Nom : Arcruse

Prénom : Biel

Age : 29 ans

Sexe : Femme

Situation : Prétenduement veuve

Rang : Boutiquière du Goulot

Lieu de vie : Marbrume

Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs : Carrière du charlatan
+2 CHAR
+1 INT
+1 INI

Compétences et objets choisis :
Compétences :

- Baratin - Niveau 1
- Bas-fonds - Niveau 1
- Comédie - Niveau 1
- Corruption - Niveau 1

Objets :
Vêtements en lin
Ceintures de cuir
Pelisse épaisse cousue de poches et de replis cachés
Bijoux en métal, talismans, quolifichets
Un petit coutelas dont l’étuis ressemble à une gourde classique

-

Biel est une femme de taille moyenne, plutôt menue, gâtée d’une chevelure blonde. Elle ne se démarque pas particulièrement dans la foule, d’autant qu’elle s’apprête à la hauteur de ses moyens : humblement. Les traits de son visage sont relativement fins, presque émaciés selon la rudesse de l’hiver précédent, et ont su conserver une certaine fraîcheur de l’enfance chaotique qu’elle a laissé derrière elle depuis longtemps.

Souvent pelotonnée dans une cape trop grande et trop portée, il faut prendre le temps de s’arrêter et de l’observer pour déceler enfin les signes qui la démarquent de ses concitoyens. Cette coquetterie, par exemple, qui la pousse à attacher ça et là des breloques trouvées, ou encore le soin tout particulier qu’elle prend à rater sa coiffure pour ne pas paraître trop bien peignée. De discrètes cicatrices se laissent surprendre lorsqu’elle oublie d’ajuster ses brassards ou que la chaleur la pousse à dénuder une épaule sous le soleil. Rien d’incroyable, rien de particulièrement notable...

Pourtant lorsque la lumière décline et que les ruelles du Goulot sombrent dans cette frénésie nocturne si particulière, Biel se métamorphose. Soudain ce n’est plus cette dame anonyme que vous avez croisé : son oeil s’allume d’une étincelle de malice, sa bouche se tord dans un sourire mordant, et tandis qu’elle rejette d’un geste ronflant sa longue cape par dessus son épaule, elle dévoile ses chausses masculines planquées sous un simulacre de jupe et ses ceintures bardées de panoplies diverses. Elle semble alors avoir grandi de quelques centimètres car, désormais somptueuse et autoritaire, elle s’est redressée et campe fièrement dans la boue comme si il s’agissait de son domaine. Peut être est-ce le cas finalement, car elle y évolue avec l’assurance d’un percepteur d’impôt citoyen.

Sa voix fluette prend des accents rustres lorsqu’elle s’adresse à ses congénères, dont elle maîtrise parfaitement le parlé torturé. Son regard vole d’un point cardinal à l’autre, aux aguets comme il se doit de l’être dans ces dédales insalubres, et s’arrête régulièrement sur quelque détail invisible. Elle a le rire facile, le crachat tout autant. De part bien des aspects, son comportement singe celui de la gouaille qui l’entoure au point qu’elle s’y fond à nouveau avec la grâce d’un caméléon.

La minute précédente la voyait au centre d’une conversation animée, qu’à la première botte de patrouille s’encadrant dans la ruelle elle est à nouveau cette silhouette anonyme, ce chat de gouttière esseulé qui disparaît entre deux clôtures. Cette souplesse de présence est un talent qu’elle lustre depuis des années. Il est désormais suffisamment acéré pour être naturel et de ce fait presque indécelable.

Il est ainsi très difficile de cerner ce personnage, dont on ne ferait pas le même portrait selon le moment auquel on l’a croisé. Elle dispose d’attitudes et d’expressions diverses et variées avec lesquelles elle jongle allègrement, comme autant de masques à sa ceinture.

Versatile, volatile et volubile. Biel est un papillon d’humeurs qui se muent sans cesse en leur propre parodie avant de bifurquer brusquement vers leur total opposé. Elle passe du rire aux larmes avec une authenticité si convaincante qu’il est rapidement très difficile de discerner le vrai du faux quand on la fréquente un peu - ce qui peut être extrêmement agaçant, on en convient.

C’est une actrice hors pairs et une manipulatrice trop douée pour prendre la peine de s’en cacher auprès de ses proches. Cette pseudo-franchise assumée avec la plus parfaite naïveté désarçonne les plus solides gaillards. Biel est très douée pour s’attirer la sympathie des gens et s’en rendre proche lorsqu’elle le désire, de façon complètement superficielle bien entendu. On l’apprécie pour la gaieté surjouée et l’intensité de ses interventions, pour son personnage tellement ouvert que l’on pense le lire facilement.

Il n’en est rien, évidemment, car ces frasques attendrissantes ne sont que poudre aux yeux pour endormir la foule et dissimuler en dedans le caractère retors de la véritable Biel. Indépendante au coeur et farouchement rebelle de tout un tas de choses communément admises, celle-ci enrage secrètement d’être qui elle est et rêve d’horizons plus lumineux. Elle est rongé par une forme de jalousie particulièrement hargneuse à l’égard des plus nantis et des puissants, qui s’est muée au fil du temps en haine mal contrôlée. Résolue à ne plus subir, elle a pris son destin en main et ne recule devant aucun mensonge pour éviter autant que possible de laisser à qui que ce soit l’ascendant direct sur sa vie.

Sa loyauté va d’abord - et quasi exclusivement - à elle-même, à ceci près que le “elle-même” en question englobe également sa comparse Azelaïs. De par toutes ces années passées ensemble et les épreuves surmontées épaule contre épaule, l’ego de Biel s’est depuis longtemps ouvert pour laisser entrer “Zaza” dans sa conception du soi. Une forme d’amour, sans doute, qui lui as permis de se construire aussi forte qu’elle l’est aujourd’hui. Le lien entre les deux femmes est tacite, naturel, immuable, et il serait inconcevable pour Biel de le remettre en question quel que soit le motif : acquis, tout simplement.

Sa perception du Bien et du Mal est toute personnelle - et carrément égoïste pour parler franchement - néanmoins il faut admettre que l’aspect divin exerce sur Biel un certain levier que d’aucun qualifierait de peur. Peu instruite comme tous les gens de sa condition, son humble éducation trouve encore écho dans sa perception du surnaturel et elle s’incline bon gré mal gré face à la Trinité céleste. Assez curieusement pour une farouche créature comme celle-ci, il semblerait que les temples ou la présence de prêtres adoucissent sensiblement sa tendance à l’éruption spontanée et calme ses ardeurs sournoises… Du moins jusqu’à ce que l’un ou l’autre soit hors de vue. Il lui arrive de prier sincèrement, à l’abri des regards extérieurs et malgré les moqueries d’Azelaïs. Comme elle est très susceptible à ce sujet, il n’est pas rare que ces moments pieux se terminent en bagarre.

Les fangeux sont pour elle une épreuve de plus dans la chronologie des défis que lui as soumis son destin. Une épreuve particulièrement épineuse, que l’on s’entende, mais pour quelqu’un dont l’histoire a surtout été constituée d’une succession de situations dangereuses et de choix tendus demandant des réactions extrêmes, la menace actuelle n’a aucunement nécessité la remise en question de son mode de vie. Elle l’a simplement rendue plus difficile encore.

Née et élevée au sein d’une famille paysanne dans un hameau à l’Est d’Estaing, Biel a toujours été une gamine difficile. Elle excellait dans l’art de faire hurler ses géniteurs, et surtout d’échapper aux raclées qui menaçaient de lui tomber sur le coin de la gueule à chaque fois qu’elle déconnait un peu trop fort. Rétive à l’autorité, elle fut pourtant bien forcée de plier l’échine pour la simple raison qu’il n’y avait pas d’autre choix possible, et mit la main à la patte pour aider dans les champs dès qu’elle fut en âge de tenir une fourche.

La vie était rude, comme elle l’a toujours été pour les petites gens des contrées reculées. Se nourrir de la terre tout en contribuant à l’effort collectif qu’étaient les taxes de la région constituait un véritable défi en soi lorsque le moindre retard, la moindre pluie trop tardive ou volée de moineaux gourmands pouvait se muer en catastrophe alimentaire. La petite communauté vivotait de tout et de rien, mais surtout de rien, et cela semblait normal pour tout le monde… Pour tout le monde sauf pour Biel !

Non loin de là se dressait le domaine cossu du pompeux responsable de l’endroit, un nobliau de petit rang qui se retrouvait propulsé par la force des choses en tant que roi des gueux du coin. Même si somme toute modeste en comparaison des somptueuses habitations des grandes fortunes du Duché, du point de vue de la petite précore aux ongles boueux, le luxe relatif cette maison avait un désagréable goût d’amertume. Surtout observée depuis le fond du vallon, là où les masures tordues et grises semblaient prêtes à s’effondrer sur leurs propres fondations comme de vulgaires châteaux de cartes…

Biel avait souvent les yeux tournés vers le haut de la colline, sans doute à tenter d’imaginer ce que pouvait être la vie de quelqu’un d’aussi différent. Avaient-ils des cheveux d’or et d’argent comme le racontaient les histoires ? Mangeaient-ils les enfants capricieux du village lors de leurs banquets gargantuesques ? Leurs couches étaient-elles tressées de nuages ? On les voyait passer, de temps en temps, montés sur d’immenses destriers aux muscles soyeux… Même leurs chiens avaient plus fière allure que la petite Biel crottée qui les suivait du regard dans son champ, les yeux écarquillés.

Un jour le seigneur leva le ban pour régler une obscure querelle avec un voisin belliqueux, et les hommes de la maisonnée s’en allèrent rejoindre les autres appelés dans la longue cohorte qui s’éloignait du village. Il y eu un grand silence, puis certains revinrent. Ils expliquèrent que la bataille avait été gagnée. Etait-ce donc ceci, une victoire ? Biel assista avec impuissance au déclin rapide de la ferme peu après cela. Sans les bras qui n’étaient pas revenus de la guerre, il fut plus difficile de surmonter la baisse de rentabilité des champs suite aux inondations qui fondirent sur eux le mois suivant. Le seigneur, pourtant, demandait toujours autant de grain. La grippe hivernale faucha sa mère et son jeune frère, qu’on ne put soigner faute de moyens. Les bêtes, mal nourries, succombèrent à leur tour. Soudain il sembla qu’on ne se remettrait pas de ces épreuves là. Les paysans du village se réunirent et se soulevèrent en une marée grondante jusqu’au portail du seigneur, à qui ils réclamèrent de l’aide. Son refus méprisant mit le feu aux poudres et ce fut la révolte.

Ceux qui restaient de la cellule familiale de Biel furent tués lors de cet incident. Depuis le petit fenestron de la grange, elle aperçut les torches, l’éclat des lames, et entendit les cris d’agonie de ceux que l’on pourfendait dans la boue. La rage naquit dans son ventre à cet instant, une rage contenue dont elle entretient le feu depuis lors. Ulcérée par sa situation, elle succomba à l’appel de la fuite vers l’avant et détala, emportant dans son baluchon toutes les provisions qu’elle put rassembler. Elle n’avait guère que quatorze ans. Ceux qui la virent courir dirent une prière pour son âme et lui souhaitèrent une mort rapide. Si ce n’étaient pas les bandits, ce seraient les loups, pas vrai ? La faim et le froid finiraient de toute façon le travail.

Pourtant Biel était de ces increvables touchés par la grâce divine. Entêtée comme une bourrique, elle mit un point d’honneur à détromper ces oiseaux de mauvaise augure. Ces errances la menèrent plus loin à l’Est. Elle ne s’approchait des villages que pour chaparder un linge ou un poulet, investissait les cabanons de bûcherons abandonnés pour la saison, se faufilait dans les granges quand le ciel éclatait… Cela ne dura que quelques semaines, mais par une sorte de hasard facétieux, elle survécut.

C’est en campant près d’un de ces villages qu’elle fit la rencontre qui sonna la fin de son aventure d’ermite : une petite nénette déguingandée débarquée d’on ne sait où, le poil roussi au point d’en puer le cochon grillé, les yeux d’un hibou pris au piège et son cri de souris lorsque les dents de Biel se refermèrent sur son mollet cagneux. Quelle idée d’essayer de lui tirer son lapin aussi ! Néanmoins en posant les yeux sur elle, Biel eut le sentiment de regarder dans un miroir. Difficile d’en vouloir très longtemps à son reflet. Elle ne lui posa pas de question, et accepta de partager avec elle un peu de son lapin contre un peu de son épais manteau.

Avec Azelaïs la vie devint subitement plus supportable. On mesure rarement le véritable poids de la solitude avant de s’en défaire. Ces deux rejetons crasseux que la campagne avait recrachés dans ses forêts mirent en commun leurs aptitudes débrouillardes et parvinrent ainsi à déjouer le sort pendant quelques temps.
Elles s’établirent dans une bourgade et ainsi débuta leur carrière de petites frappes. Biel se découvrit un grand talent pour le jeu d’acteur et ses minauderies, bien que maladroites au début, furent suffisamment efficaces pour qu’elle réalise leur valeur en tant qu’arme sociale. Azelaïs faisait les poches des pécores naïfs pendus aux lèvres de la bavarde, et les deux adolescentes se retrouvaient pour partager le butin ensuite. Miséreuses, peut être, mais la misère partagée était plus douce. De leur complicité naquit une richesse que Biel n’avait jamais tâté auparavant et elle s'enivra de cette nouvelle vie. Difficile mais libre !

Enfin, jusqu’à ce qu’elles attirent l’attention des truands en place. Il fallut courber l’échine et rentrer dans les rangs. Cela leur octroya d’une certaine façon une protection bienvenue, et davantage de camarades avec lesquels partager leurs déboires. Tirer son épingle du jeu dans un panier de crabes tel que la basse société est une aventure de chaque jour, et les deux jeunes filles l’apprirent de la seule façon possible : à la rude.

Le petit chef de la bande s’était entiché de la Zaza, et cela comportait quelques avantages dont elles profitèrent tant que cela fut possible. Elles apprirent ensemble le maniement de l’arme blanche, bien qu’Azelaïs fut plus douée que Biel à ce niveau. Cette dernière se fit plutôt les dents sur ses tactiques de duperie et en mit le nez aussi loin que son audace le lui permit dans la compliquée politique interne des vauriens et autres traîne-savates.

Et puis, puisque tout finit toujours par foutre le camp, les choses se gâtèrent. Azelaïs écopa d’un début chiard et bien entendu décida de s’en débarrasser. Biel savait que Paulin ne le prendrait pas terriblement bien, mais elle n’imaginait pas qu’il irait jusqu’à tabasser son amie jusqu’à ce qu’elle en frôle les orteils de la mort. En constatant l’état de sa comparse, elle fut submergée par la même rage que ce fameux soir dans la grange. Paulin aurait certainement fait surveiller ses quartiers si il avait seulement imaginé que Biel pourrait se rebeller. Il ne le fit pas, et elle lui offrit de ce fait à son tour une grande leçon en lui tranchant la gorge cette nuit là : c’était une grave erreur que de sous-estimer la fierté d’une femme.

Elles s’enfuirent, à nouveau. Ces événements avait entraîné dans leur sillage la belle Yseld, soeur du défunt chenapan, qui devint tout naturellement la troisième roue de cet attelage chevelu lancé à pleine vitesse sur les chemins du Duché.

Le petit banditisme en comité restreint retrouva sa place dans le quotidien des jeunes femmes. Alors âgées de 18 à 21 ans, elles fleuraient bon la chair fraîche et leur jeunesse toute appétissante parvenait le plus souvent à occulter leur état de saleté lorsqu’il fallait montrer patte blanche. Yseld était la plus robuste et la meilleure à la castagne. C’était elle qui réglait la plupart des conflits du bout de son bâton, avec lequel Azel et Biel firent également connaissance quelques fois. Zaza était la silhouette dans l’ombre, le petit singe habile au geste fluide et précis, invisible parfois. Biel pour sa part, fidèle à elle-même, était le visage avenant qui détournait l’attention, “le grand spectacle” comme elle aimait à s’appeler. Son bagou astucieux les sortit de situations délicates plus d’une fois.

Le lien qui les unissait toutes les trois devint plus solide encore que celui qu’avaient tissé Azel et Biel lorsqu’elles n’étaient que deux. Véritable sororité féroce, complices jusqu’au bout des ongles, revanchardes et braves jusqu’à l’inconscience, le trio se nourrissait lui-même du parfait équilibre qu’elles étaient parvenues à trouver. Le monde n’existait plus qu’à travers leur prisme, déformé par leur vision solidaire. Tout ce qui n’était pas elles était étranger, menaçant, malvenu.

Lorsque les premières alertes retentirent dans le pays, aucune d’entre elles ne prit la situation au sérieux. Elles avaient survécu jusqu’ici avec un brio indéniable, pourquoi devraient-elles s’inquiéter ? Elles furent cependant brusquement ramenées à la réalité par une tragédie qui les marquerait à jamais.

Elles avaient rejoint un convoi de réfugiés, plus par appât du gain que par véritable nécessité. Les cris retentirent que les fangeux, déjà, se ruaient sur la queue de file. C’était la première fois que Biel contemplait l’horreur surnaturelle venue de la brume, celle dont toutes les bouches parlaient depuis des semaines mais qu’elle avait toujours refusé de croire vraiment. Ce jour là il n’était plus question de se voiler la face. Elle se souvient s’être figée, les lèvres entrouvertes dans l’épouvante qui avait rigidifié tout son corps et agrandi ses pupilles. Y avait-il seulement une lutte possible contre une telle menace ? Si Yseld ne s’était pas interposée avec son bâton, si Azel ne l’avait pas tirée par le bras, il ne fait aucun doute que Biel serait morte ce jour là, à cet endroit, le corps lacéré comme tant d’autres tout autour d’elles.

Azel et elle parvinrent à franchir les portes de Marbrume. Hagardes, désorientées… Yseld avait emporté dans sa mort leur innocence à toutes les deux. Elles mirent un long moment à se reconstruire après cela, mais plus rien ne fut plus jamais tout à fait pareil. Leur joie de vivre n’était pas revenue, à sa place s’installa l’humour caustique qui les caractérise aujourd’hui, cette sorte de gaieté discordante dont le son de cloche semble dérailler. Cela aurait pu être peut-être un peu triste si cela n’avait été le cas de la plupart des habitants de Marbrume. Deux âmes esseulées au sein de cette population traumatisée cela n’avait finalement pas grand exotisme.

Elles se ressaisirent, assurément, se raccrochèrent à leurs vieilles habitudes et se ménagèrent un nouveau nid dans le Goulot pour panser leurs plaies. Conscientes que les rapines de grand chemin n’était plus une option viable, elles ouvrirent une petite boutique miteuse près du port pour servir de façade à leur activité de contrebandières. Alors âgée de 27 ans et pour s’éviter les ragots déplaisants, Biel s’inventa un mari factice resté “au pays” et dont elle n’avait plus de nouvelles depuis l’attaque, se forgeant ainsi l’image d’une veuve misérable tentant de survivre avec son petit commerce de talismans bricolés. “Quentin reviendra, je le sais…” assure-t-elle d’une voix chevrotante aux vieilles commères qui viennent parfois s’appitoyer sur le sort de cette blondinette si aimable. Pauvrette, pensent-elles alors. Quelle époque vivons-nous ? Que les Trois nous prennent en pitié… Des nèfles, ah !

Cette situation, précaire quoique confortablement routinière, dura quelques années, jusqu’aux événements récents qui virent la ville investie par les fangeux.

Ce jour là, Biel était occupée dans la boutique. Aux premières alarmes et à la tonalité des cris qui retentirent, un frisson glacé lui parcourut l’échine tandis que l’impression de déjà-vu lui remuait les entrailles jusqu’à la nausée. Cette fois-ci elle ne prit pas la menace à la légère. Terrorisée, elle sortit dans la rue pour hurler le nom d’Azelaïs. Lorsque celle-ci débarqua enfin, elle trouva sa comparse en pleurs, éplorée de la serrer dans ses bras. Si Azel avait dû disparaître elle aussi dans le tourment de ces atrocités, Biel se serait sans aucun doute jetée dans leurs griffes à son tour.

Pour autant, la menace était toujours d’actualité. Heureusement, les deux fripouilles avaient anticipé ce genre de catastrophes. Elle barricadèrent rapidement toutes les entrées de la piteuse maisonnée à l’aide de lourdes planches qu’elles avaient fait tailler spécialement pour cette occasion et descendirent se pelotonner dans la cave humide qui leur servait d’entrepôt illégal. Recroquevillées l’une contre l’autre, elles vécurent ainsi les heures les plus terrifiantes de leur vie tandis qu’au dehors résonnaient les miaulement lugubres de ces créatures impies qui hantaient déjà leurs cauchemars depuis des années.

C’est à ce moment là que Biel trouva la petite créature malicieuse qui allait devenir son nouveau compagnon inséparable : un bébé raton qu’un chat avait dû amputer de la patte arrière gauche et que sa mère avait laissé pour mort sur une dalle froide de la petite cave. Elle s’amusa des réactions de l’animal, car elles trahissaient déjà une redoutable intelligence, et décida de s’en faire la nouvelle protectrice. Dans l’horreur de ces instants, cette rencontre fut comme une bouée de sauvetage à laquelle elle s’accrocha à corps perdu, comme le témoin d’un trait de folie dormante sous sa caboche cabossée. Si Azelaïs s’en dégoûta, elle ne le montra pas, et lorsque Biel décida dans un élan d’esprit mordant d’appeler le rat Quentin, elles partirent toutes les deux d’un immense fou rire libérateur qui illumina leur refuge glacé de façon fort opportune.

En sortant de leur retraite, force fut de constater plusieurs choses. Déjà, elles étaient vivantes. Ensuite, étant donné son absence, le propriétaire de la maisonnée ne devait plus l’être quant à lui et il suffisait de ne pas le signaler pour pouvoir désormais se considérer comme les heureuses propriétaires de ce glorieux établissement. Du reste, leur vie reprit.

Certifiez-vous avoir au moins 18 ans ? Yes !

Comment avez-vous trouvé le forum ? A l’époque c’était par le top-site. Pour ce retour c’est Zaza qui m’a tirée par la manche ^^

Vos premières impressions ? Quali !

Des questions ou des suggestions ? On veut un discord ! -sort la pancarte et son gilet jaune-

Souhaitez-vous avoir accès à la zone 18+ ? Faites péter.