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 Servir et protéger [pv. Valériane]

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Valériane BarrowmerCoutilier
Valériane Barrowmer



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MessageSujet: Re: Servir et protéger [pv. Valériane]   Servir et protéger [pv. Valériane] - Page 2 EmptyJeu 5 Mai 2016 - 22:40
Je restai muette.

Pas un mot.

Si je l’ouvrais, je ne pourrais pas m’empêcher de le tuer derrière.

J’essuyai, lentement, le flot sanguin qui se déversait de mon arcade, le visage engourdi par le coup. Mais cette fois, je dégainai ma lame, prête à rendre les coups, avec cette fois de généreux intérêts.

Je fus plus que surprise, en avançant pour réduire ce Tomas en purée, de me retrouvée bloquée (tout du moins, entravée) par la main tendue de Nicole, qui faisait face à son supérieur. Ne lui avais-je pas dit, quelques secondes plus tôt, de ne pas prendre de risques inconsidérés ?

Malgré cela, je restai légèrement en retrait, prête à intervenir. Ce que j’avais en face de moi, ça n’était pas mon démon. Si je me savais prête à le découper (ou au moins essayer), au moindre faux pas, je préférais qu’elle l’affronte elle-même, seule. Qu’elle lui montre que les femmes n’étaient pas toutes des mères pondeuses destinées à l’écraser toute leur vie. Ainsi, malgré les insultes, mon visage, perlant encore de généreuses gouttes vermeil, se fendit d’un sourire sans joie, encourageant les paroles et les actes de Nicole en silence.

Admirant la verve de Nicole quand celle-ci daignait s’éveiller, elle fut cependant rassurée de voir que le sous officier remballait ses armes. Aucun des miliciens présent ne serait venu les aider, et leur sort, s’il avait été funeste, aurait été jugé comme juste récompense pour leur affront. En revanche, les menaces que le coutilier proféra restèrent gravées dans l’esprit de Valériane. Elle n’avait pas peur de lui, non. Elle notait juste qu’elle venait de se faire un ennemi mortel, et qu’elle n’hésiterait pas à en profiter.

Gardant l’épée en main, pointée sur Tomas, elle recula, tirant de sa main libre le bras de Nicole. Valait mieux pas qu’elles restent là.

«Viens. Quant à toi Tomas, fais le dur. Je jure devant Rikni que je répandrai tes entrailles au sol. T’es prév’nu.»

Les yeux emplis de promesses de mille morts et tortures, elle s’en fut en traînant Nicole avec elle, aux aguets. Une petite embuscade tendue par des amis du milicien ne l’aurait pas surprise. Néanmoins, le trajet se fit sans accroc. Elle ne se détendit qu’à bonne distance de l’enceinte du quartier, de l’autre côté de la grande rue des Hytres.

«Bon, je crois que ça règle le problème de ta mutation. Quant à l’autre… par les couilles de Serus, j’aurai sa peau.»

Les mâchoires toujours serrées, peu attentive au sang qui continuait à ruisseler sur la moitié gauche de son visage, et faisant fi des regards moitié éberlués, moitié choqués des quelques passants qui avaient le courage de sortir par ce temps, elle continuait d’avancer. Pendant un long moment, du moins le temps que dura leur marche (Valériane semblait ressentir un besoin compulsif de marcher, peu importait la pluie, pour évacuer la rage qui la tenaillait), elle lança des imprécations à tout va, maudissant Tomas de toutes les manières possibles.

Je me rendis compte sans doute trop tard, que nous avions déjà pénétré le Labourg. Je me retournai vers Nicole, trempée et couverte de sang, marmonnant vaguement quelques excuses.

«Je me suis traînée ici et toi avec par réflexe, j’habite pas loin. Mais je sais pas d’où tu sors toi. Tu veux que je te raccompagne chez toi ? Ca me dérange pas. Et dès demain j’irai avertir le Sergent que l’unité comporte une nouvelle membre. Les autres vont être surpris, mais ils n’avaient qu’à pas se saouler comme des cochons dans les bordels de la ville.»
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Nicole BoutefeuMilicienne
Nicole Boutefeu



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MessageSujet: Re: Servir et protéger [pv. Valériane]   Servir et protéger [pv. Valériane] - Page 2 EmptyDim 8 Mai 2016 - 18:13


Servir et protéger

with Valériane




« Va donc user de ta langue sur la trique des fangeux, Barrowmer » furent les derniers mots prononcés par Tomas alors que les filles s’écartaient. Les jambes en coton, soumise à la poigne de la coutilière, Nicole s’assura simplement que sa supérieure n’embrayait pas sur de nouvelles répliques ou pire, sur une énième attaque, avant de baisser le nez et de suivre le rythme rapide de son avancée. Elles ne mirent étrangement pas longtemps à quitter les campements de la Milice, se dirigeant vers les quartiers pauvres que l’orpheline connaissait moins. Le souffle un peu court, les mots d'excuse se suivant dans sa trogne sans se bousculer au portail fermé de ses lèvres, Nicole resta les bras ballants, la chemise en maille clinquant au moindre de ses pas, ses pieds bottés de cuir s’enfonçant dans une boue de plus en plus épaisse.

Qu’elle était triste, la zone des miséreux. Avec son odeur d’huile et de poisson pourri. Une odeur infecte qui lui pénétrait les narines à l’en étouffer, comme plongée dans un épais sirop de merdes. Elle frissonnait à nouveau, de froid et de nervosité, jetant des regards méfiants autour d’elle, craignant une attaque de la part des miliciens mécontents ou de Tomas, revenu à sa première vengeance, et tressaillit plus violemment encore quand Valériane daigna lever la voix, lui donnant enfin la possibilité de présenter ses excuses.

« J’suis pas sûre que ça soit une bonne idée que d’essayer d’le tuer coutilière Barrowmer. Et j’suis désolée de vous mettre dans un tel embarras. J’pensais pas que ma mutation se ferait ainsi. J’pensais même pas qu’elle se ferait tout court. J’ai même pas eu le temps de recroiser Martin et d’le prévenir. A coups sûrs il va s’inquiéter… »

Elle trottinait presque à ses côtés, habituée à ces courses et ne peinant pas en chemin. L’effort lui demandait un minimum de concentration et tendait à anéantir les relents de colère née sous les piques et l’attitude de De la Garte. Nicole était beaucoup trop abasourdie par la suite des évènements, échappant totalement à son contrôle, pour réagir comme à son habitude : à savoir avec une violence explosive, les mots en dehors, gueulant à l’arrachée, arme au poing et prête à en découdre. Peut-être était-ce aussi l’attitude de la coutilière qui l’obligeait à garder son calme pour les deux, qu’en savait-elle au fond ? Et à relever les yeux sur son visage renfrogné, elle grimaça du sang qui coulait encore sur le visage trempé de pluie de sa sauveuse.

Les éclairs, pendant ce temps, s’étaient eux largement espacés.

« Je loue une chambrée plus au nord. Chez la veuve d’un ancien client de mon père. Ma solde y passe largement mais je saurais rentrer sans mal. Là-bas, on attaque et on cherche moins qu’ici… » C’était à se demander comment une femme milicienne pouvait survivre au Labourg, endroit malfamé par excellence.

On les regardait d’ailleurs. Des regards surpris pour la plupart, intrigués pour d’autres. Deux hommes à l’angle chuchotèrent entre eux, jugeant sans doute leurs tenues de milicienne – même si celle de Nicole n’avait rien de réglementaire. Les épées devaient aussi bien attirer leur attention que l’arcade éclatée de Valériane.

« Mais si vous m’permettez, je voudrais rallier vot’ maison le temps que la pluie s’calme et que j’puisse vous recoudre tout ça. Vous vous en rendez sans doute pas compte mais ça pisse bien et vous avez le côté gauche du visage bien dilué de vot’ sang, coutilière. »

Nicole se gratta la gorge nerveusement.

« J’suis une bonne repriseuse de tissus comme de chair. J’vous ferai un travail que vous regretterez pas, coutilière. J’puis vous l’assurer. Et ça me fera un peu rembourser la dette que j’vous dois puisque vous allez m’accueillir dans vot’ unité… »


Si seulement Martin pouvait l’y suivre, plutôt que de rester sous les ordres de De La Garte. Allez savoir si ce coutilier de pacotille n’allait pas passer ses nerfs sur son protecteur comme ultime vengeance, à l’envoyer au front ou à lui faire passer le balais dans la caserne comme la dernière des souillons. Le soldat valait bien mieux que ces ordres misérables et Nicole serra les poings, le visage déjà révolté de ce qui n’était pourtant qu’une idée. Une idée censée, tout de même, mais une simple idée.

« Vous avez pas trop mal ? Me semblez le genre de femme à pas faillir pour un rien mais la tête, c’est bien l’truc le plus solide mais aussi l’plus instable quand on s’décide de le cogner. Y’avait un gosse à côté de chez moi, sa mère lui donnait des gifles à coup de poêle, l’éducation qu’elle appelait ça, elle a réussi à le rendre demeuré. »

On ne plaisantait pas avec ce genre de choses.






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Valériane BarrowmerCoutilier
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MessageSujet: Re: Servir et protéger [pv. Valériane]   Servir et protéger [pv. Valériane] - Page 2 EmptyLun 9 Mai 2016 - 17:29

La pluie durait, durait, durait. Les cris célestes semblaient s’apaiser, mais le crachin semblait vouloir s’installer pour encore un petit moment. Ce qui n’arrangeait rien à l’humeur orageuse de Valériane, qui se contenait à grand peine d’attraper au collet le premier passant un peu trop insistant du regard pour lui coller son poing dans la figure. Quelques années plus tôt, jamais elle n’aurait eu ce genre de comportement. L’armée vous changeait un homme, mais c’était d’autant plus vrai quand une femme y entrait, sous les huées, les railleries et les brimades.

«Bonne idée ou pas, j’en ai rien à cirer. Sans nous des abrutis de son espèce se feraient déglinguer tous les jours, qu’il soit au moins reconnaissant qu’on nous envoie nous aussi nous faire dévorer là bas dehors. Enfant de catin, je te jure devant Rikni que je lui arracherai les bourses et les lui ferai bouffer.»

J’étais vraiment, vraiment en colère. Ce genre de remarques grasses et assassines, je connaissais. Il avait eu la malchance d’en balancer une volée de plus le mauvais jour. Et quoi que puisse dire Nicole, personne ne pleurerait son sort. Tout le monde était bien plus accaparé par sa propre survie. Je le raterais pas, ça c’était certain.

A la demande de Nicole, je répondis d’un hochement de tête sec, donnant un assentiment muet à sa suggestion. Elle avait raison sur un point : je pouvais pas continuer à dégouliner de sang comme ça. Si elle savait y faire, tant mieux.

Je repris la marche, accélérant le pas pour fuir cette pluie qui m’énervait de plus en plus, si tant est que ce fut possible. J’avais conservé, malgré mon entrée dans la milice, l’ancienne demeure familiale. Enfin, si l’on pouvait considérer comme demeure cet assemblage de bois et de pierre bancal, encastré entre un apothicaire et une friperie, large d’à peine quelques pas et s’élevant sur deux étages. La demeure se trouvait dans une petite ruelle, proche du temple. Je levais les yeux vers lui, sa silhouette massive, dont la cime aurait pu disparaître dans les nuages bas tellement il était imposant, surplombant cette partie du Labourg.

Quand la jeune milicienne m’interrogea sur mon état, ce fut un bref haussement d’épaules qui répondit à la question. J’en avais connu de pire. Cela étant dit, la colère, la marche rapide au travers de la ville, les imprécations et gueulantes, tout ceci avait fini par provoquer une douleur lancinante. Mes traits s’étaient tirés, de douleur autant que de fatigue, mon regard devenait de plus en plus deux vagues fentes au milieu d’un visage à l’expression féroce.

Quelques minutes plus tard, nous étions arrivées. A peine entrées dans la maisonnée, je balançai mon épée et mon bouclier dans un coin de la salle de séjour, et déposai mon arc, seul bien réellement précieux dont je disposais - il avait appartenu à mon père - derrière la porte refermée après l’entrée de Nicole dans ce qui fut autrefois un lieu plein de vie.

Avec le temps, je n’y faisais plus tant attention, mais un grand nombre de vestiges de cette vie passée demeurait présent dans la petite pièce. Poupons de tissus posés sur l’âtre de la petite cheminée au conduit tordu, les nombreuses rayures sur le parquet, les tâches de graisse animale et de vin sur la table de bois vieilli, légèrement branlante, le grand nombre d’ustensiles de cuisine et de couverts. J’étais assez rarement chez moi, et quand j’y étais, c’était essentiellement pour me reposer.

D’un geste de tête bref, j’indiquai une chaise à Nicole.


«Installe-toi donc.»

Valériane se débarrassa de son lourd manteau, rendu plus pesant encore par la pluie battante, et passa rapidement dans une autre pièce. Elle en revint avec quelques bûches mortes, de l’huile, et alluma un feu dans la cheminée. Elle ignorait totalement sa blessure toujours pas décidée à s’arrêter de saigner. Une fois que le feu craqua correctement, elle leur servit à toutes les deux une grande coupe de vin, de qualité moyenne certes, mais dont le goût, l’âpreté et surtout l’alcool leur ferait du bien et détendrait leurs muscles aussi bien que leurs nerfs, surtout pour Valériane qui semblait prête à bondir au moindre mot.
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Nicole BoutefeuMilicienne
Nicole Boutefeu



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MessageSujet: Re: Servir et protéger [pv. Valériane]   Servir et protéger [pv. Valériane] - Page 2 EmptyLun 9 Mai 2016 - 21:25


Servir et protéger

with Valériane




C’était une maison étroite et désœuvrée qui avait déjà vécu une sacrée bonne vie. Belle, ça Nicole ne pouvait en juger aux quelques traces sur les meubles, à ces peluches ornant la cheminée et à l’ambiance à la fois étouffée et retranchée que laissait filtrer la pièce dans laquelle elle se trouvait. A pas rapides, elle avait suivi sa – désormais – coutilière en jetant de vagues coups d’œil intrigués à la bâtisse qui se profilait mais une fois à l’intérieur, l’impression était plus saisissante encore : elle n’était définitivement pas à sa place. C’était une maison de famille, certainement pas de milicienne et elle faisait tâche à demeurer là dans l’entrée avant de se faire inviter à suivre dans la salle de réception où la cheminée, éteinte, attentait patiemment d’être ravivée.

Gouttant de pluie sur le bois sale, Nicole prit sur elle de se dévêtir en partie, laissant son manteau peser sur la chaise avant de retirer, péniblement, sa chemise en maille. Le siège, massif et lourd, trembla un peu sur son socle mais en soutien, elle vint y déposer son épée ainsi que son bouclier pour le ferrer au sol. Avant de relever ses cheveux sur sa nuque et refaire sa queue de cheval, restant en pantalon de cuir et chemise de coton.

« C’est une bien belle maison que vous z’avez là, coutilière Barrowmer. » Marmonna-t-elle presque entre ses dents, consciente de la tension émanant de la jeune femme tandis que cette dernière se ramenait avec deux coupes de vin. Allait-elle lui sauter à la gorge si elle refusait l’alcool ? Nicole n’était pas du genre à se rincer le gosier comme les autres, une attitude qu’elle jugeait déplacée venant d’une femme, surtout par son manque de prudence. Aussi y trempa-t-elle les lèvres avec un soin tout particulier, restant debout dans la pièce, les yeux piqués par l’amertume du breuvage qu’elle éloigna vite fait de sa langue. La politesse avait ses limites. Puis c'était pas bon.

« J’vais pas boire pour pas que mes mains tremblent mais ça f’ra un bon désinfectant pour vot’ plaie madame. » Il lui manquait un nécessaire à couture, chose qu’elle ne trimbalait pas au quotidien et c’était peut-être une erreur. Nicole choisit de laisser passer quelques secondes de répit, offrant la possibilité à Valériane de désaltérer sa colère dans le mauvais vin avant de demander. « J’peux trouver une aiguille dans quel coin, sans trop vous déranger ? Au moins ça s’ra vite fini et toute cette histoire oubliée. »

Des prunes. Sans rabâcher ses conseils à la gueule de sa supérieur, l’orpheline savait pertinemment dans quoi elle venait de foutre les pieds. Nul doute que Tomas De La Garte s’en prendrait une en fer dans le gosier d’ici quelques lunes, et sans que les fangeux soient accusés de ce méfait. Que risquait Valériane à commettre ce crime, même en extérieur de la ville ? La justice punitive n’était pas très bien vue quand elle n’était pas légalisée par des témoins et le regard des Dieux. Dénoncée, la blonde risquait fort bien le pilori voir même un rasage gratis de la part de leur supérieur, la gorge clairement exposée. La loi martiale s’était pratiquement instaurée à leur époque, ce fut en soupirant, décidée à calmer le jeu, qu’elle lança :

« Faut s’concentrer sur not’ boulot et la prochaine fois que ces chiens s’attaqueront à une donzelle devant nous, prendre les armes, voilà tout. De toute façon, ni vous ni moi n’avons envie que ce genre de carnage se reproduise alors autant pas perdre de temps en promesses. Faites seulement gaffe, coutilière Barrowmer. J’viens d’perdre une garnison aujourd’hui par état d’âme, c’est pas pour qu’on me vole aussi tôt une rare brave décidée à me prendre sous son aile. »

Il y avait un torchon sur le coin de la table. Un torchon qui avait pris la poussière mais dont les tâches de graisse semblaient assez anciennes pour paraître à peu près propre. Nicole s’en saisit d’un geste vif et le trempant dans le vin, se rapprocha de sa comparse, les lèvres un peu pincée, craignant une gifle en retour au picotement de l’alcool sur sa plaie. Cela suffit au moins à tamponner la blessure et la tempe, ramassant le sang qu’elle épongea dans la coupe, gâchant ainsi l’offrande sans une pensée de regret.

« Vous commencez à cumuler les cicatrices. M’enfin, ça vous rabote pas le portrait pour autant, si j’puis me permettre. »

Evidemment, être milicienne c’était pas non plus être agréable à mater. Mais sur le moment, Nicole apprécia la vision offerte de ce visage buriné par l’effort pourtant gracile. Sans trop s’expliquer pourquoi.









Dernière édition par Nicole Boutefeu le Dim 29 Mai 2016 - 18:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Servir et protéger [pv. Valériane]   Servir et protéger [pv. Valériane] - Page 2 EmptyDim 29 Mai 2016 - 12:28
Pour le coup, peu importaient à Valériane les considérations de sa nouvelle protégée. Elle entendait bien ses arguments, mais ils n’avaient aucun impact. Elle avait pris une décision, et elle n’était pas du genre à revenir facilement dessus. Se faire traîner dans la boue, d’accord, elles signaient toutes pour ça en s’engageant. Mais là il avait poussé le bouchon un peu loin, et face à la mauvaise personne. Tant pis pour lui, il le regretterait amèrement. Elle ne comptait pas aller le chercher dans ses quartiers, elle était furieuse, mais pas stupide à ce point. Elle savait attendre quand il le fallait - et en l’occurrence il valait mieux - mais elle aurait sa peau, quoi qu’il advienne. Son boulot, elle y pensait, et c’était justement à cause d’animaux comme l’autre crétin qu’elle n’arrivait pas à le faire correctement. En soi, en partant d’un raisonnement un peu pervers, elle rendait service à la société en faisant ça. Quand elle le ferait, du moins.

Valériane but une grande lampée de vin de basse qualité avant d’indiquer à Nicole où elle pourrait tout le matériel dont elle avait besoin.

Je grognai légèrement au contact du tissu sur ma peau écorchée, mais ça n’alla pas plus loin. La petite comme moi avions déjà connu pire, un coup en travers de la tronche, pendant un temps, ce fut mon quotidien. Le coup du coutilier avait été brutal, ça, je ne pouvais pas franchement le nier. Pas assez pour me tirer les larmes.


Je rabattis autant de mèches blondes, quoi qu’un peu foncées par une crasse accumulée à l’extérieur de la ville, sur le côté opposé de mon crâne, histoire de lui laisser le champ libre. L’alcool diffusait une chaleur et un léger engourdissement bienvenus dans mes membres et mes muscles, endormant un peu, un tout petit peu la douleur lancinante que la bosse qui naissait rapidement sur ma caboche provoquait. Comme le soulignait la petite, je commençais à cumuler les balafres, et toutes n’étaient pas dues à la fange ou à l’environnement inhospitalier des marais. Mais, et c’était valable pour toutes celles qui prenaient l’uniforme, la première chose, avant même de savoir tenir et manier l’épée, qu’il nous fallait faire, c’était apprendre à encaisser les coups. Qu’ils soient physiques, car si les hommes nous méprisaient et nous traitaient comme leurs boniches, leur violence, elle, s’appliquait comme s’il s’agissait d’égaux masculins, ou moraux. Sinon, prendre les armes n’avait pas la moindre utilité; vos ennemis étaient aussi bien dissimulés par les marais que par les galons et les uniformes. C’était la principale leçon qu’il fallait retenir : à la Milice, les alliés, il fallait se les faire par la terreur et forcer leur respect. Mes hommes pouvaient en témoigner. Et pourtant, je n’appréciais pas vraiment cette façon de faire. J’avais pas été élevée comme ça. Le temps m’avait peut-être un peu refroidie, endurcie. Qu’en savais-je.

«T’en fais pas pour moi. Ca sera pas le premier que je recadre. Peut-être pas aussi radicalement, je te l’accorde, mais il s’est attiré lui-même le malheur.»

Valériane but une nouvelle gorgée, frémissant à chaque fois que l’aiguille pénétrait sa peau, mêlée des teintes violacées des séquelles du coup, et du bordeaux sale du vin, qui s’il désinfectait mieux que l’eau, allait également se faire un plaisir de rendre la peau et la plaie crasseuses. Et évidemment, malodorantes. Elle ferait chauffer un bac d’eau, ça lui ferait du bien et la débarbouillerait, se dit-elle en grognant une fois de plus.

«Demain j’irai voir mon sergent. Il nous manque des bras dans l’unité, nous ne sommes que quatre, trois des anciens miliciens que nous avions sont morts pendant la conquête du Labret, et personne n’a envie de rejoindre une escouade commandée par une femme, tu t’en doutes bien. Il rechignera pas. Je crois même qu’il n’en a rien à faire, du moment que le travail est fait.»


Toute façon, personne n’aurait la sottise de laisser cette petite sans unité, et nul doute qu’à cette heure, la Garte avait déjà averti le sergent de l’incident de toute à l’heure. J’espérais juste qu’il serait assez malin pour se douter que des événements pareils relatés par l’autre animal méritaient au moins une seconde version pour se faire une idée. Après tout, le golgoth n’avait même pas assisté à la scène depuis le début, dans la ruelle. Au sein même de la caserne en plus.


Le simple fait d’y repenser provoquait chez moi des crispations de ma mâchoires, tout à fait visibles à la lueur du feu qui brûlait non loin, désormais bien vivace.

«Hm. Tant qu’il en reste assez pour que je puisse voir, sentir et manger, je t’avoue que je me fiche un peu de la tronche qu’il a, mon portrait.»


J’attendis encore un peu, que les sutures soient faites, puis me levai. Je tâtai prudemment la plaie tout juste refermai, esquissant un léger rictus de douleur. C’était du travail d’amateur, mais fait avec soin, ça tiendrait le coup le temps que ça cicatrise. Je baissai les yeux vers la jeunette, haussant un sourcil.

«Merci. Il doit être pas loin de midi là, tu veux manger quelque chose ? Si tu dois t’entraîner, c’est pas plus mal. Tu veux toujours retrouver ton maître d’armes, d’ailleurs ? Avec ce qu’il vient de se passer, c’est pas forcément une bonne idée, si tu veux mon avis.»
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Nicole BoutefeuMilicienne
Nicole Boutefeu



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MessageSujet: Re: Servir et protéger [pv. Valériane]   Servir et protéger [pv. Valériane] - Page 2 EmptyDim 29 Mai 2016 - 18:50


Servir et protéger

with Valériane




D’un geste, Valériane lui désigna un meuble de bonne facture dans un coin de la pièce et tout en lançant un regard critique sur la plaie qui recommençait déjà à s’imbiber de sang, Nicole s’en approcha pour y trouver le nécessaire à couture. Il y avait de la bonne vaisselle, en plus de quelques tissus de maison dont la fraîcheur passée avait sensiblement grisonné de poussière. La jeune orpheline grimaça en prenant pince, ciseaux, fil et aiguille, essuyant rapidement son nez et ravalant de ce fait un petit éternuement. A pas peu pressés elle revint vers la coutilière, achevant de placer son ouvrage à la lumière, y tendant dix centimètres de fils qu’elle vint ensuite tremper dans le vin. Le tout désinfecté, il lui fut plus facile de s’approcher du visage de la jeune femme, mesurant sa peine en pinçant les lèvres, plus que concentrée.

« C’est une bonne chose. » Murmura-t-elle tout de même, en réponse aux propos rassurants de Valériane concernant sa nouvelle faction. « Même si ça m’fout un peu en rogne d’être traitée à c’point par-d’sus la jambe. J’sais bien que not’ nature, pour ces messieurs, c’est d’concevoir l’héritier de la lignée et que bon, plus que la bagatelle, on nous considère comme des tiroirs à polichinelle, des meubles qui feraient mieux d’la fermer. Mais m’semblait que malgré ces missions suicidaires et la main d’œuvre pas chère, ils s’étaient rendus compte à la longue qu’une femme pouvait être aussi utile sur le terrain, plus déterminée et docile que des criminels à envoyer en première ligne. »

L’aiguille perça la peau, rassemblant les bords ciselés de la blessure sans que Nicole ne s’en émeuve. Essuyant simplement le sang d’un revers de pouce, elle fit son travail aussi soigneusement que rapidement, comme habituée à ce genre de retouches. Si Valériane souffrait de l’acte, elle n’en montrait rien, pas même un tressaillement et quand la brune le remarqua, elle salua son courage et sa force, comme si la coutilière – sa future coutilière – était la représentation vivante de Rikni.

Elle en avait la valeur en tout cas et Nicole laissa son cœur s’exprimer tout en continuant la suture.

« J’voudrais agir comme vous. Pouvoir leur enfoncer leur épée dans le gosier quand ils viennent m’voir avec leurs blagues salaces et leurs regards qui m’jugent, qui m’trouvent pas valables. J’en suis autant qu’eux, dans l’histoire. Et les Dieux m’ont pas fait vivre toutes ces misères pour que j’me débine devant quelques bonhommes. Mais j’ai pas non plus envie d’crever et d’laisser ma sœur seule. C’est là l’point sensible de toute cette histoire. »

Le fil une fois coupé, Nicole cala les ciseaux à la ceinture de son pantalon, fit un simple nœud, vérifia que le sang filtrait pas. Et reprit le torchon pour nettoyer à nouveau le visage de sa supérieure.

« Alors ouais j’vais peut-être m’la fermer avec vos conseils, même si vot’ bien-être m’importe, pas seulement par dette, coutilière Barrowner. J’peux pas nier que j’aurais grande satisfaction à voir sa sale gueule coupée en deux, à La Garte. »


La regardant se lever, elle fut tout de même surprise par la proposition de la jeune femme, glissant sa langue sur sa lèvre supérieure en signe de nervosité. Elle n’avait rien becqueté depuis le soir dernier et son ventre commençait doucement à rugir sa désapprobation. Seulement, Nicole était plus qu’au courant de la situation précaire des habitants de Marbrume, surtout des miliciens. Responsable de la protection des convois, elle voyait les vivres s’amoindrir de jour en jour et mit de côté son instinct de survie ainsi que son égoïsme pour hausser une épaule, baissant un peu la tête, piteuse et gênée.

« J’voudrais pas vous prendre vos vivres, coutilière Barrowner. J’sais que l’pain manque à beaucoup et ça me rendrait bien coupable de profiter de vot’ générosité. J’pense que j’vais pas non plus m’précipiter au camp pour rejoindre Thomas. Maintenant que j’suis virée de la brigade, ils m’attendent pas pour la mission d’l’après-midi et vaut mieux que La Garte nous trouve ensemble, même un instant. J’doute pas qu’il sera mis au courant alors j’pense pas qu’il se fera un sang d’encre, même s’il s’inquiétera. Et demain j’aurais l’temps de mieux lui expliquer, si vous m’permettez de l’choper entre deux entraînements. »

Posant sur la table ses ustensiles, la milicienne chercha tout de même des yeux un baquet d’eau pour pouvoir rincer aiguille, verre et torchon, avant de se dire que sa place n’était peut-être pas au ménage dans cette maison. Elle ferait d'ailleurs sans doute mieux de filer et de laisser Valériane tranquille, plutôt que de troubler son repos de sa présence envahissante.

Quelque chose pourtant la retenait encore. Non pas l’envie que la femme combattante ne cherche à lui faire changer d’avis par quelques répliques bien senties. Mais par besoin de trouver une autre fin à ce sauvetage inespéré.

Elle lui devait beaucoup et une suture ne serait pas de trop pour la remercier.

« Si j’peux faire quoique ce soit pour la garnison, les latrines ou m’occuper des chambrées, frotter votre armure ou veiller au fil des épées, ça sera avec plaisir. Z’avez qu’à m’dire la durée et je m’y plierai sans broncher. Est-ce que j’peux avoir la permission de retourner dormir chez moi ce soir ou j’peux déjà me trouver une place dans l’commun de votre bataillon ? »

Nul doute que certains seraient surpris de voir la gosse de dix-sept ans débarquer dans leurs pénates. Mais c’était bien mieux qu’enchaîner les allers retours et après tout, c’était mis à disposition dans les quartiers de la milice. Autant en profiter si la garnison manquait de gens, et si les lits n’étaient pas tous occupés, comme Valériane l’avait précédemment laissé supposer.







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Valériane BarrowmerCoutilier
Valériane Barrowmer



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MessageSujet: Re: Servir et protéger [pv. Valériane]   Servir et protéger [pv. Valériane] - Page 2 EmptyMar 7 Juin 2016 - 17:58
En soi, les vivres qui traînaient ici, je n’en avais pas tant besoin que ça. Je mangeais le plus clair de mon temps avec les hommes de mon unité, à la caserne. Les supérieurs et les autres miliciens m’en faisaient déjà assez baver comme ça, manquait plus que je choisisse de m’éloigner d’eux pour plus de tranquillité. Non, la plupart du temps, valait mieux être là bas. Y’a que lors des nuits comme celle qui allait arriver, où ils avaient passé la journée à baiser et se saouler comme des cochons, que je tenais absolument à éviter leur présence. Ils me respectaient un minimum en tant que chef, mais mettez une femme entre trois hommes torchés à en mourir, et vous verrez bien le résultat, chef ou pas chef.

«On a pas de mission pour les trois prochains jours, même si le sergent peut toujours nous envoyer en balade n’importe quand. Donc tu auras largement le temps de le trouver et de lui expliquer.»


Valériane toucha doucement la plaie suturée, grimaçant légèrement. C’était du beau travail, elle n’avait rien à redire. En tout cas, le saignement s’était arrêté, et tout était bien refermé.

«Tu veux que j’te dise quelque chose ? J’ai horreur de la violence. Quand il s’agit de découper en tranche un fangeux ou deux, je dis pas, c’est notre travail, et ces trucs là n’ont plus rien d’humain. Mais depuis que je suis dans la Milice, je me suis rendue compte que si tu voulais avoir la paix, fallait être plus violente que les autres. J’ai une petite soeur moi aussi, et en plus de ça, elle s’est exilée à Traquemont, pas l’endroit le plus sûr du monde. Si je calanche ici, elle n’aura plus personne. Alors je ferai tout, je dis bien tout, pour éviter de finir à l’abattoir. Et si ça veut dire étriper mes propres collègues avant qu’ils ne le fassent, ben je le ferai.»


Ses yeux avaient un éclat dur et déterminé. Ce qu’elle racontait là n’était que pure vérité. Elle n’avait jamais été une combattante, en tout cas pas de métier. Et ça n’était pas les séances d’entraînement au tir à l’arc avec sa soeur qui avaient fait d’elle une guerrière. Elle était avant tout une soeur, une mère, et jusqu’il n’y a pas si longtemps, une femme au foyer. Les hommes qui avaient fait partie de sa vie avaient certes contribué à l’endurcir un peu, mais c’était avant tout l’amour qu’elle portait à sa soeur et son instinct protecteur qui l’avaient maintenue à flots. La violence lui était quelque chose d’étranger. Et l’opération Labret n’avait fait que la rendre plus sceptique encore, si l’on omettait la brutalité du traumatisme qu’elle avait subi là bas. Sa facilité à devenir bougonne et violente venait de ça; quelque chose s’était brisé en elle à ce moment.

«Les autres vont rentrer saouls comme jamais, et s’ils voient une fille aussi fraîche et jeune que toi dans nos baraquements, tu auras tôt fait de regretter ce bon vieux La Garte. Rentre chez toi. Par contre, je te veux devant la caserne aux aurores demain. On s’entraînera toute la journée, tu parleras à ton gars en rentrant. Et fais moi confiance, du travail je t’en trouverai.»


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Nicole BoutefeuMilicienne
Nicole Boutefeu



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MessageSujet: Re: Servir et protéger [pv. Valériane]   Servir et protéger [pv. Valériane] - Page 2 EmptyDim 19 Juin 2016 - 11:57


Servir et protéger

with Valériane




Fil coupé, suture faite, Nicole resta là, les bras à peine ballants, à l’écouter. A se perdre dans l’éclat dur de ses yeux bleus, à observer son profil martyrisé par son passé, la moindre de ses coupures, le tremblement presque imperceptible de ses épaules. Elle n’allait pas tarder à retrouver sa petite chambre et ainsi dormir pendant de longues heures pour oublier et se laver du stress de cette journée éprouvante. Mais à l’entendre, à apprendre d’elle, Nicole eut envie de rester, de répondre à son aimable invitation pour briser le pain avec elle et apprendre un peu plus de son histoire. Sa fierté et son envie de calme, de repos et de solitude la poussèrent à reculer de quelques pas. Plus tard elle se récurerait à s’en arracher la peau, repensant au regard angoissé de cette fille dans la ruelle qui avait pu s’enfuir – être sauvée des actions de ces porcs, peut-être seulement pour un temps. Plus tard seulement.

« Aux aurores, je serais là. » Lui confirma-t-elle simplement, la voix douce. Il y avait peut-être un mur pour les séparer des fangeux mais au fond, elles n’étaient en sécurité nulle part. Ni dans la garnison, dans les ruelles. Trop femmes, trop pauvres, trop faibles, il y avait toujours une case pour les condamner en attente d’une autre où les repousser. Nicole gonfla le torse, bombant la poitrine, pour ne pas se faire laminer par ses propres pensées.

« Je pense pas que l’Homme soit né mauvais. Je crois qu’on nous pousse à bout. Même les bêtes agissent pas ainsi. Même les bêtes se respectent un peu. »

Ces mots frôlant le blasphème à l’égard des Trois, Nicole ravala sa bile, exécuta un salut militaire aussi digne que forcé, et inclina sa tête avant de se diriger vers la porte. Elles avaient trois jours devant elles pour s'entraîner, si leur supérieur ne leur mettait rien sous la dent, si aucune urgence ne demandait leur soutien, à l’extérieur. Trois jours à combattre face à Valériane et à se rappeler de ses mouvements à l’épée, Nicole oublia toute réserve à l’égard de la violence et frémit imperceptiblement d’impatience. Elle avait envie de protéger bien plus que d’en découdre. Et de se sentir capable de protéger Marbrume autant que sa petite sœur. S’il fallait passer par le fil de son épée pour qu’elle puisse accomplir sa mission, alors elle le ferait sans hésiter.

Elle se refusait d’accorder aux fangeux une humanité qui aurait pu lui déclencher quelques scrupules. Et à la pensée de cette sœur inconnue à Traquemont, Nicole tourna la tête vers Valériane, pour ces derniers mots.

« Elle peut être fière de vous. Moi je le serais. » Un instant de silence flotta dans l’air. « Moi je le suis. » Corrigea-t-elle alors, avant d’ouvrir la porte sur une bouffée d’air glacé et humide. Avant de disparaître dans la rue, refermant calmement derrière elle. Dans ses habits de milicienne, elle retrouva les silhouettes méfiantes acculées aux murs ou dissimulées dans quelques recoins de ces quartiers appauvris, affrontant certains regards trop attentifs ou trop curieux, pressant seulement le pas pour rejoindre un endroit plus sûr.

Il n’y avait pas à retenter sa chance par quelques attitudes imbéciles. Il n’y avait pas non plus à se faufiler dans les hauts quartiers des nobles pour tenter de surprendre Dinah qui devait travailler ferme. Avec son visage livide et son regard apeuré, nul doute qu’elle allait l’effrayer et s’attirer ses remontrances de petite sœur affolée. Dinah méritait mieux aujourd’hui que des bûches à rajouter à son brasier.

Sa poitrine se gonfla d’amour – nul doute qu’en grandissant, Dinah allait suivre la même voie de caractère emporté, d’attitude entêtée. Et Nicole plaignit d’avance son futur mari, avant de porter ses pensées à ce visage méconnu qu’était la sœur de Valériane.

Le hasard la ferait peut-être rencontrer un jour. Le hasard pouvait se permettre bien des choses ici-bas.

Et de son ciel, se foutant bien des inquiétudes et des tribulations des fourmis en contrebas, la pluie se remit à tomber.



Fin.






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