Marbrume


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MessageSujet: Sans invitation   Sans invitation EmptyVen 20 Mai 2022 - 20:30
17 Avril 1167




Cette ville n’avait rien à voir avec Allange, absolument rien. Et pourtant, il n’existait plus aucunes autres villes.

A jamais condamné à errer dans cette marre aqueuse et boueuse ; se cloaque sans nom emplis de brume et des fumerolles d’une civilisation déclinante. L’humanité entière, contenue dans un mouchoir de tissu dégoulinant de morve, rien de bon, rien de bien et néanmoins dernier espoir de tous. Je trouvais cocasse d’en être réduit à cela, m’être extirpé de la merde pour finir à nouveau dans celle ci. C’était à la limite du supportable pour moi, être fait de chair et de tant de qualités qu’elles se contenaient difficilement dans un si petit corps. Mais je n’étais réduit que de corps et point d’esprit, heureusement pour moi et pour ceux m’entourant. Alors, comme à l’habitude, il me fallait rebondir, reconstruire, repartir à zéro. Et c’est par de se simple constat que me sauta au yeux les évidences qui jamais n’aurait dut être caché à ma vue. Car si Marbrume n’était pas Hendoire, elle possédait pourtant des points communs, d’on un en particulier : les enfants.

Traîne-misère, cul-terreux, batteurs de pavés, morveux parmi les morveux. Ils étaient légion, de tout temps ils le furent et l’apocalypse n’avait strictement rien changé à cette situation. Du Labourg au Goulot, du Bourg-Levant aux Faubourgs, on en trouvait partout. Tous tâchaient de se battre pour s’élever, tous cherchaient un avenir meilleurs et radieux, tous se fourvoyaient et nombreux seraient ceux à mourir à l’aube même.

Voila par quel bout il me fallut commencer, ou du moins, recommencer.
Car j’avais déjà un jour procédé ainsi, avant le faste et la gloire, avant la consécration ; je n’eus qu’à reprendre les mêmes ingrédients pour créer une mixture totalement identique aux effets semblables.

Très peu de temps après mon arrivé sur ces funestes côtes, je mandais Jotul pour quelques prélèvements parmi les plus malingres. Des chefs de troupes à qui il manquait des dents, des doigts et beaucoup de jugeotes. Des sujets parfaits pour une première expérience parmi la lie de cette cité. Je les séquestrais d’abord quelques jours dans la cave de ma demeure, en les affamants et en leurs promettants moultes supplices s’ils ne fermaient pas leurs clapets. Il me fallut en supprimer un ou deux, les plus grands et les plus forts. Des pertes acceptables pour le résultat que j’escomptais. Puis vint l’étape de la mystification, car même jeune, un esprit était difficile à briser. A ceux que j’appelais maintenant «  mes élus », je faisais ingérer quelques décoctions de mon propre cru : des racines, des jeunes poussent, des distillas siliceux et quelques ingrédients secrets. Rien de bien méchant, mais de puissant hallucinogène. La nuit, les venelles se remplirent de hurlements terrifiés. Je pris un plaisir certain à faire cela et quand j’eus finis, plus aucuns ne se moqua de moi, ils m’appelaient Maître, ils m’appelaient Dragon.

La suite ne fut qu’un enchainement de récompenses et de patiente latente. Ils parcouraient les rues sans relâche, puis revenaient me faire quelques confidences. Sachant pertinemment que la chose prendrait du temps, je continuais néanmoins de les menacer de quelques atroces tourments s’ils n’allaient point plus vite. Et le jour arriva. Le premier entendit une rumeur, le second trouva une pista, le troisième un endroit fréquenté ; ils me rendirent tous fier, mais je n’en dis aucuns mots.
C’est ainsi que je me rendis dans le Goulot un soir de printemps, accompagné de mon ombre sans nom. Nous traversâmes les rues sans qu’aucuns margoulins ne viennent nous chicaner ; mais dans les ténèbres, je devinais leurs présences. Bien heureusement pour nous, l’enseigne du «  Coq galeux » s’offrait à nous. Un bouge sans doute respectable à une autre époque, malgré son nom, mais qui manquait visiblement d’un parement de chaux et d’un bon coup d’eau sur son parquet. A l’intérieur, l’odeur était à peine supportable, un relent de sueur et de bières éventés qui masquait le fumet fort peu sympathique de la viande avariée.
Jotul me fit un signe de tête discret et sans un seul mot, s’assis à une table, bloquant la route et la vue à un homme qui sirotait un liquide ragoutant. Lentement, j’arrivais à hauteur, tirait un tabouret dans ma direction, l’escalada avec l’agilité d’un sanglier et finis par poser les coudes sur la table. Mes pieds ne touchaient plus le sol, mais ils ne m’étaient d’aucunes utilités.

«  Eumond. Mon chel Eumond. Tu es un homme difficile à tlouver sais tu ? Si je disposais d’un esprit retold, je dilais que tu me fuis depuis notle allivé dans la cité. Mais je me tlomple n’est ce pas mon chel Eumond ? N’as t’on pas passé des temps agréables tout les deux ? »

Je lui offris un sourire alors que Jotul se servit de la bière sur la table pour ce rincer la margoule. J’avais retrouvé mon bon amis de traversé, un parasite de plus qui avait choisit le bon chemin quand nous étions sur le Firmament. Nous n’y étions plus, mais je n’abandonnais jamais une bonne âme. Jamais.





Dernière édition par Fafnar le Dverg le Mar 16 Aoû 2022 - 11:09, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Sans invitation   Sans invitation EmptyDim 22 Mai 2022 - 17:03
J’étais pas d’humeur, ce soir. Non pas que que’que chose soit allé d’travers, aujourd’hui. Ou qu’j’aie eu une mauvaise nouvelle. J’avais graillé correctement ces derniers jours, pas d’gros bobo dont s’plaindre, presque plus d’puces de lit en c’moment. Mais depuis tantôt, un sale sentiment m’avais pris, j’sais pas trop pourquoi, et me lâchais plus les basques. Un sentiment insidieux, qui prend aux tripes, un peu oppressant aussi. Comme si ça allait merder. Et pourtant j’avais pas d’affaire sensible sur le feu, pas d’quidam sur le râble en c’moment, non, j’avais beau y avoir réfléchi une bonne parti d’l’aprèm en débaroulant dans les ruelles du Goulot, pas moyen d’mettre le doigt sur c’qui allait pas. Alors j’avais décidé d’une solution radicale pour faire passer l’malaise : noyer ça dans l’alcool.

Comme j’avais prévu d’me mettre bien minable, ça m’semblait pas adapté de traîner mes guêtres jusqu’à la Bonne Fortune, tant pour éviter d’m’y donner en spectacle une fois d’plus, comme avec le Cap’taine des Boucliers – épisode qui heureusement c’était plutôt transformé en opportunité pour moi, faut bien l’dire – que pour pas avoir trop long à faire pour ramper jusqu’à ma piaule par la suite. Tout calculé quoi, et du coup restaient plus beaucoup d’adresses qui cochaient les cases. Pour pas faire au plus simple, j’avais contourné la plus proche, mais à la seconde j’m’y étais engouffré. Le Coq galeux. Pas un bouge des plus crasseux du coin, pour être honnête. Par contre il servait que d’la pisse d’âne, clairement, et c’est pas l’genre de coin où t’avais envie d’grailler grand-chose. En tout cas, pas d’viande, si on avait un temps soit peu d’dignité. Et depuis l’Firmament, j’m’étais juré d’plus retomber dans ces extrémités, coûte que coûte.

C’est pour ça que j’suis en train d’descendre ma troisième chopine de cervoise, en grignotant un quignon d’pain un tantinet rassis. Mais y’a pas moyen, la sensation est encore intense. Et j’crois bien qu’avoir pensé au raffiot y’a quelques instants a pas aidé. Ça fait suer de s’sentir mal à l’aise comme ça, mais j’vois pas trop quoi faire, à part m’en enfiler une de plus. Alors j’fais signe au patron d’ce boui-boui, et j’attends.

Mais c’est pas lui qu’arrive. A la place, une figure que j’croyais plus r’voir, que j’espérais plus trop croiser, vient s’assoir lourdement en face de moi. Pris au piège, comme un rat. Et si lui était là, l’autre était forcément pas loin. Et contrairement à c’qu’on pourrait croire, c’était pas l’colosse qui m’foutait les jetons, non, lui j’aurais su à peu près comment l’manœuvrer. Non, celui qui pouvait attiser mon appât du gain comme m’faire souiller mes chausses dans la même conversation, celui qui l’avait déjà fait à bord de c’maudit navire, c’était l’autre. Le nabot.

Et ça loupe pas, j’entends un bruit d’pas rapprochés qui vient dans ma direction, puis le crissement des pieds d’un tabouret sur le sol. Et la tête du nain qu’apparaît en bout d’table, plus près d’moi que j’aimerais, alors qu'une sueur froide me descend le long d'l'échine. Et le voilà qui commence à jacter avec emphase, et son accent si particulier que j’reconnaitrais entre mille. Du coup c'est d'là que ça venait, mon mauvais pressentiment, y'a pas à tortiller du cul. Pendant qu’son corniaud d’soudard vient piquer la chope que vient enfin d’déposer l’tavernier. J’ose pas trop élever l’ton pour râler, et pour être honnête, j’ai plutôt intérêt à m’écraser et à filer droit, si j’veux sortir en un seul morceau d’une telle rencontre.


« ‘Lut Faf. Jotul. Faudrait pas prendre ça pour toi, tu sais bien que dans l’métier j’suis plutôt du genre discret, sans trop d’fioritures, ni un bagout d’enfer qui f’rait qu’on s’souvient aisément d’ma trogne. J’suis pas l’bige à la redresse du coin, moins j’fais d’vagues au quotidien, plus j’ai d’turbin. Et mieux j’me porte. Et en c’moment, j’lambine pas, dans l’ensemble, et ça fait du bien. J’ai pas oublié, Dverg. J’oublie pas. Surtout des moments pareils. Et j’sais bien r’connaître que j’serais sans doute pas arrivé en un seul morceau dans l’coin sans ton… aide. Sans tes… directives. Après, pour c’qu’est du raffiot, j’suis pas bien sûr qu’on puisse qualifier quoi qu’ce soit qui s’est passé d’sus d’agréable, à vrai dire, tant l’trajet a été un enfer. Par moments plus doux qu’à d’autres, on va dire. Mais si tu m’cherchais, j’doute que c’était pour parler du bon vieux temps, pas vrai ? »


Il m’en a fallu du courage pour aligner autant d’mots d’vant le Dverg. J’refais signe au tavernier pendant qu’je parle, qu’il rapporte de quoi r’prendre du courage, justement, et dès qu’une chope est r’posée devant mes yeux j’m’en enfile une bonne rasade.

« Les affaires reprennent de ton côté aussi, j’me trompe ? »
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MessageSujet: Re: Sans invitation   Sans invitation EmptyMar 24 Mai 2022 - 14:22





La morne mine, les traits sans joie, comme à mon habitude, je toisais l’homme qui me faisait face avec la neutralité d’une roche que le vent lui même n’oserait éroder. Je pouvais d’ici, sentir la sueur qui émanait du soudard assis à ma table ; en cet instant, il regrettait d’avoir prit un peu de temps pour lui, en espérant de grimer ses manies habituels, en poussant même un peu plus loin, j’osais penser qu’il préfèrerait être partout sauf en cet endroit précis. Et je me trompais rarement sur le coeur des gens, j’en avais trop fréquenté, à différent stade de leurs existences ; la bouche pouvait mentir, mais le visage jamais. Si couturé était-il, un faciès disposait toujours d’une grille de lecture, parfois presque imperceptible, mais qui ne pouvait me tromper. J’avais fait de ce langage le mien, me devant de toujours décrypter le réel sous le mensonge ; ce fut la ma raison d’être presque toute ma vie et je me vanterais volontier à quelles esgourdes voudraient l’entendre, que mon travail avait mainte fois sauvé Hendoir. Mais le duché n’existait plus, mes efforts tous réduis en cendre, il ne me restait aujourd’hui que ma fierté et mon savoir, savoir que j’employais actuellement en décryptant la trogne mal dégrossit du soudard qui se tenait non loin.

Bellegueule n’en était pas réellement une, mais il possédait quelques qualités. Sur le Firmament, il avait rejoint ma cause, faisant le choix pertinent et on ne peut plus censé de rejoindre le « bon » camp. Durant notre traversé, il avait oeuvré avec Jotul et d’autres, à un bon maintient de l’ordre, des conditions optimales de survie et d’une bonne entente entre les gens du navire. J’avais veillé personnellement à ce que tout ce passe bien, et cela même si certains avaient jugés temps de venger leurs soldes avec ma personne. Ils nourrissaient aujourd’hui les crabes et je respirais toujours, preuve d’un travail bien fait. Eumond avait été un de mes bras, pas forcément le plus puissant, mais efficace, c’était une bonne chose. Ô je savais pertinemment que c’était uniquement l’or et l’appel de la faim qui avait guidé sa conscience, mais cela faisait de lui un homme prévisible et j’appréciais cela chez mes couteaux.
J’appréciais par contre bien moins, la façon qu’il avait de me parler en cet instant et encore moins, la manière d’on il avait essayé de se soustraire à mon regard durant les premiers jours du reste de notre vie.

«  Les affailes n’ont jamais cessé, mon chel Eumond. Jamais. »

J’appuyais fortement sur la fin de phrase, lui décochant un regard noir et perçant. Un de ceux qui par le passé, avait réussit à faire chier dans ses braies un baron rebelle prêt à passer au aveux. Pour sûr que cette raclure de fin de quartier qui me faisait face était un brin plus costaud qu’un nobliau élevé à la haute, mais il était malin et comprendrait l’intention. Je levais une main et trois doigts signifiant au tavernier de nous remettre les petites soeurs en godets.

«  Malblume est une ville fascinante. Ses habitants vivent comme si les molts n’avaient pas envahit le monde, tous ici, poursuivent une chimèle collective, tous se voilent la face et soutiennent leuls voisins dans ce délile paltagé. Une vlai melveille. Mais toi et moi, Eumond, savons que lien n’est immuable n’est ce pas ? Nous ne sommes pas fait du même bois. Et je compte bien, tilel mon épingle du jeu avant que le solt ne s’achalne sul cet endloit. Mais je ne peux faile ça seul. Il me faudla plus que la bonne volonté de Jotul pour palvenil à mes fins. Il me faudla d’autle natif, d’autle pelsonne de confiance. Et je peux avoil confiance en toi Eumond, n’est ce pas ? »

Les bocks arrivaient en cet instant, Jotul en vida un d’une traite et je me permettais d’en liper à peine la mousse, ne pas boire en cet endroit aurait été suspect. Je poussais le troisième en direction du voleur.

«  Tu es lible maintenant, lible d’agil comme tu le souhaites, lible de tlavaillé poul qui tu veux, d’ailleurs, celle ci te payent-elle collectement ? »

Pour la première fois depuis mon arrivé dans ce bouge sordide, je me permettais un sourire. Pas celui de l’enivré jovial, plutôt celui du Dragon.



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Eumond BellegueuleAssassin
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MessageSujet: Re: Sans invitation   Sans invitation EmptyJeu 26 Mai 2022 - 18:53
Avec le Lézard - enfin le Dragon, comme on l'appelait là-bas, certainement pas l'autre blase devant lui – on sait jamais vraiment sur quel pied danser. Il peut faire ami-ami à un moment, presque mielleux, et l’instant d’après il t'condamne à canner, voire pire. Oui pire, j'ose le dire. J’aurais pas cru au départ, des rumeurs qui circulaient à Allange, mais très vite notre petit me escapade sur le Firmament et notre, hum, collaboration, m'a fait changer d'avis. Et si j'lui dois beaucoup à ma survie sur c’maudit rafiot, faut avouer qu'j'avais un temps espéré qu'il oublierait un grouillot comme moi, insignifiant rouage dans ses plans. Parce qu'il me met systématiquement mal à l'aise, le gars. Y'a un truc chez lui qu'est pas sain, qui tourne pas rond, mais j'ai pas envie d'en savoir plus, surtout pas. Et en même temps, il a tenu parole. Pour survivre, sous ses ordres j'ai dû faire… certaines choses, pas de celles dont j'suis l’plus fier – et pourtant j'crois qu'on pourrait aisément qualifier ma morale de flexible. Mais elle a failli rompre à plusieurs reprises pendant la traversée, ladite morale – et plutôt de celles que j'préférerais pas qu’on m’rappelle tous les jours. Alors j'suis partagé, pour être honnête, entre la crainte de ses demandes, et l'attrait pour ses promesses. Mais la menace latente et lourde de sens de la musculeuse masse de Jotul rajoutait toujours un poids sur les épaules, comme une chape de plomb, parfois clairement ressentie lorsque sa paluche géante s'abat sur mon épaule, pour une raison ou une autre.

En somme, c’est pas franchement des bonnes nouvelles que la nabot et sa brute m’aient retrouvé, mais c'est pas tout noir non plus, et j'peux m'en prendre qu’à moi de pas avoir vraiment changé certaines habitudes. Reste plus qu’à faire avec, et voir c'que j’pourrais éventuellement en tirer. Mais pour ça, faudrait voir à pas faire de grosses bourdes, et je viens d'en faire une petite, manifestement, vu la tronche qu'il tire et sa réponse. J'peux pas m'empêcher de détourner le regard, tant le sien est perçant, et pourrait vrier l’âme de n’importe qui ou presque. On sent les années d’expérience, derrière ces yeux.


« J'voulais pas dire ça comme ça, Dragon, désolé. Plutôt que tu reprends une phase d'expansion qui nécessiterait quelques mains dégourdies en plus ? »


En ces moments là, j'ai bien compris la leçon, après avoir vu un ou deux biges trop fanfarons sur le bateaux. Toujours savoir s’écraser au bon moment. C’est ça, la survie coûte que coûte. Je me saisis de la nouvelle chope dès qu’elle arrive et que Fafnar la pousse dans ma direction, et en prends vite une grande goulée pour rincer cette gorge désespérément sèche et brûlante en cet instant. Mais avant ça j’écoute attentivement le nain de long en long, pour pas louper le moindre signe d'alarme dans son discours. Ça aussi, c’est la base de la survie. Il me cause illusions, apocalypse, et survie, à nouveau. Pour sûr, les types ici semblent avoir un semblant de vie normale, alors en arrivant j'ai essayé de pas faire trop de vague et reprendre mes petites affaires. Mais il a pas tord dans le fond, le dverg : si Allange est tombée, qu'est-ce qui rendrait Marbrume si spéciale, alors même qu'ils sont pas foutus ici de vénérer correctement la Quatoria, et ostracisent Etiol, comme si le fait de pas en parler allait faire moins canner les gens ! Enfin, je le laisser finir son laïus avant de commencer à répondre histoire de faire les choses bien.

« Tous des tarés loin des réalités, ici, ouep. Presque aucun pour rattraper l'autre. Et tu m’connais, j'pense, maintenant. Un contrat c’est un contrat, ça se respecte, point. Pas d'faux-bond, pas d'fioritures sauf si d’mandées, c’est comme ça qu’ça marche. J’sais pas si correctement c’est l’mot, on dira que c’est pas cata, mais j’ai dû r’commencer du début, me r’faire une réputation, et ça ça prend du temps, Dverg. Tu l’sais aussi bien qu’moi. Alors j’ai trimé, j’ai accepté un peu tout, et finalement j’commence à m’y r’trouver un peu, à force. Mais il reste des jours de vache maigre, c’est certain. Enfin, on fait avec, c’est pas comme si j’avais vraiment eu d’alternative, jusqu’à présent. Récemment j’ai même obtenu un peu d’turbin de la part d’une des guildes officielles de mercos. Un peu terne, comme tâches, mais à la fin ça remplit quand même un peu la panse. Mais… »

Y’a des occasions qu’il faut savoir ne pas louper. Quitte à manger un peu à tous les râteliers, tant qu’c’est pas trop voyant. Pour autant j’cherche à doubler personne, trop dangereux comme manoeuvre, et rarement assez rentable. Mais le Dragon aime quand on cogite vite, et bien. Il cherche toujours à avoir plusieurs coups d’avance, et aime assez que ses, hum, acolytes, soient capable d’un minimum de jugeotte. Jotul exclut, mais lui il a son rôle propre. Et encore, à force de le côtoyer, je m’étais parfois d’mandé pendant la traversée s’il ne se donnait pas un genre pour se faire sous-estimer. Enfin bref, pour en revenir à nos oignons, le Dverg savait tendre la carotte, mais s’attendait à un minimum de répartie, afin de ne pas se lasser. Charge à mézigue de pas louper l’coche.


« Mais j’ai encore suffisamment de temps libre. Et d’envie d’turbiner. Et j’suis sûr que c’est pas un hasard, si vous m’avez r’trouvé ici. T’as un plan, Faf’, et un bige comme moi doit y avoir un rôle à jouer. Et… ça m’déplairait pas, pour dire. Tant qu’ça implique plus d’misères extrêmes sur des gosses, ou des trucs du même calibre. J’peux pas. J’peux plus. Ça, ça doit rester d’son ressort, ou d’un péon du genre, ça s’ra pas dans l’contrat. »

Et j’pointe brièvement son brave colosse bien dressé tout en disant ça.
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MessageSujet: Re: Sans invitation   Sans invitation EmptyMar 7 Juin 2022 - 16:25




«  Tu sens, tlès bien t’en soltil, Eumond. Vlaiment très bien. »

Des mots persiflés avec la susurration d’un serpent. D’une voix blanche, métallique, sans odeur ni âme, je congratulais un brin cyniquement le soudard à dague qui me faisait face. Cet homme n’était manifestement pas un mauvais bougre ; bien au contraire, il semblait depuis toujours avoir comprit de quel bon coté il fallait se ranger pour survivre. Une qualité certaine, que j’appréciais chez tous sbires potentiels. Seul les idiots, les fous et les hautains se cachaient derrière une façade égoïste, laissant parler leur honneur, leur idéal et leur bravoure. De ceux là, très peu pour moi, sans compter qu’aujourd’hui, une majorité de ces trublions étaient partis nourrir les vers et les poissons. Dans ce monde, il n’existait plus de place pour les idéaux, seul comptait la vie et tout faire pour être celui qui sur, vivrait.
Des pensées un brin alambiqué pour le porteur de mort que j’étais. Si j’avais pu annoncer ces cabochardes à voix haute, sans douter que mon interlocuteur du moment, tout craignard qu’il était à mon encontre, aurait exploser d’un rire franc. J’étais néanmoins très sérieux dans la poursuite de cet objectif : plus jamais je ne ferais partis des derniers, des moins que riens et des miséreux. Préférant encore mourir dans une entreprise qui m’extirperait de la boue plutôt que de m’y replonger, j’avais besoin d’aide dans cette quête. Bellegueule, pour sa loyauté passagère, ferait un très bon premier choix.

« Ne soit pas inquiet mon chel Eumond, dans les plans que j’élige poul nous soltil de la lie, tu n’auras plus jamais à touché au clâne de jeune malmot. Complend bien que si certaines melules dulent être plises sul le Filmament, ce n’était que dans un optique de conselvation de nos chances de sulvies dans le temps et cela, dans un envilonnement lestleint ou ils nous allaient optimisel chaque détails. Aujould’hui, les possibilités sont nombleuses, plesques infinies en compalaison des options d’ont nous disposions sul ce legletté lafiot. Je ne souhaites pas que tu ailles à l’encontle de tes convictions mon chel Eumond, je souhaites simplement que, quand le temps sela venu, tu te souviennes de nos actions commune, de ce temps ou noyé un bougle ou étouffé un geinald dulant une nuit de tempête poul assulel ton pain du lendemain te levienne bien à l’esplit et qu’en un sens, tu me lenvois la politesse. Il me faudla bientôt usel de moult faste et politesselie, complends tu ? »

Pour n’importe lequel des initiés à l’esgourde trainarde, ces mots signifiaient simplement meurtres, assassinats et autres joyeusetés en prévision. Mais en même temps, que pouvait donc bien faire d’autre un homme de labeur tel que lui ? Faire couler du sang était devenu une seconde nature et j’étais prêt à parier, qu’il s’ennuyait un brin dans cette nouvelle vie. Alors, avec la bonté qu’on me connaissait, j’étais simplement venu à son aide, quoi d’autre ?
Jotul claqua avec force le cul du godet sur la table, signifiant qu’il l’avait asséché. Son regard vide, presque mort, toisait droit devant lui, mais je savais qu’il surveillait les moindres faits et gestes d’une ronde de lourdauds autours de nous. Des gaillards qui m’auraient sans douter détroussé avant de me couper les couilles pour les faire sécher et les cendres à un rebouteux de passage. J’avais déjà compris qu’en cette partie du monde, les nains étaient plus sujets à moqueries qu’à crainte.
Cela changerait.

«  En attendant, tu es bien sul lible de continuel à évoluel comme bon te semble, je ne t’empêcherais pas de faile fluictifiel ton pécule. Souvient toi juste, que je n’abandonne jamais mes amis Eumond, jamais. Je les surveilles mêmes de plêt, tlès tlès plêt. »

J’avais deux lampées malingre, l’une faisant dégouliner un peu de liquide amer sur mes bijoux d’airain. Cette bière avait le goût d’une pisse chaude qu’on avait but et repissé , si infecte qu’il me venait à l’esprit des idées de tortures concernant le tenancier de ce bouge. Je tournais la tête et me permit un rapide coup d’oeil aux grognards qui avaient commencé à chuchoter dans leur coin et qui nous lançait des oeillades rapides.

« Il se poulait bien que nous allons à la l’encontre de quelques ennuies. Avant qu’ils ne gagnent tlop de coulage, me contelais tu tes aventures avec cette…guilde ? Qui sont-ils ? »

Discrètement, je lui montrais le groupe de coupe-jarret conciliabulant dans les ténèbres de la pièce, feignant de jouer l’homme inquiet. J’étais en réalité bien plus occupé à collecter quelques informations concernant l’employeur de mon homme de main.



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Eumond BellegueuleAssassin
Eumond Bellegueule



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MessageSujet: Re: Sans invitation   Sans invitation EmptyVen 17 Juin 2022 - 14:02
Je hoche la tête, à moitié rassuré seulement par les propose que me tient l’nain. Parce qu’il a beau m’dire ce que j'veux entendre là, avec des types comme ça on peut jamais vraiment être sûr. Surtout quand y'a un colosse loyal comme cabot d'garde à ses côtés en permanence, prêt à écraser une tronche de son poing sans sourciller à la moindre moue, à la moindre contrariété de son maître. Mais les gosses c’est non, clairement. Plus jamais. Même s'il fallait m'enfuir dans l'marais pour esquiver sa colère et sa rage vengeresse matérialisée par le quintal de muscles massif et sans sautes d’humeur à ses côtés.

Mais je comprends quand même dans la suite des propos du Dverg que si je cherche à occulter certains moments d'ma chienne de vie à bord de c'maudit rafiot, lui se souvient bien. De tout. Et la menace que son discours sous-entend est bien tangible, même pour un type comme moi. Il a toutes les cartes en main pour me faire vivre un enfer si l’envie lui en prenait, et surtout il n’hésiterait pas. Heureusement pour moi, en c’moment ça a l'air d’être un peu la dèche niveau biges serviables, et un minimum fiable. Et semblerait que j'remplisse encore ses critères de sélection, que j'lui sois utile. Et si y'a un truc dont Fafnar manque pas, c’est l'ambition, et les idées pour l’assouvir. Il en a fait la froide démonstration à bord du Firmament pour se sortir de cette mouise, et il est arrivé à ses fins. Alors je sais déjà que le suivre, c’est s'assurer quelques jours fastes, même s'il y a un beau risque de pluie de merde et de poignards dans la couenne au bout. Alors j’ouvre bien grandes mes esgourdes avant d'répondre dans la même veine.


« Ouep Faf, tu m'connais bien. Les « politesses » c'est mon domaine, pour sûr. Et crois-moi ou non, j'ai même œuvré avec une « couturière » ces derniers mois. J'crois bien qu'elle pourrait t'plaire, elle est bien dégourdie du ciboulot la Mahaut. Et elle a quelques contacts.»


J’peux pas retenir un sursaut nerveux quand l'Jotul manque briser sa chope sur la table. Mais j'me recentre suffisamment vite sur les palabres du nain pour saisir de nouvelles menaces voilées, comme lui seul en a le secret, enrobées dans des couches épaisses de feinte sollicitude.

Puis le nabot enchaine rapidement sur quelques questions au sujet des mercis avec les quelques j'me suis acoquiné ponctuellement, tout en me signalant discretos quelques bougres qui commencent à jouer sévère les indiscrets. J'commence par lui répondre au sujet d'la Guilde, chaque chose en son temps.


« La Guilde des Boucliers, qu'elle s'appelle. Un groupe de gusses qu'on las les deux pieds dans l'même sabot pour c'que j'ai pu en voir, ils s'débrouillent pas mal. Du turbin plutôt propre en général, des escortes, quelques récoltes de créances, parfois du genre un peu plus poilant, genre un « rappel au bon souv’nir ». Y'a juste la piété profonde du cap'taine à la Trinité qui m'gêne un peu parfois, faut tout l'temps que j'fasse gaffe à pas faire d'impair et jurer par la Quatoria. C’est usant parfois, mais y'a qu'les bons Hendoiriens pour pouvoir capter ça. »

J’finis ma chope d’une grande lampée avant d'conclure sur le point qui m’semble le plus intéressant pour un type comme Faf.

« Au fait, le cap'taine, il est d'la haute, j'crois. Desmond de Rochemont, qu'il s’appelle. Parfois y'a un « chevalier » qu'est dit avec, parfois pas, donc y'a un loup à c'sujet, mais moi j'ai pas creusé pour l'instant. Après, il s’comporte pas comme un ampoulé bourré d'manières, et il cherche pas à enfumer ses gars, de c'que j'ai vu. Oh, et il a la carrure de Jotul, tiens. »

Je sors nonchalamment un coutelas qui était bien sagement rangé à ma ceinture, puis j'commence à jouer un peu avec, en l’l’faisant tournoyer avec mes doigts, comme ça m'arrive de temps à autre. Ça exerce la dextérité et les réflexes, faut dire.

« Quant à tes admirateurs, j'imagine que tu vas avoir besoin d'un brin d'politesse, du coup ? »

Et ce disant j'tourne le buste pour aviser l'groupe de drôles, et lancer sans avertissement la lame en direction du plus proche. La lame fuse, et file se ficher tout droit dans l’épaule droite du drôle que j'visais. Heureusement, sinon ça aurait fait mauvais genre. J'me fends d'un beau sourire plein d'chicots alors que l'bige hurle de douleur, sortant une second lame en l'agitant sous leurs yeux alors qu’un grand silence s'est fait dans l’établissement.

« Alors les gars, satisfaits du cadeau ? J'crois pas que l'patron il apprécie trop vot'manège, mais pour l'instant vous lui avez pas encore manqué « trop » d'respect, donc j'ai été clément. Mais on respecte le Dragon. Toujours. Et vous l’apprendrez bien vite si vous continuez à jouer aux cons. D’autant que j'ai la p'tite sœur juste ici qui s'ennuie un peu, elle aime pas être séparée d'sa jumelle. Et y'a c’type là aussi. »

Je désigne rapidement Jotul de ma paluche libre.

« Lui il aime pas du tout qu'on manque de respect au Dragon. Et j’aime mieux vous dire que vous voulez pas l’voir s'mettre en rogne. Pas du tout. »
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MessageSujet: Re: Sans invitation   Sans invitation EmptyJeu 30 Juin 2022 - 8:40





Presque religieusement, j’écoutais le récit détaillé du soudard ; à dire vrai, même s’il n’était qu’un couteau des rues, reitre venelles, il n’en restait pas moins un esprit avisé et sensibles aux détails. J’appréciais son conte, car il éveillait en moi d’infinis possibilités concernant un futur plus ou moins proche. Depuis le débarquement - ou l’échouage pour être précis, chaque informations, chaque brides de vérité, chaque chose, devenait une opportunité à venir. Alors, que ce cher Bellegueule soit déjà encanaillé d’une guilde de ferrailleur dirigé par un bleuet de cette cité des brumes, revenait à offrir un panel complet de chemin et de voix possible pour la suite. J’imprimais avec force le récit et promettait pour la suite, de mener ma petite enquête concernant ce fameux Desmond de Rochemont aux moeurs belliqueuses.

Mais dans cette histoire que m’avouait la Eumond, il restait un autre pan qu’il m’était difficile d’épargner ; cette histoire de couturière me revenait bien moins et pour cause : j’avais appris de mes Élus, sa notoriété et je devinais par la suite un brin de sa réputation dans le bourg. Il m’était dificile de me placer face à cette presque inconnue qui disposait pour l’instant d’un réseau plus solide que le mien. Je me devais de l’accepter pour le moment, mais viendrait le temps ou il me faudrait choisir entre mettre un termes à ses agissements à mon profit. Je ne pouvais laisser aucunes chances à aucuns de ses commanditaires de bas étages, mais cette entreprise serait longue, il me fallait tout reconstruire. Néanmoins, nul besoin de montrer cette faiblesse en publique, tous, et surtout ce cher Belleface, devait croire que je restais le roc imperturbable d’Allange.

Rien ne comptait plus que la réputation et la crainte qu’elle gravait dans son sillage.

«  J’appléciais lencontlel cette Mahaut quand le temps sela venu. » Glissais-je sur un ton qui se voulait neutre et aussi blanc que le foutre. Bien que sous cette ondulation de passage, l’assassin devait sans conteste comprendre la sous-jacente. Je passais sous silence la connotation religieuse et les détails concernant la foi du capitaine des Boucliers. Un sujet encore bien trop dangereux selon moi, surtout en tel endroit.

Puis, ce passa alors ce que je conceptualisais comme une manifestation du chaos.

La première dague fila tissa toute droit dans l’épaule d’un bougre qui riait encore aux éclats quelques secondes auparavant. Sur sa trogne se dessinait lentement l’incrédulité et la surprise, puis elle fit place à la douleur et la souffrance. Un instant tenu d’on je me déclecais toujours. Ce brave Eumond avait réagit avec un zèle certain ; appréciable, car il souhait manifestement me prouver un genre de loyauté. Pour sûr, il aurait été préférable d’accomplir une vengeance plus silencieuse envers ces buveurs de pisses moqueurs, mais le soudard avait forcé le destin et j’avais appris qu’il était préférable de saisir l’instant plutôt que de le fuir.

L’air se chargea d’une tension palpable. Le tenancier avait stoppé sa chiffonnerie net, gardant dans une paluche son linge sale et dans l’autre un bock censé être propre. Dans le tripot, les esprits avisés qui ne connaissait que trop bien la suite, cherchaient déjà une porte de secours. Telle des rats, ils se dirigeaient vers la porte, mais pas assez vite. La silhouette imposante de Jotul s’était matérialisé à une vitesse presque inimaginable pour tel gabarit. Personne ne sortirait sans que je n’en donne l’ordre. Mort ou vif.

Les larrons, une fois revenus à la réalité, s’étaient relevé de leurs chaises et jouaient tous du coutelas maintenant, prêt à en faire usage, prêt à botter de l’étranger. Avant toute boucherie, tout massacre, il existait un petit laps de temps ou tout n’était que silence et paix. J’en profitais donc.

«  Il semblelait, messieuls, que les choses aient un peu délapé ne cloyez vous pas ? Malheuseulement, ce blave amis que vous voyez la, à laison. Pelsonne ne me manque de respect. »

Sûr que tout regards se retrouvaient tournés dans ma direction, je déposais, d’un geste lent, délicatement, tel un cotonneux nuage, ma choppe sur la table. Quand le cul du bock toucha la table, de ma main libre jaillit un mince stylet, à peine plus grand qu’une aiguille ; projectile effilé qui vint se ficher dans la gorge du vilain qui partageait la liesse avec son compagnon blessé. La mort l’emporta avant la surprise.

Il était trop tard maintenant pour faire marche arrière. Déjà, à l’arrière, Jotul commençait son oeuvre de moissonneur. Fauchant la vie d’innocents témoins à grand coup de gourdin. Le géant serait bientôt à mes côtés, mais en attendant, c’était Eumond qui se retrouvait avec deux coupe-jarrets prêt à lui tailler un sourire à l’acier. Fâcheuse position, à lui de faire ses preuves.




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MessageSujet: Re: Sans invitation   Sans invitation EmptyMar 5 Juil 2022 - 22:29
Le lancer fait mouche, et fait tomber un silence de mort dans la salle un bref instant. Puis ça commence à s’agiter vers la sortie, mais Jotul vient barrer toute retraite aux clients du bouge, et le Dragon marque le début des hostilités en se débarrassant vite-fait d’un des gêneurs après un p’tit discours. Là Jotul commence à faucher les gens indistinctement, sans faire bien la différence entre le groupe de mauvaises graines et les autres clients. D’une brutalité équitable, le colosse fait des ravages parmi les clients, et attire toute l’attention à lui.

Enfin, presque toute. Parce que deux biges pas commodes semblent avoir décidé qu’la dague dans l’épaule d’leur pote c’était pas réglo, et s’dirigent vers moi. Avec la ferme intention d’me rétamer et m’taillader en tous sens, au vu d’leur regard et leur air pas engageant. Maniant leurs coutelas plutôt correctement, faut dire. Pas des as pour autant, et un peu ralentis par la bibine déjà ingurgitée. Ce p’tit décalage dans les réactions que j’vais pas tarder à avoir, pour tout dire, vu c’que j’ai descendu moi aussi. Du coup faut faire dare dare pour me débarrasser d’eux.

Dégainant ma lame, j’attrape une chope encore à moitié pleine de l’autre main, et m’élance brutalement en avant vers eux, forçant le déséquilibre pour les surprendre. A moitié titubant ainsi, je passe sous le premier coup d’taille d’un des zigues un peu trop empressé, que j’en profite pour asperger d’bière avant d’lancer l’bock en pleine trogne de l’autre, m’réceptionnant au sol d’ma pogne ainsi libérée. La coupe vient frapper l’type en plein dans l’pif, c’qui lui arrache un grognement d’douleur. J’aimerais pas être à sa place. J’en profite pour saisir une bonne poignée d’terre battue, puis me r’lève d’une roulade un poil hasardeuse. C’qui fait que j’me cogne le tibia contre un pied d’table, et pousse un juron bien senti tout en essayant d’pas lâcher ni la terre, ni ma lame.


« Par les balloches racornies d.. d’l’Aut’ ! »

Et m’remettant d’aplomb, j’tartine la gueule du premier matois d’la terre, qui s’met à bien coller avec les restes de bibine qu’il essayait d’essuyer, tout en parant l’coup à l’aveugle qu’il m’lance en réponse. Ni précis, ni bien fort vue la proximité, j’tends mon pied d’vant en m’mettant bien d’profil, et d’ma main libre j’lui assène une bonne claque dans l’dos pour l’faire partir un peu en avant. Pas grand-chose hein, j’suis pas si bien placé pour y mettre d’la force. Mais suffisamment pour déséquilibrer un type aveuglé à c’moment-là. Qui s’prend donc dans mon pied et part en avant, l’surin toujours tendu vers là où j’étais un instant auparavant. Droit vers son pote, un peu étourdi par le coup en pleine tronche.

C’est prop’, y’a pas à dire, la lame pénètre bien entre les côtes avec l’élan. Bon, moi dans tout ça j’me r’trouve à terre, emporté par l’mouvement, et j’sens l’poids du bige sur ma ch’ville droite qui lâche, c’qui fait pas tant d’bien. Voire qui m’vrille la cervelle alors qu’un festival d’échardes semble se t’nir dans ma gambette. J’vois des étoiles, ça tourne un peu, mais j’me r’prends vite : ça a pas craqué, mais à froid j’vais douiller.

Alors c’est sans grâce aucune, mais en trombe, que j’sors un coutelas d’ma main libre. Et j’larde le type qui s’est écroulé sur moi avant qu’il ait temps d’comprendre c’qui s’passe. Et j’larde. J’larde. Et pour être sûr d’pas prendre un coup d’la part d’un type à moitié cané, j’commence à larder son pote dont les côtes ont d’jà eu d’la visite. Pas très loyal, pas très propre surtout, mais j’improvise. La loyauté au combat, c’est bon pour les macchab’. Survivre, c’est la première règle. Et y’en a pas d’autres ensuite.

J’tousse un peu, en essayant d’virer l’corps inerte et poisseux qui vient d’lourdement r’tomber sur moi, et pousse un p’tit soupir d’aise quand une énorme paluche vient l’écarter, m’permettant d’m’extirper du beau charnier dans l’quel j’étais tomber. Parce qu’il faut dire qu’pendant qu’j’m’occupais des deux acolytes, le Jotul a fait l’ménage. Comme à son habitude. Pas de témoins, ou presque. Parce qu’en réalité, il reste bien un bige mal en point, là, qu’attend l’bon vouloir du Dverg. Est-ce qu’il l’laissera vivre, pour porter un message aux couteaux des bas-fonds ? Ou est-ce que ce s’ra une incartade « sans témoin » cette fois-ci ?

J’me r’mets debout aussi vite que possible, n’écoutant pas la ch’ville qui râle un peu mais m’porte encore, et j’lève un sourcil interrogateur en direction du nain en indiquant l'survivant du menton, après avoir essuyé comme j’pouvais une partie du sang qui macule mes fringues.


« Et lui, Faf ? Tu veux en faire quoi ? »
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MessageSujet: Re: Sans invitation   Sans invitation EmptyJeu 21 Juil 2022 - 8:23




A chaque chaos, son îlot de tranquillité, ultime phare avant la folie, rocher inébranlable, insensible aux vagues et aux marées farouches de l’existence qui s’ébat aux alentours. Aujourd’hui, en ce bouge infâme d’un quartier sans nom de la grande cité de l’humanité, j’étais ce morceau de paix. La violence faisait rage, s’amoncelant en de furieux cumulus tout autour de moi, déversant une pluie de sang et des éclairs d’acier. Le tonnerre grondait, roulement du fracas des chaises et des crânes qui explosaient. Sans mots, j’appréciais se spectacle ancestrale, véritable visage de l’humain et reflet exacte de son âme ; on pouvait toujours tromper, mentir, se cacher derrières quelques subterfuges mais quand venait le temps du fer, la vérité se révélait au grand jour. Et j’étais un très grand partisan de la vérité, cette dernière représentant pour moi, le joyaux de tout être. Une pierre précieuse qu’il m’avait mainte fois fallut extirper dans la douleur et la souffrance, mais qui se révélait toujours aussi précieuse.

Toujours assis sur le tabouret qui m’empêchait de poser pieds au sol, j’observais la marave ambiante avec le regard expert d’un belluaire qui avait toujours dressé les hommes à réalisé ses basses besognes. Jotul était comparable à un des ours du grand nord ; féroce, puissant, meurtrier, il n’économisait pas ses coups et semait la mort presque à chaque frappe. Recouvert de sang, son visage sans expression se tentait d’un masque d’horreur rappelant les fresques du châteaux d’Allange qui personnalisaient les antiques géants des sagas du nord. Un jour, cet homme me tuerait, j’en étais persuadé, restait à savoir quand. Décalant des mires sur la gauche, mon regard se posa sur Bellegueule. Eumond lui, disposait de l’agilité sournoise d’un loup solitaire. Ses déplacements étaient rapide, ses placements de jambes solides et sa détente longue. Précis, il frappait et frappait fort, lacérant la chaire de ses crocs de métal. Aucuns honneurs, aucunes beautés dans sa gestuelle, mais une efficacité redoutable, meurtrière. Encore un bel exemple du pragmatisme qui me faisait affectionné le soudard : il distribuait la mort sans fioritures, à sa façon, efficace.

Paisible, je me décidais à porter breuvage à mes lèvres, prêt à subir l’affront d’une nouvelle lampée de cette ale affreuse à la mousse inexistante et manifestement brassé avec les arpions. Quand le bock d’argile toucha mes lèvres, il explosa dans un fracas qui me fit hausser un sourcil de surprise. Le liquide infecte se répandit sur mes mises, la table et le sol, se mélangeant avec le sang qui recouvrait les tomettes du tripot. Au fond de la pièce, Jotul esquissa un geste d’excuse : en dégondant un crâne, il avait réussit à décrocher le sautoir qui ornait encore à l’instant le cou de sa victime. Le projectile avait fusé droit direction ma chopine. Je le tançais d’un regard froid mais point plus, car aussi rapidement qu’il avait fleuri, le chaos s’était fané.

A l’appel de l’assassin, je me décidais enfin à quitter mon siège. Déambulant entre les tables renversées et les corps inertes, j’avançais comme jardinier parcourant son parterre de fleurs. L’homme que désignait Eumond n’était autre que le tenancier du «  Coq Galeux » ; un être chétif à qui il manquait de nombreuses ratiches et qui, dans la mêlée, avait essayé  de défendre son bien des envahisseurs sans autres succès que celui d’une belle blessure à l’avant bras et au crâne. Il gisait, à moitié assommé, dans les débris de ce qui fût son bar.

«  Mon chel, voici votle joul de chance. Palmis tout miséleux ci plésent les dieux semblent avoil décidé que vous seliez celui disposant de chance. »

M’approchant un peu plus prêt, je posais une main ferme mais réconfortante sur son épaule. Le bougre me dévisagea mi-mi, semblant toujours coléreux mais reconnaissant. Ce devait être le lot de chaque aubergiste que de croire qu’un jour, une bande ravagerait son établissement. Je lui souris, d’un sourire sans vie.

« Vous selez, mon blave, celui qui contela se jour aux mânants. Celui qui propagela ma léputation et qui selvila d’exemple vivant à ceux qui, dans leul folie, souhaitelons s’en plendle au Dlagon. »

Incrédule face à mon avertissement, le brave dut se dire que j’abusais délicatement sur la chose, que la bière avait dut me retourner la caboche, car bien que des morts étaient entrain de recouvrir son sol, il existait pire comme avertissement publique d’une plaie au crâne et à la paluche. Ce fut se temps de réflexion qui passa dans son regard, que je saisis pour appuyer mes propos. Durant ma prime approche, j’avais discrètement retiré le bouchon d’une fiole de ma main valide. Sans prévenir, je lui calais sans douceur le contenu dans la margoule, serrant cette fois ci d’une main puissante sa bouche et son nez, l’obligeant à avaler de force le contenu. S’en suivit une quinte de toux, rauque, éraillante. Le tenancier se contorsionna un long moment, fut prit de tremblement et ses yeux se mirent à rouler dans leurs orbites. Il commença à psalmodier, revint lentement à la réalité, repartit dans les limbes si tôt, mais quand il fixa ses yeux vitreux sur ma personne, son visage se raidit, frappé par l’effroi et la peur. Il hurla, hurla avec la force du damné, prit d’une terreur sans nom.
Son corps guérirait, mais pas son esprit.

Je laissais le bougre à ses hurlements alors qu’il commençait à se lacérer le visage avec ses ongles, noyant ses joues de sang et de larmes. Jotul quand à lui était entrain d’appliquer une précaution supplémentaire : il tranchait les gorges des morts, ne sectionnant à minima le tronc de la tête, on ne pouvait jamais savoir qui se relèverait ou non. Quant à moi, je m’approchais d’Edmond et déposait une petite bourse à son intention. Elle contenait une somme coquette pour quelques hommes renvoyés à la boue et un bouge de saccagé, mais je connaissais le larron, sachant que l’or faisait partit de ses prétentions.

«  Quittons cet endloit avant que ses blaillements n’ameutent tout le Goulot. Ce fut, un léel plaisil mon chel Eumond. Voit cela comme la plemièle pielle de notle collabolation sul la telle felme qui s’annonce, semblelait-il, plus que plolifique. Nous nous lèvelons bientôt, tlès bientôt. Je n’hésitelais pas à te faile mandel quand le temps sela venu. Et le temps est ploche. Plofite de cette belle soilée, et si Etiol ne nous fauche pas avant, nous plofitelons encole de moult autles mon Mannelig. »

Sur un dernier regard entendu, je quittais le soudard, me faufilant entre les poteaux et dépassant mon ombre géante. Jotul lui, laissa trainer un regard de menhir sur Bellegueule, sans un mot, puis m’emboita le pas, laissant le bougre seul au milieu des morts et des cris de terreur du tenancier qui hurlait sans discontinuer. Dans le fatras d'exclamation, de bave et de jacasserie on distinguait une maxime lancinante : «  Dragon ! Dragon ! Dragon ! »



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MessageSujet: Re: Sans invitation   Sans invitation EmptyLun 25 Juil 2022 - 23:17
Une fois le Dverg prévenu, j’attends en continuant à zyeuter alentour des fois qu’un zigue encore un peu en forme se s’rait planqué en attendant un moment d’faiblesse pour frapper. On n’est jamais trop prudent. Dans l’même temps, j’tiens en respect l’bige encore vivant d’vant moi, un peu sidéré d’la situation mais pas si amoché qu’ça à c’t’heure. J’sens une curiosité malsaine monter, parce que si y’a un truc à dire, c’est que Fafnar il sait être inventif dans l’sort qui réserve à ceux qui lui ont déplu. Et pire encore pour ceux qui lui ont fait d’travers. Mais là on est dans une autre situation, où la seule question qui reste, c’est : témoin ou pas ?

Le nain s’approche d’un pas très lent, clairement fait exprès – il aime faire son p’tit effet, le bougre, et il sait y faire aussi, faut dire – quand il commence à parler d’chance au tenancier, j’suis pas encore trop fixé. Ça peut encore être pas mal de choses, avec lui, faut s’attendre à tout. C’qu’est sûr, par contre, c’est qu’j’lui ai déjà vu c’t’éclat au fond du r’gard. Et j’doute que la chance qu’il estime soit la même que celle qu’espère l’pauvre hère. S’il savait !

Et quand il parle de réput’, d’exemple, là j’m’éloigne d’aguet d’quelques pas, mais j’peux pas détourner l’regard, y’a que’que chose de dingue dans la situation qui force l’œil. Et il r’sort une d’ses fioles bizarres, qu’il fait siffler à l’aut’ de force en moins d’deux. J’sais toujours pas trop c’qui a d’dans, mais pour dire vrai j’suis pas pressé d’savoir, parce que j’doute que l’nabot veuille partager la r’cette, et y’a qu’ceux qu’en ont lampé qui peuvent avoir une p’tite idée. Et j’tiens pas à être de c’côté-là, pour sûr ! Et v’là qu’le bige commence à s’tortiller à tout va, comme une poupée d’chiffon, à marmonner des trucs impossibles à entraver, puis commence à s’égosiller comme un damné. Et voilà qu’il s’arrête pu, l’malheureux.

Au bout d’un moment, le Dverg le laisse dans son coin, et r’vient vers moi. J’dis pas trop grand-chose, mais quand j’vois la bourse quitter ses poches pour s’poser d’vant moi j’comprends qu’j’ai passé l’test. Pour aujourd’hui. J’dois encore pouvoir lui être utile, donc, du coup l’Jotul devrait pas m’écrabouiller l’crâne tout d’suite, c’qui arrange bien mes affaires. Ça risque de pas être simple d’jouer sur plusieurs tableaux à la fois, mais en soit j’ai pas bien l’choix, alors faudra m’y faire. Et plutôt vite, si j’veux pas qu’ça tourne vinaigre. Fafnar m’suggère de décaniller, et ça m’semble un bien bon plan. Quand il m’dit qu’il m’f’ra chercher au besoin, j’comprends vite qu’en dehors d’mes habitudes de bouges crasseux il doit avoir trouvé ma piaule, c’qui m’enchante pas des masses. Faudra que j’prévoie un lieu s’condaire où crécher fissa, voire un autre encore, en cas d’pépin. J’me contente de hocher la tête sans m’étaler sur l’sujet.


« Ça marche Faf. On fait comme ça. A la r’voyure. »

J’empoche en deux-deux la bourse bien pleine, j’vais r’tirer que’ques une de mes lames égarées dans la cohue des cadavres et du comptoir, mais j’me sens pas des masses à l’aise. Un r’gard en arrière et j’vois l’aut’ colosse encore à m’zyeuter. J’crois qu’il doit être un peu déçu d’pas avoir eu un crâne en plus à éclater ce soir, il m’fout vraiment les chocotte ce zigue. Puis il s’barre, et j’mets les voiles aussi, mais en m’tirant par la porte arrière. Pas question d’passer trop près d’Jotul si j’peux faire autrement. Alors j’m’enfonce dans la nuit dans une enfilade de ruelles, en direction d’ma turne, ou d’la première auge que j’trouverai pour passer un coup d’eau sur mes frusques, m’changer, et mettre ma ch'ville un peu au r'pos pour ce soir. Et même si j’suis mort de trouille d’la rencontre de c’soir à cause de c’que ça implique, j’suis aussi excité d’voir c’que l’Dragon va bien pouvoir élaborer comme plan ici, et la part qu’j’aurai à y jouer…
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