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 A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]

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Grâce de BraseyBaronne
Grâce de Brasey



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MessageSujet: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyDim 24 Avr 2016 - 22:51
Un tressaillement parcouru l’assistance lorsqu’au dernier moment l’un des combattants esquiva, non sans une certaine maladresse le coup que lui portait son adversaire. Pendant un instant, plus un bruit, plus un souffle ne venait perturber la scène. Les deux jeunes hommes se faisaient face, semblant se jauger dans la situation qui leur était offerte. Le tintement clair des armes s’entrechoquant et le bruit sourd de coups se retrouvèrent à nouveau progressivement occultés par les murmures, les encouragements et plus largement les discussions des spectateurs.

Le fond de l’air adoucit et les échos de la réussite de l’opération Labret allégeaient les esprits et emplissaient les rues, si bien qu’un comité d’une trentaine de personnes s’était réuni sur cette petite place au cœur de l’esplanade. Cela avait commencé simplement, par un défi presque enfantin, deux amis qui avaient voulu mesurer leur force et leur adresse. Puis un tiers avait défié le vainqueur et encore un autre était venu faire étalage de leurs talents. Il fallait dire que le bruit s’était propagé dans une partie du quartier, transformant ce jeu en une joute, un tournoi, aussi informel qu’improviser. On s’y montrait pour faire valoir sa qualité de combattant. Être apte à manier l’épée avait toujours été une sorte de marque de valeur pour les hommes, en particulier chez les sang-bleus. Cependant, depuis que la fange s’était installée, faisant risquer la mort à quiconque était assez fou, assez nécessiteux, ou assez désespérer pour se passer de la protection des remparts, le maniement d’une arme était devenue d’autant plus glorifier. Les règles d’affrontement s’étaient définies par la force des choses, il semblait que l’affrontement se terminait au premier sang.

Un coup mal paré avait laissé à la lame une occasion parfaite pour entailler le bras de l’adversaire qui poussa un grognement plus contrarié qu’endolori. Quelques gouttes de sang perlèrent et allèrent teinter pavé, rejoignant ainsi la myriade de taches mouchetant la pierre. Avoir perdu à cause d’une erreur, qu’il considérait évitable, n’était guère plaisant, voir quelque peu rageant.

Tandis que le gagnant savourait sa victoire, saluant, fanfaronnant un brin, le malchanceux prit seulement le temps d’examiner sommairement sa blessure, heureusement, elle n’était pas bien profonde avant de se diriger sans hésitation vers une jeune femme se trouvant quelque peu en retrait du cercle de curieux. De là où elle se trouvait, elle avait une vue satisfaisante sur l’arène de fortune, sans risque de se retrouver bousculée par un combattant déstabilisé. L’allure fière, vêtue d’une élégante robe d’étoffe précieuse, sa longue chevelure brune disciplinée et parée avec soin. A son cou pendait, accroché à une rangée de perles, un petit « B » doré. Elle était entourée d’une petite cours de demoiselle qui se dissipa bien vite à l’arrivée du jeune homme.

« Te laisser battre par Audric, voyons Henri, je t’ai connu plus adroit que cela. Nous sommes tout les deux biens placés pour savoir qu’il est loin d’être la plus fine lame du royaume. »

Elle était ouvertement railleuse, son petit sourire en coin trahissant un certain divertissement face à la situation. Guère compatissant, le jeune femme eu tout de même l’égard de donner son mouchoir au blessé pour qu’il panse sa plaie, aussi peut profonde était-elle. Prenant le petit bout de tissu avec un certain manque de douceur Henri l’appuya sur son bras.

« Grâce, soit aimable pour une fois et épargne moi tes remarques désobligeantes. »

Pour toute réaction, la demoiselle laissa échapper un bref souffle amusé. À quelque mètre d’eux, au centre du cercle de personne l’aîné de la fratrie Brasey savourait sa victoire si insignifiante, soit-elle, si courte également. Un homme s’approcha de lui pour lui souffler quelques mots. Il voulait simplement savoir si le nobliau était assez téméraire pour tenter un nouveau combat ou s’il souhaitait se retirer. Encore grisé par l’affrontement qu’il venait de mener je jeune homme ne réfléchit pas bien longtemps, s’engageant à remettre sa qualité de combattant à l’épreuve. Le fou, il était difficile d’imaginer avoir de la chance deux fois de suite.

Il y eut un bref moment de flottement seulement le temps de trouver un adversaire à Audric.

« Il semblerait que le sort ai décidé de te venger. »

Montrant l’espace d’affrontement, Grâce avait prononcé ces quelques mots pour Henri, qui trop occupé à se faire un bandage de fortune n’avait guère les yeux ailleurs que sur son bras meurtri. Le jeune homme leva les yeux de son ouvrage pour découvrir un spectacle qui lui arracha un sourire satisfait.

En effet, face au frère de la demoiselle s’était présenter un homme qui semblait avoir toutes les chances de, passons l’expression, botter magistralement les fesses de l’hésiter des Brasey. Grand, d’une carrure plus que respectable, un visage sévère commençant à accuser le nombre des années, il ne semblait pas être là pour simplement tenter sa chance. D’ailleurs, à sa posture, il semblait d’une certaine évidence qu’il s’agissait d’un combattant.

« Mesdames et Messieurs, notre précèdent vainqueur a décidé de remettre sa victoire en jeu ! Audric de Brasey, héritier de sa lignée affrontera donc Eadwin de Rivenoire, chevalier de Traquemont ! »

Un murmure traversa la petite foule, Traquemont ? Ce fort de chasseur de fangeux enterré quelque part dans les marais ? Ces fous, s’étant établis en plein cœur du nid à fange ? N’étaient-ils pas dirigés par une femme ? Que venait-t-il chercher dans la cité ?


Dernière édition par Grâce de Brasey le Mar 14 Juin 2016 - 12:56, édité 1 fois
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ArtoriusChevalier
Artorius



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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyLun 25 Avr 2016 - 13:39
L'Esplanade, cet endroit où vivaient depuis de nombreuses générations le giron le plus florissant de Marbrume. La crème de la crème de l'humanité au sang-bleu, disait-on. Elle était séparée en trois pans inégaux. Le repaire des officiers, la demeure ducale et le territoire de la noblesse. Il ne fallait pas être très rusé pour comprendre qu'à Marbrume, il y avait une sorte de phénomène de ville dans la ville. Dans sa qualité d'étranger, Eadwin avait presque eu du mal à passer l'étape des remparts intérieurs. Que venait donc faire un chevalier d'une terre étrangère dans cet havre de paix et de plénitude ? Dès les premiers instants, Eadwin s'était senti mal à l'aise. De l'entrée des portes de Marbrume jusqu'ici, il s'était contenté de marcher et d'observer. Il avait traversé le Labourg et le Bourg-Levant avec une indifférence apparente totale. La pauvreté était frappante mais malgré cela, cette ville continuait de fonctionner. Elle s'adaptait à cette nouvelle vie même si mois après mois, le nombre de décès ne continuait de grimper. Les mauvaises langues diraient que ce n'était pas grave, que cela faisait moins de bouches à nourrir. Quelque part, de façon odieuse, Eadwin pensait la même chose. Il ne pouvait rien de plus pour cette pauvre populace et il n'était pas venu à Marbrume pour la plaindre ou la protéger. Pour le chevalier, Marbrume était une sorte d'énigme. Vraisemblablement étranger, il se demandait si l'on pouvait faire confiance à cette localité. Sa supérieure hiérarchique, Yseult de Traquemont, avait déjà déplacé de nombreux pions sur son échiquier. Désormais, on connaissait Traquemont à travers toute la ville comme étant des hommes et des femmes avec un peu de zèle qui étaient parvenus à survivre à l'extérieur. On pouvait voir Marbrume comme étant le dernier grand bastion de l'humanité mais Eadwin craignait de faire affaire avec un château de cartes aux édifices tremblants. Pourtant, sa maîtresse lui avait assuré qu'il existait des gens, notamment des sang-bleus, soucieux de faire traverser à l'humanité cette horrible catastrophe. Face à la Fange, il perdurait donc l'espoir de s'unir et d'oublier un temps au moins les querelles du passé. C'était donc avec ces arrières-pensées qu'Eadwin de Rivenoire s'était rendu dans les rues de l'Esplanade. Être Noble procurait toujours de nombreux avantages mais ce n'était plus un aussi grand pouvoir qu'avant. Marbrume avait remplacé ses propres pertes en attribuant des maisons à des nobles voisins qui étaient parvenus à venir jusqu'ici. Malgré la Fange, les choses n'avaient pas vraiment changé. La plèbe pouvait bien s'entasser dans le crottin, les loups restaient à l'écart, solidaires, car après tout, il était bien connu qu'ils ne se mangeaient pas entre eux. Dans sa bonté, l'homme qu'était Eadwin regrettait que l'on ne pouvait rien faire de plus pour ces pauvres gens mais ce n'était pas son rôle premier de penser à cela.

Dans la situation présente, Eadwin s'était laissé attirer par une foule d'une cinquantaine de personnes. Célébrait-on quelque chose de particulier ? L'ouïe du chevalier n'était pas particulièrement fine mais il savait reconnaître le fer en battant un autre. S'approchant d'un pas lourd et assuré, il assista à la fin du combat entre Henri et Audric. Par rapport à lui, il s'agissait de deux jeunots désireux de faire leurs preuves. On proclama sans plus tarder la victoire de l'héritier de la famille Brasey. Les Brasey ? Ce nom n'était pas totalement inconnu pour Eadwin. En effet, Yseult lui avait touché un mot à leur sujet. Il lui semblait qu'une certaine Grâce avait représenté ses intérêts auprès du Duc pendant la grande réunion qui précéda la mise en place de l'Opération du Labret. Concrètement, il ne savait rien d'autre. Audric pouvait être le frère, le cousin, le neveu de cette fameuse Grâce en quelque sorte. Soudain, il lui vint à l'esprit qu'elle pouvait être une femme d'expérience avec un peu de bouteille dans l'âge. Était-ce peut-être alors son fils ? Le chevalier balaya bien vite ces pensées frivoles lorsqu'il gagna la hauteur de l'arbitre de fortune. Ce « tournoi » se jouait donc au premier sang. C'était-là une règle que le chevalier de Traquemont appréciait outre-mesure. Il n'était pas venu à Marbrume pour prendre le risque de se blesser inutilement mais pour se faire remarquer par ses pairs de façon efficace. Dans ses pensées trottaient toujours une attente particulière d'Yseult à son égard… Pour un vieux loup solitaire, c'était une quête ennuyeuse.

« Je suis Eadwin de Rivenoire, Chevalier de la Châtelaine de Traquemont, Yseult.  » lança-t-il à Audric de Brasey. « C'est un honneur pour moi de me confronter à un représentant de la famille Brasey. » ajouta-t-il, en s'inclinant. « Cependant, je suis venu ici pour faire un peu de bruit et je ne vais pas te ménager, gamin. » termina-t-il, avec un soupçon d'arrogance bien à lui.

Le chevalier de Traquemont tira son épée longue à une main de son fourreau et salua une dernière fois, avec un soupçon de courtoisie, son adversaire du jour. Il était à peu près certain que sa provocation allait piquer la fierté du noble faisant figure d'adversaire. Avec un brin de malice, il fit signe à Audric avec sa main libre de porter le premier assaut. Eadwin n'était pas d'un naturel pressé et il était à peu près certain de pouvoir faire face à n'importe quelle charge frontale. A côté de l'héritier des Brasey, Eadwin faisait office de montagne. Ainsi, le colosse bloqua sans réelle difficulté la tentative d'effectuer le premier sang. Il gratifia alors le garçon d'un coup de pied botté bien place en plein milieu du ventre pour le forcer à reculer et briser sa garde.

« Allons, tu as tout de même plus que cela en réserve ? C'est comme cela qu'on se bat à Marbrume ?! » lança-t-il, provocateur. Dans la foule, on commença à huer le chevalier et à encourager Audric. « Avec un gabarie comme le tien, face à moi, c'est une épreuve d'endurance. Fatigue-moi et peut-être que... » essaya-t-il de dire.

Soudainement, Audric commença à assaillir Eadwin, toujours frontalement. Les lames s'entrechoquaient, toujours avec la même intensité. Dans cette configuration, il suffisait à Eadwin d'effectuer parades après parades. L'héritier des Brasey avait compris le principe mais il agissait avec maladresse. Faisant office d'acteur principal dans ce combat, le regard d'Eadwin paraissait maintenant désintéressé. Audric s'en donnait peut-être à cœur joie mais à ce rythme-là, il serait épuisé bien avant le chevalier de Traquemont. De plus, ses attaques n'étaient pas suffisamment rapides et précises pour mettre en danger la défense d'Eadwin. Il fallait dire que dans la temporisation, il était devenu une valeur sûre parmi ses pairs. De là où il venait, on ne lui avait pas attribué le surnom de « Rempart d'Acier » pour des prunes. De plus, Audric faisait preuve de bien trop de régularité pour créer une quelconque surprise. Le sort de cette rencontre ne dépendait-il donc que d'Eadwin ? Intérieurement, une sorte de compte à rebours s'était installé. Quatre, trois, deux, un... et les yeux d'Eadwin grossirent légèrement, sonnant une contre-attaque cinglante et impardonnable. Avec beaucoup de justesse, il dévia la dernière frappe d'Audric à son égard vers l'extérieur avec une force qui déséquilibra et désorienta ce pauvre garçon. Le pointe de la lame d'Eadwin se retrouva alors sous sa gorge, sans jamais la toucher. Le geste était peut-être menaçant mais l'intention de tuer était nulle. La foule commença alors à s'emballer avec plus de ferveur et sans surprise, c'était à l'encontre de l'étranger. Comment osait-il humilier ainsi l'héritier d'une famille ? Pour qui se prenait-il, ce gars de Traquemont ? Il pensait pouvoir se moquer impunément du monde de cette façon-là ? Peu importe, les jeux étaient faits. Avec le plat de sa lame, le chevalier toucha le torse d'Audric. Il n'y avait nul besoin de lui infliger un premier sang au sens strict du terme.

« Avec un peu plus de technique et d'adresse, tu pourrais devenir un bretteur incontournable. La force brute n'est pas ton point fort, en revanche, pour ce qui est de la vitesse… Il y a un réel potentiel. » expliqua-t-il.

C'était peut-être déplacé pour le chevalier de donner une leçon à un noble. Eadwin avait pour habitude d'être franc et plutôt direct, il n'aimait pas beaucoup passer par quatre chemins. Ainsi, Audric serait libre de prendre à leur juste valeur les mots d'Eadwin ou au contraire, de lui cracher au visage pour sa pugnacité. Son regard était sévère la plupart du temps et se voulait même impénétrable. Quelque part, le chevalier estimait être comme un devoir de donner des leçons à la jeunesse qui devrait protéger demain ses pairs lorsqu'il ne serait lui-même plus là pour le faire. La scène était désormais propice à toute sorte d'évolution et d'intervention. Eadwin ne se doutait pas le moins du monde qu'il était observé par la sœur de son adversaire du jour, Grâce de Brasey.


Dernière édition par Eadwin de Rivenoire le Mar 26 Avr 2016 - 15:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyLun 25 Avr 2016 - 22:08
Si la scène avait éveillé surtout un certain amusement chez Grâce, les quelques mots que prononça le Chevalier de Rivenoire muèrent ce simple divertissement en un intérêt plus profond et personnel. Il semblait connaître sa famille, ce qui était quelque peu étonnant. Certes entre les murailles de la ville, leur influence grandissait de plus en plus, mais rien qui n’égalait encore les lignées implantées depuis des générations et des générations dans le duché. La demoiselle, intriguée, se questionnait sur la manière dont il avait pu entendre leur nom. La seule réelle réponse semblait aussi simple qu’évidente. Audric, lui devait nager dans une certaine confusion. En effet, contrairement à sa jeune sœur, il n’avait jamais entendu parler de Traquemont autrement que dans les on-dit qui se murmuraient dans la cité. Grâce, elle avait seulement l’avantage d’avoir rencontré une fois la châtelaine du fort résistant dans les marais, elle était la meilleure hypothèse de la fortuite connaissance de son chevalier. Ou alors avait-il simplement fait preuve d’un zèle de politesse.

La provocation fit sourire la jeune femme, et arracha un rire amusé à l’ancien compétiteur blessé. Audric était trop impulsif, pour garder contenance face à telle incitation. Tous les deux le savaient, d’ailleurs furent-ils quelque peu surpris lorsqu’il prit un instant pour évaluer la situation, semblant juger quel mouvement serait le meilleur. Effort admirable, mais quelque peu vint du point de vue des spectateurs pessimistes qu’étaient Grâce et son interlocuteur, Rivenoire l’attendait, il l’avait annoncé, outre miracle, ou sursaut de talent chez le jeune Brasey, il allait facilement le voir venir. Henri eut une discrète exclamation vengeresse, teinté d’une légère compassion, un coup comme celui-là, même s'il devait être donné avec une certaine retenue n’était guère agréable.

Une nouvelle de provocation, qui cette fois n’eut pas l’occasion de s’achever. Impatient, trop sûr de lui et galvaniser pas les encouragements de la foule Audric n’était guère d’humeur à écouter la leçon du chevalier. Il était bien décider à faire montre de sa technique quelque peu partielle. Le Chevalier ne semblait avoir aucun mal à parer les assauts vifs du jeune homme. Il semblait même ne pas réfléchir à ses gestes, prévoyant où frapperait l’hériter des Brasey. Cela avait quelque chose d’impressionnant pour quelqu’un qui ne s’y connaissait nullement dans les arts du combat, comme l’était la demoiselle au collier de perles. La différence d’expérience entre eux était particulièrement flagrante, la connaissance théorique, la fougue de la jeunesse ne semblait guère pouvoir contrebalancer les années d’expérience réellement, celle que l’on acquière seulement sur le terrain, les champs de bataille, les tournois. Au moment où Audric manifesta les premiers signes de fatigue, l’attitude de son adversaire changea complètement, devenant plus agressif, ne faisant plus que se défendre, attaquant.

De là où elle se trouvait Grâce regarda l’enchainement d’actions rapide, fluides, qui aboutit à la défaite de l’aîné de la fratrie. Si elle était restée en retrait jusqu’à présent se contentant simplement d’observer, de discuter, voire peut-être de médire quelque peu lorsqu’elle avait été entourée de sa petite suite, cette fois, un nouvel élément était arrivé, l’avait intriguée. Invitant Henri à se joindre à elle, la jeune femme s’approcha des combattants se remettant de leur affrontement, du moins Audric semblait s’en remettre, reprendre son souffle écoutant d’une oreille les recommandations qu’on lui faisait.

« C’est bien les paroles les plus aimables que j’ai entendues quant aux talents pour le maniement de l’épée de mon cher frère. »

Railla ouvertement la demoiselle en approchant. Elle était en terrain plus que connue, il lui était d’aucunes utilité de prendre des gants avec les membres de son entourage proches, s'ils en avaient l’occasion, eux ne le ferait guère.

« Chevalier de Rivenoire, laissez-moi vous présenter, cette adorable et perfide vipère qu’est ma sœur, Mademoiselle Grâce de Brasey. »

Un agréable sentiment de liberté flatta l’esprit de la mondaine. Elle n’aurait jamais cru avoir l’occasion de porter à nouveau son nom. Cette fâcheuse histoire, cette annulation d’épousailles, tout cela était regrettable en façade, mais intérieurement, elle en était bien aise. Rester avec un homme comme Hector qui n’avait d’ambition que son prochain combat et la prochaine belle de jour, ou de nuit, qu’il pourrait bien courtiser. Au final, si le sort ne les avait pas séparés, sûrement se serait-elle accommodée de cette prison, le laissant croupir dans son coin, continuant ses propres intrigues, sa propre voix. Cependant, cela n’aurait été l’option la plus commode.

Correctement introduite, la jeune femme salua comme il se devait le chevalier avant de reprendre la parole d’une voix douce et avenante, à peine assez haute pour couvrir ponctuellement le brouhaha ambiant.

« Au vu de votre popularité, vous risquerez vous à un autre combat ? Où préférerez-vous faire quelque pas avec nous ? »

En effet, on ne pouvait dire que l’intervention du Chevalier avait été particulièrement appréciée, l’assistance semblant s’être prise de sympathie pour l’hériter des Brasey.

Nous englobait Henri, Audric et bien entendu Grâce. Surtout Grâce d’ailleurs, car déjà elle cherchait un moyen de se débarrasser des deux jeunes hommes. En soit, ce n’était pas si compliqué, il suffirait sûrement de souffler l’idée à Henri qui entraînerait Audric. Inutile d’essayer d’agir directement sur son frère, leur éducation et la méfiance naturelle de l’aîné ne joueraient certainement pas en sa faveur. Toute tentative plus ou moins masquée de lui suggérer quelque comportement à observer ne ferait que l’inciter à rester, ne serait-ce que pour faire suer sa chère sœur.
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ArtoriusChevalier
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyMar 26 Avr 2016 - 16:31
Eadwin savourerait cette victoire sur l'héritier des de Brasey avec humilité. Il se souvenait, plus de vingt-ans plus tôt, avoir été à sa place, sous la tutelle d'un autre chevalier du nom de Conrad de Brise-la-Tempête. « Pleutre ! Est-ce ainsi que tu défendras Corbeval ? Tu frappes comme une petite fille. C'est ta mère qui portait les armes pendant que ton père lui baisait les pieds ?! » Vraisemblablement, Conrad avait rendu Eadwin orgueilleux en le gratifiant d'un apprentissage aussi sévère physiquement que moralement. Pourtant, il aurait juré un jour ne pas être bien plus fort qu'Audric de Brasey. Dans son environnement, Eadwin s'était forgé une culture de vainqueur, bien que les résultats ne suivirent évidemment pas toujours selon son bon désir. Il se surprenait à éprouver une once de sympathie pour le jeune garçon. S'il était l'héritier de sa famille, une lourde responsabilité pesait alors sur ses épaules. Cependant, s'il devait le comparer à sa très chère Yseult d'une façon tout à fait grossière, Audric était à côté d'elle un véritable puceau. Le chevalier de Rivenoire était intimement persuadé que Traquemont pèserait de façon signification dans la balance et dans les jeux d'alliance à venir. C'était un peu cruel mais à côté de sa Reine, le pauvre Audric semblait ne pas valoir grand-chose. Si Eadwin pouvait le ridiculiser en combat singulier, Yseult n'en ferait qu'une seule bouchée. Il pensa alors que les femmes comme sa matriarche qui étaient aptes à prendre les armes, mener des hommes et assurer des devoirs à la cour étaient rarissimes. Pourtant, cela ne faisait pas tout et pour preuve, les de Brasey s'étaient installés à Marbrume là où d'autres s'étaient écrasés bien avant eux. En d'autres termes, il s'agissait d'une maison à considérer à sa juste valeur. Audric avait écouté d'un œil attentif les conseils avisés d'Eadwin mais il n'eut jamais l'occasion de rétorquer quoi que ce soit car une nouvelle intervention vint arracher un sourire aux lèvres du chevalier. Grâce de Brasey venait de chambrer son frère avec un certaine maestria. A vrai dire, c'était plutôt rafraîchissant de faire face à la jeunesse au sang-bleu. Si Audric était l'héritier de sa famille, cela voulait dire que cette nouvelle intervenante était l'une de ses deux sœurs. De nom, il connaissait bien entendu Grâce mais le nom de Victoire était totalement inconnu. Sa connaissance de la noblesse de Marbrume ainsi que de ceux qui étaient parvenus à rallier la Cité Franche montrait très rapidement ses limites.

« Mademoiselle Grâce de Brasey. » dit-il avec beaucoup de sobriété.

Voici donc la fameuse Grâce que sa chère Yseult avait rencontré quelques temps auparavant. Précédemment de Sombrebois, Eadwin supposa secrètement qu'il y eut anguille sous roche et que pour une raison ou une autre, le mariage avec Hector s'était soldé par un échec. Il se souvenait de la présentation de ce dernier : un gentilhomme courtois, taillé dans une fibre approchante, un poil vieux jeu mais à ne pas prendre à la légère car très apte à prendre les armes pour défendre sa cause. Noircissant un peu le tableau, elle avait également fait mention d'un homme imprévisible et appréciant compter les fleurs. Les raisons d'un fiasco entre les de Brasey et de Sombrebois paraissaient presque évidentes maintenant mais ce sujet ne regardait pas le chevalier. Eadwin observa pendant un instant Grâce car il fallait reconnaître qu'elle était de toute beauté. Si cela était vraiment possible, elle devait être capable de donner de la frustration à un eunuque. Aux dires de sa Châtelaine, le chevalier pensait deviner un certain goût de l'opportuniste et une forme de courage rare pour une femme à l'allure visiblement sans défense. Après tout, n'avait-elle pas défendu les intérêts de son blason auprès de Sigfroi ? Cela traduisait sans aucun doute un caractère de battante, celui d'une femme qui assurerait la pérennité de sa famille dans ce monde devenu encore un peu plus fou. A une autre époque, Eadwin de Rivenoire aurait été instantanément charmé par une pareille beauté. Maintenant, l'expérience lui dictait de se méfier des inconnues un peu trop frivoles car elles pouvaient se révéler être de sacrées vipères. Le temps, s'il devait en passer en sa compagnie, lui dirait de quel bord la Baronne de Brasey était vraiment.

« Pour être tout à fait honnête, j'ai connu des luttes avec des intérêts plus prestigieux que ce banal rassemblement se jouant à la règle du premier sang. »

L'impopularité d'Eadwin de Rivenoire était croissante et la foule ne l'oubliait pas, scandalisant la présence de l'étranger appartenant à la mystérieuse, peut-être mystique Traquemont. « Espèce de lâche ! On va te casser la figure ! Retourne d'où-tu viens ! Marbrume ne veut pas de toi ici ! Dans un vrai tournoi, on te couperait la tête ! » On pouvait imaginer bien d'autres propos visant à essayer de rabaisser le chevalier de Traquemont mais à en voir son visage impassible, ceux-ci se contentaient de rebondir sur son armure de bonne fracture pour ensuite se dissiper dans le vent ambiant. Peut-être y avait-il été un peu fort pour une première apparition mais on parlerait de sa présence dans dizaines de minutes qui suivraient car un chevalier de Traquemont provoquant quelques remous dans l'Esplanade, cela ne devait pas être très habituel. Certains se plairaient à cracher sur ce fou faisant sa vie au milieu des marais.

« Je préfère une marche en votre compagnie. Je ne suis pas venu à Marbrume pour me battre gratuitement mais si cette petite scène a attiré le regard de Grâce de Brasey et un croisement de fer avec son héritier de frère, qui suis-je pour m'en plaindre ? »
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyMar 26 Avr 2016 - 23:39
Il avait fallu qu’il sourit à la raillerie de la demoiselle. Cela ne plus pas réellement au jeune Brasey. Cela ne rendait que sa défaite plus amère. Ce n’était guère parce que les railleries étaient choses courant parmi les protagonistes de la fratrie Brasey qu’elles en étaient plus agréables pour autant. Voir que sa sœur semblait avoir fait mouche, ou au moins n’avait certes pas laissé le Chevalier indifférent agaça quelque peu le jeune homme.

Audric avait eu la malchance de subir les ambitions de ses géniteurs de manière encore plus pesante que ses cadettes. Il s’était surtout retrouvé dans une inconfortable situation, tiraillée entre deux approches. Il était connu que les Brasey n’étaient pas une longue lignée de redoutables guerriers, bien plus habile à la diplomatie, à la négociation qu’au maniement d’armes. Pourtant, pour son fils, Anthime avait voulu changer quelque peu la donne, au fait de l’importance symbolique, mais aussi pratique de savoir user d’une épée, il avait voulu que son héritier approfondisse plus cette partie plus physique de son apprentissage, sans pour autant délaisser la partie plus relationnelle. Le jeune homme se trouvait parfois déborder par cela, voyant ses sœurs progresser plus vite dans leur rôle d’intrigantes. Son caractère un peu plus conciliant n’avait dû guère aider l’affaire. Il en résulta un certain manque de confiance en lui, une certaine incertitude quant à ses capacités. Elle se répercutait dans ses gestes et dans ses mots avec une certaine maladresse. C’est d’ailleurs pour cela que s’était Grâce qui avait représenté les intérêts des Brasey auprès du Duc à la réunion au sommet. Anthime s’était désisté pour laisser la place à son fils, qu’il prenne des responsabilités, pourtant, Audric avait craint de ne pouvoir faire face, de ne savoir quoi faire, quoi dire. Il avait préféré rester en retrait et laisser à sa jeune sœur cette charge elle qui avait l’air toujours si certaine d’elle-même et de ces actes. En un sens il l’enviait. Oh oui, il l’enviait !

Le jeune homme regarda le Chevalier détailler sa sœur dans l’œil du combattant, il vit ce qu’il avait vu maintes fois dans les regards que les individus masculins posaient sur la demoiselle. Quelque chose d’appréciateur, certes, d’un point de vue purement objectif, Grâce n’était pas dénuée de beauté, la symétrie de son visage était admirable, et elle savait mettre en valeur ce que la nature lui avait gracieusement offert. Cependant, ne n’était pas tout ce qui se reflétait dans les iris de Rivenoire, quelque chose de plus masqué, possiblement de la méfiance. Cela était fort sage de sa part si tel était le cas. Il se garderait bien de faire passer le message d’une manière ou d’une autre à sa si estimée cadette. Si elle ne l’avait déjà vu, cela serait d’une douce et partielle revanche de savoir qu’elle allait devoir composer avec cela. Même si, au fond, il pensait, devinait que cela ne lui poserait sûrement que peu, voir aucune difficulté. Cela n’était étonnement pas pour améliorer son humeur, et ce sentiment de ne pas être à la hauteur. Pourtant la réalité de ce qui se produisait habituellement dans l’esprit de Grâce était quelque peu autre.

Lui non plus ne semblait pas douter, ne pas se préoccuper du monde et de ce qu’il pouvait bien dire ou faire. Les huées ne semblaient nullement l’atteindre, ne les encourageant nullement, ou ne tentant nullement de les faire taire.

« Vous êtes bien flatteur Chevalier… »

Déclara la jeune fille au collier de perles avec un demi-sourire aussi courtois que taquin.
Possiblement même un peu trop flatteur. Il mettait en avant le nom de la demoiselle avec un excès de zèle qui aurait presque pu la mettre mal à l’aise. Sans l’incommoder, ce comportement la rendait plutôt méfiante, piquant un peu plus au vif sa curiosité, se demandant ce qu’il voulait exactement.

Par politesse et surtout commodité, Henri et Audric laissèrent passer au-devant la demoiselle et son interlocuteur, tandis qu’eux suivirent le mouvement quelques pas plus tard. L’héritier des Brasey tenta de s’inquiéter de l’état de la meurtrissure qu’il avait faite sur le bras de son ami, mais ce dernier ne semblait guère disposer à entamer la conversation, passablement vexé de sa défaite et de la blessure. Ce dernier tenait d’ailleurs la mouvoir de la demoiselle sur son bras, la fine étoffe claire s’était déjà teinté de rouge, certaines tâches commençant à tourner quelque peu au marron.

Au départ du fauteur de troubles, la foule s’était apaisée, se trouvant ce qui semblait être un nouveau centre d’attention. Les échos qui résonnaient sur les murs des rues et ruelles semblaient indiquer que de nouveau « champions » avaient débuté un nouveau combat. Jetant un œil derrière elle, Grâce vit simplement le duo qui entretenait une conversation d’une froide retenue. Tout semblait comme cela devait être. Il ne fallait qu’attendre le bon moment pour se débarrasser d’eux. Leur présente n’était ni dérangeante ni envahissante au premier abord. Pourtant, Grâce savait que même ainsi son frère pouvait devenir gênant, tant qu’il serait à portée de voix, aussi ténue soit-elle, il serait un regrettable désagrément. La venelle était assez vide, l’évènement de la place semblait avoir quelque peu drainé les flâneurs et autres curieux qui étaient sortis seulement pour profiter du temps agréable qu’offrait le printemps.

« Quelle affaire vous amène à Marbrume ? Je concède volontiers ne pas être très au fait de la vie à Traquemont, cependant, au vu de sa localisation et de ce qui rôde dans les marécages des hommes de votre valeur doivent y être indispensables. »

C’était à elle de se faire quelque peu flatteuse, n’hésitant à mettre en avant une certaine lacune, pour se mettre en retrait et ainsi mettre plus en avant la qualité qu’elle insinua sans réellement détailler ce qu’était cette valeur. Il semblait évident qu’elle parlait de son adresse au combat, après tout, cela semblait être ce qu’il y avait de plus utile contre un fangeux. Bien fou était celui qui voulait négocier avec un mort affamé.
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyMer 27 Avr 2016 - 14:33
Henri, Audric, Grâce et Eadwin formèrent un petit groupe et s'éloignèrent du rassemblement. Les deux premiers laissèrent la place de meneur du troupeau aux deux autres. Il était étonnant de constater que l'héritier des de Brasey laissait le soin à sa chère sœur cette position de leader. Non pas qu'Eadwin se sentait comme quelqu'un d'important, se satisfaisant d'avoir attiré l'attention d'une jeune fleur mais il pouvait en déduire qu'Audric était un garçon aussi intéressant qu'il pouvait être tourmenté par son devoir. Après tout, il ne s'était pas montré l'esprit revêche lorsque sa sœur était venue se moquer de lui. Elle n'avait pas été surprise par l'issu de son affrontement contre Eadwin et elle ne lui en voulait visiblement pas non plus. Eadwin pensait alors que la maison des de Brasey n'avait pas un esprit guerrier et belliqueux. Peu importe, le chevalier de Traquemont préférait amplement la compagnie d'une jeune demoiselle plutôt que celle de deux garçons pour effectuer une marche cordiale de la sorte. Un temps plus tôt, lorsqu'elle l'accusa d'être un vil flatteur, Eadwin ne répondit rien et se contenta de sourire poliment. C'était là la réplique d'une personne ne sachant pas faire la différence entre du lard ou du cochon. Il avait piqué à vif la curiosité de Grâce de Brasey et c'était un premier succès pour lui. Un homme, plus précisément un chevalier, venant de Traquemont, ce fort au milieu des marais où des individus résistent contre l'adversité, venant à Marbrume pour défier avec autant de fierté et d'assurance les locaux et se moquant éperdument de l'image qu'il pouvait en engager devait être une énigme pour la jeune femme.

« Deux choses m'amènent à Marbrume : Madame et ma curiosité. » lâcha-t-il en poussant un profond soupire. « Elle commençait à être lasse de m'entendre remettre en question l'entente possible entre Traquemont et Marbrume. »

Ce n'était un secret pour personne à Traquemont, Eadwin avait comme le mal du pays. Savoir les terres de Rivenoire, conquises par Corbeval, la famille de sa Châtelaine, aussi lointaines et soumises à l'engeance susnommée Fange le dégouttait. Le Duché du Morguestanc n'avait pas été particulièrement accueillants, même si on pouvait dire que les survivants de Corbeval avaient cherché leur isolement dans les marais. Dans ce sens, Eadwin pensait qu'il valait mieux être en petit comité plutôt que de chercher à s'intégrer à Marbrume. C'était un peu la faute du paternel d'Yseult, le défunt Châtelain de Corbeval, qui avait habitué Eadwin à régler les conflits par la force et à ne compter vraiment que sur lui-même. Les alliances étaient uniquement là pour renforcer sa propre position et elles étaient aussi fragile qu'une brindille. Pour atteindre ses intérêts, il fallait parfois planter un poignard dans le dos de ses pairs. C'était une philosophie que Eadwin pouvait comprendre mais à laquelle son cœur bon n'adhérait pas. A une époque pas si lointaine que cela, il aurait été envisageable de demeurer Corbeval et d'essayer de s'emparer par la force de plusieurs terres. Ce schéma ne manquait pas particulièrement à Eadwin même si un soupçon de nostalgie pouvait s'emparer de lui. Il préférait cette époque où il était une arme devant se défaire des ennemis vivants de son Seigneur. Maintenant, son devoir était devenu celui d'un chevalier devant donner une seconde fois la mort à ceux qui étaient tombés pour se relever dans la non-mort.

« Néanmoins, le succès mitigé de l'opération du Labret me contraint à remettre en cause certains jugements. » expliqua-t-il. « Il est vrai que la vie à Traquemont n'est pas celle d'ici. Nous sommes au cœur de l'ennemi pour mieux le combattre. Jusqu'à présent, c'est un pari fou plutôt réussi. Mais vous savez, quoi qu'on en dise, je commence à me rendre compte que Traquemont n'est pas si différente de Marbrume. Ce n'est en fait qu'une question d'échelle.  »

En effet, l'une ou l'autre était frappée par les mêmes problématiques. Protéger un peuple, le nourrir, renouveler ses effectifs, éteindre les conflits ou du moins, les régler et surtout, ils avaient un ennemi commun : la Fange. C'était l'attitude du Duc de Marbrume qui avait donné à Eadwin un frein à ronger. Il avait du mal à se dire qu'à une telle époque, ce dernier avait laissé mourir dans le déshonneur un membre important de la famille de Sarosse. Il s'était dit que si le plus haut Noble de Marbrume était capable de telles bassesses, d'autres scandales éclateraient par la suite. Bref, pas de quoi donner envie à un étranger de se greffer à la masse. Toutefois, il était agréablement surprenant que le temps avait tendance à donner tord à ces préjugés car on ne recensait pas une affaire d'une telle envergure. Le Duc avait des ennemis, c'était certain, il faudrait sûrement beaucoup de temps à ceux-ci pour le faire fléchir. En attendant, les choses semblaient prendre la bonne direction. Aux côtés de Marbrume et de ses résidents, Traquemont avait donné ses moyens pour faire de l'opération du Labret une réussite.

« Je connais notre Châtelaine depuis sa plus tendre enfance, j'espère bien être un indispensable ! » dit-il en s'arrêtant, coupant nettement le rythme de la marche. Il laissa planer un silence de quelques secondes avant de rire de bon cœur. « Personne ne l'est vraiment. Je veux vivre encore un peu pour voir comment ses choix influenceront nos vies mais cette seule perspective ne lui convient pas.  » Le chevalier commença à nouveau à marcher pour ne pas s'enliser sur place. « Elle m'a dit avant de partir qu'il était honteux pour un homme comme moi d'être toujours seul, pas marié et sans descendance. Un gâchis, selon ses termes. »

Cela pouvait ressembler à une plaisanterie entre la Châtelaine et son chevalier, à une conversation des liens personnels qui les unissaient mais il n'en était rien. Elle pensait savoir à quel point Eadwin lui était dévoué comme serviteur mais elle ne connaissait rien de la plaie béante dans son cœur qui ne s'était jamais refermée. Par pudeur, probablement, le chevalier ne lui avait jamais avoué avoir été soumis par son paternel. Ce dernier avait détruit son domaine et exterminé sa famille, gardant alors l'enfant qu'il était pour le ramener au domaine des Corbeval et le mettre sous l'apprentissage de son mentor, Conrad Brise-la-Tempête. Parfois, Eadwin se sentait honteux d'avoir été le pion d'un homme si cruel et belliqueux que le père d'Yseult. Cette dernière avait d'ailleurs été une délivrance pour le chevalier. Il savait que le spectre de l'influence de son père planait au dessus de sa tête et car il tenait à elle, il s'était juré de ne jamais la laisser prendre une voie regrettable.

« Autrement, je suis simplement ici pour faire des rencontres, observer la populace de Marbrume. Lorsque je vous regarde, Mademoiselle de Brasey, vous paraissez à peine plus jeune que ma monarque. Je me dis que c'est une chance de pouvoir converser avec ceux et celles qui auront un rôle à tenir lorsque les plus anciens comme moi ne seront plus là. Je ne peux m'empêcher de me demander quelles responsabilités prendrez-vous. »

Il la regarda à nouveau en souriant avec toute l'amabilité qu'il était capable de donner à quelqu'un. Il se demandait comment Grâce allait réceptionner et surtout, utiliser les différentes informations dont elle venait de faire l'acquisition à son sujet. Il lui tardait d'en connaître davantage sur cette jeune et belle jeune femme. Eadwin se surprenait presque de ressentir un pareil intérêt. C'était peut-être depuis qu'il avait constaté le sacrifice héroïque des hommes d'Hugues de Noblecoeur pour ouvrir le chemin vers le Labret. De ses propres yeux, Eadwin avait pu voir qu'il y avait à Marbrume des nobles qui méritaient amplement les honneurs et ce bon Hugues était l'un d'entre eux. Le chevalier de Traquemont se sentait fier d'avoir pu prendre part à une telle expédition pour aider le peuple de Marbrume d'espérer de vivre un peu plus longtemps.
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyJeu 28 Avr 2016 - 14:33
La méfiance de Grâce s’évanouit bien vite écoutant parler son interlocuteur. Sûrement avait-il simplement été surpris de tomber si aisément sur une personne dont sa maîtresse lui avait déjà touché quelques mots.

« La seule fois où j’ai entrevu Madame de Traquemont, elle m’a semblé être quelqu’un de plus que sensé, sûrement a-t-elle raison. »

Un léger rire franchit les lèvres de la demoiselle accompagnant son sourire amusé par la déclaration du chevalier et son ébauche de mise en scène. Pourtant, cette simple phrase laissa diffuser une faible amertume chez la demoiselle. Il s’agissait de l’un de ses rôles, de ses principaux rôles, sceller une alliance via un mariage de le graver dans le marbre en perpétuant une lignée. Cependant, elle n’était guère pressée de retenter l’expérience, ces quelques mois d’union ne lui avaient laissé un si plaisant souvenir. Pour relativiser, il était facile de se dire qu’Hector avait juste été le mauvais, une personne qui ne correspondait pas, ce qui était sûrement vrai, voir certainement vrai. Ce qui globalement ne servait à rien étant donné qu’elle ne choisirait sûrement pas le prochain s'il y en avait un et qu’elle devrait faire avec, cette fois, peu de chances qu’une intervention du sort, ou des Dieux brisent ces nouveaux liens. Pour l’instant rien n’était prévu, Grâce bénéficiait d’un certain sursit, tant que l’affaire ferait encore grand bruit dans l’Esplanade. Une paix qu’elle trouvait bien méritée, mais qu’elle savait précaire.

Accompagnant le pas de son interlocuteur, la jeune femme écouta sa seconde raison de fouler les pavés de cité. Sa curiosité et son point de vue étaient intéressants.

« Si nous nous étions rencontré plus tôt, avant la fange, Monsieur de Rivenoire, sûrement vous aurai-je demandé si pensiez réellement que nous ayons le choix de nos responsabilités. Il nous apparaissait qu’il n’y avait que la manière et l’intensité avec laquelle embrasser notre rôle était laissé à notre discrétion. »

Conditionner dès leur plus jeune âge, leurs places, leurs tâches, ils la connaissaient déjà, du moins c’est ainsi que cela s’était passé pour sa fratrie et ses amis les plus proches. Il n’y avait guère de suspense sur ce qu’ils allaient faire de leur vie. À moins que dans un accès de courage, ou de folie l’un d’entre eux décide de changer complètement de cap. Il pouvait sembler ce que soit un constat, une observation pessimiste, pourtant, il n’en était rien, c’était une chose tout à fait normale pour la jeune femme. Ne d'ailleurs, rien dans le ton de sa voix, sa phrase ne traduisait aucune fatalité, aucune amertume.

« Néanmoins, il semblerait que la fange ait quelque peu changé la donne, désertant quelques peut les mailles du monde tel qu’il était avant, nous laissant possiblement plus de liberté. Je gage que votre Dame est une parfaite illustration à ce que j’avance. Une femme, aussi remarquable soit-elle n’aurait sûrement jamais pu assumer aussi ouvertement celui qu’a endossé la châtelaine il y encore une année. »


Les morts, les expatriés, comme sa famille, l’impossibilité de retourner sur leurs terres, avaient quelque peu changé les rapports entre les familles de nobles, mais aussi dans la société. La nécessitait ouvrait quelque peu les esprits à d'autres possibilités, notamment sur les rôles que pouvaient endosser les femmes. Toutefois, le nouvel ordre des choses était encore trop fragile, il fallait faire le deuil, s’adapter et tous ne le faisaient pas au même rythme.

« Je dirais donc que je suis aussi intéressée que vous de voir quelle responsabilité nous prendrons. »

Quelle responsabilité on les laisserait prendre également. Grâce attendait que chacun choisisse sa voie pour choisir les meilleurs alliés. Le certain désespérer de la situation n’était guère commode, pouvant pousser à vouloir faire vite, pour faire bien, pourtant, la mésaventure avec Sombrebois avait montré à la jeune femme et à sa famille que non. Même dans une situation précaire il fallait faire preuve d’une certaine patience, que la première opportunité n’était pas réellement la meilleure.

« Néanmoins, pour ma part, je ne me cache nullement du fait de faire de mon mieux pour placer ma famille parmi les incontournables de ce nouvel ordre, surtout pour ce qui est du soutien et de la stabilité de la cité. »

Attendre, certes, mais pas sans rien faire.
À leur manière, en soutenant le commerce de la ville, les Brasey aidait à garder un semblant de normalité dans ces temps troubles. Cela ne suffirait pas éternellement, la ville ne pouvait rester repliée sur elle-même ainsi. Le Duc semblait l’avoir compris au vu de l’ambitieuse opération qu’il avait lancée pour la recolonisation du Labret. Cultivé les terres, c'était un bon début, cependant il sécurisait les routes pour faciliter les échanges entre les terres cultivables et la cité serait une option viable. Cela pourrait passer par des alliances et la prolifération d’avant post comme Traquemont.
Une question lui brûlait les lèvres se remémorant ce que la Chevalier lui avait confié quelques instants plus tôt.

« Vous avez évoqué avoir remis en question une entente entre Traquemont et Marbrume. Je suis curieuse de connaître quelle étaient vos réserves à ce sujet, ainsi que ce qui a bien pu faire vaciller votre jugement lors de l’opération du labret. »

De leur côté Audric et Henry s’éloignait de plus en plus, le blessé ayant visiblement compris seul que la demoiselle voulait un peu de solitude. Il distrayait donc le frère de cette dernière. Un croisement se présenta à eux, prétextant que le chemin était plus court par la ruelle, les deux jeunes hommes perdirent de vue le reste du groupe.
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyVen 13 Mai 2016 - 15:47
La Châtelaine de Traquemont, une personne sensée ? Pourquoi pas raisonnable aussi alors ? Oh, elle l'était peut-être plus que quiconque dans ce nouveau monde. Qui pouvait se targuer de détenir son grain de folie qui lui avait insufflé le nécessaire pour bâtir son nouvel échiquier en plein cœur des Marécages de l'Obliance ? Ils étaient peut-être un chanceux de faire face à un ennemi un peu prévisible et par dessus tout désorganisé. Désorganisé ? Il n'y avait pas de preuves à ce jour quant à la tenue de réunions militaires entre gradés Fangeux. Non, ils n'étaient qu'une bande de morts surnaturels possédant cette « chance » d'être en moyenne plus forts que leurs proies. Vraisemblablement, la Fange ne répondait qu'au strict besoin primaire de dépecer des êtres humains pour s'en nourrir et ainsi répondre à une matrice quelque peu étrange mais compréhensible. Face à ce constat, il l'avait maintes et maintes fois clamé auprès d'Yseult, l'Humanité possédait une chance de survivre à cette crise en se rassemblant, même si cela signifiait devoir taper d'abord dans la fourmilière pour changer les mœurs et les valeurs de certains. En d'autres termes, le Chevalier de Traquemont était fier d'être sous l'aile ainsi que l'ami proche d'une personne comme sa Châtelaine. Il était persuadé qu'elle tiendrait un rôle majeur dans les années à venir dans ce qui pourrait déterminer la survie ou l'extinction du genre humain.

« Le choix de nos responsabilités, Mademoiselle de Grasey, nous l'avons toujours eu. » dit-il en fixant la jeune fille d'un regard perçant. « Effectivement, ceux qui naissent avec le sang-bleu sont promis à un avenir, conditionné pour remplir un rôle particulier afin d'honorer leur blason mais parfois, il peut arriver de faire le choix de briser ce destin. Je ne parle pas en connaissance de cause, cela dit. Je suis né pour être un chevalier et j'ai embrassé cette voie même si plus d'une fois, cet idéal a été remis en cause. Je pense tout simplement que si l'on souhaite briser son engrenage, il faut être apte à assumer les choix et les conséquences qui en découlent. »

Mais à priori, ni Eadwin de Rivenoire, ni Grâce de Brasey n'étaient prêts à briser cette routine. L'un était prêt à jouer le jeu des Nobles, quérir une épouse, lui cueillir un enfant et travailler son blason. L'autre se préparait un jour à renouveler l'expérience du mariage, même si le premier jet fut décevant. L'un était bien plus vieux que l'autre et pourtant, tout deux savaient à quel point il était primordial de ne pas délaisser les traditions même si ce monde était en train de devenir plus fou que jamais. Ils sauraient s'adapter, c'était la conviction avec laquelle Eadwin de Rivenoire se réveillait chaque matin. Il comprenait l'existence des querelles entre le peuple et la noblesse, il comprenait que l'un jalouse l'autre et que cet autre le méprise parfois en retour. Dans son vécu, Eadwin avait fréquenté tout type d'hommes et de femmes. Certains, comme Yseult, le rendaient fier d'être un chevalier mais il y en avait d'autres, comme le père de cette dernière, qui lui avaient fait un temps détester ce monde parfois ingrat.

« Oh, c'est bien mal connaître ma chère Yseult. Si elle ne s'est pas effondrée avec la Fange, c'est parce qu'elle avait déjà les épaules pour assumer tout cela. Croyez-moi, je gage que votre éducation et la sienne n'aient absolument rien à voir. » expliqua-t-il, se faisant un peu défenseur de sa plus vieille amie connue. « Là où nous vivions, à Corbeval, puis aux Noirjardins, elle se serait fait une place parmi les plus grands rien qu'en prononçant son nom de famille. » dit-il, en souvenir de ce temps-là. « Cela dit, je crois comprendre le sens de vos mots. Vous voulez dire que dans le Duché du Morguestanc, une femme maniant aussi bien l'épée que les mots aurait peiné à se faire respecter par ses pairs avant l'arrivée de la Fange ? » demanda-t-il, l'air songeur. Effectivement, c'était un sujet difficile et il était presque impossible de donner un pronostique là-dessus. En vérité, à une autre époque, dans d'autres circonstances, Yseult aurait très bien pu marcher en direction de Marbrume en y apportant la guerre en faisant preuve d'une soif de conquête digne de son paternel. « Quant à votre famille, c'est naturel de souhaiter la placer vers le sommet pour mieux la faire perdurer. Vous me semblez avoir la tête sur les épaules, je gage que vous saurez y parvenir. »

La conversation entre Eadwin de Rivenoire et Grâce de Brasey prit soudainement une tournure tout à fait intéressante. Elle faisait preuve de beaucoup d'attention sur tout ce qu'il pouvait déclarer et rebondissait dessus avec tactique. Mademoiselle de Brasey montrait au chevalier qu'elle savait poser les bonnes questions au bon moment. A vrai dire, Eadwin trouvait cette discussion rafraîchissante et porteuse de renseignements. A son retour à Traquemont, il pourrait clamer à sa matriarche de ne surtout pas négliger cette jeune femme à l'avenir. Le chevalier se sentait tellement absorbé par leurs échanges qu'il ne remarqua même pas la soudaine disparition d'Audric et d'Henri. Ainsi, au moment où Eadwin se confia davantage à Grâce, ils n'étaient plus que tout les deux.

« Parce que nous nous sommes imposés sur les terres du Morguestanc par la force des choses. Nous avons investi une forteresse abandonnée par ses maîtres et j'ignore si ceux-ci sont encore vivants. Pleurent-ils peut-être cette perte auprès du Duc, essayant d'intimer l'idée selon laquelle nous sommes des complotistes ? De plus, Corbeval est reconnue dans le Royaume pour être une conquérante belliqueuse. Le père d'Yseult n'était pas un enfant de cœur et si on voulait s'en prendre à ses possessions, il valait mieux être certain de le faire tomber car le pardon ne faisait pas parti de son jargon. » commença-t-il à expliquer. « Au début, je dirais que nous avons eu un peu de chance, les circonstances étaient favorables. Le Duc ne pouvait pas se permettre de lancer une attaque pour nettoyer un fortin investi par des étrangers. Je crois-même qu'une bande telle que nous, s'installant dans les Marais de l'Obliance, en plein cœur du nouvel ennemi du genre humain… Cela devait l'arranger. Ensuite, il y a eu cette affaire de Sarosse. Nul besoin de la commenter, je dirais juste que la façon dont elle a été gérée m'a fait penser que ceux qui avaient le pouvoir de s'unir n'étaient pas encore prêts. Face à la Fange, ce geste a créé une fracture. Certes, le Duc a peut-être appuyé sa domination par la peur mais le peuple n'oublie pas la terreur. » raconta-t-il ensuite. « Mais c'était sans compter sur la tactique et l'intelligence de ma Châtelaine. Elle s'est glissée vers les grands de Marbrume et s'est fait reconnaître comme un élément indispensable de cette ère nouvelle. Traquemont est devenue respectée et nécessaire. Ayant été blessé il y a plusieurs mois par la Fange, je n'ai été que spectateur de tout ceci, devant faire le tri entre les rumeurs fausses et les informations vraies des oisillons. »

Eadwin de Rivenoire ne savait pas vraiment où ils étaient dans les rues mondaines du quartier noble mais l'endroit était suffisamment calme et désert pour se permettre une halte bien méritée. Régulièrement, l'homme jetait des regards en biais pour vérifier que personne n'était en train de les épier. Premièrement, il ne supportait pas cette idée et s'il était pour le moment plutôt satisfait de sa première visite à Marbrume, il ne s'y sentait pas chez lui. Son passé lui avait appris de toujours se méfier lorsqu'il était quelque part sans son suzerain. Ainsi, le chevalier croisa les bras et attaqua le morceau du Labret.

« Je me suis réveillé après la décision de la création de l'Opération du Labret. Traquemont y a participé activement, comme prévu et cela a encore plus contribué à notre popularité grandissante. Enfin, je ne vais pas prétendre que tout le monde nous aime. » dit-il. Des rumeurs étaient en train d'éclater selon lesquelles Traquemont était en train de récupérer quelques Bannis. Il n'avait guère d'idée de comment on pouvait considérer cela à Marbrume et il ne tenait pas spécialement à le savoir. Égoïstement, c'était davantage les affaires d'Yseult que les siennes. Et ce n'était qu'un point possible où l'on pouvait critiquer Traquemont depuis le regard d'un être de Marbrume. « Je dois avouer avoir été touché par Hugues de Noblecoeur et le sacrifice d'une partie de ses hommes. J'ai vu de mes propres yeux que certaines personnes originaire d'ici méritent une considération accrue. J'ai aussi compris que si nous voulons sauvegarder le genre humain, il est nécessaire de mettre de côté toutes les appréhensions. Je ne doute pas que certains doivent sûrement réfléchir à mille et unes façons de mettre à terre le système actuel mais j'espère que si nous devons connaître une telle crise, ne pourrait-elle pas attendre cette hypothétique victoire contre la Fange à laquelle nous aspirons ?  » expliqua-t-il. Eadwin de Rivenoire faisait peut-être preuve d'un peu de naïveté. Entre les Bannis ou de récentes alliances entre sang-bleu, le Duc avait des soucis à se faire même s'il paraissait pour le moment intouchable. Pour le chevalier, la priorité était de pourfendre la Fange et après seulement, l'heure de se rendre des comptes entre les survivants devait survenir. « Bref, vous savez à peu près tout. » acheva-t-il. Eadwin de Rivenoire ne posa pas davantage de question à Grâce de Brasey. Son esprit devait être en train de baigner au milieu de ce flot d'information fraîchement lâché et il se doutait bien qu'elle ne laisserait échapper de sa tête uniquement ce qu'elle jugerait nécessaire. Pour le moment, c'était ce genre de personne qu'elle semblait être selon les considérations du chevalier de Traquemont.
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyDim 22 Mai 2016 - 15:05
Laissant de côté tout ce qui touchait à l’appréciation de Madame de Traquemont et de la comparaison de leur éducation respectives, car après tout il n’était nullement objectif. Outre l’admiration visible qu’il portait à sa Dame et qui sans aucun doute influençait de manière significative son jugement. Il ne devait certainement pas connaître la manière dont la jeune de Brasey avait été élevée. Si il pensait qu’elle avait été élevée pour être une petite chose docile se trompait-il lourdement. Ce n’était pas la chance et non plus uniquement son caractère qui avait fait d’elle ce qu’elle était, mais bien manière dont se géniteurs lui avait fait appréhender le monde. Grâce préféra se concentrer sur les flots d’informations qu’il lui avait servies en répondant à ses questions.

Il fallait faire le tri de l’essentiel, de l’exploitable et du superflu assez vite.

« On ne puit décemment dire que vous n’avez pas réfléchi votre sujet. »

Ce n’était peu dire au vu du monologue qu’il venait de lui déclamer non sans un certaine conviction. Ce qui ne lui semblait guère étonnant, après tout avait-il dit qu’il avait passé un certain temps en convalescence à cause d’une blessure. Loin de l’activité de l’ébullition du conflit avait-il dû avoir le temps de réfléchir.

« Il est vrai que Monsieur de Noblecoeur à fait honneur à son nom en se proposant pour aider à la sécurité du convoi pour la Labret. »

A défaut d’avoir fait preuve de retenue à la réunion, il avait fait amende honorable en tenant son courageux engagement envers les enrôler du Labret. Il était fort possible que sans son intervention, sans son stratagème, l’opération n’aurait pas atteint son but. Cependant, le coup d’éclat du Baron n’était nullement le seul à relaver, d’ailleurs son interlocuteur n’était pas de ceux qui étaient oisifs face à la situation.

« Vous n’en êtes pas moins admirable, vous, votre Dame et votre communauté. Tous les jours, vous faites face à la fange, la combattant, tentant comme vous pouvez d’en faire diminuer le nombre, l’éloignant des routes et de Marbrume. Sans des téméraires, possiblement un peu fou, comme vous, les fangeux seraient sûrement encore plus aux portes de la cité. Traquemont n’est pas devenu indispensable, elle l’a toujours été, c’est seulement le faire de le reconnaître et de l’admettre qui est récent. Possiblement, la réussite de votre exemple donnera des idées à d’autres intrépides colonisant d’autres lieux abandonnés sécurisant un peu plus les routes. »

Le ton doux et calme de la demoiselle, sans un certain emportement qui pourrait paraître chez quelqu’un voulait flatter. Elle semblait avoir réfléchi, au moins un peu, à ce que la forteresse avait pu apporter à ce nouveau Monde que la fange avait déterminé. Cependant son avais ne devait être complètement fondé ou nourrit, après tout, elle ne sortait pas de murs, mais elle avait déjà écouté plus d’une fois les récits des hommes qui eux allaient combattre les fangeux, elle essayait de comprendre la situation extérieur. Ne savait-elle guère si elle était sur la bonne voie, mais au moins elle était au fait de son approximation.

Un petit sourire amusé se dessina sur le visage de la demoiselle alors que la dernière phrase du Chevalier lui revenait.

« Doutez-vous de la capacité du système actuel et donc indirectement du Duc à faire face à la crise ? »


Ce n’était tout à fait ce qu’il avait dit, cependant une personne avec quelques revendications plus marquées que la Baronne pouvait très bien le comprendre ainsi. D’ailleurs, sa certaine neutralité transparaissait dans le ton un peu léger, presque taquin de la demoiselle.

« Ne pensez-vous pas que maintenir une certaine stabilité serait plus bénéfique ? »

Entre la théorie et ce qu’il serait bon, ou ne serais-ce que logique, et ce dont la nature humaine avait besoin, il y avait une monde, un gouffre. Les complots devaient déjà foisonner, les rivalités avaient encore court comme si la fange n’avait presque rien impacté. Pour sa part, elle n’en était encore là, ne fréquentant encore assez les cercles plus puissants. Il n’était évident de tout reprendre dans cette ville ou parfois tout semblait être à reconstruire, un nouvel ordre.

Pour sa part, la jeune femme n’était ni réellement pour, ni réellement contre le Duc, pour l’heure semblait-il réussir à se positionner comme une autorité forte. Pour combien de temps ?

« Cette question est bien naïve prise ainsi. Je suis consciente que la nature humaine fera que cela n’arrivera jamais, cependant, il n’y a rien de puéril à converser sur une théorie. »


Spoiler:
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyJeu 26 Mai 2016 - 8:12
La conversation qui contait la rencontre entre le chevalier de Traquemont et la Baronne de Grasey prenait une tournure tout à fait formelle. Elle partageait son point de vue au sujet de Hugues, cela voulait bien dire que les nouvelles arrivaient sans trop être déformées jusque dans les quartiers nobles de l'Esplanade. La suite était tout à fait flatteuse et sa Châtelaine aurait probablement été enorgueillée de l'entendre. Ils étaient téméraires, courageux et probablement un petit peu fou, oui. Ce qu'on savait plus rarement à leur sujet, c'est qu'à l'instar de Marbrume, ils n'avaient pas eu le logis de préserver Corbeval et les Noirjardins. Battus à plat de couture par la Fange, ils s'en étaient allés en exile vers l'Est, là où on disait que ce curieux fléau ne s'était pas encore installé. Traquemont était née d'une volonté inébranlable de ne pas abandonner et de se venger. Le pardon ne pouvait être accordé à ces monstres pour ce qu'ils avaient fait et en puisant dans le désespoir, les hommes et les femmes de Corbeval parvinrent à faire de Traquemont ce pourquoi elle était maintenant reconnue. Une forteresse sûre, solide, droite et fière, s'arrachant pour remporter petites victoires sur petites victoires contre la Fange. Oui, ils avaient fait le choix fou d'établir leur quartier général en plein milieu du champ de bataille. C'était aussi parce que Traquemont était devenue nécessaire pour espérer faire perdurer les survivants de l'humanité que personne n'avait encore vraiment tenté de leur nuire. Au sein de la noblesse, la popularité d'Yseult attirerait probablement des problèmes. En effet, malgré ce monde changeant, les hommes restaient des hommes et la jalousie et la cupidité ne s'envoleraient pas aussi aisément. Il était naïf de croire une seule seconde que tout les survivants s'allieraient franchement pour construire un nouvel avenir. Après tout, le Duc avait montré l'exemple en jouant avec la vie et la mort de Sarosse. Un jour viendra l'heure de rendre des comptes, Eadwin en était certain et lorsque cela arrivait, il espérait bien être dans une position où il serait capable de protéger ses acquisitions.

« Merci. Au nom de Traquemont, je peux vous assurer que cette reconnaissance nous touche. Marbrume sait désormais qu'elle devra compter sur notre présence. »

Eadwin ne tarda pas à découvrir un côté un peu plus malicieux et espiègle de Grâce de Brasey. Dans un sourire dont elle seule possédait le secret, elle lui demanda une chose assez particulière. Était-ce un piège ? Les sourcils du chevalier de froncèrent, marquant la méfiance immédiate dont il faisait preuve. Remettre en cause le système actuel et accuser le Duc d'être incapable de faire face à cette crise ? Loin d'être un adepte des coups fourrés ou des trahisons, Eadwin savait qu'il devait poser ses mots en répondant à cette question. Il ne devait rien laisser que l'on pourrait utiliser contre lui ou contre Traquemont. Pour parfaire cet art-là, le père d'Yseult fut un excellent professeur. L'accompagnant durant de nombreuses années, il eut le loisir de l'admirer retourner certaines situations très tendues avec le seul pouvoir des mots. Cela dit, Grâce de Brasey voulait peut-être seulement savoir comment tournait le monde dans la tête d'Eadwin de Rivenoire ? C'était également une possibilité.

« Je ne suis personne pour remettre en cause le système actuel. Je suis né dedans et je dois dire que je me considère comme chanceux d'être un chevalier. C'est plus gratifiant que de vivre dans la misère même si je me suis souvent demandé quelle était la nécessité d'avoir autant de pauvres pour si peu de riches. » commença-t-il par répondre. « Quant au Duc, cette situation de crise est inédite, sans précédent. Je crois qu'il faut lui laisser le temps pour le juger. D'ordinaire, on ne fait pas la critique d'une œuvre d'art avant qu'elle n'arrive à sa finition. Si ses choix ne sont pas les bons, je crois simplement qu'il apportera lui-même sa chute. Dans le cas contraire, il pourrait bien devenir le prochain Roi ? » demanda Eadwin. C'était une façon d'essayer d'avoir le propre avis de Grâce de Brasey sur cette question. « Je suis fidèle et loyal envers ma Châtelaine. Ses alliés sont mes alliés et ses ennemis sont mes ennemis, ce n'est pas plus compliqué que cela. » termina-t-il.

Bien sûr, pour la forme, il n'était pas question de dire ouvertement qu'Yseult de Traquemont soutenait le Duc car le code de l'honneur et de la noblesse le lui incombait. Grâce de Brasey se ferait sa propre idée mais Eadwin venait potentiellement de déclarer qu'il serait un ennemi du Duc de Marbrume si sa Châtelaine décidait de lui déclarer la guerre pour une raison ou une autre.

« Bien sûr, la stabilité est primordiale en ces temps trop sombres. Je ne doute pas que des gens aient des comptes à régler pour des querelles du passé et cela les regarde en premier lieu. J'espère juste qu'ils auront la justesse d'esprit d'attendre que nous mettions un terme à l'existence de la Fange, si cela est possible bien entendu. »

Le chevalier de Traquemont perdait la notion de temporalité tant cette conversation était intéressante et prenante. Suite à ses derniers mots, il sentit une ouverture, une possibilité de pousser Grâce de Brasey dans ses retranchements afin de mieux la connaître et de se faire à son tour une idée plus franche de ce qui pouvait bien se tramer dans sa petite tête. Il était particulièrement difficile de ne pas la regarder avec certaines arrières pensées tant elle était une magnifique créature. Eadwin se sentait bien heureux de ne pas avoir à jouer un jeu de séduction avec Grâce car il savait bien qu'il le perdrait d'avance. Se pencher sur des choses plus personnelles, plus spirituelles était davantage intéressant.

« Et vous ? Que pensez-vous des actions du Duc ? Un temps plus tôt, vous parliez de vous faire une place dans le nouvel ordre en devenir. Comment vous y projetez-vous ? Quelles choses changeriez-vous si vous en aviez le pouvoir ? »

Grâce de Brasey n'était donc pas la seule qui était capable de poser des questions à la limite de ce qu'on pouvait demander à quelqu'un que l'on venait à peine de rencontrer. Cela dit, elle pouvait écourter la conversation, mentir ou répondre avec sincérité. Peu importe son choix, Eadwin trouverait un moyen, une solution pour le comprendre et l'expliquer. Du moment que l'on pouvait donner une raison face à un événement, on ne pouvait pas perdre la tête. Le tout, c'était de rester le capitaine, le maître de son navire.
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyLun 30 Mai 2016 - 14:39
Grâce écouta le chevalier parler de sa position vis-à-vis du pouvoir et de celui et plus largement ceux qui le détenaient. Il semblait plutôt raisonnable et patient, laissant, à la fin, tout de même transparaître sa véritable allégeance, qui n’était nullement une surprise.

Eadwin de Rivenoire semblait avoir voué toute sa vie, toute son existence à sa châtelaine et il a suivrait quelles que soit ses décisions qu’elle soit parfaitement sensée ou complètement folles et sans espoirs.
Une telle dévotion était à la fois admirable, un peu touchante, dans un sens, si l’on était émotif, mais en même temps si irrationnel et dangereux.

Le Chevalier se mettait, à son tour, à poser des questions quelque peu tendancieuses, à la limite de l’importun pour une personne que l’on ne connaissait seulement depuis quelques minutes. Ce n’était qu’un juste retour des choses au vue de la curiosité dont avait fait preuve la demoiselle. De plus, cet esprit aventureux n’était pas pour déplaire à la jeune fille, changeant quelque peu de ces sujets de conversation habituels.

« Je ne suis encore plus personne que vous ne l’êtes pour juger des actes du Duc. »

La plaisanterie était évidente, malgré le fond de vérité qu’elle masquait.
Les femmes ne devaient se mêler de politique après tout. Foutaise, seule les petites dindes sans envergures n’avaient aucune velléité de s’occuper de politique, ces petites choses qui se pensaient trop pure pour s’abaisser à cela, ou trop sotte pour savoir quoi faire sans le consentement de leurs époux. Voir ces petites teignes qui pensaient que le monde s’arrêtait à leur salon, leur cercle d’amis et que leur suprématie dans cette petite marre pouvait suffire à les rendre grandioses.

Cependant, cela ne répondais à aucune question de son interlocuteur. La demoiselle sembla regarder autour d’elle jaugeant de la population, peu nombreuse, de la rue. Il était toujours délicat de parler de la gestion d’affaires aussi important que celle du dirigeant de la Ville.

« Je ne cautionne toutes ces décisions, cependant, jusqu’à présent semble-t-il mesurer l’ampleur de la crise et prendre les décisions qui s’imposent. »

Réponse plutôt vague, au moins aussi nébuleuse que la réelle position de la Grâce par rapport au Duc. Elle n’y était pas ouvertement opposée, pas assez engagée, ou inconsciente pour risquer de se mettre à dos l’homme le plus puissant de ces temps trouble, d’autant plus qu’elle n’avait personnellement aucun grief à son égard. Elle saurait s’en accommoder, sans pour autant le protéger avec ferveur. Elle pourrait tout à fait retourner sa veste une occasion intéressante se présentait.

La suite de la question était bien plus confortable, étant donné qu’elle traitait de parfaite supposition, seulement du domaine de l’hypothèse.

« Si j’avais le pouvoir, comme un Duc, ou comme une Duchesse ? »

Les deux choses étaient parfaitement différentes et n’impliquaient aucunement les mêmes devoirs et libertés. Cependant, la question de la demoiselle était plus rhétorique.

« Partons du principe que je puisse avoir les mêmes droits que le Duc. Aurais-je sûrement agi comme il l’a fait pour le Labret, Marbume ne peut survivre recluse sur elle-même dans la peur. Seulement pousserai-je l’idée plus loin. Maintenant qu’une opération pour repeupler le Labret a été mise en place, il faudrait penser à sécuriser les routes, favoriser les convois de vivre et de matériels. Augmenter les effectifs de la Milice extérieure serait un bon début, mais assurément pas suffisant. »

Grâce marqua une brève pause, semblant remettre en ordre les quelques pensées qu’elle n’avait encore évoquées. Affichant une confiance apparente, comme à son habitude, en réalité un certain inconfort s’était emparer d’elle pour les quelques instants de sa prise de parole sur le sujet, inquiète de n’être assez crédible, de faire preuve d’une incommensurable bêtise. Elle ne savait si cet entretient ne serait qu’une intéressante entrevue ou qu’elle déboucherait sur quelque chose de plus concret, ne pouvant voir aussi loin, cependant elle préférait ne pas donner une mauvaise image.

« Il a encore quelques forteresses oubliées, désertées proche du trajet pour le Labret. D’après ce que je ne peux d’entendre et comprendre, il serait avisé de le confier à quelque seigneur déraciner, contre avantages pour le risque pris, pour suivre le modèle de Traquemont et ainsi contribuer à tenter de diminuer le nombre de créature sur le long de la route. Sous l’impulsion de la noblesse, le peuple suivrait peut-être dans ces nouvelles places fortes, diminuant ainsi la population de la cité apaisant les tentions dû à la surpopulation. »


Il n’y avait aucune intention de flatter outre mesure son interlocuteur ou sa Dame, seulement, assez honnêtement, elle trouvait que leur courage et leur folie étaient une bonne chose. Ils étaient un exemple à suivre pour ceux qui en avaient les moyens physiques ou moraux, pour s’engager dans une telle entreprise.

« Bien entendu, toute cela n’est qu’une théorie, la réalité ne pourra jamais être si aisée. La nature humaine est ainsi faite. D’autant plus que donner un peu de poids, de pouvoir à trop de seigneurs pourrait être si ce n’est dangereux, inconfortable pour l’autorité du Duc. »


Il fallait être lucide sur ce qu’elle pouvait bien dire, ou penser. Même dans la merde jusqu’au coup, l’Homme restait tel qu’il était.
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyLun 6 Juin 2016 - 11:58
Eadwin de Rivenoire afficha un sourire narquois lorsqu'elle lui rendit sa première pique. Ils n'étaient vraiment personne, tout les deux, pour remettre en cause la politique ducale ? L'un comme l'autre tenaient peut-être les mêmes positions à ce sujet plutôt houleux mais il était très difficile de pouvoir le faire comprendre à un interlocuteur que l'on venait à peine de rencontrer. Il fallait faire attention à ce que l'on disait, à ce que l'on choisissait de dévoiler à une personne. Cela dit, l'intérêt d'Eadwin de Rivenoire pour Grâce de Brasey était plus que réel. Il se tenait devant lui, si elle était réellement capable de tirer son épingle du jeu, au même titre que sa propre Châtelaine, une jeune femme qui pourrait peser très lourdement d'ici une ou deux décennies. De plus, cela allait de paire avec les exigences d'Yseult qui étaient de se rendre à Marbrume pour découvrir et jauger son monde noble. Si Grâce était une réfugiée, elle ne serait définitivement pas à négliger.

« Engageons notre liberté de penser, dans ce cas. C'est un peu succinct, opportun, mais mes questions n'ont que pour ambition de mieux vous connaître. Vous êtes une personne intéressante. »

Cela ne suffirait peut-être pas à abaisser la méfiance naturelle de Grâce de Brasey à son égard mais Eadwin de Rivenoire semblait tout à fait sincère dans ce qu'il venait de déclarer. La flatterie n'en avait donc que l'allure et son but premier était bel et bien de mieux la connaître. Il n'était cela dit pas capable de donner une position particulière à Grâce pour le moment. Avait-elle le potentiel de devenir une alliée, une amie franche ? Incarnerait-elle un jour son ennemie de demain, le menaçant dans ses intérêts ? Sa conscience lui dictait qu'il serait amené à la revoir tôt ou tard, dans d'autres circonstances, peut-être quand des événements inattendus surgiraient. Il ne savait pas tout à fait comment mais il comptait bel et bien se tailler une place dans l'ordre nouveau qui était en train de se dessiner. Quiconque était capable de composer avec Traquemont serait alors pour lui un allié potentiel. Cela dit, Grâce de Brasey fit un choix tout à fait compréhensif. Elle demeura vague, mystérieuse sur ce qu'elle pensait réellement, sous-entendant seulement que tout ce qui se déroulait dans cette cité n'était pas toujours à sa convenance. C'était déjà une forte confidence, peut-être le signe qu'elle était prête à jouer un jeu un peu plus dangereux avec le chevalier de Traquemont.

« Il vaut mieux agir et se tromper plutôt que de ne rien faire et aller à sa perte. Toutefois, ne rien faire pour apprécier la situation et agir avec plus d'éléments en sa possession peut parfois retourner bien des situations. »

Il la regarda avec un regard très insistant, presque accusateur. Eadwin de Rivenoire commençait à croire que Grâce de Brasey était ce genre de personnes. Prête à se fondre dans la masse, tailler son nid, récolter des informations et enfin agir en connaissance de cause. Pour son jeune âge, du moins il le supposait, Grâce de Brasey se montrait à la fois maligne et intelligente. Sauf erreur de sa part, le chevalier de Traquemont pensait définitivement qu'elle saurait être un acteur important dans l'avenir. Sa condition de femme lui apporterait certaines difficultés mais avec une beauté et un charme comme le sien, elle pourrait sûrement déverrouiller de nombreuses serrures. N'importe qui ne pouvait pas devenir Yseult, dans ce monde où les armées étaient menées par des hommes, elle était une véritable exception.

« Je vous autorise à être une Duchesse pour cinq minutes. »

Il lui rendrait coup pour coup, pique pour pique. Ce n'était qu'une forme d'humour peut-être mal placée mais il était persuadé qu'elle ne le prendrait pas au pied de la lettre. La taquinerie ferait son office et elle lui montrerait probablement être capable de répliquer avec un mélange de hargne et de malice. Le chevalier n'attendait que cela, découvrir jusqu'où Grâce était capable d'aller pour garder le contrôle dans une conversation.

« Vos préconisations sont intéressantes. Je pense qu'elles seront appliquées, tôt ou tard. La Milice a peut-être fort à faire mais il paraît qu'elle entraîne de plus en plus de nouvelles têtes. On parlerait même d'un arrivage de pucelles. Vous vous rendez compte ? Marbrume ne recule devant rien pour protéger les siens. »

Le regard d'Eadwin de Rivenoire demeura presque honteusement sérieux face à ce comique de situation. La Milice de Marbrume était demandée de toute part, les affaires en cours devaient être en constante augmentation. Il fallait sécuriser l'extérieur, l'intérieur des terres, composer avec une population de plus en plus agonisante et par conséquent pas forcément reconnaissante. De ce constat-là, il mesurait sa chance d'être l'un des chevaliers d'Yseult.

« Vous conseilleriez de créer d'autres Traquemont ? Ce n'est pas un choix vraiment facile à analyser. Si toutes ces positions ont été abandonnées, c'est probablement que les propriétaires ont été chassés par la Fange. Sans considérer ceux qui sont en vie et ceux qui sont morts, pensez-vous que nous avons assez d'âmes suffisamment courageuses pour vivre à l'extérieur ? S'ils restent terrés à Marbrume, c'est parce qu'ils ont bien compris à quel point la Fange est un adversaire redoutable. Traquemont est née d'un instinct de colère vengeresse, elle est la création d'une peuplade qui n'avait plus rien à perdre. C'était cela ou bien attendre que la mort ne vienne nous prendre. Derrière Traquemont subsiste l'héritage de Corbeval, une terre lointaine tombée contre la Forge dont nous refusons de taire totalement la preuve de son existence. »

Le chevalier de Traquemont croisa les bras en jaugeant les réactions à venir de Grâce de Brasey. Il venait peut-être de se montrer un peu sévère avec la jeune femme mais il devait reconnaître qu'elle avait beaucoup d'audace. Il appréciait ce trait de caractère plus que beaucoup d'autres.

« Vous avez raison. Le Duc ne peut pas se permettre de partager autant son autorité. En apparence, nous le servons tous. En apparence... » dit-il, son visage prenant une allure un peu blasée. « Il a assassiné le promis d'une De Mirail, Terresang le considérait coupable de la perte de sa famille... » murmura-t-il, se contenant de réciter une leçon apprise dernièrement. « Ceux qui ont des intérêts contre le Duc attendront-ils une résolution de la crise dans laquelle nous sommes plongés ou profiteront-ils de cet instant de faiblesse ? Je ne sais pas vraiment si nous viendrons à bout de la Fange, je l'espère de tout cœur mais le jeu de la noblesse m'inquiète tout autant. »

Après avoir fait preuve de ses quelques inquiétudes à Grâce de Brasey, il décroisa les bras pour se rapprocher un peu plus d'elle. Au fur et à mesure, le ton employé par Eadwin de Rivenoire baissait en amplitude. Être surpris en train de raconter ces choses-là dans le quartier noble pourrait devenir regrettable si cela tombait dans le creux des oreilles d'une personne mal intentionnée. Jusqu'à présent, aucun d'entre eux n'avait pris une position claire. Pour, contre le Duc de Marbrume ? Peut-être n'avaient-ils pas menti. Peut-être étaient-ils réellement personne pour décider d'une telle chose. Eadwin savait que la loyauté et le respect des traditions de sa monarque le conduirait probablement à prendre la défense du Duc un jour ou l'autre s'il ne commettait pas d'ici-là une erreur regrettable. Au fond, il avait d'autres problèmes à chasser.

« Je me permets d'engager un autre sujet de conversation. Cela fait plusieurs mois que vous devez vivre à Marbrume, désormais. Comme je vous le disais plus tôt, j'ai été envoyé ici afin d'accomplir quelques tâches. En faisant votre connaissance, j'en ai commencé une. L'autre est plus personnelle, mais si nous vous avons imaginé Duchesse pendant cinq minutes, je peux bien vous demander cela : qui sont les femmes à marier dans cette cité ? »
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyMar 7 Juin 2016 - 18:14
Il la jaugeait analysant ce qu’elle pouvait bien dire pour en extraire le message et toute l’intelligence qu’elle pouvait, ou non y mettre. Grâce s’amusait de cette conversation qu’elle prenait comme une sorte de test. Si elle ne pouvait faire montre de talent physique et d’adresse au maniement des armes, pouvait-elle laisser entr'apercevoir ce dont sont esprit était capable. Il était surtout agréable de voir que pour l’instant, toute semblait se dérouler avec une certaine fluidité ce qu’elle espérait être un bon présage.

Rivenoire s’amusait du fait qu’on puisse intégrer de jeunes filles dans la milice. Cela ne semblait pas un rire franc, mais plus un amusement face à une nécessaire réalité. Les temps changeaient qu’ils le veuillent ou non et si tous les deux semblaient suivre, imperturbable, les chemins qu’on leur avait montrés, il était normal que d’autre s’en écarte à la faveur du nouvel ordre qui émergeait.

Il sembla juger avec une certaine rudesse les mots de la jeune femme sur ce qu’elle ferait si elle était à la place du dirigeant. Mettant en avant ce qu’il songeait être le caractère unique Traquemont.

« Si si peu continuent à agir, nous n’aurons, à l’instar du peuple de Corbeval, plus rien à perdre non plus Chevalier de Rivenoire. Peut-être que quelqu’un qui en a réellement les moyens de faire face à ce qu’implique vivre hors des murs, le comprendra. Il ne me semble guère qu’il n’y ait qu’une seule manière de reproduire le miracle du fort de votre Dame. »


Parce qu’il était clair qu’elle, ou sa famille n’en avait guère les moyens. Parlant là surtout de moyen physique ou du moins martial pour endurer la vie en pleine zone contrôlée par les fangeux. Or Le Chevalier avait pu le constater Audric n’était guère une fine lame et leur père encore moins.
Sa phrase aussi funeste pusse-t-elle sonnée avait été prononcée sur son ton égale, doux, dénotant avec le côté presque tragique de ce dont elle parlait.

Toutefois restaient-ils d’accord sur le fait qu’accorder un certain pouvoir à d’autres seigneurs pourrait s’avérer dangereux, pouvant même devenir l’acte qui signerait la chute du Duc. La jeune femme ne préféra pas relever ce qu’il avait presque soufflé sur les familles membre de la noblesse aillant de véritables griefs contre Sylvrur. Elle estimait avoir tout ce qu’elle était en mesure de dire à un quasi-inconnu au milieu d’une rue certes peut passante de l’Esplanade.

Pourtant, ce fut la dernière tirade du Monsieur qui arracha un sourire presque moqueur à la demoiselle.

« Seriez-vous sérieux avec cette demande ? »

En tout le semblait-il réellement. S’était une situation quelque peu cocasse. Un chevalier d’un certain âge, envoyé pour trouver épouse et qui demandait quelques éclaircissements à une jeunette qu’il venait à peine de rencontrer.
Soit, cela était un peu plus frivole en apparence que leurs précédents sujets, mais après tout, un mariage était également souvent affaire de politique.

« Bien, il semblerait que la Châtelaine Motoya, Luna de son prénom soit en âge de prendre un époux. C’est une jeune fille douce et délicate »

Peut-être un peu trop douce et délicate à l’avis de Grâce, qu’elle s’était faite lors de la réunion les jours tragiques de la catastrophe de la Hanse. Cependant, elle se garderait bien de révéler cette idée, ce n’était guère opportun et surtout pas ce qu’on lui demandait.

« La Baronne de Haldonores, Kira il me semble n’est point mariée non plus si j’ai souvenance. D’après ce que j’en ai entendu elle fait partie de la Guilde du soleil bleu, l’organisation du Vicomte de Terresang. Je ne peux vous dire plus sur elle, il ne me semble pas l’avoir déjà approché. »

Finalement avait-elle fini de parler de Terresang, même si ce n’était que pour l’évoquer au détour d’une phrase afin de parler de son apparente associée. La Guilde du Sieur, cependant, ne lui inspirait gère confiance, s’était trop beau, respirant trop de bons sentiments pour être vraie, pour être viable et crédible. De plus comme tous les deux le savaient l’homme avait une dent contre la Duc.

« La Baronne d’Aygemorte, Callista, n’est pas réellement une jeune fille à mariée, plus une veuve. Une fervente croyant d’Anür, surtout dans son aspect touchant aux choses de la mort, ce qui n’en fait pas moins une femme du monde. »

Un peu étrange que cette Baronne sans pour autant avoir de quoi s’attarder plus avant sur sa personne.

« Jade de Miral, la sœur de la Comtesse et Venfroid ne me semble point avoir de prétendant officiel également. Mais il parait qu’elle a un peu trop de caractère et je ne suis pas certaine qu’une Chevalier intéresse une fille de Comte. »

En parlant de la demoiselle de Mirail et surtout de l’obstacle que pourrait représenter le rang de l’homme qu’elle tentait d’aiguiller, le sourire un brin moqueur de Grâce refit son apparition. Si les titres et les barrières qu’ils représentaient semblaient se distendre, il n’en restait pas moins, une valeur certaine aux yeux de beaucoup.

« Je me ferais sûrement réprimander si je ne vous parlais pas de ma chère Victoire, ma cadette. Adorable, si vous aimez ce genre. »

La vipère, sournoise aux oreilles traînantes. Elle doutait que leurs parents considèrent la proposition si elle était faite un jour, ce qui était fort hypothétique. Victoire n’était pas le meilleur parti de cette ville, même si cela dépendait de ce dont le Chevalier avait besoin. Cependant, rien ne restait impossible, l’opportunisme avait cela de beau.

« Mademoiselle de Linerac, Eugénie, une famille de Châtelain, la sœur d’Henri, est également une main à pourvoir d’un anneau. Elle est douce quoi qu’un peu trop effacée et indécise quand il faut réellement prendre une décision. »

Six étaient déjà un bon échantillon, même si au moins deux d’entre elles étaient des cas délicats ou d’une certaine improbabilité.

Grâce s’était bien garder de se mettre dans sa propre liste. Elle n’était guère pressée de se faire ferrer une nouvelle alliance, ce qui heureusement était fort compromis par le scandale de l’annulation de son mariage. Qui voudrait d’une fiancée de seconde main surtout si la première main s’était avérée être celle du cousin ?
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyMer 8 Juin 2016 - 8:52
L'idée selon laquelle on pouvait reproduire par une, deux, peut-être même trois fois le miracle de Traquemont semblait tenir à cœur à Grâce de Brasey. Eadwin de Rivenoire était mitigé, vraiment très mitigé. Par fierté, déjà. Aujourd'hui, se prétendre être de Traquemont, cela avait un brin de personnalité à part. Les gens pouvaient bien penser qu'ils étaient fous de vivre dans l’œil de la Fange, ils tenaient pour l'instant d'une main de maître une position forte. De plus en plus de gens semblaient aussi croire que Traquemont était devenue nécessaire pour la lutte contre la monstruosité nommée Fange. Cela dit, l'envers du décor devenait moins glorieux. Les problèmes hebdomadaires, peut-être journaliers désormais de Marbrume commençaient aussi à devenir ceux de Traquemont. Tenir un bras armé avait un coût, nourrir des hommes et des femmes qui avaient besoin de rester forts en permanence en était un autre. Bien sûr, il y avait aussi les salaires. Si à Traquemont, lutter contre la Fange était telle une instance sacrée, il fallait bien que ses défenseurs puissent vivre. Pour toutes ces raisons, Eadwin de Rivenoire peinait à croire que multiplier les cas comme Traquemont serait judicieux pour l'instant. Diviser davantage les ressources et éparpiller encore un peu plus l'influence des dirigeants, ce n'était définitivement pas une bonne idée. Pourtant, cette dernière avait son charme et si cela était vraiment possible à mettre en place en pouvant outrepasser ces quelques difficultés, les dernières défenses de l'humanité pourraient peut-être tout de même s'en retrouver renforcer. Il comprenait donc le point de vue de Grâce de Brasey et peu de chose en fait l'empêchait de le partager entièrement.

« Pour l'instant, je crois que les volontaires feraient mieux de rejoindre Traquemont. Je ne dis pas cela pour défendre ma bannière et nos actions mais nous avons besoin de plus de moyens et d'effectifs pour être plus efficaces. Toutefois, nous pourrions peut-être bientôt commencer à montrer des difficultés similaires au quotidien de Marbrume, à une échelle correspondant plus à notre plus petite taille. »

Cet argument n'était pas présenté pour contredire ceux avancés par Grâce de Brasey jusqu'à présent. Encore une fois, la frontière entre l'acceptation ou le refus de son opinion était très mince et Eadwin fit vraiment tenté de partager entièrement sa cause. Il était plutôt-là, avec son expérience d'homme de terrain, de militaire aguerrie, pour lui rappeler certaines réalités. Peut-être que sa vision des choses servirait finalement Grâce de Brasey. C'était aussi à cela que servaient ces conversations. Des points de vues ne devaient pas toujours se rejoindre pour créer une étincelle, pour permettre parfois de trouver des solutions et des chemins insoupçonnés. Il n'était donc pas question de la prendre de haut, Eadwin de Rivenoire savait très bien que dans d'autres domaines, telles que la courtoisie et les intrigues politiques, la jeune femme le surpassait déjà très probablement. Il respectait donc autant son rang que sa personne. Eadwin de Rivenoire ignorait toujours que Grâce de Brasey était étrangère à la cité de Marbrume, il lui accordait peut-être un peu plus d'importance qu'elle n'en méritait vraiment. Non, il agissait plutôt ainsi car il commençait à l'apprécier. S'il jugeait qu'elle avait le potentiel d'incarner le lendemain de Marbrume, c'était tout naturel de lui opposer des opinions différentes avec de l'aider à se forger. Tel était Eadwin, le chevalier de Traquemont. Il ne suffisait pas de voler à la rescousse de donzelles en détresse, de clamer la protection de la veuve et de l'orphelin. Parfois, tenir une simple discussion pouvait suffire à démontrer que l'on était toujours apte à honorer ses vœux.

« Oui, cette demande est sérieuse. Ce n'est pas vraiment simple à aborder… Ne vous-moquez pas ? »

Eadwin de Rivenoire devint tout à coup gêné. Il ne s'attendit pas vraiment à ce que Grâce de Brasey réponde favorablement à sa demande, malgré ce sourire espiègle et à la fois agaçant qui se figea sur son visage. Le chevalier de Traquemont quittait ses acquis, ses intérêts habituels pour mettre les pieds sur un sentier qu'il avait moins l'habitude de pratiquer. Un sentier où Grâce de Brasey devait posséder déjà plus d'expérience que lui. On pouvait probablement se demander pourquoi Eadwin n'avait jamais été marié. Du temps où il vivait à Corbeval, il passa bien plus de temps à guerroyer avec son Châtelain plutôt qu'à songer à une descendance. Ensuite, aux Noirjardins, son rythme de vie changea du tout au tout. Ce fut comme connaître la véritable paix après avoir abandonné son âme pour servir un homme un peu trop belliqueux. Même Yseult s'était peut-être ennuyée de cette vie un peu trop monotone. On pouvait compter sur le fait que le chevalier de Traquemont avait comptabilisé quelques amourettes avec des bourgeoises par ci par là mais par crainte de ne pas être à la hauteur d'un foyer conjugal à faire naître et entretenir, ceci expliquait plus ou moins sa qualité de célibataire endurci. Toutefois, Grâce de Brasey ne pouvait pas être au courant de ces choses-là, peut-être imaginerait-elle quelqu'un qui comme tant d'autres avaient perdu épouse, enfants et serviteurs lors de l'apogée de la Fange.

« Je ne pensais pas que vous seriez si… précise. »

Eadwin de Rivenoire était presque bouche-bée. Il fallait retenir autant de noms et de conditions ? Luna Montoya, Yseult de Traquemont lui avait brièvement parlé d'elle mais elle n'avait pas été capable d'en dire plus que Grâce de Brasey à son sujet. La jeune héritière resterait une énigme encore quelques jours mais les affres du temps connaissaient déjà les conditions insolites de leur rencontre à venir dans le Goulot. Il s'y perdrait, guidé malhonnêtement par un citoyen en début de nuit et elle viendrait à lui en pleurs avec de sérieux problèmes à ses trousses. Concernant Kira de Haldonores, c'était la première fois qu'il entendit parler d'elle et du « Soleil Bleu. » Probablement un regroupement de nobles autour d'une même table avec des intérêts communs puisqu'elle cita le nom de Terresang, identité un peu plus familière. Callista d'Ayguemorte, il n'en avait pas non plus entendu parler. Une veuve faisant l'apologie de la Mort à travers Anür, il se demandait bien à quoi elle pouvait ressembler. Peut-être une beauté fatale drapée de couleurs bien sombres. Elle fit ensuite mention de Jade de Mirail dont il se souvenait avoir au moins croisé le regard au mariage de Ambre autrefois de Mirail et Morion de Ventfroid. Elle parla ensuite de ses proches à elle, sa propre sœur et de celle d'Henri, le garçon qui accompagnait son frère.

« Cela devient un peu ridicule. Je ne me sens pas vraiment plus avancé… Je devrais peut-être rester à Marbrume quelques temps, jusqu'à ce qu'une opportunité ou plutôt un miracle ne se produise... »

Eadwin de Rivenoire faisait preuve d'un peu de mauvaise volonté. Il ne se sentait pas totalement investi dans cette quête exigée par Yseult de Traquemont. Il ne réalisait pas encore qu'en fonction de la promise qu'il saurait débaucher, sa vie pourrait peut-être prendre un autre tournant. Il n'était pas encore assez calculateur pour se rendre compte que de chevalier, il pourrait devenir Châtelain, Baron ou peut-être même Comte ? Il espérait seulement partager sa vie avec une femme en harmonie avec lui, fidèle, désireuse de porter leurs enfants. Il avait du mal à se faire à l'idée que cela l'éloignerait sûrement de Traquemont et par extension d'Yseult mais s'il tirait son épingle du jeu, il pourrait venir en aide à sa plus vieille amie avec des moyens encore inégalés.

« Je dois dire que je m'étais presque habitué à cette vie de tranquillité aux Noirjardins avec Yseult et son époux. C'était bien différent du quotidien avec son belliqueux de père. Je n'avais plus l'impression de servir mes devoirs de chevaliers pour me faire un renommée mais plutôt de jouir de cette dernière ma foi, amplement méritée sur nos terres. Peu avant la Fange, j'avais songé demander à Yseult de rompre mon serment. J'aurais pu devenir Maître d'Armes, je me voyais bien faire l'éducation martiale de son fils. Si j'ai conscience de la chance que j'ai en étant un sang-bleu, de ne pas connaître les mêmes problèmes que les miséreux, je n'ai peut-être pas les épaules pour me glisser dans une cour plus grande. Je suis peut-être trop franc. Une bourgeoise, une artisane que je pourrais aimer à sa juste valeur me comblerait de bonheur mais... Je comprends Yseult. La noblesse est désormais menacée, c'est peut-être mon plus important devoir désormais que de perpétuer une lignée. »

Comment Grâce de Brasey prendrait-elle les confidences d'Eadwin de Rivenoire ? Elle verrait que derrière le chevalier de Traquemont, fier de son appartenance, peut-être parfois un peu trop zélé, il y avait un homme avec des doutes et des peurs, plus ou moins conscient de ce qui l'attendait dans l'avenir. Il ne voulait pas finir comme son mentor, Conrad Brise-la-Tempête, vieux garçon usé par la violence de la guerre et les querelles un peu trop belliqueuses d'un maître très opportuniste. Malheureusement, c'était une tout autre guerre qu'il fallait maintenant livrer. Pour la survie de l'humanité, pour venger le genre humain. S'il voulait aider Marbrume, peut-être que Eadwin de Rivenoire n'avait que d'autre choix que d'accepter ce chemin qui s'offrait à lui et de faire tout ce qu'il pouvait pour se glisser à la hauteur des nobles influents.

« Je dois franchement vous ennuyer avec cela. Dites-moi, Mademoiselle de Brasey, me parleriez-vous davantage de votre famille ? De vos origines ? De vos croyances ? »
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MessageSujet: Re: A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé]   A combattre sans périls ... [Eadwin de Rivenoire - Terminé] EmptyMer 8 Juin 2016 - 13:32
Le Chevalier qui avait l’air si sûr de lui, en parlant de guerre de politique s’était soudain fait bien plus hésitant, presque gêné quand il avait fallu parler de demoiselles.

« Précise ? Il me semblait presque êtres indécemment vague. »

Après tout n’avait-elle fait que citer six noms, l’Esplanade offrait plus, bien plus, de possibilité que cela. Sans compter qu’à part leurs patronymes, leurs rangs et quelques nébuleuses informations sur leurs situations actuelle, elle n’avait guère offerte plus de renseignement. Pour choisir une prétendante, il lui faudrait en apprendre bien plus sur ces dernières et ce qu’elle avait à offrir outre leur aimable personne et leur ventre pour porter de futurs héritiers.

Il semblait perdu et pas réellement emballer par la perspective de devoir se choisir une épouse, ce qui arracha un délicat rire à Grâce. Si elle n’était guère égarée, comme lui, elle n’avait aucune envie de retourner, s’enraciner, s’enchaîner dans la sacrosainte institution du mariage. Même si, en l’état, elle doutait que leurs motivations respectives puissent être comparables.

« Ridicule, je ne suis pas convaincue. A revanche ce n’est guère étonnant que vous sembliez perdu. Après tout, vous ne les connaissez ni elle, ni leurs familles, lorsqu’il leur en reste, et ce qu’elles offrent. »


Certaines n’avaient que le titre et leur réputation à offrir, d’autres quelques hommes, d’autres tout ce qu’il restait de l’héritage de leur famille étant les dernières de leur lignée décimée par la fange. Dans leurs sphères le mariage était une affaire et pas réellement affaire d’amour ou d’affinité. S’était à celui ou celle qui représenterait la plus belle opportunité, la plus belle alliance. Bien entendu, il y avait toujours des exceptions à ce lieu qui était quasiment devenue une règle, pas une norme écrite qui devait être suivie, mais une convenance qu’il était commode de respecter.

Le chevalier sembla s’ouvrir quelque peu, parlant de sa vie à Corbeval puis aux Noirjardins. S’était spontané et d’une honnêteté presque déconcertante. Certes, ce n’était pas une confiance d’une intimité troublante, seulement quelques mots moins formels dénotant avec le ton qu’avait pris leur échange.

« Une cours sera toujours une cours quelques soient les principes de la personne autour de laquelle elle se forme. Je doute nullement que vous saurez vous adapter. »

La jeune femme avait brièvement posé une main douce sur le bras du chevalier, le contact n’avait duré qu’un instant, question de bienséance, cependant, il n’en restait pas un moins un acte de sympathie, voir possiblement l’expression d’un certain soutient. Il fallait dire que Rivenoire possédait quelque qualité qui n’était pas pour déplaire à Mademoiselle de Brasey. Si pour l’instant, elle ne savait quoi pensée réellement de ses projets et ce qu’il allait advenir de lui, dans le milieu restreint de la Noblesse native et réfugiée de Marbrume, elle pourrait toujours garder un œil sur lui.

« En l’état rien ne vous empêche de prendre pour épouse une bourgeoise, elle deviendrait noble avec cette unions et perpétuerait tout autant votre lignée. Cependant, à part sa dotte, que vous apportera-t-elle ? »


On en revenait toujours à cette valeur ajouter que semblait devoir arborer une fille à marier pour être considéré comme digne d’intérêt. Cependant, elle était tout de même curieuse de sa réponse. Il semblait avec des prétentions moins hautes que celle des hommes qu’elle avait fréquentés jusqu’à présent.

Un sourire amusé s’étira sur les lèvres de la demoiselle alors qu’il lui demandait de parler d’elle, ou plutôt de sa famille.(

« Sauf votre respect Monsieur de Rivenoire, cela se voit que vous n’êtes ici que depuis peu.»

Depuis quelques semaines, les Brasey et Sombrebois étaient sujets aux scandales. Le procès, l’annonce de l’annulation de leur mariage pour cause d’un lien de parenté trop proche, bien trop proche pour être excusable. De ce fait, soit le chevalier venait certes bien de faire son arrivé dans leur petit monde, soit souffrait-il d’un certain déficit d’attention ou d’audition ce qui ne semblait guère le cas.

« J’ai bien peur qu’il n’y ait rien de si remarquable pour satisfaire votre curiosité Monsieur. Nous ne sommes, non plus du Morgestang. Comme vous avez pu le constater vous-même, nous ne sommes guère une famille de redoutables combattants. Même si vous avez été fort encourageant avec Audric. »

D’ailleurs, ce dernier devrait être ragaillardi par cet encouragement, sûrement mettrait-il bien plus de cœur à l’ouvrage dans les prochains jours. Ce genre de gentillesse n’était pas une habitude dans la famille de Grâce, leur géniteur avaient toujours cette qualité de mettre le doigt sur ce qui n’allait pas, pour piquer au vif la fierté de leur progéniture et les pousser toujours plus à perfection. Il ne fallait pas douter, pour surmonter cela, une hésitation et ça vous minait.

« Lorsque qu’il nous est possible, nous préférons privilégier la diplomatie, utilisant nos qualités d’esprit. »

Sûrement aurait-il quelque chose à en dire. Certain trouvait cela lâche, semblant attester d’un certain manque de courage couplé à une fourberie avérée. Peut-importait, de toutes les manières choisir d’agir d’une manière ou d’une autre, il y aurait toujours des détracteurs pour en douter. Au moins semblaient-ils rester fidèles à ce qu’ils avaient identifié comme leur point fort.

« Les restes, vous l’apprendrez en tendant l’oreille. »

Son air s’était fait plus taquin et joueur, proposant au chevalier de reprendre leur route.
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