Mederich de CorburgComte
| Sujet: Urs & Corbel Jeu 9 Juin 2022 - 8:01 | | |
18 Avril de l’an 1167 Loge des Hardis Roukiers Esplanade, Cité de Marbrume
S’il existait encore à Marbrume quelques fameux terrains d’entrainements, celui ci ne comptait pas dans le lot.
La loge des Hardis Roukiers était à dire vrai, un des bâtiments les moins cossus de l’Esplanade. Mais sa richesse, si elle ne résidait pas dans ses dorures, était tout simplement son implantation. Mederich avait eu la chance de pouvoir prétendre à une bâtisse jouxtant directement son propre manoir. Ainsi, il lui était possible de se rendre plus que rapidement sur les lieux, un point non négligeable. Et cela lui suffisait amplement, alors aux Fangeux le fait que la terre battue qui composait le corral à combattre ne soit rien d’autre qu’un amas de boue et de cailloux. Ici, les chevaliers de l’ordre, s’entrainait sans fioritures, à la dure, qu’ils pleuvent, neige ou que le canillard tape à les faire rôtir dans leurs armures. Pas de repos pour les braves, même si dans le lot, il n’existait pas réellement d’homme pouvant être nommé ainsi.
Adossé à un promontoire de pierre qui méritait à peine le nom de balustrade, le Comte observait ses ouailles entrain de ferrailler en contre bas. Son regard vitreux se perdait dans la masse d’acier et de lames émoussées. Il lui était difficile de l’admettre, mais à par quelques visages, il ne pouvait mettre de nom sur le visage d’aucuns de ses hommes. Pour lui, ils étaient dans la majorité, des inconnus. Seul au milieu de la foule, trônant comme le phare antique d’une époque passé, le faciès rassurant de son seul et unique dernier amis : Sigmund le Rouge. Dans son sang, coulait celui de Corburg. De sa position haute, il appréciait les directives de son maître d’arme ; cet homme avait la rise facile et pourtant, il n’avait jamais connu plus sévère que lui. N’hésitant pas à avoir recours aux blâmes ou aux châtiments corporelles, le Rouge était un instructeur dur à mal, véritable forgeron battant les hommes comme s’il s’agissait du fer. Mais sa méthode fonctionnait : les chevaliers qui acceptaient se traitement, finissaient par devenir de correct bretteurs, prêt à affronter le Fléau. Ou presque.
Parmi les hommes, le Vieux Rab réussissait tout de même à distinguer les vétérans des nouvelles recrues ; un détail simple permettait à tout à chacun de le faire : le collier de doigt. Trophée macabre, païen, il faisait néanmoins la fierté de ses porteurs. Chaque survivant à une attaque de fangard, s’étaient octroyés le droit de prélevée un doigt de non-mort avant que les carcasses ne soient brûlés. Ainsi, certains chevaliers arboraient trois à quatre de ces saucissons de chair fripés. Si le Comte n’appréciait pas particulièrement la démarche, il avait remarqué que cet acte primaire, avait le loisir d’impressionné les soldats et les recrues, conférant aux vétérans une aura quasi mystique. La vérité était pourtant bien moins glorieuse : la plupart de ces survivants n’avaient eu pour eux que la chance, la chance que les bêtes aient choisi un autre compagnon pour victime.
Crachant au sol de son promontoire, il se retrouva à chercher parmi les vivants, les fantômes des morts. Corfan de Thal, d’on la violence n’égalait que la bravoure ; Nervo de Berg, aussi malin que faquin et Morsh de Brocomag, qui pouvait rivaliser de force avec le boeuf. Ces hommes étaient des Corbiens, pas franchement les meilleurs, mais tous chevalier. Tous aussi mort que les terres qui les avaient vu naître. Dans sa songerie, un visage dans la masse le tiqua. Celui ci il était sûr, jamais il ne l’avait vu. Bourru, un brin aviné mais point trop et le caractère manifestement sombre, il l’héla.
« Toi, oui, toi. Qui es-tu donc ? Tu ne portes point mes armoiries, ni celle de mon Ordre. Répond faquin. »
Dans la cour, les bruits d’acier avaient cessé.
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