Nom : L'Oiseau fait office

Prénom : Landric

Age : 36 ans

Sexe : masculin

Situation : célibataire

Rang : peuple, de très basse extraction

Lieu de vie : caserne de la milice

Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs :
Milicien, avec +1 en charisme, +1 en intelligence, +1 en initiative et +1 en force


Compétences et objets choisis :
-Bas Fonds
-Monte
-Orientation
-Arme de prédilection (Hallebarde)

Hallebarde et gantelet clouté
Armure: broigne et capuchon de cuir

Landric est né d'une prostituée en fin de carrière, seule attraction d'une petite auberge sans charme du Goulot. Relativement respectable pour son emplacement, l'endroit n'en était pas moins sinistre et décrépit. Cependant, pour le garçon, il correspondra aux plus belles années de sa vie: la légende qui veut que les putains soient des mères démissionnaires était invalidée à elle seule par Aude. Elle fut assez présente et aimante pour qu'il ne ressente jamais le besoin d'avoir un père. Âgée d'une quarantaine d'années à sa naissance, elle se pensait stérile et son temps en tant que prostituée touchant de toute façon bientôt à sa fin, la naissance de Landric fut accueillie comme une bénédiction plutôt que comme un malheur.

Né d'une femme déjà âgée pour un premier enfant, les choses ne furent pas gagnées pour lui. Il fut un bébé particulièrement chétif, mais passa ses premières années sans heurts, ou presque grâce aux bons soins de sa mère. Maigrichon, il n'en était pas moins plein de vie, et passait son temps à traîner dans les pattes des clients de l'auberge, apprenant des histoires de terres lointaines et d'aventures quand sa mère était occupée à gagner leur gîte et leur couvert. Landric en conserva une certaine culture générale qui lui serait utile pour le restant de ses jours.

Si sa santé ne faisait que s'améliorer avec le temps, il restait toutefois un enfant agité: dès que la nuit tombait, il était prit de terreurs qui ne s'apaisaient qu'avec le lever du jour. De plus, il restait l'enfant d'une prostituée et avait été prit en grippe par les gamins du quartier. Lui ne voyait pas le problème, sa mère était sa mère et il n'avait qu'une compréhension limitée de ce qu'elle faisait derrière les portes closes. Il restait donc confiné dans la cour de l'auberge, où les mômes des rues n'osaient pas le poursuivre. C'était à la fois pour ses petits os fragiles et pour son tempérament de moineau, à la fois intrépide et farouche, qu'on l'appelait L'Oiseau, au point qu'il n'ai pas souvenir qu'Aude l'ai appelé autrement une seule fois dans sa vie. La douceur de ce surnom, prononcé par sa mère aimante était un véritable réconfort après les quolibets des autres enfants.

Aude également, l'initia à la religion, elle qui passait une bonne partie de son temps libre en dévotions pour racheter ses innombrables péchés. Landric ne comprit que bien plus tard qu'elle se savait depuis toujours rongée à petit feu par une des horribles maladies qui atteignaient les prostituées. Il la vit décliner doucement durant dix ans et fini par comprendre qu'elle était mourante. Cela ne rendit les moqueries des autres enfants que plus insupportables: s'il il ne comprenait pas bien ce qu'était une pute, il comprenait parfaitement qu'il en était le fils et c'était pour lui le plus important. Il tenta de la défendre, mais n'y gagna qu'un nez cassé.

Finalement, sa mère trouva la mort au terme d'une agonie de plusieurs mois, bien vilaine à voir pour un garçon de onze ans. Il fut presque soulagé quand elle mourut et qu'un semblant de paix revint sur son visage vérolé. L'aubergiste, qui n'était pas un mauvais homme, paya lui paya des funérailles bien modestes, mais décentes, qui aidèrent Landric à faire son deuil. Au moins y avait-il une vraie tombe sur laquelle il pouvait aller prier. Il avait la certitude que sa mère avait la bonté nécessaire pour reposer en paix, malgré sa vie de péché, bien qu'il eut encore à l'époque une idée assez vague de ce à quoi cela correspondait.

Son plus gros problème était surtout de savoir où il allait aller, maintenant que sa mère n'était plus là pour garantir sa survie. Encore une fois, la solution vint de l'aubergiste, qui s'était finalement attaché au petit. Quand Landric fini par comprendre que le tenancier des lieux était certainement son père, mais il était déjà trop tard pour poser la question. On proposa donc au gamin de gagner sa vie dans la petite écurie qui servait à loger les rares bêtes des clients: ânes de bât, bœufs de trait et bidet galeux pour le haut du panier de la misérable clientèle. Le patron lui même occupait toutes les fonctions, de la cuisine au service en passant par le ménage, et ce fut lui qui s'occupa de former Landric avec ses connaissances basiques.

L'essentiel de ce que le garçon apprit, ce fut toutefois de lui même, en observant les bêtes. Le petit palefrenier de l'auberge était naturellement doué pour ce travail: il comprenait d'instinct ce qui n'allait pas chez un cheval, où il avait mal, ce qui lui faisait peur. En dehors de ses heures de travail, il utilisait les quelques pièces qu'on lui donnait pour salaire en découvrant les plaisirs de l'alcool, avec ces même enfants qui le martyrisaient quelques années plus tôt. Il semblait que la dent qu'ils avaient contre lui avait disparu avec sa mère et le jeune garçon était plutôt satisfait d'être désormais "Landric L'Oiseau" et non plus "Landric le fils de pute", d'autant qu'il avait entre temps apprit exactement à quoi cela correspondait.

Il n'avait toutefois pas renoncé à défendre sa mère, qui était toujours chère à son cœur malgré son métier infamant. Il y trouva quelques bagarres de jeunes ivrognes, et quelques nouvelles cicatrices, mais était de plus en plus proche de les gagner, endurci à force de déplacer des balles de pailles et de faire obéir des bêtes parfois récalcitrantes. A quinze ans, Landric subit une formidable poussée de croissance, qui acheva de le rendre respectable pour ses camarades qui craignaient trop son allonge pour oser tenter une remarque, ni sur sa mère, ni sur son manque d'intérêt pour les filles.

Alors que ses amis courraient les rues à la recherche de donzelles imprudentes ou aventureuses, il se concentrait sur son travail et il fini par obtenir une meilleure place chez un dresseur de chevaux à l'extérieur de la ville. Landric accepta sans hésiter, et pour la toute première fois de sa vie, s'extirpa des bas-fonds qui l'avaient vu naître. Le cadre était plus sain, l'éloignant définitivement de ses mauvaises fréquentations et les chevaux étaient meilleurs que tout ce qu'il avait pu imaginer. Il y rencontra son premier émoi, en la personne la plus incongrue qu'il aurait pu imaginer.

Arédie était solaire et chaleureux, son tempérament était complémentaire à celui de Landric si bien qu'ils furent vite amis, d'autant qu'ils travaillaient ensemble. L'Oiseau nota vite que la présence de son collègue le rendait étrangement gauche et chacun de ses sourires le plongeait dans la béatitude. Il suffisait qu'il le prenne affectueusement par les épaules pour qu'une foule de sensations embarrassantes l'envahisse. Il en fut si affecté qu'il passait des heures, à regarder le plafond dans son lit horrifié et émerveillé sans pouvoir trouver le sommeil.

Landric était beaucoup de choses, mais il n'était pas un sot: tout cela, ça ressemblait à ces moments où ses amis du Goulot s'entichaient d'une fille à la folie. Sauf qu'Arédie était bel et bien un homme, la promiscuité des logements fournis aux palefreniers lui avait prouvé à de multiples reprises. Il avait comprit une chose, c'est qu'il ne devait jamais en parler à personne. C'était rigoureusement interdit par la Trinité, et rapidement il ne s'était plus autorisé à y penser.

Du reste, Landric était toujours très apprécié de ses employeurs, doué pour prendre soin des bêtes, travaillant rapidement et efficacement. Il avait même pu apprendre des rudiments d'équitation, pour exercer les chevaux quand le besoin s'en faisait sentir. Il était en revanche un assez mauvais dresseur, trop doux pour imposer quoi que ce soit aux animaux dont il prenait soin jour et nuit. Il était assez doué pour déceler les douleurs et les maladies pour qu'on ne lui en tienne pas rigueur. Les chevaux dont il avait responsabilité étaient toujours propres et en bonne santé.

Mais malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à noyer son désir, qu'il se refusait à appeler de l'amour, dans le travail. Jusqu'à une soir, fatidique s'il en est, où Landric et Arédie, poussés par l'alcool et la chaleur, partagèrent une nuit durant laquelle L'Oiseau était trop ivre pour ne pas déborder de bonheur. Des paroles et des caresses insensées furent échangées, mais au matin, les effets de l'alcool s'étaient dissipés et Landric se réveilla mort de honte dans les bras affectueux de son amant. Il voulu faire comme si rien ne s'était passé, personne en dehors d'eux n'était au courant, mais à l'opprobre s'ajoutait l'impression de s'être damné.

Cette nuit resta la première et la dernière, pour leur couple comme pour Landric, trop accablé par le poids de sa faute religieuse pour retenter l'expérience. Il fini par démissionner sans laisser d'adresse, trouvant la proximité d'Arédie trop difficile à vivre. Son employeur était assez réputé, et il pu donc prétendre à un poste encore plus intéressant, dans les écuries du château. Cette fois ci, L'Oiseau ne laissa aucune place pour le doute, évitant soigneusement de trop se rapprocher de ses camarades. Il prétendait à qui voulait l'entendre qu'il avait été fiancé, mais que sa promise était morte soudainement et que sa perte lui infligeait trop de souffrances pour qu'il la remplace. Bien entendu, il ne revit jamais Arédie.

Les quinze années suivantes coulèrent comme de l'eau entre ses doigts, entre l'hiver argent et l'été doré. Le tenancier de l'auberge, qu'il retournait voir de temps à autres, fini par mourir et son fils légitime en hérita. Il transforma la gargote en atelier, étant lui même cordonnier. Landric venait parfois y faire un tour, pour voir le bâtiment qui lui rappelait l'époque lointaine d'une vie sans soucis. Au bout de quelques années, sa défunte fiancée imaginaire n'était plus crédible pour personne: aucun homme n'était assez sensible pour porter un deuil plus de cinq ans. Il s'inventa donc une petite amie timide, qui n'abusa pas longtemps ses collègues. On l'avait vu prier en pleurant pour son salut un jour où il était censé aller la voir.

Il en fut réduit à payer des prostituées juste pour les regarder simuler un rapport et se donner une crédibilité en espérant qu'elles ne bavardent pas. Malgré ses efforts, on commençait à soupçonner ses penchants quand les premières rumeurs fantasques arrivèrent jusqu'à Marbrume. En tant que palefrenier, Landric avait un aperçu privilégié des allés et venues des messagers et était au premières loges pour voir les communications s'intensifier. Il ne fallu pas un mois avant que les réfugiés commencent à affluer dans les bas fonds où L'Oiseau avait toujours l'essentiel de ses amis. Rapidement, plus personne n'eut le loisir de se préoccuper de ses inclinaisons.

L'horrible affaire De Sarosse lui passa le goût de travailler près du pouvoir, écœuré par un tel manque de compassion. Il préféra donc s'engager dans la milice, où il aurait au moins le sentiment de faire quelque chose pour la ville, alors que le monde extérieur déclinait inéluctablement et que le chaos se déchainait entre les murailles de Marbrume. Ses talents de cavalier le prédestinait à assurer ses fonctions à l'extérieur mais il devait d'abord apprendre à se battre, lui qui n'avait jamais tenu une arme de sa vie. Landric était doué pour le combat à mains nues, mais si il se retrouvait à se battre à coups de poings avec un Fangeux, c'est qu'il était déjà trop tard pour lui.

Il se trouva finalement une certaine affinité avec les hallebardes et les piques. La faim l'éperonna, cet hiver là, comme elle tortura une grande partie de la piétaille. La guerre putride se déroula devant ses yeux comme une hallucination causée par la famine et il en ressorti profondément démoralisé. Ses dévotions ne firent que s'intensifier: il allait au temple aussi souvent qu'il le pouvait, priant pour ses concitoyens, suppliant pour leur salut et jurant mille fois d'abandonner ses pensées lubriques. Landric fit parti des miliciens qui escortèrent les volontaires jusqu'au Labret lors de sa reconquête, et encore une fois, fut glacé par la cruauté du destin. Même le succès de la mission ne le réconforta pas du sort atroce de ceux qui avaient dû être abandonnés en chemin.

Qu'est ce que l'humanité avait pu faire de si grave, pour mériter une telle punition? Les drames s'enchaînaient et toutes les prières des habitants de Marbrume semblaient inutiles. Landric n'abandonnait toutefois pas et les Jeux d'Eté lui semblèrent un péché à eux seuls: comment s'amuser alors que les catastrophes s'enchaînaient? Il était aux premières loges pour assister aux souffrances du petit peuple de la ville, aussi bien que des courageux colons du Labret, ses allers et retours étant presque continus. Désormais, l'été comme l'hiver lui semblaient gris, alors qu'il plongeait petit à petit dans le désespoir.

Au printemps suivant, ce fut le quartier de son enfance qui tomba, en même temps que des milliers de ses frères d'armes et concitoyens. Le duc se faisait couronner roi, les mordus rejoignaient les rangs de la milice, plus rien n'avait de sens dans les yeux de Landric. L'humanité n'en avait plus pour longtemps et il avait de plus en plus de mal à trouver la force de combattre.

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