu'ils allaient être mis sur la table des échanges verbaux.

L'attitude du Comte de Rougelac restait égale à elle même et son homologue, Icare de Sabran, ne pouvait que souligner ce trait de personnalité qui était et semblait demeurer le propre des gens de la Haute à la capitale et ce malgré sa longue absence des affaires et des intrigues de la Cours. La dernière phrase du Comte de Sabran fit volontiers sourire le Gouverneur du Sud avant que ce dernier ne lui offre la réplique.

- Pourrais-je vous tenir rigueur de votre dit "vocabulaire"? Vous qui avez dû affronter la rudesse de la vie à la campagne, si je puis me permettre. Evidemment que non. Les choses sont bien différentes et le "terroir" vous à sans doute obligé à vous adapter. j'y ai d'ailleurs goûté quelques semaine en début d'année, pour une affaire dont je me permettrais de ne point m'y attarder. En effet, il avait dû enquêter dans une sordide affaire d'enlèvement dans un jeu de "chasse à la vierge" loin de la capitale, et ce en gage de punition suite à une intrigue montée de toute pièce par le pouvoir et qui avait vu dans le même temps le chevalier Rochemont démis de son titre. Victor avait reçu une forme de clémence de la part de la couronne et du bailli en particulier, mais tout ceci était de l'histoire ancienne et de l'eau avait coulé sous les pont. Si la bourgeoisie à prit son essor, le noyau dur de la noblesse ne compte pas perdre sa place et ses privilèges et soyez sûre que je lustrerais sous toutes les coutures l'arrière train, comme vous le dites, de notre suzerain. Nous pourrions aisément nous comparer à des "filles de joie" de la couronne, quel mal à cela ? Nous l'avons toujours était dans notre propre intérêt.

Victor employait un verbiage et des mots dur, voir choquant, mais il n'avait cure de recevoir en retour une quelconque réaction hostile de la part de son semblable, pour lui la situation de la noblesse se résumait à cela. Tant que le Roi et la Reine représentait le meilleur parti pour garantir sa notoriété et son influence, Rougelac lècherait leur séant sans condition.

Icare évoqua ensuite un sujet où encore une fois le nom de Rochemont était évoqué. Le mondain ne pu s'empêcher d'étirer les lèvres, lisser du bout des doigts sa courte et soignée barbe poivre et sel, relevant légèrement le menton avant de finalement se saisir de sa coupe. Restant tout du long silencieux, Victor leva finalement son verre pour trinquer avant de répondre de la manière la plus détendu du monde, comme si ce qui venait d'être évoqué n'avait rien pour le surprendre.

- Je suis bien au fait des affaires de la "Muraille". C'est un homme loyal, certes avec ces défauts, mais qui m'est d'une grande aide lorsque j'en ressent le besoin. Il m'est lié par un serment mais pour autant il jouie d'une grande liberté d'action. Il a besoin de s'épanouir et sa compagnie de mercenaire n'est en rien une mauvaise chose. Il a besoin de regagner son titre et les faveurs de la couronne et tout à chacun sait que ses actions dans ce domaine lui son propre. Il n'a point de compte à me rendre et la couronne sait qu'il sera seul responsable de son entreprise. En cela, comprenez bien que nous ne pourrons aborder plus en profondeur ce contrat que vous semblez vouloir signer avec ce dernier et qui dans les termes semble, de ce que vous me faite sous-entendre, quelque peu irréaliste. Maintenant, si vous souhaitez aborder avec moi la participation de Ser Rochemont dans le contrat qui nous lie au sujet de qui vous savez, c'est une toute autre chose et nous pourrons volontiers l'aborder. Mais retenez bien que je ne puis que faire une distinction entre l'homme et sa compagnie.

Après tant de mots, il était nécessaire d'humidifier sa gorge, ce qu'il fit par un léger trait de liquide Carmen se déversant dans sa gorge.

Il ne fallait pas oublier un élément essentiel dans toute relation de la haute société qui se trouvait être " l'intérêt mutuel" sans quoi les gens s'évitaient soigneusement. Ce soir, cet élément ne dérogeait pas a cette règle. Certes, les bavardages semblaient bon enfant, piquant par moment mais toujours partant d'une source réelle et serieux dans le fond que la forme laissait place à plus de légèreté.

Un large sourire naquit sur les lèvres du Gouverneur du Sud après les deux révélations qu'Icare venait de lâcher. Malgré son absence tout portait à croire qu'il bénéficiait de contacts à la capital et de fait d'un réseau certains d'informateurs.

- Je n'ai rien à vous apprendre on dirait ! Concernant la Baronne, je dois vous accorder la complexité du sujet. La seule chose que je serais en droit de vous révéler ne serait autre que le fait d'agir celon les désirs de la reine à propos de cette affaire. D'ailleurs nous sommes loin d'en voir l'épilogue. Je vous accorde nourrir l'espoir que sa descendance soit bien apte à comprendre les enjeux géopolitiques. Je suis certain que la couronne fera le nécessaire pour cela. Je me suivrais prochainement une délégation de la couronne se rendant à Sombrebois pour fêter la naissance de l'héritier de feu Hector, l'Ours des Marais.

Reprenant une gorgée de vin qu'il garda plus que de raison en bouche afin d'en apprécier la saveur et par la même occasion appréhender les deux prochains sujets, Victor semblait bien moins souriant même si aucune mine sérieuse ni solennel ne semblait transparaître.

- Les marais vous dites ? Vous faites erreur, ces jeux étranges se sont déroulés dans les forêts aux abords du plateau du Labret. Il aurait été bien plus compliqué à ces chasseurs d'un nouveau genre d'apprécier leur expérience les pieds dans l'eau et la boue. Je retiens tout du moins de cette affaire que les mœurs semblent bien différentes au Labret qu'à la capitale. Les divertissements y sont moins nombreux, de là à excuser ces bourgeois...

De Sabran semblait alors comprendre que le sujet abordant la personne de l'allié du Comte n'était point d'importance et profita alors de l'occasion pour jeter en pleine marre une possible intrigue éveillant bien naturellement la curiosité du Comte : la situation de la Maison Sabran et ces alliances.

- Un veuvage à reconsidérer... une fille a marier... dit-il tout haut ce qu'il ressassait sur l'instant dans ses pensées. Hm... je vois, je vois. Vous revenez sans doute à point nommé à la capital mon ami. Si nous pouvons nous comprendre entre veufs, je ne puis que vous envier d'avoir l'opportunité de ramifier et consolider votre influence par le mariage prochain de votre charmante fille.

Pensif, Rougelac croisa, décroisa puis recroisa ses jambes comme pour appuyer une forme d'indécision volontaire face à cet événement à venir. S'il ne niait pas que son homologue puisse entrevoir la possibilité de renforcer leur alliance par ce mariage, Rougelac n'allait certainement pas lui donner matière à se jeter tête baissée dans cette offre ô combien profitable mais tout autant dangereuse.

- Avez-vous définitivement écarté ce gênant prétendant ? Si cela n'est point trop indiscret. Voyez-vous, c'est un conseil de bon ami que je vous donne, j'ai été confronté à un mariage d'intérêt variolé par ce stupide rêve, espoir d'une passion amoureuse extraconjugale. Il n'y a rien de bon à laisser s'étendre le chiendent, de quelque nature que ce soit, il faut le couper à la racine, croyez en ma propre expérience. Rien de bon n'en résultera. Alors si vous voulez garantir un mariage profitable pour votre descendance, tâchez à ce que le vert pâturage ne soit l'objet de l'invasion d'un jeune loup.

Sans jamais faire référence à une éventuelle proposition qui lui serait faite, et ce serait d'ailleurs une erreur que de laisser entendre qu'une proposition lui serait faite directement, Rougelac se montrait de prime abord un conseiller d'expérience avant d'être une quelconques solutions aux problèmes du Sieur de Sabran.

La cuvé qu'il dégustait n'était à n'en pointer douter d'exception, ce qui mettait la puce à l'oreille du Comte de Rougelac quand à l'importance de cet entretien. Icare de Sabran semblait donc réserver un intérêt peu commun au Gouverneur de Sombrebois sans que pour autant ce dernier n'en discerne pour le moment les véritable contour. Ainsi, dans des manières semblable à son hôte, Victor appréciait cet or rouge bordeaux à sa juste valeur, laissant son homologue répondre point après point aux doutes qu'avait laisser sous entendre Rougelac.

Se joignant aux rires d'Icare à la remarque sur le prétendant indésirable de sa fille qu'il espérait "entre les cuisses d'une ribaude", Victor n'en demeurait pas moins réaliste et prudent. Tant qu'on ne lui assurait pas par des faits que ce gênant personnage ne représentait plus une menace pour la Maison Sabran, le Comte prenait toute déclaration et affirmation au conditionnelle. Il ne s'attarda toutefois pas sur ce sujet, laissant Icare poursuivre sa prestation avant l'intervention d'une domestique ramenant quelques victuailles laitières accompagné de pain.

D'un geste de la main, il refusa la proposition, glissant un prétexte de facade.

- Je vous remercie, je m'efforce à faire attention ces derniers jours. Vous savez comme je suis soucieux de l'apparence et à mon âge, certains excès ou écart ne peuvent être comblés par quelques activités physique.

Il reprit sa coupe, signifiant à son hôte qu'il en resterait à la dégustation de ce riche nectar.

- Je suis bien heureux pour vous et pour l'Esplanade que votre fille retourne sur l'échiquier qui lui ait destiné. Le Labret n'est pas le lieu opportun pour son épanouissement, mais une étape sans doute essentielle pour lui enseigner certaines dures réalités.

Il garda en bouche une gorgée de ce divin millésime avant de déglutir et acquiescer, puis reprit sur ce ton qui restait des plus solennel et énigmatique à la fois.

- Ma réhabilitation à la Cours vous aidera certainement. Je jouerais à votre guise de mon influence afin de mettre en valeur votre descendance. Mais, il me faudra toutefois avoir quelques garanties au préalable. Juger du bien fondé de vos affirmations. Pas que je ne vous crois point, seulement je suis comme certains hommes, je ne crois que ce que je vois. Il serait bon que j'examine de mes propres yeux la servitude de votre fille à votre endroit. Après quoi vous aurez rapidement des gages de mes efforts quand aux éloges qui parcourerons les bons cercles de la haute société marbrumienne.

La pointe de provocation qu'avait su amener Victor dans la conversation au sujet de la fille Sabran allait évidemment faire réagir son hôte. Les répliques d'Icare qui s'en suivirent étaient donc bien attendues par le Comte de Rougelac qui de fait, s'assurait que le père était des plus attaché à sa progéniture. Pourtant, c'était un passage obligé pour le mondain car après tout les Sabran revenait d'une sorte d'exil et leur place n'était pas pour autant assurée. Victor allait d'ailleurs se faire une joie de le lui rappeler.

- J'en conviens, j'en conviens, votre fille figure parmi les meilleurs partis du Morguestanc. Mais comme je vous l'ai dis, la bourgeoisie c'est faite une place dorée depuis moins d'une année. Nos places, nous les nobles, ne nous sont plus systématiquement acquises. J'ai su prendre la tangente au bon moment, mais vous les Sabran, étiez à ce moment là au Labret. Il va vous falloir préserver votre place.

Il prit un instant pour se désaltérer de ce si bon cépage avant de poursuivre, toujours avec une décontraction certaine sous la solennité de ces mots.

- C'est bien pour cela qu'il me faut rencontrer votre fille. M'assurer qu'elle "reste" l'un de ces meilleurs parti du Morguestanc. La vie à la campagne peut laisser des traces, je souhaite donc en toute bienveillance m'assurer qu'elle tiendra sa place à l'Esplanade et ne causera aucun tord à vous et à votre célèbre famille.

Icare manœuvrait bien, Victor pouvait s'en rendre compte et il ne s'inquiétait donc pas de l'avenir du Comte à la capitale. Accédant donc à sa requête, le Gouverneur du Sud acquiesça d'un hochement de tête à la proposition de rencontre avant de s'en retrouver bien songeur à l'énoncé de la date proposée. Posant sa coupe, il se frotta sa courte barbe à hauteur de menton.

- Hmmmm... je crains hélas que le 25 soit une date guère approprié. Je me rend en compagnie d'une délégation royale à la fin mai, la date est incertaine et conditionné par l'arrivée de l'héritier de la baronne. Il vous faudrez me proposé une date bien plus tard ou plus tôt. J'envisage également après ma visite dans les marées de me rendre dans un endroit un peu particulier, en compagnie de notre connaissance commune, Ser Rochemont.

Il n'en dit pas plus sur le sujet mais il mûrissait le projet d'entreprendre une expédition pour reprendre une forteresse laissée à l'abandon, projet plus dangereux qu'ambition.

- Je puis espérer que lorsque nous aurons trouver une date nous convenant nous pourrons plus amplement parler de vous et de votre quotidien durant ces très longs mois au Labret.

Voilà qu'en effet les hostilités semblaient lancées. La verbe était acérée de part et d'autres et si les échanges prenaient des notes quelques fois acides, il n'en demeurait pas moins que les deux Comtes avait tout pour s'apprécier. Un œil et une oreille extérieur aurait tôt fait de laisser filer des rumeurs infondées quand aux relations des deux sang-bleu qui auraient pu paraître difficile, mais il n'en était rien. La preuve en fut lorsque des échanges de sourire se succédèrent et Victor continuait volontiers de se prêter aux joutes aux notes légères.

- Et qu'avez-vous retenu de vos pucelles peu farouche ? Rien qui ne vous y laisse d'agréable et d'intarissables souvenirs. L'on apprécie bien plus la complexité et ce qui vous donne du fils à retord, n'est-ce pas?

Par ces mots, il fallait y trouver une myriade de sens. Le ton était donné et la pique qui suivit et provenant d'entre les lèvres d'Icare n'avait en effet pas lieux d'être commenté et d'ailleurs, l'hôte reprit le cours de ses déclarations bien rapidement, laissant alors toute latitude à Victor de convenir d'une date après son retour de Sombrebois.

- Je vous enverrais un pigeon la veille de mon départ, ainsi vous pourriez préparer votre fille.

La discussion tournait alors autour de la crédibilité d'Esmée de Sabran qu'Icare cherchait coute que coute à préserver, allant même jusqu'à lancer un regard noir à son homologue qui pourtant allait s'offrir une cinglante réplique après qu'Icare ait dresser une synthèse de ces forces en présence que ce soit sur les terres du Labret ou dans la capitale.

Décroisant les jambes pour les recroiser, Rougelac s'accouda à son siège, posant sa coupe pour alors joindre ses mains devant lui et s'incliner légèrement pour rompre la distance qui les éparer de son hôte et lui donner alors le sentiment qu'il allait se formuler en aveux.

- Détrompez-vous. Il est si aise de glisser un fringuant jeune homme dans la couche d'une quadragénaire délaissé par son époux. Il est encore plus aise de faire l'inverse je vous l'accorde. Croyez-vous qu'une jeune Dame puisse déroger à cette règle ?

Il se refonça alors dans son siège après cette démonstration qui tendait à démontrer que rien n'était impossible pour prendre une mine plus sérieuse et réceptive.

- Votre prose vous honore. Un tel talent manquait cruellement à nos dîners et réceptions mondaines. Vous me voyez fort rassuré alors et je ne doute évidemment pas que le Labret est d'une valeur bien plus palpable que ne l'est Sombrebois. Les marécages n'offre pas de ressources excepté les forêts qui l'entour. Je puis donc espérer que vos atouts soient aussi solide que vous le dites. Nous visons des intérêts opposés mais qui... je le penses, peuvent nous unir. Et si je puis vous faire aveux, je suis bien aise que la Couronne ait par exemple reprit les investissement à Sombrebois. Ce projet aurait été à terme un gouffre financier certain.

Un petit regard en coin, un léger sourire à la commissure de ses lèvres, Victor reprend, gardant à la fois ses aises et une forme de prudence bien mesuré malgré ces quelques révélations.

- Chassez-vous toujours à courre? J'apprécierai à trouver un partenaire dans cet exercice, surtout depuis que je me suis offert un faucon blanc. Un dressage fastidieux mais qui en vaut la peine.

Le discours du Comte de Rougelac était en effet osé mais Victor ne s'était pas lancé tête baissé dans une telle provocation s'il ne connaissait pas un tant soit peu son interlocuteur et le cadre commun dans lequel ils œuvraient. Rougelac n'avait aucune inquiétude à se faire sur Esmée tant que son père se portait garant de sa parfaite condition de Dame de la Cours fort courtisée par les plus influents. D'ailleurs, Victor aurait pu faire parti de ces prétendants s'il n'avait pas vécu de nombreux déboires à ce sujet. Mais aujourd'hui la raison l'incitait à ne pas pas s'immiscer dans cette intrigue même s'il n'excluait aucune possibilité.

Prenant alors acte du point de vu du Comte de Sabran au sujet de Sombrebois, il écouta religieusement Icare qui dressait avec finesse son implantation et son influence au Labret. L'homme possédait des atouts non négligeable qui le plaçait dans une position avantageuse sur l'échiquier que la Couronne s'évertuait à préserver. S'ils se confrontaient à des divergences sur l'art de la chasse les deux mondains s'entendaient toutefois à prendre acte de possible battues où le Gouverneur du Sud serait convié, affirmant ainsi leur bonnes relations.

Finalement, aucun autre sujet ne fut évoqué par l'hôte des lieux, les contours de leurs projets et de leurs retrouvailles semblants entériner par la promesse d'un rendez-vous avec la fille de Sabran. En bon invité, Victor se devait alors d'ouvrir une dernière possibilité d'échanges avant que sans doute ne soit clôturer cette intéressante entrevue.

- Auriez-vous le souhait d'évoquer d'autres affaires qui pourraient renforcer les liens entre nos familles mon très cher ami ? Je suis tout ouïe. C'est le moment ou jamais, car comme vous le savez mon temps deviens de plus en plus rare et précieux depuis que la Couronne m'a nommé Gouverneur du Sud et que certaines sollicitations d'imminents proche de la Reine exploite mes compétences pour la stabilité du Pouvoir en place.

Ne jamais rentrer dans les détails, une condition "sine qua non" pour se préserver de toute menace quand à sa position devenue de plus en plus enviable par certains bourgeois et sang-bleu de la capital o ù tout à chacun cherchait à assurer sa part d'influence.