Boire pour (s)' oublier ! | Alastor Lafontaine

Sujet: Boire pour (s)' oublier ! | Alastor Lafontaine Mer 9 Mar 2022 - 19:21

Date à préciser ...

Marbrume...Le brun avait l'impression d'avoir perdu ses repères dans la cité qui l'avait vu naître et grandir depuis que Gisèle avait disparu. Il profitait de ses aller-retour pour l'escorte des vivres et autres ressources nécessaire à la survie du peuple pour mener son enquête. Hélas, il ne disposait jamais de bien longtemps sur place pour glaner suffisamment d'information et sa présence derrière les murs étaient bien trop sporadique pour que les maigres pistes à suivre restent exploitables. Sa seule consolation restant de se rendre sur la jetée contempler la vaste étendue jusqu'à l'horizon mais là encore quelque chose lui manquait. La taverne du port avait bien changé. Ce n'était plus le même propriétaire ni les mêmes filles. Et donc il ne pouvait considérer l'endroit comme un refuge où oubliait momentanément ses soucis.

Après avoir passer un moment à observer le soleil décliner jusqu'à disparaitre derrière l'horizon, il se releva. Il ne dormirait pas à la caserne ce soir. Pas ce soir. Il avait besoin de se vider la tête. Il traversa le port à grandes enjambées où les quais étaient encore animés pour prendre la direction du Goulot. Risqué mais il en connaissait le moindre recoin pour avoir arpenté ces ruelles du temps où il était enfant. Ce n'était pas pour autant qu'il ne restait pas un peu sur ses gardes, une mauvaise rencontre pouvait si vite survenir, sauf qu'il ne se laisserait pas faire. Il avait les moyens de tenir tête à un homme. Contre une bande évidemment c'était une autre histoire mais il ne mordrait pas la poussière sans en avoir amoché deux-trois.

Ses pas le menèrent, en mode automatique, non loin de son lieu de naissance. Le bordel où sa mère avait officié était encore là, tenu par les éternelles bonnes femmes. Il irait les saluer plus tard. Il passa son chemin pour s'arrêter un peu plus loin et franchit la porte d'une taverne. Ce n'était pas le grand luxe mais pour se mettre minable ça suffirait. Il n'en aurait pas pour son argent au moins.

L'endroit était assez animé. Divers jeux de pari. De la musique. Quelques filles qui aguichaient entre les tables. Le brun calla sa carcasse sur un banc dans un angle, en mode ne pas déranger, et commanda à boire. Autant le dire, il demanda directement une bouteille.

Sujet: Re: Boire pour (s)' oublier ! | Alastor Lafontaine Dim 13 Mar 2022 - 7:31

Cela devait bientôt être l'anniversaire de ses trois mois au sein de la tragique milice, un sort qui lui laissait encore autant un goût d'amertume à la gueule qu'au tout premier jour, quand on l'avait assigné à nettoyer la caserne avec d'autres recrues tout autant dégoutées que lui mais pour des raisons complètement différentes. Au moins il n'avait pas encore eu à risquer sa vie, ce qui donnait à la situation un "bon" côté.

Après avoir consulté plusieurs de ses frères d'armes sur le sujet, il en avait conclu que le meilleur moyen de passer à autre chose et d'oublier ses problèmes, y'avait que deux options pour lui. Il devait soit se réchauffer dans l'art de forniquer avec une jolie catin comme ils l'ont si gracieusement fait entendre, ou alors d'aller boire un coup et se faire des amis. Voilà un choix qui fut difficile pour le rouquin de voir comme valide, mais il en avait assez de vivre dans le désespoir avec un dégoût de vivre aussi important qu'il se résigna à aller boire un coup, seul car il n'avait pas vraiment d'amis.

Il aurait pu aller trouver une catin mais il aurait préféré un homme et ça, il n'avait pas le courage de l'avouer au monde entier ou de risquer que quelqu'un ne l'apprenne. C'est donc vers une des seules tavernes que son maigre salaire de jeune milicien pouvait permettre que le gamin se dirigea, au Goulot. Un pari risqué pour plusieurs mais ce n'était pas un quartier inconnu pour lui et il y fonça donc sans trop se préoccuper des embrouilles qu'il pouvait l'attendre là, il avait même garder l'œil ouvert pour subtiliser quelque chose auquel cas un marchand téméraire avait eu le malheur d'être là, hélas non.

Capuche sur sa tête, il s'invita dans une taverne, la première qu'il aperçut après quelques minutes interminables de marche à pas rapides. L'endroit semblait assez convivial pour qu'il ne se sente pas trop misérable mais très peu luxueux, juste assez bas de gamme pour qu'il puisse se permettre une bonne quantité d'alcool et même un peu de nourriture douteuse.

Personne n'attirait le regard du jeune homme pour le moment, lui qui était en plus de nature plutôt réservée, il n'avait pas le courage de croiser trop de regards inutilement, il alla donc s'avachir sur un maigre siège en bois menaçant de s'écrouler sous le moindre poids à tout moment avant de commander une choppe de bière ainsi qu'un repas du jour qui devait être le repas du mois à vrai dire. Il n'aurait pas été surpris de reconnaitre un asticot se frayer un chemin au travers de l'assiette en mangeant mais par habitude de ce genre de mets, il mangea sans se plaindre de son contenu.

C'est en voulant boire un première goulée d'alcool qu'un craquement sonore se fit entendre et que le jeune milicien vint rejoindre le sol avec la moitié de son siège, renversant au passage la moitié de sa choppe sur lui même et sur un grand type assis tout près.

Ce dernier laissa passer un grognement enragé avant de se lever rapidement, rouge de colère et poings levés, prêt à tuer quelqu'un. En l'occurrence il identifia en un très court instant le rouquin comme responsable de l'incident et agrippa son col pour le relever avant de se préparer à le frapper de toute ses forces sur la gueule, chose qu'il allait très certainement répéter plusieurs fois.

- Espèce de petit idiot ça ne vas pas dans ta tête, je vais te..
- Non pardon ! Je peux vous nettoyer ça promis ! Je vais vous trouver autre chose de mieux que votre chemise, elle n'était pas si belle que ça, ça devrait pas être difficile.

Ce n'était pas les bons mots à dire car le visage du mastodonte devint alors encore plus crispé et rouge, on aurait presque cru qu'il exploserait d'ici quelques secondes mais c'est plutôt son poing qui plongea vers le visage du Vert Pendu effrayé et en train de se débattre pour fuir.

Barral sirotait lentement la petite piquette qu’on lui avait apportée. C’était encore relativement tôt, trop tôt pour se mettre minable. Et le souvenir de son noble de père dépendant à la bouteille était encore bien trop présent dans sa tête. Son état surtout. Il l’avait vu suffisamment mal en point pour se convaincre de ne pas suivre cette voie. Même si pour l’heure, cette bouteille, et sûrement sa sœur, lui permettraient d’oublier sa peine et cette sensation de vide qu’il ressentait. Il en était à son second verre, la vinasse lui brûlait tellement le gosier qu’il n’arrivait pas à boire plus vite, lorsqu’un grand fracas se fit entendre. C’était habituel dans ce genre d’endroit, les gens finissaient par en venir aux mains pour pas grand chose tant la misère était grande. Sauf que ce n’était pas la voix de deux hommes prêts à en découdre qu’il perçut, ce qui le poussa à redresser légèrement la tête pour apercevoir un gros musclor en train de s’apprêter à refaire le portrait d’un rouquin guère épais. Un milicien…

Personne ne bougerait le petit doigt pour lui venir en aide. Chacun sa merde. Pourtant le brun reposa son verre, et après s’être essuyer du revers de la main, il quitta son recoin. Ce n’était pas son genre de se mêler des affaires des autres, ni encore moins d’aller à la bagarre, mais il ne pouvait pas laisser un collègue dans la mouise. Nul doute que son moral au raz des pâquerettes avait également une petite influence. Qui sait, se prendre deux ou trois coups sur le buffet, ça lui remettrait peut-être les idées en place. Avec le faible éclairage, les grandes cicatrices qui ornaient sa joue gauche et ses yeux vairons lui donnaient une aura malsaine. Pourtant l’expression de son visage était très paisible. Il s’adressa au colosse d’un ton neutre et calmement dans un premier temps.

" Laisse le milicien, il n’a pas fait exprès."

Le brun s’était rapproché tout en parlant, trouvant une arme improvisée dans les débris du tabouret. Le colosse faisait la sourde oreille malgré une seconde demande tout aussi polie. Barral soupira et devant la situation il n’eut d’autre choix que d’attaquer sous peine de voir le nez de son collègue émettre un craquement peu agréable à entendre. Et il fracassa le moignon de tabouret dans le dos du colosse, pas de quoi faire de grand dégât, mais juste de quoi détourner son attention du rouquin.

" Tu veux cogner, viens donc ! "

Un peu de provocation, histoire de gagner un peu de temps pour que le rouquin sorte de sa torpeur. Barral n’avait plus peur de prendre des coups de ce genre. Ce soir-là, il avait même tendance à les chercher. De toute façon, bientôt, comme souvent dans les tavernes du goulot, cela virerait à la bagarre générale. Vif, le brun esquiva un premier coup de poing, heureusement qu’il n’avait pas bu plus que de raison. L’autre, emporté par son élan, alla s'écraser contre un autre client.

" J’espère que tu sais te servir de tes poings…même si tu ne sais pas va falloir apprendre et vite !" fit-il à l'attention du rouquin alors qu’un uppercut le faisait se plier en deux.

Sujet: Re: Boire pour (s)' oublier ! | Alastor Lafontaine Lun 21 Mar 2022 - 9:29

Je pensais bien là que le grand gaillard me casserait promptement la gueule sans que je ne puisse lui offrir résistance car, à part mon maigre entraînement de milicien, je demeurais un piètre combattant et un brave encore moins crédible. Mais, comme un conte de fée et autres histoires d'héroïsme que nous n'osons pas raconter ou même entendre de par les dernières années, un bon samaritain fit alors son entrée. Il avait l'air d'un dur à cuir avec ses cicatrices saillantes au visage et son œil vraisemblablement borgne.

Il avait la posture d'un homme d'action entrainé au combat et son coup de tabouret dans le dos de la brute me mis la puce à l'oreille encore plus, ce type devait certainement être un membre de la milice lui aussi, sinon un vrai combattant clandestin de la rue mais la dernière option m'aurait étonné. Sa manière de combattre, son esquive et son attitude sereine, loin de l'image des combats de rue violents et sauvages, il paraissait contrôlé et juste.

- J'ai bien peur de ne pas être très fort, mais je peux sûrement mettre au tapis la plupart des civils en combat loyal.

Une estimation bien naïve d'un gamin ne voulant pas paraitre trop faible devant un homme aussi stylé et bourrin. Je le pensais vraiment mais mon jugement était altéré par la facilité qu'avait démontré le bougre bienveillant et par la pensée de mes entrainements occasionnels avec la milice.

Mais je n'ai pas eu le temps de me justifier ou de clarifier quoi que ce soit que la mêlée générale éclate ; les poings, les pieds, les choppes et les sièges volent à tout casser. J'ai l'avantage d'être encore en maitrise de tous mes moyens alors j'esquive plutôt facilement deux coups qui me sont destinés sans trop de mal et j'agrippe une choppe en bois que je fracasse de sa base sur le nez d'un pauvre homme qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment.

- Ça arrive souvent ce genre de choses ? C'est ma première fois en taverne alors je sais pas trop ce qui se passe là.

Je ne sais pas si le supposé milicien m'a entendu ou pas, il a l'air lui même très occupé à combattre plusieurs hommes à la fois et il a l'air de se débrouiller comme un pro.

- En tout cas vous, c'est pas votre premier rodéo par ici.

J'esquive en même temps un autre coup avant de m'en prendre un en plein ventre qui a pour effet d'expulser tout l'air de mes poumons et bloquer ma respiration un bon moment. Je me prend un autre coup en pleine gueule avant de répliquer rapidement d'un second coup avec la même choppe qui vient alors se fracasser sous le menton de mon dernier attaquant qui s'écroule au sol, certainement trop saoul pour continuer à se battre ou demeurer conscient.

Le gros bras lui avait mis un bon coup dans le bide. Barral encaissa, tituba un peu le temps de reprendre son souffle et un meilleur équilibre. Ce n'étaient pas les premiers coups qu'il recevait. Il en avait même pris assez souvent étant plus jeune. Durant ces premiers mois dans la milice, il n'avait guère briller lors des entrainements. A présent, c'était différent. Il avait appris. Il ne se contentait plus de faire le dos rond et d'attendre que les grêlées cessent. Non. Il ripostait. Et même là, il n'était plus question de simple pichenette désordonnée qui aurait à peine suffit à écraser un moucheron. Le brun était à nouveau en position prêt à décrocher un nouveau coup de poing. La réponse du rouquin le fit sourire.

" T'es pas du coin toi... Faut pas trop chercher les ennuis dans ces tavernes, si tu ne veux pas te retrouver plumer... "

La milice, ici, c'est vrai qu'on ne l'aimait pas beaucoup. Sans doute à cause de l'attitude de certains miliciens qui se croyaient tout permis mais aussi parce que le Goulot abritait une bonne partie de l'économie parallèle de la Cité et que donc forcément ceux qui en faisaient partis ne voyaient pas d'un bon œil cette présence.

Le brun esquiva un verre volant. Toute la taverne c'était à présent embrasée. Tout le monde se tapait allègrement sur la tronche. Barral distribuait des beignes à qui voulait en prendre. Il n'essayait pas vraiment de cibler une personne en particulier, il voulait simplement les tenir à bonne distance tout en se rapprochant du rouquin. Ainsi ils pourraient s'activer dos à dos à calmer tout ce monde.

" Disons simplement que ce n'est pas la première fois. Tu ne te débrouilles pas trop mal, essaie simplement de les repousser. "

Un peu d'encouragement ne faisait pas de mal. Le brun aurait aimé que quelqu'un lui tende la main à l'époque. Du moins dans ses tout premiers jours. Par la suite, il avait rencontré quelques personnes qui lui avaient permis de se faire une petite place.

Barral ne redoutait pas de se prendre des coups. Cela ne ferait que des bleus ou des bosses. Ce qu'il redoutait par dessus tout c'était qu'un de ces types en vienne à sortir une lame. Et là, la donne changerait. Ce n'était pas le cas pour le moment et le milicien espérait que la situation en resterait là. Au fil des minutes, les combattants se firent moins nombreux. Certains étant suffisamment sages pour se retirer, d'autres gisant au sol assommés, ne restaient debout que les plus acharnés ou les trop souls pour se rendre compte vraiment de leur état. Ceux-là ne cesseraient la lutte que lorsqu'un bon coup les mettrait hors-jeu.

Le brun sentait que les coups qu'il bloquait étaient bien plus puissants. Il connaissait sa capacité à endurer. Mais il craignait surtout de prendre le coup de trop qui lui ferait atteindre le point de non retour. Comme lorsqu'il avait failli castrer l'Angélo. Un coup de poing le toucha au nez. Ses yeux s'embrumèrent. Le sang ruissela. Une fraction de seconde, ce fut un regard meurtrier qui se posa sur son adversaire, mais la lueur repartie d'elle-même. Ce n'était pas le moment de péter les plombs. Il s'essuya d'un revers de manche, rageur.

" Cela doit cesser et vite. "

Il s'adressait tout autant au rouquin qu'au reste de la taverne. Le bruit de leur rixe risquait d'attirer soit d'autres habitants, soit une patrouille de la milice, voir les deux.