Marbrume


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 Abondance de bien ne nuit pas

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MessageSujet: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyJeu 6 Avr 2023 - 12:03
Marbrume, le Port
11 Mars 1167 en milieu de matinée



La brume avait eu du mal à se lever en ce matin de Mars. L’humidité était omniprésente dans le port de Marbrume, alors que les bateaux de pêche revenaient déjà à quai pour certains, pleins de ce qui allait nourrir la cité pour la journée. Tout autant qu’ils étaient plein de ce qui allait augmenter la richesse de deux nouveaux associés. Théodora Priost et Pépin de Santenoque devaient d’ailleurs se rencontrer ce matin pour faire un premier bilan de leur entreprise commune, dédiée à la livraison de poisson frais auprès des habitants du haut Bourg-Levant et de l’Esplanade.

Sa cape fourrée sur les épaules, Dame Priost déambulait dans ce quartier qu’elle n’aimait pas particulièrement. Il rassemblait beaucoup de choses qu’elle abhorrait : la saleté, la puanteur, la pauvreté suintant de chaque pierre et de chaque âme vivant ici. Malgré tout, une personne de sa qualité ne pouvait absolument pas laisser paraître cette horreur que lui inspirait l’endroit. Son rôle était publiquement d’être inspirante en toute occasion. C’est pourquoi, elle traversait la foule, d’un pas tranquille, offrant un sourire aimable et discret à ceux qui rencontraient son regard d’émeraude. Comme à son habitude, son fidèle Gontrand la suivait, un pas en retrait, et s’assurait avec sa trogne peu avenante, que personne ne s’approchait de trop près.

Le duo se présenta bientôt aux pêcheries du Comte de Santenoque. Bien qu’un dîner intime aurait été bien plus adapté pour s’assurer de la conception d’un héritier Santenoque, il fallait consolider en premier lieu leur affaire officielle. C’est ainsi que la bourgeoise avait indiqué à son correspondant le plus important, son intention de le rencontrer là où leurs intérêts se croisaient. Bien que cette appellation pouvait amener à d’autres suppositions, la mention de poissons était suffisamment claire pour qu’il n’y ait pas d’amalgames.

« Bonjour. Théodora Priost. Je suis attendue par son Excellence, le Comte de Santenoque. »


C’est ainsi qu’elle se présenta au premier employé venu qu’elle trouva dans le bâtiment dédié. Il s’agissait de l’une de ces fameuses lames au service exclusif de son futur époux. Et, en attendant qu’il aille porter la nouvelle, la forgeronne ne put s’empêcher de détailler la tenue, et surtout l’arme, de son camarade resté en faction. Le blanc saillait à ces hommes qui avaient tout pour impressionner quiconque venait pour faire du grabuge. Pour autant, un connaisseur averti voyait que leur arme était relativement faillible. Certes, au premier regard, cela était sans nul doute un élément fort solide, qui apportait la mort avec grande facilité. L’oeil expert de la forgeronne savait que des améliorations pouvaient être apportées de ce côté-là, et elle les proposerait ultérieurement au Dauphin. Quand sa position serait légitimée.

Si le regard fixe de l’invitée de son patron le gêna, le garde n’en dit rien. Un homme bien entraîné, et surtout, dont les consignes devaient impliquer de ne pas contrarier, dans la mesure du possible, un potentiel riche client. Puis enfin, Théodora détourna le regard pour faire le tour des lieux, attendant patiemment qu’elle puisse être reçue.


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Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyVen 7 Avr 2023 - 21:12
Comment avez-vous dit qu'il se nommait ?
Il a dit se plénommer Paul.
Un boulanger ?
En effet, Maîtle.
Qu'est-ce qui j'irai foutre d'une boulangerie ?
Je clois qu'il est plêt à payer le sulplus poul s'assuler de la plotection des Cachalots et plobablement qu'il poullait êtle intélessé pal les livlaisons dans les hauts-qualtiers.

Bakshish marchait lentement dans le bureau en inspectant d'un oeil attentif un vélin griffonné d'une écriture arrondie.

Par les Trois ! Si même les petites gens commençent à avoir le sens du commerce, nous voilà dans de beaux draps. Rassurez-moi, ce n'est pas lui qui a écrit ?
Non, Maîtle. Je leconnais la plume d'un des clelcs du Temple. Flèle Léopold ou Léonald, quelque chose comme ça.
Anür soit loué !

Pépin souffla en secouant la tête, soulagé. Sur son giron, Pépette était roulé en boule et se faisait caresser la nuque en luttant pour ne pas sombrer dans un sommeil profond. Ses petits yeux noirs se fermaient de plus en plus longtemps et elle ne tarderait pas à s'effondrer complètement sur la bedaine confortable de son maître. On frappa à la porte sur ses entrefaits et le Comte invita le visiteur à entrer. Un Cachalot entra en otant sa toque molle qu'il roula entre ses mains épaisses.

Pardonnez-moi d'vous déranger M'sieur l'Comte ... Euh ...

Il tenta de faire une révérence. On aurait dit un enfant qui venait de se souvenir des règles de bienséance et de l'étiquette. Ici, l'enfant pesait presque cent kilos, avait du poil sur les joues et sentait un peu trop la vinasse pour être être vraiment mignon comme un jeune enfant étourdi. Pépin voulut mettre un terme à la mascarade en agitant la main.

Oui, bon, peu importe. Qu'est-ce que c'est ?

L'homme se redressa en grimaçant un sourire avant d'annoncer.

Y a une Dame qui veut vous voir ! J'ai pas retenu son nom ... Mes excuses M'sieur l'Comte !

Le Dauphin jaugea le brave homme d'un oeil circonspect. Brave. Voilà un qualificatif qui lui seyait bien. Brave ! Comme un âne ou un mouton ... Suffisament utile pour ne pas lui en vouloir, suffisamment idiot pour ne rien attendre de lui. Pépin pinça ses lèvres avant de passer à l'interrogatoire.

Brune ?
Oui, M'sieur l'Comte.
Yeux verts ?
Oui, M'sieur l'Comte.
Bien vêtue ?
Euh ...
Pas comme les trois-quarts des femmes du Port ?
Ah ... Non ça non.
Priost ? Théodora Priost ?
Oui voilà, c'est l'nom qu'elle a dit !
Eh bien, faites-la monter !

Le bonhomme hocha la tête avant de disparaître et de faire résonner les quelques marches qui menaient au rez-de-chaussée. Pépin saisit la petite chienne sous le ventre et la déposa sur le coussin qui trônait à côté de lui. Bakshish gagna une chaise sur le côté du bureau avant de s'emparer d'un nouveau feuillet qu'il examina avec la même assiduité que le précédent. Les bruits de pas-plus nombreux cette fois- résonnèrent à nouveau et après une nouvelle salve de coups contre la porte, le comte invita à entrer avant de se lever pour écarter les bras en souriant.

Madame, quel plaisir de vous accueillir ! Comment allez-vous ?
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyLun 10 Avr 2023 - 13:13
Lorsque le garde revint, penaud, chercher Théodora, celle-ci lui lança un sourire bienveillant. Le Comte pouvait être expéditif, et vu son gabarit c’était assez impressionnant, même pour un homme adulte aux proportions du Cachalot.

« Veuillez m’suivre Madame »

La bourgeoise se retourna vers son garde du corps et tendit les mains. Celui-ci avait parfaitement compris ce qu’elle attendait, aussi ne mit-il pas de temps pour sortir un grand livre de sa besace et de le tendre à sa patronne. Celle-ci le remercia d’un très discret signe de tête avant de s’approcher du garde.

« Mes remerciements, je vous suis. »

Lui aussi fut gratifié d’un hochement de tête délicat mais aussi d’un gracieux sourire. Puisqu’il y avait des chances qu’elle le côtoie d’avantage dans le futur, il était de bon ton qu’elle lui laisse une impression durable. Ce qu’il en pensa, elle ne put le déterminer vu le zèle qu’il mettait à la mener rapidement auprès du Comte.

Bien vite, ils furent dans le bureau de son futur époux. En tous cas, tel était toujours son projet alors qu’elle fit une révérence la plus impeccable possible devant le Dauphin. Avec une main occupée, il était plus difficile de respecter toutes les convenances. Pour autant, Théodora gageait que le Comte ne lui tiendrait pas rigueur de ce léger manquement.

« Votre Excellence. C’est un plaisir partagé. »

Afin de libérer l’entrée de l’office, la négociante fit quelques pas en avant. C’est là qu’elle aperçu la présence de l’étrange intendant au service de la famille Santenoque. Sa peau basanée et son accoutrement étranger détonnaient toujours dans leur décor Marbrumien. Malgré tout, la bourgeoise savait reconnaître une certaine intelligence en cet homme, qui gommait certains défauts qu’un Morguestanais basique aurait pu lui trouver.

« Messire Bakshish. »

Un hochement de tête vint là aussi saluer l’employé. La présence de l’employé empêchait le Comte et la bourgeoise des gestes trop intimes, mais après tout, Théodora était ici pour les affaires. D’ailleurs elle annonça la raison de sa visite.

« Comme promis, je suis venu vous rapporter les premiers chiffres de notre affaire commune. Et je dois dire qu’ils sont plutôt encourageants. »

A ces mots, elle tapota l’ouvrage qu’elle tenait contre elle avec ses mains gantées. Puis Théodora fixa celui qui lui avait proposé de bientôt partager son quotidien. Bien qu’il soit moins élégant que lors de leur dîner, il n’en restait pas moins digne de son rang. Ne serait-ce que pas sa présence, encore plus impressionnante à la lumière du jour qu’à celle des chandelles.


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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyMar 11 Avr 2023 - 15:48
Théodora pénétra dans la petite pièce à la suite du Cachalot, toujours mal à l'aise dans le rôle du valet. Il était de ceux qui étaient plus à l'aise dans les interactions avec les petites gens qui grouillaient autour des quais qu'avec des gens biens éduqués, même s'il essayait de faire bonne figure. Il laissa passer la bourgeoise qui salua son hôte avant de se tourner vers l'intendant enturbanné pour lui adresser un gracile signe de tête poli. Il se leva pour placer la main sur le coeur avant de s'incliner respectueusement.

Un plaisil de vous levoir, Dame Pliost.

Bakshish se rassit tandis que la toute nouvelle associée du Comte levait devant elle un livre à la couverture légèrement craquelée.

Comme promis, je suis venu vous rapporter les premiers chiffres de notre affaire commune. Et je dois dire qu’ils sont plutôt encourageants.

Pépin invita la brune aux yeux émeraudes d'un geste de la main à prendre place dans un des fauteuils qui trônaient au centre d'un tapis rond et la rejoignit en souriant. Il s'écria, un large sourire plissant ses bas-joues.

J'ai cru le comprendre en effet ! Il y a même de nouveaux commerçants qui seraient prêts à profiter de notre service pour proposer plus de denrées en livraison. Permettez-vous que je jette un oeil ?

Il désigna le livre du bout de son index épais et s'en saisit lorsqu'elle lui tendit. Il le feuilleta rapidement pour trouver la page qui le concernait puis lu les quelques noms et le montant payé, ainsi que le contenus des livraisons. Il hocha la tête avec appréciation.

Bien ! Quelques noms connus sur l'Esplanade qui ont reçus leurs premières livraisons à ce que je vois. Je ne doute pas que les égos de leurs voisins sauront trouver notre office sous peu pour bénéficier à leur tour de ce service de luxe. Je profiterais de quelques rencontres "fortuites" avec mes pairs pour en proposer à ceux qui n'en auraient pas encore entendus parler.

Le Dauphin referma le livre et le rendit à sa propriétaire en ajoutant avec un regard complice.

Nul doute que vous saurez faire de même auprès des familles de Bourg-Levant à la bourse bien garnie.

Il émit un petit gloussement satisfait avant de croiser les mains sur son ventre impressionnant.

Un début des plus satisfaisant ! Mais avant de pousser plus avant nos affaires. Comment se porte votre famille ?

Les sourcils légèrement froncés, il ne doutait pas qu'elle comprendrait de quel membre gênant de la famille il était question.
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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptySam 15 Avr 2023 - 11:42
Sans se faire plus prier, Dame Priost s’avança vers le fauteuil qui lui fut désigné. Passant la main sous sa jupe, son séant vint trouver l’assise aussi gracieusement que possible. Il aurait été de mauvais goût de s’affaler comme l’une de ces mégères incapable d’un peu de tenue. Après tout, et même si elle avait toujours fait attention à elle, Théodora se devait d’être d’autant plus attentive, désormais que le titre était à portée. Elle tendit son livre de comptes dédié à son associé et le laissa feuilleter les premiers chiffres qui en ressortaient.

« Bien entendu, feuilletez-le à loisir. Bien que je tienne à le reprendre pour qu’il puisse se remplir de plus en plus. »

Un léger rire ponctua cette affirmation, avant de laisser place à un certain sérieux pour la suite. La bourgeoise acquiesça lorsque le Comte évoqua les voisins de bonne constitution à qui il pourrait parler de leurs affaires.

« Nous réunissions parfois entre voisins et partenaires en effet. Une ou deux boissons délicates, quelques mets raffinés, et surtout quelques informations échangées sur les bonnes affaires. Cela fait d’ailleurs quelque temps que nous ne nous sommes pas retrouvés, je vais m’atteler à ce qu’un petit quelque chose sous prévu peu. »

Oui, il était temps que les commerçants se réveillent de leur hibernation. Si certains avaient émis l’hypothèse de reconquérir le Morguestanc et de s’en approprier les richesses, le mauvais temps hivernal, propice aux fangeux, avaient endormis leurs rêves de grandeur.

« Non seulement devons-nous lancer notre commerce commun en ville, mais j’ai aussi quelques intérêts au Labret qu’il me faut faire fructuer. Plus nous serons nombreux à emprunter ces routes, plus notre Roi sera attentif à sécuriser le chemin. »

Même si les pertes étaient désormais chose acceptable et calculée, on ne pouvait en vouloir à la commerçante de s’imaginer un monde où la route principale ne serait plus soumise à autant de frayeur pour les convoyés et les propriétaires des marchandises. Malgré tout, il semblait que ce n’était étonnement pas ce genre d’affaire qui préoccupait le plus son hôte. Sa famille était visiblement un sujet presque aussi important que le jeu de pouvoir auxquels ils aimaient tous deux s’adonner. Même si en réalité, cette demande à l’apparence anodine cachait elle aussi une intention bien moins polie qu’elle ne le laissait croire.

Les lèvres carmin de Théodora se plissèrent avec une certaine indulgence, comme si c’était un enfant impatient qu’elle avait face à elle. Pour autant, la femme d’affaires ne s’y trompait pas. Le Comte était un homme puissant, au caractère vif et dont la colère pouvait prendre des formes qu’elle ne souhaitait pas vraiment explorer pour le moment. Malgré tout, l’homme était suffisamment intelligent pour ne pas prendre trop facilement la mouche. Parfois même, ses réactions l’avaient surprise. Et il y eut quelques moments où ils avaient parfaitement en accord. Des moments que les bonnes mœurs auraient censurées et qu’il n’était pas possible de réitérer en cet instant. Rien n’empêchait par contre de faire appel à l’imagination du Dauphin pour lui remémorer ces quelques instants de connexion.

Une étincelle joueuse apparut dans les émeraudes de Dame Priost.

« Ma famille se porte pour sa majorité à merveille. Mes garçons poursuivent de manière fort plaisante leurs enseignements. J’aimerais qu’il en soit de même pour ma fille, malheureusement il m’est difficile de canaliser une telle énergie. Plus d’un précepteur a été épuisé et je dois avouer qu’il est compliqué de trouver quelqu’un de compétant, même en leur offrant un bon salaire. »


Ce n’étaient là pas les principales informations que le Comte attendait. Les seuls enfants qui pouvaient l’intéresser seraient ceux qu’elle lui fournirait d’un mariage commun. Un obstacle restait pourtant encore au milieu de ce magnifique projet.

« Ce qui m’inquiète bien plus que cette histoire de précepteur, c’est l’état de mon époux. Voyez-vous, depuis quelques jours je lui trouve une petite forme. Il est très fatigué, et son teint change depuis un ou deux jours. Il refuse de le voir et continue ses activités. J’ai bien peur que si il continue ainsi, il se retrouve bien vite alité. »

C’était ceci qui intéressait son hôte, alors qu’elle même tournait et abaissait la tête pour avoir cet air soucieux que l’on attendait d’une épouse fidèle et inquiète.
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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyDim 16 Avr 2023 - 12:45
 Nous réunissions parfois entre voisins et partenaires en effet. Une ou deux boissons délicates, quelques mets raffinés, et surtout quelques informations échangées sur les bonnes affaires. Cela fait d’ailleurs quelque temps que nous ne nous sommes pas retrouvés, je vais m’atteler à ce qu’un petit quelque chose soit prévu sous peu. 

Pépin se contenta de hocher la tête en parcourant les quelques noms griffés sur le papier tandis que Theodora poursuivait.

Non seulement devons-nous lancer notre commerce commun en ville, mais j’ai aussi quelques intérêts au Labret qu’il me faut faire fructuer. Plus nous serons nombreux à emprunter ces routes, plus notre Roi sera attentif à sécuriser le chemin. 

Les yeux du Dauphin se désolidarisèrent du carnet pour se fixer sur sa compagne l'espace d'un instant. Ses lèvres s'ourlèrent doucement. Lui aussi avait des projets concernant la sécurité des routes mais il rebondirait sur ce sujet un peu plus tard. Il était d'abord l'heure de la comédie. Il s'enquit de la santé de la famille Priost et la réponse qu'il reçut suivait le même jeu de faux-semblant que sa question.

Ma famille se porte pour sa majorité à merveille. Mes garçons poursuivent de manière fort plaisante leurs enseignements. J’aimerais qu’il en soit de même pour ma fille, malheureusement il m’est difficile de canaliser une telle énergie. Plus d’un précepteur a été épuisé et je dois avouer qu’il est compliqué de trouver quelqu’un de compétant, même en leur offrant un bon salaire. Ce qui m’inquiète bien plus que cette histoire de précepteur, c’est l’état de mon époux. Voyez-vous, depuis quelques jours je lui trouve une petite forme. Il est très fatigué, et son teint change depuis un ou deux jours. Il refuse de le voir et continue ses activités. J’ai bien peur que si il continue ainsi, il se retrouve bien vite alité.

La mine contrite qui apparut sur le visage de son interlocutrice était convaincante. Les murs étaient fins dans cet office, les personnes qui faisaient des allers et venues au rez-de-chaussée pouvaient, en tendant l'oreille, entendre des bribes de conversation à l'étage. Il était important que chacun joue son rôle. Il aurait été bien naIf de croire qu'aucune oreille indiscrète et avide de secret ne pouvait traîner dans les parages. Pépin secoua la tête en soupirant.

Je me réjouis de la bonne santé de vos enfants. Ils peuvent être motif de tant de joies et de contrariétés pour nous, parents.

Le Dauphin se pencha en avant, les mains sur les genoux, avant de poursuivre.

Je prierai pour le rétablissement rapide de votre époux. Je connais d'ailleurs quelques physiciens et médecins tout à fait capables à qui je pourrais glisser un mot si cela peut soulager et vos inquiétudes et le sieur Priost.

Le ton et la forme était convaincant, semblant emplis d'une sincérité absolue. Le fond était d'une hypocrisie sans limite, presque déconcertante pour quiconque aurait pu lire les pensées du ventru personnage. Que cet étron d'homme qu'était Charles Priost s'étouffât dans sa chiasse ou d'une maladie vénérienne galopante qui lui broierait les noyaux, il n'en avait cure. Tant qu'il laissait la place vacante, il serait utile. Il marqua une pause, offrant son regard à celui de la négociante, renouant muettement leur pacte scellé quelques jours plus tôt dans sa demeure. Il recentra alors l'échange, après tout ils étaient supposés parler affaires !

Vous évoquiez des intérêts au Labret. J'ignorais que votre famille avait des affaires hors des murs de la Cité. Est-ce lié à cette histoire de mine récemment acquise dont vous faisiez mention dans votre courrier ?
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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyLun 17 Avr 2023 - 16:34
Le Comte avait déjà évoqué que les enfants pouvaient être source de joie et de contrariété. Son aïné avait-il encore fait des siennes ? Nul doute que l’un de ses premiers devoir en tant que Comtesse serait de faire en sorte que cet enfant ne soit plus une source d’ennui chez celui qui était son futur époux.

« Votre Excellence, je ne saurais dire à quel point votre offre et votre sollicitude sont appréciés. Malheureusement Charles est un homme assez borné, je doute qu’il ne se laisse ausculter avant qu’il ne soit trop tard. Malgré toute ma volonté, certaines choses ne changent pas avec le temps. »

Autant dire qu’elle se ferait une joie de le laisser se rendre compte seul d’à quel point son état était inquiétant. L’homme était trop fier et trop stupide pour comprendre qu’il y avait matière à s’inquiéter. Il tenterait probablement de cacher ses failles autant qu’il le pourrait, comme il avait toujours cherché à le faire jusqu’ici. L’expression raffermie de Théodora ne laissait nul doute au Comte sur ses intentions. Elle ne ferait appel à aucun médecin à moins d’y être obligée.

Heureusement, le Dauphin mis fin à cette comédie où tous deux devaient faire croire en leur bonne charité. Des sujets bien plus intéressants pouvaient être évoqués, comme sa nouvelle acquisition.

« A l’origine, les Priost n’étaient pas seulement des négociants. Leur domaine d’expertise était l’extraction des mines. De là est venu le besoin de le convoyer et de le négocier. Bien avant la fange, quelques mauvaises affaires ont fait perdre aux aïeuls de mon époux leurs concessions de minage. Une opportunité de récupérer une des concessions s’est présentée et je n’ai pas pu la laisser filer, vous vous en doutez. Sachant ce que l’approvisionnement en métal représente pour des forgerons, il m’était impératif de ne pas laisser cette affaire à quiconque. »

Elle comptait d’ailleurs bien vérifier les dissonances qu’elle avait trouvé entre les comptes de Larrive et les produits qu’il écoulait.

« Une fois que nous aurons complètement reprit la main sur ce qu’il se passe là-bas, et étudié toutes les possibilités que compte l’endroit, je proposerais à mes voisins de nous concerter pour que nos investissements au Labret ne soient pas perdus aux mains de la fange ou de ces bandits de bannis. Si nous sommes suffisamment à faire entendre nos voix, et surtout à montrer à la Couronne qu’il est de son intérêt de mieux sécuriser la route principale, les bénéfices qui en seront retirés ne seront que plus grands. »

Là, on pouvait le voir, le sourire sincère de Théodora Priost. Celui qui faisait écho à ses réussites. Car la bourgeoise était sûre de son fait. Même les voisins qui la décriaient savaient qu’il était de leur intérêt de coopérer dans cet histoire. Ils seraient bêtes de ne pas s’associer quand il en allait de leur pécule. Et ceux qui avaient fait fortune en ces temps difficiles étaient tout sauf stupides. Quelle joie de savoir déjà comment les choses allaient se passer, et surtout qu’elles ne pouvaient qu’aller dans son sens. Quelle délectation de gagner un nouveau terrain de jeu, qui lui permettrait d’accroître d’un cran son pouvoir et sa réputation.
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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyLun 17 Avr 2023 - 17:29
La pièce de théâtre se jouait à deux et Theodora ne se fit pas prier pour adopter le même ton faussement concerné en évoquant les déboires de son futur feu-époux.

Votre Excellence, je ne saurais dire à quel point votre offre et votre sollicitude sont appréciés. Malheureusement Charles est un homme assez borné, je doute qu’il ne se laisse ausculter avant qu’il ne soit trop tard. Malgré toute ma volonté, certaines choses ne changent pas avec le temps. 

Ils avaient tous deux parlés suffisament fort pour que quiconque eut voulu espionné la conversation puisse être témoin de leur chagrin de voir Charles Priost décliner. Il était alors l'heure de revenir au nerf de toutes chose. L'argent !

A l’origine, les Priost n’étaient pas seulement des négociants. Leur domaine d’expertise était l’extraction des mines. De là est venu le besoin de le convoyer et de le négocier. Bien avant la fange, quelques mauvaises affaires ont fait perdre aux aïeuls de mon époux leurs concessions de minage. Une opportunité de récupérer une des concessions s’est présentée et je n’ai pas pu la laisser filer, vous vous en doutez. Sachant ce que l’approvisionnement en métal représente pour des forgerons, il m’était impératif de ne pas laisser cette affaire à quiconque. Une fois que nous aurons complètement reprit la main sur ce qu’il se passe là-bas, et étudié toutes les possibilités que compte l’endroit, je proposerais à mes voisins de nous concerter pour que nos investissements au Labret ne soient pas perdus aux mains de la fange ou de ces bandits de bannis. Si nous sommes suffisamment à faire entendre nos voix, et surtout à montrer à la Couronne qu’il est de son intérêt de mieux sécuriser la route principale, les bénéfices qui en seront retirés ne seront que plus grands. 

Plus elle déroulait sa diatrybe, plus les lèvres charnues de la Priost se fendaient en un sourire aussi sincère que carnassier. Pépin connaissait bien ce sourire, il avait le même lorsque la promesse d'augmenter son patrimoine se faisait connaître. Il écouta religieusement ce qu'exposait son interlocutrice en joignant les mains sur son ventre fantastique. À la mention, une fois encore, de sécuriser les routes au frais de la Couronne, il ne put s'empêcher de lever l'index pour émettre une remarque.

Nous reviendrons sur cette mine mais si vous me permettez ... Pourquoi donc se reposer uniquement sur la Couronne ?

Dans le dos du Dauphin, Bakshish dissimula un léger sourire derrière un nouveau feuillet qu'il faisait mine de parcourir. Le Comte le savait très bien, et Théodora l'apprendrait sûement rapidement, l'intendant des Santenoque, même sous ses airs d'homme concentré à sa tâche, était de ceux qui laissait souvent traîner une oreille pour saisir quelques informations dans les conversations. De plus, c'était après un échange avec son obèse de maître qu'il avait suggéré l'idée que Pépin allait soumettre.

Nous ne pouvons, bien entendu, pas nous soustraire à l'autorité de notre bien-aimé souverain ...

Voilà une belle pirouette hypocrite réalisée par un professionnel. Sans jamais s'être montré rebelle ou comploteur vis-à-vis de la famille royale, Pépin n'en demeurait pas moins critique sur la capacité formidable de la famille régnante à s'enfermer entre ses murs à se regarder le nombril et se compter les poils pubiens. Il semblait même que l'attention du "Bon Roi" soit tourné vers les bleds lointains noyés dans la boue plutôt que sur la fière cité de Marbrume. Etait-ce une mauvais interprétation ? Seuls les Trois le savaient à ce stade. Il poursuivit.

Mais je pense qu'il faille prendre les devants et montrer un certain esprit d'initiative. Voyez sur le Port, j'ai préféré me reposer sur des hommes que j'emploie et qui assure la sécurité de mes biens plutôt que de me reposer sur la milice. Non pas que je ne fasse pas confiance à ces braves gens.

Bien sûr que c'était la vraie raison ...

Mais ils sont bien peu nombreux et ont bien plus important à gérer que de s'assurer que les filets de pêche soient livrés à temps et que la criée ne conduise pas à une émeute. Je pense qu'il pourrait être profitable ... PLUS profitable veux-je dire ... De réfléchir à un service d'escorte de convoi privé entre le Labret et Marbrume et, à terme, pouvant sécuriser moults routes. Cela aurait pu entendu un coût, mais pourrait aussi s'avérer être un service supplémentaire pour une clientèle toujours plus nombreuse. Une fois tout ceci mis en place, il sera plus aisé d'en faire part au Conseil Royal afin de les intérésser à un fonctionnement déjà rôdé et établi.

À son tour, le visage du Dauphin s'était égayé d'un sourire franc. Il surenchérit en plissant légèrement les yeux, un peu plus satisfait de lui.

Outre la perspective financière, je vous laisse imaginer la réputation populaire de celui qui ferait de l'axe tmaritime commerçant principal un lieu moins dangereux en facilitant les livraisons des légumes et céréales venant du Plateau.

Oui, cette proposition était une mine ! Et pas de celle dont parlait Théodora.
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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyLun 17 Avr 2023 - 19:58
Un débat sur les affaires ? La partie promettait d’être des plus intéressantes. Et dire que Théodora pensait innocemment que la rencontre se ferait uniquement autour de leur petite entreprise. La surprise était présente, mais fort plaisante. Pour une fois qu’elle pouvait converser sans vergogne d’affaires, elle n’allait pas se priver

« Le défi tel que vous le décrivez est intéressant. Seulement, la mise en place de ce service privé me semble aussi dangereux que les routes. Avec les pirates qui ont pris d’assaut Ventfroid, je n’ose imaginer ce que cette prise de terre peut leur apporter en terme de ressources et en puissance d’attaque. Pour ce qui est de la route, mes prévisions ne comptaient pas seulement des moyens humains. Sécuriser la route pourrait se faire bien plus durablement et avec moins de frais en investissant aussi dans des structures. »

La bourgeois considéra que la visite serait un peu plus longue que prévu et décida de dégrafer sa cape, sans quoi elle était bonne pour attraper la mort à sa sortie. Sous l’épaisse protection, son habit était un peu plus sage que ce qu’elle avait vêtu lors de sa visite au domaine Santenoque. Une robe d’un bleu profond, avec un corset un peu plus lâche, enveloppait la bourgeoise. Son décolleté n’était visible que partiellement, au travers de l’organza sombre. Les motifs qui y étaient brodés représentaient avec force de détails, des fleurs endémiques des marais. Fort belles mais oubliées à la Fange.

« Ces gens qui vivent en dehors des murs au Labret, ils ont trouvé des solutions pour pouvoir vivre en dehors des palissades. Je ne sais pas exactement en quoi cela consiste mais je suppose que cela doit pouvoir être adapté à des structures qui parsèmeraient la route et sur laquelle la milice se relaierait. Pourquoi payer un service qui nous est dû à nous, pourvoyeurs de biens essentiels à la vie ici ? »

La bourgeoise sourit. Elle apportait une solution qui profiterait à tous et de manière durable. Et elle était tout à fait conscient du pourquoi le Comte amenait sa propre idée. Théodora n’était pas faite du moule de ces stupides épouses qui servaient uniquement de décoration. Il était évident que son futur époux comptait faire fructifier ses investissements dans la cale sèche. Quoi de mieux que de transformer une partie de sa flotte en transporteur ? Bien entendu, cela serait aussi profitable à la bourgeoise. Lorsqu’ils seraient unis devant les Trois, cette réussite serait aussi la sienne. Elle ne pouvait toutefois pas laisser à quelqu’un d’autre le mérite de la sécurité terrestre.

« Peut-être nos deux forces peuvent-elles se joindre. Le commerce maritime et terrestre n’ont pas à s’opposer. Je possède les armes, l’expertise des marchandises à transporter, les gains et pertes qui y sont liées, ainsi qu’un réseau de marchands prêts à beaucoup pour sécuriser ce qui est sien. Vous avez les hommes, les navires et votre propre réseau. Si nous joignons intelligemment nos propres avantages, nous pouvons exiger à la couronne de quoi sécuriser les routes, aussi bien dans les marais que sur l’océan. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, je gage pourtant qu’une fois notre plan rodé, il ne pourra être qu’accueillis avec succès auprès de tous. »


Cela mettrait quelques semaines avant que les informations à recueillir ne le soient, et les prévisions financières effectuées. Cela ferait des raisons supplémentaires au Comte et sa future épouse de ce voir en toute légitimité.
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Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyMar 18 Avr 2023 - 14:46
La compagnie de Theodora était agréable car tous les deux parlaient la même langue, celle du profit. La regretté Berthe avait été une aimable compagnie, offrant bienveillance et amour à son époux, mais la pauvrette n'avait jamais rien compris au commerce et avait des centres d'intérêt frivoles aux yeux du Dauphin.

Le défi tel que vous le décrivez est intéressant. Seulement, la mise en place de ce service privé me semble aussi dangereux que les routes. Avec les pirates qui ont pris d’assaut Ventfroid, je n’ose imaginer ce que cette prise de terre peut leur apporter en terme de ressources et en puissance d’attaque. Pour ce qui est de la route, mes prévisions ne comptaient pas seulement des moyens humains. Sécuriser la route pourrait se faire bien plus durablement et avec moins de frais en investissant aussi dans des structures.

Présentant que la conversation pouvait durer, Theodora se débarassa de sa cape épaisse avant de poursuivre.

Ces gens qui vivent en dehors des murs au Labret, ils ont trouvé des solutions pour pouvoir vivre en dehors des palissades. Je ne sais pas exactement en quoi cela consiste mais je suppose que cela doit pouvoir être adapté à des structures qui parsèmeraient la route et sur laquelle la milice se relaierait. Pourquoi payer un service qui nous est dû à nous, pourvoyeurs de biens essentiels à la vie ici ? 

Pépin se gratta le double menton, pensif, pesant le pour et le contre des arguments de la bourgeoise. Elle surenchérissait, visiblement emballée par les perspectives d'un tel projet.

Peut-être nos deux forces peuvent-elles se joindre. Le commerce maritime et terrestre n’ont pas à s’opposer. Je possède les armes, l’expertise des marchandises à transporter, les gains et pertes qui y sont liées, ainsi qu’un réseau de marchands prêts à beaucoup pour sécuriser ce qui est sien. Vous avez les hommes, les navires et votre propre réseau. Si nous joignons intelligemment nos propres avantages, nous pouvons exiger à la couronne de quoi sécuriser les routes, aussi bien dans les marais que sur l’océan. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, je gage pourtant qu’une fois notre plan rodé, il ne pourra être qu’accueillis avec succès auprès de tous. 

Un petit gloussement s'échappa des bas-joues de Pépin avant qu'il ne se misse à hocher la tête en guise d'approbation. Il répondit avec un sourire jovial.

Bien entendu que cela prendrait du temps ! Des mois même ! Ce n'est qu'une possibilité future dans le cadre du renforcement de nos collaborations. Espérons que bientôt, il sera fait quelque chose pour ces gredins à Ventfroid. Il me semble plus facile de déloger ses brigands des mers que de purger les routes des Fangeux, sans parler de l'image faiblarde que cela donne d'un souverain de ne pas agir contre une verrue si proche de notre bonne cité.

Il accompagna sa dernière d'un geste qui indiquait qu'il chassait la puanteur qui accompagnait l'évocation des pirates. Pépin haussa les épaules. Il avait semé quelques graines poussant à la réflexion pour leur futur entrepenarial, offrant de nouveaux arguments, s'ils étaient nécessaire, à l'avantage de rester au plus proche de lui et de ses affaires. Les femmes avaient la réputation d'être d'humeur changeante, aussi semblait-il important de les rassurer constamment. Dans le cas de Theodora, s'il l'avait aussi bien cerné qu'il le pensait, attiser son ambition et son appétit pour l'or valait tous les mots réconfortants du monde.

C'est une piste à explorer, mais qui ne peut dépendre que de nos choix. Nous aurons tout le loisir d'en reparler en voyant comment les choses évoluent. Et si nous revenions à cette mine ? Vous souhaitiez obtenir mon modeste conseil sur quel sujet ? Son exploitation peut-être ?
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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyJeu 20 Avr 2023 - 8:45
Bien heureux étaient les audacieux. Et c’est ce qui viendrait un jour. Les alliances commerciales entre Santenoque et Priost avaient de nombreux débouchés, plus qu’ils ne l’avaient imaginés au début. Il fallait déjà réussir cette première affaire, bien entendu. Pour autant, ne pas penser à ce que le futur réservait aurait été une mauvaise idée. Si ils voulaient affermir leur pouvoir, les choses mettraient du temps et il était hors de question d’en perdre.

Théodora fut cependant quelque peu surprise de la position du Comte envers le Roi, et aussi ouvertement. Mieux valait calmer les ardeurs de l’homme avant que son corps ne finisse expédié à la fange, ou pire.

« Connaissez-vous la configuration de Ventfroid ? Il vous semble peut-être facile de déloger des gredins. Pour autant les murailles autour du Château existent et surtout, ils ont une supériorité maritime par rapport à ce qu’il reste au Roi. Je ne me permettrait pas de penser à sa place, mais il semble être plus tourné sur l’extension des terres humaines qui permettent de nourrir la cité. Pourquoi aller courir derrière des bandits qui ne font pas grand mal, hormis quelques pillage de bateaux qui s’aventurent trop près de leur nouvelle prise, pour reprendre une terre qui apporte peu en terme de survie pour la cité ? L’endroit est arable, il n’a pas beaucoup d’intérêt économique. Y perdre des hommes sans raison, ce ne serait pas un bon mouvement politique me semble t-il. N’imaginez pas que notre souverain ne puisse pas être un homme de grandeur et de terreur lorsqu’il le souhaite. Les De Sarrosse ont pu en témoigner. »


Un avertissement sans appel pour les opposants du Roi. Théodora était suffisamment consciente des enjeux pour ne pas s’opposer de front à un homme doté d’un caractère aussi incertain et ayant un tel pouvoir. Il était un enfant colérique avec un jouet d’une grande puissance entre les mains. Quiconque viendrait titiller son égo d’une mauvaise manière serait le premier à en subir les affres. Et il ne fallait pas compter sur la majorité des nobles de l’Esplanade. Si ils y étaient toujours, c’est parce qu’ils avaient ployé devant la tyrannie.

Pour alléger l’atmosphère, la bourgeoise s’autorisa un sourire et sauta sur le second sujet écoqué.

« Il semble que la partie de la mine soit réglée. Mon frère aîné partira d’ici quelques petites semaines faire un point de la situation sur place. Nous avons besoin d’en savoir plus sur ce qu’elle contient et qu’elles sont les possibilités qui s’offrent à nous avant de pouvoir établir quelles prévisions que ce soit. Puisque vous posez la question, je suis curieuse de savoir à quelle occasion vous avez pu en apprendre un peu plus sur l’exploitation des mines ? »


Peut-être cela détournerait-il son futur époux de toute velléité.
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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyJeu 20 Avr 2023 - 14:01
Les paroles du Dauphin eurent pour mérite de faire réagir Theodora qui abandonna son sourire pendant quelques instants pour offrir une moue plus concernée. L'évocation de l'image de la famille royale avait paru la faire changer légèrement d'humeur.

 Connaissez-vous la configuration de Ventfroid ? Il vous semble peut-être facile de déloger des gredins. Pour autant les murailles autour du Château existent et surtout, ils ont une supériorité maritime par rapport à ce qu’il reste au Roi. Je ne me permettrait pas de penser à sa place, mais il semble être plus tourné sur l’extension des terres humaines qui permettent de nourrir la cité. Pourquoi aller courir derrière des bandits qui ne font pas grand mal, hormis quelques pillage de bateaux qui s’aventurent trop près de leur nouvelle prise, pour reprendre une terre qui apporte peu en terme de survie pour la cité ? L’endroit est arable, il n’a pas beaucoup d’intérêt économique. Y perdre des hommes sans raison, ce ne serait pas un bon mouvement politique me semble t-il. N’imaginez pas que notre souverain ne puisse pas être un homme de grandeur et de terreur lorsqu’il le souhaite. Les De Sarrosse ont pu en témoigner. 

C'est un des traditionnels gloussements qui répondit à l'avertissement de la bourgeoise. Il répondit en ouvrant légèrement les bras pour signifier ce qui lui semblait être une évidence.

La politique n'est pas qu'une question de décision, Madame. C'est avant tout une question d'image donnée et perçue par le peuple. Les doutes que j'émets ici n'ont rien de séditieux, vous savez. Au contraire, j'espère bien que le Roi a conscience de ce problème et saura y remédier.

Il se redressa en fronçant les sourcils, cherchant à préciser son propos et à partager sa vision des choses. Théodora avait certes une vision commerciale aiguisée, mais elle n'avait jamais été formée à la politique et ses arcanes. Il jugea le moment opportun pour commencer à lui enseigner. Il savait que bientôt, ce genre de détail lui serait d'une grande aide.

Le peuple ... Et par cela j'englobe, toutes les âmes du Morguestanc ... N'est concerné que par des choses simples. Se nourrir, avoir un toit au-dessus de la tête, survivre jusqu'au lendemain et recommencer. Cette vie terne et répétitive, gouvernée par la morale et l'espoir d'un futur plus doux... Il revient aux dirigeants de leur offrir. Offrez-leur, et vos gens vous suivront, prieront pour votre réussite et seront prêts à se sacrifier pour que vous reuississiez. Cependant c'est une fuite en avant ... Vers la prospérité et nombreux seront ceux qui se jugeront plus à même de le faire si cela tarde.

Il ponctuait sa prise de parole de doigts levés ou de petits haussements d'épaules. Il poursuivit sur un ton à la fois doux et professoral, ne cherchant pas à faire la leçon mais à partager simplement son expérience du pouvoir et de ce qu'on lui avait enseigné pendant ses jeunes années.

Reprendre le Labret, relancer les convois de nourriture depuis le plateau, voilà qui a convaincu le peuple. Evoquer la reconquête et la repopulation des bourgs hors des murs de la cité, fort bien. La reconquête terrestre se poursuit et offre l'espoir attendu, pour le moment. Mais ces "pirates", qui vous paraissent si inoffensifs, se désolidarisent de l'autorité royale, sont un problème. La mer semble être aujourd'hui le seul rempart efficace face aux fangeux et ne pas la maîtriser finira par porter préjudice à l'image forte du Roi. Il faudra y remédier tôt ou tard, et même plus tôt que plus tard si vous voulez mon avis.

Après cette digression, le débat se recentra sur la mine.

Il semble que la partie de la mine soit réglée. Mon frère aîné partira d’ici quelques petites semaines faire un point de la situation sur place. Nous avons besoin d’en savoir plus sur ce qu’elle contient et qu’elles sont les possibilités qui s’offrent à nous avant de pouvoir établir quelles prévisions que ce soit. Puisque vous posez la question, je suis curieuse de savoir à quelle occasion vous avez pu en apprendre un peu plus sur l’exploitation des mines ? 
Je n'y connais pas grand chose en terme d'exploitation je l'avoue. J'imagine, cependant, que comme tout commerce, il est question de travail, de savoir-faire des employés et de bénéfice lors de la revente. Il me paraît essentiel de déterminer avant tout ce que vous pourrez tirer de cette mine ... Fer ? Or ? Cuivre ? Ensuite viendra effectivement le temps de qui et comment l'exploiter.

Il se rassit dans le fond de son fauteuil en souriant, attendant la suite de la conversation et les avis et projets de Theodora.
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Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Abondance de bien ne nuit pas   Abondance de bien ne nuit pas EmptyMar 25 Avr 2023 - 18:54
Peu convaincue par le discours du Comte, Théodora lui répondit d’une simple moue réprobatrice. La mer ? Elle était tout autour d’eux. Le Labret avait aussi un accès. Si il suffisait de noyer les créatures des marais, il y avait des quantités suffisantes pour s’assurer qu’ils pourrissent au fond. Restait à trouver le moyen d’envoyer les fangeux vers leur mort. Et, à moins de vider complètement les terres, ce n’était pas près d’arriver.

Pour ce qui était de mettre de la poudre aux yeux des va-nu-pieds qui peuplaient la cité, il y avait moult façons de procéder. Aller tuer des pirates dont le peuple avait peu connaissance et surtout qui étaient loins, non cela n’avait toujours pas de sens pour la commerçante. Si le Comte voulait se lancer dans un combat politiquer pour faire valoir son commerce, soit, il le pouvait. Dame Priost le soutiendrait en silence, avec son plus beau sourire, pendant qu’elle continuerait à mettre en place ses propres projets. De toute façon, se focaliser sur une seule source de revenus était synonyme d’un possible risque. Si le commerce en question s’effondre, il n’y a plus de revenus, et tout ce qui va avec. C’est en partie ce qui avait motivé la bourgeoise à obtenir l’exploitation de la mine.

« Ce n’est pas seulement le type de matériel qui compte. La qualité est des plus importantes. Un même minerais, ou une même pierre précieuse, aura parfois des propriétés différentes lorsqu’elle est travaillée. En effet, cela implique un savoir-faire bien particulier ainsi que des bénéfices biens plus importants. Prenons une arme, par exemple. Qu’est-ce qui fait qu’une épée en fer sera plus solide qu’une autre ? Basiquement, parce que chaque minerai ne contient pas du fer de même qualité. Les minerais les plus concentrés donnent des armes bien plus résistantes. Sans compter que le travail de forge accentue cette létalité si il est effectué par un bon artisan. Ce que tous ne peuvent pas se targuer d’être. »


Tout le monde ne pouvait pas prétendre être bon. Et puis il fallait concéder à ces quelques là qu’ils offraient des armes abordables à la populace.

« Pour qu’un commerce ait la réputation de celui des Martel, il faut un mélange de tout cela. Une grande quantité répondant à une qualité passable, qui offre des revenus réguliers, et une quantité bien plus restreinte de produits d’exceptions, qui elle offre des revenus bien plus important tout comme un certain prestige. »

Rien en Théodora n’indiquait une quelconque hésitation dans sa description de la forge. Après tout, elle en connaissait suffisamment pour avoir fait monter le prestige la forge Martel. Même si officiellement elle n’avait plus aucun lien autre que familial avec eux.

« Nous verrons bien ce que le Labret nous réserve. »

Sereine, Dame Priost offrit un sourire discret au Comte en rouvrant le livre de comptes qu’elle avait amené pour le parcourir de nouveau des yeux.
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