De l'éducation des petites filles bien nées [Février 1166]

L’enthousiasme de Margaux était une nouvelle fois un petit brin d’air dans une journée qui n’était pourtant pas étouffante. La petite faisait de gros efforts pour suivre ce qu’elle devait déjà avoir appris de ses parents ou de ceux qui ont aidé à son éducation, et si elle s’autorisait encore quelques écarts, ce n’était rien de trop grave.

« Alors allons danser ! » poursuivit également la baronne.

Alors que la baronne conduisait sa jeune amie dans une salle qu’elles pourraient réagencer afin de faire ce premier cours de danse, elle écouta la jeune fille lui poser sa question. Elle sourit, et d’un geste tendre chercha à prendre la petite main de Margaux entre ses doigts.

« Venez donc. Oh, les garances sont de magnifiques fleurs, Margaux, ce sont de très bons choix. Pour l’organisation d’une fête, ce n’est pas aussi simple que de simplement choisir les couleurs des fleurs, mais c’est quelque chose que je peux également vous apprendre pendant votre séjour. Ainsi, vous serez capable de faire les meilleures réceptions possibles, qu’en dites-vous ? »

Les deux nobles se mirent en effet à pousser la table du salon dans lequel elles étaient, et ainsi commencèrent-elles à s’amuser, à apprendre. Les quelques jours se passèrent sans accroche, Léonice s’efforçant à rester douce mais ferme, surtout quand elle devait expliquer à Margaux avec des mots simples en quoi certaines démonstrations d’affection ou d’excitation ne pouvait pas se faire n’importe quand et auprès de n’importe qui. Léonice ne put faire autrement que de s’attacher à la très jeune fille qui lui rappelait indubitablement ses propres enfants ; cela fit du bien à tout le monde, à tous les serviteurs.

Ce qui ne pouvait être qu’énonciateur du désastre qu’ils subiraient tous quelques mois plus tard.