Marbrume



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 Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]

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MessageSujet: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptySam 23 Avr 2016 - 18:02
Callista se faufila discrètement dans les venelles sombres et enténébrées du quartier de l’Esplanade alors que l’on venait de sonner complies. Dans la nuit noire, les allées se confondaient les unes aux autres, dans la pénombre ambiante d’un ciel sans lune, et les gens ne sortaient que trop peu, craintifs des dangers auxquels ils pouvaient s’exposer. Ceux qui s’y risquaient voyaient leur ombre s’agrandir, rampant voracement sur les murs pour étouffer toute trace de lumière, et chaque recoin présageait de l’arrivée d’un fangeux prêt à vous arracher la glotte de ses dents putrides. Même à l’Esplanade, quitter ainsi le seuil de sa maisonnée, en pleine nuit, n’était aucunement exempt de tout écueil, et l’on se regroupait généralement en petite bandes de hobereaux et de gardes personnels pour voyager de demeures en demeures. Quelques rares réceptions mondaines et vaines fêtes boulevardières se déroulaient au sein des pénates, où l’on trompait la peur avec un semblant de joie et une once de survie, mais ces plaisirs ne tarderaient aucunement à rendre leur dernier souffle sitôt que poindrait l’aurore.

La jeune femme, elle, de son côté, demeurait esseulée au travers des ruelles encore chics de Marbrume. D’aucuns eussent pu jurer du caractère insane de la chose, la parangonnant au suicide, mais, en ce qui concernait la baronne, peu lui en chalait. Cette dernière avait commis une erreur, et bien que cette incartade ne la condamnerait point à mort, Callista la jaugeait assez lourde pour la compromettre pesamment, en sus de lui mener la vie dure pour les prochaines semaines à venir. Elle s’était mis martel en tête, songeant aux futurs rémoras, et marchait présentement d’un pas hâtif et décidé sous ses mantilles et son vertugadin fuligineux. Aussi légère qu’une brise, elle longeait les parois des manoirs, une futile miséricorde serrée dans sa dextre, écourtant les regards fureteurs lancés des du haut des balcons.

Elle nécessitait dans l’urgence une tisserande ou couturière digne de ce nom, qualifiée et minutieuse. Eu égard à l’heure avancée de la nuit, s’aboucher avec une telle personne eût tenu du miracle, aussi la baronne s’était-elle redirigée sur une artisane qu’elle ne connaissait guère, si ce n’était de par les dégoisements intempestifs d’une de ses accointances. Bonne réputation, quoique qualifiée de peu, et, subséquemment, jeune. Mais enjouée et volontaire dans les tâches qui lui étaient confiées. Callista n’en demandait pas moins.

La noble parvint bientôt sous le corps-de-garde du Rempart Intérieur séparant le vulgum pecus des sangs-bleus, et ce fut là qu’on l’arrêta. La soldatesque veillait encore en ces heures tardives, bien qu’abrutie par la garde qui se forlongeait vers la matinée. La fraîcheur vespérale et les ombres dansantes, projetées par les oupilles, tenaient toutefois les miliciens assez alertes pour poser à la silhouette voilée nombre de questions desquelles elle se joua aisément.
Oui, il n’était pas très indiqué de sa part que de partir ainsi en garouage, esseulée. Non, ès qualité de noble qu’elle était, ils n’étaient pas tenus de lui interdire de se mouvoir dans la ville après l’arrêt des couvre-feux, et, oui, s’il quelque funeste destin l’attendait de l’autre côté du rempart, alors se pouvait-il qu’ils se fissent alpaguer par leurs gradés. D’un commun accord, et bon nombre d’imprécations, l’on statua sur le fait qu’il était plus prudent d’aller réveiller deux bougres pour l’accompagner dans ses périples jusqu’à ce qu’elle franchît de nouveau le corps-de-garde.
Callista agréa à l’accord ; le danger augmentait sensiblement sitôt que l’on quittait l’Esplanade et s’enfonçait dans le sud et l’est de Marbrume, aussi la présence de quelques gardes pour veiller sur sa personne ne serait pas de trop. De plus, dans la mesure où ils la laisseraient au niveau du Rempart Intérieur, ils ne viendraient pas fouiner dans ses affaires, chez elle, affaires qu’elle désirait tenir secrètes.

«J’assavoure d’autant plus vos sollicitudes à mon égard que je les trouve délitables », sourit-elle cauteleusement à l’attention de ces deux messieurs qui, tout en baillant, semblaient fortement tirer la tronche.

Le petit groupe s’engagea silencieusement dans le Bourg-Levant, dans ce tissu urbain de banques, d’armureries, de boulangeries, de drogueries et de maisons à colombages. Sachant pertinemment où la menaient ses pas, ou presque, Callista ne se fit pas fureur pour ouvrir un semblant de discussion qui eût été tué dans l’œuf de toute façon. En vérité, en dépit de la présence des deux gardes, elle ne se sentait pas véritablement en sécurité ; tout juste réveillés, ils avançaient tout droit comme des pantins, suivant le chemin ouvert par la noble, et ne songeaient vraisemblablement qu’à une chose ; regagner leur grabat. Ce sentiment fut immanquablement renforcé au moment même où la jeune femme se tint devant ce qui devait être la maison familiale de la couturière qu’elle venait voir. Elle pourpensa rapidement à ce qu’elle allait dire, vérifia bien qu’il s’agissait de la bonne maisonnée, et jeta un coup d’œil à son escorte. L’un des deux miliciens était sur le point de s’endormir sur sa pique, maladroitement plantée entre deux pavés inégaux. Il fut tout désigné pour la tâche à suivre.

« Soldat, je vous sens en telle verve que vous allez diligemment m’impatroniser auprès de damoiselle de Beauval. Et, par les Trois, ne manquez point d’entregent, je vous en prie. »

Citation :

Je m'arrête là ; tu connais mieux la maison que moi. Je gage que tu peux avoir quartier libre pour ce qui est de faire entrer (ou non) Callista, ce genre de petits mouvements, aussi bien que pour faire se mouvoir les deux gardes si tu le souhaites. ^^
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Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyDim 24 Avr 2016 - 10:16
La nuit était tombée depuis quelques instants et Aelys venait de souffler les bougies de la pièce qui lui servait d'atelier, s'assurant que tout soit en ordre avant de quitter les lieux. Elle avait un rythme bien à elle de travail, ponctué à intervalles réguliers par les repas prit en famille la majeure partie du temps, passant un peu de compagnie avec ses chers parents pour discuter de la journée qui venait de s'écouler, avant qu'elle ne s'en retourne toujours à sa couture, jusqu'à-ce que le soleil ne se couche et que ses yeux ne commencent à brûler. Là elle soufflait ses bougies et s'apprêtait pour un repos bien mérité, nouant ses longs cheveux blonds et enfilant une tenue adéquate. Son lit était aussi spacieux que moelleux et s'allonger entre les draps de belle facture suffisait bien souvent à la faire happer par un sommeil qui n'attendait que ce moment pour emporter la belle jeune femme. Cela ne faisait pourtant pas même une demi-heure que ses paupières étaient closes qu'on frappa doucement à sa porte. Un soldat était venu s'annoncer à la porte et avait expressément signifié au valet qu'une Noble Dame désirait s'entretenir avec elle. Aelys se leva d'un bond, craignant quelque urgence d'une nature cependant inconnue, enfilant hâtivement un vêtement que l'on aurait pu qualifier de robe de chambre en d'autres temps, lissant tout aussi précipitamment ses longs cheveux blonds fort heureusement fins et légers.

- Faites-là entrer.

C'était un miracle en vérité que ses parents dorment encore, mais le soldat avait spécifié au valet que seule la couturière était réclamée et celle-ci ordonna qu'on fit entrer leur invitée dans le petit salon afin de ne pas la laisser vulgairement sur le pallier. L'intérieur de la maison portait encore les signes d'une aisance passée, des murs ornés de tapisseries et de tableaux de qualité, un mobilier fait par un ébéniste renommé dont la discrète et élégante griffe ornait chacun d'entre eux, à la vue ou non de qui ne faisait que l'observer sans s'arrêter. Les fauteuils étaient moelleux et la demeure toute entière semblait d'une propreté digne d'une noble maison. Aelys se présenta en toute simplicité en vérité, pénétrant dans le petit salon au bout de quelques brefs instants, vêtue d'une robe vert marronné ceint à la taille d'une pièce de tissu soulignant la finesse de celle-ci, son double-bracelet à son poignet et celui à son bras éternellement présents. Ses cheveux, coiffés à la hâte, demeuraient propres et nets, bien que leur tenue soit assez simple. Malgré la légère fatigue qui s'annonçait, elle eut un sourire pour son invitée et inclina la tête pour l'accueillir.

- Dame d'Ayguemorte, je suis Aelys de Beauval, soyez la bienvenue en notre demeure. Se déplacer la nuit doit sans doute requérir quelque urgence, en quoi puis-je vous aider ?

La fille De Beauval était polie et douce, autant dans ses gestes que dans sa voix, ne remettant nullement en doute l'importance d'une telle démarche venant d'une Noble qui ne pouvait forcément pas faire acte de caprice. Pas avec la menace des Fangeux et des criminels de petite vertu qui pouvaient arpenter les rues de la cité.
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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyDim 24 Avr 2016 - 17:13
Il ne s’agissait pas tant d’une punition qu’une nécessité dictée par le savoir-vivre et la diplomatie, d’une certaine façon ; en qualité de noble, elle se devait que d’avoir un héraut pour se faire annoncer chez les gens, fussent-ils d’une condition sociale moins élevée que la sienne. Et ainsi voir le bougre à moitié endormi être subitement réveillé par une injonction qui lui demanderait de mobiliser le semblant de volonté qu’il pouvait posséder avait un elle ne savait quoi de truculent. Il sursauta, manqua de faire tomber sa hampe, et se précipita tout aussi maladroitement en direction de la demeure des de Beauval. Callista espéra toutefois que le garde s’en tirerait avec les honneurs, non pas pour lui ou pour ses facultés d’adaptation, mais bien parce qu’il la représentait elle, actuellement. Et que, en vérité, l’accueil qu’Aelis lui réserverait serait tributaire de sa façon de se présenter lui-même aussi bien que la noble qu’elle incarnait.

La jeune femme dut nonobstant attendre un certain temps avant que l’on vînt la rencontrer sur le perron de la bâtisse, ce qui lui fit douter des compétences d’ambassadeur de l’homme qu’elle avait envoyé. Mais au moins était-elle bien reçue dans la maisonnée, ce qui était déjà un premier pas fort probant. Ce fut un laquais qui l’enjoint à rejoindre le salon principal, et elle le suivit comme il se devait. Toute en sombres voiles, funestes châles de grenadine et gants noirs, la veuve observa la pièce dans laquelle elle venait de pénétrer. Les traces d’une famille ayant fait florès mais que les évènements récents avaient précipitée demeuraient perceptibles, quoique ladite famille ne fût pas encore sur la paille, loin de là. Les tapisseries aux anciennes couleurs chatoyantes affichaient des teintes devenues fades et ternies, les tableaux se décoloraient comme la peinture manquait de s’écailler dans les recoins ; seul le mobilier demeurait encore et toujours, de ses bois de chêne et d’ébène immarcescibles, bien que le vernit commençât çà et là, peut-être, à s’effriter. Mais tout cela était fort compréhensible ; la dureté du temps présent obligeait chacun à délaisser ses activités annexes et à reconsidérer le sens de ses priorités. Survie, chaleur, vêture et nourriture, voilà ce qui primait dans les tréfonds de ce monde oublié.

En dépit de la splendeur passée, l’ensemble de la maisonnée se présentait comme une bâtisse propre et rangée, et ce fut au milieu de tout cela que s’introduisit Aelys. Sans afféterie aucune, elle apparaissait sobrement dans une robe toute aussi simple, quoique de belle facture, et l’on pouvait supposer que la vêture avait été tissée par la main qui la portait actuellement. La tisserande accueillit son invitée par une inclinaison de la tête, qui fit se balancer des mèches blondes et légèrement déchevelées, et un sourire avenant vint éclairer que plus encore le regard scintillant de la bachelette. Oui, la couturière était telle que l’on lui avait conté.

«C’est lieement que je vous rencontre, damoiselle Aelys. Je n’ai point eu de retour de la part de votre varlet, mais j’ose espérer que le briscard que je vous ai envoyé s’est annoncé à votre personne sans impéritie aucune. Puis-je ? »

Sans même attendre la réponse, Callista, laquelle s’était déjà fort bien impatronisée dans cette maison qui n’était pas la sienne, prit place au fond d’un des fauteuils qui garnissaient le salon en rabattant son vertugadin. Sous sa mantille, elle observa la jeune damoiselle du coin de son œil qui ne semblait jamais ciller.

«J’eusse préféré m’entretenir de votre personnes en des heures moins tardives, mais quelque arduité en décida pour moi autrement. L’ouvrage que j’ai pour dessein de vous mandater s’inscrit comme une besogne pour le moins inaccoutumée de celles dont vous êtes sûrement arroutinée. Pour des raisons de discrétion, je ne puis vous en narrer davantage, et vous invite en lieu à me suivre jusqu’à chez moi, dans le quartier de l’Esplanade. »

Petite pause, comme la veuve continuait de mirer dans la direction de la couturière, avant de joindre les mains que pour mieux poursuivre.

«Vos outils de tisserande vous seront nécessaires, mais préconisez davantage alènes et tissus résistants, de ceux qui ne dépérissent pas rapidement. De la précision. Par la suite, je vous demanderai de concevoir un certain linge ; privilégiez batistes, passements, brocards, brandebourgs et autres ganses. Du textile de qualité, des liserés mordorés… Mais cela restera à votre discrétion. Enfin, vous verrez tout cela par la suite. »
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Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyMar 26 Avr 2016 - 12:37
Aelys ignorait en vérité qu'on eut pu parler d'elle à Callista, car bien qu'elle se soit constitué une cliente noble tout à fait honorable et ne cessa de travailler avec acharnement, elle n'avait pas la prétention d'être aussi reconnue que le serait une personnalité de la Haute ou même celui qui régentait la cité de Marbrume. Elle inclina la tête aux dires de celle qui lui faisait face, ne répondant pas lorsqu'elle demanda à s'assoir, connaissant les usages qui faisaient la renommée, bonne ou mauvaise, des Nobles qui avaient tendance à agir comme bon leur semblait face à quiconque n'était pas d'un lignage équivalent ou peu s'en fallait. Imitant son invitée impromptue, la jeune femme prit place dans le fauteuil qui lui faisait face, l'écoutant sagement avec la plus grande des attentions lui exposer le motif de sa venue, ou plutôt le mystère qui entourait celui-ci et qui ne manqua pas de faire naitre une certaine curiosité au fond de ses prunelles claires. Quel ouvrage pouvait nécessiter tant de secret et de cachoteries ? L'on racontait bien des choses sur les Nobles et leurs caprices, encore que la couturière n'eut jamais l'occasion de voir cela chez sa cousine, choses qui la rassurait assez à son sujet, cependant il fallait reconnaitre que sa vis-à-vis n'échappait guère à cette rumeur. L'énonciation de ce qui serait nécessaire ne manqua pas de l'interpeller, tandis qu'elle inscrivait mentalement la liste de ce dont il était question, évaluant ce qui pouvait être constitué avec de telles choses, attendant qu'elle termine avant d'oser donner son avis à ce sujet.

- Dame d'Ayguemorte, c'est là grand honneur que vous me faites d'avoir songé à ma modeste personne pour réaliser vos desseins, mais tout ceci nécessite un transport conséquent et je ne saurais me rendre à pied jusqu'à l'esplanade en portant seule tout ceci. Avez-vous quelques gens qui puissent m'aider dans cette tâche ? Les tissus pèsent lourds et j'aurais besoin de connaitre la quantité dont vous avez besoin.

Marquant une pause, elle sourit cependant, sa curiosité ne démordant pas face à son ignorance de ce qui s'annonçait.

- J'ose cependant vous affirmer que votre projet, bien que m'étant encore inconnu, m'intéresse déjà au plus haut point. Souhaitez-vous que j'emporta quelques pièces de tissu pour que vous puissiez vous prononcer sur la base de l’œuvre ?

Car sans doute la Noble ne voulait-elle pas qu'elle commence dès ce soir, n'est-ce pas ? Tout comme elle ne voulait peut-être par forcément que la jeune femme travailla chez l'une ou chez l'autre. Encore une des nombreuses choses qu'il faudrait décider une fois à l'Esplanade.
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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyMar 26 Avr 2016 - 17:24
Aelys s’était assise en face d’elle et écoutait avec attention les propos de sa mandatrice. Celle-ci savait faire preuve d’une certaine adresse pour nimber ses dires de mystère, ce qui ne pouvait qu’accroître la curiosité de ses interlocuteurs. En particulier lorsqu’ils s’avéraient juvéniles et que la fougue de cette même jeunesse les obligeait presque à satisfaire leur curiosité pour se doter d’une expérience, quelle qu’elle fût, qu’ils ne possédaient pas encore. Callista le pressentait en regardant le visage et l’expression de sa vis-à-vis ; elle se posait de nombreuses questions sans jamais oser les porter à haute voix. Par réserve, peut-être, par timidité, ou encore par respect pour sa noble invitée, laquelle n’avait pas encore cessé de déparler. Et d’une toute autre façon, pour la veuve, mieux valait agir de la sorte et confronter la couturière directement à sa tâche afin que, une fois sur les lieux, le chemin parcouru la contraignît à demeurer sur place. Peut-être.

Toutefois, la damoiselle de Beauval n’était point sans émettre quelques objections. Les rouleaux de tissu l’encombreraient assurément, et ses frêles épaules ne supporteraient pas à elles seules ces lourds fardeaux. Une aide serait la bienvenue. Voilà qui disconvenait à Callista, pour des raisons qui la regardaient mais qu’elle ne pouvait ouvertement affirmer. Aussi trouva-t-elle quelque autre prétexte pour éviter pareille situation et évincer ce menu problème.

«Je puis entendre à ce que la tare de pareilles charges vous soit par trop imposante, et j’ai présentement sous la main deux quidams qui, non-contrestant l’abattement qui les accable, en cette heure fort tardive, serait à même que de faire office de portefaix. Toutefois, je crains de devoir préciser que j’ai loué… disons, la bonne volonté de ces sieurs contre l’assurance d’un prochain repos ; passé le Rempart Intérieur, nous demeurerions seules, et je souffrirai de vous servir à mon tour de coltineur. »

La fin de cette dernière phrase fut élégamment ponctuée d’une moue dédaigneuse de circonstance et d’un léger battement de la main. La baronne continua malgré tout, répondant à la seconde interrogation de la tisserande.

« Non, je fais confiance à votre esprit et votre bon goût, lesquels me paraissent assez émerillonnés pour acontenter mes besoins. Si fait, nul besoin de vous surcharger de toutes ces étoffes ; la confection ne vous reviendra que demain, dans votre propre ouvroir, céans-même. Munissez-vous simplement, j’insiste, du strict minimum ; aiguilles et petites bobines de fil, ainsi que le nécessaires aux premières mesures. Rien de plus. Le surplus de tout ce que je vous ai conté sera à atermoyer. »

Se levant alors, Callista observa l’état de la nuit à travers une fenêtre.

«Nous avons déjà que trop baguenaudé ; le temps file et la nuit avec lui. Je suis fort aise de constater que l’entreprise vous sied toujours, et vous remercie en avance. Allez donc vous enquérir rapidement du nécessaire, et mettons-nous en route sans flânocher. »

La jeune femme attendit avec une patience qu’elle ne semblait point éprouver qu’Aelys rassemblât ses affaires avant de mettre les voiles, les deux gardes sur ses talons. Là encore, Callista avançait d’un pas hâtif et décidé, regardant fréquemment en direction du ciel comme si elle craignait quelque ire divine. En vérité, c’était surtout l’apparition peut-être soudaine et précipitée d’une certaine lueur bleutée sur l’horizon qui la tracassait et la pressait ainsi, bien que, de temps à autre, elle fouillait de son regard l’obscurité environnante au détour de chaque virage. La prudence était de mise en ces heures sombres, et la veuve avait, comme à l’allée, sa miséricorde en main. Les soldats, quant à eux, remplissaient laborieusement leur office, à moitié endormis, et leur allure comme leur démarche avaient quelque chose d’assez pathétique. Difficile que de pouvoir compter sur eux pour assurer la sécurité des petites gens de Marbrume. Et cela ne manqua point.

Ils étaient à mi-chemin que de parvenir jusqu’au corps-de-garde du Rempart Intérieur lorsqu’une forme humanoïde vint percuter, au détour d’une venelle assombrie de ténèbres, le premier garde, puis Callista, l’envoyant à moitié s’effondrer sur Aelys. La veuve n’eut que le temps, au harsard, de donner un rapide coup de surin sur ce qui lui avait foncé dessus. La soldatesque, de son côté, réagit avec une seconde de retard, sortant armes et poignards, sens enfin en alertes, avant de se rendre compte que cette menace n’était pas autre qu’un gus totalement ivre mort, gisant maintenant sur le sol. La baronne, sans faire attention à Aelys, se releva subitement, sifflant d’un air vipérin en contemplant la déliquescence de la nature humaine, cet amas de chair suintant la crasse et l’alcool qui avait osé bousculer son noble lignage. La miséricorde qu’elle tenait dans sa dextre s’était tachée du même sang qui maculait à présent le flanc de l’homme et ses ouailles. Ce dernier remua légèrement, avant de tenter de se redresser en soufflant bruyamment. Callista n’eut plus un regard pour lui.

«Sa géhenne est à la hauteur de sa fredaine. C’était chiquement dit. Poursuivons notre chem… »

Elle s’arrêta brusquement alors même qu’elle venait d’effectuer un premier pas en direction de l’Esplanade. Non, cela ne pouvait demeurer ainsi. La baronne se tourna en direction des miliciens.

«Pour une fois, rendez-vous utiles. Je me trouverai toute éplapourdie de prendre connaissance, une fois le lendemain venu, de sa survie. Nul doute que sa carcasse s’abâtardira bientôt en fangeux. Pour le bien des habitants, il me paraît expédient, messieurs, de lui pourfendre le crâne, afin d’être certains qu’il ne se relèvera aucunement.
- Ma dame, je… T’être bien qu’il survivra , on peut pas savoir, on peut pas tuer un innocent comme ça… !
»

S’il avait bien fallut quelque chose pour réveiller les gardes, c’était bien ce qu’il venait de se passer actuellement. L’homme était l’on ne pouvait plus en alerte, et, cela se voyait sur son visage, était en plein effervescence, réfléchissant aussi bien qu’il le pouvait.
Callista considéra le garde d’un œil peu amène.

«Plaît-il ? Mirez donc sa gueuserie qui charrie toute la misère du monde et qui aura déjà garni sa lésion des pires ignominies. Il geint durement, ne peut se relever, et encore moins ambuler, et je n’ai ni le temps ni le loisir de le mener à quelque rebouteux que ce soit.
- … C’est que…
»

Le garde semblait chercher ses mots, sans toutefois parvenir à les trouver. Et le plus étrangement du monde, il se tourna en direction d’Aelys, en quête de soutien.
Callista était sur le point de lui claquer au nez toute sa vérité et de l’écharper sur place, lorsqu’elle s’aperçut du manège du soldat, de cette aide qu’il quêtait ailleurs. Elle se retint de justesse ; voilà qui était aussi soudain que cocasse. La baronne se tourna à son tour en direction de la couturière que l’on avait oubliée depuis, et attendit sa réaction, un délicat sourcil arqué tout en grâce sous son voile, surplombant son regard sombre et inquisiteur.
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Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptySam 30 Avr 2016 - 11:09
Aelys n'aurait su dire pourquoi, mais cette femme noble avait quelque chose de particulièrement saisissant dans la façon qu'elle avait de prendre des décisions rapides et dénuées de toute hésitation. Elle refusait de porter une charge comme le ferait un mulet et la couturière ne pouvait que le comprendre, de toute façon jamais elle n'aurait osé demander à l'une de ses clientes de se charger d'une telle besogne car c'était là son travail. L'idée de pouvoir travailler chez elle dans sa propre office eut le mérite de la rassurer un peu et elle acquiesça d'un léger signe de tête, se levant en même temps que sa visiteuse lorsqu'elle parla de se hâter. Lui demandant de l'excuser, elle fila chercher ce dont elle avait besoin, rangeant le tout dans une confortable besace qui tenait en bandoulière à son côté, prévenant le valet de sa destination et lui demandant d'en informer ses parents à leur réveil, si d'aventure elle n'était pas rentrée une fois qu'ils auraient quitté le lit. Une fois tout préparé, la jeune femme emboita le pas à sa noble cliente, constatant la présence rassurante de deux gardes à qui elle demanda fort poliment leurs noms, leur offrant un sourire gentil que tous par ici lui connaissait. La fille De Beauval était réputée pour sa douceur et les deux hommes ne purent que le constater, escortant les deux femmes dans les rues de Marbrume en direction de l'Esplanade. Ce fut à mi-chemin que les choses se gâtèrent, quand une forme sombre émergea de l'ombre pour fondre sur eux. Percutant le premier garde, puis Callista, cette dernière vint s'effondrer sur Aelys qui tomba à la renverse sur le pavé, tâchant sa robe d'humidité et de la crasse de la rue. Fort heureusement, ces détails importaient peu et elle constata avec soulagement qu'elle n'était pas blessée, se relevant avec précautions avant de réaliser que la forme qui se tenait à présent au sol était humaine. Point de fangeux ici, rien qu'un pauvre hère complètement saoul et... blessé ! Le regard de la couturière accrocha l'arme que tenait en main la noble dame, peinant à réaliser que c'était elle qui était responsable de ceci, avant d'entendre l'échange entre sa cliente et l'un des gardes. Estomaquée, Aelys écouta avec incompréhension ce qui se disait, ne comprenant pas qu'on puisse ainsi désirer la mort de quelqu'un juste pour une bousculade involontaire, qui plus est sous l'emprise de l'alcool. Elle secoua faiblement la tête puis, comme l'ayant repérée, le garde qui parlait avec Callista tourna son attention vers elle, semblant chercher quelque soutien ou renfort. La jeune femme lui rendit un regard à mi-chemin entre l'incompréhension et l'horreur, puis baissa les yeux sur le malheureux qui perdait son sang, s'approchant pour venir s'accroupir à son côté, posant une main sur son front glacé.

- Le pauvre homme a du vouloir boire pour lutter contre le froid, il perd en chaleur...

Sa voix douce, aussi compatissante que le regard qu'elle avait pour celui qui était responsable de sa robe désormais souillée et de la peur qu'ils venaient tous d'avoir, continua sur sa lancée alors qu'elle levait son attention sur sa cliente.

- Dame d'Ayguemorte, toute vie en ces temps de malheur se doit d'être préservée. Nous avons déjà perdu tant des nôtres à cause des Fangeux et chacun de ceux qui vivent en cette cité sont l'avenir de notre monde. Nous nous devons de les préserver.

Ça n'était pas tant un reproche qu'une simple affirmation, tandis que Aelys reportait son attention sur le gueux perdant son sang, ses fines mains fouillant dans sa besace pour en sortir un tissu blanc et propre qu'elle roula en boule pour venir le presser au niveau de la blessure, son nez se fronçant face à l'odeur épouvantable du miséreux qui se mêlait à l'acre de celle du sang qui coulait de la plaie.

- Nous pouvons fort bien nous passer d'un garde afin qu'il aille le mener à un soigneur. Vous, venez m'aider.

Demanda-t-elle à celui qui lui avait adressé un regard quémandant de l'aide, lui faisant presser la main sur la plaie de l'homme avant de tirer quelques piécettes d'argent qu'elle déposa dans sa main libre.

- Prenez ceci. Deux devraient suffire pour le soigneur, deux autres serviront pour les médicaments et ses repas, les deux dernières sont pour vous, pour cette tâche que je vous demande.

Six pièces d'argent, de quoi manger durant longtemps à Marbrume, deux suffisant pour nourrir une famille malaisée durant deux bonnes semaines. La couturière eut un doux sourire à l'intention du garde, l'aidant à redresser le malheureux qui ne tenait même pas sur ses jambes, obligeant le soldat à le tenir de côté comme un poids à demi mort. La jeune femme recula d'un pas, se frottant machinalement les mains l'une contre l'autre, le sang les tâchant un peu. Son attention se tourna vers l'autre garde à qui elle sourit gentiment.

- Vous pouvez nous guider, n'est-ce pas ?

L'homme se redressa en bombant le torse, hochant fermement la tête avec l'air de celui qui ne veut pas décevoir et qui se sent investit d'une mission. Aelys pivota alors vers Callista, qu'elle voyait à présent d'un tout autre regard : comment pouvait-on à ce point manquer d'humanité ? Mais elle était sa cliente, alors il lui faudrait faire avec, la seule chose pouvait la dissuader serait qu'elle n'accepte pas ce que la couturière venait de décider pour le malheureux blessé.

- Si cela vous sied, Dame d'Ayguemorte, pouvons-nous reprendre notre route ? Je gage que nous venons de perdre un temps précieux, mais si nous nous hâtons un peu, nous serons arrivées avant le lever du jour.

Car à mesure que le temps passait tandis qu'ils arpentaient les rues de la cité, elle avait eu tout loisir de réfléchir à la question et ne voyait pas d'autre raison que celle de rester discrète, pour qu'ai lieu un tel déplacement nocturne.
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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyLun 2 Mai 2016 - 22:25
Lorsque tout ce petit monde s’était mis en branle, cela s’était fait dans une humeur plus légère que ne le laissait apparaître la pesanteur de l’opacité des ruelles se refermant chaque fois davantage sur eux. Le sourire d’Aelys y était pour beaucoup, dès lors qu’elle avait questionné les deux gardes sur leurs appellations. Bien que à moitié abrutis par la fatigue, les deux hommes avaient répondu de bon cœur, comme si cette petite touche de gentillesse et ce minois si ouvert leur était cette petite brise fort rafraîchissante qui vient terminer de vous réveiller de bon matin. Otto était le nom du premier, et Arthur celui du second. Encouragés par les traits ingénus et alliciants de la couturière, ils avaient à leur tour posé de-ci de-là deux ou trois questions sur la jeune femme, bien plus causante et de leur niveau que pouvait l’être la noble qu’ils escortaient. Mais au détour de cette ruelle, les choses avaient justement pris un autre tournant.

Les regards s’étaient croisés et entrecroisés de nouveau comme l’incompréhension, aussi bien que l’appréhension, parcourait les moues de son lot de questions et d’hésitation. Callista avait ordonné à ce que l’on exécutât l’homme qui, totalement ivre, leur avait foncé dedans, à tous. Car elle doutait fortement de ses chances de voir le jour se lever de nouveau, eu égard à sa condition de vie déplorable et à la blessure d’où suintait un lourd sang carmin et poisseux. Le temps s’écoulait en même temps que la vie et le liquide, souillant les haillons crasseux, et les secondes s’étaient suspendues dans les airs. Le regard d’Arthur avait quêté celui d’Aelys, probablement aux vues des derniers mots échangés et d’un possible soutien. Callista eût très bien pu y mettre un terme d’une simple injonction dont elle n’aurait souffert aucune protestation. Mais, intriguée par cette étrange situation, elle avait laissé la parole à la tisserande, le lui faisant comprendre d’un simple haussement de sourcil.

A Aelys de s’exprimer sur la situation. D’excuser l’attitude lamentable de l’homme et de la couvrir par le besoin de celui-ci de trouver du réconfort et de la chaleur. De s’épandre sur le besoin de sauver toute vie à l’heure même où l’humanité courait un grand danger, et où la valeur d’une âme était d’autant plus élevée que l’on en perdait des dizaines chaque jour. Le tout à grand renfort d’une gentillesse sans limite, de petit ton adouci, d’étincelles innocentes dans le regard, ce qui conduisait éperdument, au regard de la baronne, à une stupide naïveté. Joignant le geste à la parole, la tisserande s’approcha du pécore pour chercher à alléger sa peine et sa douleur, lui accordant un brin de réconfort tout en pansant sa plaie du mieux qu’elle le pouvait. Elle se raccrochait à l’espoir ténu de lui sauver la vie.

«Fagotages et fatrasseries que tout cela. Je m’emploie justement à sauvegarder nos vies et celles de nos alleutiers en purgeant toute menace de l’enceinte même de notre ville, et je ne connais vergogne aucune à décréter ce pouilleux malicieux. Même en côtoyant quelque rebouteux et leurs philtres nébuleux, il ne tardera point à redevenir. Il ne mérite déjà plus vos gracieusetés. »

Pourtant, Aelys s’accrochait tant bien que mal à ses valeurs comme à cette nouvelle idée qu’elle proposa nonobstant ; débaucher l’un des deux gardes pour envoyer cette créature future aux bons soins de quelque charlatan que ce fût. Au travers de toute cette histoire, Arthur s’en était trouvé fort contenté de s’apercevoir que la jeune femme avait défendu son parti, et cela même face au noble lignage que représentait Callista. Il prit bien volontiers les quelques piécettes que lui fournit Aelis et commença à charger l’imbriaque qui soufflait comme un bœuf.

« Ses halenées empestent, par les Trois ! Damoiselle de Beauval, vous vous opiniâtrez dans vos volontés ! Qu’importe, si cela vous sied tant que cela. Mais, vous… Soldat ! Je ne tiendrai point ombrage de ce que je taxerai de désertion. Toutefois, il m’est évident que, dans la mesure où vous n’avez pas respecté votre contrat, à savoir m’aconvoyer jusqu’au Rempart Intérieur, vous serez franc de paye. »

Cela eut pour mérite d’afficher un certain doute sur les traits du milicien, comme s’il hésitait finalement à revenir sur sa décision, laquelle l’empêchait ainsi de se voir accorder un certain pourboire. Car non, dans cette société décadente où les écus avaient jusqu’à moins de valeur, parfois, qu’un quartier de viande, et où les pères vendaient leurs filles au plus offrant, il n’était pas certain que cet argent lui promît la belle vie, n’était-ce sur quelques jours. Mais il ne défléchit pas, alors même qu’il posait de nouveau les yeux sur la tisserande, et quelque chose en elle, son visage, sa candeur, ou peut-être même un petit sourire lui fit hocher du chef avant de s’emparer résolument de l’homme. Un dernier salut, assez sec somme toute à l’attention de Callista, mais bien plus prononcée au-devant d’Aelys, et il s’en fut.

Quant à Aelys, elle se retourna vers Callista, avec toute la légèreté du monde afin de lui demander s’ils pouvaient reprendre la route. L’intéressée ne put retenir un semblant de rire nerveux, sans joie. Sarcastique.

«Voilà qui frise l’outrecuidance, susurra-t-elle, une lueur sibylline dans le regard. Nous avons perdu du temps. Mais à qui le dites-vous, très chère ? »
Cette question rhétorique avait été lancée sur un ton bien plus léger, presque amusé, cette fois-ci, et, sans véritablement répondre à Aelys, ce fut à elle de se détourner pour se réengager sur le chemin de l’Esplanade.

L’absence d’un garde supplémentaire pouvait se révéler désastreux en ces temps maudits, mais, fort heureusement, à l’instar de l’aller, nulle véritable menace ne vint croiser sa route. Ils prêtèrent malgré toute une grande attention à ce qui les entourait, quelquefois que des gens aux velléités belliqueuses décidassent de leur tomber dessus. Rapidement, ils parvinrent au Rempart Intérieur, et Callista se défit de son dernier garde, qu’elle paya, lui, comme convenu. L’homme fut plus que content de pouvoir retourner rejoindre son lit, tandis qu’une petite autre patrouille de miliciens veillait sur le corps-de-garde. Callista et Aelys s’engouffrèrent dans l’Esplanade.

Là, les rues y étaient déjà plus larges, le pavé plus régulier, et l’ombre plus récalcitrante à venir s’étrangler dans ses interstices, quoiqu’elle fût toujours présente en cette heure bien trop sombre. Les maisons avaient fière allure, aussi, ou davantage que celles que proposait le tissu urbain du Bourg-Levant ou de la rue des Hytres. Les colombages y étaient plus beaux, plus propres, la belle et grande pierre taillée se substituait au bois, et les lucarnes à cul de bouteille étaient délaissées au profit de plus amples fenêtres. Elles croisèrent bon nombre de manoirs, sans jamais s’y arrêter pourtant. Et le voyage se prolongea jusqu’à ce qu’elles quittassent l’ombre moyennement rassurante des bâtiments pour s’engager sur un petit raidillon. Il suffit d’un regard de la tisserande en direction de Callista pour qu’elle sût que cette dernière connaissait parfaitement sa route et que, non, elle ne se trompait pas de chemin.

En fin de compte, la baronne s’arrêta devant un petit portail en fer forgé que les outrages du temps avaient quelque peu malmené. Ses petits pics surplombaient un muret de pierre qui entourait l’aître aux tombes plongées dans la brume, dissimulées au derrière, dans la lugubre pénombre.

«J’avais pour dessein de ne pas tout à fait vous dire où nous conduisait notre affaire à venir. C’est plus probant ainsi. Maintenant… J’ai pour acquis votre aptitude pour la survie d’autrui. Je compte à ce que vous possédiez la même pour vous-même. »

Si le message n’était pas assez clair, Callista soupesa dans sa main sa miséricorde, l’exhibant de façon ostensible au regard de sa vis-à-vis. Elle ne pipa mot au sujet de ce qu’il pouvait bien se trouvait dans le cimetière, se contentant d’ouvrir fermement le portillon pour se perdre dans ces terres autrefois sacralisées.
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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyMar 3 Mai 2016 - 8:26
Le groupe se délesta ainsi du garde Arthur qui, le coeur trop tendre pour prendre une vie innocente, avait accepté de bon gré d'emmener le malheureux jusque chez qui pourrait le soigner. Aelys lui avait adressé un sourire agrémenté d'un regard empli de reconnaissance, lui rendant son signe de tête avant qu'eux-mêmes ne reprennent leur route. La fin du retour fut sans encombre et, sitôt passé le poste de garde, s'étendit aux pieds des deux femmes une route proprement pavée qui ne souffrait pas de la crasse de l'autre partie de la cité. Ici l'espace était plus grand entre les bâtiments et un rayon de lune permettait de marcher sans risquer de trébucher, alors que la jeune femme songeait avec un rien d'amertume à sa robe sale qui lui donnait presque l'air d'une pouilleuse, une autre pensée chassant ensuite celle-ci, lui rappelant qu'au moins le malheureux était sauf et qu'il n'y avait point à regretter d'avoir juste salit une robe. Un tissu ne valait pas une vie, loin de là. Ainsi la couturière chemina-t-elle silencieusement aux côtés de la noble, lui jetant régulièrement un regard intrigué, constatant à son expression de visage qu'elle semblait savoir parfaitement où aller, bien qu'en vérité, sitôt qu'elles approchèrent de leur destination, son assurance perdit en force.

- Un cimetière...

Souffla-t-elle en s'arrêtant devant le petit portail en fer forgé que le temps n'avait guère épargné, puis entendant les paroles de Callista, son regard se porta à l'arme qu'elle avait en main et son sang se glaça : elle savait reconnaitre une menace quand elle en entendait une, elle n'avait que trop souvent eu l'occasion, à ses débuts, d'en entendre à l'égard du chevalier qui lui tint protection lorsqu'elle venait en aides aux miséreux, de même que lui aussi proféra parfois quelques avertissements dans le but de dissuader tout danger de s'approcher. Pour autant, Aelys n'était pas de ceux qui se laissent terroriser et, bien qu'elle commença à songer que cette cliente pourrait bien être la dernière, elle inspira profondément et se redressa, courageuse et fière, soulevant ses jupons pour passer le portail ouvert à la suite de cette femme vêtue de noir. Peut-être désirait-elle que cela demeura secret au point de la menacer de trépas ? L'endroit était lugubre, digne d'une vision de l'extérieur malgré le halo blanc que la lune dispensait autour d'eux, une légère brume flottant au ras du sol et apportant sa touche de mystère à l'endroit. La couturière se surprit à prier mentalement les Trois pour leur protection, puis secoua un peu vivement la tête, se forçant à un peu plus de sang-froid.

- Dois-je comprendre, Dame d'Ayguemorte, que vous voulez que je confectionne quelque œuvre pour orner un tombeau ?

Car pour quelle autre raison aurait-elle fait tant de mystère et de menace, tant d'agacement quant au fait de se hâter et d'éviter d'être vu ? Aelys espérait en tout cas qu'il s'agisse de cela et non de confectionner un vêtement pour un mort, les cadavres n'étant pas pour la rassurer et sa voix, bien que se voulant calme, trahissait dans le fond du timbre un léger tremblement qui dénotait la peur respectueuse que lui inspirait cet endroit. Et si les morts se relevaient précisément pendant qu'elles étaient dans le cimetière ? Par les Trois, qu'ils continuent de se reposer, elle n'avait nullement l'envie d'en rencontrer cette nuit.
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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyLun 9 Mai 2016 - 18:52
Hésitation, appréhension, mine sceptique ; les mêmes émotions et sensations qui avaient filé sur les visages des gardes et d’Aelys, en la compagnie de l’ivrogne, venait de ressurgir de nouveau sur le minois de la couturière sitôt qu’elle s’était aperçue du cimetière. Et cette crainte n’était pas sans fondement depuis que les morts avaient pour coutume de se relever en créatures bien trop vives et dangereuses pour les humains, même lorsqu’ils étaient armés. Si pareils endroits avaient été délaissés au profit de simples bûchers ou de charniers communs, c’était qu’il y avait une raison. Ainsi, un simple couteau ou une simple miséricorde, telle qu’en tenait Callista dans sa dextre, demeurait d’aucune aide, ou presque, mais l’esprit tentait tant bien que mal à se raccrocher à la moindre parcelle d’espoir. Que cet acier aiguisé leur permît de se défendre. Qu’il n’y eût aucun fangeux dans l’enceinte même de l’ossuaire. La seule manière de le savoir, c’était encore d’y entrer.

Callista s’était avancée de quelques pas sur ce début de chemin qui traçait l’allée centrale et à partir de laquelle s’étendaient, à la perpendiculaire, des zones d’herbes folles entre les tombes plus ou moins alignées. Certaines prenaient l’aspect séculaire de la pierre effritée et rongée par le temps, où les épitaphes en devenaient d’autant plus illisibles que les mauvaises herbes recouvraient les stèles. D’autres portaient des traces de coup, creusés à même le granit ou le marbre, et cela ne pouvait que provenir de la main des hommes. Collecteurs, chasseurs de trésors ou simples gredins, chacun y avait mis du sien pour violer les sépultures et tenter d’y trouver là leur content de richesses oubliées. L’apparition du Fléau avait eu un effet mitigé sur la fréquence de ces outrages ; les gens devenaient plus désespérés encore, n’hésitant plus à franchir le pas comme d’autres, à l’instar d’Aelys, ne ressentait plus que de l’appréhension vis-à-vis de ce lieu de paix. Les morts ne revenaient-ils pas sous la forme de fangeux ?

Pourtant, Callista avançait paisiblement au milieu des allées désertées. Son pas était devenu bien plus serein qu’il ne l’avait été jusque-là, au travers des venelles et des coupe-gorges que pouvait offrir Marbrume, et cela même alors qu’elle tenait en sa main sa miséricorde. Son autre main effleurait de sa paume les hautes-herbes qui se courbaient sous sa caresse, le bout de ses doigts frôlait le haut des stèles arrondies, presque couvées d’un amour maternel. Son visage et ses traits, enfin, s’étaient apaisés, et son regard ne paraissait plus aussi sévère qu’autrefois.

«Si vous devez éprouver de la défiance, ce ne sera que plus loin, enchristée de murs qui ne voient jamais la lumière du jour. Pour autant que j’en sache, les dépouilles antérieures à ce pandémonium ne se voient frappées d’anathème les obligeant à ne plus gésir sous terre. Tournant la tête en sa direction, ne lui dévoilant que la moitié de son visage et un demi-sourire, sous ses voiles, Callista se fendit de ce petit conseil. Par ailleurs, si vous quêtez quelque lieu d’accoisement, loin de ces jaspinages incessants et de ces dégoisements bêtifiants, ou même si vous escomptez à égarer vos coureurs de jupons et de guilledou, soyez certaine de trouver céans-même une solitude et une paix bienvenues. »

Quant à la dernière question de la couturière, la baronne n’y répondit pas, préférant là encore se fendre d’un léger sourire mi-figue mi-raisin. Elle continuait de s’enfoncer au beau milieu de ces écharpes de brume, là où quelques silhouettes de tronc surgissaient de la terre, racines empêtrant les squelettes des défunts. Au milieu de tout ceci se dressait à son tour un temple d’Anür, illuminé de quelques torches, où venaient parfois officier quelques prêtres de la Déesse mais que l’heure plus que tardive avait totalement vidé. Si ce n’étaient les paroles qu’échangeaient çà et là les deux jeunes femmes et le bruit léger de leur pas, le silence était présent, tout aussi religieux que l’endroit lui-même.

Elles contournèrent toutes les deux ce temple après s’être emparées d’une torche pour se diriger vers le fin fond de l’aître. Des sépultures plus imposantes dormaient dans l’ombre, sous la protection bienveillante de statues apotropaïques. En l’honneur d’Anür, des esprits des mers, des tritons, sirènes et autres calamars recouverts de coquillages finement ciselés dans un marbre passé avaient été représentés. Ce fut sous ces tridents aiguisés et ces tentacules noueux que Callista s’arrêta.

«C’est ici qu’il nous faut être vigilantes. »

Quelques marches discrètes s’enfonçaient dans l’obscurité, tout droit vers une nécropole inconnue et pleine de mystères. Mais plutôt que de rencontrer une lourde dalle de pierre, ce ne fut qu’une grille qu’elles trouvèrent, en bien meilleur état que ne l’était le portillon ouvrant sur le cimetière. Les pupilles rétractées par la lumière ne parvenaient que trop difficilement à sonder au travers des barreaux les ténèbres que retenait la chaîne, enroulée autour du portail. Callista se tint devant, immobile, avant de faire jouer sa miséricorde sur la grille. Le métal heurta le métal, produisant ce bruit si caractéristique dont les échos vinrent se perdre sur les dalles du tombeau et contre ses parois. Elle attendit encore un peu, sur le qui-vive, puis la pression se relâcha. Sans plus attendre, elle sortit une petite clef qu’elle glissa dans le cadenas retenant la chaîne, puis, défaisant le portillon de ses liens, pénétra dans le caveau.

La lumière de l’oupille dévora l’obscurité jusque dans ses moindres recoins, remplissant la cavité. L’air y était très froid, et se révélèrent à elles non pas des murs suintant une mousse verdâtre et poisseuse d’humidité, mais des parois lisses et régulières. Le sol n’arborait nul relief, parfaitement plat lui aussi, et nul petit gravier ne venait faire défaut dans cet étrange tableau. Au beau milieu de la sépulture gisait un grand tombeau recouvert d’un drap dont la propreté et la couleur juraient avec le caractère presque immaculé de la pièce et, en-dessous de ce même drap, se dessinait une silhouette plus ou moins humaine. A Callista de la révéler d’un grand mouvement du bras, tirant sur le tissu.

Il s’agissait bel et bien d’un corps, celui d’une femme, d’une femme noble si l’on devait en juger de par la vêture opulente et alambiquée ; collier d’or et d’argent, corset échancré, jupons bigarrés et parures en tout genre. Et cette femme était l’on ne pouvait plus morte ; sa tête avait comme été arrachée de son tronc.

«Je demande davantage qu’une simple œuvre de décoration, damoiselle de Beauval. Il me siérait bien à ce que vous confectionniez un riche linceul pour cette pauvre défunte, mais pas que. Je vous ai principalement demandée pour que vous rattrapiez cet odieux forfait que j’ai malheureusement commis. Raccommodez-moi donc ce faciès à son cou, de votre plus grand soin, sans que l’on puisse y trouver à redire. »
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Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyLun 9 Mai 2016 - 19:13
Aelys écouta avec attention le conseil avisé concernant la singularité de ce lieu sacré et de la quiétude ainsi que de l'abri qu'on pouvait y trouver, songeant que cela demeurait fort particulier que de venir se réfugier dans un tel endroit. Son premier réflexe à elle aurait plutôt été de chercher quelque porte amie où venir frapper pour quémander de l'aide, déranger les morts ne lui semblant guère opportun ni avisé. Le cimetière était d'un calme à la fois lugubre et bienvenu, la lune éclairait leurs pas et, bien vite, le tombeau d'Anür leur offrit une torche pour continuer leur route jusqu'à une grille étrangement bien entretenue. La jeune femme sursauta quand sa cliente frappa sur le métal, puis fut plus qu'étonnée ensuite quand elle entreprit de l'ouvrir à l'aide d'une clef. Suivant sa guide nocturne, la couturière marcha prudemment sur ce sol pourtant lisse, s'interrogeant sur l'âge du tombeau ainsi que sur son entretien qui devait nécessiter une grande attention. Ce n'est qu'en arrivant au sein même de la salle principale que Aelys compris que ses espoirs d'échapper à quelque mauvaise surprise étaient voués à disparaitre à la vue du linceul défraichit dont la Noble s'approcha pour en saisir un coin. L'horreur la saisit lorsque fut dévoilé le corps sans vie et il lui fallut plaquer ses deux mains sur le bas de son visage pour retenir le son qui tenta de s'échapper de sa gorge, ses yeux clairs s'écarquillant face à cette vision dont elle ne parvint pas à détourner le regard, sans pour autant qu'elle s'en approcha. Callista lui expliqua alors ce qu'elle attendait d'elle, à savoir non seulement un linceul digne de celle qui gisait là, mais surtout, une suture qu'elle songea parfaitement inappropriée à son métier. Déglutissant difficilement, la jeune femme abaissa ses mains tremblantes et leva vers sa cliente un visage pour le moins terrifié.

- J-Je ne puis point.

Souffla-t-elle avant de fixer brièvement le cadavre, puis détournant de nouveau ses yeux qui menaçaient de s'humidifier d'un instant à l'autre. La Noble l'ignorait certainement, mais c'était là le premier mort mutilé qu'elle voyait de toute sa jeune vie et il y avait de quoi être choqué lorsqu'on avait grandit dans un milieu pour le moins protégé.

- Je puis confectionner un magnifique linceul et même si vous le désirez une robe qui lui siéra à merveille, mais je ne... je ne suis point médecin ni prêtre, c'est à eux que revient cette tâche qui nécessite un respect considérable et... et des prières appropriées.

Ce à quoi la couturière murmura entre ses lèvres tremblantes quelques paroles adressées à Anûr pour accueillir l'âme de la défunte, lui demandant pardon pour cette intrusion au sein de son tombeau et songeant qu'elle risquait d'être punie si elle n'allait pas confesser ceci à sa prochaine visite au Temple. Elle pouvait comprendre, quelque part, qu'on désira réparer une erreur -bien qu'elle ne désira pas savoir comment tout ceci était arrivé ni dans quelle mesure- mais on ne pouvait demander à une couturière d'officier comme le ferait un croque-mort, c'était à son sens presque contre-nature.
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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyVen 13 Mai 2016 - 15:12
Si l’affaire avait été moins grave et que les conséquences de ses actes passés ne lui causaient pas déjà grand tort, Callista n’eût pas rechigné malgré tout à refaire toute cette petite épopée entre le quartier de l’Esplanade et la maisonnée de la tisserande juste pour voir à nouveau le visage de cette dernière au moment même où le linceul avait été retiré. La baronne s’était employée à contrôler sa gestuelle, découvrant le cadavre d’un ample mouvement du bras, comme toute assez théâtrale. Aelys, elle, avait délaissé toute contenance au profit de la réaction spontanée, à chaud. Sursaut, pas en arrière, visage distendu par l’effroi et la surprise, et ses mains venaient tout juste d’étouffer un cri du cœur qui se serait sans doute perdu dans les échos interminables et prolongés qu’auraient renvoyés les murs gris et immaculés du tombeau. Passé ce petit moment de consternation et d’incompréhension, la jouvencelle sembla reprendre ses esprits, pour avouer ne pas être en mesure, ou ne pas se sentir capable, d’exécuter la tâche que venait de lui confier Callista.

Cette dernière, tout en pondération et en patience confondues, hésita quelques instants sur la marche à suivre vis-à-vis de celle qu’elle avait démarchée. Si Callista était habituée à pareille vision, elle pouvait comprendre que cela représentait une étape difficile à surmonter pour qui n’était pas préparé. Plus qu’un macchabée, là, la tisserande avait affaire à un cadavre à qui l’on avait écharpé le cou dans une certaine bestialité, comme en témoignaient les lambeaux de chair inégaux et sanglants qui striaient la découpe. Les premiers signes de décomposition n’étaient pas encore apparu, la vêture dissimulait les possibles ballonnements des boyaux et, de manière évidence, la vitalité de la peau s’était estompée, celle-ci affichant désormais un teint cireux, hâve ; cadavérique. S’occuper des morts représentait une épreuve qu’Aelys ne se sentait pas en état de faire. Oui, elle pouvait confectionner un suaire, et c’était bien là ce que lui avait demandé Callista. Mais pas uniquement. Plus encore, il demeurait une certaine mésentente, une mauvaise interprétation des desseins et des offices de la veuve.

«Nous nous entendons bien pour le linceul, mais, pour le reste… Cette dame que vous voyez gésir céans-même ne nécessite aucunement la confection de quelque vêture que ce soit, aussi ne vous tarabustez donc pas pour cela ; sa famille a déjà pris soin de l’atourner ainsi, comme vous pouvez le constater. Et cela pour ma plus grande malaisance, car, eu égard à ce décolleté, les lésions de son cou ne se verront que trop. Je gage qu’il me faudra la nipper de quelques écharpes, çà et là, afin de dissimuler ces navrances. »

Ses yeux s’étaient posés sur le cadavre, plus particulièrement au niveau de sa tête, décollée ; elle vint les rediriger sur Aelys, à qui elle devait certaines explications. Elle compassa son langage et ses explications.

«Oui, c’est bel et bien sa parentèle qui me l’a confiée, et bien des nobles ont agis de même. Dans la vie comme dans la mort, nombre d’entre nous rechignent à se faufiler au vulgum pecus, alors, lorsque le fléau s’est abattu sur nous, que les morts se sont relevés, et que ces derniers se virent abandonnés aux fournaises publiques… Nous nous sommes insurgés, sans pour autant parvenir à arraisonner le duc et ses décrets. J’ai donc pris les devants, et me suis livré à ces cabales, que vous voyez là. Ma visée n’est pas autre que d’imiter le temps jadis, où nous soulions d’inhumer nos proches selon nos croyances et le dogme de la Trinité. Mais je dois agir en tapinois, en toute illégalité, comme la contemptible sorcière à qui j’emprunte les traits lorsque l’on me voit ainsi adoniser des cadavres pour permettre aux familles de se condouloir devant une tombe et non pas devant un amoncellement de cendres ayant appartenu à une hétaïre, un imbriaque et trois soudrilles soudoyés. »

Arrêtant l’espace d’un instant sa logorrhée, Callista en profita pour lâcher un petit soupir tout en montrant d’un geste las de la main la tête tranchée.

«D’ordinaire, je m’emploie à crever l’arrière du crâne de ma miséricorde jusqu’à entamer profondément le cerveau, afin de m’assurer leur trépas définitif, car nous ne jouons jamais assez de prudence. Cela permet de procéder aux obsèques sans danger aucun. Mais celle-ci… Celle-ci s’est réveillée d’une manière fort impromptue et, pour me détraper de là, je n’ai pas eu le temps ni le choix de lui trouer discrètement le crâne ; j’ai fait avec les moyens du bord, présumant de pouvoir maquiller le désastre à un endroit qu’il est possible de camoufler. Mais pour cela, je requiers justement votre assistance. Pour soulager l’affliction d’une famille qui voudrait rendre un dernier hommage à sa défunte comme pour me soulager de cet arrêteuse situation. Leur exposer ainsi leur mère ne serait pas très… Probant, voyez-vous. »
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Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyVen 13 Mai 2016 - 21:19
Comment Aelys n'aurait-elle pas pu se sentir au plus mal face à l'aspect d'un cadavre à la tête arrachée ? N'eut été le fait que la décomposition ne soit pas encore présente d'un point de vue olfactif, il y avait fort à parier qu'elle aurait défaillit et aurait du s'éloigner pour rendre son dîner, ce qui il fallait le reconnaitre n'aurait été ni décent, ni respectueux pour le corps étendu sur la pierre glacée. La jeune femme tâchait de ne pas trop regarder en direction du cou et préféra au contraire fixer son attention sur Callista qui prenait la peine de lui expliquer l'intégralité de la situation dans laquelle, à présent, elles se trouvaient toutes les deux. Devrait-elle la dénoncer ? L'idée lui effleura à peine l'esprit qu'immédiatement son empathie pour les proches de la victime prit le dessus, repoussant cette honteuse pensée. Le Duc avait parfois exigé certaines choses qu'elle n'approuvait pas, bien qu'elle demeura éloignée de la politique et de ses affres, cependant elle pouvait comprendre qu'on désira se recueillir sur un parent décédé et, de ce fait, les agissements de la Noble semblaient somme toute compréhensibles.. quoique l'idée qu'un Fangeux ait bien faillit la tuer et parcourir ensuite librement les rues de la ville, contaminant toute personne rencontrée et tuant sauvagement chaque innocent qui croiserait sa route, avait quelque chose d'effrayant. Ceci expliquait d'ailleurs pourquoi elle avait exigé du garde qu'il abatte le blessé et fasse le nécessaire pour ne pas qu'il se relève.

- Si j'entends bien, Dame d'Ayguemorte, vous désirez que je... r-recouds cette tête à son...

La couturière était pâle, ses mots trébuchant sur ses lèvres malgré ses efforts pour contenir tremblements et sueurs froides, bien qu'il soit évident qu'elle pouvait défaillir à tout instant.

- ... à cette personne, c'est bien cela dont il s'agit ici, en plus du linceul ?

Prenant une grande inspiration dans un acte de courage insensé dont elle se sentir des plus stupides, la jeune femme s'approcha lentement en tâchant de contenir son dégout et sa peur, grimaçant un peu plus à chaque pas qui la rapprochait du socle de pierre, près duquel elle s'arrêta. Les paupières à demi plissées, elle essayait de faire face à cette vision d'horreur en sentant pourtant monter à ses yeux clairs l'humidité caractéristique d'une sensiblerie qui, si elle n'avait pas été si jeune et innocente, aurait pu être considérée comme une faiblesse.

- C-Comment est-elle... ?

Aelys déglutit, détournant son attention du cadavre pour relever les yeux vers Callista, le corps tremblant sous l'effort fournit pour se dominer à chaque seconde.
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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyJeu 19 Mai 2016 - 16:25
Les explications de Callista avaient eu pour effet que de débourrer quelque peu la jeune femme, alors aussi effrayée que stupéfaite par la tâche qui venait de lui être confiée. Les hésitations comme leur lot de questions demeuraient toutefois, et l’on pouvait sentir à quel point la couturière se faisait violence pour reprendre ses esprits et se convaincre du bien-fondé des intentions de la noble. Son regard errait de-ci de-là entre le cadavre et sa vis-à-vis, encore que la focalisation sur cette dernière primait davantage ; le dégoût et la répulsion étaient toujours présents. Décidant de se donner un petit peu plus de temps pour retrouver une certaine contenance et établir clairement les choses, Aelys reformula les termes imposés par la veuve ; devait-elle vraiment, si fait, recoudre la tête au restant du corps ?

«Vous entendez bien et cela est, à mon sens, la plus primante des requêtes. Pour ce faire, vous n’avez point d’autre choix que d’être présente icicaille, là où le suaire peut être fustré depuis votre établi. Vous pourpensez sûrement les raisons qui vous ont conduite en ce caveau, vous plutôt que quelqu’autre morticole, non pas ? C’est fort simple ; le souci de discrétion. Les esculapes amènent avec eux les interrogations de ceusses qui les voient passer, et l’on ne tardera point à se demander qui passera bientôt de vie à trépas dans mon service ancillaire. Et je fuis les disquisitions. Par ailleurs, lorsque l’on en vient à parler de sutures, n’effectuez-vous pas les mêmes actions ? Ils revigorent les hommes comme vous agissez à l’avenant pour les vêtures. La chose est la même ; seul diffère le support. Voyez cela comme un exercice d’une nature particulière, tout simplement. »

« Tout simplement » était peut-être un peu trop pour Aelys, laquelle n’avait possiblement pas coutume de contempler des macchabées, et moins encore d’œuvrer sur leurs chairs cadavériques. Et tous les défunts n’avaient pas la jointure des épaules et du cou aussi mal déchiquetée. Là encore, la violence que se fit la tisserande fut aussi visible que palpable, à grand renfort d’inspirations et de mine déterminée, le tout atourné d’une pâleur extrême. Si ce n’était le teint cireux de la noble gisant sur le tombeau, l’on eût pu difficilement parangonner la nuance blafarde affichée par le minois de la Beauval et celle du cadavre à opérer.

«Ne vous effarouchez donc pas ; elle est morte, et ainsi demeurera-t-elle. Ce n’est plus qu’un cadavre, adonc, bien plus avenant, à sa manière, que toutes les horreurs que vous pouvez mirer au-dehors. Et si vous n’avez pu encore contempler la hideur qui sévit à l’extérieur, alors faut-il un début à tout. »

Les médecins et autres charlatans s’avéraient parfois bien curieux, et c’était l’une des raisons pour lesquelles Callista s’était reportée sur une jeune couturière. Toutefois, cela ne la dispensait malgré tout pas de recevoir quelques questions, notamment sur la cause de la mortalité.

«Je n’alléguerai rien en l’état ; je ne suis pas en mesure que de justifier mes dires en l’impéritie de toute compétence médicinale, et cela me sied très bien. Voyez un peu ; que je puisse sauver des gens, et mon commerce mortuaire ne s’en porterait bien plus mal. »

Tout cela était fort cynique, mais fort vrai également.

«Bien. Contentez-vous de raccommoder tout cela et de prendre des mesures pour le linceul ; vous disposerez toute la journée de demain pour le tisser, et je pourrai ainsi venir le récupérer dans la soirée. »
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Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyLun 23 Mai 2016 - 9:39
En toute autre situation, Aelys aurait sans doute été fort aise de savoir qu'on la considérait comme une personne discrète et respectueuse de l'intimité de chacun, mais il lui fallait reconnaitre que, présentement, ce compliment ne l'enchantait guère et lui faisait au contraire presque regretter d'être ainsi. Presque, cependant, car un nouveau regard au cadavre, focalisé volontairement sur le haut du visage de la femme gisant sur la pierre, lui fit brièvement songé que la pauvre n'avait pas du apprécier de manquer revenir en Fangeux et d'être ainsi décapitée. "Puisse les Trois veiller sur elle et la garder auprès d'eux" songea la jeune femme en finissant d'écouter Callista qui, si elle lui paraissait bien froide et solide en comparaison de sa propre faiblesse, ne lui inspirait cependant plus aucune crainte. La couturière ignorait quelles étaient les fameuses horreurs dont il était question au-dehors, bien qu'en vérité dans quelques temps elle aurait l'occasion d'y être confrontée, mais une pensée commençait à se faire jour dans son esprit et emplissait l'espace apeuré de ses émotions, teintant sa réflexion d'une certitude toute bienveillante et déterminée : on ne pouvait laisser ainsi une dépouille profanée, fut-ce parce que la décapitation avait été inévitable. Qu'il faille un début à tout n'était pas un argument valable aux yeux de la fille De Beauval, en revanche sa sensiblerie la poussa à songer qu'à la place de la défunte, elle serait bien triste de présenter si mauvaise figure à qui voudrait bien la voir avant son dernier voyage dans les entrailles de ce monde.

- M'assurez-vous qu'une fois son cou recousu, elle ne se relèvera pas ? En avez-vous la certitude ?

Juste au cas où, une dernière confirmation lui semblait nécessaire, mais également une requête, alors que Aelys détournait son attention du corps pour lever vers la Noble un regard clair mi-ému, mi-déterminé malgré l'appréhension qui demeurait dans ses yeux clairs.

- Resterez-vous ici tandis que je m'attèle à lui rendre sa dignité ?

Puisqu'il semblait certain à présent que la Dame d'Ayguemorte maniait les lames et savait se défendre, elle pourrait fort bien monter la garde au cas où quelque problème surgirait sans crier gare... Et surtout l'idée de rester seule avec un cadavre la terrifiait, la couturière craignait de voir son fantôme venir la hanter et lui reprocher ses actes. Une chose au moins semblait certaine désormais, au vu de ses dires : elle acceptait. Pas pour l'argent, pas pour contenter sa cliente, mais par égard pour celle qui n'était plus et qui méritait, comme tout un chacun, un peu de décence dans la mort.
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MessageSujet: Re: Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista]   Tisser des liens ne tient qu'à un fil [Aelys & Callista] EmptyMer 25 Mai 2016 - 13:33
Depuis que son petit commerce mortuaire avait débuté, Callista s’était vue confier de plus en plus de cadavres à mesure que le fléau déversait tout son malheur sur les hommes et les femmes, les obligeant de plus en plus à demeurer confinés dans leur demeure. Quand bien même ne s’occupait-elle que de la noblesse, laquelle était la seule à pouvoir se permettre de la payer pour une telle chose, que les défunts affluaient toujours, et rares étaient les jours où l’on ne venait pas la quérir pour lui passer « commande ». Femmes, hommes, vieillards… Les fangeux s’attaquaient à tous, sans distinction d’âge et de sexe, et il lui fallait souvent maquiller ou cacher les blessures que les crocs comme les griffes des créatures pouvaient bien provoquer. Mais dans ces cas-là, la famille était au courant des lésions et des plaies affichées par la victime. Dans la situation où se trouvait Callista, et à présent Aelys, la parentèle ne l’était aucunement. Toutefois, les macchabées apportés n’étaient tous pas décédés par la seule faute des fangeux ; la nature était ainsi si bien faite, et si pernicieuse, qu’elle regorgeait d’anomalies, d’incohérences, de défauts ou même de maladies qu’elle était prête à déverser sur le monde, là encore sans distinction aucune, et les plus vulnérables s’avéraient souvent être les nouveau-nés. Et chaque femme connaissait bien le potentiel de douleur, de joie et de mortalité, pour elle comme aussi bien que l’enfant concernant ce dernier point, que représentait ce dernier lors de l’accouchement. Oui, la noble avait vu défiler des pléthores de trépassés.

Et pour chacun d’entre eux, elle avait procédé à cette petite opération qui consistait à tuer dans l’œuf la transformation en fangeux. Une petite dague, couteau, miséricorde qui, appliqué d’un coup avec l’aide d’un marteau, craquelait l’os et traversait le crâne pour aller se planter dans l’âme et l’esprit de tout être humain. Aucun ne s’était alors jamais relevé de cela. Pour cette femme dont elles devaient ainsi s’occuper, Callista n’avait juste pas eu le temps de procéder à cette menue opération, alors même qu’elle était pourtant sur le point de l’effectuer ; la macabre résurrection avait été trop bien rapide. Et les rumeurs comme les histoires que l’on contait parfois au détour d’une conversation demeuraient suffisamment clair pour rentrer dans la pensée collective ; l’on prenait définitivement pour acquis le fait que, une fois tué de nouveau, un fangeux, quel qu’il fût, ne se relevait point. La garde et les miliciens étaient très clair sur ce sujet, revenant de leurs escapades dans les ruelles de Marbrume aussi bien qu’en-dehors de son enceinte, et sûrement y avait-il eu quelques fols pour procéder à ces expérimentations.

« Je puis même être à même de vous promettre davantage ; nulle lueur malicieuse ne viendra se glisser dans ses prunelles éteintes cependant que vous la raccommoderez. Morte est-elle, et morte demeurera-t-elle, comme le sont tous ces cadavres qui, une fois relevés, se font tuer de nouveau. Je ne saurais dire s’il s’agit d’une malédiction ou d’une chape-chute ; plutôt que de nous damner en un mois, Anür a décidé de nous doter d’un espoir illusoire en nous permettant de nous colloquer à couvert des remparts de Marbrume. Nous vivons tous dans la peur et la misère, dans la faim et la doutance, du mieux que nous le pouvons, que pour nous voir les uns les autres dépérir à petit feu. J’escompte que nos vies nous seront arrachées dans quelques demi-année. Elle haussa les épaules avec un fatalisme et une résignation évidente. Mais en attendant, continuons de survivre et de mener une existence désabusée ; occupons-nous de cette femme assez chançarde pour ne pas assister à la fin de l’humanité. »

La question se posa ensuite, dernière requête, semblait-il, de savoir si Callista demeurerait aux côtés de la coutière pendant qu’elle serait à l’ouvrage.

«Cela va de soi ; je ne permets à aucune personne de demeurer dans ma courcelle intime alors même que je n’y suis point présente. Cela me permettra en sus d’aviser de l’avancement de la tâche en cours. Qui sait ; je pourrai peut-être y chaparder çà et là quelque connaissance que ce soit. »

Nulle mention de sa capacité à se défendre comme avait pu le songer Aelys, sans que la baronne en eût eu connaissance. A vrai dire, cela n’avait pas même effleuré l’esprit de la jeune femme. Non, tout bonnement, elle ne savait pas du tout combattre, et sa miséricorde tenait davantage de l’outil de travail que d’une véritable arme. Tout au plus servait-elle de moyen de dissuasion. Pour le reste, agiter le bras, brandir une arme et porter un coup dans une partie grasse d’un ivrogne était une action que toute personne était capable de faire, avec un tant soi peu de réussite.
Quant à se défendre face à un fangeux, nul doute qu’elles y passeraient toutes les deux, qu’elles fussent armées ou non. Mais l’aître possédé par Callista était relativement paisible, et si fangeux devait-il y avoir, alors ne proviendrait-il assurément par de ses propres tombes ; la jeune femme s’était personnellement occupée des propriétaires des récents sépultures, et les défunts post fléau ne souffraient aucunement, pour quelque raison que ce fût, de la macabre résurrection qui sévissait sur le monde.
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