Marbrume


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 Rats des villes...

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Anne TerrelVoleuse
Anne Terrel



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MessageSujet: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyVen 15 Avr 2022 - 11:01
15 mai 1167

Je rentrais tard, ce soir-là. La journée n'ayant guère été profitable, je ne m'étais contentée que de quelques bourses vides, délestées à la sauvette pour acheter de quoi dîner. Antoine était encore très faible ce matin, la fièvre s'étant de nouveau manifestée. Aussi, avais-je demandé à Agnès de rester à ses côtés pour veiller sur lui.

Personne ne sait d'où lui venait cette santé fragile. Après tout, même ma mère, avant son dernier accouchement, avait toujours eu une santé de fer, tout comme mon père, ma sœur et moi. La faiblesse d'Antoine me rappelait celle d'Albert, emporté beaucoup trop tôt par une fièvre fulgurante … Mais des épisodes fiévreux tel que celui-ci, mon petit frère en avait déjà vécu des dizaines, sinon plus… Et, malgré cela, il était toujours là, bien vivant.

Une chance, quand on y pense… Vivre dans un tel taudis, rongé par l'humidité et la moisissure, infesté par les rats et autres insectes peu ragoûtants grouillant partout, n'était guère profitable pour un petit gars à la santé fragile. Mais il tenait bon, ce petit homme miniature, sans que personne ne comprenne pourquoi ou comment.

Bref. Ce jour-là, l'apothicaire - de plus en plus radin et fort peu aimable - ne m'avait pas donné grand-chose pour le soulager. Quelques plantes malodorantes, si sèches qu'elles tombaient en poussière dès que je faisais mine de vouloir les tirer de leur pochon. D'ordinaire, il était aisé de les faire infuser, mais cette fois, je me demandais clairement comment m'y prendre sans les lui faire avaler. Après tout, bien souvent, ses remèdes pouvaient se muer en poison s'ils étaient mal préparés .

Peut-être aurais-je dû me montrer plus insistante ou plus menaçante avec lui… L'image de la "crève misère" que je lui évoquait n'aidait guère à lui donner l'envie de se montrer courtois envers moi. Je suis certaine que s'il avait pu me chasser de la boutique ce jour-là, il l'aurait fait sans retenue. Mais lui aussi avait vraisemblablement besoin de nourrir sa famille, aussi avait-il finalement daigné me vendre cette pourriture en poudre contre les quelques pièces oxydées que je venais de subtiliser à une raclure, pilier de bordel crasseux.

Une journée de disette. Ou presque… Au moins avais-je de quoi nourrir mon frère et ma sœur. Les autres devraient se contenter de croûtons pain rassie, ramenés par l'un des gars de Louis. Pour ma part, je savais me passer d'un repas ou deux.

Je rentrais donc chez moi… Enfin, dans le taudis qui nous servait de maison à tous. Il faisait nuit, ce qui ne m'arrangeait pas tant les rues du Goulot se voyaient insécures. J'essayais tant bien que mal de me faire discrète afin de ne pas attirer l'attention des gros rats des rues… Ces espèces de raclures qui traînaient dans les venelles sombres afin de jouer les gros bras avec ceux qu'ils considéraient comme plus faibles … D'ordinaire, j'arrivais facilement à les éviter, en rasant les murs, en évitant les rues calmes et en me montrant particulièrement patiente. Par expérience, j'avais pris l'habitude de suivre les gens ivres, considérés comme plus vulnérables que moi. Je les laissais tomber dans leur piège à ma place et il ne me restait plus qu'à contourner leur mêlée. "Facile", en théorie. Sauf que cette fois, j'étais seule dans la rue… La maison n'était certes plus très loin, mais la ruelle se voyait régulièrement entrecoupée par d'autres impaces ou autres petites venelles menant à des artères plus fréquentées … Je ne le sentais décidément pas… Et, malheureusement pour moi, mon instinct ne s'était pas trompé.

-Tiiiiens, mais c'serait pas not' joli p'tit oiseau ça ? chantonna Frix le maigrelet, suivi de prêt par Marc le gros,se ramenant tous deux vers moi leur surin à la main. C'est qu'ça fait un moment qu'on t'a pas vu… Qu'est-qu'tu ramènes aujourd'hui ?
-Rien de plus qu'un remède pour mon frère.

Je n'avais pas spécialement peur. Ces deux-là étaient certes armés, mais bêtes comme leurs pieds. Il n'était pas bien difficile de les embobiner.

-Et c'est tout ? susurra une voix à mon oreille…

Une voix que personne dans le quartier ne souhaitait avoir à entendre un jour. Celle du Malin. Ce type-là ne faisait clairement pas dans la dentelle et s'il sortait peu, la plupart de ses interventions finissaient très mal pour ses victimes. Et, en l'occurrence, sa victime, ce jour-là, c'était moi. Je frissonnais.

-Allons, petite fille, souffla-t-il tout en plaçant sa lame sous ma gorge. Je suis certain que tu as bien plus à m'apporter que ce fameux remède… N'est-ce pas les gars ?

Les salauds… Les deux conservaient en souriant, me laissant entrevoir leurs chicots pourris.

-Tu sais qu'on peut toujours s'arranger… Juste quelques minutes avec moi et tu pourras retrouver les tiens, entière… ou presque … cela ne dépendra que de toi.

Par les Trois, son haleine, son odeur, ses propos, tout chez cet homme-là me donnait envie de vomir. Et comme je me trouvais incapable de bouger, paralysée autant par la peur que le dégoût, les deux autres en profitèrent pour s'emparer de ma besace afin de fouiller dedans. Visiblement, ces deux-là, n'avaient nullement compris les sous-entendus graveleux du Malin, chose qui l'agaça puisque je l'entendit soupirer dans mon oreille.

- Apparemment, tu as de la chance. Ce sera entre toi et moi ce soir …
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Eivør
Eivør



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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyDim 17 Avr 2022 - 22:58
Le goulot n’avait rien d’un lieu de vie idéal. Tout ici n’était que misère, prostitution douteuse et cadavre oublié dans les caniveaux. La milice ne venait ici-bas que de manière très occasionnelle, si bien qu’il était simple pour les brigands du coin de former leurs petits “royaume”, chaque groupe ayant bien entendu leurs activités de prédilection. Le mercenaire avait un don naturel pour entrer en conflit avec les mauvaises personnes. Quelques rixes avec des larbins lui avaient permis de connaître le sobriquet de certaines raclures plus importantes que la moyenne, le genre à avoir une influence néfaste dans le quartier.

Il y avait Le Marchand, un contrebandier avec un sacré réseau, l’on racontait qu’il était capable de fournir n’importe quoi à n’importe qui, mais il fallait en contrepartie payer le prix fort. La grande majorité des bordels du coin étaient sous la coupe d’un type répugnant que l’on nommait le Malin, une espèce d'ordures qui trimballait plus de morpions que toute une garnison, il avait aussi des penchants plus obscurs que personne ne cherchait à connaître. Le dernier et pas des moindres était Le Petit Bâtard, qui faisait fond de commerce avec le meurtre et la torture, lorsque l’on voulait se débarrasser de quelqu’un, ou obtenir des informations particulières, il suffisait de le contacter. Eivør connaissait encore deux ou trois individus moins connus. Ils avaient tous le point commun d’être sortie de la même fausse à merde. Les rumeurs permettaient généralement d’apprendre beaucoup de choses, notamment que si la milice ne s’intéressait pas à ce genre de soucis, c’était principalement grâce à des avantages offerts aux bonnes personnes. Autant dire que cela assurait une certaine tranquillité, tranquillité à laquelle Eivør souhaitait mettre un grand coup de pied. Nettoyer Marbrume de sa vermine pouvait être un objectif noble, du moins cela l’aidait à se lever le matin, le seul moyen pour tenir entre les murs de la cité était d’avoir un but à atteindre, il espérait en avoir trouvé un.

La nuit était tombée, rendant le coin encore plus dangereux qu’il ne l’était normalement. Le mercenaire n’était pas du genre à craindre l’obscurité, il savait se défendre tout comme il se doutait que sa carrure faisait de lui une mauvaise cible. Ce n’était pas la première fois qu'il errait au Goulot, et certains avaient fini par le connaître plus au moins, le sale étranger qu’il valait mieux ne pas trop emmerder. Le mercenaire se faufila dans une petite ruelle que l’on pouvait considérer comme un coupe-gorge, il n’était d’ailleurs pas rare qu’on y trouve un corps froid au matin. Il s’enfonça de plus en plus au milieu des ruelles tortueuses jusqu'à finalement atteindre un endroit normalement plus fréquenté. Une rue où il n’était pas rare de croiser des ivrognes boiteux, ou toute sorte d'individus issus de la plus basse extraction. Cependant, il fut surpris de se retrouver dans une rue anormalement déserte. À peut-être une trentaine de mètres devant lui se tenait un petit groupe d'individus, trois hommes et une femme. Eivør avait suffisamment de flair pour savoir que ce n’était pas un groupe d'amis perdu au milieu des allées lugubres. Sûr de lui il s’approcha d’un pas décidé, il n’essaya même pas de se faire discret, dans tous les cas on le verrait venir. Deux des trois types l’avaient aperçu, le troisième visiblement plus concentré sur la présence féminine ne s'intéressa pas à lui. Le mercenaire s’arrêta à une distance raisonnable, autrement dit, suffisamment loin pour sortir son arme et répliquer en cas d’attaque. Le gueux à la corpulence fluette fut le premier à parler.

- Tu f’rais mieux de faire d’mi tour, et d’rentrer chez toi l’ami.

Le mercenaire ne répondit rien, celui aussi large qu’un cochon bien gras enchaîna.

- C’est pas l’type qui à foutu une raclée a Rorik ? Le fumier d’étranger qui rôde la nuit ?
- Ah ! P’têtre bien oui, ces raclures sont pas d’genre à sortir l’soir venu, trop peur d’nous.

Le troisième individu dont Eivor ne connaissait pas l’identité se retourna à son tour, gardant toujours la jeune femme plus ou moins sous la menace.

- Il me semble avoir déjà entendu parler de toi, il faut dire que… tu es assez atypique ici. Si tu es perdu nous pouvons t’indiquer un chemin sûr, nous ferons comme si de rien n’était et tu pourras vaquer à tes occupations nocturnes.
- Relâche la femme.
- Tu vois… ça, ce n’est pas possible, tu ferais mieux de partir avant que Frix et Marc ne s’occupent de toi.

Le nom des deux larbins ne lui disait rien, Eivør fit un pas de plus en avant, décalant légèrement un des pans de son manteau pour libérer le manche de sa hache.

- Relâche la femme.

L’homme plissa dangereusement les yeux, d’un hochement de tête, il ordonna à son sous-fifre de passer à l’action. Le gringalet fit deux pas en avant tout en brandissant son surin comme l’on brandirait une lance. Le mercenaire jugea qu’il n’avait pas besoin de son arme. Eivør bloqua d’abord l’attaque avec son bras gauche, puis enfonça son poing dans le visage marqué par la petite-vérole de son adversaire. Étourdi, Frix ne réagit pas assez vite. Le mercenaire glissa son avant-bras gauche sous le coude de la vermine et força dans le sens inverse de l’articulation. Frix lâcha son arme sous la douleur qui envahit son bras, se laissant emporter Eivør lui asséna alors un deuxième coup de poing au visage, puis un troisième et enfin un quatrième qui en plus de briser ce qu’il restait de son nez, envoya Frix directement dans la boue le visage ensanglanté et déformé. Avant que le gros ne réagisse, le mercenaire releva le regard vers lui.

- Aller, fais-moi cette joie.
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Anne TerrelVoleuse
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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyLun 18 Avr 2022 - 14:11
"Mais quelle journée de merde…" me disais-je tout en serrant les dents. La réputation du Malin était loin d'être très glorieuse. Violence, viols, meurtres… Parfois les trois sur la même victime. L'on disait qu'il adorait éveiller la peur chez les femmes et se régalait de voir poindre les larmes aux coins de leurs yeux. Il aimait les entendre le supplier d'arrêter, savourant ce pouvoir abject qu'il pouvait avoir sur elle… Hors de question que je lui offre pareil spectacle, quand bien même devrais-je souffrir moi aussi. J'ai ma fierté après tout. Qu'on me prenne tout le reste, hormis ma famille, je n'en ai rien à faire… Mais ma fierté, c'est tout ce qui me reste en ce monde alors j'aimais autant la préserver.

Et puis… Malgré tout, j'espérais qu'en agissant ainsi, ce salopard ne me considère plus comme un jouet intéressant. Après tout, je ne couinais pas, je ne sourcillais pas non plus, même si, intérieurement j'étais bien loin d'être aussi calme.

- Allez, p'tit oiseau, sursura-t-il de nouveau à mon oreille. Chante pour moi...

Je déglutis… Bien péniblement. J'aurais aimé pouvoir l'envoyer balader. Trouver une pique cinglante à lui répondre, faire preuve d'audace ou de courage...Mais non. Je restais silencieuse, la bouche fermée. La peur me coupait la chique, évidemment… Néanmoins, le Malin sembla prendre cela pour de la provocation. Un peu plus, il pressa sa lame sous ma gorge jusqu'à l'entailler un peu. Je pouvais sentir le sang couler le long de ma peau, la douleur m'arracha une larme que je méprisais aussitôt … Non, hors de question de perdre la face devant cette enflure.

Et puis… Un bruit de pas attira l'attention des trois hommes. Le Malin me serra contre lui sans pour autant se retourner face à l'intru que je ne pouvais voir. Lui, il devait forcément tourner la tête pour l'apercevoir. Après tout, mieux valait surveiller ses arrières. J'écoutais les brides de leur conversation… Selon leurs dires, l'intru était un étranger, probablement l'un de ces naufragés que tout le monde semblait mépriser… Surtout ceux qui, comme moi, peuplaient les bas-quartiers de la ville et peinaient déjà suffisamment comme ça pour trouver de quoi se nourrir. Leur arrivée n'avait donc pas été très bien perçue par mes semblables, ces gens-là "venaient nous voler nos miettes de pain rassis". Je n'ai jamais pensé ainsi. Après tout, même si nous sommes originaires de ce duché, nous n'en sommes pas moins des réfugiés, nous aussi. Critiquer ces gens, les rejeter, serait tout aussi stupide d'hypocrite. Mais… C'est pas vraiment le sujet ici.

La discussion s'envenima rapidement lorsque l'intru exigea que l'on me relâche. Je restais silencieuse, mais bon sang… Intérieurement je jubilais. Allez savoir pourquoi, je savais que tout allait s'arranger pour moi. Pourtant, tout semblait très mal parti. L'homme était seul et ils étaient trois, même si l'un d'eux s'accrochait à moi. Je pouvais entendre du bruit dans mon dos. Une altercation musclée ? Sans doute... En tout cas, l'animation et le ramdam qui se faisait entendre me laissaient imaginer une bagarre. D'autant plus que le malfrat qui me tenait contre lui semblait de plus en plus crispé. Je pouvais sentir ses muscles se contracter et commençais à redouter qu'il ne retire sa lame trop brutalement. Un geste déplacé et il en serait fini de moi…

- Penses-tu que tout cela puisse réellement se terminer ainsi, étranger ? souffla le Malin. Ces deux-là… c'est juste du menu fretin. J'ai beaucoup mieux en réserve, figure-toi… Et je doute fort que tu tiennes à les avoir au cul. On ne joue pas avec le Malin, jamais… Mais je vais te faire une fleur et te laisser partir pour cette fois. Tu vois, je suis magnanime, je peux oublier cette mésaventure si tu disparais, maintenant… De toute façon, cette demoiselle, ici présente, n'est rien de plus aucun rat des rues. C'est un nuisible… Et, tu sais… Mieux vaut se débarrasser des nuisibles ….
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Eivør
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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyDim 1 Mai 2022 - 23:27
Alors qu’il avait l’arme au clair, le rondouillard hésita à passer à l’action. Il dévisagea longuement le mercenaire, jetant parfois des petits regards en coin à Frix qui gémissait sans pour autant émettre le moindre mouvement. Eivør ne s’attendait pas vraiment à faire face à celui qu’on appelait le malin, il aurait cru que cette vermine serait… plus impressionnante ? Le Malin brillait par son courage, s’en prendre à une jeune femme la nuit tombée semblait être dans ses cordes et cela correspondait assez avec la “réputation” qu’il avait. Marc ne bougeait toujours pas, être considéré comme du menu fretin ne lui plaisait pas vraiment, évidemment il avait conscience du minable qu’il était, mais il n’aimait pas pour autant qu'on le lui rappelle. Si le mercenaire parvenait à faire partir le rondouillard, la situation serait alors un peu plus équilibrée, bien que faire lâcher le Malin ne serait pas si simple.

- Tu devrais ranger ça avant de te faire mal, te trouver une fille pas trop regardante pour te tenir compagnie. Ou tu peux obéir à ce type qui te traite comme un larbin, à toi de voir.
- N’écoute pas ce sale étranger et va t’occuper de lui, souviens-toi qui je suis !

Le rondouillard ne répondit rien. Étonnamment, Eivor préférait éviter de se battre pour garder un œil sur l’otage et s’assurer que l’autre vermine ne tente rien. Marc marmonna quelque chose d’incompréhensible puis il rangea son surin. Il ne demanda pas son reste et détala la queue entre les jambes.

- Il faut se débarrasser des nuisibles en effet, mais je compte bien commencer par toi.
- Tu n’oserai pas…
- Relâche la femme, et affronte-moi.

Le mercenaire cherchait un moyen de se libérer la jeune femme sans pour autant la mettre en danger, et vu la situation actuelle l’opération semblait être compliquée. Heureusement pour lui, le bruit de l’altercation et des cris avait attiré l’attention, une patrouille semblait en approche. Eivor devait bien avouer que pour une fois la milice arrivait au bon moment. Le Malin grimaça en entendant les bruits de pas se faire de plus en plus distincts, il ne pouvait pas rester là, sous peine de mal finir la soirée. Le groupe d’homme d’armes déboula au coin de la rue d’un pas rapide, le Malin relâcha sa prise sur la jeune femme, de toute évidence il ne pouvait fuir avec elle sous le bras.

- Compte sur moi pour retenir ton visage l’étranger… je te retrouverai.
- Ton défi me plaît la vermine, j’ai hâte.

Les quatre miliciens arrivèrent rapidement, jetant un coup d'œil à des frix toujours en train de gémir sur le sol. D’aucuns n’avaient remarqué.

- C’est quoi ça ? Demanda l’un d’eux.
- De la boue, des bottes de mauvaise facture, une très mauvaise chute.

L’homme d’armes releva la tête vers le mercenaire, visiblement peu satisfait de la réponse du mercenaire dont il connaissait la réputation. L’homme coula ensuite un regard vers la jeune femme, mais resta silencieux malgré les questions qui pouvaient lui brûler les lèvres. Il hocha la tête en direction de Frix.

- Ramassez-moi ce vaurien, qu’on le traîne hors du passage avant que quelqu’un lui marche dessus où se casse la gueule. Et toi le mercenaire, fous l’camp avant d'attirer des ennuis, sinon c’est ta carcasse que je demanderai de traîner.

L’avertissement était clair, il devrait répondre du moindre problème. Deux miliciens allèrent récupérer Frix pour le traîner dans un coin, à l’angle d’une bâtisse pour l’y déposer sans ménagement. Ils reformèrent le rang avant de quitter les lieux aussi vite qu’ils étaient arrivés. Eivor posa son regard sur la jeune femme.

- Est-ce que ça va ?



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Anne TerrelVoleuse
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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyMer 4 Mai 2022 - 9:17
Malgré l'intervention de l'étranger, la situation commençait à sentir méchamment le roussir, du moins pour moi. Chaque provocation de l'homme entraînait une nouvelle crispation chez le Malin. Je pouvais sentir sa prise se raffermir, sa lame chatouillait douloureusement la peau de ma gorge déjà légèrement entaillée. Effrayée, j'en étais venue à fermer les yeux essayant tant bien que mal de m'évader de cette situation, au moins en esprit. Je pensais à mes parents, les imaginant travailler. J'essayais de me remémorer les chansons que ma mère aimait tant fredonner, en vain. Les souvenirs commençaient à dater, aussi les mélodies, les formes du visage de ma mère, son sourire, la couleur de ses yeux… Tout cela m'échappait. C'en était réellement frustrant… Mais cela me permit tout de même de penser à autre chose tout en passant le temps.

Je ne revins au présent que lorsque mes genoux et les paumes de mes mains rencontrèrent le sol. Le Malin décampait tout bonnement, après s'être débarrassé de moi en me poussant violemment. Je me relevais en me frottant les genoux lorsque la milice déboula. Je serrai les dents comme à chaque fois que mes yeux se posaient sur leur uniforme. Je n'avais pas piqué grand-chose ce jour-là, aussi n'avais-je rien de particulier à cacher… Hormis ce petit sachet d'herbes en poudre et la petite plaie sur ma gorge. Cette dernière saignait à peine. Un petit bobo en somme, tant mieux… Je n'avais pas spécialement envie de mourir ce soir-là.

Je les laissais se charger de récupérer la carcasse de l'autre andouille, l'imaginant se réveiller en cellule ou, encore mieux, sur le pilori… Ouais, l'idée était plaisante. Les gens adoraient humilier les autres surtout quand ils n'avaient pas la possibilité de se défendre. Le placer là-dessus aurait de quoi occuper, toute une journée, les gosses des bas-quartiers. Je ne pus m'empêcher de sourire en y songeant. Hélas… ces crétins de milichiens se contentèrent de le déplacer… Forcément, puisque l'étranger leur avait raconté un bobard pour se couvrir. Tant pis. Après tout, il aurait été bien dommage que ce soit mon sauveur qui se retrouve punis à la place de ces vauriens.

Et en parlant de mon "sauveur", je pus enfin le regarder … enfin, quand je dis "regarder" je pense plutôt à "dévisager". Parce que, bon sang ce qu'il pouvait être grand celui-là.

-Waow… T'as pas manqué bouffe quand t'étais gosse toi, lui lançais-je brusquement, sans réfléchir. Je vais bien ...Enfin, je suppose que ça va. Disons que cela aurait pu être bien pire si tu n'étais pas intervenu. Je te paierai bien un verre pour te remercier,

Je réfléchis un instant, je n'avais que peu d'argent sur moi. Quelques écus tout au plus autant dire : rien du tout…Mais tant pis, sans ce type là je serai probablement morte voire bien pire. Le Malin ne faisait pas dans la dentelle avec les jeunes femmes. Certaines avaient tout bonnement disparu après avoir croisé sa route. Je ne pouvais donc pas me montrer ingrate avec cet homme.

-Je dois juste passer chez moi pour récupérer quelques pièces. Si cela ne te dérange pas...
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Eivør
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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyDim 8 Mai 2022 - 11:40
Frix termina la soirée aussi minable qu'il l'avait débuté, inconscient dans un caniveau puant la pisse et la merde. Cela n’affecta pas le mercenaire pour le moins du monde, il aurait surtout espéré que ce rejeton de la plus basse extraction passe le restant de sa vie au fond d’un trou avec les fenêtres ferrées, mais cela n’était visiblement pas du goût des miliciens. En même temps personne n'avait envie de s'emmerder à gérer ce genre d'individu, même au fond d'une cellule. Il aurait volontiers proposé une méthode simple et efficace pour s'en débarrasser efficacement, mais après tout on lui avait clairement fait combattre qu’il valait mieux pour tout le monde qu’il ne s’occupe pas de ce genre d'affaires. Il fallait cependant plus qu’une menace dissimulée pour faire reculer le mercenaire, purger les rues ne lui faisait pas peur, et mourir en essayant non plus. Les trois miliciens décampèrent rapidement une fois Frix laissé dans un coin au frais, au mieux le bougre se réveillerait le lendemain avec la gueule défoncée, au pire il s’étoufferait dans son sommeil et personne n’irait pleurer sur sa carcasse.

- Le verre n’est pas utile, un « merci » suffira. Je ne fais pas ça pour boire à l'œil.

Eivor n’agissait pas non plus dans le but d’obtenir de l’argent, il se contentait d’agir selon son sens du mot « justice », il fallait bien que quelqu’un tente de remettre de l’ordre et autant dire qu’il y avait du boulot.

- Loin de moi l’envie de donner des ordres, mais tu ferais mieux de rester chez toi le soir. Les rues ne sont déjà pas sûres de jour, alors de nuit...

L’endroit n’était sûr pour personne, homme ou femme mieux valait ne pas traîner dans le coin, savoir se défendre était certes un avantage, mais cela ne faisait pas tout. Malgré ses compétences martiales, Eivor n’aurait pas été en mesure de gérer plusieurs types en même temps, si Frix et le gros avaient eu l’idée de lui tomber dessus en même temps, la défense aurait été plus rude, mais il aurait pu l’emporter, trois ou quatre types et c’est lui qu’on aurait balancé dans le fossé de la rue. Le mercenaire savait que le Malin était du genre à s’occuper d’un réseau de prostituées à l’hygiène douteuse, cependant la femme qui se tenait devant lui n’avait rien d’une putain, ni d’une cliente à l’esprit ouvert, naturellement une question lui vint à l’esprit, mais il ne la posa pas pour autant.

- Je t’accompagne, au moins ce soir tu rentreras tranquille.

Ne connaissant pas la route, le mercenaire emboita le pas de la jeune femme et resta dans un premier temps silencieux, puis au bout d’un moment…

- C’est le hasard qui a mis le Malin sur ton chemin ce soir ou c’est lui qui t’attendait ?

Que le Malin soit une ordure n’était plus une chose à prouver, mais peut-être que la donzelle avait attiré son attention d’une façon ou d’une autre ?

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Anne TerrelVoleuse
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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyMer 11 Mai 2022 - 9:27
- Le verre n’est pas utile, un « merci » suffira. Je ne fais pas ça pour boire à l'œil.

-Ah ben… D'accord, « merci » alors, dis-je en haussant les sourcils.

Je n'allais pas me plaindre de pouvoir faire des économies après tout. Vu la taille de ce type là, il devait consommer pas mal pour se remplir la panse. Mais soit, puisqu'un simple « merci » lui suffisait, je n'avais donc aucunement besoin de fournir le moindre effort pour lui montrer ma reconnaissance. Libérée de mes obligations, je pouvais donc reprendre ma route et enfin rentrer chez moi. Agnès et Antoine m'attendaient depuis des lustres et je devais m'assurer que mon frère allait bien.


- Loin de moi l’envie de donner des ordres, mais tu ferais mieux de rester chez toi le soir. Les rues ne sont déjà pas sûres de jour, alors de nuit...

Souriant en coin, je relevais les yeux vers le grand bonhomme. En soi, ses recommandations étaient justes. Après tout, les rues de ce quartier n'étaient déjà pas bien sûres la journée, mais la nuit… Elles se transformaient en guêpiers. Pour autant, il fallait bien vivre et si je me montrais particulièrement prudente la plupart du temps, il arrivait forcément des moments où la prudence était impossible à adopter.

-T'as raison, répondis-je en pouffant gentiment. Mais dans la vie… On fait rarement ce qu'on veut, mais ce qu'on peut, tu vois.
- Je t’accompagne, au moins ce soir tu rentreras tranquille.
-Si ça peut te faire plaisir, raillais-je en haussant les épaules.J'habite pas loin. Pour le coup, c'était vraiment pas d'chance. Mais bon, c'est pas vraiment comme si on pouvait prévoir quand les problèmes nous tomberont dessus. C'est par là, ajoutais-je tout en lui indiquant la route du bout du doigt.

J'avoue que sa présence me rassurait un peu. Même s'il aurait été stupide d'imaginer que ce type-là, aussi imposant soit-il, puisse me protéger contre plusieurs agresseur, sa carrure restait tout de même dissuasive. L'homme restait silencieux, ce qui ne m'étonnais pas vraiment. Avec une trogne pareille, il était impossible de l'imaginer se lancer dans de longues discussions. Non, je le voyais plutôt répondre par des phrases courtes ponctuées par quelques grognements… L'image m'arracha un léger sourire d'ailleurs.

- C’est le hasard qui a mis le Malin sur ton chemin ce soir ou c’est lui qui t’attendait ?
-La faute à pas d'chance, rétorquais-je en haussant les épaules.Enfin, j'veux dire… Il a bien dû choisir ce coin-là pour une raison, mais je ne pense pas que ce soit pour moi. La plupart des gens du coin connaissent mes habitudes, il aurait très bien pu agir en pleine journée. Tu sais… Les gens ne sont plus vraiment intéressés par le sort de leurs semblables. Ils n'interviennent plus quand leurs voisins se font agresser sous leurs yeux, ils préfèrent même détourner le regard et se boucher les oreilles… Ils font comme "si". Bref… Chacun se charge de son propre cul, tu vois...

J'avais beau sourire, intérieurement je me sentais écœurée par cette pseudo humanité qui ne méritait clairement pas d'être valorisée par un adjectif qui ne voulait plus rien dire. Être Humain de nos jours n'était pas une si bonne chose…

Tout en progressant, j'entraînais l'inconnu dans une ruelle plus étroite. Les murs bordant le passage exiguë ne tenaient plus que par miracle tant les bâtisses étaient délabrées. Mais c'était bel et bien là que je vivais avec ma famille de sang et d'adoption, juste au bout de cette impasse miteuse qui puait la pisse et la charogne en décomposition.

- C'est ici, lui dis-je en lui indiquant le vieux bâtiment. Je t'inviterai bien à entrer mais vu ta corpulence tu risques de tout faire s'écrouler. Merci encore pour ton aide étranger. Si un jour je peux te rendre la pareille, je le ferai avec plaisir.
-Anne ! Te voilà enfin ! s'écria la voix de ma chère petite sœur visiblement en colère.
- Je m'appelle Anne, au fait, pouffais-je en la voyant arriver.

Visiblement Agnès était plus en colère qu'inquiète, cela se voyait sur son visage ce qui me rassurait. Antoine devait donc aller mieux...Enfin, disons plutôt que son état ne s'était pas aggravé.

- Et elle c'est ma sœur, Agnès…

L'adolescente étonnée de me voir accompagnée par un homme le dévisagea un instant avant de le saluer en hochant la tête.

-Il s'est passé quelque chose ?
- Rien de grave, mentis-je. Je t'expliquerai.
-Mais… Anne, ta gorge ! Tu saignes!
- Ouais, c'est rien, je t'assure! Je me suis accrochée dans un roncier.

Voyant probablement qu'elle n'obtiendrait aucune réponse sérieuse de ma part, ma frangine aux bras croisés se tourna vers l'étranger.
-Que s'est il passé ?

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Eivør
Eivør



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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyLun 16 Mai 2022 - 22:56
Dans un coin de son esprit le mercenaire laissa en suspens tout ce qui pouvait concerner le Malin, le bougre s’en était tiré cette fois, mais il comptait bien régler le problème pour de bon. Malgré tout ce que l’on pouvait dire sur cet individu, il s’agissait malgré tout d’une petite frappe qui faisait surtout peur à s’attaquant à des femmes sans défense, contre des miliciens, il préférait visiblement la fuite. Eivør n’avait aucunement vocation à jouer les gardes du corps, il ne comptait pas non plus faire cela tout l’espoir, car il était impossible de protéger tout le monde. Il avait simplement eu l’occasion d’accompagner la jeune femme, alors c’est ce qu’il fit.

- Ça ne me surprend pas. Les gens manquent de couilles.

Le mercenaire connaissait bien la réaction des gens ordinaires, parfois même ceux censés représenter l’ordre préféraient tourner la tête plutôt que d’agir lorsque cela était nécessaire. Lui ne pouvait se contenter de fermer les yeux, jamais il n’aurait pu se regarder dans un miroir tout en sachant qu’il avait ne serait-ce qu’une fois préféré jouer l’aveugle que d’intervenir. Eivør n’aimait pas l’injustice, encore moins lorsqu’il s’agissait d’attaquer des personnes sans défense, telle fut son éducation et telles étaient ses valeurs à présent. Un pas après l'autre, le duo s’enfonça dans une ruelle sinueuse où les murs semblaient peinés à l’idée de devoir encore tenir debout une soirée de plus. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas passé une nuit dans un bâtiment en bon état, mais même l’auberge dans laquelle il vivait semblait en bien meilleur état que les bicoques qui se dressaient sous ses yeux.
Suite à l’intervention de sa jeune sœur, la jeune femme se présenta, le mercenaire fit alors de même.

- Eivør.

Dans ce coin de la cité, la misère semblait être un fardeau aussi lourd à supporter que la violence, peu de bâtisses semblaient avoir un toit encore capable de retenir la pluie, la majorité des fenêtres n’étaient que des trous béants où l’air s’engouffrait à tout moment de la journée. Il fallait encore ajouter à cela les mauvaises rencontres possibles à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Lorsque la jeune sœur se tourna vers lui et le questionna sur les événements de la soirée, le mercenaire hésita. Quelque chose semblait déjà accabler la jeune femme, devait-il rajouter en poids sur ses épaules en expliquant que son ainée avait failli ne pas rentrer ce soir ? Devait-il mentir pour limiter l’inquiétude tout en sachant qu’occulter la vérité ne changeait aucunement les faits ?

- Simplement une mauvaise rencontre et…
- “Simplement” et la prochaine fois hein ? Elle ne rentrera pas c’est ça ?
- Il n’y aura pas de prochaines fois. Je vais régler le problème, pour de bon.

D’ici un jour ou deux le Malin ne pourrait plus causer de tort à qui que ce soit, et les badauds du coin allaient devoir trouver un autre type pour les fournir en putains décharnées.

- Vous serez tranquille pour la nuit, vous êtes plusieurs à vivre ici ?

Le mercenaire imaginait que quelqu’un les avait peut-être suivis, la présence d’enfant, du moins en bas âge aurait pu poser des problèmes en cas de représailles. Il n’avait plus de famille, pas d’amis, le seul moyen de l’atteindre était de s’attaquer à des personnes dont il avait pris la défense à un moment ou un autre, une façon de lui montrer qu’il ne pouvait en réalité protéger personne. Eivør ne comptait pas parler de Malin en présence de la sœur de sa camarade d’infortune, mais il allait avoir besoin d’information pour le localiser plus facilement, s’il devait s’y prendre lui-même alors il aurait besoin de plus de temps pour régler le problème.

- Quel est le bordel le plus malfamé ici ?

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Anne TerrelVoleuse
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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyLun 30 Mai 2022 - 11:09
Les propos d'Agnès, même si totalement justifiés, commençaient gentiment à m'agacer. Evidemment, je n'allais pas m'énerver sur ma cadette simplement parce qu'elle s'inquiétait pour moi. À sa place, je me comporterai probablement de la même manière si une telle mésaventure lui était arrivée… Mais tout de même, il n'était pas poli de parler ainsi à l'homme qui m'avait prêté main forte.

- C'est bon Agnès, soupirais-je en passant une main dans mes cheveux afin de rabattre une mèche folle. Je suis rentrée, c'est le principal. Je ferai simplement plus attention la prochaine fois...

Et voilà que l'étranger se met à affirmer qu'il n'y aurait pas de prochaine fois… comment pouvait-il promettre une telle chose à une gamine ?

-Ah ouais ? raillais-je subitement. Et comment comptes-tu t'y prendre hein ? Tu crois que tu peux débarquer ici, remuer toute la merde et la crasse des bas-quartiers pour dénicher la vermine et nous en débarrasser ptêtre ? Non parce que, le Malin, c'est pas le seul malfrat du coin… Et même si tu l'fais disparaître, un autre salopard prendra simplement sa place...

La main de ma sœur vint doucement se poser sur mon épaule, signe que j'allais probablement trop loin à son goût. Alors, je me tu et gardais pour moi le reste de mes explications qui, pourtant, ne manquaient pas de sens.

-Nous sommes en sécurité ici, répondit Agnès à ma place tandis que je levais les yeux au ciel.

Croyait-elle réellement que nous étions totalement en sécurité dans cette vieille masure prête à s'écrouler ? Sans doute…Quelle naïveté… Pourtant, je ne me voyais pas lui dire qu'elle se trompait lourdement. Mon devoir était de les protéger, mon frère et elle, pas de leur foutre la trouille.

-Le bordel le plus malfamé? répétais-je en lui lançant un regard surpris. J'ai une tête à savoir ce genre de chose ? C'est pas vraiment le genre d'endroit que j'aime fréquenter...
-La joyeuse harpie, rétorqua ma sœur avec un flegme plutôt décontenançant.
-Comment tu sais ça, toi? lui demandais-je en la dévisageant.
-J'écoute les gens qui parlent… J'ai rien de mieux à faire de toute façon..

Et la voilà qui se met à hausser les épaules… Décidément, ma frangine avait bien changé.

-Qu'est-ce que tu comptes y faire dans ce bordel ? interrogeais-je l'étranger tandis que ma cadette se racla bruyamment la gorge, sous-entendant, bien-sûr, que la réponse ne pouvait être qu'évidente. Hey ! raillais-je. Si c'était l'cas, il ne demanderait pas le plus malfamé ! Le moins cher, peut-être, mais pas le plus mal fréquenté. Enfin, je crois... après tout, je ne le connaissais pas c'type là...
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Eivør
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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptySam 18 Juin 2022 - 23:43
Le mercenaire tourna légèrement la tête et lança un regard mauvais à la jeune femme. Il n’avait pas vraiment apprécié son intervention qui le faisait passer pour le dernier des abrutis, comme s’il était impossible de rayer de la carte une menace facilement identifiable. Bien sûr, abattre le Malin ou n’importe quelle autre grosse tête ne suffirait pas, à l’instar des mauvaises herbes, il allait falloir arracher jusqu’à la plus infime racine, et c’est bien ce qu’il comptait faire.

- On peut croiser les bras et attendre comme la Milice, ou l’on peut crever en tentant de changer les choses, moi j’ai choisi la deuxième option. Lorsqu’il te retrouvera au coin d’une ruelle sombre, tu feras quoi ? Attendre l'arrivée d’un valeureux milicien ? Le supplier ? Je préfère planter sa tête au bout d’une pique que de le laisser rôder, et si un autre vient après lui, sa tête ira aussi sur une pique.

Se faire prendre de haut alors qu’il essayait d’arranger les choses et de protéger ceux qui n'étaient pas capables de le faire eux-mêmes… On peut dire que la chose l’avait légèrement piqué au vif. Il pouvait tout à fait comprendre que certains jugent ses méthodes pour le moins expéditives, mais il fallait aussi reconnaître que le résultat ne se faisait pas attendre dans ce genre de cas. Il soupira finalement, ne préférant pas continuer le débat sur les possibles actions qu’il pourrait mener pour arranger les choses, il avait la conviction que les choses changeraient et c’était suffisant pour le motiver.

Le mercenaire hocha la tête en entendant le nom de la maison de passe, ce genre d’établissement avait toujours le chic pour trouver des noms étranges : Le rossignol, Au Thym et Romarin… Il haussa un sourcil lorsqu’il comprit que l’on sous-entendait qu’il y allait pour se détendre. Eivor n’était pas le genre d’homme à fréquenter ce genre d’endroit, du moins pas pour les plaisirs charnels, mettre la main sur une véritable ordure par contre…

- Si je veux trouver la vermine ou avoir des informations, mieux vaut toquer à la bonne porte. Il paraît que le Malin gère ce genre de taudis.
- Vous ne comptez pas y aller comme ça en espérant tomber dans leurs bonnes grâces ?
- Je compte faire le ménage.

Il tourna la tête vers la brunette.

- Je te conseille de ne pas trop sortir le soir, le temps que je règle deux ou trois choses.

Le mercenaire n’était pas sûr de mettre facilement la main sur le Malin, si le type avait une once de jugeote il n’irait sûrement pas se planquer de le bordel le plus proche et le plus malfamé du coin.
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Anne TerrelVoleuse
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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyLun 20 Juin 2022 - 14:18
Bien, il semble bien évident qu'à sa manière de me répondre l'étranger a mal interprété mes propos. Bon… C'est vrai aussi que je n'y suis pas allée avec le dos de la cuillère et que je me suis légèrement moquée de lui. Mais ce que j'ai dit n'était pas dépourvu de logique pour autant. Ces ruelles regorgent de malfrats plus ou moins dangereux et ce depuis toujours. Alors comment un homme seul peut seulement affirmer pouvoir faire le ménage et débarrasser le Goulot de ses rats et de ses cafards? Impossible… La vermine se reproduit et se répand bien trop vite pour ça justement.

-Ouais, sauf que bon… Quand un homme "bien" vient à mourir aussi connement, ça fait toujours un peu chier, dis-je en croisant les bras.
-Anne, ton langage !
-Roh ça va… râlé-je en soupirant. Regarde où on est, Agnès… Me demande pas d'parler comme une dame ici, ça ferait tâche… Par contre, toi, fais gaffe !
-Fais ce que je dis, pas ce que je fais, en gros...
- Exactement ! affirmé-je tout en levant un doigt savant avant de me tourner vers l'étranger. Écoute, Eivør, ce que tu veux faire… C'est tout à ton honneur, vraiment. Par contre, c'est épuisant et suicidaire. T'as raison, j'compte pas sur la milice. Ils se fichent bien des gens qui vivent ici. On l'sait tous et on a arrêté de leur faire confiance. Y'a qu'les rupins qui comptent pour eux. Mais c'est pas non plus une raison pour te jeter dans les emmerdes comme ça… tête baissée surtout en étant tout seul.

Oui parce qu'il ne faut pas trop compter sur moi sur ce coup-là… Je ne suis pas une combattante, je sais me défendre face à un seul ennemi, plus particulièrement s'il est vieux, aveugle, éclopé et manchot, mais faut pas m'en demander plus. En somme : je suis parfaitement inutile ici. Alors, je réfléchis très sérieusement à une façon d'agir sans encourager ce cas à se foutre dans la merde. Une idée me vient. Une idée très simple et dépourvue du moindre danger suicidaire.

-Pourquoi ne pas plutôt apprendre aux gens à se battre ? Enfin, au moins à se défendre en cas d'agression. Toi, tu te mouilles pas trop… Enfin, tu te mets pas en danger comme un idiot, quoi… Mais tu aides la population du coin à faire reculer la menace. T'en penses quoi ?
-J'aime beaucoup l'idée. Je me sentirai même plus rassurée en quittant la maison...
-Oui mais que cela ne t'empêche pas d'être prudente !
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Eivør
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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyVen 22 Juil 2022 - 21:43
Un homme bien… Définir ce terme avec les mœurs d’aujourd’hui n’était pas une chose aisée. Pouvait-on réellement dire qu’il était un homme bien ? D’une certaine façon le mercenaire avait tourné le dos à la religion, d’une autre manière il vivait grâce à des petits boulot, boulot qui bien souvent se révélait être des chasses à l’homme à la fin mortelle. Avant, tuer faisait partie de son métier, maintenant c’était tout bonnement une question de survie, le seul moyen d’avoir de quoi se payer un toit et à manger dans une cité où on le considère comme un étranger.

Le goût pour la vie n’était plus qu’une sensation amère dans un coin de la bouche, et c’était ainsi depuis longtemps. Au fond, il souhaitait tout simplement que tout cela cesse, pouvoir expirer et retrouver la seule chose qui lui manquait : sa famille. Eivor n’avait plus rien à perdre, et c’est pourquoi il était devenu dangereux, son seul objectif étant de rendre le monde un peu plus juste, bien que ce fardeau soit bien trop lourd pour un seul homme. C’était de cette façon qu’il avait choisi de rencontrer la mort, c’était pour lui une façon honorable de partir, bien plus que de mourir de maladie dans un caniveau, recouvert de sa propre merde. Il n’avait fait que quelques pas lorsque la jeune femme lui proposa d’entraîner les gens à se défendre, il s’arrêta et poussa un long soupir.

- C’est une chose à laquelle j’avais déjà pensé, qui peut être efficace, mais…

Mais voulait-il vraiment baigner les innocents dans une réalité de violence, lui avait choisi de partir ainsi, et de continuer aussi longtemps qu’il le pourrait, mais c’était son choix. Devait-il apprendre à la jeune femme à se battre ? Faire de même avec sa sœur encore plus jeune ?

- Tuer n’a rien d’une chose simple, même pour se défendre, car on parle bien de ça, tué.

Il en avait vu des sales trognes parcourir la ruelle la nuit, des types avec des dents aussi noires que les murs des bicoques leur servant d’abris, des gars qui poussaient si loin dans leur retranchement miséreux, n’étaient même pas effrayés par une lame ni par la mort. Au fond, le mercenaire était presque comme eux, bien que les motivations sont différentes.

- Mettre un coup de genou dans les bourses c’est une chose, mais ça ne les arrêtera pas tous malheureusement, pour certains il faudra se salir les mains. Tu es prête à faire cela ? Et toi, tu t’en sens capable aussi ?
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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyJeu 28 Juil 2022 - 10:46
-Qui parle de tuer ? rétorquais-je en croisant les bras. On peut se défendre sans avoir à prendre une vie. La mort est une obsession chez toi ou bien ?

En soi, il n'avait pas tout à fait tort, mais il était pourtant hors de question pour moi de lui donner raison sur le sujet. Après tout, si les gens du coin apprenaient à se défendre, ils pourraient également gagner un tant soit peu de confiance en eux. Assez pour venir en aide aux plus faibles. Assez pour se rassembler et s'unir contre ces salopards qui nous pourrissent la vie.

- C'est le manque de connaissances et de savoir-faire qui nous rend si faibles. Si les gens ont peur et s'ils sont aussi vulnérables, c'est justement parce que personne ne s'est donné la peine d'apprendre à se défendre par eux-mêmes. Il n'y a rien de plus normal que d'avoir peur de mourir...
-Pour l'instant, quand quelqu'un se fait malmener dans la rue, les gens détournent le regard et n'ose pas intervenir… Mais peut-être que ça changera si on nous apprend comment faire...
- On ne peut pas compter sur la milice par ici. Quand il s'agit de fermer les yeux, ses pleutres savent exceller, j'te jure. On nous a abandonnés en attendant que la misère fasse son travail. Les gosses ne peuvent même pas jouer en sécurité dans les rues. Mais je maintiens que faire le ménage comme tu l'entends ne peut fonctionner. Tant qu'il y aura des gens faibles à malmener, il y aura des bourreaux… C'est aussi simple que ça.

Donc à moins qu'il ait prévu de rester dans le coin pour anéantir chaque menace dès son apparition, rien ne pourra changer dans ce foutu quartier.

- C'est un peu comme la mauvaise herbe dans le potager. On a beau l'arracher , elle repousse toujours.
- C'est exactement ça, rétorquais-je en souriant fièrement avant de flatter le crâne de ma jeune sœur. Et puis, il y a un dicton qui dit : ``Pêche un poisson à un homme et il mangera un jour, apprends-lui à pêcher et il mangera toute sa vie." Je pense que cela peut également coller dans notre situation. Tu ne penses pas ? dis-je en observant Eivør avec insistance. Si tu es d'accord, je peux en parler aux autres. Je peux même demander une petite participation financière. Si tout le monde donne un sou, ça peut rapidement faire une belle somme… À toi de voir.
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MessageSujet: Re: Rats des villes...   Rats des villes... EmptyJeu 8 Sep 2022 - 13:39
C’était une bien noble pensée de ne point vouloir ôter une vie, Eivor aurait aimé être capable d’avoir le même genre d’idée, mais ce n’était malheureusement pas le cas, le mercenaire agissait bien différemment. L’homme ne comptait pas débattre sur ce sujet, les deux jeunes femmes avaient leur façon de voir le monde, et lui la sienne. D’expérience il savait qu’un type qu’on envoyait au tapis finissait toujours par revenir à la charge, des fois avec des bras supplémentaires et toujours par surprise.

- On a tous nos démons, tu veux que l’on parle des tiens ?

Joignant le geste à la parole, le mercenaire hocha la tête pour désigner la vieille masure qui tombait lentement en ruine. La mort, il la connaissait, peut-être trop bien d’ailleurs, elle avait toujours pris un malin plaisir à faire disparaître les personnes à qui il tenait. Pourquoi devait-il toujours souffrir de la perte des autres ? Pourquoi n’avait-il pas droit au repos lui aussi, même dormir était loin d’être reposant, chaque souvenir du passé le hantait, c’était comme revivre continuellement les mêmes horreurs.

Tout compte fait il pouvait bien leur apprendre deux ou trois choses pour se défendre, cela ne l’empêcherait pas de retrouver le Malin et de l’occire par la suite, d’une façon ou d’une autre cette vermine méritait de finir sa misérable vie dans un caniveau. L’idée d’être payé ne lui plaisait pas, il n’aidait pas les gens dans le but d’arrondir ses fins de mois, il voulait véritablement aider les plus faibles, ceux que l’on oubliait un peu trop facilement. Seulement avec ses compétences il n’avait pas beaucoup de façon d’agir, généralement il fallait intimider ou défendre une personne précise, parfois s’en débarrasser.

- Inutile pour l’argent, vous en avez tous plus besoin que moi. Je vous apprendrai ce que je sais, du moins à ceux qui le veulent bien. En attendant, il vaudrait mieux rester discret, ça risque de bouger dans le coin les prochains jours.

Il y avait de forte chance pour que la vermine tente de se venger, le mercenaire serait absent durant quelques jours, pendant ce temps mieux valait ne pas trop de vague.

- Je ne serais pas là pendant quelques jours, il vaudrait mieux rester discrète en attendant. Ton ami risque de t’en vouloir, éviter les rues serait une bonne chose.

Du moins le temps de lui faire chier ses dents, pensa-t-il.
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