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 Labourg Labourg et ratatam (titre en construction)

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Anton GunofBoucher
Anton Gunof



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MessageSujet: Labourg Labourg et ratatam (titre en construction)   Labourg Labourg et ratatam (titre en construction) EmptySam 26 Sep 2015 - 21:34
"Pas de nouvelles du colombier ?"
"Nonp'. A gauche, au fond de la rue avec la gueule de lion dans la mandorle, il y a un huis qui donne sur le sanctuaire de Secundus-Trinitaire, vous me ferez le plaisir de bloquer l'accès. Tu diras à Friedman de mettre deux verts comme toi ou de casser la clinche."

Le vert était un conscrit affilié aux gars de Friedman, l'inénarrable chef de la poterne Schönberg. Le pauvre crottait ses belles bottes neuves jusqu'aux mollets, pataugeant comme il pouvait dans l'amas de déjections, de bris de pots et autres détritus que constituait la rue pour marcher à côté du garde Gunof. A celui-ci, il avait laissé l'insigne honneur de ne pas trop salir ses guêtres en tenant le haut du pavé le temps de leur promenade. Indifférent aux égards de la recrue, il continuait à débiter mille et mille détails sur les venelles cachées et autres chausses-trappes où les réfugiés qui infestaient ce quartier pourraient échapper à la nasse des miliciens demain.

Il était tôt, mais pas si tôt. Le tandem de gardes était au labeur depuis l'aube déjà, Anton décrivant tous les recoins et bizarreries urbaines à son cadet, et depuis, les porte-morts avaient déjà poussé leur refrain deux fois. "Vos morts, vos morts ! Trois onces de froment pour vos morts !" La ville, et Labourg avec, se levait, les rues résonnaient des sabots de rares bêtes de bât et des cris des porte-morts. Ca tombait bien, car comme le puits de science avait fini d'abreuver le conscrit des trucs et astuces pour ne laisser réchapper aucun bonhomme de la rafle du lendemain, ils atteignirent les Hytres, déjà bourdonnante malgré l'heure.

Le travail ayant été bien fait, et le jeune bien apprenant, Gunof décida qu'ils méritaient bien une récompense, et à peine firent-ils cent pas sur la grande avenue qu'ils eurent l'heur de tomber sur une patrouille de collègues qui réchauffait leurs arpions en sirotant un vin chaud et bien épicé, attablés au devant d'un cabaretier. L'occasion étant trop belle, ils rejoignirent la table et, bien fourbus et bien contents, commencèrent à toiser le chaland qui passait.
"Vous avez vu, ça se lit sur leur visage, aux métèques, qu'ils sont des métèques." fit un gars de la patrouille, en verve.
"C'est leur chapeau, pour mon avis, qui les trahit un peu." rétorqua le vert, installé à côté d'un Anton qui n'était pas décidé à s'en laisser conter par un type pareil. Il répliqua d'une claque bonhomme sur la tignasse du bizut et répondit à l'interrogation qu'il lisait dans ses yeux en partant d'un grand ricanement. "C'est que t'en sais sur les métèques toi, avec ta mère qu'est même pas de la ville, mais de Ribenstein." à cette allusions cocasse de la localité, un hameaux situé à trois lieux de Marbrume, dont était originaire de la génitrice de notre malheureux stagiaire des forces de la paix ducale, la patrouille et Gunof se gaussèrent un laps de temps qui frôlait (très dangereusement) le mauvais goût à cette remarque xénophobe.
Sur ces entrefaites, un jeune homme, à peine la quinzaine d'hiver et armé d'une verge, et qui semblait suivre un porc comme un nourrisson assoiffé sa mère, se mit dans la tête de s'aboucher au garde Gunof.
"Servus, Anton !"
"Servus." lui répondit l'intéressé avant de piquer le bec dans sa pinte de vin tiède.
"Des nouvelles de Gerolf Welf, l'ami ?" fit le jeune sans autres ambages.
"Hé quoi, des nouvelles ?"
"On dit qu'il n'est pas retourné chez lui depuis des semaines. Sa femme et sa mère larmoient à qui mieux mieux dans le quartier, elles sont toujours fourrées à Secundus-Trinitaire, à prier pour son retour, mortifiée par le désespoir, craignant qu'il soit mort, et qu'on ne retrouve point son corps, dévoré par les créatures."
"Bah bah ! On dit on dit ! Gerolf, c'est un coucheur, il s'est découvert des couilles et a décidé de profiter de la vie. Par les Primarques et la Trinité, c'est le plus solide maçon que Marbrume a jamais vu, impossible que les monstres l'aient eu lui. Tu le trouveras chez la première pute dont il se sera enamouré. Allez !" mais comme il disait cela, Anton n'était guère convaincu. Des semaines, ça faisait long, et comme le jeune porcher urbain s'en allait poursuivre son chemin sur les injonctions du garde Gunof, tous deux savaient que c'était bien vrai : des semaines, ça faisait long.
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MessageSujet: Re: Labourg Labourg et ratatam (titre en construction)   Labourg Labourg et ratatam (titre en construction) EmptyVen 2 Oct 2015 - 17:22
Sous la lumière crue du petit matin, Labourg n’avait pas belle allure, non pas que cela change de d’habitude - difficile de cacher la misère ! Ainsi mises à nu, les ordures, la bauge piétinée et les baraques friables peignaient le portrait peu flatteur de la mauvaise adresse par excellence. Qui viendrait frayer en plein Labourg dont la réputation ne devait rien à des rumeurs infondées ? Le dédale de venelles trompait, les tournants étroits menaient aux truands, l’air transportait la maladie, les cadavres isolés se relevaient. Les afflictions de ce monde, toutes réunies dans ce quartier insalubre. Alors non, point d’aristocratie dans cette bourgade malfamée ! Seule la vermine, faite à ce labyrinthe nauséabond, y proliférait.

Nashley, le veston pimpant et de bonne facture, le haut-de-forme à sa juste place, dépareillait en apparence seulement avec la faune locale. Le butin de ses vols permettait à notre escroc de se payer une chambre dans une localité certainement plus civilisée. Mais, c’était bien ici-bas, dans les immondices jusqu’aux genoux, que l’on savait véritablement comment passer le bon temps. Pendant que la noblesse se délassait autant que les conventions ne le permettaient dans les salons de thé et autres rendez-vous coincés, le peuple se disputait des parties de cartes mémorables arrosées de liqueurs fortes. Les vrais plaisirs de la vie ! Et quand bien même la mondanité se mettait aux cartes, ceux qui avaient tout n’osaient rien miser ! La richesse conduisait pour sûr à une atroce platitude que Nashley fuyait comme la peste. Aussi descendait-elle souvent rôder dans le coin.
Et quelles meilleures tables que celles du Double fond, la célèbre Maison des jeux, lieu de perdition d’un autre genre, devant laquelle notre milice bien aimée se tenait justement affalée ?

Cela faisait un moment déjà que la prestidigitatrice était adossée au mur d’une baraque en souffrance non loin de l’estaminet, tripotant avec habileté son jeu de cartes pendant que l’œil expert examinait la racaille. La tablée de miliciens qui se réchauffaient les pinces devant le cabaret ne passait pas inaperçue et captait l’attention de notre escamoteuse depuis de longues minutes. Nashley attendit que les deux derniers arrivés se soient installés pour les rejoindre. Elle s’avança de cette démarche enlevée, le sourire jusqu’aux oreilles, l’air honnête dans sa malhonnêteté.  
- Que vois-je ? De beaux messieurs en uniforme ?
La troupe masculine lui jeta un regard entendu : « Sûrement une autre de ces catins » qu’ils pensaient.

L’artiste retroussa les manches pour dégager ses avant-bras – le fameux « rien dans les manches ! » – et sortit de son veston un foulard rouge. Elle montra chacun des deux côtés du carré de tissu pour attester qu’il ne cachait rien de suspect. Elle appliqua ensuite le mouchoir sur son poing droit serré, le secoua quelques instants puis le tira d’un mouvement soudain, dévoilant ainsi un bouquet de fleurs rabougri. Avec l’air de confier quelque chose d’inestimable, elle l’offrit au milicien qui lui était le plus proche, un homme d’une trentaine d’années balafré de la joue gauche. Pour le reste du public, elle exécuta une révérence avec un peu trop de fioritures pour que cela paraisse sincère. Enfin, Nashley se recula de quelques pas pour apprécier son auditoire, ces hommes bourrus arc-boutés sur leurs chopes fumantes. Avait-on jamais vu flicaille plus vulnérable ? L’air affligé, elle poussa un soupir théâtral :
- Ainsi vient lézarder la milice censée faire régner l’ordre dans cette cité.
Elle secoua la tête et claqua des doigts vers l’entrée du cabaret :
- A boire, vieux fou ! Que je régale ces miliciens transis de froid !

Sans y être invitée et sans que personne ne l’arrête, Nashley attrapa un siège et le retourna de façon à s’assoir à califourchon, les bras croisés sur le dossier. Luther en personne - le tenancier - vint les servir. Il adressa à la jeune femme - pour sûr une  habituée de la maison – un bref hochement de tête en guise de salut.
La joie de vivre contagieuse de l’illusionniste – son sourire charmeur ? - contamina l’équipe qui ne se fit pas prier pour s’emparer des pintes.
-  Alors, que me racontez-vous ? Les hommes tels que vous peuvent se vanter d'histoires palpitantes, je me trompe ?




- Eh bien braves gens, je vous offrirais bien la tournée mais, voyez-vous, je n’ai plus rien dans les poches, annonça-t-elle en haussant les épaules d’un air contrit, à reculons.  Vous allez donc devoir m'avancer ma boisson et… la vôtre. Mais je vous inviterai en retour, un de ces jours, je le jure ! Que je sois damnée si je ne tiens pas ma promesse !

L’arnaqueuse s’inclina, main sur le cœur, puis disparut au tournant d’une ruelle, laissant derrière elle un vide marqué.


Les cabarets ne sont pas faits pour gagner de l’argent mais bien pour en perdre. Les croupiers lorgnaient d’un mauvais œil cette jeune femme blonde chapeautée qui remportait bien trop souvent les mises sans jamais être prise en flagrant délit de tricherie. Aussi, Luther et elle avaient-ils ce petit arrangement entre eux : Nashley poussait à la consommation et lui, fermait les yeux.  En vérité, c’était plus pour l’arnaque elle-même que par fair-play envers le vieil homme.
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MessageSujet: Re: Labourg Labourg et ratatam (titre en construction)   Labourg Labourg et ratatam (titre en construction) EmptyDim 4 Oct 2015 - 19:21
"En parlant de chapeaux et de métèques, voyez pas qui s'en vient." observa un des joyeux lurons, qui hocha du menton en direction du haut de forme des plus excentriques qui s'approchait de leur coterie, accompagné de sifflements suggestifs et d'une vingtaine d'yeux qui s'étaient déjà mis à déshabiller l'intruse sans égard.

"Belle tige que celle-là", fit un autre, visiblement plus intéressé par ce qui portait le chapeau rigolo que le couvre-chef fantaisiste. Les vannes étaient ouvertes, et l'assemblée de produire une litanie de remarques plus sonores et salaces les unes que les autres à l'adresse de la jeune blonde. Elle ne s'en affola cependant pas, et fit taire ses spectateurs en initiant son tour de passe passe. La soldatesque était joviale, et des claquements de mains se firent entendre comme elles purent parmi les invites au stupre qui avaient servi de fond sonore à sa prestation. Anton claqua les siennes trois fois, le bouquet pathétique déjà sur les genoux. Ceci fait, il s'attela à déguster sa pinte en lorgnant sur le corps souple et svelte qui leur faisait la révérence.

L'entrain et les propositions scabreuses étaient à leur paroxysme quand la gourgandine, au lieu de réclamer un sol ou deux pour sa magie avant de déguerpir, prit place auprès d'eux et leur offrit une seconde rasade de vin chaud. La tournée fit son effet sur la troupe, et la proximité de la jeune chair en fit un plus grand encore à Gunof, et comme la belle faisait la conversation, interrogeant ses commensaux sur les nouvelles, le garde à la balafre prit la parole incontinent, et dans un ton appropriée à l'atmosphère bouillonnante de testostérone.

"Allez, t'es pas là pour qu'on te raconte des vieilles histoires, hein mein Schätzchen ?" et pour renforcer encore un peu la subtilité de ses insinuations, le garde de s'emparer d'une main avide la cuisse de la prestidigitatrice et de répliquer à son sourire charmant par un rictus des plus entendu sur la nature de ses propos.

On discutait, on discutait, ce que nous pourrions ici résumer par un "..." comme il fut fait plus haut, jusqu'à ce que l'escroc se décide à révéler sa vraie nature. D'un élan tout à fait inaperçu, la voilà déjà debout, ayant remercié sa coterie et plaint déjà bagage dans des adieux contrits et emphatiques. La désolation de cette jeune femme et, surtout, sa disparition subite, n'était pas au goût de tous. Ainsi, tandis que la soldatesque était partagée entre l'hilarité et les récriminations, Lars, un de ces vigiles qui ne prenaient pas les outrages faits à la force publique légèrement, se leva d'un coup, fit tomber sa chaise et trois pas en direction de la fuyarde.

"Luther, tu t'es fait avoir par une magicienne, elle vient de faire disparaître sa... merdre !" Anton n'eut pas le temps de finir son bon mot que le maudit Lars, piqué à l'orgueil, mit un coup de pompe dans le cul à son dogue et l'excitait déjà à l'attention de la pique-assiette. Le chien, un puissant molosse, réagit à la manière du maître. Déjà il avait bondi de sous la table des miliciens pour prendre en chasse, toutes dents dehors, la malheureuse. La cohue s'était généralisée, et bientôt se joignit à la traque le vert d'Anton. Le jeune conscrit, sûrement excité par les incitations au meurtre de Lars et mû par son devoir de futur agent de l'ordre, courait maintenant à perdre haleine, sus à la magicienne.
"Merdre !" répéta Anton, aux trousses du molosse et du jeune. "Attrape ce maudit clébard !"



(Hrp:Ouibonbenhein.)
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MessageSujet: Re: Labourg Labourg et ratatam (titre en construction)   Labourg Labourg et ratatam (titre en construction) EmptyLun 12 Oct 2015 - 21:49
Les hommes, cette gent faible d’esprit et de corps.  A d’autres, le sexe fort au masculin ! Un visage mutin, des courbes bien placées et ni une ni deux, les hormones règnent en maître et la raison fait place nette. N’en déplaise à l’intéressée ! Pas farouche pour un sou, Nashley s’amusait de ces mains inquisitrices et remarques poètes, régalant ces yeux friands de sa jolie personne. Le bouquet faisait son effet pour sûr : le soldat se projetait déjà dans quelque aventure torride, allez savoir.
Ainsi, l’appel de la chair eut raison de nos bons hommes et les filets – les foulards ! – de notre escroc réussirent presque à tous les avoir. C’était sans compter sur ce grand gaillard, un susceptible et radin, elle en était sûre !

Sans demander son reste, Nashley s’élança dans le dédale de venelles, une cohorte de miliciens et un cerbère à ses trousses. Parce qu’elle adorait chambouler la routine, provoquer, déclencher les échauffourées, surtout lorsqu’il s’agissait des forces de l’ordre, l’artiste n’en était pas à sa première poursuite dans les sinuosités de la ville. Mais un chien dans la partie, ce n’était tout bonnement pas du jeu. Par les Dieux ! Comment ose-t-on crever de faim quand ces bêtes bien charnues courent encore les rues ! rageait-elle pour elle-même, les joues rouges et le souffle court, alors qu’elle enchainait les carrefours en totale improvisation, prenant garde toutefois à ne pas s’engager dans un cul-de-sac. Gauche, droite, puis à nouveau droite... La trajectoire erratique découragerait probablement les gardes,  mais Nashley n’eut pas besoin de se retourner pour savoir que le dogue n’en démordrait pas. Qu’il tenait bon, le bougre, pas décidé pour un sou à changer de cible malgré la flopée de mollets alléchants entre lesquels il slalomait avec tant d’agilité. La foule trop effrayée se révéla être un bien piètre bouclier humain, au grand dam de la fuyarde.

Les bronches au supplice et le point de côté dardant son flanc, l’escamoteuse  peinait à garder un rythme soutenu. Elle manqua de peu de s’étaler sur le sol glissant quand, virant brusquement à droite, elle s’engagea dans une ruelle sombre et encombrée qui se rétrécissait par endroit à tel point que les étages des baraques d’un côté et de l’autre se touchaient presque. La venelle menait à une grille en fer rouillé de trois mètres de haut, surmontée de quelques pointes émoussées. Nashley fondit sur la palissade et entama son ascension le plus rapidement possible, avec toute l’habileté que l’on peut avoir lorsque l’on sort d’une course effrénée. Le fauve  jaillit à son tour, l’œil fou, les crocs en avant et l’écume aux lèvres. Il se jeta lui aussi sur les grilles et aboya furieusement son mécontentement lorsque, dressé sur les pattes arrière, il ne put atteindre les pieds de l’illusionniste.

En équilibre quelque peu instable, là-haut entre deux pointes, Nashley n’en menait pas large. Elle réussit tout de même à basculer les jambes de l’autre côté mais le métal instable la trompa. La barre sur laquelle son buste était appuyé ploya et l’une des pointes à laquelle elle s'était si solidement agrippée cassa. Brusquement, elle s’abattit sur le sol avec autant d’élégance qu’un filet de pommes de terre, les pavés enfoncés sous les côtes. La peste ! Elle ne put étouffer un gémissement sourd alors qu’elle se relevait péniblement, la main au flanc gauche en une vaine tentative de soulagement. De l’autre côté, le molosse tournait comme un ours en cage, l’injuriant sans relâche en langage canin – du moins était-ce l’effet que ses grognements lui faisaient. L'aplomb et l'assurance enfin recouvrés - la grille y était pour beaucoup, vous en conviendrez - Nashley se fendit d'un sourire moqueur en voyant la bête frustrée.
Une seule chose manquait au personnage : le haut-de-forme, sa nouvelle acquisition toute de velours rouge cerise qui, dans le feu de l’action, s’était fait la malle. Dire que ce chapeau lui avait coûté une fortune, peut être pas la sienne, mais tout de même ! Abandonné dans quelque ruelle, piétiné par les masses, telle la pantoufle de vair d'une Cendrillon d'un autre genre.

La milice traînait de la patte mais les vociférations du clébard auraient tôt fait de rameuter les gardes, s'ils ne s'étaient pas déjà découragés. Aussi, Nashley ne comptait pas rester. Après un ultime regard de défi au dogue, elle s'évanouit à nouveau dans les profondeurs de la ville. Qui mieux qu'une prestidigitatrice pour prendre la poudre d'escampette ?
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MessageSujet: Re: Labourg Labourg et ratatam (titre en construction)   Labourg Labourg et ratatam (titre en construction) EmptySam 24 Oct 2015 - 22:38
"Ben quoi ?"
"Ben quoi ? Vraiment, "ben quoi" ? T'es vraiment un chiard de Ribenstein, toi."


C'était un vert essoufflé mais surtout surpris qui jeta un regard interrogateur vers son supérieur le garde Gunof, lequel considérait, derrière le portail couleur de rouille, le bâtiment de pierre trapus que gardait cette grille. Le jeune, emporté par le zèle propre aux novices qui voulaient bien faire et les aboiements continus du clébard, avait grimpé sans y penser à deux fois la porte de fer grinçante, entreprise qui ne semblait guère enchanter Anton, à en croire la moue maussade qui s'était dessinée une fois qu'il fut bien sûr de ce qui se trouvait de l'autre côté, enchâssé dans une couronne de palissades rongées mais intouchées.

"C'est la crypte des Morgenhimmel..."informa Anton. Cela ne sembla pas produire l'effet escompté sur l'apprenti soudard.
"Ben quoi ?" répéta-t-il benoîtement. Le balafré poussa un soupir, mi résigné, mi agacé.
"Ben c'est plein de morts" conclut-il de façon péremptoire avant de s'atteler à l'escalade de la grille, qui hurlait sa douleur sous l'effort lent mais inexorable de son bourreau. Une fois au faît, il calcula calmement sa chute. Relevé entièrement, il jeta un dernier regard ennuyé au gamin avant de le laisser vagabonder aux alentours. Dans les parages de la crypte, un minuscule oratoire qui avait troqué d'étroits vitraux contre des briques cimentées à la va vite pour éviter toute intrusion au temps où quelque fou se serait osé à venir piller les tombes des Morgenhimmel maudits et sans le sol, quelques pas d'une verdure devenue farouche venait ronger le bois des troncs qui servaient de palissade. Malgré le manque d'espace en ces temps apocalyptiques, personne n'avait osé prétendre à cette place. Les locaux, pour xénophobes pussent-ils être, prévinrent maintes familles qui avaient eu la folie de vouloir s'installer sur ces terres , et chassèrent même les plus récalcitrantes, terrifiés à l'idée d'ajouter une malédiction à une autre.

Car la maison Morgenhimmel avait sa petite réputation de dynastie maudite locale, et le mal qui accompagnait ce nom autrefois illustre, malgré tous les désespoirs qui s'abattaient sur l'humanité, il gardait une aura de malheur dans la superstititon autochtone. Aussi le garde Gunof jetait-il un coup d'oeil aux environs, espérant trouver une piste, une indice qui les aurait menés loin de la crypte. Hélas, rien de bien probant. A l'inverse, la porte de la crypte, celle-là même que le garde avait prié de trouver trois fois scellée, étaient éventrée, branlante, ouverte. Aurait-elle continuer son escalade, s'agrippant aux murs d'une maison mitoyenne, la garce ? Possible, mais peu probable, les murs qui possédaient de rares lucarnes donnant sur la crypte et son jardin avaient pour la plupart été barricadés de planches clouées, et ces deniers étaient des plus lisses. Mais qui sait ?

La superstititon d'Anton le fit se rebiffer, mais la fierté reprit vite le dessus. Pas question d'une putain de bleusaille lance la rumeur qu'il était un couard, aussi idiot puisse-t-elle être. Alors notre bon garde, après avoir poussé un dernier soupir, dégaina son épée et tailla un bout de bois dans un coin de palissade. Un peu d'huile d'épée, un bout d'étoffe collecté auprès du stagiaire, et voilà nos deux chasseurs s'enfonçant dans la grotte funéraire, l'arme au clair.
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MessageSujet: Re: Labourg Labourg et ratatam (titre en construction)   Labourg Labourg et ratatam (titre en construction) EmptyDim 1 Nov 2015 - 22:07
La belle affaire, soupira-t-elle en pensée, avant de retomber au sol et de fixer le sommet de la palissade, la mine renfrognée.

Le vent se levait ou bien le murmure inquiétant n’était qu’un effet de son imagination ? Nashley repoussa avec agacement les mèches rebelles qui balayaient son visage tandis que l’œil sondait le morne paysage. Les mauvaises herbes indomptables gagnaient le terrain et qui sait ce qui grouillait dans ce fatras ? Et l’entrée de la crypte, cette gueule béante d’un monstre qui regorgeait d’autres monstres, allez savoir. Les racontars allaient bon train sur les Maudits de Morgenhimmel. Mais pouvait-on encore accuser la rumeur de n’être que foutaise, une fable pour effrayer les gamins, maintenant que les Fangeux se relevaient de terre ? D’aucuns affirmaient que le fléau trouvait sa source dans leurs souterrains, galeries que l’on n’avait encore jamais mises en évidence d’ailleurs. Non, Nashley, la chance insolente au bout des doigts, ne s’y risquerait pas. L’excès de confiance l’avait déjà trompée une fois, pas question de remettre son dernier Joker en jeu.

La belle affaire, donc, que d’être plantée là dans ce terrain vague clos par une palissade couverte d’une foutue mosaïque de planches clouées dans un bel ensemble anarchique, ne laissant aucune prise facilement accessible. Et le cerbère qui gardait l'entrée du domaine...
Nashley allait retenter la palissade lorsqu’elle entendit des voix masculines. Elle se posta aussitôt contre l’un de murs de la crypte, celui que les hommes ne pouvaient voir. Deux grincements, cela faisait donc deux miliciens à sa recherche ? Elle osa un coup d’œil dans leur direction et reconnut le duo à côté duquel elle s’était assise un peu plus tôt. Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres. Le jeune explorateur vagabondait dans le terrain, excité de vivre aventure si périlleuse, quand le balafré gardait la main serrée sur la garde de son épée, aux aguets. La vue de l'arme coupa court à son envie de se montrer avec un "Tadaaam" retentissant même si elle était quasi certaine que c’était le lieu et non pas elle qui instillait tant d’agitation chez le milicien.

Les pierres apparentes de la bâtisse, dégagées par l’usure du temps, lui donnèrent l’impression de monter les marches d’un escalier tant le mur était praticable. Elle se hissa ainsi furtivement, les sens en alerte et l’œil zyeutant régulièrement le terrain pour surveiller les pas du jeune homme. Allongée sur le toit, Nashley attendit que les deux bonshommes rebroussent chemin. Et quelle surprise alors que de les entendre pénétrer la crypte ? Risqueraient-ils vraiment leur vie pour une simple arnaqueuse ? Peut-être n’était-il même plus question d’elle, le mystère des Morgenhimmel opérant sa magie sur les deux comparses.
Un sourire mauvais étira ses lèvres. Deux de la flicaille en moins, deux mes amis ! On prend les paris ?




HRP : J'ai considéré que la crypte avait une taille extérieure moyenne, facilement pratiquable d'où l'escalade rapide. J'ajouterai probablement quelque chose à la fin de mon post (genre on la retrouve dans un cabaret ou dans un autre lieu) mais pour l'instant je n'ai pas l'idée donc je poste ça pour que tu puisses continuer Wink
Si tu as une idée de lieu où on pourrait se retrouver par la suite, n'hésite pas ! 🤡
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MessageSujet: Re: Labourg Labourg et ratatam (titre en construction)   Labourg Labourg et ratatam (titre en construction) EmptyLun 2 Nov 2015 - 15:04
"Torche, le vert, tiens-la mieux !" rouspéta le garde Gunof à son bleu de subalterne tandis qu'ils évoluaient avec une lenteur extrême à travers la petite salle. La porte, déjà malmenée, avait tiré le plus possible afin de laisser entre le plus de lumière possible, sans grand succès. La pénombre, six pas plus loin, redevenait touffue, transpercée çà et là par des rais de lumières saturés de poussière qui partaient des fentes entrouvrant les fenêtres de briques. Ces faisceaux lumineux n'aidèrent pas nos compères, qui restèrent plantés au centre de la petite chapelle, attendant de s'habituer à l'obscurité des lieux. Deux petites colonnades à trois piliers chacune soutenaient l'édifice sur la longueur, après un rapide passage, ils conclurent qu'elles ne cachaient rien dans leur ombre et inspectèrent plus à fond le lieu. Voutée, vidées de ses bancs, de ses coffrets funéraires, il ne restait rien de l'ancienne ostentation de la maison Morgenhimmel, les pillards, bien avant le début de la peste de Fange, ayant fait main basse sur l'or, les suivants sur le bois. Ne restait à la chapelle dépouillée qu'une seule manifestation de la richesse passée de la famille maudite, une sculpture étrange et qui semblait taillé à même la pierre du mur du fond. C'était une femme, ou plutôt une sirène qui était représentée, à l'image d'Anur, la déesse psychopompe. Mais son visage était celui d'un bouc, avec sa barbichette et ses cornes, dont une était fendue, à l'image, probablement, de Serus, le dieu de la naissance.

Ce spectacle, animé d'une illusion de vie à la lumière dansante de leur torche, ne rassurèrent guère les deux compagnons, à qui se mélange des essences divines provoquaient une espèce de malaise religieux. Le vert sortit Gunof de sa contemplation. Il tendait sa torche vers un recoin de la pièce qui pouvait bien mener à une alcôve voire un escalier. "Elle a dû passer par là." fit le jeune à son supérieur, la voix moins assurée qu'avant, mais décidé à aller jusqu'au bout de cette traque, au grand dam de Gunof, qui serra un peu plus fort son épée avant de s'approcher, anxieux. Il jura intérieurement quand il découvrit, derrière une autre porte éventrée, un colimaçon qui s'enfonçait sous Marbrume.
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