Marbrume


Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Partagez

 

 Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyMer 13 Juil 2016 - 22:17
Au début, il courait dans les champs, parmi les herbes hautes, arrosées par une pluie fine tombée le matin-même. Bien vite, Margaux le rattrapait, sourire aux lèvres. Elle passait délicatement sa main dans la sienne et ils tombaient entre les cultures de blé et autres céréales. Mais lorsqu’il se retournait vers elle pour l’embrasser, ses traits avaient changé. Ses cheveux, flottant au vent, étaient en mauvais état et pendaient mollement sur ses épaules. Sa peau devenait grisonnante, tandis que ses ongles s’agrandissaient de seconde en seconde. Son rire, si agréable à l’oreille, devenait un grognement guttural menaçant, alors que ses yeux brillaient d’un désir animal, féroce. Il était trop tard lorsqu’il se rendait compte que ce n’était plus Margaux, mais bel et bien un fangeux qui était collé contre lui. La bête lui sautait à la gorge et il tombait à la renverse, se cognant violemment la tête sur le sol recouvert de terre. Puis il se faisait déchiqueter. Inlassablement.

Lorsqu’il se réveilla, Alaric resta un moment sans bouger, le temps de se rendre compte qu’il ne s’agissait que d’un rêve. Un rêve qui le hantait bien des nuits. Une douleur lancinante lui transperça le crâne et il porta sa main sur sa tête dans un grognement mécontent. Ses doigts entrèrent rapidement en contact avec un liquide rougeâtre et poisseux qui parcellait ses cheveux de jais. Le milicien fronça les sourcils. Il ne se souvenait pas avoir reçu un tel coup sur la tête. À vrai dire, en y réfléchissant, il ne se souvenait pas de grand-chose. C’est à ce moment-là, déjà plutôt inquiétant, qu’il prit conscience de sa nudité et du lieu dans lequel il se trouvait : une ruelle étroite à l’odeur nauséabonde, comme il y en avait beaucoup à Marbrume.

Alaric se releva d’un bond et marmonna plusieurs injures à son encontre : ce mouvement brusque n’avait en rien aidé sa blessure céphalique. Heureusement pour lui, aucun passant ne se trouvait dans la rue au même moment, même si plusieurs habitants avaient forcément dû passer devant lui. Il pouvait s’estimer heureux d’être toujours en un seul morceau. Pire, un de ses collègues aurait pu le découvrir, gisant nu sur le sol. Bon sang, et dire qu’il ne se souvenait de rien. Il n’était pourtant pas du genre à se retrouver dans ce genre de situation. À croire que ces péripéties pouvaient arriver à n’importe qui.

Appuyé contre un mur de pierre, il réfléchissait tout d’abord à ce qu’il avait perdu. Il espérait qu’on ne lui avait pas volé sa précieuse dague acérée, mais si hier était une simple journée, il n’avait pas dû l’emmener. Lorsqu’il se rendait au temple, il ne prenait sur lui qu’une arme mineure au cas où. Quant à son armure de cuir légère, il avait bon espoir d’en retrouver une semblable à la caserne. D’ailleurs, il devait s’y rendre au plus vite. Mais où était-il exactement ? S’approchant du coin de la rue, il risqua un œil discret sur l’agitation de l’allée perpendiculaire à la sienne. Il se trouvait à la lisière du Goulot. Il ne connaissait personne qui habitait dans le coin, quelqu’un qui aurait pu lui prêter quoi que ce soit à porter le temps de régler toute cette histoire. Mais sa mémoire lui jouait des tours. Il n’avait jamais connu un tel néant. Cette amnésie l’inquiétait, mais Alaric était d’avis de d’abord trouver un quelconque vêtement afin de réfléchir à tout ça plus posément.

Même si aucun collègue ou connaissance vivait dans le Goulot, un bâtiment lui était familier dans la rue animée qu’il observait. Il s’agissait de l’échoppe d’une certaine Denea Alberick. Le milicien ne l’avait jamais rencontrée, mais en avait entendu parler plusieurs fois. Une herboriste de talent, qu’on disait à la milice. Il avait eu dans l’idée de la rencontrer une fois afin de glaner quelques précieux conseils sur la création de différents poisons. Alaric s’y connaissait en plantes, grâce à son père et son métier de fermier, et il était persuadé qu’il pouvait mettre ces ressources en pratique en étant milicien. Malheureusement, les différents événements l’avaient empêché de faire un tour auprès de l’herboriste. De plus, certaines rumeurs racontaient que la jeune Alberick était tombée enceinte, violée par un rustre membre de la milice. Si Alaric n’avait pas la moindre idée de qui il s’agissait, cela ne l’empêchait pas de juger cette action honteuse et indigne d’un soldat. Le jeune homme savait combien de crapules gonflaient les rangs de la milice, ce qui le désolait bien trop souvent.

Quoi qu’il en soit, le moment était peut-être bien choisi pour rendre visite à l’herboriste. Au moins, elle pourrait sans doute lui donner un remède pour sa blessure et sûrement de quoi cacher son intimité masculine. Un tissu ou n’importe quoi d’autre ferait l’affaire. Il fallait d’abord atteindre la boutique nu comme un ver et se présenter devant l’herboriste sans plus d’atouts vestimentaires. Alaric soupira, mettant sa pudeur de côté, pour une fois. Il se faufila dans la rue, tâchant de ne pas faire attention aux regards interrogateurs qui le jugeaient, le relookant de haut en bas. Des murmures se firent entendre dans son dos, mais déjà, il avait la poignée sur la maisonnette. Lorsqu’il s’appuya sur la porte, prêt à l’ouvrir rapidement, il se heurta à un mur : la boutique était fermée.

- Bordel, grogna le milicien, dépité.
Revenir en haut Aller en bas
Denea AlberickHerboriste
Denea Alberick



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptySam 16 Juil 2016 - 18:47
Denea secoua vivement la bouteille qui contenait son mécénat. Elle semblait contenir un liquide blanchâtre et trouble et ce n’était cependant pas du fait du verre usé dépoli, mais bien de ce qui avait mariné des jours et des jours dans l’eau. L’herboriste avait préparé un entonnoir avec un linge un peu usé servant de filtre qui tenait dans une autre jarre. Elle versa le liquide dans qui passa au travers des mailles pour tasser les morceaux qui un jour avaient dû être des racines, mais qui maintenant n’étaient que de petites masses spongieuses. S’assurant que le liquide passait bien la jeune femme que concentra sur le flux qui coulait. Le laboratoire était vide, les prêtresses et novices l’avaient quitté un peu plus tôt, avec la fin de la journée qui s’annonçait, elles étaient parti s’acquitter de leurs devoirs envers les Dieux ou de quelques autres occupations inhérentes à leur fonction de clerc. Un léger babillement résonna doucement dans l’espace de l’espace de la pièce. Elle tourna la tête vers Mabel qui finalement ne faisait que manifester paisiblement sa présence dans un coin de la pièce, sagement allongée dans son panier rembourré de linges et couverture. Le bruit des gouttes s’écrasant à la surface du filtrat ne parvint plus aux oreilles de la guérisseuse qui remua un peu, pressant la masse qui s’était accumulée dans le creux du filtre.

Une fois le matériel rangé Denea défit le long foulard qui tenait, couvrait ses cheveux. La masse sombre et souple tomba sur ses épaules et chatouilla son dos. Soupirant brièvement la jeune femme se mit à les tresser en s’approchant de la petite chose. Elle la regarda, la détailla alors que ses mains s’affairaient, une chose qu’elle avait l’impression n’avoir jamais pris le temps de faire. Sa peau était claire, enfin claire du moins plus claire que celle de sa mère et ses grands yeux sombres lui rappelaient désagréablement celle du milicien. Pour le reste, elle avait l’air d’un bébé, rien ne ressemblait plus à un nourrisson qu’un autre nourrisson.
La ville bouillonnait d’activité, l’allongement des jours, la chaleur qui revenait, la réussite du labret dont les échos étaient toujours présents, semblaient avoir donné un second souffle au monde, un nouvel espoir. La fine silhouette de l’herboriste se faufilait entre les passants, discrète. La seule chose pouvant vaguement attirer l’attention sur lui, était le long foulard qui s’enserrait autour de son buste tenant une petite masse tout contre elle. Un bras le long de cette petite chose qui se blottissait contre elle, sa main enveloppant délicatement la masse qui devait être sa tête et l’autre tenant la bride d’un sac la jeune femme approchait des abords du Goulot.
Elle n’hésitait pas un instant sur sa route et pour cause, elle la connaissait par cœur, pour l’avoir fait des centaines et des centaines de fois. Comme cette porte dont elle ne comptait plus le nombre de fois où elle l’avait ouvert, en revanche, le jeune homme complètement nu à côté, n’était guère une habitude.

Au début, elle n’avait pas vraiment fait attention, ça n’avait été qu’une masse qui se tenait là, peut-être un voisin, qui s’était arrêté un instant, ou même pas, qui passait seulement. Puis en s’approchant Denea avait bien vu que la personne ne bougeait pas vraiment, ou du moins, ne se déplaçait pas. C’est en arrivant à côté de l’entrée de la boutique qu’elle s’était aperçue de la tenue pour le moins saugrenue de l’homme.

Pourquoi ? Comment ?
[color:3a23= Peru]
« Je peux vous aider ? Vous êtes tombé sur un loubard particulièrement zélé ? »

Demanda, ouvertement amusée, l’herboriste en passant à côté de l’inconnu tout nu, le détaillant, mais pas trop, enfin pas trop bas surtout. Il était jeune, environ son âge, peut-être un peu plus jeune, mais vraiment rien, une musculature qui trahissait un métier au moins physique. En observant son visage et brièvement sa tête, elle remarqua que les cheveux étaient collés, poisseux. Elle regarda un peu plus bas, voyant quelques traînés d’une couleur qui n’était pas vraiment rassurante. L’herboriste fronça les sourcils, soucieuse.

« Vous vous sentez bien ? »


Bien sûr que non, il ne devait pas e sentir bien, il était sans habits dans la rue avec une plaie à la tête. Pour n’importe qui ça serait une mauvaise journée.

« Ça va aller, je vais m’occuper de vous. »

Les élans bienveillants de l’herboriste semblaient prendre le dessus. Elle plongea la main qui tenait le sac dans ce dernier pour y trouver des clés. Ouvrant la porte de l’officine la jeune femme invita l’inconnu à y entrer avant de franchir elle-même le pas de la porte avant de la refermer. Se déplaçant avait aisance dans l’espace elle disparut dans ce qui avait été l’arrière-boutique, invitant le jeune homme à le suivre. Elle posa sa besace sur la grande table centrale. Et ira la couverture qui traînait sur une paillasse un peu fatiguée et la tendit à celui qui semblait en avoir tant besoin.

« Qu’est-ce qui vous est arrivé ? Vous vous appeler comment ? »


Questionna Denea d’une voix douce et rassurante en l’invitant à s’asseoir sur le lit. Contre elle il y avait toujours Mabel qui semblait s’être endormie bercée par la respiration de sa mère.
Revenir en haut Aller en bas
AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyJeu 21 Juil 2016 - 16:33
Heureusement, il n’eut pas besoin d’attendre trop longtemps. Alaric n’avait jamais rencontré l’herboriste, aussi, il ne la reconnut pas lorsqu’elle s’approcha de lui. La jeune femme fut de prime abord amusée, vu l’accoutrement du milicien, mais remarqua bien vite sa blessure à la tête et lui proposa de la suivre dans la boutique. Soulagé, Alaric lui emboita le pas, sans un mot. L’échoppe n’était pas bien grande, mais un grand nombre de flacons de toutes sortes jonchaient les étagères. Quelques plantes coupées depuis quelques jours, qu’il reconnut du premier coup d’œil, trônaient sur une sorte de petit comptoir.

Denea lui indiqua de le suivre dans ce qui semblait être l’arrière-boutique. Alaric hocha la tête et lui fut infiniment reconnaissant lorsqu’elle lui donna une couverture afin de cacher ce qu’il y avait à cacher. Le milicien s’empressa de l’enrouler autour de sa taille avant de s’assoir sur le lit, aux côtés de l’herboriste. Et du bébé, nota-t-il avec un pâle sourire. Ainsi donc, la brune n’était plus enceinte. Par les temps qui couraient, c’était parfois un miracle de garder en vie ces petits bouts d’homme.

- Je m’appelle Alaric, je suis milicien, répondit calmement le jeune homme en se massant l’arrière du crâne qui le faisait souffrir. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je viens de me réveiller dans la ruelle d’à côté, nu et avec ça, fit-il en désignant sa tête poissée de sang. Je ne comprends pas, pourquoi je ne me souviens pas ?

Alaric n’était pas du genre à paniquer. Mais cette histoire le tracassait. D’ailleurs, combien de temps était-il resté dans cette ruelle ?

- On est bien le 5 juin ?

Il avait besoin de réponses. Désespérément. Un gazouillis d’enfant attira son attention. Les traits du milicien se détendirent lorsqu’il vit la petite chose bouger dans le foulard porté par Denea. Il se souvenait avoir vu sa petite sœur naître. Elle était si petite, s’était-il dit lorsque sa mère lui avait montrée. Mais tout compte fait, ce môme-là n’était pas bien grand non plus.
Reprenant la parole, le milicien ajouta :

- Je sais qu’une mixture sera suffisante pour ma tête, mais pouvez-vous faire quelque chose pour ma mémoire ? Je ne connais pas de plantes qui puissent m’aider… Avez-vous déjà eu un autre cas que moi ?

Fixant avec attention l’herboriste, Alaric était plein d’espoir. Il ne voyait que cette dame à Marbrume qui pourrait l’aider. L’on racontait que c’était une personne de confiance, avec des connaissances que peu d’autres herboristes pouvaient prétendre avoir. Espérons que toutes ces rumeurs sont bel et bien fondées.
Revenir en haut Aller en bas
Denea AlberickHerboriste
Denea Alberick



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyJeu 21 Juil 2016 - 20:11
Denea avait soupiré quand l’inconnu s’était présenté, surtout qu’il avait glissé qu’il était milicien. Ce n’était pas un soupiré, dédaigneux, plus las, un peu fataliste. Un milicien, encore. Même en les fuyants on en croisait toujours. En voulant vraiment être de mauvaise foi, on pouvait les comparer à des nuisibles, des rats des cafards, mais, c'était complètement faux, déjà parce qu’ils étaient assurément bien plus utile que ce genre de bestiole et surtout parce que la jeune femme savait qu’ils n’étaient pas tous comme Gunof, pas tous pourris. N’empêche qu’elle ne pouvait s’empêcher d’être méfiante, d’attendre le pire. Pourtant, il n'avait pas l’air méchant ce Alaric, juste complètement perdu, ce que personne ne pouvait lui reproché voir ce qu’il racontait.

« Touchez pas, il faut nettoyer. »

Sa voix était toujours calme douce, posée, mais on sentait quelque chose de vaguement autoritaire dans la façon de prononcer ses mots. Ce n’était pas réellement une recommandation ce qu’elle venait de lui dire. Mabel semblait s’être réveillé et avait attrapé de sa petite poigne mal assurée de nourrisson une mèche de cheveux de sa mère. Si elle voulait faire quoi que ce soit, être totalement libre de ses mouvements, il fallait qu’elle pose la petite chose.

« Oui, on est le cinq juin, au soir. »

Tandis que d’un bras elle enveloppait le bébé, de l’autre l’herboriste tira d’un coup sec sur un nœud qui tenait l’étoffe dans laquelle le nourrisson. Elle posa l’enfant sur le lit le plus loin possible du milicien, ce dernier babilla peu et s’agita doucement alors que la jeune femme remettait rapidement en place la chemise qui la couvrait. Le petit être essaya vaguement d’attraper une nouvelle mèche, un nouveau long fil noir et souple, mais sans y parvenir.

Denea écouta ce que l’homme avait à dire, d’un abord calme, se déplaçait dans la pièce, pas très grande, avec aisance. Elle cherchait de l’eau espérant qu’elle n’aurait pas à aller en chercher. Heureusement pour elle, quand elle était passée quelques jours plus tôt pour récupérer les bandages et quelques draps, elle avait dû nettoyer une fiole qu’elle avait fait tomber et il restait un peu d’eau dans le fond d’un seau, qu’elle transféra dans un bol de terre cuite. Revenant près d’Alaric l’herboriste attrapa un linge qui lui semblait assez propre. Pour cette fois on ferait avec les moyens du bord.

« Ça arrive, plus souvent qu’on le pense, après un choc. Les bagarres d’ivrogne ou de petite frappe ça coure les rues ici et il n'était pas si rare de les voir perdre un peu la tête après un gros coup. Ils oubliaient quelques instants, quelques heures, quelques jours au pire. »

Puis il y avait bien entendu les miliciens aussi, elles n'en avaient soigné quelques-uns et pas que pour diverses coupures et maintenant griffure ou morsure. Si ce n’était pas si courant ce genre d’oubli après un coup violent à la tête, ce n’était pas non plus rare. La jeune femme laissa traîner son regard vers Mabel qui, était parfaitement tranquille, avant d’examiner la ou les plaies qui se trouvaient sur la tête du milicien.

« Il vous a pas raté celui qui a fait ça. »

Au moins, ça n’avait pas l’air grave.
Elle trempa le linge dans l’eau et commença doucement à éponger, nettoyer, essayant d’appuyer le moins possible, s’excusant quand elle lui faisait mal.

« Une seule mixture? Je sais pas qui vous a soigné jusqu’à présent, mais il où était adepte du service minimum. Si je pouvais bien faire les choses, je vous donnerais aussi quelque chose pour la douleur… Malheureusement pour vous, j’ai rapporté tout ce qui pouvait bien avoir ce genre d’effet au Temple. »

Elle n’avait pas encore pour transférer dans la maison des Dieux, cependant, si le milicien était assez observateur il pouvait voir que la maison n’était plus réellement habitée, pas de traces de vie récentes, des pots, fioles et bocaux vides, ou à moitié vides. La propriétaire des lieux ne travaillait plus ici.

« D’ailleurs, vous avez eu de la chance que je passe ce soir… »

Si sa mésaventure lui était arrivé hier, sûrement aurait-il attendu en vain devant la porte clore de la petite officine.

« Enfin, ça change pas que pour vos souvenirs je ne vais pas pouvoir faire grand-chose. Il n’y a pas de plante qui rende miraculeusement la mémoire, c’est bien dommage. Mais si vous voulez on peut essayer de retracer votre parcourt ce matin, ou plus tôt dans la journée, ça vous aidera peut-être à tout remettre en place pour que ce qui vous manque revienne. »

Elle était Herboriste, par faiseuse de miracles, ou encore sorcière. On ne pouvait pas faire pousser une plante qui n’existait pas. Mais souvent cette simple petite astuce suffisait. Si dans le cas d’Alaric cela ne suffisait pas, ils aviseraient. Attendant qu’il lui parle, qu’il remette ses idées en place, elle lui laissa le chiffon humide tandis qu’elle bougea à nouveau, cherchant un mortier qu’elle remplit de feuille séchée qu’elle avait sorti d’un pot dans lui-même prit dans un placard.
Revenir en haut Aller en bas
AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyDim 31 Juil 2016 - 16:29
L’herboriste s’était empressée de jeter un œil à sa blessure poissée de sang, tandis que son rejeton s’amusait à attraper des mèches de cheveux entre ses minuscules petits doigts. C’est avec soulagement que Denea lui appris qu’on était le 5 juin, dans la soirée. Pour le coup, c’était la première bonne nouvelle depuis son réveil agité. Il était certain de ne pas être resté nu dans la ruelle plus d’une journée, c’était déjà une bonne base.

Afin d’être plus libre de ses mouvements, l’herboriste posa le bébé au bout du lit, avant de revenir s’occuper de son patient. D’après elle, les pertes de mémoire n’étaient pas si rares que ce qu’Alaric avait cru aux premiers abords. Cette affirmation la rassura quelque peu et il tenta de se calmer tandis que la demoiselle s’affairait autour de lui. Avec dextérité, elle se mit à éponger son crâne avec un linge humide. De temps à autre, le milicien grimaçait, mais la douleur était supportable. Des picotements parcouraient sa tête et il se rendait compte que la taille de la blessure était peut-être plus importante qu’il ne l’avait espéré. Chose que l’herboriste lui confirma, lui annonçant que la plupart de ses remèdes se trouvaient au Temple. Ce n’était pas dramatique, pour l’instant. Tout ce qu’Alaric désirait, c’était recouvrer la mémoire et avoir sa plaie plus ou moins bien traitée, afin d’éviter une inflammation bien plus grave.

- Vous ne tenez plus votre boutique ? demanda avec surprise Alaric, tout en laissant faire l’herboriste. De toute façon, vous avez déjà fait énormément. Je pourrai me rendre au Temple en temps utile, j’y passe de longues heures lorsque je ne suis pas hors des remparts.

Il ne l’avait jamais croisée là-bas, mais il était vrai que ces derniers jours, la milice externe était fort demandée. Patrouilles, convois et Fangeux aperçus non loin des murailles… Il y avait de quoi faire, et jamais suffisamment de mains d’œuvre.

Lorsque Denea lui proposa de commencer à se remémorer le début de sa journée, histoire de replacer les événements en ordre, Alaric hocha la tête. Si c’était la seule solution, alors autant essayer. Il lui faudrait sans aucun doute s’armer de patience, mais il n’avait pas le choix. Relevant la tête vers le plafond, pensif, le milicien essayait de se souvenir de ce qu’il avait fait ce matin. Quand s’était-il levé déjà ? Avait-il eu une mission particulière ?

- J’ai forcément dû me lever tôt, on a beaucoup de missions en ce moment…

Laissant sa phrase en suspens, le milicien tentait vaille que vaille de se souvenir. Cette sensation était assez horrible. Il avait l’impression qu’on lui avait volé une partie de sa vie, qu’il avait perdu tout contrôle. Et pourtant, il n’avait oublié qu’une seule journée.

Le regard d’Alaric embrassait la totalité de la pièce, se balançant entre les différents recoins, comme si ses yeux bleutés recherchaient des indices. Lorsqu’ils se posèrent sur le linge humide que l’herboriste venait de déposer sur un petit meuble de bois, un souvenir, relié à la sensation de l’eau, rejaillit dans son esprit.

- Je sais. Je me suis levé tôt et je me suis mouillé le visage. Et ensuite, je suis allé manger à la caserne… Il n’y avait plus de fromage et j’ai mangé du raisin avec un morceau de pain…

Alaric s’arrêta subitement. Ces informations étaient inutiles, non ? Son déjeuner importait peu, et l’herboriste n’était pas là pour entendre ses aventures culinaires. D’ailleurs, c’était un peu gênant pour lui de raconter dans les moindres détails ses actions. Lui qui ne parlait jamais à grand monde, le voila qu’il était obligé de se confier, tel un livre ouvert. Et cette séquence était revenue d’une traite, alors qu’il visualisait la scène, les mots avaient suivi naturellement, sans qu’il n’y réfléchisse. Cependant, maintenant, c’était de nouveau le noir complet. Après manger, qu’avait-il fait ?

- Pour le reste, je ne sais pas, grogna-t-il en se prenant la tête entre les mains, comme si cette pression pouvait l’aider. Mais je sais une chose ! fit-il en se relevant, une lueur d’espoir dans les yeux. Je ne bois que très peu, ce n’est pas l’alcool qui est à l’origine de ce problème, ni une bagarre d’ivrognes. J’ai donc été attaqué.

En réalisant ce fait, le visage d’Alaric s’assombrit. En tant que milicien, il se sentait honteux. Son argent, son armure, son arme… C’était tellement dangereux de se laisser voler tout cet attirail. Quelqu’un pourrait se faire passer pour un membre de la milice et en profiter. Et puis, s’il ne s’agissait que de gamins en haillons qui l’avaient défait aussi facilement pour le voler, c’était tellement inacceptable de sa part. La jeune Luna l’avait déjà mis en garde à sa manière, lorsque la prostituée s’était approchée de lui. Il n’avait jamais pensé qu’elle s’était avancée pour lui voler quelques pièces. Naïf. Voila ce qu’il était. Il fallait à tout prix qu’il retrouve ses agresseurs. Ah, mais… Il n’était même pas sûr qu’il s’agisse de cela.

- Il faut partir avec cette idée, confirma-t-il à Denea. Et je dois les retrouver. Mais je ne sais pas ce qu’on me voulait, ou cela s’est produit…

Croisant les bras sur son torse, le milicien soupira. La tâche s’avérait plus ardue que prévu. Puis, haussant un sourcil, il se pencha vers l’herboriste.

- Vous étiez au Temple… Vous pourriez jurer ne pas m’y avoir vu aujourd’hui ?

C’était un peu ridicule. Des gens au Temple, il y en avait des tas. Ils se succédaient de minute en minute, de nouvelles têtes se renouvelant à chaque fois. Mais le hasard pouvait parfois bien faire les choses. Et qui sait, Denea avait peut-être une bonne mémoire visuelle ?
Revenir en haut Aller en bas
Denea AlberickHerboriste
Denea Alberick



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyMar 2 Aoû 2016 - 16:48
Poursuivant son travail tant bien que mal avec ce qu’elle avait sous la main, Denea mis un peu d’eau dans son mortier pour réhydrater les feuilles et s’attela à en faire une pâte lisse, sans grumeau. Le crissement de la pierre contre la pierre n’avait rien de particulièrement plaisant à l’oreille, pourtant dans l’esprit de la jeune femme cela avait quelque chose de rassurant, elle faisait quelque chose qu’elle savait faire, qu’elle faisait même plutôt bien si on en croyait les paroles de certaines. C’est peut-être cet apaisement passager qui avait permis à l’herboriste de ne pas se braquer bêtement quand le jeune homme lui avait demandé si elle tenait encore l’officine ouverte.

« Je … euh … Malheureusement non, c'était trop difficile de faire face seule. Soit j’acceptais la proposition qu’on m’a faite, soit les Dieux seules savent ce qui aurait pu se passer. »

Faire face… C’était si vague et ça donnait l’impression de la faire passer pour si faible. Ce n’était pas le travail qui était devenu intenable, loin de là, c’était même cela qui lui avait permis de ce noyé, d’oublier, ou plus de ne pas trop penser. S’était tout ce qu’il y avait autour qui était devenu invivable. Les ragots, les petits regards en coin, les petites remarques pas toujours agréables, et l’appréhension, surtout l’appréhension. Celle de revoir Gunof passer le pas de la boutique, celle de savoir ce qu’il lui ferait, comment il prendrait la présence de la petite chose. Tout cela en plus des sales souvenirs ça usait, ça minait.

« Enfin, ça m’embête de vous laisser seule après un coup assez violent pour vous valoir plusieurs heures de pertes de mémoire. Généralement oublier n’est pas forcément le seul symptôme et les autres sont plus … physiques. »

Les plus évidents étaient les maux de tête bien sûr, mais il pouvait reperdre connaissance et peut-être d’autres choses moins voyante, moins exprimable. Il allait être fatigué, exténuer en tout cas. Il faudrait que quelqu’un le surveille, au moins pour la nuit, que quelqu’un puisse prévenir le temple ou un médecin s'il ne se sentait vraiment pas bien.

Denea l’écouta avec une certaine attention même s'il fallait bien avouer que le teneur des propos du milicien n’était pas des plus passionnants. Mais il fallait voir ce qu’il arrivait à se souvenir au moins cela s’était produit assez après son lever pour qu’il puisse s’en souvenir. Vu le choc qu’il avait dû prendre, il avait du reste inconscient un certain moment. Tout ça réduisait un peu plus la plage d’heures à laquelle ça avait pu avoir lieu.

L’agression, une raison tout à fait valable et malheureusement, pas du tout saugrenue par les temps qui couraient.

« Je n’étais pas dans la partie la plus publique du temple, même si j’y suis passée. En tout cas, je peux vous promettre ne pas vous avoir vus passer dans l’hôpital. Ce qui en soi est plutôt une bonne nouvelle pour vous. »

Déclara l’herboriste avec un petit sourire en coin, pour essayer de mettre un peu plus à l’aise peut-être de rendre l’atmosphère un peu moins lourde. Mettre trop de pression sur ses épaules et sa tête déjà mal en point n’allait certainement pas l’aider à retrouver ses souvenirs perdus, bien au contraire.

Dans le mortier, la pâte avait pris une couleur vert sombre, un peu dénaturé, elle n’avait pas réellement une odeur très engageante, mais s’était assez souvent le cas de beaucoup de remèdes.

« Vous ne transportiez rien de valeur . Dans le quartier beaucoup n’aiment pas la milice, mais pas au point de passer à tabac un de ces membres gratuitement. Vous étiez en tenue . »

Elle avait posé sa question en s’asseyant entre le milicien et Mabel qui s’était rendormi, il n’y avait que son petit ventre qui se soulevait doucement au rythme de sa respiration calme.

« D’ailleurs, ça m’étonnerait que ceux ou celui qui vous ont fait ça, ce soi amuser à vous trimballer inconscient sur une longue distance. Poster un gars dans le cirage, c’est toujours un peu louche. Peut-être que vous étiez dans les parages quand c’est arrivé. Vous deviez venir ici . Dans le goulot ou la Hanse ? »

Il était possible que poser la question fasse remonter des idées, des bribes de souvenirs. Posant le mortier qu’elle avait pris avec elle sur ses genoux elle prit un peu de préparation avec ses doigts qu’elle vint apposer sur la plaie. Alaric devait sentir quelque chose de froid se poser sur la peau de son crâne.
Revenir en haut Aller en bas
AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyMer 10 Aoû 2016 - 18:58
Alaric n’ajouta rien lorsque l’herboriste lui confia qu’elle ne pouvait plus tenir sa chère boutique. Il sentit que la jeune femme n’avait pas choisi cette voie, qu’elle aurait préféré continuer de mener sa barque. Elle était restée assez évasive et mystérieuse à ce sujet, mais le milicien se doutait que le bébé qui gazouillait de temps à autre était une source de problèmes dont Denea se serait bien passés. En silence, Alaric reporta ses yeux sur le rejeton de l’herboriste. Il espérait que tout se passerait bien pour eux deux, même si la vie était difficile. Avoir un enfant, c’était un peu un cadeau empoisonné. D’autant plus, lorsque le cadeau en question n’était pas désiré. Et conçu dans de telles circonstances…

Son infirmière personnelle brisa le calme quelque peu gênant qui s’était installé. Ainsi donc, le milicien apprit que des symptômes physiques n’allaient pas tarder à apparaitre à leur tour. Bah, il s’en doutait un peu et ne s’en inquiétait pas. Des coups, il en aurait encore, les douleurs physiques étaient devenues son quotidien depuis qu’il combattait en dehors des remparts.
Alaric hocha simplement la tête lorsqu’il apprit que l’herboriste ne l’avait pas vu un peu plus tôt dans la journée. Certes, c’était maintenant qu’il aurait pu s’y retrouver, à l’hôpital. Bon, au moins, il pouvait en déduire qu’il n’était pas passé par ce quartier durant la matinée, car il se serait forcément arrêté quelques minutes au Temple.

Alors que Denea préparait une pâte médicinale, elle lui posa des questions intéressantes. Plusieurs déclics se firent dans le cerveau du jeune milicien.

- Je ne prends pas ma dague fétiche quand je me balade dans les quartiers, en général, je la garde pour aller dehors. C’est la seule chose de valeur que je possède…

Réfléchissant quelques instants, un éclair traversa ses yeux et il se leva d’un bond, manquant de renverser l’herboriste qui s’occupait de sa blessure. Il fut d’ailleurs forcé de se rassoir instantanément, une douleur fulgurante ayant perforé son crâne.

- Excusez-moi, fit-il en passant sa main sur sa tête, mais je sais pourquoi j’étais là. Il fallait que je me procure de l’équipement, des flèches en particulier. J’avais plus d’argent sur moi que d’habitude, ils ont dû en profiter. Les ruelles sont étroites dans ces quartiers, s’ils étaient plusieurs… La situation devient de pire en pire, les hommes sont poussés par le désespoir. Faut dire que je suis pas bien impressionnant et jeune, je devais être une cible facile… La preuve, soupira Alaric.

Au moins, il savait ce qu’il faisait et ce qu’il avait exactement perdu. Par contre, il n’avait aucune image fixe de ses possibles agresseurs, ni un quelconque souvenir de bagarre urbaine. Mais s’il avait reçu un coup sur l’arrière de la tête, peut-être n’avait-il rien pu voir venir.

Dépité, le milicien fuit le regard de l’herboriste, honteux. Il commençait sérieusement à douter de ses capacités, ce qui ne lui ressemblait pas. Lui qui était toujours si sûr de lui… Et ce, face aux monstres. Avec ses semblables, Alaric était d’une maladresse incroyable.

- Merci de m’avoir aidé… Le reste des idées devraient s’emboiter au fur et à mesure maintenant.

Les yeux bleus fixés sur le coin de la boutique, il se murmura alors à lui-même :

- Comment défendre la ville si je ne peux me défendre moi-même ?

Sa fierté et son égo avaient pris un coup avec cette histoire. Bien sûr, le temps ferait son travail, et un jour, il espérait que cette histoire serait oubliée… Ironie du sort. Enfin, il craignait maintenant surtout que quelqu'un l'ait vu, afin qu’aucunes rumeurs se fussent remontées trop loin près de la caserne et des officiers. Il préférait garder sa réputation de héros de la Hanse, c’était tout de même plus plaisant.
Revenir en haut Aller en bas
Denea AlberickHerboriste
Denea Alberick



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyVen 12 Aoû 2016 - 14:03
« Doucement. »

Intima doucement, mais fermement l’herboriste quand le jeune homme s’était lever d’un coup. Il n’était pas resté longtemps sur ses jambes, subissant le coup de son emportement. Il fallait qu’il reste calme, tranquille et ce pour quelques jours. De toute façon, il s’en rendrait compte tout seul la douleur qui allait l’assaillir à chaque geste brusque le ferait sûrement se raviser après quelques essaies.

Ce qu’il racontait était tout ce qu’il y avait de plus plausible, du moins pour la partie qui concernait son agression, les loubards des bas quartiers ça évoluait rarement seul. En l’écoutant, la jeune femme avait posé le bol de son mortier ayant fini d’enduire la plaie du blessé. Dommage elle avait ramené tous ses bandages il y avait deux jours elle devrait faire autrement. S’éloignant peu, peut-être d’un pas, elle ouvrit le grand coffre qui avait contenu du linge. Elle n’avait pas pu tout emporter la dernière fois par manque de place et de force pour tout porter, les charges lourdes elle évitait, son accouchement était encore récent et les séquelles ne s’étaient pas complètement estompée. Sortant de la malle ce qui un jour avait dû être un torchon, il était propre même si le tissu arborait quelques taches indélébile et délavée.

Déchirant des bandes dans le tissu elle perçut vaguement ce que le milicien essayait de se dire. Étrangement ça fit un peu écho en elle. Elle s’était simplement demandé comment elle pourrait survivre si elle ne pouvait même pas se défendre face à Gunof, Gunof qui était assurément moins pire qu’un fangeux, même si c'était un affreux être humain.

« Personne n’a dit que vous deviez défendre la ville à vous tout seul. »

Les mots avaient franchi ses lèvres avec un accent rassurant, un peu railleurs, pour ne pas le laisser sombrer dans une sale mélancolie, celle-là même qui guettait n’importe qui à cause de la situation qui semblait tellement inextricable.

« Je ne pense pas que vous pouvez vraiment mesurer votre efficacité à vous défendre vous-même parce que vous vous êtes réveillé seule, nu et blessé dans une ruelle des bas quartiers. J’ai vécu ici toute ma vie et il est plus que très probable que c'est une bande qui vous a attaqué. Tout milicien que vous êtes, qu’est-ce que vous voulez faire contre plusieurs types ? Vous restez un homme avec ses limites.»


Dit comme ça, ça semblait évident. Mais un milicien s’était rarement seul dans la ville comme dans les marais, quand ça patrouillait, ça patrouillait en meute. La jeune femme s’était mise à entourer la tête de son patient avec les bandages de fortune qu’elle venait de faire, consciente qu’il fallait un peu serrer mais pas trop elle espérait simplement que la douleur soit supportable.

« Ça arrive, les mauvais jours, ceux qui fêlent ou brisent quelque chose en vous. Mais haut les cœurs, vous, vous n’en garderez pas de séquelles, à part peut-être un ego éraflé et une bosse pour quelques jours. »

Les plaies de Denea, elles étaient plus intimes, plus profondes, peut-être qu’elles ne se refermeraient jamais, qu’elle devrait simplement apprendre à vivre avec. Alors qu’elle coinçait le bout de la dernière bande pour qu’elle tienne, elle ne put s’empêcher de regarder la petite chose qui gigotait doucement un peu plus loin sur le lit.
Revenir en haut Aller en bas
AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyLun 22 Aoû 2016 - 21:08
Tandis que le milicien regrettait son agression, l’herboriste lui confectionna un bandage de fortune à l’aide d’un tissu tâché et délavé. Alaric n’y prêta pas la moindre attention. Denea l’avait informé qu’elle ne tenait plus réellement sa boutique, mais qu’elle restait le plus souvent au Temple. Une bonne partie de son matériel devait donc y séjourner.

Alaric s’était laissé aller à quelques pensées sombres, mais néanmoins, les paroles de Denea retentirent dans son esprit. Bizarrement, il n’avait jamais vu la situation sous cet angle. Pour dire vrai, même s’il était milicien et qu’il effectuait la plupart de ses missions aux côtés de camarades, il ne s’était jamais senti entouré. Seul, il avait la conviction qu’il l’était depuis que sa famille était partie en morceaux dans les marais. Il ne comptait que sur lui-même, prenait toutes ses missions à cœur. S’ils échouaient, il le prenait personnellement, de même lorsqu’ils arrivaient au bout de leurs quêtes dangereuses. Ce n’était pas le fait de se croire supérieur à d’autres, ou de ne pas leur faire confiance. Non, c’était plutôt comme s’il avait l’impression qu’il devait tout résoudre seul.

Certainement une conséquence de cette recherche de revanche absurde qu’il maintenait vis-à-vis des Fangeux. Ses collègues en abattaient dans les marais ? C’était tant mieux ! Mais cela ne pesait pas bien lourd aux yeux du milicien. Non, ce qui comptait, c’était quand lui-même transperçait le corps de ces créatures abominables. Était-ce une sorte d’égoïsme ? Alaric soupira, alors que sa tête se voyait entièrement bandée par le tissu de seconde main.

- C’est vrai, admit-il à contrecœur en relevant les yeux vers Denea. J’oublie parfois que je ne suis pas un surhomme, fit Alaric avec une pointe d’ironie dans la voix.

Il avait remarqué que l’herboriste avait tenté plus d’une fois de le détendre et le mettre à l’aise, des essais qui s’étaient retrouvés sans grand succès jusqu’à présent. Mais si Alaric doutait énormément depuis plusieurs semaines, il parvenait toujours à regarder droit devant lui. Il ne reprenait pas toujours confiance seul, comme aujourd’hui. Oui, une fois, c’était l’honorable baron de Sombrebois qui l’avait tiré de biens tristes rêveries, Denea avait pris le relais cette fois-ci. Seul ? Il ne l’avait jamais été, c’était bien vrai, lorsqu’on prenait la peine d’y réfléchir. C’était vrai également que dans ce monde, on ne pouvait bien trop souvent que ne compter que sur soi-même, mais le milicien devait apprendre à gérer ce qui était dans ses cordes.

- J’ai tendance à tout vouloir contrôler, une vilaine manie, souffla-t-il, plutôt à lui-même qu’à l’herboriste.

Suivant du regard les yeux de Denea, le jeune homme s’arrêta lui aussi sur le bébé qui remuait au bout du lit. Il n’osait pas poser de questions à son sujet, c’était indiscret et cela ne le regardait en rien. Si l’herboriste avait vraiment été violée par un milicien, ce genre de souvenirs serait douloureux à évoquer. Néanmoins, sans qu’il ne puisse se retenir, une question existentielle franchit ses lèvres :

- C’est une fille ou un garçon ? Il a l’air en bonne santé en tout cas.

Cela tenait du miracle, d’accoucher dans de « bonnes » conditions à Marbrume.

- Espérons pour lui qu’une meilleure ère que la nôtre l’attend. C’est bien pour ce genre d’idéaux que je me bats dehors chaque jour.
Revenir en haut Aller en bas
Denea AlberickHerboriste
Denea Alberick



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyJeu 25 Aoû 2016 - 18:20
Denea se permit de lâcher un petit soupire amusé en entendant les mots du milicien. Vouloir tout gérer, avoir se sentir seul, cela semblait presque normal dans leur situation, celle de la ville, ou de l’humanité celons qu’on voulait être plus ou moins réaliste, ou pessimiste, tout dépendait du point de vue choisi. Contrôler quelque chose quand tout partait à volo était un moyen de se rassurer, se dire que finalement on avait peut-être une prise sur le destin du monde si petit soit-elle. Denea avait abandonné cette idée, espérait-elle seulement maintenir la tête hors de l’eau, éviter les ennuis, surtout tenter d’éviter les ennuis.
Peut-être que ce qu’elle avait vécu, avec Gunof, la grossesse, Mabel, tout cela l’avait rendue un peu plus égoïste, faisant ressortir chez elle ce côté prompt à se préserver plus. Il n’était pas certain que si la jeune femme s’en était rendu compte s’en serait-elle sentie coupable, après tout elle était encore utile à la communauté, elle ne comptait ses heures que lorsque son corps lui rappelait ses limites, ou que Mabel demandait de l’attention. D’ailleurs elle était devenue malgré elle le centre de l’intérêt, cette petite chose qui gesticulait.

« Une fille … »

Le ton de l’herboriste était peut-être un peu trop neutre pour être celui d’une jeune mère heureuse de sa progéniture.

« Elle est solide même si elle en a pas l’air petite comme elle est. »

Si petite qu’elle n’aurait pas parié qu’elle passe la semaine, comme ne l’avait pas fait en son temps le marmot qui avait coté la vie à sa mère. Pourtant, elle était encore là, même si tout pouvait basculer encore très vite. Mais à contrairement à Mabel, lui avait montré des signes de faiblesse dès le début, il avait causé à sa mère des douleurs tout le temps où elle l’avait porté. La petite chose s’était faite discrète, oubliée à la faveur du déni, puis tout s’était plutôt bien passé, jusqu’à l’accouchement, long, douloureux, éprouvant, mais sans complications. Denea avait eu de la chance, si l’on pouvait dire.

Ayant achevé de panser la plaie d’Alaric, la jeune femme se permit de s’asseoir. Elle aurait pu prendre le tabouret qui traînait quelque part autour de la table tu centres de la pièce, mais elle s’était installée sur la paillasse entre lui et le nourrisson. Ce n’était pas réellement pas envie de se rapprocher, seulement tout le bas se son dos et de son ventre était encore endolori par le travail. Ce n’était pas tout le temps, ce n’était pas pour tout, mais rester trop longtemps sur une surface dure n’aidait nullement.

« Vous devrez arrêter quelques jours d’œuvrer pour son ère meilleure. Sinon vous risquerez de plus pouvoir œuvrer pour grand-chose. »

Déclara l’herboriste à peine moqueuse alors qu’elle attrapait la petite fille pour la poser avec une infinie précaution sur ses genoux.

« Prenez un peu de temps pour souffler, vous les avez bien mérité. Je suis désolé, je n’ai pas grand-chose d’autre pour vous couvrir. »

Voir rien du tout à part cette couverture.
Ceux qui l’avaient détroussé avaient vraiment fait de l’excès de zèle, allait jusqu’à lui dérober ses vêtements s’était extrêmes, même pour des petites frappe sans scrupules des bas quartiers. Ne s'était pas que les vêtements ça ne coûtait rien, mais un homme nu dans la rue ça attirait l’attention, qu’un type habillé avachi dans une ruelle, s'il n’avait pas de trace de coups visible, beaucoup penseraient que c’était juste un poivrot qui cuvait là.
Revenir en haut Aller en bas
AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyDim 4 Sep 2016 - 17:20
Une petite fille. Alaric hocha la tête. Elle lui rappelait sa petite sœur, faut dire que c’était la seule petite qu’il avait réellement côtoyée avant son arrivée dans la ville de Marbrume. Il se souvenait de l’accouchement, son père était resté au chevet de sa mère, tandis que des cris avaient retenti derrière la porte. Il n’avait pas eu le droit d’entrer, il devait veiller sur Roland qui était encore trop jeune pour comprendre la situation. Puis, quand des pleurs de bébé s’étaient fait entendre, son père était sorti de la pièce, dans une joie incontrôlable. « Une fille » répétait-il, « une petite fille ! » Alors seulement après cela, le jeune Alaric avait eu le droit de rentrer dans la chambre et de contempler sa cadette. Sa mère était exténuée, mais un sourire paisible flottait sur ses lèvres, tandis qu’elle serrait dans ses bras une toute petite chose. « Regarde, Alaric, c’est Ellaine » avait-elle dit calmement, tandis que l’aîné s’approchait. « Elle est mignonne » fut ses seules paroles. Ce jour-là, il s’était promis de la protéger. Une promesse qu’il n’avait pas su tenir.

Sa blessure était maintenant complètement pansée et l’herboriste en profita pour souffler un coup, s’installant à ses côtés sur la paillasse. Elle attrapa la petite, la posant sur ses genoux, tout en lui donnant ses dernières recommandations. Le milicien ne savait pas à quand remontait exactement l’accouchement, mais il voyait bien que Denea était fatiguée, et puis la petite ne devait pas avoir plus de quelques semaines. La pauvre, elle était passée par sa boutique, et il lui avait fourni un travail dont elle se serait bien passée.

- Ne vous excusez pas, je vous l’ai dit, vous avez déjà fait beaucoup. De plus, j’ai pris beaucoup de votre temps et…

Détournant le regard, Alaric hésita avant d’ajouter :

- La situation ne doit pas être agréable pour vous, en ce moment.

Il lui offrit un sourire sincère. Heureusement qu’elle avait été là. Il culpabilisait quelque peu de l’avoir dérangée, d’autant plus que l’herboriste n’exerçait plus, mais il devait bien avouer que son aide avait été précieuse. Il savait également qu’elle avait raison, il allait devoir prendre un peu de repos et souffler. Mais ce n’était pas lui qui en déciderait. Vu les dangers que Marbrume couraient perpétuellement, ce n’était pas envisageable, et ses supérieurs ne pouvaient pas être avertis de cette attaque. Il essaierait simplement de ne pas accepter de mission trop dangereuse aujourd’hui et demain, si du moins, cela était possible. Il lui faudrait prier les Trois, afin qu’aucun monstre n’ait l’envie de mener une attaque surprise tant que son crâne le lancinait.

- Dites moi comment vous remercier, fit Alaric en restant néanmoins assis.

Il préférait prendre ses précautions pour se relever maintenant. Et puis, il ne savait pas vraiment quoi faire. Ressortir de la boutique avec cette couverture afin d’aller se changer à la caserne ? Ou attendre encore un peu ? Il ne voulait pas déranger Denea encore plus longtemps, mais il n’était pas sûr d’être capable de repartir si vite.

- Je ne veux pas abuser de votre temps… Vous devez rester encore un moment ici ?

Si jamais Denea désirait quitter sa boutique, il obtempérerait, bien sûr. Mais si elle avait encore à faire, alors il ne cracherait sur quelques minutes au calme supplémentaires.
Revenir en haut Aller en bas
Denea AlberickHerboriste
Denea Alberick



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyMer 7 Sep 2016 - 16:49
Ce fut la première fois où Denea se demanda ce qu’Alaric voulait vraiment dire. Elle caressa un instant l’idée que peut-être ça se savait. Ça aurait été humiliant, affreux, mais finalement pas si probable, ou du moins elle voulait tenta de s’en convaincre jusqu’à ce que son esprit lui rappelle qu’elle était tout de même seule avec un nourrisson sur les bras, cette petite chose qui pesait doucement sur ses genoux. C’était forcément de ça dont il parlait, bien entendu, c’était le plus évident. Bien qu’il ne puisse pas parler d’autre chose, elle était fatigué, écorchée, juste de quoi la rendre un peu sensible et anxieuse.

« Pour qui est-ce qu’elle est réellement agréable ? … »

Façon d’éluder l’affirmation, de changer de sujet ou plutôt de ne plus le centrer sur elle. Denea n’avait jamais été du genre à aimer particulièrement qu’on parle d’elle, d’attirer la lumière de se faire voir, mais depuis quelques mois, elle aurait aimé disparaître se faire oublier, se rendre invisible même si c’était tout l’inverse qui c’était produit au final. Mabel poussa un petit cri de contentement et s’agita faiblement. La main de sa mère était posée sur son ventre la berçant doucement.

« Je ne dois pas particulièrement rester, j’étais seulement venue rechercher encore quelques plantes. J’ai malheureusement que deux bras pas très fort alors pour espérer tout rapatrier au temple il faut que je m’y reprenne à plusieurs fois.
Mais personne ne m’attend au Temple, alors je peux bien rester un peu. »


C’était vrai qu’il n’y avait personne pour la demander dans la maison des Dieux, elle y était depuis peu, elle avait déjà donné toute sa journée, puis ils savaient qu’il y avait la petite fille, le nouveau-né qui rendait les nuits chaotiques. Tout moment de calme et de repos était bien venue. L'arrière-boutique beau être silencieuse, ne laissant entendre que le faible brouhaha de l’activité de la ville, elle ne s’y sentait pas réellement tranquille, cette angoisse sourde lui tenait des entrailles.
La jeune femme leva les yeux vers la table, cependant ils fuirent rapidement vers la porte, cette porte. Tellement peu de chances qu’il la franchisse et pourtant cette sale impression qui était toujours là. C’était stupide.

Elle laissa glisser son regard sur Alaric et lui adressa une risette un peu désabusée.

« Vous pouvez me payer, par exemple, mais si vous consentez à m’aider, pas aujourd’hui bien sûr, j'suis pas vraiment à quelques jours près, je pourrais faire un geste. »

Elle voyait bien qu’il n’avait rien sur lui, et même ces abords de gentil garçon, impossible de dire s’il était assez droit pour revenir rémunérer son travail. L’herboriste n’en avait pas réellement besoin, pas au sens strict, après tout le temple lui fournissaient un toit et un repas, dans l’absolu elle n’avait besoin de plus. Pourtant, savait-on jamais qu’elle se fait mettre à la porte qu’elle se retrouver dehors, elle préférait ne pas être sans rien.

Tout pouvait toujours empirer, tout pouvait toujours devenir pire.
Revenir en haut Aller en bas
AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyMar 27 Sep 2016 - 13:09
Effectivement, la vie était difficile pour tous à Marbrume, mais ce n’était pas exactement ce qu’Alaric avait voulu sous-entendre. Peut-être l’herboriste ne tenait pas à s’épancher sur sa fille et les complications qu’elle engendrait. Aussi, Alaric se contenta d’hocher la tête. Il fut soulagé d’apprendre que Denea pouvait encore rester un peu dans sa boutique, afin de se reposer quelques minutes encore. De plus, elle venait de lui donner une bonne occasion pour la remercier. Elle était compréhensive et puis, le milicien avait parfois l’impression qu’elle se souciait réellement de sa santé, sa blessure à la tête étant finalement plus grave que prévu.

- Dès demain, je pourrais vous aider à transporter tout ce qu’il vous faut, fit Alaric avec motivation, embrassant de son bras l’entièreté de la pièce.

On lui avait appris à toujours rembourser ses dettes, qu’on ait les moyens ou non. On pouvait toujours trouver des compromis. Et de toute manière, l’argent n’avait plus la même valeur qu’auparavant. Les habitants de la ville recherchaient de quoi se nourrir, se loger en priorité. L’argent était un concept bien trop abstrait. Comment pouvait-il vous défendre contre le Fléau ? Les nobles eux-mêmes, bien que riches, commençaient à manquer de fromage à étaler sur leur pain.

-En plus, je m’y connais pas trop mal en plantes et potion végétale. Je suis fils de fermier, vous savez. J’étais, enfin. Ça me connaît tout ça.

Me connaissait. Si le destin ne l’avait pas forcé à devenir un milicien, il aurait acquis bien plus de connaissances sur la nature qui l’entourait. Souvent, il se demandait ce qu’il serait devenu si le Fléau n’avait pas bouleversé leur vie. Mais ces pensées étaient malheureusement vaines.

-Je pensais d’ailleurs utiliser ces connaissances pour fabriquer des poisons capables d’affaiblir les Fangeux. En imprégnant les flèches dans le poison, ça pourrait marcher, ajouta-t-il, songeur.

Il ne lui restait plus qu’à tester des mélanges plus improbables les uns que les autres afin de dénicher la solution miracle. Malheureusement, Denea ne s’occupait plus de ce genre de tâches depuis qu’elle vivait au Temple avec son bébé et elle en avait fait assez pour l’aider.

-Enfin, quand vous aurez besoin de bras forts, fit Alaric avec un sourire en coin, appelez-moi. Je ne vous remercierai jamais assez, et je préfère me sentir utile.
Revenir en haut Aller en bas
Denea AlberickHerboriste
Denea Alberick



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptySam 15 Oct 2016 - 18:36
Cela restait, inchangé, toujours. Les petites gens qui n’avaient jamais trop de moyens préféraient s’arranger, toujours, un échange de services, d’objet ou de denrée contre des soins ou des remèdes. Maintenant ils étaient même de plus en plus, la nourriture et la vie en généralement devenant de plus en plus hors de prix.

« Ou après-demain aussi, ça sera mieux… pour vous et votre tête. »

Le ton n’appelait pas vraiment à négociation, si demain le milicien se présentait à temple pour honorer sa parole, sûrement que l’herboriste l’aurait forcé à s’allonger à se reposer. Il y avait des paillasses pour ceux qui venaient quérir des soins dedans la maison des Dieux.

Les petits bras et les petites jambes du nourrisson s’agitaient doucement, manquant peut-être un peu tonus, il était tard en même temps, et son dernier moment de sommeil avait été plutôt court, juste la fin du trajet jusqu’au goulot, pour une chose ses jeunes ça commençait à être long, à faire beaucoup. La jeune femme attrapa la petite main et la secoua doucement, écoutant ce que le blessé lui disait et lui expliquait, il lui parlait d’un bout de son passé. La ville avait dû être une expérience particulière et sûrement un peu difficile pour un fils de paysan habitué au grand air, aux champs, à la nature. Cependant, n’était pas cela qui l’avait intrigué de suite, mais bien l’idée qu’il avait eu de trouver une substance active contre les fangeux, en somme un poison.

Fronçant légèrement les sourcils dans une expression légèrement pensive, elle prit un petit instant demandant ce qu’elle pouvait bien avoir à dire là-dessus.

« Je m’y connais un peu en poison, enfin, c’est des connaissances pas pratique bien sûr, puis j’ai pas forcément vraiment eu l’occasion de m’intéresser à ce qui agissait sur les fangeux. Mais ne je ne suis presque sûre que pour le moment rien à été trouvé qui l'atteint. »

En soi, l’idée, elle la trouvait valable, plus que valable, cependant, il ne devait être le seul à plancher ou avoir plancher sur ce projet. Elle se souvenait de cet alchimiste qui lui avait proposé de participer à est recherche, puis n’avait plus donné signe de vie. Un projet en plus, quelque chose pour s’occuper l’esprit de moins.

« Puis je suis pas certaine que tester vos petits mélanges sur le terrain est une si bonne idée, à mon avis c’est le meilleur moyen pour revenir me voir, ou voir quelqu’un comme moi en plusieurs morceaux ou vidé de son sang… »

On savait jamais il pouvait trouver quelque chose qui au lieu d’affaiblir les fangeux, les énerverait encore plus. Après ce n’était qu’une inquiétude sur quelque chose qu’en réalité elle ne connaissait pas, seulement au travers des quelques récits de miliciens qu’elle avait soignés et entendus.
Revenir en haut Aller en bas
AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] EmptyDim 23 Oct 2016 - 15:13
L’herboriste jouait délicatement avec les petites mains du bébé qui s’agitaient en réclamant quelques heures de sommeil supplémentaires. Ces petits êtres dormaient beaucoup et les journées ne devaient pas être de tout repos pour eux.

Bien que Denea s’occupât de sa progéniture, elle n’en écoutait pas moins le milicien qui lui exposait une idée qui lui avait traversé l’esprit depuis quelque temps : empoisonner un Fangeux. C’est avec sérieux qu’elle lui répondit, et en toute franchise, une qualité qu’il appréciait particulièrement chez l’herboriste. Il était vrai que personne n’avait encore trouvé de « solution miracle » si du moins cette dernière existait. Mais pour Alaric, il s’agissait d’une piste, aussi faible soit-elle. De plus, il avait ce désir, ce besoin de se rendre utile autrement que par son rôle de milicien. Il avait des compétences végétales qui lui étaient propres et il voulait continuer de les pratiquer, dans la mesure du possible. Un paysan vivait toujours dans le cœur d’Alaric, dans ses réflexions, sa mentalité et ses gestes. Il ne pensait pas devenir un jour milicien « à temps plein », mais il ne pouvait prédire l’avenir. Hélas…

Il hocha la tête vigoureusement lorsque Denea évoqua l’effet inverse que ses mixtures pourraient produire sur les créatures démoniaques. Certes, il y avait déjà pensé et il savait que le risque était présent. Pouvait-il donc rendre la situation encore pire qu’elle ne l’était actuellement ? D’après les dires sous entendus de l’herboriste, oui.

- Mais nous avons une arme que l’on connaît infaillible contre eux : le sel. Peut-être que cela pourrait être un point de départ ?

S’il parvenait à créer un mélange sur base de sel, il était tout à fait possible de blesser – voire de tuer- des Fangeux. Après tout, ils se refusaient à entrer en contact avec ces cristaux de la mer. Anür les protégeait, disait-on, alors sans doute ne verrait-elle pas d’inconvénient à ce que l’on se serve gentiment de ce précieux don. M’enfin, l’alchimie était une science compliquée qu’il ne maitrisait pas vraiment. Il désirait ardemment s’y mettre sérieusement, mais son travail de soldat l’empêchait de s’y plonger. D’autant plus que qu’il ne savait ni lire, ni écrire, et les quelques connaissances végétales qu’il possédait, il les avait acquises sur le terrain, en travaillant aux côtés de son père. La meilleure façon d’apprendre, il en était certain.

Sortant de sa rêverie, il reporta son attention sur la mère et l’enfant et sourit posément. C’en était assez pour aujourd’hui. Il leur avait causé bien des soucis, et lui-même devrait en régler quelques uns. Pour commencer, il lui serait utile de porter autre chose sur le dos que cette couverture délavée. Il en était venu à oublier son état et ses joues prirent une teinte rosée lorsqu’il en prit conscience.

- Je vais y aller. Je dois rentrer à la caserne me retrouver une armure de cuire. Je vais essayer de me reposer, mais vous savez, c’est pas toujours facile pour un milicien.

Il se releva, avec précaution cette fois. La douleur s’était atténuée et tenir sur ses deux jambes n’était plus un obstacle infranchissable. Il offrit un nouveau sourire à l’herboriste, et ajouta :

- Vraiment, merci pour ce que vous avez fait pour moi. Dans deux jours, je reviendrai vous aider, vous pouvez compter sur moi. Et puis, pour cette histoire de poison… Je sais bien que vous n’êtes plus trop concernée maintenant, mais si jamais je trouvais quelque chose, vous voudriez en être informée ?

Il avait demandé en espérant un « oui ». Il savait qu’il pouvait lui faire confiance et n’avait pas envie de se tourner vers une autre herboriste habitant la ville. C’était égoïste de sa part, et il le savait pertinemment. Bah de toute façon, si Denea refusait sa proposition, il ne lui en tiendrait pas rigueur, loin de là. Si elle savait s’occuper de la petite chose qui gigotait inlassablement, c’était déjà suffisant. Bien suffisant. Un sentiment de bravoure et de courage le traversa de nouveau. Cet enfant, il l’espérait, vivrait dans un monde meilleur, sans cauchemars monstrueux. C’était bien pour ce genre d’idéaux qu’il était rentré dans la milice, et avait abandonné le rêve de s’occuper de terres sans fin.


Hrp : je précise que j'ai réalisé ce rp avec ce défi de Luna Razz "Au début d'un topic, vous vous réveillez à poil dans une ruelle. Sans plus rien du tout sur vous. Même pas des fringues. Mais alors que c'est-il passé ? "
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
MessageSujet: Re: Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]   Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick] Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Quand un amnésique frappe à votre porte... [Denea Alberick]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Bas-Quartiers :: Le Goulot-
Sauter vers: