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 De quoi alimenter les chansons de geste

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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyVen 20 Mai 2022 - 9:41
Voilà bien longtemps que Léonice n´avait suivis aucun seigneur pour une partie de chasse ; hésitante quant à sa présence, Léonice n´avait rien de mieux à faire dans l´immédiat du mois d´avril qui s´annonçait parfois pluvieux. Toute l´idée était partie d´un baron, un homme gras et faussement cultivé rencontré lors d´une entrevue de lettrés au domaine d´un Vicomte. Léonice y avait fait de très belles rencontres ; comme une raisonnable représentation de ses capacités poétiques, et le baron avait fait partie de ses premiers détracteurs, à elle comme à Gyrès. Le temps et la solitude aidant probablement, le baron s´était finalement pris d´envie de fréquenter la jeune noble ; ou au moins de chercher à l´inviter dans des activités où il pourrait démontrer toute l´envergure de ses… capacités. Une part de Léonice s´enchantait à l´idée d´accompagner un groupe de nobles et de chevaliers, peut-être même de miliciens à la chasse ; sans y être une profonde admiratrice, les souvenirs qu´elle possédait des sorties de son feu époux étaient marquées par les rires et les amusements. Elle se souvenait encore de belette, son épervier, qu´on lui avait offert à l´un de ses anniversaires. La chasse était affaire d´hommes ; mais il arrivait qu´on laisse également les femmes s´amuser.
Léonice s´était apprêtée sans différence avec l´ancien temps ; une robe légèrement plus courte pour ne pas la gêner sur un terrain boueux s´arrêtait tout juste au niveau de ses chevilles. Une cape lui garantissait la couverture suffisante pour ne pas craindre le froid du printemps ; pour le reste, si elle fit attention à correctement s´apprêter, mêlant rubans et perles dans sa chevelure ou encore en choisissant des gants d´un brun parfait, Léonice ne souhaitait pas particulièrement attirer l´attention sur elle.

«Que les chevaliers s´amusent ! Je ne serais là que pour regarder», avait-elle déclaré à l´une de ses domestiques, peut-être même en présence d´Hector, alors qu´ils se préparaient tous pour partir sur le Plateau du Labret.

Léonice n´était pas spécialement enchantée, d´ainsi quitter les murs de ses quartiers ou de la ville ; et elle doutait de la capacité de la plupart des nobles à pouvoir se défendre contre les bannis ou les fangeux. Pas qu´elle puisse faire mieux ; ces créatures ne trouvaient facilement incapable de raisonner, aussi ses mots ne lui offriraient au mieux qu´un ébranlement factice de ses assaillants, à l´image de la mésaventure déjà passée en ville.
Le trajet ne rencontra pas de grands problèmes, avant que l´ensemble ne se retrouve dans les bois adjacents à Usson. Léonice n´était jamais allée jusque là, et découvrait tout le travail des paysans et des miliciens pour réhausser le niveau de vie de la région. Le groupe était peut-être composé d´une vingtaine de personnes, dont moins du tier était composé de nobles mâles, ravis de pouvoir exercer leur compétence de chevaliers. Il y avait une autre dame, qui accompagnait ses messieurs, et le reste était composé d´un mélange de miliciens, de chevaliers et de domestiques. Bien entendu, Hector était de la partie : il était hors de propos pour Léonice de partir si loin sans la garantie que quelqu´un l´aiderait en cas de problème.
Les hommes étaient surexcités, deux d´entre eux appuyant de longs regards envers une Léonice qui faisait mine de ne pas s´ennuyer. Elle était toutefois amusée par les plaintes de son domestique et ancien veneur : un homme dans la force de l´âge qui regrettait qu´une si noble pratique ne puisse plus être faite en compagnie de chevaux ou de chiens.

«Peut-être qu´un jour nous trouverons un moyen de faire revenir les choses à la normale, Edouard. En attendant, profitons au moins du temps clément et du soleil qui ne présage nullement l´arrivée de la pluie», conseilla la gracieuse d´un ton doux.





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Hector DartigauChevalier
Hector Dartigau



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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyVen 20 Mai 2022 - 19:07
Hector exécrait la chasse.

Là où la plupart voyaient distractions, amusements, et sources de vivre, il n'y discernait qu'un froid exercice de la supériorité martiale de l'humain sur des entités naturellement plus faibles. Parfois, jadis, lorsque la faim guettait aux bordures d'un front qui s'éternisait, le Sans-Visage s'y adonnait par nécessité. Avec succès, parfois, quand bien même il en retenait un souvenir particulièrement excitant, loin des cadres bien calibrés de la noblesse qui avaient pourtant coûté la vie à son bienfaiteur, le Baron de Raison. Dans la verte, où l'humanité n'avait pas encore pris place, rôdaient des créatures bien plus féroces que le gibier traqué par la colonne d'hommes braillards et femmes contrites. Les loups rôdaient en perpétuelle fuite des bipèdes qu'il leur arrivait pourtant, en désespoir de cause, d'assaillir lorsque la raison les perdait et que l'imminence de leur trépas les gagnait. Leur instinct de meute singulier, malgré leur frousse viscérale pour l'Homme, les transformait alors en toute autre entité, digne des mythes et légendes qu'on leur attribuait. Loin des prouesses martiales que Rikni avait conféré aux mortels élus par sa divine volonté, ils avaient néamoins cette effroyable capacité de terroriser bergers et paysans avec une efficacité que Dartigau admirait inconsciemment. La peur était, après tout, l'un des plus anciens outils de son espèce, également.

Mais le souvenir qui s'en distinguait plus clairement, hors de la mélasse intemporelle et inintelligible qu'incarnée sa mémoire estropiée par le traumatisme des Fangeux, était celle d'une Ombre. Grande comme deux hommes une fois dressée sur ses pattes arrières, dominant le sous-bois comme un royaume archaïque et minuscule en comparaison à son gigantisme ahurissant. Son cri rauque avait figé même le téméraire Chevalier qui, en silence, avait indiqué à ses comparses de rebrousser chemin, sans pour autant exposer leur dos. Et, fermant la marche, Hector avait ainsi eu tout le loisir d'observer la force de la nature plongée dans l'obscurité brumeuse d'une nuit nuageuse.

A défaut d'espérer défier une telle créature en l'honneur de sa Sainte, l'Apôtre avait espéré dissuader Léonice de les y faire participer. Néanmoins incapable de trouver le moindre argumentaire justifiant un tel choix face aux démonstrations incisives de la rousse, le Pénitent s'était résigné, et, épée à la ceinture, bouclier harnaché à son bras gauche, lance reçue d'un arsenal quelconque pour vanter les collections d'armes de ces messieurs les accompagnant en gesticulant vainement, Hector arpentait le Plateau engoncé dans son carcan labouré de part et d'autres, supposément par les Fangeux, sa cape brunie dans son sillage comme un plumage de rapace négligé. Savamment positionné à quelques mètres derrière sa Dame, de sorte à lui offrir l'intimité avec un éventuel noble souhaitant profiter de l'occasion, les iris orageux incrustés derrière la grille métallique de son ventaille scannaient leurs environs par mimétisme, anachronisme s'étant armé comme pour se heurter à la guerre et non pas aux gibiers inoffensifs de l'endroit. Scrutant les dignes paysans à l'oeuvre avec leurs bêtes de somme, la résilience humaine, conférée par sa Divine, lui gonflait la poitrine d'une chaleur nouvelle, et ce, malgré les blasphèmes répétés dont il était témoin lorsque l'on accusait la Trinité du fléau incarné par la Fange.

Ils n'étaient, après tout, qu'une épreuve à surmonter afin de se montrer digne de Rikni.
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Barral TrellMilicien
Barral Trell



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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptySam 21 Mai 2022 - 12:38
Ce matin-là d'avril, il régna un sacré remue-ménage dans les ruelles d'Usson. Une animation qui sortait un peu de l'ordinaire pour les résidents. Cela changeait bien d'une escarmouche avec un groupe de banni ou d'une veillé au flambeau pour éloigner les mordeurs. Aujourd'hui, c'était jour de chasse. Ces messieurs de la noblesse, enfin un petit groupe, avaient décidé de traquer le gibier aux alentours. Evidemment, le brun fut de ceux désignés pour accompagner ces bien-nés avec quelques uns de ces camarades. Comment dire qu'il n'était guère enchanté. D'un, il préférait largement la pêche. De deux, il avait entendu suffisamment d'histoire pour savoir que bien souvent cela tournait au massacre et à un concours à celui qui aurait le plus de trophée. Et de trois, les journées ensoleillées, comme celle qui s'annonçait, était assez rare, et donc précieuse, en cette période et pourrait surement être mieux utilisée : comme par exemple pour réparer les dégâts de l'hiver.

Mais qu'était le brun si ce n'est un milicien ? Ce n'était pas maintenant qu'il allait se mettre à discuter les ordres. Les ordres c'étaient les ordres. On ne discutait pas les ordres. Il ne discutait pas les ordres. Barral se prépara en conséquence afin de pouvoir marcher longtemps sans gêne. Chasse ou pas, son nécessaire de pêche le suivait partout dans une petite bourse à sa ceinture. Il noua, avec une certaine forme de rituelle, son bandeau au front pour empêcher ses mèches rebelles de lui tomber dans les yeux et passa son épée sur son dos. Il préférait avoir les mains libres.

Le brun s'était fait aux blagues plus ou moins de bon gout de ses collègues. Il ne serait pas rester s'il n'avait pas su passer outre. Et puis, les fangeux pullulaient toujours autant. Alors il se devait de continuer dans cette voie. Barral ne se gêna cependant pas d'envoyer un coup de coude à un de ces camarades qui lorgnait un peu trop sur la seule dame du cortège. Il était d'ailleurs assez improbable de ne pas la remarquer avec ses cheveux de feu. Mais de là, à la détailler comme si c'était la première fois qu'on croisait une femme ... Le brun soupira.

Sa grande carcasse lui permettait de voir d'assez loin alors il se cala vers le milieu du convoi, se laissant aspirer de temps à autre à l'arrière. La forêt dressa son rempart de verdure devant eux. Le moment était venu de choisir sa route et d'accepter de s'enfoncer dans son antre. Le sentier d'ailleurs se divisait. Une branche s'éloignait vers Ventfroid et celle-ci , et cette direction en général, il était plutôt conseillé de l'éviter. Le moment était venu de tendre l'oreille, d'écouter les bruits et de chercher les traces.
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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptySam 21 Mai 2022 - 18:40
Léonice ne savait pas exactement d´où cela venait ; mais depuis quelques semaines, Hector s´efforçait de prodiguer conseils ou déconseils, ce qui n´était jamais arrivé ces derniers temps. La noble n´était pas la plus ravie du monde de participer à la chasse ; si cela lui avait été sympathique du temps de son époux, comme elle le rappela brièvement à Dartigau, les risques que cela lui engendraient lui paraissaient ouvertement démesurés.
« Mais je ne peux décliner aussi sévèrement les invitations d´autres nobles, Chevalier. J´en suis la première gênée, mais la noblesse répond à des règles qui dépassent toute forme de logique.»
La peinture ne fut pas anodine ; sans s´ouvrir, Léonice partageait parfois ce genres de remarque auprès du Chevalier Hector. Quelque chose avait indubitablement changé dans leur comportement leur envers l´autre ; et pourtant, c´était comme si tout suivait une constante linéaire et inaliénée. La sang-bleu ne possédait pas les détails, mais tout ce remue ménage dans la région ne passa pas inaperçu, même auprès du peuple. Tout leur convoi était discuté, au moins à petites échelles, de part la présence d´autant de monde concentré à l´extérieur des murs de Marbrume. Et une fois au milieu même de tous ces gens, Léonice n´était pas la plus à l´aise du monde ; même si elle tâchait de paraître la plus joviale et sympathique possible. Ainsi Hector désapprouvait, ce que Léonice comprenait pleinement ; une fois sur place, l´homme choisit de ne pas se séparer de sa dame, ou en tout cas pas de trop loin. L´ennuie la gagna quelque peu, même si elle ne le mentionna jamais, après leur départ en compagnie du Baron et d´autres nobles. Ces messieurs s´amusaient à se vanter de leur soi disant capacité de chasse et de traque ; même si tout le monde savait d´une commune mesure qu´aucun n´avait eu l´occasion de s´entraîner d´une quelconque façon depuis bien longtemps. Emplie de politesse, Léonice souriait, mais fut bien vite abandonnée par tout ce méli-mélo de testostérone ; les nobles et quelques chevaliers étaient au devant, laissant l´occasion à la noble de rester près d´Hector, ou d´observer les alentours.
Rien ne dénotait réellement ; Léonice ne connaissait pas la région, et les souvenirs périlleux de son excursion depuis l´Ouest jusqu´à Marbrume restait telle une brûlure sur la paille, tout contre son esprit. Elle hésita à se pencher vers Hector quand quelques mouvements de la part d´autres personnes attira son regard. Elle comprit bien vite que quelques remarques devaient avoir fusées dans sa direction ; rien d´anormal. Non seulement Léonice était une femme au milieu d´hommes, mais en plus de ça ses attributs physiques attiraient facilement les regards et les perspectives ; les cheveux d´un roux peu commun, autant signe de beauté que de malédiction selon les moeurs comme les morales, mais surtout, Léonice ne portait ni ruban ni anneau qui pourrait signifié d´un mariage ; aussi, tout le monde savait instinctivement ce qui accusait de sa présence.
Sans trop savoir pourquoi, le comportement d´un des miliciens qui se démarquait par un bandage à l´un de ses yeux attira sa curiosité. L´homme semblait moins enclin aux racontars ; même si Léonice resta discrète sur leur observation. Alors que les nobles étaient de toute façon trop occupé à savoir qui avait la plus longue épée, la jeune femme fit un signe à son chevalier avant de s´approcher du-dit milicien et de son groupe ; au point où elle en était, et si elle devait être ignorée par la plupart, autant tenter de converser avec des gens moins taciturnes que Hector.

« Milicien ? Vous me semblez bien soucieux.»

Alors que l´homme sembait pris dans une attention toute particulière, Léonice glissa ses doigts gantés jusqu´à ses lèvres dans un signe de repentir.

«Oh pardon, je ne voulais pas vous déranger…»

D´un charme presque innocent, Léonice fit quand même appel à ses propres sens ; ils n´étaient pas à l´abris de la Fange ; aucun d´entre eux.

« Je me questionnais simplement sur l´identité de ceux qui nous accompagnait dans ces terres presque inconnues pour nous, citadins», déclara Léonice avec un sourire discret.






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Hector DartigauChevalier
Hector Dartigau



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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyDim 22 Mai 2022 - 9:57
Au milieu des louanges auto-proclamés et des railleries d'une bassesse attendues, les nobles s'enchevêtraient dans leurs démonstrations de supériorité à mesure que le regard du Pénitent quittait l'orée du bois pour se porter sur les Miliciens accompagnant le cortège. Sans surprise, la plupart d'entre eux apparaissaient bien plus aptes. Vigilants, alertes et prestes à l'action, le Borgne attirait son attention, et, comme si elle lisait dans ses pensées, Léonice lui fit signe d'approcher ce dernier de concert avec elle. Docile, en apparence, régi par une discipline martiale dégénérée dès lors que ses apparitions se faisait publique, le funeste Chevalier s'approchait d'un pas égal, lance à la main et orientée vers le ciel comme une perpétuelle prière à sa Divine. Léonice entamait quelconque échange banal, déployant ses aptitudes de caméléon social auxquelles Hector ne se ferait jamais tant elle suintait d'une habileté ignoble dans son contrôle du verbe autant que dans ses expressions faciales. Et, aussitôt que l'inconnu aurait répliqué, la voix rauque de Dartigau l'interrogerait, méthodique dans son approche.

« Vous êtes le plus apte à nous guider, ici. Que suggérez-vous ? N'en déplaise aux sangs-bleus, je préfère nous éviter une confrontation avec bannis, fangeux et meutes de chiens errants. »

A l'instar de son physique mesuré, icône martiale soigneusement calibrée, le franc-parler du Chevalier trahissait sa pensée. Crachant pratiquement l'appelation de ses maîtres-esclaves, ses iris orageux rivés sur le faciès du Borgne, l'Apôtre était fermement disposé à prendre en compte toute suggestion et recommandation, plutôt qu'évoluer à l'aveugle dans un environnement inconnu de part leur manque d'exploration des confins du plateau, contrairement aux nobles suffisants qui étaient, mystérieusement, parvenus à se convaincre de leur connaissance du domaine. Même pour ceux qui arpentaient ces terres avant la Fange, l'idée paraissait stupide. La géopolitique était aussi frivole que la topographie en cette époque trouble - eux, plus que quiconque, auraient dû s'en rendre compte.

Ainsi, tous les espoirs reposaient sur un Milicien particulièrement capable dans toute cette clique hétéroclite.
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Barral TrellMilicien
Barral Trell



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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyLun 23 Mai 2022 - 15:43
Barral essayait tant bien que mal de prêter attention aux bruissements de la forêt mais c'était peine perdue. Leur groupe était bien trop important et surtout bien trop bruyant pour lui permettre de distinguer un peu en avance la présence d'une hypothétique proie. Vu le niveau sonore des échanges et le peu de délicatesse dont faisaient preuve la plupart des nobles, autant dire que cela était quasi comparable à un troupeau d'éléphants, cela risquait fort de se terminer par un formidable zéro pointé. La moindre bête sauvage ou banni trainants à la ronde les entendraient venir de très loin.

C'est alors qu'une chose incroyable se produisit : la Dame s'adressa à lui. Le brun n'en revenait pas. Parmi tous les hommes présents, il fallait que ça tombe sur lui. Même s'il avait beaucoup changé, il restait toujours beaucoup indécis quand au comportement à adopter vis-à-vis d'elles. D'autant, que pour le coup, il ne la connaissait pas et surtout, elle était noble. Ce qui mit bout à bout faisait beaucoup pour le milicien. L'ignorer ne pouvait que lui causer plus de souci. Après tout c'était elle qui initiait la conversation, il ne pouvait pas faire comme s'il n'avait rien entendu vu qu'il était à peine à quelques mètres.

" Je dirais plutôt attentif, madame,inclinant légèrement la tête en prononçant ce mot, désireux de ne pas rater une information. "

A vrai dire, il ne savait pas trop comment la désigner, ne connaissant pas son titre exact puisqu'il n'y avait pas eu de présentation. Aucun des membres d'ailleurs ne l'avait fait et son groupe de miliciens s'était retrouvé catapulté à l'escorte de ces nobles chasseurs sans autre forme de procès.

" Vous ne me dérangez pas. "

Le brun n'en menait pas large, il n'avait pour ainsi dire pas l'habitude de faire la conversation à une noble. D'autant qu'un chevalier s'était approché comme pour le surveiller. Et bien que rien ne soit menaçant dans son attitude, son armure en piteux état témoignait de ces anciens combats. Enfin sur ce point, il pouvait exister plusieurs explications, mais Barral pensait pouvoir écarter toutes les autres.

" Je suis le milicien Barral Trell."

Sur cette brève présentation, le chevalier prit à son tour la parole. Intimidant personnage au premier abord, mais bien plus direct que la noble, Barral sentait qu'il devait parler franchement. Et lui serait peut-être plus apte à se faire entendre par tout ces nobles qu'un petit milicien.

" Nous sommes trop bruyants. Nous devrions au minimum nous séparer en deux. En restant en troupeau ainsi, nous faisons trop de bruits et je crains que la chasse ne soit totalement infructueuse. Il y a bientot une petite clairière avec plusieurs sentiers. Deux conduisent à un lac avec un camp de bucheron où nous pourrons nous reposer après avoir chasser.

Le brun avait soumis son idée, il en informa aussi ses collègues. Le mieux étant que ceux qui voulaient jouer les gros bras aillent ensemble et que les autres qui ne voulaient que chasser pour manger aillent dans l'autre groupe. Et ce fut ainsi, à l'arrivée à la clairière, le grand déballage se sépara. Barral sentit tout de suite le calme revenir.

" Concernant les fangeux du moment que nous ne nous aventurons pas dans les endroits trop obscures, la journée devrait bien se passer. Concernant les bannis, c'est un peu plus difficile à prévoir. Tous n'ont pas les même motivations et la même hargne. Après tout, même banni, ce sont des Hommes. "


Soudain Louis lui fit le signe convenu, l'homme avait repéré quelque chose. Le brun mit un doigt devant ses lèvres. Pour l'instant, il ne savait pas à quoi on avait affaire. Gros ou petit gibier. Ennemi ? Un buisson tout au fond du sentier s'agitait comme possédé. Mais ce qui attira encore plus le brun ce fut les traces au sol : des empreintes de sabot mais surtout des traces de sang.

" Préparez-vous." murmura-t-il saisissant une lance dans sa main gauche.

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Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyLun 23 Mai 2022 - 17:21
Léonice pardonna le manque de tact et de finesse à son Chevalier ; un simple coup d´oeil envers ces grandiloquents personnages lui suffisait pour savoir qu´ils ne méritaient, au fond, pas plus d´égards. Faisant comme si elle n´avait pas entendue l´audacieuse question, son intérêt se portait vers les miliciens, et notamment celui dont un bandage rendait indiscernable une potentielle blessure à l´oeil.

« Léonice de Raison, de la baronnie de Raison, puisqu´il ne me semble pas m´être présentée. Et voici le chevalier Hector Dartigau».

Les présentations avaient surtout pour but de les faire paraître pour moins sauvages que les autres nobles semblaient vouloir le faire paraître. Léonice pensait toujours que cette partie de chasse était une bien mauvaise idée, mais y déroger maintenant n´aurait de toute façon aucun sens. La réponse du dénommé Barral sonna comme autant de confirmations du caractère épineux de l´entreprise ; Léonice glissa un regard aux nobles, et notamment au baron qui l´avait invité, sans être capable de déterminer ce qu´elle méprisait le plus de la situation. La jeune femme aux cheveux roux pencha la tête de côté, attendant la réponse d´Hector à ce sujet ; il était certain qu´elle ne prendrait pas une telle décision ici. Mais finalement, les groupes se firent naturellement à mesure qu´ils avançaient jusqu´à la clairière précédemment nommée par Barral. Léonice avait l´impression d´avoir les pieds aussi flamboyants que sa chevelure ; un semblant d´étiquette l´empêchait tout de même de se plaindre, surtout que la température locale était adaptée à ne pas avoir la sensation de brûler comme en été.

«C´était une bonne idée, milicien Trell. Même si je crains que nous ayons à essuyer, un peu plus tard, les râleries d´un noble fâché de s´être séparé de son invitée.»

Léonice faisait référence au visage désagréable que prit le baron à la tête de cette instigation en voyant que Léonice ne le suivrait pas ; en cet instant, il s´agissait tout de même du cadet de ses soucis.
La halte fut finalement donnée ; plus nerveuse qu´elle aimerait se l´avouer, Léonice s´immobilisa avant de légèrement s´écarter du gros des hommes armés. Gardant un oeil sur Hector ainsi que sur ce qu´il pourrait se passer dans leur dos, la baronne parvint tout de même à apercevoir les buissons incriminés, qui s´ouvrirent subitement sur une créature qu´elle aurait reconnu entre mille.

« Oh, par les Trois…»

Un énorme sanglier fonçait tout droit vers les hommes les plus proche de sa sortie. Probablement blessé, Léonice sentit son coeur se serrer, probablement par fantaisie plus que par peine ; n´avait-elle pas fait le deuil de son mari ? Elle secoua la tête tout en s´écartant un peu plus, malgré tout craintive d´une telle rencontre qui pouvait, comme elle et Hector le savaient, rapidement dégénérer.






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Hector DartigauChevalier
Hector Dartigau



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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyMer 25 Mai 2022 - 14:30
Barral Trell. Gravant dans sa rétine le visage du borgne aux allures compétentes, le scion de Rikni opinait doucement du chef, tandis que Léonice les présentait. Spontanément, martial et discipliné, Hector inclinait le chef dans une mimique spartiate, austère, caractéristique du moindre de ses gestes. Sans qu'il ne prenne la peine de rabrouer les nobles gueulards qui étaient accompagnés de la Milice en guise de sécurité, et non témoin de leur héroïsme, n'en déplaise à l'ego surdimensionné des sang-bleus, les groupes se formèrent d'eux-mêmes, permettant au Pénitent de se séparer des infâmes vantards. La clairière dépassée, Dartigau conservait sa distance respectable avec la noble qu'il accompagnait.

La halte était sonnée, et un frisson d'excitation se propageait le long de l'échine de Dartigau. Quelques foulées, et il accélérait le pas, dépassant Léonce en lui jetant la lance aux pieds, arrachant une javeline à un des miliciens sur sa trajectoire. Son souffle gagnait en profondeur, sa consommation en oxygène atteignant son paroxysme, alors qu'il se figeait à une dizaine de mètres de la créature qui les chargeait. Son exultation à l'approche du meurtre devenait tangible, sa dextre porteuse s'étirant loin derrière lui tandis que son bras gauche harnaché du bouclier aux armoiries des de Raison devenait un contrepoids. L'étrange instinct qui l'avaut gagné, féroce vecteur d'une haine singulière, à l'approche du mammifère meurtri, trahissait sûrement une rancoeur sous-jacente d'avoir été absent le jour où Enguerrand fut pourfendu par l'un de ses congénères. Les sangliers étaient réputés pour aiguiser leurs défenses dès lors qu'ils entendaient les battues approcher, jadis. Vicieuse et cruelle créature, aujourd'hui exposée à l'élan de décimation d'un apôtre de la Tempête.

Sa posture d'athlète rompue par une brutale projection, sans que son coude ne se casse malgré l'appréhension, l'épieu sifflait en traversant la distance, imbu d'un vent tranchant qui le transformait en trait démesuré, imbu de la pensée assassin du lanceur. Sans contempler le résultat de son lancer, le Chevalier revenait en trottant vers Léonice, s'emparant de la lance qu'elle se trouve dans les mains de la Baronne ou par terre si cette dernière n'était pas parvenue à le réceptionner. La robuste créature accuserait probablement le choc - et ainsi, la boucherie du combat rapproché s'amorcerait. Faisant volte-face, solidement campé sur ses appuis, Dartigau empoignait son nouvel instrument de tuerie à deux mains, visiblement extatique à l'idée de mener à bien sa funeste besogne.

Spoiler:
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Barral TrellMilicien
Barral Trell



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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyMar 31 Mai 2022 - 0:09
" Enchanté de faire votre connaissance Baronne. Chevalier "

Dit le brun en les saluant tour à tour. Pour ce qui était de contrarier ledit instigateur de cette chasse, et bien soit il irait se plaindre à qui de droit qu'un petit milicien avait osé séparer son groupe, soit il fermerait sa bouche et prétendrait que l'idée venait de lui pour mieux chasser. Et Barral n'irait pas clamer haut et fort que l'idée était sienne, pas devant un sang-bleu qui avait tout pouvoir ou presque.

" Si la chasse est bonne, je suppose qu'on n'en entendra point parler. "

Mais Barral n'y connaissait vraiment rien à toute ces manigances d'invitations, de paraitre et de faux-semblants. Enfin du moins à l'échelle des nobles c'était un jeu qui lui était bien étranger. Cependant, il le savait, les magouilles, les cirages de pompes , les pots-de-vin, voir les rendez-vous d'un soir pour obtenir quelque chose cela avait lieu à toutes les échelles de la société.

L'heure était à présent à la chasse de ce sanglier et la concentration était de mise. Une telle bête était déjà redoutable en temps normal alors si on ajoutait une blessure plus une portée à proximité, nul doute que la moindre erreur d'attention couterait une sérieuse blessure au malheureux distrait.

" Ne tentez pas de courir Madame, ces bêtes là sont assez rapides. "

Le brun en avait eu l'amère expérience il y a quelques temps de ça, et n'avait du son salut qu'à sa capacité à grimper sur un arbre qui s'était présenté. Ce jour-là, avec son camarade, il n'avait pas fait le fier. Aujourd'hui, c'était différent. Ils étaient beaucoup plus nombreux et surtout armés pour chasser. Lance en main, la gauche, Barral s'apprêtait à imiter le chevalier. La bête ne devait pas avoir la moindre opportunité de s'échapper. Le ferait-elle ? Le milicien crut entendre de petits grognements non loin. Des marcassins. Voilà pourquoi elle leur tenait tête. Il prit son élan et projeta son arme en direction du sanglier de toutes ses forces. L'animal ressemblait à présent à un porc-épic avec ses lances fichées dans ses chairs. La lance du brun atteignit la cible mais pas suffisamment profondément pour infliger une blessure sérieuse, voir fatale. La bête avait la peau dure. Barral se décala pour laisser le champ libre à un autre ou au chevalier s'il voulait retenter sa chance et alla récupérer un autre projectile au cas où.
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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyMer 1 Juin 2022 - 12:08
Elle lança un regard quand Barral lui donna pour consigne de ne pas courir. Son coeur battait si vite qu´il lui semblait le sentir bondir en dehors de sa cage thoracique ; un goût de bile remontait dangereusement dans le fond de sa gorge et, même si la baronne tâchait de faire bonne figure, la pâleur de son visage semblait avoir augmenté d´un cran. Léonice prit la peine de péniblement hocher la tête, ne sachant pas trop quoi faire si jamais la créature hargneuse venait la dévorer. Une vive crainte enserra sa poitrine alors qu´Hector lui lançait son arme ; trop fébrile pour la rattraper de cette manière, Léonice s´écarta pour que l´objet tombe non loin d´elle et qu´elle puisse la ramasser. Les yeux rivés sur ce qu´il se passait, Léonice serrait entre ses doigts maigres la lance de Dartigau ; si les gens ne paraissaient pas ouvertement perdus autour d´eux, Léonice remarqua sans aucun mal que la plupart des miliciens n´amorcèrent aucun geste, en dehors de Barral.

« Vous ne comptez pas les aider ?» tonna-t-elle d´une voix pincée.

Il fut difficile de savoir si sa voix avait suffisamment portée pour faire réagir les hommes autour d´elle ou si chacun prenait tout simplement son temps. Hector et Barral venaient tout de même d´asséner de puissants coups, transperçant la vile créature qui continuait tout de même de courir. Léonice trouva le courage de s´avancer de trois pas pour tendre plus vite la lance à Hector, mais c´est ce moment précis que choisi le cochon des enfers pour foncer tout droit vers quelqu´un qui ne regardait pas dans la bonne direction.

« Attention !»

Trop tard ; un jeune garçon qui ne devait pas avoir plus de vingt ans fut renversée sans vergogne alors qu´il tirait un lacet de son armure mal rangée. Il étouffa un grognement en se vautrant au sol, peut-être blessé aux genoux, là où le sanglier avait foncé. La créature se tourna alors directement vers l´endroit où se trouvait Barral comme Hector, quelques mètres avant Léonice. La baronne avait les oreilles qui sifflaient mais tâchait de fixer le démon ; fermer les yeux garantissait souvent aux victimes une mort douloureuse. Bien qu´elle ne soit pas combattante, et malgré ce que lui en avait dit Hector quelques semaines auparavant, la jeune femme comptait bien réagir si jamais la bête se prenait la fantaisie d´esquiver les hommes armés pour se repentir de sa chaire blanche…









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Hector Dartigau



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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyDim 5 Juin 2022 - 14:01
L'exultation du Sans-Visage prenait le pas sur sa raison, alors que la seconde javeline sifflait en direction du sanglier qui, ainsi orné comme une bête de légende de deux épieux dans ses chairs, renversé brutalement un jeune homme, ses défenses lui défonçant tibias et rotules en l'éjectant faire un soleil. En temps normal, sans doute que la créature aurait fait demi-tour pour finir le travail - au lieu de quoi, elle convergeait dans sa frénésie écumante en direction du trio central. Les deux orages incrustés dans les meurtrières de son casque s'embrasèrent alors qu'Hector laissait échapper un soupir d'aise inquiétant, au même titre que son hilarité barbare, figeant éternellement ses lippes mutilées dans un rictus malsain. Se présentait à lui la première épreuve qu'il ne put jamais surmonter par absentéisme ; pourfendre l'abomination ayant occis son feu-régent. L'adrénaline et le noir désir d'annihilation inhibant son instinct de survie, le Chevalier adressait un unique regard à la Baronne sur sa droite avant de briser la formation défensive jusqu'à présent adoptée pour assurer sa sauvegarde.

Et sa cape en étendard dans son sillage, les armoiries de Raison au bras, le Pénitent s'élançait vers l'avant, ses prises d'acier sur la lance se raffermissant tandis qu'il avalait la distance, animé par une célérité fulgurante aux antipodes de son lourd carcan crasseux. En un souffle, la Tempête avait investi son champion d'une étincelle foudroyante, le déchaînant comme l'ouragan d'acier et de sang sur l'exutoire de son ire. Estropiant sa course pour se contorsionner lui-même comme un fer-de-lance, Hector se jetait sur un genou à quelques mètres de la Bête qui bifurquait pour broyer l'insolent s'interposant entre lui et son bain de sang. Le métal de son instrument se braquait en direction de la créature, enroulant son bras porteur sur le bois constituant la hampe tandis que sa sénestre assurait de guider le fer dans le coeur de son assaillant.

Assaillant qui, anormalement rusé, lourd d'une centaine de kilogrammes, bondissait à la rencontre de son adversaire, contraignant ce dernier à redresser la lance dans une tentative de l'intercepter. Sciemment, son coude guidait le bois de la lance dans le sol meuble du chemin emprunté, brandissant ainsi la lance comme un épieu, une barricade sur laquelle la Bête s'écrasait dans un couinement sonore...

Sans périr dans sa frénésie. Stupéfait, Dartigau était témoin du bois de lance qui se cambrait sous le poids et l'élan de l'animal, sa vitesse d'exécution et de réaction lui suffisant tout juste pour qu'il roule de côté malgré son armement, se soustrayant aux défenses de la créature, tout juste avant que son arme ne cède, ouvrant partiellement le ventre du sanglier dans le procédé. Glissant sur son épaule, un réflexe martial permettait au Chevalier de retrouver ses appuis, faisant volte-face dans un claquement de cape. Animé de la célérité débilitante le caractérisant, sa dextre avait trouvé le manche enlacé de cuir de sa lame, impropre à la chasse, et une décharge neuronale lui permettait de se jeter en avant, amenant son centre de gravité le plus proche du sol possible, s'écrasant de tout son poids contre le flanc de la Bête, son bouclier plaqué contre son épaule et son épée courte s'enfonçant jusqu'à la garde entre deux côtes. Renversant le sanglier dans son exhibition de violence, Dartigau ne perdait pas un seul instant, enchaînant ses assauts à corps perdu - il se redressait sur son pavois ayant servi à accuser sa chute autant que l'impact contre l'abomination basse de caisse, juchant son pied sur le foie de la créature pour y insérer à nouveau son instrument de tuerie lui ayant presque échappé des mains au basculement de cette dernière.

Des spasmes, maintenant, conquérant, sa victime au sol, une torsion du poignet achevant d'ôter la vie au patriarche pourfendu pour laver un affront, et Hector se redressait enfin, laissant échapper une profonde expiration, sa respiration rendue sifflante par l'effort. Il ne pouvait s'empêcher de maugréer, jetant un regard vers le reste du groupe, ainsi que les deux javelines et la lance plongées dans le corps du souverain des sous-bois devenu gibier.

« Je crains que cette viande ne soit peu savoureuse. »

Et pour cause - la Bête lui avait semblé protégée par une épaisse armure, non contente d'être une force de la nature.
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Barral Trell



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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyMer 22 Juin 2022 - 18:02
Un cri d'alerte.
Le brun avait étiré sa grande carcasse au maximum pour porter son regard le plus loin possible histoire de détecter la source du danger. Mais c'était un avertissement concernant leur proie qui s'aventurait, hélas, un peu trop près d'une des jeunes recrues du groupe.

Un cri de douleur.
La bestiole ne manqua pas son coup et le jeune gars fit la culbute avant de rester recroquevillé au sol se tenant la jambe. Barral soupira. Il les avait tous pourtant prévenu que la moman sanglier acculée était imprévisible et capable du pire.

Un cri guerrier.
Sur le coup, le brun sursauta avant de réaliser que c'était le chevalier qui fonçait tête baissée à la rencontre du sanglier. Une charge bruyante de cliquetis métallique qui flanquait vraiment la frousse. Ce qu'il vit lui fit froid dans le dos. On aurait dit l'homme animé par un esprit dément, combattant l'animal comme s'il s'agissait d'un ennemi humain. Le chevalier avait-il encore toute sa tête ? Barral se lança à sa suite dans l'éventualité qu'il rate sa cible mais là encore l'homme faisait preuve d'une telle détermination et d'une telle maitrise des armes que le brun ne put que constater le sort funeste de l'animal.

" Chevalier, je crois qu'il a eu son compte "

La menace était écartée pour le moment. Il restait encore à abattre les petits. Vu l'état de la carcasse, un bon dépeceur arriverait difficilement à récupérer tous les bons morceaux mais il ne fallait pas perdre de temps pour ne pas que la viande se gatte.

" Occupez-vous de ça vous deux et essayez de faire au mieux. "

Ce qui était inutilisable serait enterré. On récupéra même les défenses. Barral les glissa dans sa sacoche. Les quatre quartiers furent emballés et hisser sur un des ânes. Il se déplaça vers le pauvre gars qui s'était fait culbuté. C'était pas beau à voir. Pas mort. Sa jambe semblait sauvable mais il garderait probablement un boitement, son avenir dans la milice était compromis.

" Calme-toi Gildas. Je vous avez prévenu pourtant. Il faudrait des bâtons droits et du tissu."
Entendu que le brun n'était pas homme de médecine mais il l'avait vu souvent faire. " On peut peut-être utilisé les hampes brisées , chevalier ? "

Barral ota également son bandeau. A présent, il fallait essayer de remettre la jambe dans son axe. Quelqu'un devait bien l'avoir déjà fait ? Pendant ce temps-là, à force de leur courir après, on était parvenu à chopper tous les marcassins qui avaient rejoint leur mère pendus par les pattes.
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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyVen 24 Juin 2022 - 16:59
Léonice se savait contrainte à l’inactivité, à la simple observation de ce qui était si proche et pourtant si hors de sa portée. Ses mains plaissaient sa robe alors qu’une moue contrariée grimpait à son visage. La rapidité de son chevalier lui saisit la poitrine d’une innocente envie d’exécuter les mêmes gestes, de se fondre dans cette armure vue tant de fois pour sentir la pression des muscles alors que l’homme affrontait la bête. Digne des pires cauchemars, il fallut plusieurs coups, un homme à terre suivit d´un violent corps à corps avec Hector avant que la créature ne montre le moindre signe de faiblesse. La baronne sentit sa poitrine la saisir d´une pression désavouée, alors qu´elle refusait de voir la moindre difficulté dans l´échange entre la bête du Mal et le chevalier Dartigau. Incapable de détourner le regard, l´appréhension noircissait tout de même le champs de vision devenu rétrécit de la baronne. Chaque mouvement semblait sentence à son coeur qui n´avait pu qu´imaginer le combat effréné de son feu époux contre une telle horreur ; sur l´instant, Léonice fut incapable de rationaliser l´évenement en se disant que son mari avait simplement été imprudent ; toute la puissance d´Hector coulait finalement sur les souvenirs tronqués d´un homme dont le souvenir se fanait avec le temps.

Quand la voix du Chevalier s´éleva, la bête à ses pieds, Léonice sentit la terrible pression à ses épaules se dissoudre jusqu´à presque disparaître, ne lui laissant que le vestige d´une angoisse qui avait elle aussi disparue. Ajustant sa position pour ne pas tâcher sa robe outre mesure, la jeune femme s´approcha d´Hector, sortant de son giron un petit mouchoir de soie. Sans aucun regard pour la qualité du tissu, la baronne vint délicatement éponger le peu de sang sur l´armure du chevalier.

« Je n´ai jamais aimé le sanglier, de toute façon, même en civet».

Il y avait tout de même un jeune homme au sol ; Léonice, à titre personnel, n´y connaissait pas grand chose en santé, mais le domestique qui les accompagnait était déjà plus habitué à soigner toutes sortes de blessures. Le vieil homme se dépêcha de proposer ses services, usant des quelques plantes qu´il avait dans sa sacoche pour soulager la douleur immédiate du jeune Gildas. Alors qu´on se hâtait pour attraper les petits marcassins comme pour s´occuper du sanglier, l´heure avançait et la noble observait tout cela d´un oeil peu rassuré.

« Avec un blessé, nous devrions peut-être écourter la partie de chasse et nous hâter de rentrer. Un sanglier c´est une chose, mais si nous tombons sur plus dangereux, il ne sera qu´un poids qu´on ne pourra pas nécessairement protéger ou faire courir. Si vous tenez à sa vie, trouvez le chemin le plus court pour nous faire rentrer,» proposa Léonice à Barral sans qu´elle ne cache une pointe d´autorité.






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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptySam 25 Juin 2022 - 22:06
Le son de sa respiration se réverbérait dans l'acier nervuré de son ventaille évoquant une sinistre figure juchée au sommet des remparts comme l'aurait été une gargouille, ses flancs devenus soufflets de forge. Ses lippes blanchies par la pression exercée dessus exhalait soudain d'un soupir sifflant, tranchant, alors qu'Hector s'arrachait à sa transe guerrière. Les visions s'étaient succédées en flashs rapides, consécutifs, martelant sa psychée fragmentée par la culpabilité. Le visage d'un Enguerrand aux prises avec le sanglier, puis l'inespérée intervention de Dartigua, le Sans-Visage sauvegardant l'existence de son seigneur avec la même frénésie assassin que l'élan qui l'avait poussé à avaler la distance pour braver la force de la nature. L'affrontement pouvait sembler anodin, vu de l'extérieur, si ce n'était pour l'étalage martial et excessivement foudroyants, spectaculaires. Le Pénitent, lui, percevait le poids qui libérait sa poitrine et ses épaules, le fardeau sinistrement épongé dans le sang et la vengeance, ne perpétrant pas la même erreur qui lui coûta jadis son régent.

Le Chevalier se surprit à vaciller, alors que la Baronne s'attelait à éponger l'écarlate maculant son harnois, s'incrustant dans les lacérations le constellant à la manière d'un perpétuel memento de son échec. Inclinant humblement la tête, détournant spontanément les saphirs céruléens d'ordinaires pétris d'hostilité, animés par un orage qui ne parvenait jamais à retrouver son calme, si semblable à un chien refusant de réprouver ses crocs, Hector dodelinait du chef, sa gratification silencieuse étant le seul triomphe qu'il pourrait bien autoriser à la Rousse.

Ce jour, sa Régente voyait son défunt mari vengé. Cette seule certitude suffisait à emplir son poitrail, d'ordinaire carcasse gelée par ses traumatismes, d'une chaleur inédite, une fierté qu'il lui semblait désormais interdite. Essuyant les deux versants de sa lame sur le revers de son gantelet de cuir, le Pénitent s'apprêtait à se diriger vers les deux fragments de lance qui auraient pu servir à fabriquer l'atèle pour le milicien, pour peu qu'on le débarrasse de son fer tordu par la robustesse du gibier - mais déjà, l'un des domestiques dont le nom était noyé dans la masse toute relative de la petite maisonnée de Raison s'avançait, lui ôtant sa vainglorieuse opportunité d'exhiber ses maigres compétences médicales. Pour le bien-être du jeunot, sans doute était-ce préférable.

« Ma Dame dit vrai, Barral. Pensez-vous que nous devrions attendre le retour du second groupe, avant de rebrousser chemin ? Ou ce maigre gibier suffira-t-il à justifier notre expédition ? »

Direct, pragmatique et pourtant impavide, Dartigau observait le responsable de la scène, reléguant bien volontairement sa quelconque autorité au profit d'une, plus cohérente, naturelle, de celui qui maîtrisait leur environnement. Quelques marcassins et la bête débitée était une prise déplorable, mais l'une comme l'autre n'avait guère envie de s'exposer davantage. Si se heurter à la Fange était l'un des nombreux plans futurs du croisé, ces circonstances ne lui étaient pas favorables, et perdre un second sang-bleu sous sa vigie serait le glas de son existence, tant la honte le pousserait au bout d'une corde.
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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste EmptyDim 26 Juin 2022 - 0:14
Dommage .
Le brun avait d'autres endroits à faire découvrir mais les événements étaient en train d'en décider autrement. Comme l'avait souligner le domestique de Leonice, Gildas avait besoin de soin de meilleure qualité et on était pas à l'abri d'une mauvaise rencontre surprise de dernière minute.

" Il n'y a pas vraiment de raccourci hélas, il nous faut juste rebrousser chemin. Deux hommes iront au point de rendez-vous prévu initialement pour retrouver l'autre groupe."

C'était bien cher payé pour un sanglier et quelques marcassins. On hissa l'infortuné sur une des mules et le petit groupe pris la direction du retour vers usson et la civilisation bien plus tôt que prévu.

"Qu'importe la chasse, la sécurité avant tout. Vos compagnons auront peut-être eu plus de chance que nous".

Mais ça le brun en doutait vu comment l'autre groupe s'était montré particulièrement bruyant avant de se séparer. Même un fangeux aurait détalé devant autant de boucan.

Évidemment, ce ne fut pas vraiment le retour en fanfare tant attendu lorsqu'on remarqua le blessé et le peu de prises. Aller à la chasse n'était pas sans risque hélas. Pendant qu'on le mena dans un des barraquements et que le guerrisseur commence ses soins, le brun glissa une main dans sa sacoche.

" Tenez chevalier, vous avez quasi fait tout le boulot."

Le brun lui tendit une des défenses avant de leur souhaiter bon retour.
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MessageSujet: Re: De quoi alimenter les chansons de geste   De quoi alimenter les chansons de geste Empty
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