Marbrume



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 Laver son nom, mais dans le sang.

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MessageSujet: Laver son nom, mais dans le sang.   Laver son nom, mais dans le sang. EmptyJeu 25 Aoû 2022 - 22:35
5 juillet 1166

C’était le premier soir. Le premier soir depuis que je pouvais respirer un air moins lourd que celui des cachots, quand bien même conservais-je bien en mémoire olfactive ces senteurs putrides ; supplices qui n’étaient, en définitive, rien à côté des horreurs que j’avais subies. L’opprobre dont je m’étais affublé n’était rien face à ce coup d’éclat de la part de ceux qui t’ont tuée de sang-froid et voulu faire croire à mon suicide. Ah. Je me sentais pareil à une goule revenue d’entre les morts, prêt à en découdre, seul contre tous, pour écorcher vif l’instigateur de mes maux. Il ne s’était pas passé une seul nuit sans que je ne revâsse de ce personnage ; l’Épurateur de son état, celui que j’aurais pu atteindre si toi et moi avions été plus malins. Sait-il seulement que je suis encore sur mes deux guiboles ?

Enfin.

Une autre odeur me ramena à une réalité difficile, alors que mon esprit avait jubilé, ce court instant, sur la déchéance d’un des êtres les plus dangereux au monde ; spéculation délectable qui me faisait encore tenir debout, nourissait en moi une rage destructrice.

Mon collègue et moi étions de ronde ce soir-là. Un binome tout ce qu’il y eût de plus commun. Octave Ergebelle de son état. Un des types qui avait participé à la reprise du Labret et qui avait assisté à mes réussites. J’avais cru au début que cela lui ferait bizarre que j’étais retombé de Sergent à trouffion plus bas que trouffion, mais il ne semblait pas me témoigner de quelconque mépris.

Pourtant, je savais à quoi m’attendre, j’avais déjà commencé à essuyer des regards noirs dans les couloirs de la caserne…

« Vous, là. Vous faites quoi, au juste ? »

Pas de salutation, un vocabulaire assez pauvre. Il m’avait de nouveau dérobé à mes songes noires, et je le voyais qu’il s’adressait à un inconnu que je n’avais même pas remarqué. Le type tout à fait ordinaire, mais qu’Ergebelle avait dû trouver louche sur le coup.

Sans un mot, j’adressai un regard interrogateur tantôt à mon collègue, tantôt à cet inconnu.
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MessageSujet: Re: Laver son nom, mais dans le sang.   Laver son nom, mais dans le sang. EmptyVen 26 Aoû 2022 - 3:40
Marbrume, ses bas quartiers et ses odeurs de prostituées mal lavées. Marbrume et son côté guindant qui s’alliait sans se mélanger au crade et au barbant ; ah, que tu aimais cette ville et ses souffrances, surtout quand, en battant le pavé noir de tes souliers, tu l’imaginais en train de brûler. Tes excursions se trouvaient rares, uniquement lorsque tu te faisais passer pour le messager de ta propre personne. Un sifflement au détour d’une ruelle, trois claquements de doigts près d’un bordel où se tenait une femme aux longs cheveux noirs qui rentra immédiatement. Tes ordres se donnaient et se lancer sans que la plèbe ne s’en rende compte ; ta toile d’araignée était trop bien installée, et tu en détenais toutes les entrées.

Dommage que tes confrères inconnus ne soient pas tous à ton image ; quoique. Finalement, tu n’en savais pas grand-chose, et ta curiosité avait beau atteindre parfois des paroxysmes phénoménaux, la présence de personne comme Janke ou la plupart de tes intrigants finissaient par te remettre sur la route de ta chère Rikni. Voix que tu étais, et bien que ta venue à Marbrume soit un mal enchanté comme nécessaire, tu dénotais. Tes cheveux bouclaient doucement derrière tes oreilles, tombant parfois contre ton front pâle alors que tes yeux percé les murs de leur bleu transcendant. Tu ne ressemblais ni tout à fait à un noble, ni réellement aux gars du coin qui pour la plupart s’empêchaient de venir te déranger. Ce n’était pas la première fois qu’ils t’apercevaient, pour certains ; pour d’autres, deviner une longue lame près de ta cuisse mêlée à tes vêtements principalement noirs les faisait prendre quelques distances. Oh, un badin chercha bien à t’attraper le col, mais un rapide coup dan l’entrejambe lui suffit à se détourner de ton chemin.

La nuit était ton amie, ton amante, ta guide et ta maîtresse ; et puis, les choses d’importances se règleraient après quelques directives supplémentaires. Etait-ce les bras croisés dans ton dos ? Ton allure filante, comme si aucun obstacle ne te retiendrait trop longtemps, ou ton juste-au-corps aussi noir que les ombres, à peine réhaussé par la couleur d’une écharpe d’un rouge léger ? En tout cas, un homme manquant de vocabulaire sembla s’adresser à toi ; tu ralentis le pas en le voyant en face de toi, ne te cachant pas d’un sourcil haussé.

« Mmh ? C’est à moi que l’on s’adresse ? »

Ta surprise n’était pas feinte ; tu voguais comme un habitué que l’on prenait aisément pour à la fois tout ce qu’il était, mais aussi tout ce qu’il n’était pas. Tu t’arrêtas à quelques mètres de ce que tu pris pour un couple avant de relever leur sexe. Ils n’avaient pas fières allures ; un trentenaire mal léché en plus de celui qui venait de t’interpeller, et les deux te regarder avec un air indéfinissable dans le regard.

« Il ne me semble pas être sur le territoire des contrebandiers du coin ou de la guilde des voleurs… oh, j’en conclue que vous êtes de la milice, n’est-ce pas ? Eh bien, comme vous pouvez le voir, je me déplaçais dans les rues. Il ne me semble pas que cela soit interdit par un décret Royal, n’est-ce pas ? »




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MessageSujet: Re: Laver son nom, mais dans le sang.   Laver son nom, mais dans le sang. EmptySam 27 Aoû 2022 - 0:07
« Il ne me semble pas être sur le territoire des contrebandiers du coin ou de la guilde des voleurs… oh, j’en conclue que vous êtes de la milice, n’est-ce pas ? Eh bien, comme vous pouvez le voir, je me déplaçais dans les rues. Il ne me semble pas que cela soit interdit par un décret Royal, n’est-ce pas ? »

Le bougre nous l’avait coupée sec. J’étais déjà muré dans mon mutisme naturel, celui du gradé qui observait davantage qu’il ne parlait, mais je devais avouer que ce roturier aux allures mondaines tenait la dragée haute. Si j’avais été à la place d’Ergebelle, je n’aurais pas su quoi répondre. Il fallait dire que je n’aurais pas utilisé la même approche non plus. Aurais-je été simplement frappé du même a priori sur cette personne dont la silhouette semblait se déchirer dans le décor urbain ; un homme ès lettres à n’en pas douter au vu de sa diction, dont la dégaine contrastait affreusement — oui, affreusement, c’était le mot – avec l’ambiance nigaude des bas quartiers. Forcément, il avait attiré l’attention. Et même la mienne. De là à commencer par « vous faites quoi au juste », ce n’était sans doute pas le plus ingénieux. Et puis les apparences étaient trompeuses ; je l’avais appris à mes dépends.

Je toisai mon collègue, attendant la réponse qu’il pourrait bien livrer à cet homme courtois qui l’avait déstabilisé par un excès de simplicité. À la place, il se contenta de jeter un regard noir, de maugréer quelque juron dans sa barbe drue et de continuer à battre le pavé. Incertain de la démarche à adopter, j’adressai un bref salut de la tête au civil, exhibant les manières que naguère un officer de haut-rang se devait d’observer, et suivait mon collègue, à peine dépité.

La vie de sentinelle était-elle devenue humiliante à ce point ?

« Le respect pour les hommes de loi, ça n’est plus ce que c’était. J’lui aurais bien montré de quel bois je me chauffai à ce salopard, mais devoir oblige, n’est-ce pas ? »

Il m’interrogea d’un regard mauvais ; un sourire cynique déformant son faciès. Mon cœur battait à la chamade. Je ne me souvenais pas de la dernière fois que j’étais sous l’empire de ce genre d’émotion ; la colère, l’envie irréprésible de lui coller un poing dans la figure. Mais cela me désservirait plus qu’autre chose et j’avais déjà suffisamment de problèmes pour m’en rajouter.

« T’as perdu ta langue, trouffion ? »

Je jetai un œil en arrière pour m’assurer que l’homme aux cheveux mi-longs platine et au regard froid était soit loin, soit hors de portée. Cela m’aurait, au fond, gêné qu’il m’eût entendu me faire interpeler de la sorte.

« Tu fais moins la maligne depuis que t’es plus Sergent. T’as perdu ta langue, princesse ?
Non… J’avais simplement cru observer quelque chose.
Quoi donc ?
Rien… Peut-être une ombre… »

Ergebelle s’arrêta net, me fusillant du regard.

« T’essaies pas de te foutre de ma gueule, quand même ? »

J’avais également stoppé ma cadence, dardant un regard méfiant sur ledit collègue. S’en suivit un silence de plomb, interminable. Son expression faciale se mis à virer à l’ironie. Il éclata d’un rire gras devant moi et m’apostropha d’une tape familière sur l’épaule.

« Détends-toi, nom d’une pipe ! J’plaisantais ! C’est qu’une ronde ! »

J’esquissai un sourire gêné, du coin de la lèvre. J’éprouvais un mépris que je peinais à dissimuler. Sans doute qu’il était trop bête pour s’en apercevoir.

Alors que nous continuâmes notre progression dans les ruelles tantôt désertes, tantôt peuplées, nous débouchâmes sur une scène peu commune, où deux hommes semblaient tenir en joue, au moyen d’une lame, une femme agenouillée au milieu.

« Au secours ! Je vous en supplie ! hurlait-elle tout en cachant son visage. »

Mon sang ne fit qu’un tour. Je fusillai mon collègue du regard.

« Vite, ne perdons pas de temps ! hurla-t-il en tirant sa lame au clair. »

Je me précipitai vers le trio, sortant à mon tour mon ensis de sa gaine, élancé pour comprendre, un peu tard, que j’étais tombé dans un piège grossier.

« C’est la cible ! déclama la femme en bondissant sur ses talons et faisant volte face. »

J’avais été dupé non pas face à deux, mais trois agresseurs. Une combine grossière de hurleurs dans laquelle je n’aurais jamais imaginé tomber.

Mais je n’avais même pas le temps de souffler que je sentis un bruit provenir de derrière ; c’était celui de mon propre collègue qui essaya d’abattre le plat de sa lame contre mon crâne.

Quatre contre un.

Je me dérobai de justesse, essuyant un coup sur l’épaule qui érafla la maille, laissant un sillon superficiel contre ma peau, puis je pris mes jambes à mon coup.

« Rattrapez-le ! hurla la voix féminine. »

J’étais un milicien poursuivi par trois brigands, en pleine soirée, dans plein Marbrume.

Ma nouvelle vie promettait d’être mouvementée.
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MessageSujet: Re: Laver son nom, mais dans le sang.   Laver son nom, mais dans le sang. EmptyLun 29 Aoû 2022 - 4:34
Ce qui aurait pu se transformer en éclat de rire se transforma en simple sourire contrit ; tu ne leur fis pas l’affront de te moquer trop ouvertement d’eux, surtout que celui qui t’avait interpellé ne semblait être ni le plus malin, ni le plus à même de prendre les plaisanteries à la légère. Pas que cela te dérangeait fondamentalement de jouer de tes lames en pleine nuit, encore moins contre la milice ; tu avais fais déjà pire, bien pire. Amoral, Rikni te souffla tout de même de ne pas forcer la gratuité jusqu’à provoquer un combat avec deux personnes qui en d’autres circonstances pourraient t’être utiles. Après tout, la déesse offrait sa bénédiction lors de l’entrée en grade des miliciens ; deux priants de la mère des ombres pouvaient bien se battre entre eux sans la fâcher, mais tout de même.

Alors tu passas ton chemin, non avoir jeté un coup d’œil très bref au plus énervé ; il avait la tête de ceux qui aimaient préparer des mauvais coups. Aussi peu gracieux qu’un veau dont on aurait arraché la moitié de la tête, une question s’éleva en suspens autour de ton crâne. Le bruit de tes bottes contre le pavé fut trop léger pour t’empêcher d’y penser ; l’autre semblait simplement surpris, non ? Il n’avait pas le regard des brutes et des meurtriers, ni des penseurs et des intellectuels. A vrai dire, tu te trouvas un peu agacé, les sourcils froncés contre ton crâne, de ne pas pouvoir attribuer de petits surnoms à ce duo qui devrait être bien plus typique dans ces lieux.

« Bizarre, quand même… »

Tu secouas la tête, indécis ; il te restait quelques petites bricoles à faire dans les parages, mais tu avais également envie d’une pinte… ah ! Non, il fallait que tu leur trouves un petit surnom. Mais pour cela, peut-être devrais-tu les suivre ? Heureusement que ton corps réagissait parfois bien avant ton esprit ; sans le percevoir, voilà que tu contournais la ruelle qu’ils avaient empruntés pour espérer leur retomber dessus un peu plus tard ; bien sûr, sans te voir. Tu parvins à recapter des brins de voix qui ressemblaient au moins à celle de celui qui t’avait interpelé : l’imbécile mal léché qui devait être absolument ravit de fréquenter la basse ville, d’ailleurs.

Les murmures de Rikni te firent réapparaître non loin du duo, dans leur dos ; le trentenaire qui n’avait quasiment rien dit jeta un coup d’œil dans ta direction, te forçant au passage dans les ombres moins claires jusqu’à être complètement dissimulé ; habitué aux assassins, paranoïaque ou possédant un sixième sens ? Chaque possibilité te fit sourire au même degré. Le hurlement phonique te fit redresser la tête et plisser les yeux ;

« Oh, je connais cette technique et cette intonation… »

Tu te passas une main dans les cheveux pour les plaquer un peu plus à ton crâne ; la surprise te fit hausser un sourcil alors que le trentenaire, trop innocent pour son propre bien, se précipitait vers un possible piège dans lequel tu aurais envoyé deux dagues par prévention. Mais non, il filait ; curieux, tu te redressas jusqu’à soutenir le mur de ta longueur ; évidemment que c’était un piège ! Tu soufflas du nez en secouant la tête ; et en plus, ils étaient particulièrement gauches. Ah ! Un retournement de situation improbable ; l’un des miliciens voulait la mort de l’autre.

« Oh Mère des guerriers, pardonne-moi car nous avons autre chose à faire, mais je sais aussi que tu adores les situations défavorables… »

Tu ne sortis pas complètement des ombres, mais juste assez pour te rendre visible par le fuyard. Oh, ce dernier serait parfaitement légitime de se croire foutu et terminé quand tu glissas une main habile sous ta cape.

« Allez, on se baisse ~ » chantonnas-tu à sa direction.

Avant d’envoyer l’une de tes dagues droites dans la direction de l’un de ses assaillants. Tu ne visas pas les deux plus costauds dont le milicien, mais plutôt la gamine qui jouait les victimes alors que son corps était clairement le plus agile. Surement une voleuse ou un assassin en devenir, mais qui manquait de rapidité ; en comprenant que le geste arrivait dans sa direction, la pauvrette n’eut le temps que de sauter en arrière ce qui eut pour effet de laisser la dague se planter dans sa poitrine. Trop surprise pour hurler, elle tomba à la renverse dans une légère gerbe carmin, quoiqu’en partie couverte par la saleté ambiante.






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MessageSujet: Re: Laver son nom, mais dans le sang.   Laver son nom, mais dans le sang. EmptyMar 30 Aoû 2022 - 22:36
Je courrai, battant un pavé crasseux et parfois glissant, slalomant entre deux silhouettes ébétées par ici, me dérobant à une bifurcation dans la pénombre par là, jusqu’à disparaître pour ensuite refaire surface dans une ruelle parallèle et tout aussi mal fâmée. J’entendais la course de mes agresseurs à mes talons. Me retourner pour observer la distance que je mettais entre eux et moi signerait mon arrêt de mort.

L’espace d’une seconde, alors que je sentis mon cœur se consumer par l’excès d’effort, je réfléchis : était-ce ce quotidien auquel j’étais voué ? Craindre qu’un collègue ou qu’un comité de malfrats veuille me supprimer ? Étaient-ils de connivence avec celui qui avait mis à mort ma bien aimée ?

Pas le temps de réfléchir. Je courrai au sommet de mes capacités, quand j’aperçus cette nouvelle silhouette bien sapée ; ces cheveux mi-longs platine et ces prunelles d’argent, luisantes dans ces ténèbrès d’horreur. Ils n’étaient donc pas quatre, mais cinq. Avant qu’Anür ne décidât de mon sort et que je m’y résignasse, je sentis mon cœur arrêter de battre, l’espace d’un instant. Le souffle coupé, j’eus l’impression que le temps s’était figé, net. Était-ce à cela que ressemblait la mort ? J’avais été fait comme un rat, moi, le sergent qui naguère avait fait ses preuves pour sauver le Labret d’un funeste futur. Étais-je si… Stupide…?

« Allez, on se baisse. »

Il n’y avait pas neuf cent quatre-vingt dix-neuf mille neuf-cent quatre-vingt dix neuf manières de comprendre le message. Instinctivement, je laissai mes jambes se dérober, glissant contre le sol rocheux et froid. Ma maille frotta contre la pierre sale, tandis que je sentis fuser un projectile létale au-dessus de ma tignasse grasse et poisseuse. Derrière, un cri de surprise précéda le bruit de la chair qui se déchirer. S’en suivirent d’autres hurlement, d’incompréhension comme de rage. Je dardai un regard interdit sur l’inconnu au geste salvateur. Il n’était donc pas mon bourreau.

Sous l’empire d’une rage destructrice, j’avais bondi pour me remettre sur pied, ma main moite lâchant presque son ensis, et je chargeai en direction du trio. Les deux hommes avaient lâchement pris la fuite, laissant leur comparse agonisant sur le sol. Je fus surpris de voir qu’elle respirait encore ; le cœur n’avait pas été atteint. Je sentis la peur me glacer à le dos à l’idée que j’avais été sauvé par quelqu’un qui savait y faire et qui pourrait certainement me tuer s’il en avait le plaisir.

Je savais à quoi m’en tenir. Mais pour l’heure, il me fallait connaître le pourquoi du comment.

Sans un mot, le regard empli de colère, je la saisis par le col sans ménagement.

« Arrêtez, je vous en supplie…! maugréa-t-elle en toussant du sang. j’ai reçu des ordres, ça… n’était pas personnel ! »

Je n’avais même pas besoin de parler qu’elle se mit instantanément à table. Elle devait déjà bien craindre pour sa vie. Je savais très exactement pourquoi elle avait fait ça. Mon camarade de ronde devait être dans le coup. J’étais une cible privilégiée désormais, mais il me fallait en déterminer le motif.

Je regardai autour de moi. À dire vrai, j’étais davantage préoccupé à l’idée de voir Ergebelle débouler. En compagnie d’un individu pareil qui savait y faire avec les armes, ça me semblait dangereux. Il me fallait me débarrasser de lui à la loyale si ne je voulais pas m’affubler d’une énième condamnation en sursis.

L’idée de m’allier à ce qui ressemblait à un chantre du banditisme ne m’enchantait guère plus, mais il était présentement ma seule option sur l’instant. Et puis je lui devais bien la vie.

Je relevais la femme encore empalée, non sans rudesse.

« Vous connaissez bien les lieux ? On… Ne peut pas rester là. »

Je plantai un regard incertain dans celui de cet homme. J’en déglutis. Il avait de la prestance, même dans les situations extrêmes. C’est dire si tu l’aurais préféré à moi, ma belle…
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MessageSujet: Re: Laver son nom, mais dans le sang.   Laver son nom, mais dans le sang. EmptyLun 5 Sep 2022 - 17:27
Le combat mourut comme un bambin après un accouchement difficile où le cordon lui serait resté autour du cou. A peine ta dague pénétrait-elle la chaire de l’accablée que ces compagnons de fortune prenaient leurs jambes à leur cou. Tu haussas un sourcil, presque prêt à dégainer une autre petite lame pour blesser l’un des fuyards ; tu leur connaissais une réserve presque démente à aller chercher des camarades pour reprendre le dessus au moindre contrevenant.

Ou alors, ils n’appartenaient pas à un groupe d’assassins reconnus, simplement à de petits bandits, qui savaient très bien qu’ils jouaient sur le terrain de plus grands qu’eux. Cette idée était… appétissante pour ton égo, bien sûr. Bien que ls Templiers avaient disparus depuis maintenant quelques années, et que les Purificateurs avaient beaux être répandus, ils ne maintenaient pas toujours un climat de terreur chez les petites gens, peut-être que la simple possibilité de croiser un ancien Templier faisait encore frémir les moins courageux. Tu réfléchissais à toi-même poursuivre les malfrats quand ton sauvé se mit en tête d’aller questionner la jeune femme blessée. Tu t’approchas tout naturellement, curieux de voir que la dague se trouvait certes dans sa poitrine, à un endroit qui devait lui maintenir une douleur insoutenable, mais ni sa gorge, ni l’un de ses poumons ne semblait avoir été touché.

« Oh, on dirait que les Trois t’ont été favorable cette nuit, ma chère ! »

Tu restais narquois et en même temps, tu te savais hors de danger pour ce que ce pauvre milicien sans ambition pouvait bien aller chercher. Tu te redressas en même temps que le joli trentenaire te demandait une faveur de plus ; souriant, tu ne te voyais pas lui tourner le dos maintenant que tu l’avais sauvé. Enfin, tu pourrais le faire, puisque tu étais un homme occupé, mais il était aussi très agréable de sentir quelqu’un de si différent requérir son aide.

« Je connais bien certains lieux, » nuanças-tu, « on devrait pouvoir trouver de quoi être tranquille. Suis-moi. »

Plusieurs adresses te vinrent en tête ; certains de tes collègues, pour commencer, tes sous-fifres, ou tout simplement des personnes qui te devaient quelque chose. Ils étaient relativement nombreux, dans ce coin là de Marbrume, puisque les Templiers que tu menais à l’époque s’étaient arrangés pour pouvoir offrir leur protection comme un prix à la vengeance de certains comme de certaines qui, pour des raisons qui semblaient se multiplier avec le temps, ne pouvaient plus respirer le même air que d’autres personnes. Tu guettas les potentiels bruits de pas qui convergeraient vers vous, mais vous ne marchâtes que quelques minutes avant d’arriver dans une petite ruelle. Arrivé à une porte derrière une montagne de poubelle mal odorantes, tu frappas trois coups. Quelques secondes filèrent avant qu’une vieille femme aux dents disparues n’ouvre ; son œil encore valide était aussi vif que son dos courbé. Quand elle te reconnut, elle fronça les sourcils tout en souriant, ce qui rendit difficile le fait de savoir si elle était heureuse ou fâchée de te voir. Tu connaissais évidemment la réponse, avec ton sourire malicieux et tes mains croisées pieusement dans ton dos, mais tu laissas le soin au milicien et à la criminelle de se faire une idée.

« Bonsoir Odette, aurais-tu un peu de place pour nous, ce soir ? »

La vieille émit un soufflement entre le rire et le grognement.

« Pff ! C’qu’il s’foutrait po d’moi, l’aut’ ! Allez, ent’, j’vais vous faire d’la soup’. »

La vieille aux breloques s’enfonça dans sa bicoque, laissant à votre rencontre la découverte de l’endroit. Au milieu de coussins, de petits objets, de cartes de tarots ou encore de peluches déchirées pendues au plafond, quelques bougies éclairées faiblement l’endroit qui apparut comme plus grand que prévu. Il vous fallut passer au travers d’un véritable labyrinthe d’étoffes qui sentaient le moisies, de meubles parfois déchiquetés pour en faire des étagères. Tu te faufilas à la suite de la vieille Odette jusqu’à atteindre une nouvelle porte qui menait sur un escalier descendant.

« Merci Odette, on va rester entre nous pour l’instant. »

La vieille hocha la tête avant de disparaître derrière les étoffes. Tu continuas ta route et vous descendîtes dans un petit cellier à l’abris de l’humidité, au milieu d’une quantité indécente de tonneaux d’alcools qui n’avaient probablement rien de règlementaires ; mais certainement que ton ami milicien trouverait comment fermer les yeux sur un si menu problème.

« Nous sommes arrivés ! » dis-tu en désignant la table ronde et les quelques chaises qui pourraient vous aider.





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