Marbrume


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 Ne pas se planter…

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Edgar DuvalIngénieur
Edgar Duval



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MessageSujet: Ne pas se planter…   Ne pas se planter… EmptyDim 17 Avr 2022 - 21:10
17 avril 1167

Un nouveau jour poignait sur Marbrume. L’aurore, au loin, embrasait l’horizon de gerbes jaunâtres et chatoyante, dont les lueurs se réverbéraient sur les toitures du panorama urbain. Les rues naguèrent vides de toute activité humaine devenaient rapidement achalandées par les roturiers de la cité qui se mêlaient aux courtiers et autres marchants affairés à leur besogne du jour. Un rayon qui se refléta dans la lucarne de la mansarde vint éblouir son seul occupant, qui avait dormi la bouche ouverte. Un filet de bave venait tâcher sa literie encore poisseuse des dernières nuits difficiles, où les effluves, tenaces, semblaient avoir embaumé la couche du boiteux.

« OULÉBI ! »

Duval se réveilla en sursant. Les songes de la goule qui le poursuivait en cauchemar étaient encore fraîches, mais il constata, alors que le jour levant l’arrachait à ses songes, qu’il n’eût simplement s’agit que d’une chimère ; une frayeur bien réelle cependant, qui l’avait rendu infirme en quelque sortes. Le souvenir douloureux passa, aggrava sa mine, disparut.

Il se massa la tempe, soupirant longuement. Sur une table de chevet, une outre, vide, avait son ouverture qui pointait vers le bas. Pas une goutte de vinasse n’avait souillé le plancher. Il se redressa pour reprendre ses esprits et, saisissant sa canne sous son plumard, il se hissa avec grande difficulté, reprenant conscience de son corps vieilli.

« Vraiment un miracle que je tienne encore debout, dieux d’con… »

Il fit une toilette sommaire, plongea sa tête dans un seau d’eau, se gifla. Enfilant un par-dessus qui le rendait abordable, grimaçant, il se dirigea vers sa petite armoire murale où il avait rangé ses calmants. Il resta un instant immobile devant le cache dont le contenu s’était amenuisé au fil des derniers jours.

Messire Desmond de Rochemont, de son état complet, lui avait fait part d’une adresse d’apothicaire chez qui il avait essayé de se rendre les derniers jours. Son escapade n’avait rien donné. Mais en vue du labeur risqué qui l’attendait, il devait se fournir de toute urgence. Et ses recherches sommaires avaient indiqué un établissement au beau milieu du quartier du Labourg, là où il n’y mettait ni les pieds, ni la canne. L’idée de traverser un quartier où on lui chercherait noise le préoccupa un instant.

Et puis, il se saisit d’une fiole au liquide douteux pour la déboucher et la vider dans sa trachée. La substance, presque visqueuse, au goût fort, lui brûlait presque la trachée. C’était une sensation douloureuse, mais agréable. Bientôt, il ne sentirait plus la douleur de sa jambe. Bientôt, son esprit s’allègerait.

Il était déjà en route vers sa destination. Il avait pris soin de fermer boutique le temps de sa course. Sur le chemin, il évitait autant que possible des regards qu’on oserait darder sur sa personne, fût-ce par pitié pour sa condition ou par mépris pour ce qu’il était : un homme d’esprit qui gagnait sa pitence mieux que le commun des mortels. Une cible de choix, quand on oubliait les gens de sang bleu reclus derrière d’autres remparts, à l’Esplanade…

Arrivé à bon port, après d’innombrables coups de canne contre le pavé, il fit face à une devanture. Incertain de l’introduction, il vint faire toquer le bas de son appendice boisée contre la porte principale, trois fois, afin d’annoncer sa présence.

Il vérifia ensuite que la poignée n’était pas bloquée pour la pivoter et pénétrer dans les lieux…
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Freya Delaunais
Freya Delaunais



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MessageSujet: Re: Ne pas se planter…   Ne pas se planter… EmptyLun 18 Avr 2022 - 14:39
17 avril 1167


Freya observait ses réserves s'amenuiser au fil du temps qui passait. Un pli amer étira ses lèvres et elle croisa les bras, face aux étagères à moitié vides. Ces derniers temps, les clients s'étaient faits plus réguliers, non pas que cela la dérange véritablement. Après tout, cela lui permettait de vivre, mais plus elle utilisait ses plantes et moins elle en possédait de réserve. Ce qui impliquait qu'elle devrait se rendre à l'extérieur de la ville afin d'aller chercher de nouvelles plantes. L'idée même de quitter la sécurité des murs de la cité et d'affronter le monde extérieur lui faisait froid dans le dos. Mais avait-elle seulement le choix ? Engager quelqu'un afin qu'il lui rapporte ce qu'elle demandait lui coûterait bien trop cher et encore faudrait-il trouver quelqu'un qui s'y connaisse en plantes de la région. Elle n'était jamais mieux servie que par soi-même, c'était un fait, mais il lui fallait aussi une bonne dose de courage afin d'entreprendre sa sortie mensuelle. Elle serra les poings avant de balayer l'air de la main et jeter un coup d'œil par la fenêtre. Le jour venait de se lever et le soleil semblait être de la partie aujourd'hui également. Cela impliquait que les fangeux étaient très certainement en train de se retrancher dans les coins sombres et que les alentours de Marbrume seraient dégagés. Ajouté à cela le fait qu'elle ne serait certainement pas la seule à quitter les murs, les travailleurs s'en allant gérer leurs affaires dans les faubourgs.

Oui, ce jour lui semblait être le jour idéal pour aller faire un tour dans les marécages, enfin un tour était vite dit. En réalité, elle se contentait de rester aux abords des marécages afin de ne pas s'enfoncer dans le piège mortel qu'incarnait ce lieu. Entre les endroits sombres, les flaques de boues plus ou moins profondes et les fangeux qui rôdaient là-dedans, hors de question pour elle de s'y aventurer complètement. Elle trouvait généralement quelques plantes aux abords, bien qu'il lui faille bien plus marcher que si elle s'engouffrait véritablement dans les marécages. Le reste, elle l'achetait dès qu'elle le pouvait à ceux qui avaient assez de courage ou d'inconscience pour s'aventurer par-delà la frontière naturelle. Alors qu'elle saisissait sa sacoche de cuir et qu'elle l'attachait à sa taille, des coups résonnèrent à sa porte d'entrée. Surprise, elle se retourna pour voir entrer un homme. L'homme était bien habillé, quoique ses vêtements ne respiraient tout de même pas la richesse. Il boitait et s'aidait d'une canne pour avancer.

Indifférente à ce détail, habituée à voir des blessés et des membres sanguinolents en tout genre, ses prunelles revinrent sur le visage de son visiteur. Il semblait avoir l'âge de son père la dernière fois qu'elle l'avait vu. Cette constatation la surprit, c'était bien la première fois depuis le début du mois qu'elle songeait à son père disparu. Elle l'avait cherché au début, mais la maison familiale avait été pillée après le massacre au sein de la Hanse et elle n'avait pu retrouver la trace de son père. Elle en était venu à la conclusion qu'il devait avoir rejoint sa mère et qu'il devait assurément être plus heureux où il était maintenant. Affichant un doux sourire, elle salua son nouveau client d'un signe de la tête.

— Bien le bonjour à vous, en quoi puis-je vous être utile ?

Elle devrait reporter sa sortie à plus tard, non pas que cela la dérange véritablement au final. Il n'était pas bien difficile de la convaincre de rester au sein de la protection des murs après tout. Son manque de courage l'agaçait prodigieusement, mais au moins pouvait-elle se targuer de ne pas être inconsciente et téméraire. Elle reporta son attention sur l'homme qui était entré, attendant sa réponse afin de pouvoir l'aider au mieux avec ce qu'elle possédait.
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Edgar DuvalIngénieur
Edgar Duval



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MessageSujet: Re: Ne pas se planter…   Ne pas se planter… EmptyVen 22 Avr 2022 - 23:54
Edgar entra donc dans l’échoppe. Le premier détail qui le saisit ne concernait rien d’autre que les senteurs ; arômatiques, fortes, ennivrantes alors qu’il progressait un peu plus dans la pièce, il sentit son cœur se soulever. Cette sensation, loin d’être désagréable, lui rappelait indubitablement les nombreuses fois où il ingurgitait son pavot, qui le conditionnait presque psychologiquement à accepter la douleur jusqu’à l’ignorer, voire ne pas la sentir l’espace d’une journée entière. Son regard terne se porta ensuite sur la silhouette d’une femme aux traits plutôt jeunes, aux couleurs chaudes et au regard bien vivant, lui, mais circonspect. Elle semblait suprise à n’en point douter. Elle devait avoir l’habitude de voir des infirmes en tout genre se présenter à elle, mais peut-être était-ce dû au fait qu’Edgar ne payait pas de mine. La tête légère, il répondit promptement.

« Qu’y a-t-il ? Vous avez vu un mort…? »

Il regarda par-dessus son épaule, feignant de constater que c’est bien lui qu’elle toisait du regard. Il ne s’en offusqua pas, son cerveau bien trop altéré par les différentes substances qu’il avait ingérées, fût-ce ce matin ou la veille. De sa main libre, il fouilla dans sa poche pour extraire un échantillon de l’espèce de médicament qu’il avait pour coutume d’avaler à chaque aurore et s’approcha de son hôte pour le mettre en évidence, l’invitant à se saisir d’un flacon au liquide translucide et bleuâtre.

« Je cherche à me fournir ce genre d’article. Ma guibole me fait un mal de chien et c’est le seul moyen viable que j’ai trouvé pour ignorer la douleur et supporter ma condition. Sans quoi je ne peux pas travailler pour mes différents clients. Est-ce que c’est quelque chose qui vous parle ? Est-ce que vous savez en faire ? »

Il laissa la tenancière statuer sur sa requête, tandis que, fermement tenu à sa canne qui menaçait presque de s’enfoncer sous le plancher, il pivotait autour de lui pour constater les étals en manque de fournitures. Il esquissa une moue réprobatrice.

« Soit vous avez beaucoup de clients, soit les affaires ne vont pas fort. Je ne vous ai jamais croisée auparavant et il faut dire que je ne m’aventure jamais dans ce quartier. Rassurez-moi, on ne vous cherche pas noise, quand même…? »

Surpris lui-même par cet entrain un semblant paternaliste, il se ravisa, se massant l’arrière du cou. Était-ce, d’une manière ou d’une autre, le vieil architecte qui saurait être utile à cette herboriste ?
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