Marbrume


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 La Transaction

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Margaux de Piana
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MessageSujet: La Transaction   La Transaction EmptySam 21 Mai 2022 - 11:02


1 mai 1167, Quartier du Goulot


Le tonnerre grondait sur Marbrume.. Des trombes d'eau s'abattait sur les rues pavées sales du quartier du Goulot, charriant les immondices en une marée brunâtre, boueuse et collante ; mais cela n'avait pas empêché la taverne du Cochon qui Pète, un de ces innombrables établissements à la réputation douteuse, de connaitre un élan d'activité peu commun en une heure si matinale, alors que l'aube pointait à peine.

Réveillée d'un coup de pied dans sa cave, Margaux se frottait encore les yeux en montant à la salle commune.
Vêtue d'une robe de lin grisâtre et chaussée de ses sabots habituels, elle faillit partir derrière le comptoir pour aller aider à préparer le petit déjeuner des adultes ; quand la poigne d'un gros bras la retint avec brusquerie sur place.

- "Va chercher du vin et du pain. Pis tiens-toi prête, on a du boulot pour toi s'matin."

Les yeux bleus de l'enfant dévisagèrent un instant la face patibulaire de l'homme de main, avant qu'une taloche ne s'abatte sur sa joue.

- "On a dit dépêches-toi, c'est pas pour demain, triple idiote !"

Elle fila en cuisine, aussi vite que le lui permettait sa jambe droite toute raide, sans même se rendre compte qu'ils préparaient tous de petits sacs de jute, bien alignés sur le comptoir.

A dire vrai, le gang était sur les dents. Ils avaient un très gros contrat sur les bras, un de ces nobles du Labret qui se prenaient encore pour des rois - alors même que le monde s'était effondré - mais c'était bon pour les affaires. Ils avaient donc réunis plusieurs petits sachets de chanvre, mais aussi d'ail en poudre pour ses propriétés médicinales. Personne ne voulait de taxes inutiles ; et personne ne voulait que les autorités sachent qu'ils consommaient autant de chanvre que de putes !
Mais tout le problème était que le gang n'avait personne à envoyer qui ne soit aisément repérable ; personne, sauf une gamine, qui, par sa jeunesse, était un atout parfait dans leur jeu. Qui allait la soupçonner ? C'est ainsi que le Sanglier, ainsi qu'il se faisait surnommer, avait décidé qu'il était temps de la rentabiliser un peu plus.

Il avait fait venir un passeur qui devrait apprendre à la gamine les ficelles du métier. Il était temps qu'elle rapporte un peu plus, maintenant qu'elle était assez grande !

A peine la gamine eut-elle déposer le vin et une grosse miche de pain coupée en tranche qu'on la renvoya dans une pièce voisine, accompagné d'un des malfrats, qui se chargea d'accrocher les petites bourses emplies de substances illicites à sa cuisse et à une ceinture nouée autour de son ventre, tandis que dans la pièce principale, on se préparait aux affaires.

On paya consciencieusement le passeur qui venait d'arriver, en lui demandant d'escorter la gamine, quitte à se faire passer pour son père, car peu importait les moyens du moment qu'elle parvenait à livrer la marchandise, puis on lui recommanda de la préparer à se montrer aussi discrète qu'une souris.

Enfin, Margaux fut poussée dans la salle, vers le passeur.

- "Elle est prête. Rentrez au plus vite, et on fera affaire à nouveau."

Le Sanglier renifla, puis cracha un glaviot, en couvant l'enfant d'un regard torve.

- "Et te fais pas prendre, sinon on aura une p'tite discussion, toi et moi."

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Morgred PêcheurPêcheur
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MessageSujet: Re: La Transaction   La Transaction EmptySam 21 Mai 2022 - 21:04
1er mai 1167


Immobile devant l'entrée de sa masure, Morgred contemplait le ciel noir d’un regard sévère. La veille au soir, déjà, le vent s’était levé, inspirant aux marins les plus expérimentés l'annonce qu'une tempête menaçait. Ils ne s’étaient pas trompés.
Tant que les vagues ne se seraient pas calmées, que l’orage gronderait et que la pluie s’abattrait, il serait impossible de prendre la mer. Un fait indéniable, enseigné aux apprentis pêcheurs dès leur plus jeune âge, qui plongea Nizier dans une profonde perplexité, cependant que son aîné réaffirmait sa volonté d'accomplir une tâche tenue secrète, par un temps aussi capricieux.

— Bon sang, Morgred ! Tu peux pas repousser ton affaire à un autre jour ? Puis tu vas faire quoi, d’ailleurs ?!

Si le cadet avait conscience de ce que son frère menait quelques activités mystérieuses, susceptibles de rapporter une poignée de pièces ou un peu de nourriture supplémentaire, Morgred avait toujours mis un point d’honneur à ne jamais évoquer le trafic auquel il se livrait parfois. Les connaissances de Nizier se limitaient ainsi au strict nécessaire. Un minimum qui, jadis, avait suffit à ménager une couverture auprès de Margot. Personne n’avait cependant jamais été dupe, sans pourtant parvenir à percer le mutisme du nocher.
Ce matin ne ferait pas exception à la règle.

— Garde les filles jusqu’à mon retour. Je fais au plus vite.
— Ce que tu fais… c’est inconscient. Tu peux plus te le permettre, Morgred. Plus maintenant que...

S’il la devina, le marin n’écouta pas la fin de la phrase : une enjambée l’avait livré aux affres de la pluie et sitôt assourdi, cependant qu’il cheminait vers le Goulot où un rendez-vous l'attendait au cœur d’une obscure taverne.

L’animation qui régnait déjà dans les lieux, en cette heure matineuse, arracha un froncement de sourcils plus appuyé au grand brun, dès qu'il franchit le seuil. Il n’aurait toutefois su dire ce qui le dérangeait le plus, de l’ambiance générale, à mi-chemin entre complot et déchéance, ou des manières de l’homme qui l’accueillit et traita avec lui.
Si Morgred n’apprécia assurément pas de se voir dicter sa conduite par un parfait étranger, il se garda de le faire savoir et préserva un mutisme probablement salvateur, que l’arrivée de sa complice ne brisa aucunement, malgré la surprise de la découvrir si jeune.

Les ultimes recommandations données, le pêcheur délaissa la chaise sur laquelle on l’avait invité à prendre place, puis s’en retourna à l’extérieur où l’orage grondait toujours. Déjà trempé jusqu’à l’os, le marin s’enfonça dans la brume aurorale sans sourciller, sans s’inquiéter de ce que sa comparse le suivait ou non, le cas échéant, avec difficulté.
La population du port, fréquentée depuis toujours, lui avait appris à se méfier des enfants des rues et à ne pas se laisser berner par leurs larmes ou leurs prétendus handicaps. Combien de gamins manchots retrouvaient leurs mains lorsqu’une miche de pain ou quelques biens de valeur se trouvaient à leur portée ? Combien guérissaient soudainement, après avoir obtenu ce qu’ils désiraient ? Aujourd'hui et depuis longtemps, Morgred ne considérait plus ces enfants pour ce qu’ils étaient. À ses yeux, ils s'apparentaient à ces hommes et femmes sans vergogne, qui les instrumentalisaient jusqu’à les briser.

S’attendrir du sort de ces malheureux revenait à perdre un temps qu'il estimait précieux, aussi le nocher n’approfondissait pas ses réflexions sur leurs conditions de vie. La gamine, avançant dans son sillage, ne ferait pas exception à la règle, quand bien même elle lui rappelait l’aînée de ses filles.

Dans un soupir, le marin se résigna à engager la conversation. Ainsi espérait-il en apprendre davantage sur la teneur de sa mission, outre la rectification de quelques détails abusivement avancés par le malfrat de l'auberge.

— Mon boulot, c’est pas de t’expliquer comment voler, comment endormir la vigilance de tes victimes ou comment être discrète, l’avertit-il de sa voix rocailleuse et passablement antipathique, je veux pas savoir ce que tu transportes ni pourquoi tu le fais. Mon rôle consiste à t'acheminer, rien de plus. Il va falloir attendre un peu que l’orage se calme, alors si tu me disais où je dois te conduire, pour patienter ?
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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: La Transaction   La Transaction EmptyLun 23 Mai 2022 - 22:40


Margaux emboita le pas de l'inconnu, après un dernier regard à ses employeurs.

Dehors, la pluie battait de plus belle, mais l'homme semblait s'en moquer. Son pas était rapide, et elle se força à boitiller de plus en plus vite, pour rester à peu près à sa hauteur.
Elle n'attendait aucune compassion de la part de son nouveau compagnon. Le monde n'était pas ainsi, loin de ce qu'elle avait imaginé, lorsqu'elle n'était encore qu'une petite fille naïve - dans le quartier du Goulot, il fallait être bien armée. Endurer la douleur, serrer les dents sans se plaindre, c'était tout ce qu'on attendait d'elle, dans cet univers sans pitié dans lequel elle avait plongé depuis un an.

Trempée comme une soupe, la petite fille sentait à peine l'eau ruisseler dans sa tignasse rousse. Elle était concentrée par le poids inhabituel de ces petits sacs qui la déséquilibraient. A dire vrai, la jeune noble n'avait rien fait d'aussi dangereux, et la perspective d'être arrêtée par la garde la hantait.

Que lui ferait-on si elle était prise avec du chanvre ? Des herbes qui sentaient si fort qu'ils saturaient presque son odorat ?
Son petit estomac se retournait de terreur, mais, tandis qu'elle trottinait maladroitement derrière son guide, et elle dut réprimer une violente nausée.

Sans doute n'était-elle pas encore assez aguerrie à cette vie, qui était la seule possible.
Comment Margaux pouvait-elle imaginer s'éloigner de son frère ?

Alors elle leva un petit minois pâlot, où nageaient de grands yeux bleus, en direction de l'adulte qui venait de prendre la parole, ralentit pour reprendre son souffle.
Elle croisa son regard en fronçant un peu les sourcils, comme si elle se fichait bien de tout ce qu'il racontait.

A son tour, l'enfant prit la parole, d'une voix flûtée et un peu rauque, où l'essoufflement était perceptible.

- "Tu veux rien savoir, et moi, c'est pareil, tu vois. Le Sanglier a dit qu'il y aurait une petite maison en bois au bord de l'eau, avec un ponton, avec un pot rouge. Il a dit que ce serait près de Marbrume, qu'il n'y aura pas à naviguer longtemps."

La perspective de quitter la cité l'angoissait. Maintenant qu'elle y repensait, elle n'était plus jamais sortie de la cité depuis qu'ils s'y étaient installé, avec son père et sa mère. A l'époque, ils lui avaient interdit d'en partir, jamais sans escorte, sans une bonne raison ; et la gamine aux cheveux d'incendie réfléchit qu'elle avait une bonne raison. Qu'il ne fallait pas flancher, et qu'alors, papa serait vraiment fier d'elle.

Elle ne put cependant s'empêcher de se mordiller les lèvres, grelottante dans sa robe trop légère, élimée jusqu'à la corde, dardant un regard curieux sur la populace qui les entourait, sur les quais, où les grosses vagues lui semblèrent enfler comme des montagnes mouvantes.

- "On va aller dans une barque, vraiment ? Tu prends souvent la mer, l'homme ?... Au fait, t'as un surnom ? J'veux dire, ça sera pas simple sinon. Y parait qu'on en aura pour un moment. Moi, c'est Margaux. J'ai pas encore de surnom, mais j'm'en cherche un."

Elle s'était souvent pris des torgnoles, parce qu'elle avait la langue trop bien pendue.
Mais pouvait-on faire autrement quand on avait la trouille ?

Avec détermination, elle fit quelques pas supplémentaires, s'affala un peu contre un mur pourri de moisissures, en se grattant le crâne de ses deux mains, avec une brève frénésie, avant de se calmer lentement, les yeux hypnotisés par la houle.


Dernière édition par Margaux de Piana le Jeu 19 Jan 2023 - 15:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La Transaction   La Transaction EmptyMar 24 Mai 2022 - 21:34
Du coin de l’œil, Morgred s’enquit du ralentissement de la gamine, cependant qu’elle lui exposait le lieu où ils devaient se rendre. Ainsi cherchaient-ils une maison en bois en bord de mer, dotée d’un ponton et d’un pot rouge.
Sans commentaire, le pêcheur ravala un grognement. Voilà plusieurs semaines qu’il n’avait plus pris de commissions spéciales, pour diverses raisons et concours de circonstances. Pourtant, le marin ne réalisait que maintenant combien les caprices et imprécisions de ses clients lui avaient peu manqué. À n’en pas douter, ce Sanglier s’était probablement cru malin en élaborant ce stratagème avec ses complices, sans s’inquiéter de ses connaissances limitées. Il aurait pourtant suffi d’une brève errance dans les quartiers du port pour convenir de ce que la description choisie laissait à désirer, tant les modestes bâtisses y étaient toutes semblables.

L’exaspération du nocher se concentra en un soupir, qui se bloqua néanmoins dans sa gorge. Les yeux soudain exorbités, Morgred détourna vivement ses iris sur l’enfant, comme si ses dernières paroles recelaient les pires insultes. Assurément, cette Margaux ne lui aurait pas fait plus de mal en lui plantant une lame dans les flancs, qu’en lui donnant si candidement son nom. Comment aurait-elle pu deviner l’origine de la douleur occasionnée, cependant ? Comment aurait-elle pu savoir qu’une autre Margot, bien trop chère au cœur du marin, s’en était allée il y a trop peu de temps ?
Peu importait la ferveur avec laquelle l’homme se répétait ces questions et tâchait ainsi de se convaincre de l’innocence de l’enfant ; sur son visage fluctuait à présent autant de colère que de tristesse.

Les poings et mâchoires serrés, le pêcheur détourna furieusement le regard pour observer les alentours. Tandis que la gamine semblait aspirer à une pause, après avoir si activement gambadé, il entreprit de tourner en rond, comme un animal sauvage maintenu captif.

— T’as qu’à te faire appeler Marcassin, gronda-t-il plus qu’il ne suggéra, pour ce que ça change, je vois pas pourquoi t’y tiens tant que ça.

Sans rien savoir d’elle et alors même qu’il ne lui accordait aucune importance, Morgred tenait rigueur à cette gamine d’envisager seulement l’abandon d’un si joli prénom. Et là encore, quoique conscient de l’absurdité de ses ressentiments, il ne parvenait pas à les refouler.

— Si Anür le veut, on prendra la mer en barque, oui, marmotta-t-il en interrompant son errance, les muscles toujours crispés d’agacement, si ça se calme pas, faudra reporter. C’est par où ? Nord ou sud ? Parce que les masures en bois, ça manque pas par ici, et c’est pas un foutu pot rouge qui va faire la différence.

L’agressivité de Morgred, de plus en plus palpable, le poussa à réitérer ses allées et venues incessantes. De ses mains trempées, il tenta d’essuyer un visage ruisselant, en vain. Inutile, l’entreprise eut au moins le mérite de le recentrer un peu.

— J’ai pas la journée, gamine, alors y a pas de « on en aura pour un moment » qui tienne. Mon boulot, c’est de t’emmener et de te ramener. À toi de te débrouiller pour livrer ta marchandise. Ça, ça me concerne pas.

Les yeux clairs du pêcheur retrouvèrent ceux de l’enfant, déclinèrent sur sa mine pâle de gosse mal nourrie, puis ses fripes imbibées par la pluie. L’orage chargeait l’air d’une lourdeur désagréable, proche de l’irrespirable, mais le vent et les embruns marins pouvaient toujours glacer quiconque n’y était pas habitué. S’il se fiait aux tremblements sporadiques de sa complice, la petite était de ceux-là.

Dans une grimace, le grand brun détourna le regard, grommela quelques paroles indistinctes, puis claqua sa langue contre son palais.

— Debout. Ça sert à rien d’attendre là. Viens

Sans laisser le choix à l’enfant, Morgred se remit en route pour cheminer le long des quais. Il ne fallut pas longtemps pour qu’ils gagnent les vestiges d’un cabanon où les pêcheurs entreposaient la plupart de leurs affaires – celles qu’ils utilisaient autant que les autres. Au milieu de cet entassement improbable de bois, de tissu et de filets, la môme trouverait sûrement un coin où s’installer à peu près confortablement.

Immobile sur le seuil, à peine assez reculé pour ne pas souffrir de l'averse, le marin croisa les bras. Ses prunelles foudroyèrent de nouveau la voleuse, comme il lui désignait l’intérieur d’un mouvement bref du menton, puis se portèrent vers l’horizon. Il s’écoula un certain temps avant qu’il ne reprenne la parole, manifestement apaisé.

— Morgred, marmotta-t-il, moi, c'est Morgred.
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MessageSujet: Re: La Transaction   La Transaction EmptyMer 25 Mai 2022 - 20:37


Margaux eut presque un sursaut de terreur devant l'expression exorbitée et soudaine de son interlocuteur peu loquace.

Elle plissa son front devant l'agitation incompréhensible de l'adulte, tâcha de serrer les lèvres en faisant semblant de prendre une moue dure et blasée, comme si elle se fichait bien qu'il fasse parti de ces bandes de bandits à l'expression toujours féroce et patibulaire, s'attendit à des nouveaux coups au moindre faux pas.
Elle se força également à cheminer sous la pluie quelques secondes, avant de s'apercevoir qu'il tournait en rond comme un prisonnier dans sa cage, en serrant ses poings comme s'il allait la frapper ; et finit par s'immobiliser en le fixant, attentive au moindre de ses gestes, sur la défensive, presque à esquiver malgré ses vêtements trempés, ses cheveux dégoulinants et la profonde douleur qui lui torturait le genou.

Mais ce fut la remarque sur le surnom du marcassin qui la blessa le plus. Et elle savait pourquoi : la petite fille haïssait le Sanglier, de toutes ses forces, de tout son petit corps malingre. C'était lui qui l'avait arraché à sa douce existence ; c'était sur son ordre que ses parents étaient morts, que son petit frère gisait probablement dans un cachot, en attendant d'être assez âgé pour se montrer rentable.

Et devenir un marcassin, c'était suivre les pas, la voie du Sanglier. La pente de l'illégalité, de la débauche et de la déchéance morale.
Se retrouver confrontée à la vérité lui formait comme une boule subite dans la gorge, emplie d'amertume et de fiel, et elle dû se retenir pour ne pas se mettre à crier des choses stupides. Heureusement, la peur des coups la retint, et elle se contenta de regarder ailleurs, de tenter de reposer un peu son genou, tandis qu'elle le pouvait encore.

La question du marin eut le mérite de la détourner de ses sombres pensées, et l'enfant reprit la parole d'une voix claire.

- "C'est près de Conques ! Je sais pas où est Conques, mais faut longer la côte. Tu dois savoir où c'est, j'pense, moi.. j'y suis encore jamais allée."

Le vent violent et la pluie glacée la faisait grelotter ; mais elle savait qu'il était inutile de se plaindre. Tout ce qu'elle espérait, c'était que la marchandise livrée soit encore vendable. Son chargement ne valait-il pas plus que sa petite existence aux yeux des marauds du Goulot ?

Elle s'assit sur un tonneau, en se hissant maladroitement dessus, le regard vague, murmurant seulement :

- "Je sais que ça te concerne pas, t'inquiète. Je te demande juste de me conduire."

Ca ne concernait jamais personne. Tout le monde était obsédé par ses propres petits malheurs, par ses affaires importantes. Sans son père, Margaux savait qu'elle n'était plus rien, et que son seul avenir serait de relever ses jupes pour de l'argent, comme les prostituées faisaient le soir, à la taverne.
Sa mère aurait été dégoûtée, mais la petite fille n'était plus choquée. Peut-être que c'était la Fange qui avait transformé le monde - et finalement, il valait mieux, peut-être, que ces parents soient morts plutôt que de voir ça.

Pensive, elle se remit en route, les bras serrés contre son torse pour se procurer un peu de chaleur dans la tempête, avant de pénétrer à l'intérieur d'un bicoque en bois qui s'apparentait à un espèce de placard où s'entassait filets, toiles de jute et autres cannes à pêche, avec un sourire presque retrouvé, tant elle se trouvait soulagée d'être au sec.

- "Morgred, c'est joli."

Déclara t-elle qu'elle essaya de rendre joyeuse, malgré la situation.

- "Les autres disent qu'il vaut mieux avoir des surnoms pour pas que la garde nous repère trop vite. Il n'y a pas beaucoup de soldats au Goulot, mais je sais qu'il faut quand même se méfier. Mais... je suis pas un Marcassin. J'le suis pas et j'le serai jamais. T'as pas le droit de dire ça !"

Son ton de voix était devenue plus sec sur la fin, plus tendue. Sans le vouloir, la petite fille avait figé son visage en une moue emplie de colère, son souffle s'était accéléré ; et elle lui tourna brusquement le dos.

Dehors, la pluie se mit à tomber un peu moins fort. Le vent se calmait un peu, bien que les voilures continuaient de claquer sur les mâts ; et l'orage s'éloignait, les grondements de tonnerre résonnant dans le lointain.

- "Par ce temps-là, au moins, on ne rencontrera personne. On ne se fera pas remarquer", déclara t-elle soudainement.

N'était-ce pas le plus important ? Elle se sentait terrifiée à l'idée d'être exécutée, même potentiellement bannie, dans le pire des cas. C'était la perspective la plus horrible qu'elle eut jamais envisagée, aussi comprenait-elle mieux la nécessité de sortir par cet orage diluvien...

- "Mon pè..."

La gamine se reprit à temps. Il ne fallait rien dire de personnel, ne rien donner qui puisse leur permettre de se moquer d'elle, de la tourner en ridicule.
Aussi, elle rectifia aussitôt.

- "Mon père racontait souvent des histoires, lorsqu'il faisait ce temps. Ça fait depuis l'arrivée de la Fange, que t'as une barque ? C'est très lucratif, il parait ! En plus, t'as autant de bouffe que tu veux, c'est pratique."

Elle bavassait un peu pour ne rien dire, pour meubler le silence qui s'était établi. C'était mieux que de rester là, assise dans ses affaires à grelotter en pensant à tout ce qui pouvait mal tourner, non ?
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MessageSujet: Re: La Transaction   La Transaction EmptySam 28 Mai 2022 - 19:12
Le regard rivé sur le domaine d’Anür, secoué par une probable colère divine, Morgred écoutait l’enfant d’une oreille distraite. À présent qu’il connaissait la direction à prendre pour gagner le point où il lui faudrait déposer sa complice, il préférait en effet concentrer ses pensées sur le trajet plutôt que sur des bavardages inutiles et passablement incessants.
Meilleur observateur, peut-être Morgred aurait-il su déceler derrière les paroles de la gamine une gêne palpable, tirée de sa présence autant que de la mission qui leur incombait. Trop peu ouvert aux autres et à leurs soucis cependant, le marin avait à peine remarqué la méfiance de la petite, lorsque la colère l’avait dévoré.

Désormais plus serein, il avait saisi le fiel dans les propos de la môme. Un coup d’œil dans sa direction le lui avait sitôt confirmé : pour mieux manifester son mécontentement, sa comparse avait cru bon de lui tourner le dos, comme le faisait Philippa lorsqu’elle lui tenait rigueur de quelque chose. Autrement dit : Margaux boudait.
S’il n’avait pas été si foncièrement triste, sans doute le nocher aurait-il souri devant ce comportement.

— J’l’ai eue avant la Fange, ma barque, commenta-t-il en reportant ses iris sur l’horizon, et si c’était si lucratif, comme tu dis, je serais pas là à attendre que la tempête se calme pour t’emmener vers Conques. Regarde autour de toi, l’enjoignit-il sans s’en donner la peine, c’est pas aussi piteux que le Goulot, ici, mais on est loin du grand luxe. Mais y a pire, t’as raison.

Morgred n’était pas à plaindre : même s’il passait parfois des journées entières en mer, au moins parvenait-il à nourrir sa famille sans que ses filles aient à se rendre coupables de quelques larcins. Peut-être ne mangeait-il plus à sa faim depuis l’apparition de la famine, mais quand bien même sa maigreur s’avérait aujourd’hui plus flagrante, elle ne l’empêchait pas de se lever chaque jour pour accomplir ce qu'il estimait relever de son devoir.

— Je suis pas sûr que mourir noyé par les flots, ce soit plus enviable que le sort réservé aux voleurs, aux contrebandiers et aux passeurs, petite, tempéra-t-il en décroisant ses bras dans un soupir, mais ma foi, si ça te rassure de te dire que les verts nous pinceront pas : te gêne pas.

Le nocher pivota légèrement sur lui-même, dardant ses yeux clairs sur la silhouette recroquevillée de l’enfant. Supporterait-elle seulement le trajet en mer, si elle était déjà transie de froid ?
Le regard du marin se porta bientôt au-delà de la môme, égratignant un à un chacun des éléments entassés. Finalement, l’homme quitta son immobilisme pour s’enfoncer plus en avant dans le cabanon. Sans ménagement ni délicatesse, il dégagea plusieurs obstacles sur son passage, puis se saisit d’une corde épaisse ainsi que de ce qui, jadis, avait dû ressembler à un sac de jute, dont il ne restait plus guère qu'un pan élimé, grignoté par l'humidité et les rats.

— En route, l’enjoignit-il d’une voix sans chaleur, le vent tombe et l’orage s’éloigne. On devrait pouvoir partir. Mets ça sur tes épaules ou ta tête pour te protéger du froid et de l’eau, suggéra-t-il en lançant à l’enfant sa dernière trouvaille.

Sans attendre, Morgred quitta l’abri afin de regagner les quais glissants. Il longea les pontons ruisselants jusqu’à sa barque amarrée, encore secouée par le ressac, sauta à l’intérieur pour y arranger son matériel de pêche, puis se noua l’épaisse corde autour de la taille.

— Approche, petite, l’enjoignit-il d’une voix naturellement peu engageante, allez, j’vais pas te manger, grogna-t-il en fronçant les sourcils, tu sais pas nager, j’suppose ? C’est à ça que servira le filin, juste au cas où tu passerais par-dessus bord. Mais y a pas de raisons à ça, hm ? T’as prié Anür, n’est-ce pas ?

Bien qu’il eût le geste sûr, Morgred fit preuve d’un peu plus de douceur que d’ordinaire, lorsqu’il noua le lien autour de la taille menue de l’enfant. D’un signe de tête, il l’invita ensuite à prendre place dans l’embarcation, avant d'écarter celle-ci du ponton.

Encore agitée de vaguelettes demeurant impressionnantes pour un novice, la mer paraissait désormais praticable au nocher, même s’il lui faudrait probablement s’épuiser à ramer pour surmonter les flots et avancer à leur surface.

— Ton histoire de nom... reprit-il entre deux expirations rendues rauques par l’effort, m’est avis que c’est pas nécessaire : vaut mieux pas que tu te fasses attraper par la milice. Si ça devait arriver, c’est pas ton surnom qui te sauvera, affirma-t-il d'un air qui le rendit plus sévère encore, c'est pareil pour le Sanglier : que tu le veuilles ou non, tu deviendras un Marcassin. T’en es même déjà un, à mes yeux, sans quoi tu serais pas avec moi. Tes colères y changeront rien.
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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: La Transaction   La Transaction EmptyVen 3 Juin 2022 - 9:44


Margaux fixait le passeur dans les yeux, tandis qu'il parlait.

Le pincement habituel au fond de sa gorge s'intensifiait, tandis qu'elle le couvait du sérieux de son regard saphir. Peut-être étais-ce la dangerosité de sa mission, sa terreur des orages ou bien sa peur à l'idée de prendre la mer par ce temps ; mais elle semblait que si son cœur battait trop fort, que si elle lâchait l'émotion contenue dans sa poitrine, elle s'effondrerait. Alors le passeur la frapperait, se plaindrait d'elle à ses "employeurs" forcés ; et son précieux, son cher, la seule lueur d'espoir que constituait son petit frère serait happé dans les ténèbres.

Cela n'était pas envisageable. Envers et contre tout, il fallait tenir.

Alors son chagrin se mua en haine et en colère - simplement parce qu'il était plus simple de détester un adulte de plus que de tout risquer.
Il ne fallait pas être bannie, il ne fallait pas se faire prendre, c'était la seule chose qui comptait. Peut-être, en mourant noyée, son petit frère survivrait-il dans l'ombre du crime : alors elle serra ses petits poings blancs, carra sa mâchoire, attrapa le bout de tissu rêche, sans poser de question, avant de s'en couvrir la tête.
L'enfant suivit résolument le pêcheur sous la pluie battante, contempla les énormes vagues, hautes comme des montagnes, qui agitaient la mer assombrie par le ciel d'une teinte inquiétante d'acier noirci.

Comme il était difficile de ne pas s'enfuir en courant !

Mais voilà que le passeur s'approchait d'elle avec une grosse corde, et l'image de ces souterrains où la Bête l'avait enfermée lui revint en mémoire. La gamine pouvait encore sentir cette corde épaisse qui lui avait égratigné la jambe, la terreur d'être prise au piège, et elle ne put empêcher un violent geste de recul.

- "Je... je vais prier Anür. Oui."

Avec réticence, la petite noble se laissa passer ledit filin autour de sa taille, le souffle court, les joues rougies par le froid et le sel, Margaux fixait le passeur dans les yeux, tandis qu'il parlait.

- "Je... Je n'en ai peut-être pas besoin... C'est... Tu dois me promettre de me l'enlever après."

Avec réticence, la petite noble se laissa passer ledit filin autour de sa taille, le souffle court, les joues rougies par le froid et le sel, puis, en rassemblant son courage, entra dans l'embarcation d'un pied maladroit. Aussitôt, elle perdit l'équilibre, tomba à moitié sur la planche qui servait de siège, ne put retenir un cri de terreur, en s'accrochant de son mieux aux montants.
Aussi pâle qu'une morte, la gamine tenta de réfréner la brusque nausée qui prenait possession de son estomac, se força à respirer à longues bouffées, pour se ressaisir. Mais ce fut surtout, finalement, les mots de Morgred qui l'aidèrent à se maitriser.
La colère et la haine l'étouffaient. Si elle n'avait pas eu si peur des conséquences, elle se serait levée, l'aurait frappé de toutes ses forces ; si elle n'avait pas eu si peur de tomber à l'eau, de perdre l'équilibre, elle se serait bouchées les oreilles.

C'était horriblement dur de se dire qu'elle était déjà damnée, qu'elle était un marcassin, que sa vie entière était finie. Elle aurait voulu prendre ces bourses qui l'encombraient, et les jeter dans l'eau - mais Margaux n'en fit rien. Évidemment.

Néanmoins, sa tête devait être étrange, mélange de dégoût de soi, de terreur, de colère ; mais elle finit par reprendre la parole, en criant pour couvrir le bruit infernal des vagues.

- "Tu connais rien, tu sais rien et tu ne sauras jamais rien, et toi aussi, t'es un homme comme ça, alors t'as pas de leçons à me donner !"

Ce n'était qu'un crétin ! Un idiot doublé d'un voleur, un sale passeur pour qui elle n'avait aucune estime ! Et rien à voir avec elle, de toute façon !
Une vague plus haute que les autres fit pencher la barque, et elle poussa un nouveau petit cri aigu, tandis que la panique refluait dans son ventre. Etais-ce un message d'Anür ?!

- "Attends, écoute, on devrait pas se disputer, d'accord ? On va pas se disputer. Je... on a qu'à parler d'autres choses. Appelle-moi Margaux, d'accord ? Pas de surnom, c'est vrai que c'est bête. Alors... raconte-moi, tu as déjà vu des fangeux ? Avec mon père et ma mère, nous étions partis de notre Bourg quand les réfugiés sont arrivés, et ils ont tout raconté à mon père. Enfin, ce n'est pas un bon sujet. Prie, prie, on priera ensemble. Ça me fait plaisir de prier avec toi. Les vagues.. je n'ai jamais été sur l'eau encore !"


Elle parlait, parlait, parlait encore, pour meubler le silence, pour oublier sa terreur terrible. Parce qu'elle ne devait surtout pas flancher. c'était même tout ce qui importait.

- "Je sais que tu n'aimes sûrement pas parler, mais c'est mieux que de se regarder comme deux gros chiens stupides. Tu sais, si on devient plus ami, je te dirais où trouver de très gros rats. Je pourrais même t'en vendre un, si tu veux. Ils ont plutôt bon goût. ...Tu es sûr qu'on peut prendre la mer ? Sinon, tu pourrais aller dire au Sanglier que c'est pas possible, par ce temps ?"
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MessageSujet: Re: La Transaction   La Transaction EmptyMer 7 Sep 2022 - 13:52
À ses dépens, Morgred avait constaté l’existence de deux types d'individus parmi celles et ceux qu’il acheminait sur les vagues : ceux qui se muraient dans un silence impénétrable pour mieux refouler leurs peurs et leurs incertitudes, et ceux qui, au contraire, s’épanchaient continuellement en paroles inutiles. La gamine était de la seconde espèce.
Sous le regard insondable du passeur, elle le maudissait et l’affublait de tous les maux, autant qu’elle tentait maladroitement de s’en faire un allié – à tout le moins, de ne pas envenimer leurs rapports professionnels. Comme si le cœur de l’enfant balançait constamment entre les sentiments éprouvés et les faits contre lesquels elle luttait. Elle le détestait probablement pour sa rudesse, mais n’avait d’autre choix que de le supporter, comme il tenait les rames de l’embarcation.

— Moi, je suis un chien stupide, coupa-t-il tout net.

Jamais Morgred n’avait réussi à endiguer les paroles désordonnées de ses clients les plus bavards. Qu’il avertisse, grogne ou soupire, ceux-là ne faisaient jamais attention qu’à leurs propres émotions sans s’inquiéter des inclinations et aspirations de leur interlocuteur. Quitte à passer pour un homme idiot, le cas échéant antipathique et sans cœur, le marin préférait encore le faire en silence.

— Je suis pas ton ami, asséna-t-il rudement, j’ai rien à dire à ton Sanglier. Quant à la mer, on est déjà dessus. C’est trop tard pour reculer. Tu t’accroches, tu pries, tu babilles, tu fais ce que tu veux, mais tu trouves un moyen de supporter le trajet.

Peu patient, le marin s’agaçait d’un rien. Margaux et son inconstance ne faisaient pas exception à la règle, quand bien même l’homme lui concédait des circonstances atténuantes.
Accoutumé aux orphelins des quais, embrigadés par quelques guildes obscures menées par de fieffés malfrats, Morgred se figurait sans peine le quotidien de l’enfant, éclairé par quelques-uns de ses commentaires. Sans doute avait-elle été retenue captive – suffisamment longtemps pour redouter le moindre lien et faire promettre une libération prochaine. Sans doute avait-elle été sous-alimentée, rabaissée au rang des cabots qu’elle côtoyait sûrement – pour peur que l’on n’eût pas traité les bêtes avec plus de soin qu’elle – pour se trouver ainsi contrainte de chasser les rats.

Qu’avait-elle bien pu vivre pour déchoir de la sorte ? La Fange avait-elle emporté ses parents comme beaucoup d’autres enfants de son âge ? À moins que ceux-là ne l’aient offerte au Sanglier dans l’espoir de survivre quelque temps, comme d’autres vendaient leur propre sœur.
Les doigts noueux du pêcheur raffermirent leur prise sur les avirons. Plus ardemment encore, il rama pour surmonter les flots d’Anür autant que ceux de ses pensées.

— On est pas ami, répéta-t-il, et t’as raison : j’dois être un « homme comme ça », moi aussi.

Il n’était qu’un gros chien stupide. Un ours des mers, comme son cadet aimait l’appeler. Un passeur de la pire espèce. Un homme sans cœur, en mesure d’abandonner une famille entière à un sort funeste, pour peu qu’elle ait aspiré à le flouer en ne respectant pas les termes d’un contrat préétabli. Un malfrat du port comme il en existait tant d’autres, que la Milice aurait tôt fait de capturer et punir pour les maux dispensés.

Un être détestable, à n’en pas douter.
Mais un père avant tout.

— J’ai beaucoup de défauts, fillette, mais j’frappe pas les enfants, marmonna-t-il finalement, sans forcer sur sa voix naturellement brisée, peu important que les vagues couvrent éventuellement ses propos, j’ai trois filles. L’une d’elles doit avoir ton âge, ajouta-t-il comme pour donner un peu de poids à ses paroles, alors calme-toi et prends ton mal en patience. Je t’amène à bon port, puis on rentre à Marbrume, où on retrouvera chacun nos vies.

Car s’il était un défaut que Morgred ne possédait pas, c’était bien celui de mentir. Après tout, qui aurait pu recourir à un homme aussi déplaisant, s’il n’avait été si prompt à honorer ses engagements avec rigueur ?
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