Marbrume


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 [Mission] - En chariotte Simone - Partie II

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Eumond BellegueuleAssassin
Eumond Bellegueule



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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II - Page 2 EmptyMer 25 Jan 2023 - 23:04
Au début, j’crois qu’mon topo a été suffisamment intimidant, et qu’ils vont être bientôt mûrs pour déballer tout c’qu’ils savent. Un silence lourd, des regards gênés, en général c’est une formule gagnante, reste plus qu’à appuyer un peu et tout l’bordel est dégueulé en hâte par les plus impressionnables sans qu’les autres aient l’temps d’les faire taire. Mais dans not’ situation c’est pas l’cas, pour la bonne raison qu’un élément perturbateur, un p’tit diable en culottes de soie vient fourrer son vilain nez là où faut pas pour détruire tout mon effet en un instant. Enfin c’est c’que j’crois jusqu’à c’qu’il ouvre le bec et m’en lâche une bien bonne. Qui au passage explique probablement en grande partie les singeries d’la veille au soir. Bon, autant la jouer un peu plus décontracté alors, on va pas froisser le môme capricieux d’la patronne en estafilant un d’ses amis.

Ma main relâche tranquillement la poignée d’ma lame, redescend lentement le long d’ma veste. Là-dessus ledit grand ami du gamin montre sa bouille à son tour, une gueule d’ange pas cabossée pour deux sous à première vue. Un beau minois béni par Anür et Serus, sans doute possible. Il a dû en faire chavirer des cœurs. Mais pas à Marbrume, de c’qu’il raconte, puisqu’ils en s’raient en que’que sorte bannis ? L’apollon s’éclipse aussi vite qu’il est apparu, lâchant tout de même au passage un point intéressant : la seconde manche une fois arrivé à Usson.

Petit maître continue à garder un sourire un coin, lâchant au passage un petit commentaire sur le bruit, c’qui m’arrache un bref sourire et hochement d’tête en repensant au corniaud en vert d’la veille qu’a pas été bien malin. Parce que vu l’ton qu’j’ai employé, j’suis plutôt assez sûr qu’ça s’adressait pas vraiment à moi. Faut croire qu’y’en a qui comprennent pas bien vraiment l’danger d’un morback. Sans doute pas assez vu d’gens crever autour d’eux. Ou un soupçon d’naïveté malvenue. De mon côté, si la vie m’avait déjà appris à m’méfier au quotidien, j’crois que l’Firmament a achevé tout ça, si y’avait encore besoin. J’grimace un peu alors qu’un ordre tombe. Il aura pas attendu longtemps, le bougre, pour profiter d’son statut ! Et puis c’est pas comme si j’pouvais vraiment m’permettre de l’froisser sans raison, pour peu qu’il aille ensuite s’épancher dans les jupons d’la patronne. A moins qu’il fasse une connerie suffisamment grosse pendant l’voyage… J’me promets d’bien garder ça à l’esprit dans les jours qui viennent, après tout on verra bien.

J’finis par bien lever la main pour montrer patte blanche aux saltimbanques quand l’une des artistes ajoute un mot à propos d’un bige que j’avais pas vraiment avisé jusque-là. Etonnant d’ailleurs vue sa stature, de ne pas avoir discerné de mouvement de son côté. Ou insultant, au choix, s’il a pas daigné rapprocher son énorme paluche d’une de ses haches, signifiant par la même occasion qu’il voyait pas du tout mon incursion dans leur roulotte comme une menace. Peut-être bien un mélange des deux, au final. J’essaie de passer outre, et m’avance vers la place que m’a désigné la bateleuse, en ouvrant finalement la bouche.


« Au moins, tout ça explique des choses. Me manquaient quelques éléments pour bien capté la scène de la veille. Par contre, j’dois avouer qu’l’affiche en pleine foule ça a jamais été mon truc. J’suis plutôt du genre profil bas, ça m’plaît jamais trop qu’on attire l’attention sur moi. L’étape d’après c’était quoi, le nœud coulant « pour rire » ? Bref, pas deux fois, sinon j’aurais que’ques mots à dire au responsab’, même si m’fallait attendre Usson. Non pas qu’j’ai quoi qu’ce soit contre les artistes, hein. J’dois dire que j’en ai même côtoyé un qu’était plutôt doué dans son genre pendant un temps. L’Søren il était capab’ d’vous épingler une mouche sur l’bastingage depuis l’aut’ bout du pont, le bougre… »

J’m’arrête un peu, interdit. Ça fait un bail que j’avais pas fait r’monter ces souv’nirs là. A vrai dire, depuis qu’j’ai r’croisé la route de Faf’ et d’son colosse, deux soirs plus tôt, tout a commencé à ressurgir. Et pas que des bons, y’en a un paquet qu’j’aurais préféré garder enfouis, dont même moi j’suis pas fier. J’reste encore coi un moment, assis comme un couillon, à digérer ce relent d’amertume qui vient d’m’envahir. Puis j’décide que l’mieux à faire c’est d’passer rapidement à autre chose, et noyer ça dans l’tas.

« Bon, par contre, dans vot’ p’tit numéro, m’a probab’ment manqué pas mal de références pour tout capter, à vrai dire. C’était une lutte de pouvoir entre nobliaux, non ? Un vieux truc, ça ? Ou c’est encore frais dans les esprits en terre de Langres ? »


Parfois, avoir des souvenirs plus que malaisants qui refont surface dans la caboche ça peut amener même un type prudent comme moi à vouloir les remplacer au plus vite par autre chose. Tout est bon à prendre dans ces moments, même si ça fait lâcher à des inconnus l’aveu d’une méconnaissance crasse de quelque chose qui devrait p't-être parler à tout l’monde ici. Et donc possiblement leur rendre évident mes origines, avec tout ce que ça peut impliquer. Mais j’veux plus penser à Søren, Faf, et tout l’reste, là, tout de suite. Vraiment pas l’moment d’ruminer tout ça, alors qu’il va falloir rester affûté sur tous les jours à v’nir pour éviter les mauvaises blagues…
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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II - Page 2 EmptyVen 10 Fév 2023 - 12:10
« Vous avez trouvé ça couillu ? N’est-ce pas le rôle d’un conteur de dénoncer ce qu’il se passe ? C’est pour ça que la cité nous a fermé ses portes il y a bien longtemps, quand je n’étais qu’un marmot. Pourtant le peuple se repaît des fables que nous leurs servons. Avez-vous vu l’horreur et la fascination que de si petits êtres de chiffon et de bois ont apporté à tout un village ? Et ils en redemandent, chaque soir. Même les hommes du Roi ne font pas exception. Vous verrez bien cela quand nous serons à Usson, Monsieur l’assistant. »

- Ah ma foi, j'ai hâte de voir ça, moi aussi,
lança Clervie au jeune homme blond. Et cela me rassure de voir que les hommes du Roi apprécient votre spectacle... Il serait dommage de forcer un aussi joli godelureau à épouser la veuve à la jambe de bois...

Le ton était mi-rieur, mi-sérieux. Certains auraient pu y voir là une pique, mais quelqu'un d'averti et de suffisamment pourvu de langage comprendrait qu'un compliment authentique se cachait derrière ce trait d'humour. Le conteur, par son franc-parler, lui paraissait d'une compagnie plus agréable que l'infâme épée à louer ou l'autre lâche donneur de leçon d'Alaëc de Verteplaine. Aussi ne résistait-elle pas à lui faire la conversation, bien que certaines de ses intentions fussent bien plus sombres que d'échanger quelques propos galants...


Pendant ce temps, Julius surveillait toujours attentivement Marcus Savtier. Malgré qu'il ne fût pas affecté à leur chariotte, le bâtard ne cessait de dévorer des yeux le jeune Lebleuet, qui veillait à bien rester groupé avec Julius et Blaissac. Quelle sale engeance d'Etiol, se dit le milicien. Paiera-t-il un jour pour ses crimes ? Corbac lui avait parlé d'un ignoble incident qui avait eu lieu à Usson, justement, où un petit voleur inoffensif dont le seul crime avait été de dérober une botte de carottes, sûrement pour nourrir sa pauvre maman, avait été condamné à satisfaire les appétits contre-nature de cet animal en cape verte.

Alaëc, lui, repensait à la conversation qu'il avait eu avec la jeune Clervie de Sombrelune la veille. Par les Dieux, la milice, pour une frêle jeune femme comme elle... Mais d'après ce qu'il avait cru comprendre, cela faisait à présent une année qu'elle y était, et si elle avait une réputation déplorable, elle semblait être devenue une véritable dure à cuire. Mais il ne se faisait pas d'illusion sur ce qui lui permettait de survivre. Lui survivait par l'ironie du désrspoir ; elle, il l'avait clairement vu dans ses grandes prunelles d'obsidienne, elle survivait grâce à la haine, qui la nourrissait sûrement de la même manière que le pain sustentait les gueux. Il n'était pas étonné de la voir encline à discuter avec les artistes qui leur avaient déclamé ce si joli pamphlet. Elle était, malgré son statut de crabe insignifiant sous le talon de Sigfroid de Sylvur, peut-être de ceux qui finiraient par lui infliger une morsure douloureuse voire fatale. Car un vent de rébellion avait commencé à souffler sur la cité maudite de Marbrume, on en entendait parfois des échos lorsqu'on prêtait l'oreille aux brises marines...
Peut-être avait-il eu tort de la repouser lorsqu'elle avait tenté, clairement, de lui proposer de se joindre à leur cause pour venger leurs deux familles. Mais il avait vu tellement de fois les purgateurs réussir leurs manigances qu'il n'y croyait plus. Jamais on ne pourrait les arrêter. Et puis, il avait des responsabilités à présent, celle des hommes auprès desquels il combattait tous les jours la fange. Ils ne méritaient pas qu'il les abandonne.
Et ce, même si parfois, il se demandait s'il ne valait pas mieux tomber une bone fois pour toutes sous les crocs de la fange et quitter ce monde dans lequel il avait l'impression de ne pas avoir sa place.

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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II - Page 2 EmptyVen 17 Fév 2023 - 22:07
Le conteur sorti la tête du convoi alors qu’une milicienne l’interpela. Elle devait avoir eut l’oreille fine pour capter ce qu’il s’était dit au travers du tissus. Son compère, se dressa à ses côtés, quittant lui aussi l’intimité relative du chariot. Ce fut donc le jeune Oscar qui répondit à la remarque de la milicienne.

« Une femme du Roi serait-elle contre l’art pour parler ainsi de la potence ? Fut une époque où les grands de ce royaume regorgeaient d’inventivité pour offrir les plus beaux spectacles à leurs invités. Les conteurs, les poètes, et leurs compères n’étaient pourtant pas toujours porteurs d’actions héroïques ou romanesques. Peut-être que l’art reprends seulement ses droits sur les cadavres de la Fange. »

Un sourire barra le visage du garçon. Que se passait-il derrière ses billes émeraudes ? Il était difficile de savoir si il s’agissait d’une contestation, d’un argumentaire ou bien d’un simple constat d’histoire. Le convoi passait les portes du villages et les discussions se turent. A première vue, personne n’avait envie de réitérer l’expérience de la veille.

A l’intérieur du chariot des troubadours, quelques murmures continuaient, mais ils étaient juste suffisants pour que l’assistant du chef de convoi puisse entendre les réponses qu’il avait demandé.

« Il s’agissait d’un des épisodes les plus épique avant la fermeture des portes de Marbrume. La famille De Sarrosse avait émis de vives critiques envers le Duc et étonnamment, les portes de la cité sont restés closes pour eux, en tous cas pour le Comte, alors qu’ils sont venus chercher refuge. Tout le monde a préféré fermer les yeux sur cette histoire pour garder sa place au chaud. Sauf que désormais, les portes sont de nouveau ouvertes, la vie a repris en partie son cours et les gens ne sont plus aussi enclins à détourner le regard de certaines choses. »

La femme en orange était sûre de chacun de ses mots, ce qui changea lorsqu’elle porta ses explications sur l’accusation muette de la petite lame.

« Pour ce qui est d’attirer l’attention, je ne saurais vous dire. C’est notre mécène qui a orchestré une partie de la mise en scène. Ce garçon, il a des idées dans la tête. Lesquelles ? Je n’ai jamais réussi à le déterminer, ses plans sont bien trop tortueux pour que quiconque ne tente de les comprendre. Même Tual ne s’y risque pas. Il lui fait confiance, mais il serait bien incapable de savoir ce qu’il se trame dans cette petite tête. Maintenant, si vous avez d’autres question, je pense qu’il vaut mieux les garder pour ce soir. »


Alors que la journée s’avançait, le convoi continuait de manière linéaire, ne rencontrant aucun obstacle particulier. Les affres de la veille avaient du doucher les velléités des plus idiots du convoi, laissant du répit à tous. Seule la vision du coucher de soleil indiqua à tous que l’heure fatidique de camper dans les marais approchait. Au grand bonheur des connaisseurs, l’un des endroits les plus sûr sur cette route dangereuse se profilait. Malgré tout, ils étaient à la merci de n’importe quelle attaque qui pourrait leur parvenir. Bandits, Fangeux, bêtes sauvages, ils n’étaient pas à l’abri si l’un de ces ennemis venait à les attaque. Mais même si la peur était présente, les hommes priaient les trois pour faire parti de ces nombreux campeurs qui avaient pu dormir sans être interrompus.

Alphonse Martel, tel un chef d’orchestre, organisa la ronde des chariots. Suite à quoi il appela les Coutiliers pour qu’ils se mettent d’accord sur l’ordre des tours de garde, sans oublier d’ajouter.

« N’oubliez pas de leur rappeler de rester le plus silencieux possible. »

HRP:
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Eumond BellegueuleAssassin
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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II - Page 2 EmptyVen 10 Mar 2023 - 17:28
J’tire une tronche de trois arpents en entendant la voix du p’tit piaf se mêler à la conversation. Elle était là d’puis longtemps, à ouvrir ses esgourdes comme ça ? Elle f’sait ça pour m’garder à l’œil, la drôlesse ? Elle aura capté quoi d’l’ensemble ? Pas trop, j’espère. J’imagine que la voix du conteur a pu l’attirer, faut dire qu’il a un timbre bien particulier, pour sûr. Et j’moufte pas, c’qui m’permet d’voir le bagout du p’tit maître. L’est pas né dans la fange, lui, clairement, vu comment qu’y jacte.

Ça a l’air de suffire à détourner la conversation pendant un temps, puis la bateleuse qui m’avait finement averti d’son compère entreprend d’m’expliquer le cœur de l’affaire qui a mené à cette pièce. J’pige pas encore tout, mais déjà j’devine qu’on parle du Duc-Roi, là.


« Ah ouais, l’Duc-Roi Silure, là. J’vois. Donc un truc encore bien chaud dans les esprits. Pas très propre pour s’débarrasser d’un gêneur, j’dois dire. Une lame c’est quand même moins tape-à-l’œil, en général. Et ça fait bien moins jaser ensuite… »

J’grimace un peu quand elle m’avoue qu’c’est encore un coup du p’tit maître qui m’a valu d’être pointé du doigt dans la foule. J’ai vraiment du mal à l’cerner, c’ui-là, et manifestement j’suis pas l’seul, si même l’beau-parleur cherche plus à comprendre. J’m’en tiens donc à un commentaire très profond.


« Ouais. Ben y’a ceux qu’aiment s’faire des nœuds dans la tête, et ceux qui préfèrent agir. Chacun sa marotte. »

J’souffle un bon coup. J’crois bien qu’j’en apprendrai pas plus, mais au moins j’ai pu m’assurer qu’j’avais pas d’vieille connaissance à moi parmi ces larrons, c’qui m’va bien mieux pour éviter les mauvaises surprises ensuite. J’me tiens coi tout un moment, sur ses derniers propos. Ça, j’sais faire, c’pas bien compliqué. Enfin pour d’autres si, parfois, mais c’est comme ça qu’il leur arrive des bricoles. La journée avance bien, sans grand encombre cette fois-ci, comme si la présence des bateleurs avait attiré la grâce des Quatre sur not’ convoi. Tant et si bien qu’on arrive bientôt en début d’soirée, à camper dans la fange. V’là les réjouissances du soir, quoi…

La perspective de passer une nuit loin des murs d’la cité m’enchante guère, voire me terrifie. Y’a pas à chier, les Fangeux sont toujours plus effrayants dans leur élément. Et une palissade, aussi mal plantée soit-elle, a toujours que’que chose de rassurant, du coup son absence fait froid dans l’dos. L’équivalent d’deux coutileries pour monter la garde, ça a un p’tit quelque chose de rassurant certes. Mais plus parce que ça fait plus de cibles potentielles pour les prédateurs que pour leur habileté propre. Ça reste pour la plupart des bleusailles ou des burinés qu’ont parfois plus à cacher qu’des biges dans mon genre, pour c’que j’en sais. Pas grand monde sur qui s’fier d’dans. Au moins, avec un mercos, tu sais qu’tu l’tiens par la bourse. Un milicien… Bref, j’vois tout l’monde s’affairer, sans trop m’presser à filer un coup d’pogne. J’ricane doucement en voyant l’Martel tancer un bleu qui voulait rassembler du bois. Ce soir ce s’ra viande séchée et un bout d’pain pour toute pitance, c’qui s’ra déjà pas si mal au vu d’la situation qu’on a pu connaître dans les bas-fonds. Ou sur le Firmament…

Bref, pour éviter d’laisser ces sombres idées tournicoter dans mon esprits, j’avise le P’tit Piaf qui s’occupe de son canasson, alors que j’ai déjà récupéré ma boustifaille. Et c’est en mâchonnant tranquillement un bout d’Anür sait quelle carne qu’j’arrive par l’côté, sans trop hausser l’ton non plus, pour aller la titiller un peu.


« Alors pic vert, tu chantes quoi d’neuf ? J’ai pas entendu d’cris tantôt, donc j’suppose qu’y’a pas eu d’nouveau pataugeage par un d’tes p’tits camarades ? »

Oui. Un peu.
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Clervie de SombreluneMilicienne
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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II - Page 2 EmptySam 11 Mar 2023 - 11:57
Avant que le conteur n'eût le temps de répondre, le morveux qui s'était joint à la troupe répondait à sa place en faisant bien comprendre à Clervie qu'elle n'était point conviée à la conversation. Cela l'agaça tellement qu'elle se contenta d'un rictus méprisant avant de se détourner. Le reste du voyage se passa sans incident notable. Elle ne recroisa pas l'autre tourne-casaque de Verteplaine et seul Julius vint lui faire la conversation.

- Que fabrique le Marcus de beau ? demanda-t-elle dès qu'elle fût sûre de ne pas être entendue.
- Je suis bien resté collé aux miches de Lebleuet, alors il sait que ses petits plans pour agrémenter le voyage sont foutus, répondit-il d'un air entendu. Qu'Anür m'pardonne, mais j'espère bien qu'on trouvera une solution définitive, le concernant.
- À voir, répondit Clervie. Mais je suis d'avis qu'on a surtout intérêt à surveiller l'épée à louer. J'ai bien l'impression qu'il n'est pas uniquement là pour faire le garde du corps...
- Ouais, on le lâchera pas, fais-moi confiance...

Clervie était cependant frustrée par la tournure que prenaient les choses. Elle avait toujours espéré tomber un jour sur des opposants à la couronne à qui elle aurait pu peut-être prêter une main secourable. Mais visiblement, cela n'était pas près de se produire. Ne lui restait plus qu'à se taire et à faire son travail de milicienne, servant moins ce roitelet minable que les intérêts du peuple, du moins, c'était ce qu'elle espérait.
Le jour s'avança rapidement, et finalement, le ciel prit une teinte lapis-lazuli parsemé de quelques menus filaments orangés ; le soir descendait.

- Corbac, aboya Blancfer. Erin et toi, allez donc vous occuper de faire boire les carnes.
- Oui, Coutillier, répondit-elle alors que les autres installaient le bivouac.
Elle entraîna par la bride l'une des bêtes, un brave percheron au poil noir lustré. Celui-ci paraissait nerveux, aussi lui flatta-t-elle gentiment l'encolure en lui murmurant des paroles douces.
- Là... Viens mon beau.
L'avantage des marais, c'était qu'il n'y avait pas besoin d'aller loin pour trouver de quoi abreuver les chevaux. Des petites mares claires étaient disséminées un peu partout dans les herbes touffues et chargées d'humidité. Elle trouva donc aisément de quoi laisser le cheval s'abreuver sans s'éloigner de trop du campement. Pendant que celui-ci se désaltérait, elle-même contemplait l'horizon à présent teinté d'un bleu foncé métallique où s'allumaient peu à peu quelques étoiles. Ce spectacle eut un effet apaisant sur son humeur.
Mais alors qu'elle savourait ce rien de tranquilité, voilà que le mercenaire à l'allure de fouine s'approchait avec le désir de faire la conversation.

« Alors pic vert, tu chantes quoi d’neuf ? J’ai pas entendu d’cris tantôt, donc j’suppose qu’y’a pas eu d’nouveau pataugeage par un d’tes p’tits camarades ? »

- Eh bien, l'épée à louer, toi, tu chantes quoi de beau ? rétorqua-t-elle, avec un sourire mesquin. Dis-moi un peu, à qui la bourgeoise t'a-t'elle demandé de dessiner un sourire sous le menton pendant le voyage ? Un de ses employés, qui la ferait chanter ? A l'un des artistes à qui tu tenais si allègrement compagnie dans la roulotte ? À moins que ça ne soit à ce brave contremaître qui a l'air d' un homme plutôt malin et pas du genre à tolérer quelque malversation que ce soit ?
Alors qu'elle énonçait cette réplique, elle s'approchait de l'épée à louer d'une air provocateur.
- Quoi, tu crois vraiment qu'on n'a aucune idée de pourquoi tu peux être là ? Tu nous prends peut-être pour des bleusailles à cause du comportement imprudent de ce brave Colin, Anür ait son âme, mais on n'est pas tous nés de la dernière pluie. Bah, sois sans crainte, je ne t'interroge pas tout de bon... Pour le moment...
Là-dessus, elle conclut avec un dernier sarcasme :
- Pas trop dure, la barbaque ? Il y a de l'eau juste là, si tu veux faire passer, ajouta-t-elle en désignant la flaque d'eau où buvait le percheron.

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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II - Page 2 EmptySam 25 Mar 2023 - 21:50
Y’a pas à dire, elle a un don, la verte, parce qu’elle m’les chauffe vite, les esgourdes. P’t-être un peu ma faute aussi, faut dire, mais bon, quand on veut occulter tout c’qui peut rôder dans l’noir autour du camp et nous tomber sur l’râble d’un instant à l’aut’, j’connais pas trente-six moyens que d’tailler une bavette. Et si j’avais d’jà fait un brin connaissance avec les saltimbanques tantôt, une mise au point avec le patron la veille, ben… reste plus grand monde pour se renouv’ler, quand les conducteurs de chariote ont l’air aussi fort et brave que des bœufs, mais aussi d’en partager la vivacité d’esprit. J’dis pas que j’suis une lumière, hein, loin d’là. Mais y’a un moment les discutailles niveau bas du front ça va deux minutes, et ces bestiaux là ruminent plus qu’leurs attelages ! Alors restent les gardoches. Mais d’puis qu’j’ai vu c’que ça donnait d’l’intérieur à Allange j’peux pas vraiment les piffrer. Tous autant qu’ils sont, de vraies crapules qui s’assument pas et font tout passer sous l’couvert du tabard. Moi au moins j’ai pas la prétention d’maint’nir l’ordre en allongeant l’sourire d’un quidam qu’a rien d’mandé, tout en l’délestant d’que’ques piécettes au passage.

Alors quand j’ai vu la jeunette, avec ses allures de pas tout à fait à sa place – après tout, c’est elle qu’est venue prendre les ordres auprès d’la rupine, et pas son chef -, ben ça a quelque chose d’inhabituel, d’rafraîchissant. Elle cogite pas mal, pour un planton, probab’ment un peu trop pour son propre bien d’ailleurs. Du coup, pour elle, forcément j’suis un égorgeur de bas étage engager pour refroidir un bige, ni plus ni moins. Et en soit j’peux pas vraiment lui donner tort, mais bon de là à l’encourager dans cette voie au risque de foutre en l’air la mission ensuite, y’a un monde, alors j’grogne pour la contredire. Mais doucement, pour éviter qu’un aut’ type qu’elle m’entende, et sur un ton aussi égal que possible, genre rien à caguer.


« C’est vrai qu’faut forcément être sapé en bourge pour entraver un minimum à propos des roches, des filons, tout ça. C’est connu. Et c’est clair qu’un merco peut pas avoir fait aut’ chose avant, du coup j’devais déjà t’nir une lame à six mois, pendu aux miches d’ma matrone. J’pourrais t’en dire long sur ces foutus rafiots, aussi, vu l’temps qu’j’ai passé sur c’te saloperie d’Firmament. Mais non, mieux vaut s’dire qu’une galetteuse qui mène son affaire aura été cruche au point d’prévoir une descente au Labret pour escagasser un concurrent, le tout sous escorte d’la Milice ! Remarque, p’t-être que t’as pas eu tous les ordres, devant témoins, juste la première partie, et qu’ton chef a eu l’reste par vos huiles et fait mine de rien, justement ? Et oui, y’a un sacré nombre d’béjaunes parmi vos coutelleries, c’est juste un fait. Certains plus dégourdis qu’d’autres. Ou alors juste un peu tarés, avec une case en moins. »

Après avoir remis en cause son raisonnement un brin trop rentre-dedans, je prends finalement le contre-pied, en m’disant que ça pourrait être plus marrant, si on fait les comptes.

« Et puis après tout, si on y réfléchit d’un peu plus près, effectivement, qui pourrait être concerné par un poinçonnage ? Pourquoi s’faire suer à l’traîner dans un marais si c’était un employé, alors qu’on à d’belles ruelles bien comme il faut au Goulot, au Labourg, voire de bons quais glissants au port ? Les bateleurs, ça aurait été un peu risqué, je doute qu’ils fassent partie du plan initial, tu crois pas ? Trop hasardeux, imagine qu’ils aient fait une halte un peu plus longue, deux ou trois représentations de plus avant d’migrer, et ça dev’nait suspicieux d’les attendre, non ? Pour c’qu’est du patron, ben… Oh j’sais pas, allez, après tout, mettons qu’pourrait y avoir anguille sous roche dans leur relation, allez. Mais va pas croire qu’il s’ra autant du genre « blanche colombe » que t’as l’air de l’dire. Tout homme a ses travers, j’doute qu’il échappe à la règle. Même s’il a l’air plutôt franc du collier d’prime abord. »

J’prends un air pensif, toujours en mâchonnant cette carne fossilisée. Bien sèche comme il faut, c’est clair, mais ça reste d’la bidoche, alors j’fais pas la fine bouche. C’est rare de pouvoir mettre la main sur ça, ces derniers temps. Alors j’sors mon outre de ma besace, j’prends une lampée d’bibine, puis j’la rebouche et range avant d’continuer. Tout ça dans de grands mouvements, un peu excessifs, mais j’en profite pour rejet un r’gard circulaire alentours, s’rait pas question d’se faire surprendre dans la fausse sécurité d’un pauv’ cercle de roulottes.


« T’sais, c’est quand même marrant comme y’a que trois types de profils typiques du gardoche, toujours un peu les mêmes. T’as l’blanc-bec pétri d’bonnes intentions, qui va s’prendre la réalité en pleine face un jour ou l’aut’. Et puis t’as l’désabusé, qu’a p’t-être plus ou moins dérapé par l’passé, puis qu’a pris l’vert pour fuir que’que chose, mais il attend pas grand-chose des Q. » J’me r’prends en faisant mine de tousser, ressortant ma gourde pour reprendre une rasade. « des Trois qu’un peu d’répit. Et puis t’as finalement l’dernier type, le désaxé qui sait qu’il pourra faire quelques écarts grâce à la tunique, qui s’ront passés sous silence en graissant la bonne patte, et qu’attend l’bon moment pour ça. Du coup, tu t’es pas dit, avec tes p’tits futés d’camarades, que si la rupine avait pas insisté pour engager uniquement des mercos, comme les Lames, mais profité d’l’escorte d’escouades de bidasses, quand on sait c’qui y traîne, c’était p’t-être parce qu’un garde qui disparaît en mission dans les marais, ça a rien d’bien surprenant, au final ? Enfin j’dis ça, moi, j’suis pas là pour ça, puisqu’on m’a d’mandé d’vérifier l’existence de filons dans la roche…»

Qui titille vraiment qui, au final ? Difficile de l’dire, dans cette conversation. C’qu’est certain, c’est que j’peux pas blairer son pif de fouineuse, et que manifestement c’est réciproque. Ça pourrait n’pas simplifier mes affaires au final, alors autant brouiller un peu les pistes et partir dans tous les sens.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: [Mission] - En chariotte Simone - Partie II   [Mission] - En chariotte Simone - Partie II - Page 2 EmptyJeu 13 Avr 2023 - 17:20
La nuit se passa dans le calme. Alphonse Martel en remercia les Trois pour avoir échappé aux créatures jusque-là. Peut-être qu’avoir eut un sacrifice le premier jour avait apaisé Etiol de sa soif de sang et de chair fraîche, leur laissant un peu plus de marge pour la suite du voyage. Tout comme à Conques deux soirs auparavant, la troupe produisit le même spectacle à Sarrant. Et l’accueil fut tout aussi chaleureux, prouvant qu’en dehors des murs de la ville, certains exprimaient un peu plus facilement leur désaccord envers leur monarque actuel.

Le lendemain soir, Usson les accueillit avec la même ferveur. Il semblait que les habitants des villages extérieurs vivaient dans une sorte de crainte constante du malheur. Une sorte de léthargie, où chacun traversait sa journée en espérant qu’il verrait celle du lendemain. Alors, lorsque les couleurs chatoyantes des troubadours se présentèrent au centre du village, certains s’éveillèrent au printemps et au renouveau de la vie qui les entouraient. La troupe avait d’ailleurs décidé de larguer les amarres à Usson pour quelques jours. Tual invoquait sa créativité en ébullition devant cet accueil. Certaines armes furent aussi livrées, délestant une partie des chariots en prévision de la future cargaison qu’ils auraient.
Le reste du convoi profita de la relative sécurité du village pour savourer un repas chaud, une chope de bière et surtout, une nuit de sommeil la plus complète et reposante possible. Ceux qui avaient traversé le marais pour la première fois avaient eu du mal à se remettre de cette première partie de chemin.

Fraîchement reposés, les visages étaient plus ouverts et légèrement plus détendus. Malheureusement, les premières gouttes de pluies qui leur tombèrent dessus une petite demi-heure après le départ seulement, gomma les dernières traces de joie pour ne laisser place qu’à de la concentration. Tous savaient que les nuages et les trombes d’eau qui leur arrivaient sur la tête par moment augmentaient les chances de croiser les créatures des marais. Durant la journée, les pauses avaient été réduites au strict minimum et personne ne trouva à y redire. La peur prenait le pas sur les individualités.
En fin de journée, avant même que la luminosité ne baisse de trop, les palissades de Genevray les accueillaient. Même si leurs aventures n’étaient pas terminées, ils touchaient au but. Et ils savaient que les mines étaient gardés, assurant une certaine protection pendant que les hommes travailleraient.

Même Alphonse avait l’air moins sévère alors qu’il posa le pied à terre. Les ordres furent données avant que le repos ne vienne, et ils n’étaient toujours pas négociables.

« Je vais chercher celui en charge de l’intendance, en attendant séparez les caisses en fonction de leur destination. »

En passant près de son assistant, le forgeron lui glissa quelques mots.

« Venez me rejoindre dans ma chambre ce soir, nous étudierons les plans au calme. Une fois sur place, ce sera bien plus difficile. »


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