Marbrume


Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

Partagez

 

 Le soutien des corps et des âmes

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Margaux de Piana
Margaux de Piana



Le soutien des corps et des âmes Empty
MessageSujet: Le soutien des corps et des âmes   Le soutien des corps et des âmes EmptyLun 3 Oct 2022 - 21:44


11 juillet 1166

Margaux de Piana s’habituait lentement à sa nouvelle vie. Mais si elle avait pris ses marques, et trouvait cette vie moins difficile qu’à la taverne - ce qu’il n’était pas très difficile - elle n’est pouvait oublier le plus important.

Le serment qu’elle avait fait à son petit frère. Sa promesse de le protéger envers et contre tout, qu’en restait-il ? Comment vivre avec des bandits, fût-ils presque humains, presque gentils avec elle, au risque de finir pendue ?

Malgré tout, par reconnaissance envers leur hospitalité, comme salaire pour ces vêtements chauds et sa pitance, l’enfant s’était acquittée du devoir qu’on lui avait imposé. Ainsi, elle avait falsifiés des comptes, classés des dettes, avait finalement été envoyée, accompagnée d’un gros bras de la Guilde, menacer les mauvais payeurs. C'était principalement un spectacle où l'adulte la trimballait en exemple, parlait de son père qui devait beaucoup d'argent, et avait dû la vendre comme prostituée. Puis il coupait un doigt au hasard à la main du malheureux fautif, malmenait les filles dont il profitait de l'occasion pour déchirer le corsage de leur robe ; avant de l'autoriser à se promener dans le quartier, non sans l'avoir assuré qu'il irait la chercher par la peau du dos pour la dépecer vivante si elle parlait de l'entrée de la Guilde.

Et ce fut un de ces jours où elle se promenait, épuisée, dans les rues du Goulot qu'elle en eut assez.

A chaque pas, le bois de ses béquilles de fortune et un peu trop grandes résonnaient sur les pavés. Et bien que sa robe fut d'une qualité correcte, qu'elle n'avait plus à servir des malotrus qui la battaient, l'enfant savait que sa situation était instable, et qu'elle risquait la potence, peut-être plus encore aujourd'hui qu'hier. Elle ne se sentait plus la force de chercher son frère en vain, faisait des cauchemars en songeant à la Bête, là-bas, dans les égouts.

Toute à ses réflexions, elle ne vit pas la jeune femme qui marchait dans sa direction. La petite tête heurta la première le corps de l'inconnue, avant qu'elle ne tombe à la renverse, fesses plongeant dans une mare de boue. La surprise lui coupa le souffle un instant. Puis elle vit un de ses appuis de boite réduit en morceau par un cheval qui passait par là, et dont le maitre semblait n'avoir rien remarqué de la scène.
Les larmes noyèrent ses yeux clairs, et elle s'empara du bâton devenu inutile avec hésitation, le souffle court.

- "Ma béquille..."

La petite releva son regard sur la femme qu'elle avait heurté, avant de se redresser maladroitement. La douleur à son genou était insupportable, et elle le pressa de sa petite main.

- "...Vous avez cassé ma béquille !"
Revenir en haut Aller en bas
VioletteFille d'Anür
Violette



Le soutien des corps et des âmes Empty
MessageSujet: Re: Le soutien des corps et des âmes   Le soutien des corps et des âmes EmptyLun 24 Oct 2022 - 22:42



Le soutien du corps et de l’âme



Le Goulot, Marbrume | 11 Juillet 1166.

C’était une de ses journées où Violette se retrouvait d’une humeur bien trop mélancolique pour avoir ne serait-ce qu’une seule petite once d’envie de travailler. Enfin, de travailler plus que ce qu’elle n’avait déjà fait ce matin. Remplacer sa mère en tant que couturière auprès d’Augustin de Montereau, nouveau bourgeois qui avait fait fortune au sein de Marbrume quelques années auparavant, n’était pas vraiment de tout repos. Pas que son employeur était maltraitant ou mauvais payeur, loin de là - et elle en savait quelque chose - mais son exubérance constante et son énergie inépuisable, surtout en matière de palabre, pouvaient rapidement s’avérer épuisant pour qui n’avait pas l’habitude ou, en ce qui concernait la jeune femme, ne le supportait plus. Et puis, qui lui en voudrait de ne pas retourner à ses basses besognes ? Elle n’avait plus qu’elle-même à loger et nourrir désormais, sa jeune soeur Moufette s’en sortait très bien toute seule et quand bien même, il y avait toujours leurs oncles et leur tante pour subvenir à ses besoins si elle le demandait.

Toute à sa morosité, la prostituée prit un chemin que ses pieds menus chaussés de ses bottines de cuir brun connaissaient par coeur alors que son charmant minois orné de ténébreuses boucles folles striées d’argent dissimulait derrière un triste air songeur mille-et-une pensées aussi sombres que nombreuses, caracolant toutes en une assourdissante cacophonie dans son esprit embrumé. Ses pieds la ramenaient chez elle. Ou plutôt, là où aurait dû se trouver sa maison. Un lieu auquel elle ne pouvait plus accéder depuis l’érection d’un mur d’enceinte protecteur, assurant de conserver les immondes bêtes au cœur de ce qui était désormais appelé Le Chaudron.

Un profond soupir gonfla sa poitrine, un frisson la saisissant, cascadant le long de son échine telle une goutte d’eau glacée, lui faisant resserrer les pans lâches de son châle miteux à la teinte prune terne et affadie par le temps passé ; baissant la tête afin de dissimuler la détresse dont elle n’arrivait pas à se débarrasser, se cachant savamment derrière l’épais buisson sauvage de sa chevelure.

C’est sur la route du retour qu’elle le sentit. Le coup qui lui coupa le souffle pendant un court instant. Qui lui fit écarquiller les yeux et relever la tête après un mouvement de recul. C’est avec un air un brin hagard qu’elle posa ses pupilles malachites sur la fillette prostrée au sol qui tentait maladroitement de se relever puis sur la béquille en miette, piétinée par un cheval dont le cavalier ne semblait prêter aucunement attention à ce qui se passait autour de lui ; ses oreilles captant vaguement les geignements horrifiés de la frêle silhouette aux boucles cuivrées.

Un battement de paupières bordées de ses longs et épais cils noirs. Suivi d’un deuxième. La prostituée posa ses iris smaragdins sur la petite fille en colère et paraissant souffrir le martyr au vu de sa posture, un de ses sourcils sombres se haussa et ses lèvres pleines s’ourlèrent, appliquant sur son visage une moue dédaigneuse.

« Je veux bien avoir une crinière aussi superbe que brillante mais tout de même. Je ne pense pas ressembler à un vulgaire canasson. » débita-t-elle tout en resserrant ses bras fins sous son orgueilleuse poitrine alors qu’un sourire amusé venait remplacer le mépris feint que ses lippes affichées une poignée de secondes auparavant. « Mais il est vrai qu’au vu de ta condition, tu sembles en avoir bien besoin. » enchaîna la sauvageonne, détaillant sans gêne ni scrupule la petite poupée face à elle. Violette se pencha finalement légèrement en avant, amenant son petit minois fripon au niveau de la frimousse tachetée de son. « Que puis-je faire pour être pardonnée petite demoiselle ? »

Revenir en haut Aller en bas
 
Le soutien des corps et des âmes
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Bas-Quartiers :: Le Goulot-
Sauter vers: