Marbrume



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 [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]

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Sélène de ColombelHaute-Prêtresse de Serus
Sélène de Colombel



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MessageSujet: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptyVen 22 Jan 2016 - 20:07
Sélène poussa un soupir exaspéré en feuillant ce qu'il lui restait à lire du soporifique rapport concernant la rénovation d'une partie des catacombes. Ce papelard lui retombait dessus par ce que c'était ennuyeux comme la pluie et que personne n'était assez généreux pour s'en occuper. Il n'y avait vraiment qu'elle pour bien vouloir reprendre quelque chose de si fastidieux, simplement pour faire plaisir à quelques gâteux qui ne lui rendraient jamais la pareille. Son père disait souvent que s’acquitter des tâches triviales apportait toujours quelques enseignements utiles. À défaut d'apprendre quoi que ce soit sur l'architecture, la jolie brune travaillait au moins sa patience.
Une fois venue à bout de l'horrible calvaire, elle signa le tout et roula les parchemins ensemble avant de les nouer avec leur cordon. Il était grand temps d'aller se délasser ! En sortant de son officine, elle demanda à un novice d'informer les autres qu'elle quittait le temple. Le jeune garçon s'inclina et laissa partir la haute-prêtresse en souhaitant ne jamais avoir à s'occuper de choses aussi ennuyeuses que ce qui l'avait tenue occupée toute la matinée dans son bureau.

Après s'être changée chez elle, Sélène prit la direction des thermes de la ville. Il était trop tôt pour que des couples soient en train de copuler dans tous les coins et trop tard pour croiser la marmaille noble que les nourrices et autres gouvernantes venaient laver dans l'eau chaude. Le moment idéal. Comme pour confirmer son intuition, le grand bâtiment semblait parfaitement silencieux, juste troublé par le gargouillis de l'eau et le grondement souterrain de la chaleur. La jeune femme traversa le couloir principal pour se rendre dans une pièce un peu plus éloignée de l'entrée et qu'elle espérait plus tranquille. L'endroit était empli d'une vapeur légère et parfumée grâce à la chaleur du superbe bassin rond qui servait de scène de théâtre aux gradins de pierre qui l'entourait dans un demi-cercle parfait.
Elle se défit de tous ses vêtements avec un soupir d'aise, les laissant négligemment sur un degré de marbre, juste éclairée par les lampes à huile disposées ça et là dans la pièce. L'eau était à une température parfaite pour se délasser complètement, Sélène s'y laissa glisser facilement. Après une ou deux brasses, elle piqua une tête et resta un moment immobile sous l'eau, bercée par le ronronnement sourd du liquide qui l'entourait et par les battements de son propre cœur. Un sentiment de profonde sérénité la gagna doucement, soulageant son corps et son esprit de toute la tension qu'elle avait emmagasinée. Revenir à la surface pour respirer fut presque douloureux.

Adossée contre le bord du bassin, entourée par la vapeur d'eau et la pénombre, elle ferma les yeux. Ces derniers mois avaient été éprouvants, même si elle n'en avait rien laissé paraître. Sa famille, restée à Cerbois, ne donnait toujours pas signe de vie et chaque nouvel levé de soleil lui faisait perdre un peu plus espoir. Elle refusait de pleurer et de laisser le chagrin prendre le dessus, mais parfois, lorsque le sommeil la fuyait, elle sentait le sel d'une larme lui brûler les yeux. Ses parents et ses frères... Qu'allait-elle faire à présent ? Si elle était bien la dernière de sa lignée, elle ne pouvait pas ignorer la responsabilité qui était la sienne.
* Le nom des miens mourra avec moi... *
se disait-elle de plus en plus souvent. La destinée pour laquelle elle s'était préparée avait été brisée par l'arrivée du Fléau et elle ne s'autorisait pas encore d'en avoir une autre. Le jour où elle devrait prendre les rennes de sa lignée approchait pourtant et avec lui se tournerait une page de sa vie.
Elle repensa aussi à ce qu'elle avait put vivre depuis que la Fange rongeait le pays comme un chien rongerait un vieil os. Elle avait assisté à des mariages, avait vu des enfants naître et d'autres mourir, elle avait rencontre Alvin de Lampaln, nouvellement héritier d'un titre et d'un rang qu'il ne s'attendait pas à avoir. Il fallait croire que c'était le lot de beaucoup de cadets sang-bleu en ce moment. Et puis il y avait eu sa visite au plateau du labret le mois d'avant, qui aurait put très mal se terminer sans l'intervention de cet étrange chevalier. Elle l'avait échappé belle... Parfois les fangeux revenaient hanter ses rêves.

Un bruit de pas dans le couloir menant à sa salle d'eau la tira de ses pensées. Une silhouette se découpa sur l'écran de la vapeur et elle put bientôt reconnaître les traits d'une femme. Cette dernière sembla hésiter un instant et Sélène lui sourit en se redressant :

« Vous ne me dérangez pas, si c'est ce que vous êtes en train de vous demander. Venez, je vous en prie. Ce bassin n'est réservé à personne. »
lui dit-elle avec douceur.

La jeune femme ne semblait pas plus âgée qu'elle, de longs cheveux noirs et le teint hâlé. Très jolie sans être exceptionnelle, elle n'avait pas le port de tête des grandes dames, ni la mise de la petite noblesse. Une femme du peuple, très certainement.


Dernière édition par Sélène de Colombel le Mar 9 Fév 2016 - 16:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptySam 23 Jan 2016 - 15:46
Le bruit du pot de terre se brisant contre le parquet retenti dans toute la boutique, suivit d’un juron plutôt laid, même dans la bouche d’une femme du peuple.

Denea venait de faire tomber un bol contenant une pâte grumeleuse de couleur grisâtre à l’aspect, il fallait bien le dire, assez peu engageant. Elle n’avait aucune excuse pour cet acte, il avait seulement s’agit de pure maladresse due à cette fatigue et cette anxiété de plus en plus visibles. L’apprentie qui avait tout vu, ne put s’empêcher d’esquisser une grimace. Cela faisait bien plus presque trois mois, un peu moins qu’elle voyait sa patronne changer devenir plus éteinte, plus irritable, plus méfiante, plus autoritaire, comme si elle essayait de mettre une distance froide entre le monde et elle.

Ce comportement inquiétait la rouquine, inquiétude confortée par le fait que désormais, elle n’était plus seule à l’avoir remarquée. Dans le quartier on pouvait entendre quelque bruits çà et là, surtout entre les femmes des quelques rues avoisinantes. Elle ne pouvait pas rester comme cela sans rien faire. Après tout s’était Denea qui lui apprenait un métier décent, si elle ne passait pas sa vie à nettoyer de la gerbe d’ivrogne ça serait grâce à elle. Alors tenter de la soulager quelque peu n’était finalement qu’un juste retour des choses.

Elle s’était approchée pour aider l’herboriste à ramasser les débris et à sauver ce qui pouvait l’être de la mixture.

« Tu sais, c’est calme aujourd’hui … Puis ces derniers temps comme tu m’as laissé plus seule j’me sens plus à l’aise avec le fait d’faire tourner la boutique et … »

Le regard sceptique de sa patronne fit hésiter la jeune fille. Elle se racla la gorge, comme pour se donner du courage.

« Fin, j'suis pas la seule à avoir vu que t’était pas dans tes meilleurs jours ces derniers temps. Puis je me suis dit qu’s’était ptète parce que tu travaillais comme une folle depuis des mois … bah … euh. »

Elle fit une autre pose, regardant la réaction de Denea qui ne semblait pas vraiment mauvaise. S’était rassurant, dans un sens.

« Si t’allais prendre quéque heure pour faire ce que tu veux, j’pourrais rester ici, comme ça t’aurais pas à fermer et … fin voilà quoi. »

La lourde porte des thermes grinça légèrement lorsque la jeune femme l’ouvrit. Ses pas se mirent alors à raisonner dans le grand espace, leur bruit légèrement étouffé se mêlant au clapotis de l’eau. S’était calme, presque désert. Il fallait dire que l’heure était propice à une telle désertion des lieux, plus ou moins tout le monde essayait de gagner sa croûte.

Enfin, visiblement pas tout le monde vu qu’une personne semblait se baigner dans l’un de bassins. Hésitant quelques instant, l’herboriste allait repartir, tant pis elle trouverait bien autre chose pour ses quelques heures de liberté, quand la femme lui adressa la parole d’une voix douce et rassurante.

Au final peut-être qu’un peu de compagnies ne lui feraient pas de mal, sans compter qu’ici l’air était chaud, pas comme dehors où le froid se faisait presque mordant.

« C’est très gentil à vous. »

La remercia Denea en s’approchant, distinguant ainsi mieux l’occupante du bassin. A peu près de même âge, la peau claire, les traits fin. Il y avait dans sa façon de parler quelque chose que l’on ne trouvait pas dans les quartiers pauvre.

Elle déposa son sac non loin de ce qui devait être les affaires de la Demoiselle et commença à se dévêtir, enlevant d’abord l’étole de laine usée dans laquelle elle était copieusement emmitouflée découvrant des vêtements plutôt masculins. Se défaisant de ses chaussures, le pantalon survit assez vite. Mais au moment d’enlever la chemise la jeune femme sembla gênée alors que jusqu’à présent elle n’avait monté aucun signe d’embarra.

En réalité, à bien y regarder, cela semblait plus de l’appréhension que du malaise.

Mais finalement le bout de tissu alla rejoindre les autres découvrant une ligne fine, peut-être un peu mince mais surtout de hanche un peu épaissies et un ventre qui commentait très légèrement à se bomber. Il fallait avoir l’œil pour s’en rendre compte à cet instant, mais bientôt la vérité ne serait plus aussi aisée à cacher, que ce soit aux autres, ou à soit même.

« J’avoue que je pensais être toute seule à cette heure de la journée. »

Conclut-elle avec un sourire timide en allant s’installer au bord du bassin.
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptySam 23 Jan 2016 - 19:45
Sélène sourit et s'écarta du bord pour retourner là où elle était. Elle était venue se détendre, pas fuir le genre humain alors peut-être qu'un peu de compagnie pourrait lui changer les idées. Ici elle n'était personne - à moins qu'on la reconnaisse - alors c'était l'occasion de pouvoir engager la discussion plus naturellement. Son regard se porta par réflexe sur sa nouvelle compagne de bain et elle haussa les sourcils avec un sourire. Depuis le temps qu'elle veillait les jeunes mères, elle était capable de déceler les premiers signes d'un enfant à venir en un clin d’œil. L'état de la jeune femme lui sembla aussi évident que le soleil en plein ciel, même si elle était loin de se douter de toute l'histoire.

« Il faut croire que nous avions toute les deux le même besoin de tranquillité, pour avoir choisi cette heure de la journée. Et vous avez eu raison de venir, l'eau chaude est excellente pour vous. »


D'après ses observations, la prêtresse situait ça à environs deux mois, peut-être trois. Il était impensable, pour elle tout du moins, que la concernée ne soit pas au courant. Elle n'imaginait pas une seconde pouvoir être l'annonciatrice de la nouvelle. De même qu'elle n'imaginait pas qu'une naissance à venir puisse être un moment triste. Il faut dire que depuis son enfance, Sélène a été habituée à l'idée qu'elle épouserait un homme dont elle ne serait pas forcément amoureuse, avec lequel il faudrait composer au quotidien et avec lequel elle devrait avoir des enfants. Partant de là, elle avait le choix entre se morfondre et détester à l'avance le fruit de ses entrailles ou prendre le parti d'aimer profondément ses enfants à venir, sans considération pour le père puisque de toute façon elle n'en serait probablement pas amoureuse. Sa propre mère avait fait le choix de chérir ses trois enfants et sa benjamine était bien décidée à faire de même. Et comme les femmes qu'elle veillait étaient toutes assez impatientes de devenir mères, elle n'avait jamais eu à en convaincre une que cela n'était pas une mauvaise chose.
Elle reprit tout en se passant un linge gorgé d'eau sur les épaules :

« La plupart des femmes ont du mal à rester un peu tranquille, mais c'est important d'essayer de se détendre. J'ai déjà vu des femmes perdre leur bébé à cause de trop d'anxiété... C'est votre premier n'est-ce pas ? »


En relevant les yeux sur le visage de la jeune femme, elle vit comme un éclat de panique dans le vert pâle de ses prunelles. Elle réalisa qu'elle avait peut-être gaffé et se mordit la lèvre.

« Pardon, je ne voulais pas vous embarrasser ! J'ai parlé sans réfléchir... »


Sélène esquissa un petit sourire contrit et en une brasse elle fut accoudée au rebord juste à côté de Denea.

« C'est mon devoir de visiter et de conseiller les futures mères, je suis navrée si je vous ai froissée, les mots sont sortis tout seuls. Ce ne sont pas mes affaires, je n'avais pas à vous entretenir de cela. »


Elle se sentait bête maintenant d'avoir parlé à tord et à travers. Après tout, elle était une inconnue et se mettre à parler, comme ça, d'enfants et de grossesses, c'était peut-être un peu étrange. Cela lui faisait réaliser également qu'elle passait beaucoup de temps à songer aux croyantes sur lesquelles elle veillait. Peut-être un peu trop, si elle en venait à penser à ça tout le temps !
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptySam 23 Jan 2016 - 22:29
Au début Denea pensa que la jeune femme dans le bassin parlait seulement de sa fatigue qui se lisait dans ses traits tirés. Il était vrai qu’un bain, un peu d’eau chaude, un peu de compagnies neutre loin du cadre oppressant de la boutique ne pouvait pas lui faire de mal, loin de là. Mais avec sa deuxième phrase elle comprit qu’il n’en était rien. La réalité des choses lui revenait en pleine face, elle avait trop tardé.

Après un petit instant de panique, elle se renfrogna quelque peu, quelques mauvais souvenirs remontant. Elle les chassa en passant une main nerveuse dans ses cheveux. Il ne fallait pas y penser.

« Vous m’avez pas vraiment froissé… c’est pas ça. Mais disons que… »


L’herboriste sembla chercher ses mots quelque instants. Comment présenter la chose pour ne pas paraitre être une odieuse personne.

« Que j’aurais préféré m’être trompé. »

De toute façon, il n’y avait pas vraiment de belles façons de présenter la chose, autant le dire la manière la moins mauvaise. Elle prenait d’un coup la plaine mesure de ce qui lui arrivait, elle avait trop attendue, elle le savait, si cela se voyait, c’est qu’il était surement trop tard pour tout arrêter. Les poisons seraient trop dangereux, trop dosé, et les méthodes plus mécaniques, trop dangereuses.
Le choix était dur entre risquer très certainement d’y passer maintenant, ou dans quelques mois en donnant naissance à ce parasite qui s’était niché au plus profond d’elle avec le concours de son déni.

« Ça se voit tant que ça ? »

Bougeant les pieds dans l’eau, sentant la résistance du fluide chaud sur sa peau. Elle avait l’air soucieuse, mais résignée. Ne regardant pas directement sa compagne de bain.

Attrapant un bout de tissu qu’elle avait apporté Denea le plongea dans l’eau, pour l’essorer. Le bruit des gouttes résonnant sur les parois de pierres.

Si cela se mettait à être visible, en plus de devoir affronter le fait que cela ne pouvait être que celui de Gunof, elle allait devoir faire face aux regards et aux questions. Elle n’était pas certaine de pouvoir le gérer ? Qu’est-ce qu’elle allait dire ? Qu’est-ce qu’il allait faire si il l’apprenait ?

S’était ça, ce que ça allait être sa vie maintenant ?
Prier pour ne pas mourir en couche puis s’occuper du rejeton de ce monstre, de cette brute épaisse. La simple présence de l’enfant lui rappelant tous les jours ce clavaire, ce mauvais rêve âpre et persistant.
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptySam 23 Jan 2016 - 23:24
La réponse était plus surprenante encore que la réaction. Sélène ne s'y attendait vraiment pas à celle-là, si bien qu'elle en resta coite un moment. Qu'était-elle supposé dire à présent ? Jamais aucune femme ne désirant pas un enfant n'était venu la voir, et c'était bien compréhensible, aussi n'avait-elle jamais eu droit à ce genre de réaction. Elle n'était pas dupe, elle savait bien que tous les enfants n'étaient pas désirés, mais se retrouver pour la première fois devant un tel cas... L'expression de profonde résignation qui s'était peinte sur les traits de la jeune femme face à elle lui fendit le cœur. Elle tenta de se faire rassurante et répondit avec empressement :

« Non non, ne vous en faite pas, c'est infime ! Il n'y a qu'un œil exercé pour le percevoir et sous vos vêtements, c'est indétectable. La plupart des grossesses ne sont vraiment visibles qu'à partir de cinq mois. Vous avez encore... le temps. »


Le temps de quoi ?
Le temps d'angoisser et de se maudire, en maudissant au passage un enfant qui n'était même pas né ? Le temps d'avoir l'air encore plus abattue avant que les gens ne se mettent à faire des remarques ? Ce qui serrait le cœur de Sélène, c'était de lire la détresse silencieuse dans le regard de cette inconnue. Elle savait comment gérer les femmes paniquées, celles qui débordaient de joies ou celles qui se torturaient en se demandant quoi faire pour être une bonne mère. Mais que pouvait-elle face à quelqu'un qui ne souhaite pas ce qui lui arrive, mais qui accepte quand même ?

« Écoutez, je suis navrée, je ne voulais pas aborder un sujet qui fâche. Mais est-ce une si mauvaise chose ? Les enfants ne sont pas supposés être néfastes, leur arrivée devrait toujours faire des heureux. Il aura votre sang après tout, et peut-être même vos traits, vous pourrez en faire une personne magnifique. »


Elle ne savait pas vraiment quels arguments avancer pour essayer de faire changer de vision cette jeune femme. Est-ce que le problème c'était le père ? Ou est-ce qu'elle avait juste peur d'accoucher dans un monde tel qu'était le leur à présent ? Ça avait de quoi décourager de faire des bébés quand on savait que des fangeux arrivaient parfois à entrer en ville. Parfois, certaines femmes de la noblesse se lamentaient en disant que leur grossesse allait leur faire perdre leur beauté et leur jeunesse, mais Sélène doutait fort que ce genre de considérations soit celles qui occupaient l'esprit de son interlocutrice. Elle se hissa sur le rebord du bassin pour s'asseoir à côté de Denea.

« Vous trouverez peut-être que c'est de la sensiblerie mal placée, mais je voudrais vous aider. J'ai toujours appris à voir les naissances comme une bonne chose, mais si cela doit rendre une femme malheureuse alors... ce n'est pas bon. Si c'est pour votre santé que vous craignez, laissez-moi vous suivre jusqu'au terme, je pourrais vous conseiller à chaque fois que vous en aurez besoin. Et si vous avez peur de manquer de moyen, le temple peut vous venir en aide sans problème. »


Elle allait dire autre chose mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Elle les chassa avec un soupir. C'était ridicule de se mettre dans un tel état pour quelqu'un qu'elle ne connaissait pas, pourtant c'était plus fort qu'elle. Peut-être que c'était la proximité de l'âge ou simplement la sympathie qu'elle lui inspirait, quoi qu'il en soit la prêtresse se sentait frustrée devant une mine si morne.

« Il y a tellement de malheurs dans cette ville... Dans ce pays tout entier. Vous semblez accablée. Avez-vous de la famille vous veillez sur vous ? Quelqu'un pour vous épauler ? Le... Le père ? »
demanda-t-elle presque à mi-voix tant elle redoutait de faire un nouveau faux pas.
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptyDim 24 Jan 2016 - 0:45
« Le père … »

Le mot raisonna de manière disharmonieuse dans son esprit. S’était pas bien ça, s’était bien le père. Cette chose qui poussait dans les entrailles de Denea était à moitié lui. Cette perspective n’était pas réellement pour la réjouir. Pourtant, elle ne paniquait pas, elle se s’en sentait pas vraiment accablée non plus. Cette femme qui venait de s’installer à côté d’elle avait une présence rassurante. Tout ce qu’elle disait semblait si sincère que s’en était presque troublant. Elle voulait sans aucun doute bien faire, même si ce n’était pas le meilleur des moyens, mais cela malheureusement, elle n’avait eut aucun moyen de la savoir avant de parler.

« … Dison que si pouvais avoir l’assurance de plus le voir de toute ma vie, je m’en porterais surement mieux. Même si au fond, ça ne réparera rien … »

La jeune femme avait mis quelques instants à finir sa phrase, pour chercher la bonne façon de dire les choses. Dans sa tête, le discours était beaucoup moins nuancé et beaucoup plus grossier. Il y avait encore une partie d’elle qui voulait hurler, se révolter, se battre, mais elle était si faible. Le garde avait tous piétiné la dernière fois, même malade il était encore capable de lui faire du mal alors à quoi bon lutter ? A part peut-être pour prendre plus de coups …

« J’ai le temps… Mais je ne sais même pas pour quoi. Pour me faire à l’idée que je vais devoir mettre au monde le rejeton d’une brute, d’un monstre ? »

Non, non, non il ne fallait pas s’emporter, même aussi modérément. Ce n’était pas ses affaires à cette rassurante et aimable demoiselle. Elle n’avait certainement pas envie d’entendre une histoire sordide sur un milicien colérique, violent et pervers. Il y avait plus agréable comme récit pour agrémenter un bain. Pourtant, quelques mots amers échappèrent encore à l’herboriste.

« Même avec toute votre aide, on ne pourra pas faire disparaître tout ça, tous ces cauchemars, toute cette saleté.
Comment ça pourrait être une bonne chose ? C’est juste un souvenir physique de … de… »


Heureusement, elle avait toujours, et aurait surement toujours du mal à en parler. Ça l’avait stoppé net dans son relatif élan. Denea poussa un long soupire pour se redonner un peu de contenance. Ce n’était pas grave, on pouvait toujours faire comme si cette conversation n’avait jamais eu lieu. Ou au moins essayer de changer de sujet.

« Je sais même pas comment vous vous appelez, ou ce que vous faites. »


Elle arborait un sourire un peu embarrassé. Mais préféra enchaîner pour donner un peu de matière à sa maladroite tentative.

« Je m’appelle Denea, et vous ? »

A vraie dire, elle ne croyait pas vraiment en la réussite de son petit projet, sachant bien qu’elle en avait à la fois trop et pas assez dit. Mais cela valait tout de même la peine d’essayer.
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptyLun 25 Jan 2016 - 16:17
Visiblement, le mal était plus profond qu'une simple angoisse vis à vis d'un bébé ou du contexte actuel, le fond du problème venait surtout du responsable de cette situation : le père. Pas besoin d'être devin pour comprendre, en écoutant Denea parler, qu'elle vouait à cet homme autant de colère que de dégoût. Sélène espérait sincèrement qu'en plus d'avoir été maltraitée par cet ignoble personnage, la jeune femme n'était pas en plus mariée à lui. Le seul avantage à sa situation serait alors qu'elle pouvait le fuir sans qu'aucune obligation maritale ne l'oblige à subir jusqu'à la fin de sa vie des mauvais traitements.
Parler de tout cela était douloureux et la jeune femme décida, quoi qu'un peu brutalement, de changer de sujet. La haute-prêtresse esquissa un sourire désolé en retour, acceptant de s'écarter du sujet.

« Enchantée de vous connaître. Je m'appelle Sélène. Je travaille pour le temple, au service de Serus. Sans être véritablement herboriste, ni complètement sage-femme, je m'occupe de conseiller et parfois de surveiller les femmes enceintes jusqu'à leur accouchement. C'est pour cela que... enfin que j'ai remarqué très rapidement votre état. »


Tout en parlant, la demoiselle passait le linge sur ses bras et ses épaules ainsi que ses jambes. Les thermes étaient toujours calmes et malgré leur début de conversation, l'atmosphère chaude et un peu étouffante allégeait les soucis.

« Avec ce qui se passe en ce moment à Marbrume, beaucoup de monde vient chercher des réponses ou juste un peu de réconfort au temple. Ne pas se sentir totalement abandonné par les dieux aide à garder la tête hors de l'eau. Je ne sais pas où en est votre foi, beaucoup l'on perdu depuis que la Fange est apparue, mais vous savez où me trouver désormais. »


Faire simplement connaissance, sans fioritures dans la conversation ou tournures de langage était infiniment reposant


« Et vous Denea, à quoi occupez-vous vos journée ? »
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptyMar 26 Jan 2016 - 19:30
C’est avec soulagement que la jeune femme se rendit compte que sa compagne de bain n’avait pas choisi de forcer les choses. S’était assez délicat de sa part de ne pas chercher à savoir plus que ce qui avait été malencontreusement lâché.

Elle devrait s’y faire maintenant à cette chose qui poussait dans son ventre. Personne ne pouvait s’habituer, admettre cette cohabitation forcée de plusieurs mois à sa place.

Elle était donc prêtresse se Serus, s’était amusant de voir comme cela était assez peu étonnant au vu de l’attitude qu’elle avait arboré sans cet embryon de conversation. Douce et à l’écoute elle semblait parfaitement coller à l’idée que l’on pouvait se faire de la prêtresse type.

Tandis qu’elle parlait, Denea avait passé le linge mouillé sur ses bras et dernière sa nuque. Le tissu encore imprégné de la chaleur de l’eau soulageait les articulations et les muscles malmenés par la fatigue et le stress.

« Je suis herboriste, moi aussi on vient me voir pour soigner des maux.
Denea esquissa un sourire timide. J’ai une petite officine dans le Goulot, rien de bien prétentieux, mais au moins les gens savent que là-bas il y a quelqu’un pour les aider les soigner. Où seulement les écouter … Quelque fois, ça suffit. »

Souvent, ça suffisait même. Pourtant, ces derniers temps, comme pour beaucoup de choses, s’étaient plus Beth qui s’occupait de l’écoute. Elle se rendait compte à quel point elle avait réussi à se laisser miner, emporter par tout ça.

« Enfin en ce moment, je recouds plus de plaies que je ne prépare de remèdes. C’est devenu trop compliquer de se procurer des herbes. »

Et les préparations trop chères. Aussi arrangeante qu’est été l’herboriste, il fallait bien qu’elle vive elle aussi.

Il y avait une question qui lui restait en tête, elle qui n’avait jamais vraiment été très portée religion.

« Je me suis toujours demandé comment on pouvait en venir à vouer sa vie aux Dieu. »
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptySam 30 Jan 2016 - 19:22
Sélène hochait de temps en temps la tête, signe qu'elle écoutait avec intérêt. Ça devait être épuisant de travailler pour la santé des gens, surtout en ce moment. Les quelques fois où le temple prenait en charge des malades ou des blessés, c'était branle-bas de combat alors dans une herboristerie... C'était bien simple, il n'y avait pas assez de médicastres et de barbiers-chirurgiens dans la ville étant donné le nombre de réfugiés. Les grippes et les fièvres étaient nombreuses, elles circulaient facilement grâce à la promiscuité de la population et il fallait s'estimé heureux qu'aucune grosse épidémie n'ai encore éclatée. Les blessés en tout genre étaient légion, que ce soit des coupures du quotidien, des morsures de chien ou des choses plus graves comme des fractures ou des griffures de fangeux. Alors la jeune femme trouvait que Denea était bien courageuse de supporter cette charge de travail en plus de ses propres problèmes, qui visiblement étaient assez conséquents. Elle méritait sans doute autant de respect, de déférence et d'autorité qu'une haute-prêtresse, mais parce qu'elle était herboriste dans le Goulot on ne lui accorderait jamais tout cela à hauteur de son mérite.

« Enfin en ce moment, je recouds plus de plaies que je ne prépare de remèdes. C’est devenu trop compliquer de se procurer des herbes. »
« C'est vrai que ça devient problématique. Et avec l'hiver, même les sorties hors de la ville ne sont pas très productives. J'espère que le froid ne va pas s'installer trop longtemps. »

« Je me suis toujours demandé comment on pouvait en venir à vouer sa vie aux Dieux. »

Sélène esquissa un sourire. On lui demandait ça régulièrement et elle pouvait comprendre. Beaucoup de gens devaient s'imaginer sa vie de religieuse de façon assez contraignante et recluse. Ça ne la dérangeait jamais d'expliquer pourquoi elle avait choisi cette voie.

« Vous dites ça comme si c'était une extrémité à laquelle on était poussé par le malheur ou le désespoir. Vouer sa vie à un dieu, ce n'est jamais rien d'autre que vouer sa vie à une cause et à des valeurs. »


Elle prit appuie sur ses mains et se laissa de nouveau glisser dans l'eau, qui lui arrivait aux épaules. Ses cheveux humides semblaient être devenus de longs serpents d'eau qui la suivaient dans ses mouvements.

« J'ai toujours adoré les animaux, je les approche sans crainte et ils ne me craignent pas en retour. Il m'arrivait d'en recueillir certains pour les soigner lorsque j'étais enfant. Un jour un jeune prêtre de Serus nous a rendu visite et cette empathie lui sembla être un signe des dieux. Il me proposa d'entamer ma formation et la perspective de faire quelque chose de ma vie était plaisante. Certaines valeurs étaient déjà naturelles pour moi, comme le respect de la vie et l'attention qu'il faut lui porter. Et d'autres m'ont été inculquée avec un peu de peine, comme le travail acharné qu'il faut fournir pour produire ce dont on a besoin. Mais je suis heureuse d'avoir un peu souffert pour apprendre tout cela. Je m'en suis toujours sentie grandie. »


La jeune femme revint en une brasse vers Denea après avoir tranquillement fait le tour du bassin. Elle souriait avec douceur et n'avait pas besoin de hausser la voix pour mettre de la conviction dans ses paroles.

« J'ai du respect pour tous les dieux, mais j'ai choisi de servir Serus car il est le protecteur de l'endroit d'où je viens et j'ai appris à le prier en premier. Je ne conçois pas ma vie comme un sacrifice à sa grandeur, je me considère plutôt comme un relais de ses valeurs, comme une de ses élèves qui après avoir appris ses leçons doit les appliquer et tenter de les faire apprendre à d'autres. Si un jour je renonce à l'église, je ne renoncerais pas pour autant à mes dieux, ni au respect que je leur dois, ni aux leçons qu'ils m'ont enseignés. Sans compter que j'aime l'idée qu'il y a la présence du Vieux Père pour veiller sur moi. Il ne se montrera jamais, il ne s'interposera jamais entre moi et le danger, ne fera pas fleurir des fleurs miraculeusement pour moi, ni ne me donnera des dons incroyables, mais je veux voir sa présence bienveillante dans l'étonnante fertilité de mon jardin. Et dans chaque naissance qui se passe bien. Ou dans toutes les occasions qui se présentent à moi d'être utile, productive. C'est à lui que je dois les possibilités qui m'entourent, mais c'est à moi de choisir lesquels je saisi et de les exploiter autant que possible.»
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Denea AlberickHerboriste
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptyMer 3 Fév 2016 - 15:52
Denea eut un sourire mi amusé mi gêné lorsqu’elle entendit comment Sélène avait interpréter sa question. Ce n’était pas tout à fait cela qu’elle voulait dire, mais tant pis.

« Ça doit être réconfortant comme idée, comme sentiment de présence. »

Se laissant glisser dans l’eau chaude, la jeune femme apprécia son effet sur ses articulations malmenées et ses muscles raidis. Elle lâcha un petit soupire soulagé. L’espace de cet instant, elle avait l’impression de réussir à vivre avec toute la merde qui s’était accumulée ces derniers temps dans sa vie. De toute façon on ne pouvait rien effacer, il faudrait bien apprendre à faire avec, mis toute semblait encore si frais et si douloureux.

Mettant la tête sous l’eau l’espace d’une poignée de seconde, l’herboriste une fois remontée passa la main dans ses cheveux pour les enlever de devant son visage. Elle regarda ses doigts fendre la longue masse sombre et détrempée.

« Je crois qu’inconsciemment je le sentais, même si il était facile de l’oublier ayant un peu perdu la notion de temps ces deniers mois. Je ne voulais pas me l’avouer, s’était trop dur de penser qu’il y avait encore un peu de lui en moi. »

La jeune femme avait parlé d’une voix douce teintée d’un peu de mélancolie et de ressentiments. Il était facile de comprendre qu’elle ne parlait plus de religion. Leur premier sujet était revenu, presque naturellement. Il fallait dire que s’était tout ce qui préoccupait Denea ces derniers temps. Gunof, le parasite et tous les problèmes qui allaient avec.

« Maintenant, j’espère seulement qu’il ne l’apprendra jamais. »

Son ton était neutre, presque triste, non, plus résigné. Elle ne l’avait pas revu depuis des semaines, mais cela ne voulait pas dire qu’il ne reviendrait plus du tout. Cette ville ne semblait désormais plus assez grande pour les séparer assez. Si dehors n’était pas si dangereux, si elle n’avait pas tout construit ici, peut être serait-elle déjà partie. Mais ce n’était pas le cas et il fallait bien évoluer dans sa réalité. L’herboriste s’était sentie presque piégée les plus mauvais jours. Heureusement, ils semblaient être passés.

« Je suis terrifiée par ce qui risque de se passer dans les prochains moins. »

S’était bien la première fois qu’elle formulait aussi clairement ses craintes, même si cela restait assez vague finalement. Au moins, elle ne la gardait pas pour elle jusqu’à ce que ça la ronge, la mine et lui donne l’impression d’avoir raison de son esprit.

« Pardon, vous veniez surement vous détendre pas exercer votre travail. »

Elle arborait une mine contrite. Elle n’allait tout de même pas employé son peu de temps libre à gâcher celui de quelqu’un d’autre.
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptyMer 3 Fév 2016 - 22:42
Sélène fit un geste de la main comme pour chasser cet insignifiant soucis. Elle était toujours heureuse de pouvoir rendre service même s'il ne s'agissait que d'écouter. Et à vrai dire, elle se sentait un peu frustrée de ne pas pouvoir faire plus pour Denea. Pourtant la jeune femme semblait vraiment avoir besoin d'aide... Ou au moins d'un peu de soutient.

« Ne vous inquiétez pas pour moi. Je voudrais faire autre chose pour vous que vous apporter de belles paroles... »


Elle sembla réfléchir un moment, le regard perdu dans les vapeurs d'eau chaude. Cette femme avait un endroit où vivre et un métier, même si les temps étaient durs elle semblait s'en sortir. Faire la charité ne serait ni poli ni utile. Elle avait l'air malmenée par la vie et aussi par ce type dont il était clair qu'elle ne voulait pas. L'idée de ce qui avait pu lui arriver devenait horriblement évidente.

« Je ne sais pas ce que vaudra cette proposition, mais si vous vous sentez menacée, s'il vous plaît, venez au temple me trouver. Mes gardes pourrons vous protéger si on tente de vous faire du mal. Et si c'est à propos de votre bébé que vous vous inquiétez, vous pourrez toujours venir me demander conseil. Ou me faire chercher, je me déplacerais aussitôt. »


La jeune femme se tordait un peu les doigts, gênée de se sentir aussi inutile. Si elle n'était même pas capable de venir en aide à une personne avec qui elle pouvait discuter en tête à tête, comment pouvait-elle espérer venir en aide à toute une population ? Est-ce que c'était vraiment en restant au temple qu'elle était la plus utile ?
En un mouvement de brasse elle s'approcha de Denea pour lui parler à voix basse. Non pas qu'il y ai quelqu'un en vue pour les écouter, mais elle ne voulait pas hurler sur tous les toits non plus. Surtout qu'elle se sentait un peu bête d'annoncer ça seulement maintenant :

« Vous... Vous savez, je ne suis pas que prêtresse. Je suis Haute-prêtresse. Mon nom complet est Sélène de Colombel. Je n'ai pas l'habitude de dissimuler mon identité, mais j'avais envie de parler sans m'encombrer d'un nom. Cependant, je ne sais pas si vous mesurez l'aide que je peux vous apporter si vous ne savez pas vraiment qui je suis. S'il vous plaît Denea, je peux faire si peu pour la population de Marbrume que si je peux vous aider vous, au moins, je me sentirais moins inutile dans cette cité. »
Sous l'eau, la jeune femme tordait le linge qu'elle tenait entre ses mains, mal à l'aise face à son impuissance.
« Je ne veux pas me mêler de votre vie, mais vous semblez si lasse et le malheur est tellement fréquent ces derniers temps, je voudrais faire quelque chose de vraiment utile pour vous. J'ai une chambre d'hôte que vous pouvez occupez si vous souhaitez être dans un quartier différent pour ne pas être retrouvée, le temple vous est bien sûr ouvert, mais peut-être que je peux mettre à votre disposition un garde ? Personne n'a jamais tenté de s'en prendre à moi en ville, cette protection vous sera plus utile qu'à moi. Je vous en prie, dites-moi comment je peux alléger votre charge. »


Elle se vouait à aider des femmes enceintes qui pouvaient aussi demander l'aide de leur famille ou d'une sage-femme, mais maintenant qu'elle était face quelqu'un qui était seul, elle avait l'impression de ne plus pouvoir rien faire.
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptyJeu 4 Fév 2016 - 16:51
Si elle s’était douté que son interlocutrice ne soit pas du peuple, via sa façon de parler, de se tenir, elle ne s’était pas pour autant douter qu’elle fût de na Noblesse.
Elles parlaient ainsi, comme si de rien n’était.

Son embarras et toute sa bonne foi touchèrent Denea. Prise d’un élan parfaitement spontané enlaça la prêtresse. Un bref câlin pour la remercier, ou la rassurer, elle n’était pas sûre. La lâchant, elle présenta ses excuses à la noble pour ce geste qui était surement parfaitement déplacé, surtout au vu de l'endroit où elles se trouvaient.

« Pas de garde, surtout pas. »

Cette simple petite phrase eut des allures de cri du cœur. La charmante proposition de Sélène avait soulevé dans la jeune femme une terrifiante idée. Si pas faiblesse, elle avait accepté et que ça avait été Gunof. Denea ne se rendait pas forcément compte qu’elle laissait des indices involontaires sur ce qui lui étaient arrivé. Il était plutôt évident pour un esprit un peu affuté d’interpréter ses paroles et de faire des liens. Mais tant que personne ne l’obligeait à le dire, elle réussirait à faire avec.

Même si elle restait préoccuper par la menace qu’avait proférer le garde à la suite de leur dernière rencontre. Qu’est-ce qu’il voulait faire ? Elle ne pouvait pas se reclure dans la peur, elle avait déjà essayé, elle avait failli sombrer pour de bon.

« C’est très aimable à vous, mais je crois que je n’ai besoin que d’une oreille attentive et un peu de compassion. Quelqu’un qui ne jugerait pas, avec qui je ne serais pas obligé de me justifier. »

Au final, s’était surtout cela qui la freinait pour en parler. Elle n’avait aucune preuve de ce qu’elle avait subi, à part ce petit amas de chaires dans son bas-ventre. Surement avait-elle peur qu’on ne la croie pas qu’on la prenne seulement pour une fille au meure légère qui essayait de faire payer son dernier amant en l’accusant. La jeune femme ne pourrait vraiment le supporter.
Cela lui rappelait Gunof qui l’avait traité de menteuse, niant ce qu’il lui avait fait.

« Finalement, j’ai juste besoin d’un peu de calme dans ce bordel qu’est devenu ma vie ces derniers temps. De quelqu’un sur qui m’appuyer quand ça devient trop dur. »

Grim avait bien joué ce rôle une fois, laissant un sentiment mitiger à l’herboriste. D’un côté elle avait eu besoin de vider son sac, de l’autre elle avait peur d’en avoir trop dit, d’avoir horrifié le saltimbanque. Le pauvre homme il ne méritait pas de se faire plus de soucis qu’il en avait déjà. D’ailleurs personne en soit ne le méritait. Il y avait déjà de quoi se faire des cheveux blancs avec ce qui se passait dans et surtout hors de la cité.
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MessageSujet: Re: [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ]   [Terminé] À quelque chose malheur est bon. [ Denea ] EmptyMar 9 Fév 2016 - 15:50
Un peu surprise par le geste, Sélène ne perdit cependant pas beaucoup de temps avant de lui rendre cette brève étreinte brève. Les hommes pouvaient bien qualifier ça de sensiblerie, mais c’était un remède bien plus efficace que les mots parfois.
Elle entendit les mots de Denea, mais cru comprendre aussi ce qui se cachait derrière. Et l’affaire lui sembla tristement courante. Ce n’était déjà pas si rare avant le Fléau, mais depuis que la Fange grattait aux portes de la ville, ceux qui maintenaient l’autorité prenaient souvent l’allure de bourreaux et ils étaient nombreux ceux qui redoutaient la milice presque autant que les monstres. C’était écœurant. Sélène se contenta de hocher la tête en signe de compréhension. Pas de gardes, juste être là pour l’écouter, comprendre et accepter qu’elle dépose son fardeau un instant. Elle pouvait tout à fait le faire, évidemment, même si c’était frustrant d’être si inutile. Mais personne ne résous ce genre de problème en claquant des doigts.

« Vous avez du courage. Soutenir tout cela à bout de bras, seule, c’est une épreuve que je ne souhaite à personne. Si vous n’avez pas de famille sur laquelle compter, venez me trouver quand même. Vous avez raison de vouloir l’appui de quelqu’un. »


Sélène sembla alors avoir une idée et sa bouche s’arrondit dans un « oh ! » avant qu’elle ne fasse signe à Denea de l’attendre un instant. Elle remonta sur le bord du bassin et fouilla ses affaires jusqu’à en sortir ce qui semblait être un petit gri-gri de bois au bout d’un cordon de cuir. Il s’agissait d’une petite représentation d’un cerf aux aguets taillé avec précision dans du bois gris. Un petit trou au milieu laissait passer le cordon ainsi que deux perles, une du même bois que la miniature et l’autre en pierre polis.
La haute-prêtresse s’accroupit près du bassin et fit signe à l’herboriste d’approcher. Lorsque celle-ci tendit la main pour recevoir ce qu’on voulait lui donner, la vicomtesse laissa tomber dans sa paume humide le porte-bonheur et sourit avant de s’asseoir, les jambes dans l’eau. Elle avait pris le grand linge sec qui lui servait de serviette et s’essora ses cheveux. Il était temps pour elle de retourner à ses obligations, malheureusement.

« C’est un petit quelque chose que je voudrais que vous acceptiez. Je ne sais pas à quel point vous avez foi en nos dieux, mais ça n’a pas d’importance car ce porte-bonheur n’est pas vraiment en lien avec Serus. Il vient de Cerbois et il représente un des grands cerfs blancs qui vivent sur le domaine. Ce sont des animaux rares, ils portent chance. Si un jour vous en voyez un en rêve, suivez-le, c’est un guide de confiance. »


La jeune femme s’était séché rapidement le dos et les épaules. Elle se releva pour passer sur son ventre et ses jambes.

« Tout à l’heure vous avez dit que ça devait être réconfortant d’avoir le sentiment qu’une présence veille sur nous. C’est vrai, ça aide parfois à faire face. Vous trouverez ça peut-être vaniteux de ma part, mais si une présence divine ne parvient pas vous réconforter, j’espère que via ce porte-bonheur vous ressentirez ma présence en soutient, bien qu’elle ne soit qu’humaine. »


Elle sourit avec cette tendresse quasi maternelle qui la caractérisait, elle qui n’avait pourtant jamais eu d’enfants. Si elle devait compter le nombre de fois où on lui avait dit qu’elle serait parfaite dans le rôle de mère… Pour l’instant, s’occuper des autres lui suffisait.
Une fois bien sèche, elle remit ses vêtements

« Je suis navrée, il faut que je retourne au temple. Vous allez pouvoir profiter du calme, il ne devrait pas y avoir grand monde avant une bonne heure. Prenez soin de vous surtout et… Essayez de voir un bon côté à tout ceci. Un enfant est toujours innocent des actes de ses parents. »


Sélène se redressa, sa cape repliée sur le bras et adressa un au revoir à l’herboriste de la main avec un sourire encourageant. Elle avait l’impression d’abandonner quelqu’un, mais le temps n’allait pas s’arrêter pour elles et il n’y avait rien qu’elle puisse faire de plus de toute manière. Denea n’avait certainement pas besoin qu’on l’étouffe inutilement. Elle savait où trouver une porte ouverte désormais, peut-être était-ce l’essentiel.
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