Marbrume


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 Les étoiles dans les tavernes

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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyDim 19 Juin 2022 - 23:00


2 mai 1167



Margaux de Piana avait laissé son enfance derrière elle. C'était une certitude qu'elle avait intégré quelque part, dans son inconscient.
Elle avait oublié la douceur de serrer sa poupée dans ses bras, d'embrasser sa mère, le soir ; de penser qu'elle avait la vie devant elle, et qu'elle pouvait profiter de l'instant présent, l'âme sereine.

Non, la jeune noble avait appris à ses dépend que la vie était dure et qu'il ne fallait rien en attendre. Le travail, encore et toujours, régissait chaque instant de son existence, jusqu'à parfois effacer toute pensée cohérente de sa cervelle. Quand la douleur ne la rongeait pas, elle se trouvait obsédée par la faim dévorante, qui tirait son estomac et lui causait de sourds maux de ventre.

Ce soir-là ne faisait pas exception à la norme.
Dans la poche de sa robe grisâtre et élimée, la petite fiole se trouvait toujours cachée, toujours soigneusement fermée - mais cependant, la petite fille ne pouvait ni s'en débarrasser, ni la cacher dans la cave, de peur que le gang ne mette la main dessus ; et bien qu'elle lui semblait peser autant qu'un âne mort, elle était néanmoins plus rassurée de la savoir avec elle - comme si elle gardait le contrôle de sa vie.

Une fois n'était pas coutume, la taverne du Cochon qui Pète était fermée au public. Désertée par le gang qui avait "affaire", la gamine avait reçu l'ordre d'aller faire le tour de leurs débiteurs pour recueillir les intérêts dûs. Une tâche harassante en cette soirée de printemps, qui la fit revenir dans cette rue sale et mal odorante d'un pas malaisé, trainant et raide.
A moitié endormie, petite silhouette informe et invisible, elle faisait à peine attention à ce qui se passait autour d'elle, et ne vit pas tout de suite la silhouette frêle d'une jeune femme habillée modestement qui croisait son chemin.
Margaux la percuta de plein fouet, tombant presque aussitôt sur les fesses, dans les déchets organiques qui jonchaient le milieu de la ruelle. Elle sentit le contact de la boue noire et collante sur ses jambes nues, et se redressa, les yeux emplis de colère. Par Anür, était-elle si mauvaise que les Dieux avaient décidé de s'acharner sur elle ?!

- "D'solée, dame. Désolée. J'espère que ça va."

A dire vrai, l'enfant s'en moquait un peu. Mais, en la regardant bien, elle pouvait deviner aisément que son interlocutrice semblait un peu perdue - et qu'elle ne correspondait pas vraiment au quartier.
Aussi remit-elle son bonnet de lin informe sur ses cheveux de feu, et qu'elle fixa l'inconnue avec plus d'attention.

- "Vous êtes perdue ?"
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Josielle ChanfleurieDomestique
Josielle Chanfleurie



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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyLun 20 Juin 2022 - 11:10




Les étoiles dans les tavernes


Comme me l'avait annoncé l'apprentie prêtresse, la distribution de nourriture par le temple avait bien eu lien, mais bien plus tardivement que je ne l'aurais imaginé. J'étais resté toute la journée l'âme en peine suite à notre discussion à mendier sur les hautes marches de ce lieu sacré. J'avais été dans les premières à être servie, mais rapidement, une foule de nécessiteux s'était amassés pour recevoir de quoi se substanter. Le pire commença une fois la distribution terminée alors que beaucoup n'avaient rien reçu. Des bagarres commencèrent à éclater pour des quignons de pain. Bien que j'avais pu tranquillement finir ma soupe, je décidais de mettre les voiles et de m'écarter du temple qui avait été jusqu'à présent un refuge et une protection. Mon morceau de pain bien caché dans un pli de ma robe, je décidais de retrouver la petite place sur laquelle j'avais rencontré ce jeune homme au cœur d'or quelques années auparavant.

Je m’enfonçais dans les bas quartiers sans trop savoir où j'allais. Je cherchais un endroit où dormir où je serais en sécurité. Malgré mes apparences enfantines, j'étais trop vieille pour attirer la compassion et je n'étais plus assez jeune pour que les hommes se désintéressent de moi. Le jour déclinait rapidement, alors que je me rendais compte à quel point j'étais perdue dans ce dédale nauséabond. L'endroit était resté le même que dans mes souvenirs si ce n'est pire. L'insalubrité régnait en maître en ces lieux. Je commençais sérieusement à m'inquiéter l'obscurité prenait doucement possession de la voûte céleste. J’avançais maintenant d'un pas rapide levant les yeux au ciel pour espérer apercevoir la toiture salutaire du Temple.

Je n’aperçus pas la frêle jeune fille avant de lui rentrer dedans. Je m'excusais platement pour ma maladresse, mâchant mes mots tout en laissant entendre mon lourd accent de la Conques: S'cuse moi, d'moiselle. À première vue, elle semblait en piteux états et semblait souffrir en se relevant. Affolée, je lui demandais : j't'es point fait mal j'espère. Je lui tendis la main pour l'aider à se remettre sur pied.

Elle avait effectivement raison j’étais complètement perdu et la nuit envahissante n’aidait en rien à me retrouver. Oui, t’sais ou est l’Templ’ ? Répondis-je en essayant de trouver un point de repère. Je savais qu’il était fermé u visiteur à cet heur là, mais je n’y allait pas pour prier juste trouver un refuge sous les yeux des Trois pour me prémunir de la plus vile engeance de cette ville.

À mieux dévisager la petite, je me demandais ce qu’elle pouvait faire dehors à une horaire pareil. J’avais eu de la chance de la croiser. T’fais quoi encore dehors ? demandais-je une lueur d'inquiétude dans le regard. Une jeune fille n’était pas en sécurité dans un endroit comme celui-là à une heure aussi avancé, tout comme moi d’ailleurs.

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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyMer 22 Juin 2022 - 14:02


Bien loin d'être choquée par l'accent de la jeune femme, Margaux y trouvait comme une source de réconfort. Il n'était pas rare de trouver des campagnards dans les rues de Marbrume, car elle savait que de nombreuses personnes y avaient trouvé refuge, lors de l'arrivée de la Fange. Après tout, cela avait été le cas des habitants de la ville de Piana - et bien qu'elle avait rompu tout contact avec eux, par peur des conséquences et par honte de sa déchéance, voir d'honnêtes paysans lui faisait chaud au cœur.

Elle ne pouvait néanmoins nier que la jeune femme semblait s'être trouvée dans le mauvais quartier. Déjà, elle pouvait voir du coin de l’œil les regards d'hommes se poser sur elles deux, les examiner en quête d'une proie à violer ou à détrousser, et elle se mordit la lèvre.

Décidément, son interlocutrice avait l'air d'une proie facile, et il serait peut-être trop tard, même si elle parvenait à rejoindre le Temple maintenant, même si on lui en ouvrait les portes.
Machinalement, l'enfant se frotta le bas du ventre, grimaça fort peu élégamment, offrit un sourire empli de détermination à la paysanne.

- "J'vais bien, merci. Oncques femmes seules ne sauraient sortir du Goulot sans avoir des ennuis, vous savez, et surtout si vous n'avez pas d'armes. Venez vite, venez vite... J'ai un endroit pour vous, pour la nuit. On doit pas trainer ici, m'dame."

Sans hésiter, sans lui demander plus avant son approbation non plus, la nobliotte l'entraina en direction de la taverne, qui n'était pas loin, tout en explorant de ses yeux brillant d'une lueur saphir ses abords immédiats, avec anxiété. Que faire si elle se faisait prendre ? Elle espérait de tout son coeur que les hommes ignoreraient jusqu'au bout la présence de l'inconnue ; mais cette dernière ne pouvait décemment passer la nuit seule dans le quartier. C'était exclu. Elle qui faisait déjà tant le mal ne pouvait supporter d'en faire davantage - et elle s'arrêta bientôt devant la porte fermée du Cochon qui Pète.

- "Je travaillais, tu vois. Bon, c'est ici que j'habite", déclara t-elle de son parler aisé de fille de noble, avec un sourire nerveux. "On me demande de gagner mon pain, c'est tout. J'peux te prêter un endroit où dormir cette nuit, mais faudra partir tôt. Et je pense même que je peux te donner un peu de pain et de ragoût de poisson pour le souper. Tu m'devras un service en échange. Ca t'convient ?!"

La demoiselle de Piana offrit un sourire malin et enjoué, ravie, au fond, à l'idée que quelqu'un contracte une dette envers elle - qui sait, dans sa situation, ne serais-ce pas peut-être utile ? C'était joindre l'utile à la bonne action - et elle espérait que ça fonctionne, autant pour son interlocutrice que pour elle-même.
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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyJeu 23 Juin 2022 - 17:51




Les étoiles dans les tavernes


Sa grimace ne présageait rien de bon. J’avais vraiment peur de lui avoir fait du mal. J’espérais bien que non, je ne saurais pas trouver de quoi soulager la douleur ici dans cette ville. Nous n’étions pas en pleine campagne, les maigres connaissances des simples que j’avais ne me serviraient pas ici. Fort heureusement, son discours me rassura plus encore que son sourire.





J’étais bien trop apeurée par l’idée de blesser quelqu’un, alors bien sûr que non, je n’avais pas d’armes. J’étais persuadé qu’il y avait une part de bon en chacun de nous. Je la vis jeter des coups d’œil inquiets autour de nous et avant même de me laisser le temps de répondre ou de comprendre la source de son inquiétude, je me fis entraîner d’un pas claudiquant à sa suite.

Je ne comprenais pas vraiment son empressement, il restait encore un peu de temps avant qu’il ne fasse nuit noire. Je me préoccupais plus de son boitement que des regards se posant sur nous. Soucieuse, je la questionnais une fois de plus : t’es sûr qu’ça va ?

Docile, je suivis la petite jusqu’à une taverne donc l’enseigne délabré et rouillé grinçais dans le vent. L’on distinguait avec peine une écriture délavée par le temps, ainsi qu’une image plus qu’évocatrice du nom de ce lieu : le cochon qui pète. Décidément, les gens d’ici avaient un peu trop de brume dans le cerveau pour donner un nom aussi ridicule.

La pauvre, devoir travailler à son âge. C’était malheureusement si courant. Je secouais la tête le regard rempli de compassions. À bien des égards, la jeune fille me rappelait mon enfance. Je détaillais une nouvelle fois la bâtisse qui lui servait de maison. Il ne semblait y avoir personne à l’intérieur. J’avais déjà des doutes concernant ses parents et malheureusement, mes soupçons se confirmèrent. Je ne voulais toutefois pas lui poser la question pour ne pas l’attrister davantage quant à sa situation. Beaucoup de monde était mort durant ses parents en faisaient sûrement partie.

La question ne se posait même pas, je n’avais pas eu de toit sur la tête depuis bien trop longtemps à mon goût. D’un sourire, je la rassurais : oui, bien sûr, ça me va. Il y avait de la bonté en elle, je le sentais. J’te r’m’rcie t’es bien croquignolette. Ajoutais-je.

Malgré la soupe du temple, je n’avais rien contre un repas chaud supplémentaire. Gênée, je lui proposais : J’ai aussi un bout d’pain s’tu veux. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était mieux que rien et je ne pouvais pas simplement le garder pour moi alors qu’elle me proposait de partager le fruit de son labeur. Josiette , me présentais je. On allait être amenées à passer la soirée ensemble autant faire les présentations. Et toi demandais je.

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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyMar 28 Juin 2022 - 14:06


La petite fille poussa la porte.

D'un regard attentif, elle couva la salle vide de la taverne, qui lui sembla presque abandonnée, sans âme. Bah, elle était simplement plus honnête ce soir qu'elle ne l'avait jamais été, c'était bien ce qu'elle pouvait espérer de mieux - et plus encore ce soir-là, alors qu'elle ramenait une intruse dans la tanière des marauds qui gardaient quelque part son petit frère prisonnier.

Doucement, sans répondre à la jeune femme au parler paysan, l'enfant fit signe à cette dernière de la suivre, en se faufilant à l'intérieur. Elle prit un bougeoir sur une table, se fraya un chemin jusqu'à l'escalier, toujours attentive au moindre bruit ; avant de l'escalader avec maladresse.

- "Viens. Suis-moi. On va au grenier. Ils ne vont jamais.. au grenier."

Elle s’essoufflait vite, mais elles ne devaient pas trainer. Alors elle ne ralentit pas malgré la souffrance, boita plus fortement encore, ou plutôt tituba jusqu'à une porte vermoulue au fond du couloir, couverte de moisissure, la poussa avec difficulté, dans un bruit de pièces qui provenait d'en dessous de sa mauvaise vêture. La vilaine porte était grippée, mais elle la força d'un coup d'épaule. Des rats fuirent à leur approche, et, à nouveau, la noble fit signe à son interlocutrice de la suivre dans l'obscurité.

- "On va dormir là. J'ai une paillasse dans la cave, mais je passerai le plus longtemps possible ici. C'est effrayant, tout seul."

Elle referma la porte derrière Josiette, lui sourit à l'infime lueur de la bougie, monta ensuite un escalier à colimaçon, s'accrochant à la rampe branlante pour maintenir son équilibre, avant de s'arrêter enfin sous les toits. Des caisses de bois oubliées et couvertes de toiles d'araignées gisaient dans un coin, mais une couverture de laine avait été rangée soigneusement près de l'escalier, qu'elle déplia avec précaution.

- "Bienvenue, je suis ton hôtesse, cette nuit, Josiette. Vous êtes fort urbaine de votre pain, et moi, je vais vous apporter du fromage et p'têtre même, si j'peux, des restes de soupe au poisson. Y'a souvent des petits bout de navets dedans. Moi, j'aime bien manger, surtout si c'est chaud. Au fait, moi, c'est Margaux. Rassurez-vous, personne n'a fait des choses indécentes sur la couverture. C'est là que j’accueille mon frère quand ils l'amènent."

Elle resta muette un instant, déposa le bougeoir allumé par terre, se massa le genou en soupirant.

- "Je vais chercher à manger. Mettez-vous à l'aise, en attendant. Vous semblez une brave femme, alors ne faites pas de bruit. Il ne faut pas qu'on nous entende."

L'enfant avait bien l'intention d'aller chercher à manger, mais son genou la trahit ; et elle s'assit au sol, en serrant son articulation de ses deux mains, avalée par la pénombre. Oh, comme elle était fatiguée...
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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyVen 8 Juil 2022 - 19:53




Les étoiles dans les tavernes


Je m’attendais à trouver une pièce emplie de poussière que le temps avait déposée au fil des mois et année. Je fus d’autant plus surprise de voir des traces de vie plus ou moins récente. L’endroit était sale et sentait le renfermé. La jeune fille ne me laissa pas le loisir d’observer l’endroit de façon plus détaillé. Elle me pressa de la suivre jusqu’au grenier. Elle semblait craindre quelqu’un ou peut être était ce un groupe de personnes qui lui faisait peur.

Je la suivis à travers un couloir obscur jusqu’à un deuxième escalier menant au comble de la bâtisse. Je ne pus m’empêcher d’avoir un élan de compassion en voyant son boitillement s’accentuer. Rien que de la voir, j’en avais mal pour elle. Je lui proposais : Point b’soin d’r’dsendre. J’enlevais mon gilet pour le poser devant elle. Elle devrait facilement pouvoir s’enrouler dedans, j’étais tout de même plus grande qu’elle. Tien v’la pour toi. Si tu préfères jte laisse la couverture. Continuais-je. Ça faisait un moment que j’avais pris l’habitude de dormir à même le sol, ça ne me dérangeait pas de dormir une nuit de plus comme ça, surtout que pour une fois, j’avais un toit sur la tête.

C’est un bien joli nom, enchanté, Margaux. Je voyais bien qu’elle avait mal aux genoux. Je ne pouvais la laisser faire tout toute seule. Je n’avais pas été éduqué comme ça et encore moins en la voyant comme ça. Laisse-moi faire la sommais je, en m’asseyant à côté d’elle tout en prenant sa jambe pour continuer le massage. Je me voulais douce mais ferme. Je m’arrêtais un instant pour sortir mon morceau de pain et lui précisais une fois de plus : Point b’soin d’r’dsendre. Mange à ta faim t’en fait pas pour moi. J’avais déjà eu le droit à un bol de soupe ce midi et j’avais été habituée à jeûner.

Occupée à masser délicatement son genou, je lui demandais : alors t’as un frère ? Quitte à passer u peu de temps avec elle, je voulais faire connaissance. J’ai eu des frères, y sont tous mariés maint’nant. J’suis la benjamine. Racontais-je pour la mettre en confiance. Je finis par m’arrêter et la libérer de mon entreprise. J’espérais ne pas l’avoir offusqué avec ma question, mais si c’était le cas je ne voulais pas qu’elle pense que je la retenais. Je la questionnais une dernière fois pour savoir ce que j’avais à craindre dans le pire des cas : qui est ce il ?




Dernière édition par Josielle Chanfleurie le Lun 11 Juil 2022 - 19:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyLun 11 Juil 2022 - 18:39


Josiette était une dame polie. Rien que pour cela, Margaux l’aimait bien.

Un peu timidement, elle s’installa sur le vêtement, se détendit un peu. Ce n’était peut-être pas si pressé après tout ; et le morceau de pain de l’inconnue lui faisait envie. Elle sursauta tandis que la femme lui toucha la jambe, dénuda le tissu pour l'exposer. Un regard inquiet couva sa nouvelle amie, quelques secondes, mais le brusque bien-être du massage la paralysa littéralement. La douleur s'atténua, sembla presque se résorber, comme si elle était avalée par les deux mains qui s'occupaient de son genou et de son mollet.

La petite fille lui jeta un regard surpris. C'était de la magie ! Elle prit finalement la nourriture, en croqua un petit morceau, toute rouge, lui offrit un large sourire.

Elle avait très envie de faire connaissance avec elle. Cela lui importait peu d'être dans un endroit sombre et sale, car elle découvrait petit à petit que c'était pas cela l'important. Ce qui comptait vraiment, c'était d'être avec des amis, en qui on pouvait avoir confiance ; en qui on pouvait éprouver de la loyauté. Simplement, elle ne connaissait personne comme ça...
Non, ce n'était pas vrai. La famille de Sabran était sa famille. Madame Léonice aussi méritait sa confiance et sa loyauté. Tout comme la milicienne, dame Claire.

Et si ... Josiette devenait son amie, elle aussi ? Ne lui avait-elle pas donné son repas, par pure gentillesse ?

- "J'ai un petit frère. Il a sept ans. Il s'appelle Louis."

Sa voix était basse, nerveuse et timide. C'était compliqué d'avouer la vérité, de révéler l'existence de ce petit frère tant aimé, qu'elle voulait tant protéger. Qui, pourtant, s'avérait inaccessible. Prisonnier.

- "Louis, c'est un gentil petit garçon. Il est très jeune. Moi, je viens d'avoir dix ans, à l'apparition du printemps ! Alors je dois le protéger. C'est mon rôle de grande soeur, tu comprends. Je m'occupe de lui procurer à manger et des vêtements, et ... et on partira ensemble, tu vois ? On partira un jour d'ici."

Elle pouffa doucement de rire, fière. La jeune nobliotte joignit les mains, étira un sourire naïf, désespéré. Convaincu.

- "Tu dois jamais répéter ce que je viens de te dire, à personne, d'accord ? J'aurai des ennuis, et lui aussi. On aura de gros ennuis. C'est..."

Margaux hésita à nouveau. Parler de son précieux frère adoré était une chose - révéler l'existence du gang à une inconnue, à une femme qu'elle connaissait à peine lui donnait envie de vomir. S'ils apprenaient qu'elle parlait d'eux, ils se vengeraient. Sur eux deux. Sur la fille aussi. Et là, qu'est-ce qu'ils en feraient ? Une prostituée, sûrement. Ou ils l'amocheraient. Ils la feraient chanter. Ils étaient capables de tout, et surtout du pire !
Sa mine se crispa, sa respiration s'accéléra, devint erratique.

Elle posa son regard d'onyx sur le plancher, sur la couverture. Sur l'escalier.

- "C'est... des gens pas fréquentables. Ils ont cette taverne, c'est pour leurs trafics. Ils font beaucoup de paris ici et des jeux d'argent. Ils aiment plumer... des gens pauvres, ou désespérés, ou naïfs. ils demandent à des filles de se prostituer. Pour faire plaisir aux serpents des hommes. Tout ça, tu dois pas le dire non plus. Ils sont méchants, ils sont très méchants. Mais tu partiras avant de les voir demain matin. Ne t'inquiète pas. Ils ne te verront pas. J'ai pas fait exprès pour te piéger. Ils viennent jamais au grenier. Jamais. Je t'ai pas attiré dans un piège, j'te promets. Ils sont pas là ce soir. Ils m'ont dit."

Elle avait mal au ventre. Elle se demandait si elle avait fait une erreur de l'attirer ici, dans ce grenier ; mais dehors, la nuit, c'était pire. D'autres hommes l'auraient prise pour une catin, l'aurait forcé si elle était restée au Goulot, dans la rue.

- "Si on fait pas de bruit, dans tous les cas, t'es en sécurité cette nuit. Tu .. tu cherches un travail ? C'est ça ? C'est pour ça.. que t'es ... arrivée à Marbrume ? Tu voudras me parler de la campagne ?"

Du verbiage. Encore du verbiage. Mais c'était plus facile de discuter, de parler encore et encore, sans s'arrêter, pour conjurer l'angoisse, pour effacer cette terrible tension dans son estomac. Peut-être... devrait-elle la conduire n'importe où. Dans une taverne des quartiers aisés, qui accepteraient de la laisser dormir dans une écurie.

- "On pourrait t'emmener ailleurs. Mais il fait nuit..."
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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyLun 11 Juil 2022 - 20:51




Les étoiles dans les tavernes


Si d’abord, elle accepta timidement mon contact, elle finit par s’y abandonner. La voir sourire me ravit et la voir rougir me fit sourire en retour. Pour la première fois, j’avais l’impression de faire quelque chose de bien. Je l’encourageais à manger, une enfant de son âge en avait plus besoin que moi : sois pas timide, mange !

Elle avait l’air d’avoir une relation bien plus seine que celle que j’avais avec mes frères ainsi que ma famille. T’as l’air d'bien l’aimer ton frère, fis, je remarquer. Moi, j' n’ai eu personne pour me protéger continuais en baissant la tête d’un air contrit. Mes frères comme mes parents ne vivaient que pour le travail et n’hésitait pas à rapporter chacune des corvées que je n’avais pas effectuée. Je n’étais pas mécontente de m’être enfuie.

Une fois de plus, la demoiselle se montra hésitante avant de répondre à ma question. Je pris petit à petit peur alors qu’elle assouvissait ma curiosité. Qui était-elle réellement une sorte de rabatteuse ? Je m’apprêtais à me lever pour m’enfuir en courant, mais elle me rassura en me confirmant que ce n’était pas le but. Inquiète, je n’osais plus bouger ni faire le moindre bruit pendant de longues minutes avant que le pesant silence finisse par m’apaiser. Quel autre choix avais-je ? Retourner dehors pour y dormir ? Essayer de trouver le temple en pleine nuit ? Mes chances, de sortir indemne de telles entreprises me paraissaient bien faible. Je devais donc accepter cette situation actuelle.

Je supposais que si mon hôtesse providentielle se permettait de parler, j’avais le droit d’en faire autant du moment que je ne parlais pas plus fort qu’elle. Je chuchotais : d’accord Margaux pas faire de bruit. Ce fut cette fois ci à moi de me montrer hésitante avant de me décider à répondre à voix basse : oui, j'suis venue à Marbrume pour du travail. Ce n’était pas la raison principale et bien que ce ne soit pas un mensonge, je me devais de lui dire la vérité comme elle venait de me faire confiance. J’ai fui ma famille, mes parents voulaient m’marrier contre mon grès expliquais je finalement.

Pensive, je répétais : la campagne… Que pouvait t’elle bien trouver d’intéressant qui pouvait éveiller sa curiosité. Je lui racontais quelques souvenirs heureux d’avant la Fange : je viens du Labret, d’un petit village d'agreste Petite, j' faisais tout pour échapper aux corvées, j’allais me promener dans les bois pour chasser des grenouilles avec d’autres drôles de mon âge ou pour essayer d’apercevoir des géants et des ogres. L’été, y avait toujours des champs en jachère couverts de fleurs de toutes les couleurs. J’en faisais des couronnes tressées, j’avais l’impression d’être une princesse ou dryade avec. Sinon j’allais régulièrement me baigner dans la rivière. Mais la vie n’était pas faites que de jeux, je devais sortir les cochons, nourrir le poulailler, laver le linge, le ravauder, faire le ménage et la cuisine… Puis il y a eu les fangeux, mon père a été un des premiers à retourner au labret

J’espérais que ça lui suffise. Je ne voulais pas parler des terribles punitions que j’avais subies. Comme je n’avais aucune envie de dévoiler, les marques qu’elles avaient laissées sur mon corps. Me voulant rassurante, je lui répondis : t’en fais Margaux, on se réveillera tôt, demain. D’ailleurs, y s' fait tard, t' veux qu' je t'raconte une histoire avant dormir ? Je déplaçais la paillasse pour l’installer à côté de mon gilet avant de m’y asseoir.


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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyJeu 14 Juil 2022 - 12:34


Comme prévu, Josiette prit peur. L’enfant, malgré la pénombre, vit clairement les yeux écarquillés, la brusque méfiance de l’adulte. Elle remarqua le ton effrayé, puis son brusque mutisme.

Enfin, Margaux se calma lorsque son interlocutrice fit de même, et décrispa sa jambe blessée, en soupirant de soulagement. Elle préférait ne pas sortir si elle n’y était pas obligée, et s’allongea sur le côté, en finissant son bout de pain. C’était si bon !
Elle jeta un regard reconnaissant à Josiette, l’écouta avec attention. Interloquée. Elle quittait la sécurité du Labret pour échapper au travail ? A un mariage arrangé ? Mais n’étais-ce pas l’idéal pour une femme, que d’avoir la protection physique et financière d’un mari ?

Si elle n’avait pas été kidnappée, et que son avenir ne se limitait pas aux quatre murs de cette sinistre taverne, la jeune noble savait bien qu’elle aurait été mariée par ses parents. Ils lui auraient trouvé un bon parti, un homme sûr et fort qui aurait ressemblé à son père.

Doucement, en se mordillant la lèvre, elle pencha sa tête, en répondant sur le ton.

- « Je ne trouve pas que ce soit si affreux, d’être mariée. Même si on doit travailler à la maison, qu’il faut la tenir, ça veut dire qu’on est en sécurité. Qu’on peut avoir des enfants. L’amour, mon père et maman disaient que cela n’avait pas beaucoup d’importance, que ce n’est pas souhaitable entre époux. Il vaut mieux être ami, c’est plus solide. Je serai si heureuse d’avoir un mari… »

Ce n’était pas sa destinée, et la petite fille le savait ; mais cela n’empêchait pas d’en éprouver le désir. Elle voulait de la sécurité, par-dessus tout ; et elle ne voulait pas non plus qu’on l’assimile à une femme qui fréquentait des hommes, comme les catins qu’elle voyait quotidiennement.

- « Quand j’étais petite, je m’échappais aussi pour aller voir les grenouilles. Maintenant, je suis grande. Mon enfance est finie, il faut travailler, c’est la vie. On peut pas manger, sinon. Mais… »

Elle rosit, ne put s’empêcher de se pelotonner contre la jeune femme, pour avoir un peu plus chaud. Il pleuvait au-dehors - et des gouttelettes leur tombaient lentement dessus, par de minuscules interstices du plafond défraîchi.

- « Mais j’aimerais bien… quand même… une histoire. S’il te plaît, Josiette… »
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Josielle ChanfleurieDomestique
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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyJeu 14 Juil 2022 - 22:39




Les étoiles dans les tavernes


Ce mélange de gravité qui démontrait une maturité acquise à force d’épreuve dont elle n’aurait pas dû être témoin et d’une certaine innocence dans ces propos, la rendait si mignonne. Je souris à son discours la laissant terminer avant de me reprendre : j’ai envie de me marier, d’avoir des enfants, de tenir une maison aussi, mais je ne veux pas que le père de mes enfants soit violent. Je veux pouvoir les voir grandir dans un cadre sain. Tu es encore jeune Margaux, je suis certaine que tu trouveras un bon mari.

Elle était encore si jeune pour devoir se soucier à ce qu’elle aurait dans l’assiette. À son âge, j’aimerais encore que mes futurs enfants puissent profiter de la vie sans se soucier de devoir faire des tâches ingrates ou de devoir penser à leurs futurs. Pleine de compassion, je lui promis : quand j’aurais trouvé un travail, je reviendrais te chercher toi et ton frère. Tu n’auras plus à te soucier de trouver de quoi manger. C’était le moins que je puisse faire. J’espérais pouvoir tenir rapidement cette promesse et lui offrir encore une année ou deux d’insouciance. Tu pourras apprendre à ton frère à aller pêcher les grenouilles et attraper les papillons. Continuais-je.

Je n’avais jamais été aussi heureuse que de sentir son sourire éclairer son visage. D’un geste amical, je vins ébouriffer ses cheveux alors qu’elle se blottissait contre moi et me quémandait une histoire. Je ne savais pas depuis combien de temps, elle n’avait pas vu l’ombre d’une brosse. Je sortis donc la mienne et désigna mes cuisses comme coussin.

Levant les yeux sur le plafond troué, je commençais à réciter : regarde mon histoire se passe là-haut parmi les étoiles. Ce n’était pas vraiment une bonne nuit pour la raconter, mais entre deux trouée de nuage l’on pouvait tout de même en distinguer quelques-unes. Doucement, je me mis à brosser ses cheveux comme ma mère le faisait avec moi quand j’étais bien plus jeune qu’elle. L’histoire parlait d’un amour impossible, c’était une de mes préférées. Après une profonde inspiration, je racontais m’arrêtant de temps en temps pour continuer à brosser les cheveux de Margaux :

Au début lorsque que le ciel est apparu la lune était noire et sans lumière alors que l’obscurité tombait sur la terre à la fin de chaque journée et que le ciel devenait sombre et vide. Les étoiles se réveillaient de leur sommeil diurne et se rassemblaient pour un grand bal de minuit pour danser leurs chemins à travers les cieux jusqu’à ce que le matin revienne, avec elles venait la triste Lune. Les étoiles craignaient qu’elle ne vole leurs lumières pour revendiquer la terre.

La lune comme tous les astres nocturnes cherchait un partenaire pour danser, parler et s’amuser. Et alors que toutes se réjouissaient, la lune, elle demeurait éternellement seule. Elle dansait à jamais seule sans cavalier à ses côtés pour l’accompagner. Les journées s’enchaînaient, les nuits se suivaient, mais invariablement, les étoiles la repoussaient. Et comme à chaque fois dépitée par ce Bal étoilée, elle disparaissait avant que le soleil ne se lève et éclipse de sa clarté les étoiles épuisées. Jusqu’à un beau jour ou désabusé, la sombre lune n’avait pas fait attention à l’horaire.


Je stoppais momentanément mon récit pour reposer ma brosse et m’allonger à mon tour prenant garde à ne pas déranger la fillette. Rassemblant les souvenirs que j’avais de ce conte, je repris.

Le soleil éclatant de luminosité se réveillait pour illuminer de sa lumière la terre. Comme à chaque fois, les courtisanes étoilées se pressaient pour avoir la grâce d’être touché par un de ses lumineux rayons, mais pour une fois le soleil ne les remarquas pas. Tout son être était tourné vers l’ intrigante et ténébreuse Lune.

Ensemble, main dans la main, ils dansèrent une unique danse, la lune était ravie et le soleil était si éblouissant que la lune se mit à briller, briller encore et encore. Mais le soleil était bien trop flamboyant pour la pauvre dame de la nuit et sa peau se mit à brûler. Le soleil terrifié à l’idée de perdre sa bien-aimée s’écarta d’elle à jamais.


Enfin presque chuchotant, je conclus : c’est pour cela que la lune éclaire en pleine nuit et qu’elle a des taches sombres sur elle.




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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptySam 16 Juil 2022 - 19:23


L’enfant à la chevelure de feu eut un instant d’hésitation. Contre toute attente, Josiette avait une brosse à cheveux, et vint tapoter ses cuisses, en prenant un air encourageant. Elle ne comprit pas tout de suite ce que l’adulte voulait, et grimaça, méfiante, avant prendre son courage à deux mains, en acceptant finalement de venir s’installer sur ses genoux.

La proximité ne lui était plus familière ; tout comme cette simple marque d’affection, pourtant douce et innocente. La sensation de la brosse dans ses cheveux lui fit fermer les paupières de bonheur, émettre même un petit rire contenu et seulement murmuré.

- « Tu ne reviendras pas, Josiette. Ce n’est pas un endroit pour les personnes honnêtes, tu l’sais bien. Et puis … c’est pas facile maintenant de partir à la pêche aux grenouilles. Ce serait dommage de crever pour ça, tu ne crois pas ? »

Elle n’était même pas amère - seulement réaliste, mais le rêve caressé une seconde la fit soupirer. Alors Margaux se força à regarder autour d’elle, à graver dans sa mémoire et dans son cœur ce qui l’entourait. La misère et la saleté à laquelle il lui était impossible d’échapper. Son petit frère connaissait d’ailleurs sans doute pire, et lorsqu’on l’en sortirait, ce serait pour faire de lui un bandit. Il lui faudrait de la force, plus encore qu’aujourd’hui - alors il ne fallait pas se faire de rêves inutiles.

- « T’inquiète pas pour moi. Vaut mieux t’occuper de trouver un endroit sûr. De te reconstruire une belle vie. »

La jeune noble se sentait si fatiguée qu’elle était presque comme dans un autre monde, hors du temps et de l’espace. Les délicats mouvements dans ses cheveux, reliquats de souvenirs d’un temps passé - qui appartenaient presque à une autre petite fille tant cela lui semblait lointain - la berçaient tendrement, l’incitait au repos et à l’oubli.
Elle se pelotonnait désormais contre sa nouvelle amie lorsque cette dernière commença son histoire, qu’elle accueillit avec un petit grognement de satisfaction.

Mais le conte était triste, bien que poétique, et l’enfant leva un regard de poupée empli de larmes sur Josiette, alors que la danse des mots venait mourir dans le silence du grenier empoussiéré.

-« Ils ne pourront plus jamais se voir. Le soleil doit protéger son amie la lune, alors ils ne pourront jamais se revoir. C'est comme tant de gens... avec la Fange. On ne peut plus revoir ceux qu'on aime. On doit les éviter; les fuir. On en est tous blessés... C'est ... »

Elle déglutit, força un sourire empli de morgue, comme si rien n’avait d’importance, et qu’elle était plus forte que sa détresse. Entama un nouveau sujet, avec un accent déterminé, plus terre à terre. Moins dangereux.

- « On va te faire un endroit pour dormir, et j’te réveillerai au petit matin. Je… je vais te faire un plan pour que tu ailles au Temple. Je connais le chemin. Regarde… »

Et d’un geste résolu, pressé, elle saisit un caillou, se rapprocha d’un des montants de bois de l’escalier non loin, avant de tracer les rues, à gestes saccadés et nerveux.

- « Tu connais une histoire joyeuse ? Moi, j'aime bien quand ça se termine bien. »
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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyMar 26 Juil 2022 - 23:29




Les étoiles dans les tavernes


Timide, elle n'accepta que difficilement le contact rapproché. Sa méfiance disparue pourtant très vite au fur et à mesure que la brosse démêlait les mèches rebelles. Elle finit même par se détendre semblant apprécier ce simple geste.

Il était normal qu'elle ne donne aucun crédit à mes propos. Je n'avais pas une situation très envieuse pour le moment. Convaincue, je lui assurais d'une voix sûre: je ne te laisserai pas entre leurs mains, je te le promets. Il était hors de question pour moi de la laisser avec le genre de personne qu'elle m'avait décrite. Je m'imaginais très bien ce qu'ils lui feraient subir d'ici quelques années. Je ne pouvais accepter de la laisser à un tel sort, ce serait la condamner. Dès que j'aurais trouvé un travail et un toit, je reviendrais te chercher continuais je avec sérieux.

Elle n'avait pas tort depuis mes belles d'enfance, la fange était passée par là. Il n'était pas prudent de se prélasser près d'un point d'eau. Je lui assurais pleine d'entrain et tu as raison il serait stupide de mourir pour aller pêcher des grenouilles c'est pourquoi je vous apprendrais à chasser les crabes. On nous avait dits que les fangeux craignait le sel. Il était donc bien plus sûr de s'amuser sur une plage qu'au abord d'une rivière.

Mon histoire sembla l'attrister et le regard qu'elle me lança me fit de la peine. Je n'avait pas voulu qu'elle la comprenne comme ça. Je lui expliquais : tu as raison, mais il ne faut pas s'arrêter à ce simple détail. Maintenant, la lune est la plus brillante dans la nuit alors qu'elle était toute sombre avant . La fillette en avait oublié ces craintes première et je finis par l’enlacer tendrement comme pour lui montrer que je la protégerais quoi qu'il arrive.

Je venais possiblement de comprendre la véritable raison de sa tristesse. Comme beaucoup, elle avait dû perdre ses parents et ceux qu'elle aimait durant la fange. Je l'embrassais sur le haut du crâne et d'un air malicieux, je lui dis : oui, je connais une autre histoire, c'est celle d'une jeune fille et de son petit frère qui vont bientôt retrouver une nouvelle famille.

À la lueur de la bougie, je jetais un coup d'œil sur le plan que Margaux dessinait pour moi. Je pris un moment pour mémoriser les différents tournants. Une fois certaine de l'avoir en tête, je la remerciais : je prierais les Trois pour toi et ton frère.


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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyMer 3 Aoû 2022 - 22:25


Margaux fixa la jeune femme du regard, après avoir terminé son plan. Elle n'en était pas peu fière, car il était plutôt précis. Elle ne pourrait pas raccompagner Josiette au Temple, mais elle la savait en sécurité, là-bas. C'était une brave femme, une humble paysanne qui ne méritait pas de tomber dans le piège des hommes mauvais et malhonnêtes.

Son étreinte était douce et maternelle ; sa voix, qui promettait de la tirer de là, lui donnait de l'espoir, un espoir qu'elle ne pouvait s'autoriser. Comment pouvait-on récupérer son petit frère ? Comment pouvait-elle se débarrasser du démon, protéger aussi cette femme ? Tout ceux qui l'approchait pouvait être maudit aussi - et la gamine soupira, se sentit sans force. Désespérée.

Il n'y avait aucune issue, et elle le savait.

- "T'es quelqu'un de bien, Josiette. Merci pour l'histoire de la Lune, tes propositions. Merci pour tes prières. Mais avant que je parte me coucher, je dois te dire. Ne reviens jamais au Goulot. Jamais. Il y a des êtres qui vivent dans les égouts. Je voulais avertir le Temple, mais j'ai pas osé. Je n'ai pas osé. Il sait tout ce que je fais, Josiette. J'ai rencontré un démon. Un démon."

Bien qu'elle murmurât, la petite fille se sentait hors d'haleine, savait déjà qu'elle en avait trop dit. S'il savait ? S'il lui faisait tout avouer ? Elle mettait son interlocutrice en danger et son frère aussi - mais si les prêtres pouvaient le tuer.. si son âme pouvait être sauvée...

- "Il m'a prise au piège, Josiette. Et il a dit qu'il avait notre âme. Qu'il pouvait la prendre. C'est une bête immonde, qui vit dans les égouts, alors n'y va jamais. Elle a des pattes, des yeux rouges et une gueule emplie de crocs..."

Elle ferma les yeux, s'obligea à se lever.

- "Je suis maudite, Josiette. Je voudrais me suicider, mais j'ai peur que le démon attaque mon frère. Partout, il y a les méchants. Ils sont partout, mais je.. je les tiens à distance de mon frère. J'essaye. Et toi aussi, tu dois te tenir loin de moi, sinon le démon te trouvera aussi. Prie pour moi, Josiette. Je crois que je serai heureuse quand la milice me pendra, parce que... peut-être que les Dieux prendront quand même mon âme, et qu'elle échappera à la Bête. Reste au Temple, en sécurité."

Elle voulait tellement décharger son fardeau, déposer ce qu'elle portait. Trouver l'oubli dans cette mort qu'elle ne pouvait abandonner son frère, son obsession, sa raison de vivre. Sa seule et unique raison de vivre.

- "Dors bien, Josiette. Oublie tout ça. Je t'apporterai un petit-déjeuner demain, mais tu devras te lever très tôt. Je serai là aux premières lueurs du soleil."

Un dernier vague sourire, et la jeune noble laissa la bougie à l'adulte, avant de commencer à descendre, maladroitement, lentement, l'escalier en colimaçon. Son genou la faisait souffrir, et elle se sentait désormais vide et presque apathique. Demain, il faudrait travailler, alors il fallait dormir. C'était ça, la vie.
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MessageSujet: Re: Les étoiles dans les tavernes   Les étoiles dans les tavernes EmptyMar 16 Aoû 2022 - 17:25




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Elle semblait résignée à continuer sa vie t’elle qu’elle était actuellement. Elle fallait qu’elle se montre forte en attendant. J’allais essayer de contacter Julio le petit voleur. J’étais certaine qu’à nous deux. on pouvait les sortir de là. J’ai une dette envers toi n’oublie pas. Lui dis je en faisant un clin d’œil. Je connais quelqu’un qui pourrait nous aider pour ton petit frère, faudra que tu me fasses confiance. Continuais-je sérieusement.

Je ne pouvais peut-être pas sauver tous les orphelins de la ville, mais elle, je ne l'abandonnerais pas. Je ne la laisserais pas entre les mains de ces vauriens qu’elle me décrivait. Sans compter cette bête immonde. Si le chef de la bande avait osé abuser d’elle, je me ferais plaisir de les lui couper moi-même.

Elle semblait avoir mystifié la chose, je préférais répondre dans le même registre : Anür te protégera, tu pourrais même devenir apprentie prêtresse si tu le souhaites. Les trois te protégeront et repousseront le démon. Elle était encore jeune, elle pouvait changer de vie si elle souhaitait. Tu n’as rien fait de mal, tu étais obligé de faire ça, mais ça changera bientôt.!! Je te le promets… et ton démon, on le repoussera ensemble avec des prières. Continuais-je. Mais pour ça fallait encore que je m’en sorte.

Comme elle le soulignait bien, je n’étais encore à l’abri du danger. Demain était un autre jour et je devais échapper aux griffes de ce montre et aller au temple en espérant ne pas retomber sur cette jeune prêtresse avec ces questions.

Je lui rendis son sourire en déclarant pour lui donner un peu de courage : tout finit par s’arranger, tu verras. Comme elle, je ne devais pas perdre espoir et continuer à chercher un travail. Ce que je lui disais valait aussi pour moi.

Une fois qu’elle fut partie, je soufflai la bougie avant de me laisser bercer par le bruit des insectes et rongeurs parcourant la maison. Malgré l’heure tardive, j’eus du mal à trouver le sommeil sachant à quel genre d’individu y habitait.
[...]
J’ouvris un œil au claquement d’une porte suivis d’un pas précipité dans l’escalier. Des voix masculine me firent bondir sur mes pieds. Margaux ne tarda pas à faire son apparition dans le grenier mais il était trop tard. Les vauriens étaient sur place et la porte de sortie désormais inaccessible. Des pas se firent entendre à la suite de la fillette. J’avisais la lucarne avant de grimper sur une caisse en bois posé là. Alors que la trappe s’ouvrait je pressais désespérément Margaux d’agripper ma main pour la sortir de cet enfer. Dans un même temps je me déchaussais et envoya mon sabot en direction de l’inconnu faisant son apparition. Je ne sus ce qu’il se passât après, l’homme essayant de grimper à ma suite me fit décamper en direction du temple que je pouvais apercevoir étant sur les toits.
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