Marbrume


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MessageSujet: Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé   Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé EmptyVen 22 Avr 2022 - 10:35
Début Mai 1167,

Le soleil n'est plus très loin de disparaître. Emeric toujours subjugué par la rencontre avec la belle Dame de ses rêves avance au milieu d'un tourment intérieur vers la demeure de Madame de Montfort de Brieu. Quelle épreuve que celle-ci, se dit-il en essayant de se raisonner quant à la folie qui l'envahit depuis l'instant où ses yeux croisèrent le charme de la belle Dame.
Il avance, arrive à l'esplanade. Le document qu'il porte lui permet de rentrer sans soucis. L'écuyer remarque alors très vite la différence entre ce quartier de Marbrume, et le reste.

Néanmoins en cet instant, son esprit est soumis à une torture bien différente que cette injustice. Il a beau se dire que cela est mal, il est incapable d'ôter de sa tête l'image réelle de ses songes.
Que doit-je faire ?
Longtemps il s'était préparé à cela, souvent il a essayé d'imaginer ce jour, mais fasse à l'épreuve, il se rend compte qu'il était loin d'imaginer la terrible difficulté. Cette Dame, sans doute la plus belle qu'il n'ait jamais vu, était selon ce qu'on lui avait dit auparavant un poison pouvant l'éloigner de son ambition de devenir chevalier, et le faire sombrer dans le péché.

Que Rikni me vienne en aide, supplie-t-il en s'approchant de son but. Il aperçoit un beau manoir à deux étages d'une sobriété qui n'enlève en rien un certain luxe.
La grille est ouverte. Tenant la bride de son cheval, il s'engouffre d'un pas attentif. Il traverse un charmant jardin qui le mène devant la grande porte de la demeure.
Emeric s'arrête devant le parvis, il observe un petit instant l'endroit, relis le parchemin de son mentor puis il pousse un soupir avant d'accrocher la bride de son cheval à la clôture.

Ensuite, il monte les quelques marches sa main glissant sur la rembarde avec douceur. L'air rêveur, d'un poing ordinaire, il frappe sur la porte en bois massif ouvragée à merveille.
La porte se met à bouger, elle semble lourde, très lourde, l'écuyer recule d'un pas, et devant lui apparaît un homme aux couleurs criardes, un peu burlesques avec des habits qui lui paraissent trop petites pour sa belle envergure.
L'homme lui demande de se présenter et ce qu'il vient faire ici. Avant ça, évidemment, il se présente avant, il se nomme Hugues, et est l'intendant de cette demeure.

Emeric place sa main devant sa bouche et toussote afin de se reprendre pour ne pas rire et ainsi s'attirer l'inimité de ce drôle de personnage.
- Bonsoir Monsieur, débute-t-il en fouillant dans sa sacoche pour y sortir le parchemin qui en toute logique devrait lui permettre de rencontrer la comtesse.
- Je suis Emeric, écuyer, qui hélas se retrouve orphelin du chevalier qu'il servait. Mais en son nom je viens ici, m'en remettre à sa Grâce, Madame la Comtesse, achève-t-il en tendant le document que l'intendant empoigne un immense sourire aux lèvres.

L'homme ouvre le parchemin et en fait une silencieuse lecture.
Emeric garde le silence. L'intendant enroule le papier, et se contente de demander au jeune homme d'attendre un instant ici.
Evidemment l'écuyer ne peux qu'accepter, il répond donc d'un geste amical de la tête, et patiente le temps qu'il faudra.


Dernière édition par Emeric le Dim 22 Mai 2022 - 18:38, édité 1 fois
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Aliénor Montfort de BrieuComtesse
Aliénor Montfort de Brieu



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MessageSujet: Re: Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé   Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé EmptyVen 22 Avr 2022 - 15:36
Elle observait le volume avec attention, reportant depuis une heure maintenant chaque somme consciencieusement sur sa dextre. A chaque ligne qui s’ajoutait, elle s’empressait de faire tous les calculs adéquats, une fois puis deux pour s’assurer de leur justesse. La plume grattait le papier dans un crissement doux et familier, tandis qu’une tâche maladroite se faisait lentement absorbée par le buvard. Non loin d’elle, assise confortablement dans un fauteuil à l’angle opposé du spacieux bureau, se tenait Clothilde qui feuilletait un livre déniché dans la bibliothèque un peu plus tôt. La journée avait été paisible, et la Comtesse appréciait toujours la compagnie de son amie lorsqu’elle travaillait ; Clothilde de Beaumont demeurait une présence silencieuse agréable pendant qu’elle s’adonnait à son exercice comptable. Les chiffres de la saison étaient à la hausse, ce qui était une excellente nouvelle pour toute la maisonnée. Quoiqu’ils vivaient toujours aussi modestement – si la modestie était un terme qui pouvait sied à leur condition de naissance -, la maîtresse de maison assurait un pécule confortable. Les domestiques et gardes étaient payés très justement pour leur service, et elle offrait même une petite prime à la nouvelle année qui ravissait bien son petit monde. De même, et sans qu’elle n’en ait jamais touché mot à cette dernière, elle avait fini d’assembler la dot généreuse de son amie le mois dernier. Ainsi, lorsque le moment se présenterait, Clothilde serait libre de faire un bon mariage, comme il convenait de faire pour son rang.

Satisfaite, elle reposa le calame près de l’encrier. Elle était fière de son accomplissement, et quoique son entreprise restait bien moindre qu’elle ne l’aurait souhaité, elle y veillait suffisamment pour ne manquer de rien et pour prévoir la prochaine catastrophe que pointerait. Elle cambra un peu le dos, endolorie d’être restée ainsi assise et courbée. Un souffle ponctua son mouvement de tête, alors que Clothilde refermait son livre sur ses genoux. Elle lui adressa un sourire espiègle qui faisait naitre dans ses yeux noisettes de jolies étincelles. Elles avaient beau se disputer souvent, jamais la jeune brune n’avait failli. Un pilier dans la tempête, elle était restée à ses côtés, docile et pourtant farouche, sachant quand apaiser son cœur et quand s’opposer à elle. Jamais, non jamais elle ne pourrait lui dire combien elle lui était reconnaissante ; pour cela comme pour le reste. Etait-ce son égo qui l’empêcha de s’adonner à quelques affables – mais vraies – flatteries ? A des remerciements qui, sans doute aucun, dépassaient son entendement ? En vérité, elle doutât même que la Beaumont sache combien elle lui était précieuse. Elle était, en un sens, le dernier vestige de ce qui fût. Oui, c’était cela : elle était la dernière chose vivante qui la raccrochait à son passé.

« — As-tu fini ?
Oui-da. Je mettrai tout cela au propre demain. Et toi, comment s’est passée ta lecture ?
Longue et ennuyante, elle rit légèrement alors que ses mires marrons regardèrent la couverture. « Traités philosophiques du Père Paulin ». Je n’exècre pas la philosophie mais tu connais mon goût pour les romances…
Elles gloussèrent à l’unisson. Clothilde avait toujours été plus fantasque que sa commensale, et cela s’en ressentait aussi dans ses lectures. Elle boudait volontiers les théoriciens antiques pour une aventure d’amour et d’épée, qu’elle s’empressait toujours de lui narrer en détails, si bien qu’il lui fût inutile de lire le bouquin à son tour. Et avant qu’Aliénor n’eut pu répliquer quelque chose, l’on frappa à la porte entrouverte. Dans l’embrasure, il ne fût pas difficile de distinguer l’imposante silhouette bigarrée d’Hugues. La posture droite, elle eut un instant peur que le second bouton de sa chemise n’explose sous une respiration trop brusque. Aussi étrange qu’il lui paraissait, elle ne pouvait l’imaginer autrement que dans ses accoutrements ridicules. Elle s’y était habituée, comme tout le reste.
Entrez Hugues. J’allais vous faire mander pour une collation. Il ouvrit plus grand le battant de sa main droite tandis que la gauche tenait un étrange rouleau, saluant gracieusement chacune des femmes avec la décence qu’il convenait d’avoir. Voyant l’objet, la Comtesse Vierge haussa un sourcil curieux.
Un jeune garçon vous a demandé en bas, Madame.
Un de nos protégés ?
Je crois bien que non Madame. Il a porté ceci. Hugues s’approcha et déposa dans sa main l’étrange pli qu’elle s’empressa d’ouvrir et de parcourir des yeux, tandis que Clothilde s’était levée pour la rejoindre et lire par-dessus son épaule. Il dit être écuyer, et si je puis me permettre, cette lettre m’a tout l’air d’une fausse recommandation. Je peux lui dire de déguerpir si cela vous sied.
La lettre qu’on avait porté à sa connaissance était cryptique. Ni l’écriture ni rien ne lui revenait en mémoire. Et puis, quand bien même, que pouvait-elle bien faire d’un écuyer ? Elle n’était guère chevalier ! Tout cela était aussi étrange qu’imprévu mais cela semblait amuser sa dame de compagnie qui haussa les épaules, le même sourire espiègle collé au visage. Pour sûr, elle savait bien ce qu’elle imaginait : un preux chevalier épris d’elle, une relation cachée aux yeux de tous, un écuyer esseulé portant la triste nouvelle… Mais il n’en était rien. Et elle se garda bien de dire quoique ce soit, qui aurait tôt fait de constituer une preuve plutôt qu’une défense acceptable.
N’en fait rien, je t’en prie, dit-elle d’un ton enjoué. Ne pourrait-on pas laisser une chance à ce jeune homme de se présenter de vive-voix ? Et puis, peut-être qu’ainsi nous aurons le fin mot de l’histoire ; si c’est une fausse lettre, nous finirons par le découvrir. Aliénor leva les yeux au ciel, exaspérée. Elle connaissait assez bien son amie pour comprendre qu’elle n’en démordrait pas, et que le garçonnet était devenu sa distraction du jour – sinon de la semaine.
Bien, bien ! D’accord. Si cela t’amuse… Hugues, allez donc mener ce monsieur dans le petit salon et faites porter une collation. Nous arrivons.
Une dizaine de minutes plus tard, la porte du petit salon s’ouvrait sur Aliénor Montfort de Brieu et Clothilde de Beaumont. Si la deuxième avait un large sourire empreint d’excitation joyeuse, la première était telle que tous la connaissaient : parfaitement placide, le menton haut, le port digne de ce qu’elle était. La Comtesse Vierge n’offrit qu’une œillade prompte à leur invité et s’installa dans un large fauteuil où elle avait ses habitudes. Il était visiblement un peu plus jeune qu’elles, mais bien plus âgé que ce qu’elle ne s’était imaginé. S’il n’avait eu le temps d’être adoubé à son âge, c’était soit un manchot, soit un roturier ayant trouvé l’aimable protection d’un chevalier. Les nobles hommes, eux, recevaient la consécration bien plus tôt ; cela faisait partie prenante de leur éducation et de l’acquisition de leur statut social. Revenant à l’homme brun qui sentait fort la pouliche, il lui tardait de savoir à quelle catégorie il appartenait ; elle n’avait que faire d’un manchot.
J’ai lu la lettre que vous avez porté et je dois vous avouer, monsieur, que je suis particulièrement étonnée de votre audace. Venir en ma maison sous le couvert d’un faux testamentaire, c’est osé. Moi-même je ne sais encore comment vous considérer : soit vous êtes courageux ou complètement sot. Quel est votre nom ? ».
Elle avait parlé d’une voix douce, sans reproche. Si c’était un menteur, il devrait se montrer plus habile qu’elle-même, et s’il était sincère, alors elle aurait tôt fait d’avoir des preuves de sa bonne foi.
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EmericÉcuyer
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MessageSujet: Re: Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé   Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé EmptyVen 29 Avr 2022 - 10:41
L'écuyer attend. Les mains dans le dos, et l'angoisse dans la tête. Qui est cette Dame ? Comment sera-t-il reçu ? Acceptera-t-elle la requête du vieux chevalier errant ?
Puis il repense à la Belle Dame ! Cette vision chimérique, qui même dans ce monde est aussi belle que dans son imaginaire.

Puis, on revient vers lui, la noble lui accorde une audience. Emeric se sent fort flatté, et intimidé, il entre donc, et se contente de suivre en contemplant la richesse du manoir. Il y admira également une froideur élégante. On le conduit dans un petit salon.
Il n'ose pas s'asseoir. De toute façon il respecte l'éducation qu'il a reçu.

Il attend encore se sentant oppressé. Par la fenêtre il regarde le ciel, jusqu'à ce que la porte derrière lui s'ouvre après quelques minutes.
L'écuyer se retourne d'un geste vif.
Il vit deux Dames ! L'une souriait, quant à l'autre, il se demandait si elle avait une âme tant son visage n'exprimait rien.

Comme on le lui avait enseigné, il attend qu'on l'autorise à s'asseoir et à parler. L'une des deux Dame s'assoit sur un riche fauteuil. Le jeune homme devine qu'il s'agit certainement de la Maîtresse de la demeure, et par conséquent qu'il s'agit de la comtesse.
Il attend les premiers mots.
Ils arrivent.
L'écuyer écoute, et ses yeux s'écarquillent. Le son de la voix est doux, bienveillant, mais les paroles se plantent dans son âme, dans son honneur.

Elle achève en lui demandant de se présenter.
Il ravale sa salive, et fait un pas en avant, mal à l'aise par les accusations de mensonge à son endroit.
- Noble Dame, je me nomme Emeric, écuyer dont le chevalier vient de rendre l'âme, et qui par le présent message que vous tenez dans votre main m'a demandé de me rendre à votre demeure. Dit-il en réponse d'une voix ordinaire.
Il ne pensait pas qu'on l'accuserait d'être un menteur, alors, il ne sait pas ce qu'il doit faire. Il glisse sa main droite et décroche le fourreau contenant l'épée de son ancien mentor qu'il tenait à sa ceinture.

Après cela, il se dit que la route vers son objectif est plus intéressant ainsi, qu'avec des épreuves, il pourra savourer la victoire que s'il s'agissait d'une simple ligne droite sans encombres.
L'écuyer pose un genou au sol et tant l'arme.
- Votre Grâce, voici l'épée de mon ancien mentor, de plus, sur mon honneur, croyez-vous que je puisse mentir de la sorte ?
Que les Trois me foudroient sur le champs si je suis ici guidé par une mauvaise intention, je suis un homme foi et jamais je ne permettrai le péché sortir de mes lèvres.
Ajoute-t-il d'une voix sincère et pure.

- Je me soumets à votre jugement, Votre Grâce, et suis prêt à faire mes preuves et à me soumettre à quelques épreuves afin de vous prouver ma sincérité. Souffle le jeune homme en levant les yeux vers les deux Dames.

Désormais, son destin ne dépend plus de la volonté de la noble Dame. Pourra-t-il accomplir la dernière volonté du chevalier défunt en pouvant entrer au service de son interlocutrice, ou bien devra-t-il affronter le déshonneur d'un échec ?
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Aliénor Montfort de BrieuComtesse
Aliénor Montfort de Brieu



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MessageSujet: Re: Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé   Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé EmptyDim 1 Mai 2022 - 13:56
Aliénor n’était que peu convaincue. Non pas qu’elle douta sincèrement de l’honnêteté du jeune homme – qui ne semblait de toute façon pas capable de mentir pour un sou -, mais que pouvait-elle bien en faire ? Il avait l’air crédule et simplet de ceux qui, trop stupide, ne se rendaient pas compte de l’atrocité de leur monde. Pire encore, Emeric puisque c’était son nom, n’avait jamais évolué ici, à l’Esplanade ou dans n’importe quelle cour. Par conséquent, il serait plus à même de devenir une faille en sa maison, un fardeau encombrant dont il faudrait sans cesse se méfier. Elle glissa une brève œillade à Clothilde, qui restait songeuse. Et si elle n’avait encore moufté un seul mot, elle devinait sans peine la pitié dans ses yeux. La Beaumont avait le cœur doux, si bien qu’elle aurait été prête à recueillir tous les chats errants de la cité. Pour cette raison, la Comtesse Vierge devait être responsable pour deux. Droite, digne, elle rapporta son attention sur l’épée tendue et le garçon un genou au sol. Qu’allait-elle faire ?

Ses doigts caressèrent le papier du message qu’on avait porté à son attention. Les lettres étaient bien formées mais la prose mal assurée ne lui rappela rien. Et si d’aventure quelqu’un l’eut si bien connu, jamais il n’aurait envoyé son écuyer en toute connaissance de cause ; sous ses airs aimables, presque affables, se dissimulait une âme rendue froide par la nécessité. Quiconque l’avait côtoyé assez aurait dû savoir qu’elle n’accorderait certainement aucun crédit à un vulgaire testament porté par un imminent inconnu crotté, où pendait à sa hanche une épée. Il avait beau jurer, se prosterner, et elle bien qu’elle fût presque sûre de son innocence, ce n’était guère des preuves tangibles ni même probantes. Alors, partagée entre l’envie d’avoir la paix et celle du chat voulant jouer avec sa souris, elle lut à nouveau les mots figés à jamais. Pourquoi, foutre-Anür, voulait-on lui imputer une telle charge ? Qui donc était ce mystérieux chevalier que sa mémoire avait occulté ? Ou simplement, l’avait-il jamais connu ?

« — Si j’accorde de l’importance à une parole donnée, je ne suis point crédule, Emeric. Vos palabres, cette lettre et cette épée ne sont pas assez suffisantes pour me faire douter raisonnablement de votre sincérité. Adoncques, puisque vous parlez du chevalier qui veillait à votre éducation, pourquoi ne vous a-t-il pas confié à un de ses frères ? Ou à défaut, un de ses cousins ? Et si même cela était impossible, la chevalerie compte encore une poignée d’adoubés. Elle s’arrêta un bref instant, ses yeux gris plantés sur la silhouette toujours agenouillée. Il est peu probable que cet homme, que vous semblez chérir, ait dévoué tant de temps et d’énergie à votre formation pour que vous vous retrouviez homme de cuisine. Sachez, jeune homme, qu’instruire un écuyer n’est pas une tâche anodine. C’est un serment que l’on prend, une responsabilité que l’on endosse envers soi-même, son élève et son ordre.
Alors dites-moi pour quelle sombre raison votre chevalier dont j’ignore jusqu’au nom vous aurez envoyé dans mon giron, plutôt que d’agir comme l’honneur l’exigerait ?
»

L’air dans la pièce s’était suspendu. Ses mots durs avaient pourtant la même mélodie sucrée que plus tôt. Elle ne cilla pas devant la violence de ses propos et de ses accusations. Elle exigeait des réponses et par la même, le mettait à l’épreuve. N’était-ce pas là ce qu’il avait lui-même proposé ? Quant à Clothilde, elle se tenait à sa dextre, tendue. Ses doigts graciles s’étaient refermés sur le tissu de sa robe. Elle n’intervint pas, du moins pas encore. Elle n’en attendait pas moins de ses sujets, quels qu’ils soient.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé   Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé EmptyVen 6 Mai 2022 - 9:22
Dans le ventre du jeune homme, un vertige profond commence à naître. Il est là, agenouillé, il attend le verdict, les mots de la Comtesse en se disant qu'il se trouve dans une situation peu confortable. Pourtant, il ne veut pas se résigner, ni partir ainsi, non, il se doit de convaincre la noble.
Il sent les regards sur lui, celui de la demoiselle, et celui de la sang bleu. Il essaye de garder son calme, de toute façon que peut-il lui arriver ?
Il n'a jamais trahi les valeurs qu'on lui a inculquées, il n'a pas mentir, alors Rikni le récompensera, se disait-il.

L'écuyer sentait toutefois en lui un chamboulement, sa foi inébranlable avait beau l'accompagner, il ne pouvait pas ne pas craindre la réaction de la Comtesse.
Toujours humblement agenouillé, la réponse arrive.

Plus la voix douce la Dame quittaient ses lèvres, et plus les yeux de l'écuyer se baissèrent, et plus sa tête se baissait.
Il ravale sa salive, se mordille la lèvre. Un silence. Le jeune homme sent un poignard dans son âme. La noble reprend, toujours d'une voix mielleuse qui accompagne des mots pourtant sévères et terribles pour les ambitions d'Emeric.
Une main glisse sur son front pour dégager quelques mèches de cheveux.
Tout se mélange.
Sa main tremble, il cherche son souffle. Elle vient de terminer, sa voix s'éteint, et un nouveau silence, plus pesant encore vient planter encore plus en profondeur le poignard au sein de son âme.

Sur son visage, une moue inquiète, l'effroi véritable, cependant, confiant en son destin, et bien qu'impressionné par le fabuleux charisme de la comtesse, il relève doucement la tête.
Ses yeux viennent se poser avec grande humilité dans ceux de la Maîtresse de cette demeure, et comme d'accoutumé, de ses lèvres, seul un souffle de vérité en sortira. Les paroles de la Dame sont rudes, surtout à l'endroit de son mentor. A-t-il réellement bafoué son honneur en le guidant jusqu'ici ? Cela lui procure un grand chagrin, ainsi qu'une colère dissimulé. Etait-il possible que tout ce temps il fut au service d'un chevalier ayant manqué à son devoir ? Devrait-il cracher sur ce passé ?

- Votre Grâce, je partage avec peine votre ignorance. J'ai seulement trouvé ce message à sa mort, je n'ai d'autre réponse à vous fournir. Je ne puis répondre à vos interrogations qu'avec des suppositions, répliqua-t-il d'une voix toujours aussi douce, et calme, bien qu'il y ait de légers tremblements.
Il reprit son souffle, son regard se posa un bref instant sur la demoiselle qui se tenait à la droite de la noble dame, avant de revenir sur son auguste interlocutrice.

- Que Rikni me garde d'avoir servi un chevalier malhonnête, votre Grâce, il se nommait Roger de Chamdoré et son écu était d'un azur que lui seul portait.

Touchant son coeur, le jeune homme rebaisse les yeux.
- Que les Trois vous donne la confirmation de ma sincérité, et si mon destin est de vous servir en cuisine, alors, je m'y attellerai, et s'il est de prendre congé à jamais de vous, alors j'accepterai le déshonneur. Je ne peux que vous implorer de m'accepter parmi vos serviteurs en tant qu'écuyer, et je vous fais le serment que vous ne le regretterez pas ! Dit-il avec ardeur, et zèle car il ne voit rien de plus qu'il puisse faire puisqu'il ne possède pas d'autres réponses.



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MessageSujet: Re: Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé   Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé EmptyLun 16 Mai 2022 - 17:25
«— Redressez-vous, Emeric ».

N’y tenant plus, Clothilde n’avait pas pris la peine d’attendre plus longtemps qu’un son ne sorte de la bouche de son amie. Plutôt, elle accorda une faveur au garçon visiblement désemparé ; c’était là sa nature la plus stricte. Clothilde de Beaumont avait le cœur tendre et la douceur du printemps, tranchant inlassablement avec l’inflexibilité de la Comtesse. Aussi vrai qu’elles ne se ressemblaient en rien – tant par l’apparence que par le caractère -, elles s’estimaient assez pour ne point s’opposer en public, et écoutaient la plupart du temps l’avis de l’autre. Alors, dans un élan d’amitié sincère, Aliénor garda un silence troublé, sachant pertinemment que sa compagne avait déjà fait son choix quant à l’avenir du jeune impudent. Et si elle était prête à entendre ses arguments, aussi pertinents soient-ils, c’était encore sa demeure et sa décision primerait. Toujours dans ces secondes mutiques, elles laissèrent le temps à l’écuyer de s’épousseter en se relevant, les genoux certainement endoloris par l’ingrate position qu’il occupait jusqu’alors.

Quel homme assez fourbe se prosternerait à nos pieds, implorant, ostensiblement harassé et peiné pour nous mentir éhontément ? Votre Grâce n’a-t-elle plus guère assez de foi pour croire à la vérité lorsqu’elle s’énonce sans filtre ? La Beaumont avait l’air calme, et si ses mots reflétaient son érudition, ils étaient aussi la preuve s’il en fallait une de la confiance que les deux femmes s’accordait. Nul autre qu’elle ne pouvait lui parler de la sorte devant un invité, qu’il soit médiocre ou non. Sachez, jeune écuyer, que j’accorde du crédit à vos mots et votre histoire, bien qu’aucun Chamdoré ne me revienne en mémoire.

Voilà qui assura la Montfort d’une chose : aucune n’avait jamais croisé la route de ce chevalier aux armoiries au champ d’Azur. Eût-il été un proche de feu le comte son père ? Elle ne le saurait sans doute jamais, si la seule chose qui resta des malheureux étaient deux tombes creusées dans la bouillasse des marais. D’ailleurs, Emeric n’avait pas même énoncé la cause du décès de son mentor ; il aurait aussi bien pu être grabataire, et emporté par son grand âge dont la seule chose qui faisait encore vibrer ses vieux os eut été la beauté de la fraîche jeunesse. Elle refreina son dégoût, laissant ses supputations à plus tard. Pour l’heure, le garçon était vaillamment défendu, et se montrait lui-même prêt à tout pour répondre aux derniers vœux de celui qui l’avait conduit ici.

Je conviens de l’audace que cela serait. Ma Foi ne souffre d’aucun manque, mais ma raison se souvient aussi que le mensonge est un délit fait aux Hommes et aux Dieux. Si ce jeune homme jure qu’il ne met à l’œuvre aucune vilénie en se présentant à moi, alors je lui accorderai le bénéfice du doute. Je ferais ouvrir une enquête sur son maître et sur lui-même ; il n’aura rien à craindre si son histoire ne souffre d’aucune malversation, et nous serons fixé sur l’identité du chevalier. Il y a sans aucun doute une explication raisonnable à ce testament, qu’il portait sur lui et qui n’est même pas daté. Aliénor lissa un pli de sa robe avant de fixer à nouveau le frêle inconnu.
D’autre part, je ne puis donner suite à votre requête ; vous ne pourrez être mon écuyer, pour la simple et bonne raison que je ne suis pas chevalier. Si c’est la chevalerie que vous souhaitez embrasser, il vous faudra trouver un autre mentor. Mais puisque Madame de Beaumont semble vous avoir assez en pitié, alors je consens à m’adjoindre vos services pour quelques tâches domestiques, le temps de tirer cette histoire au clair puis de vous trouver un nouveau maître.
Êtes-vous certaine que cela soit…
Oui-da, Clothilde. Il a dit lui-même se sentir tout à fait disposé à se rendre utile. Et bien, s’il accepte, il travaillera aux écuries et répondra aux sollicitations de notre intendant. Vous aurez une journée de libre toutes les huitaines, comme chacun des domestiques de cette maison. Vous toucherez une solde de 15 sou la journée travaillée. Votre repas de la mi-journée sera compris, mais si d’aventure vous souhaitez vivre parmi les domestiques, votre solde sera de 7 sou journée pour toutes les commodités. Si vous travaillez bien, que l’on me fait de bon retour sur vous, que vous vous montrez discret et dévoué, vous pourrez prétendre à d’avantage.
De plus, en attendant la résolution de l’enquête, je vous autorise à poursuivre votre enseignement sur votre temps libre, et discrètement. J’ai à la charge de ma sécurité deux chevaliers. Si vous souhaitez quérir leur aide, vous pouvez mais je ne les astreindrai à aucune obligation envers vous. De-même, s’ils acceptent, ce sera sur leur temps libre également.

Elle se tût finalement, laissant le loisir au jeunôt de mesurer l’étendue de sa proposition. C’était une affaire honnête. Elle-même avait besoin de bras supplémentaires pour tenir sa maison convenablement, et Emeric tombait assez à pique pour qu’elle se passe d’interminables entretient. Du moins, elle ne serait plus pressée par le temps et pourrait choisir qui servirait les Montfort avec bien plus de discernement que s’il s’agissait d’une nécessité impérieuse. Mais, comme tout contrat, le choix revenait à celui qui le signait.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé   Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé EmptyMar 17 Mai 2022 - 8:10
Emeric leva les yeux, surpris. La voix qui venait de raisonner n'était pas celle de la Maîtresse de la demeure. C'est la jeune demoiselle qui se tient à sa droite.
L'écuyer la regarde, et lentement, se relève dans un geste souple. Puis, il frotte d'une main vive le tissu de son pantalon pour y ôter la poussière sur ses genoux.
En même temps, il écoute la demoiselle en silence. Est-elle en train de parler en sa faveur ? Il ne le réalise qu'après.
Il n'ose pas briser le silence, il n'ose pas exprimer sa reconnaissance pas avant que la noble ne parle, pas avant de connaître sa sentence, alors, c'est avec les yeux qu'il remercie sincèrement la demoiselle.

Son pouls s'accélère lorsque s'ouvre les lèvres de la noble pour laisser échapper sa décision. Emeric fronce légèrement les sourcils, il est concentré, il écoute avec piété, prêt à accepter, prêt à assumer le choix de son interlocutrice.
Il soutient humblement les brefs regards qu'elle lui lance.
Il sait que l'enquête lui donnera raison puisqu'il n'a pas fui la vérité, et qu'il blâme le mensonge. Une petite grimace vient orner son visage quand elle annonce ne pas pouvoir donner suite à sa demande.
Mais il comprend pourquoi, et face à cela, il n'y peut rien, c'est l'ordre des choses.

Puis, sa figure s'illumine. Elle annonce être disposée à l'engager pour quelques travaux, pour ensuite l'aider à lui trouver un nouveau mentor lui permettant de devenir chevalier. Evidemment, il n'exprime pas sa joie, et se contente de la contenir, il se pince la lèvre inférieure en conservant sa posture.

La noble expose ensuite ses conditions. Travailler aux écuries ne lui fait pas peur. Répondre aux sollicitations de l'intendant ? Il ne sait pas à quoi s'attendre, mais cela lui rappel des souvenirs de sa période où il servait comme Page au Manoir Ventfroid. Il comprend que cela signe une sorte de rétrogradation, mais ce déshonneur, le conduira à son rêve, se dit-il en serrant le poing. De toute façon, il n'a pas le choix. Il doit suivre son destin... Il sait que les Trois offriront à ses efforts l'accomplissement de sa prière.

- Votre Grâce, j'accepte volontiers de soumettre mon récit à votre enquête. En attendant sa résolution, je suis disposé à vous servir selon votre décision, et je vous remercie grandement pour l'honneur que vous m'accordez je saurais m'en montrer digne, répond-il en inclinant un instant la tête, un court instant de réflexion, et il poursuit, si cela vous convient, je préfère vivre parmi les domestiques, le jeune homme se dit que cela sera préférable, tant pour son adaptation, que par le fait qu'il n'avait pas de toit pour dormir.

Ensuite, son sort réglé, il pose ses yeux sur la demoiselle.
- Mademoiselle, merci beaucoup, se contente-t-il de dire, ne sachant pas trop et ne préférant pas trop exprimer sa gratitude afin d'éviter tout manquement à la bienséance.
Le jeune homme se sent soulagé, il sait que tout cela fait partie de son parcours, qu'il s'agit d'une épreuve, et il est prêt à l'accomplir.

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Aliénor Montfort de BrieuComtesse
Aliénor Montfort de Brieu



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MessageSujet: Re: Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé   Une nouvelle page qui s'ouvre [ Aliénor ] Terminé EmptyDim 22 Mai 2022 - 18:11
On aurait presque pu entendre le soupir de soulagement que délivra Clothilde. La jeune femme était visiblement soulagée du sort réservé au miséreux qui avait quémandé de l’aide. Là encore, c’était une différence notable entre les deux amies : la Beaumont avait bien plus de vertu et de bonté qu’elle-même n’en montrerait jamais. En un sens, elle l’enviait pour cela, mais se retrouvait fort aise qu’elle suscite assez de débat intestin pour sauver son âme des tréfonds de la noirceur qui l’habitait. Avec elle à ses côtés, elle se sentait plus apte, plus humaine aussi. Un sourire discret étira les lèvres de la Comtesse. Elle aussi, finalement, aimait les histoires qui finissaient bien. Quoiqu’il lui restait du travail pour enquêter sur l’innocence du jeune homme, elle pourrait au moins se vanter d’offrir une chance à l’écuyer.

Mais l’avait-elle seulement fait pour lui, ou pour elle ? Nul doute que sous l’apparente conviction de la dame se cachait ses doutes et ses peurs. Elle n’aurait peut-être pas su faire face aux remords, là, seule dans sa chambre. Car c’était là la sentence qu’elle s’infligeait ; le seul endroit au monde où elle tombait le masque et s’adonnait à la faiblesse de cœur et d’esprit. Ses yeux caressèrent la chevalière à l’aigle bicéphale. Aujourd’hui, elle en était persuadée, elle avait agi pour le bien. Cela la rendait à la fois fière et contente. Peu importait finalement qu’il eut été un fardeau par la suite. L’avenir était encore plein de merveilles et de surprises, pour tous deux. Elle l’avait promis, elle trouverait qui était ce chevalier, et donnerait, le cas échéant, un sépulcre plus digne qu’une tombe au milieu des marais. Finalement, peut-être qu’il lui restait à elle aussi un peu de la naïveté enfantine. Parfois, l’on avait juste besoin d’un fin heureuse…

« — C’est donc affaire entendue. Hugues va se charger de vous mener à vos nouveaux quartiers et vous montrer ce qui vous sera utile dans votre tâche. Il sera votre référent pour toute chose, et c’est à lui que vous pourrez adresser vos requêtes. La Comtesse se releva dans un bruissement agréable de tissus, bientôt suivie par sa commensale. Quant à moi, je vous ferai parvenir les suites de l’enquête au plus preste. Vous pouvez disposer ».

Clothilde souriait, visiblement enchantée, et les deux laissèrent aux bons soins d’Hugues le nouvel arrivant de leur maisonnée. Sa main tenait toujours le pli que lui avait amené le garçon, et elle s’occuperait plus tôt que tard de tirer au clair cette sacrée histoire. Pour sûr que la Beaumont jubilait, on n’aurait pu faire mieux en roman !


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