Bagarre générale [Pv Xandra et Barral]

Le vieux loup marchait avec peine. Tête baissée, il essayait d'éviter les regards d'autrui. Il sentait les gouttelettes d'eau glisser le long de sa peau pour ensuite rebondir sur son armure. La route était boueuse, il tomba à genoux maintes fois, recouvrant ainsi son équipement d'une texture brune. On le prendrait certainement pour un clochard qui s'était roulé dans la merde, si du moins quelqu'un avait l'audace de le regarder. Dans un cliquetis métallique, il avança pas à pas pour arriver à une intersection. Il s'adossa ensuite contre le muret de cette dite intersection. Mine maussade, il se laissa glisser au sol en un bruit sourd. Il grogna et enleva ses gantelets d'un geste brusque pour les jeter à quelques mètres de celui-ci. *Quelle journée de merde. Pas foutu de rester en vie ces connards.* Machinalement, il se bifla à deux reprises avant de cracher un filet de sang. Il devait arrêter ces enfantillages, ce n'était pas en s’apitoyant sur son sort qu'il allait faire revenir ses défunts coéquipiers.

Son instinct lui disait de régler ce problème comme un grand, c'est-à-dire, en allant se bourrer la gueule jusqu’à mort s'en suive. Quelle honte pour un milicien expérimenté. Tomber si bas, c'était aberrant. C'est ce qu'il se répétait en boucle. Quoi qu'il en soit, le doux parfum de l'alcool l'attendait. Il se leva dans un gémissement de douleur pour se diriger vers la ruelle qui constituait en partie l'intersection. Le vieil homme boita pendant quelques instants pour enfin arriver à une porte complètement moisie. Tss, que des pauvres, je vous le jure.

En un soupire, le guerrier tourna la poignée. Aussitôt la porte ouverte, celui-ci remarqua le manque d’éclairage. Ce qui eut le don de lui picoter les yeux. Eh bien, ce bar avait du potentiel. Sans se soucier des quelques clients qui le regardaient d'un œil mauvais, il s'avança en direction du comptoir en produisant un raclement métallique. Arnold s'assit sur l'une des chaises et plaça son bras droit sur le plat du comptoir de manière d'étendue. Un sourire forcé sur les lèvres, il fixa le barman.

- La meilleure bière que vous avez.

Le barman haussa un sourcil avant de ricaner un bon coup.

- Je doute que vous ayez quelque chose pour payer vu votre mine.

Autant pour le narguer que pour paraître amicale, il ricana à son tour.

- Comme la plupart des personnes dans cette pièce mon cher.

À ces mots, un client au fond de la pièce se leva affichant un rictus de colère. Il se fit aussitôt calmer par l'un de ses confrères grâce à quelques paroles que le soldat ne put attendre. Bah, à quoi bon. Le serveur avança son visage vers celui du milicien.

- Si vous cherchez des problèmes, vaux mieux ne pas le faire ici. D'ailleurs, vous semblez avoir de l'équipement de bonne qualité, j'imagine que vous êtes milicien. Et on n'aime pas trop les mecs dans votre genre ici, si vous voyez ce que je veux dire.

Le vieillard était d'humeur joueuse cette fois-ci. Elle allait être amusante cette soirée.

-Dans tous les cas, je ne compte pas rester longtemps avec des troufions pareils.

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. La plupart des clients se levèrent tous en cœur. Ils devaient avoir appris ce numéro par cœur. Ah, qu'importe. Rendant un dernier sourire au barman, il se leva dans une lenteur légèrement excessive. L'homme tourna sur lui-même pour se retrouver face à l'assemblée.

-Vous savez, tant que mes supérieurs ne savent rien de ce qui se passe ici, je peux faire ce que je veux avec vous.

Le soldat passa sa main sous sa cape pour en ressortir une épée bâtarde qu'il avait laissé cachée pendant tout ce temps. Il dégaina l'arme et la pointa vers les quelques saoulent qui s'étaient levés pour le défier. Couteau à la main, ils croyaient pouvoir le vaincre.

-Et si on jouait à un jeu les amis ? dit-il dans un calme absolu.

Ah les Fleurs de Malt...Xandra pensait à l’établissement tandis qu’elle se laissait glisser du toit du vieux grenier ou elle logeait. La rousse se laissa tomber souplement dans la rue. La jeune femme visualisait la bière au goût de bière justement, le tavernier, le vieux croulant à l’haleine fétide tandis qu’elle progressait maintenant dans une ruelle boueuse du Labourg. Elle aurait préféré aller là bas ce soir mais la solde n’était pas encore tombé, et comme elle ressentait vraiment le besoin de se changer les idées, elle se contenterait du minimum, une taverne des bas quartiers ferait amplement l’affaire.

La rousse avait prit le temps de se changer, troquant sa tenue de travail pour sa vielle tenue de cuir noir élimé, parce que traîner ici habillé en milicienne à cette heure n’était pas très malin. Ça ne l'empêchait pas d’être reconnu par certain, essuyant quelques regards peu amen. Comme la pluie continuait de tomber et qu’elle n’avait pas envie d’être emmerdé ce soir, elle releva doucement sa capuche noir, seule une mèche rebelle s’échappant du vêtement.

Elle bifurqua dans la rue principale, apercevant l’enseigne en bois de la taverne d'où s’écoulait doucement l’eau de pluie. Bientôt elle passait la porte, satisfaite de ne reconnaître personne parmi la clientèle. La rousse se débarrassa de sa capeline et alla s’asseoir au bar.

Bonsoir, un verre. Quelque chose de fort, peut importe quoi.

De toute façon ce sera dégueulasse…

A peine le tavernier lui avait posé son verre qu’elle vit le regard noir de l’homme se tourner vers la porte. La rousse jeta un oeil derrière elle. Un milicien. Il avait pas l’air avenant, comme la plupart. Par contre quelle montagne ! La rousse reporta son attention sur son alcool, se disant que ce serait bien le dernier à qui elle irait chercher des noises.

- Comme la plupart des personnes dans cette pièce mon cher.

Ou pas. Impossible que ça se tasse maintenant. Il ne fallait pas qu’elle s’en mêle, ce serait stupide. Non, surtout pas. La rousse fixa le tavernier, puis le milicien.

- Si vous cherchez des problèmes, vaux mieux ne pas le faire ici. D'ailleurs, vous semblez avoir de l'équipement de bonne qualité, j'imagine que vous êtes milicien. Et on n'aime pas trop les mecs dans votre genre ici, si vous voyez ce que je veux dire.

La rousse bu tranquillement une gorgée d’alcool tandis que le vieux se relevait, non elle ne devait pas s’en mêler. Ce qu’elle fit, savourant sûrement la dernière gorgée de la soirée.

-Et si on jouait à un jeu les amis ?

Silencieusement la rousse s’approcha du milicien qui devait bien la dépasser de deux têtes, se plaça à coté de lui, leva la tête pour le fixer de ses yeux bleu réprobateurs en murmurant :

Je suis Xandra Erkal, de l’extérieur. Tu dis de la merde, c’est à cause de gars comme toi que les gens nous détestent à ce point. Range ton arme.

La rousse balaya la salle des yeux, priant pour qu’il la croit, qu’il le fasse. Elle parla à nouveau plus fort :

On est tous là pour la même chose, boire, pas se battre. Alors vous…

Elle avait oublié la table dans recoin prêt du bar, le type qui y était assis était déjà presque dans le dos du milicien, bon point il n’était pas armé. Elle ne doutait pas que le vieu soldat s’en soit aperçu mais s’il était fort, la rousse semblait plus rapide. Xandra se glissa entre eux et...se mangea la mandale du siècle.

Secouant un peu la tête, la rousse se massa la mâchoire d’une main, des étoiles devant les yeux.

T’as raison la traînée, barrez vous d’ici qu’on puisse profiter de…

Xandra n’était peut être pas très costaud mais elle avait grandit dans la rue, se battre était un incontournable. Elle n’était pas particulièrement douée, mais elle savait mettre un droite à un abrutis éméché. Le coup partit et percuta l’oeil du blond.

Ce fut le point de départ du chaos...

Le loup remarqua du coin de l’œil, une femme qui semblait hésitante. Avait-elle peur de s'engager dans le conflit ?

-Je suis Xandra Erkal, de l’extérieur. Tu dis de la merde, c’est à cause de gars comme toi que les gens nous détestent à ce point. Range ton arme.

Le vieil homme baissa son arme pour ensuite se tourner vers la jeune fille. Elle avait du culot pour s'adresser comme cela à son aînée. Et il adorait ça. Une fille avec du caractère comme ils les aiment. C'est bien mieux qu'une fillette exauçant les caprices d'autrui sans protester. Le regard impassible, il leva sa main et ébouriffa les cheveux de la rousse. Ah, les enfants de nos jours, toute une chose. Dire qu'il avait été comme ça dans sa jeunesse.

-C'est bien chérie, maintenant tu peux laisser les grands entre eux.

Prestement, il releva son épée vers les paysans avec l'intention de leur montrer ce que c'était la discipline. Dommage pour le propriétaire, ça devra lui coûter un bras pour tout réparer. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas son souci. Lui il était là pour régler les problèmes et justement, il y en avait un dans ce bar. Une purge serait parfaite pour régler ce bordel. Non, ce ne serait pas raisonnable. Cela entacherait encore plus la réputation des miliciens.

-On est tous là pour la même chose, boire, pas se battre. Alors vous…

Dit-elle avant de se prendre un poing dans la gueule. Quelle ironie. Bien entendu, elle se vengea sur le client qui l'avait agressé en le frappant directement dans l’œil. Ça devait faire mal. Mais lui au moins, il avait ses deux yeux, pas comme Arnold. C'est ainsi que le chaos commença.

-Dites les enfants, avez-vous déjà morflé au point de perde connaissance ? Non ? Eh bien, c'est votre jour de chance.

D'un geste rapide, il fit tournoyer son épée dans les airs avant de s'élancer vers le client le plus proche. Au passage, il poussa la rousse contre une table autant pour se venger que pour dégager le chemin. Arrivé à quelques centimètres de sa future victime, il le prit par la gorge et le fit s'écraser contre le sol en un grand fracas. Le pauvre homme siffla de douleur avant de se faire rétamer par un coup dans le ventre et puis deux et puis trois et finalement quatre. Il sombra dans l'inconscience.
Satisfait, le soldat laissa le corps inanimé au sol pour se concentrer sur les autres couillons. L'un d'entre eux chargea en sa direction pour le pourfendre avec son adorable petite couteau. Que croyait-il ? Que le militaire allait gentillement se laisser faire ? Que dalle. D'un moulinet, il désarma l'ivrogne grâce au tranchant de son épée. Une main en moins, celui-ci tomba à genoux en hurlant de douleur.
Arnold se pencha et le prit par les cheveux avant de se tourner vers la rousse.

-Regarde, c'est comme ça qu'on fait.

Arnold approcha sa tête du sien pour ensuite lui faire un coup de boule en plein visage. Ivre de douleur, il tomba à son tour dans l'inconscience. Ah, tout cela lui rappelait sa jeunesse !

Xandra avait prit un air outré, passant sa main dans sa chevelure indiscipliné pour la remettre en place.

Chérie ? Je vais t’en foutre du chérie…

Il avait oser l'appeler comme çà, juste avant qu’elle se fasse cogner, pour lui, un comble ! La rousse avait un peu honte, elle avait l’impression d’être de sortie avec son cher papa. Quoique, elle doutait que les sorties parents- gosses ressemblent à ça…

-Dites les enfants, avez-vous déjà morflé au point de perde connaissance ? Non ? Eh bien, c'est votre jour de chance.

Suite à sa petite tirade il ne trouva rien de mieux que de la pousser, ce qui vu la différence de gabarit ne fut guère agréable.

-Bordel on peut pas boire tranquille ici

Elle se mangea littéralement la table voisine dans le ventre avant de se vautrer dessus. Là, couverte d’alcool qui coulait déjà dans son décolleté, elle était en colère, vraiment en colère. Non, c’était certain, les sorties en famille ne ressemblaient pas à ça…

Sa main se porta sur sa dague, prête à en découdre, mais le type qui s’était levé prestement de la table ne semblait pas en avoir après elle, tans mieux.

Désolé pour ton verre...

Puis, faisant volte face elle reporta son attention sur ce putain de vieux ! Se saisissant de la première choppe venu, elle évita un coup de poing et sans chercher à se servir du verre contre son agresseur accéléra le pas pour rejoindre le milicien bien décidé à lui écraser le crane avec. Ça ne ferait pas grand chose, non, mais il serait bon pour une bonne migraine, ça lui ferait les pieds...

Comme elle était presque à sa hauteur, elle vit un homme armé d'une chaise se jeter sur sa cible. Xandra vint se placer derrière lui et d’un discret croche pied l’envoya par terre.

Son petit sourire satisfait disparu, dégoûté, en voyant la main d’un soûlard tombé par terre. Le pauvre gueulait tout ce qu’il savait, ce qui était franchement pénible.

-Regarde, c'est comme ça qu'on fait.

Ne m'en veux pas, je préfère ma méthode.

Le silence, enfin le silence relatif, revenu, elle se tourna vers le type à la chaise qui se relevait péniblement en grognant des trucs pas très compréhensible. Ah si ! Il avait dit chienne. Il avait pas apprécié. Elle s'avança vers lui, brandis son arme improvisé d'où s’écoula quelques gouttes d’alcool mais un mouvement attira son attention plus loin et ses yeux se posèrent sur l’homme dont elle avait gâché le verre quelques instant plus tôt, puis sur le tesson que son adversaire tenait.

Elle regarda l’homme, sa choppe, puis l”homme à nouveau, puis encore sa choppe et après une brève mais trop longue hésitation, la lança. Elle s’écrasa sur la joue du type, il se tourna vers elle, surpris. La rousse l'ignora fit un clin d’oeil à celui qui était visiblement de leurs cotés. espérant lui donner l’avantage, mais çà elle n’eut pas l’occasion de le savoir.

En effet, Xandra ne vit pas la suite du combat parce que le type à la chaise venait de se jeter sur elle, abandonnant la dite chaise. Ils tombèrent au sol. Il était lourd le con et il sentait vraiment mauvais. Penchant la tête sur le coté elle évita de justesse un premier coup de poing, sa main cherchant maladroitement à dégager sa dague de son fourreau. Étrangement il n’avait pas l’air de vouloir qu’elle y arrive.

Si seulement elle ne s’était pas mêlé de ce qui ne la regardait pas elle...

-Ne m'en veux pas, je préfère ma méthode.

Ahaha. Sale garce. En un soupire, le vieux loup détourna son attention de celle-ci pour se focaliser sur les malandrins encore debout. Apparemment, aucune fuite ne leur était permise. Pauvre eux, il les plaignait. Quoi qu'il en soit, cela ne changerait rien au sort que leur préservait le milicien. En s'amusant à faire des moulinets avec son épée, il s'approcha de ceux-ci avec une lenteur exagérée. La mort n'était pas une chose que l'on dégustait à la hâte, non, il fallait la manger avec tendresse et parcimonie. Sinon, toute saveur est enlevée. Dit comme ça, Arnold semblait être un gourmet.

Arrivé devant les survivants à ce massacre, il les regarda tour à tour pour leur mettre la pression. Dommage, ce n'était pas son genre de faire ça. D'un geste rapide, il donna un coup de manche à l'un d'eux qui s’effondra aussitôt. L'ivrogne devait avoir un nez cassé. Qu'importe. Ses deux camarades qui avaient reculés de quelques pas. Ils semblaient légèrement apeurés. Quoi de plus normal. Le vieillard se plaça au côté du plus petit. Trop surprit pour réagir, il resta clouté sur place en regardant le massacre la bouche ouverte. Un léger sourire aux lèvres, il nettoya son épée sur la tunique du nain. « J'espère que ça ne te dérange pas. Très beaux vêtements d'ailleurs. »

Arnold laissa sur place l'homme. Il avait de la chance, ce serait le seul client qui n'aurait pas perdu l'un de ses membres. Au passage, il donna un coup en pleine gueule à son ami resté en retrait. Bien entendu, il s'en alla rejoindre les autres dans le monde des bisounours. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas frappé autant de personnes. Si on ne comptait pas le massacre qu'il y avait eu avec son escouade. Triste fin. Mais bon, les histoires n'ont pas toujours des fins heureuses.

Sans grande surprise, la rousse semblait être en difficulté. Comment a-t-elle pu devenir milicienne si elle ne peut même pas se défendre contre de pauvres paysans ? Il devait tout faire lui-même. Comme un fourbe, il arriva par-derrière et pourfendit l'agresseur à la tempe. Agonisant, il tomba contre une table. « De rien. » dit-il à la jeune femme.

Quelle drôle de soirée. Enfin bref, lui il était venu pour la boisson et il l'aurait cette boisson ! En boitant, il s'approcha du comptoir qui était maintenant totalement désert. Le propriétaire avait certainement pris la fuite. Il le contourna et se positionna derrière celui-ci. D'un geste brusque, il prit une chope cassée ainsi qu'une bouteille et versa le liquide dans la pinte. Au moins, il n'aurait pas à payer.

Verre dans la main, le soldat regarda la femme ainsi qu'une mystérieuse personne qui avait fait son apparition plutôt. Elle ne semblait pas avoir des intentions hostiles. Tant mieux, il était fatigué.

-Alors, vous voulez parler de quelque chose ?

Spoiler:

Xandra réussi enfin à dégager son arme, elle serra la poignée à s’en faire pâlir les phalanges parce que le type à l’haleine chargé essayait déjà de lui arracher. Sans succès. Elle fixa le front du soûlard, elle n’avait pas envie de donner satisfaction au vieux prétentieux mais c’était le bon moment pour appliquer ses conseils. La rousse lui donna donc un magistral coup de tête dans la figure. Il vacilla un peu mais ne lâcha pas.

Quelle merde…

Puis enfin elle fut débarrassé de son ennemi, mit hors d’état de nuire par le gros bourrin de la soirée. La rousse ne daigna pas lui répondre, se contenant d’un signe de tête en guise de merci et se releva un peu difficilement, elle n’avait mit que deux coups de boules dans sa vie et elle manquait clairement d'entraînement. Xandra s’était un peu sonné toute seule et se passa la main sur le front en jetant un oeil autour d’elle.

Bientôt ce fut finit, il ne resta plus que les deux types qui avaient été de son côté dans ce joyeux bordel. Le verre brisé au sol produisit un léger craquement sous ses pieds tandis qu’elle rejoignait le comptoir. Elle chercha le propriétaire des lieux et lâcha un petit claquement de langue irrité. Son regard noir se posa sur le milicien puis comme l’autre arrivait prêt d’eux, son attention fut temporairement détournée.

Alors, vous voulez parler de quelque chose ?
Pourquoi t'a fait ça ? Qu'est-ce qui t'a pris ?

C’était une très bonne question, mais elle doutait que la réponse trouve une justification valable à ses yeux. Elle observa et écouta en silence le bref échange entre les deux hommes. Visiblement le jeune était de son avis.

Et toi tu dis rien ?

Qui es tu ?

Puis se détournant de lui, sans attendre sa réponse, la milicienne arracha le verre des mains du géant grisonnant avec vivacité.

Ne fais pas comme si tout ça t’appartenait.

Elle avala une gorgée d’alcool non sans le foudroyer du regard et reposa le verre dans un geste un peu nerveux.

On doit retrouver le propriétaire, s'escuser et le dédommager. TU dois le dédommager. Tu aurais put éviter ça...

-Pourquoi t'a fait ça ? Qu'est-ce qui t'a pris ?

Cet homme était idiot ou quoi ? En toute logique, ce n'était pas le vieillard qui avait fait éclore ce combat, mais bien la gamine. Lui il n'avait fait que dégainer son épée pour intimider les ivrognes. Il n'avait jamais eu l'intention d'attaquer. Mais bon. Peut-être que l'intelligence ce n'est pas son fort.

-Que J'AI fait quoi monsieur le borgne ? Ce n'est pas moi qui a déclenché ce bordel dans cette taverne de merde. Il pointa la rousse du doigt. C'est elle que vous devriez blâmer. C'est elle qui n'a pas su avoir du sang-froid quand l'un des clients à répliquer à sa bêtise. Et moi ? Qu'est-ce que j'ai commis avant que tout cela arrive ? J'ai tout simplement pointé mon épée sur ces canailles pour les intimider et non pour les blesser ou voir les tuer. Alors gardez vos commentaires pour vous !

Il leva son verre pour prendre une seconde gorgée mais la fillette vint le prendre d'un geste brusque. Le respect n'existe plus de nos jours, apparemment. Dans tous les cas, de nos temps ce genre de chose ne sert plus à rien, si ce n'est que lécher les bottes de ses supérieurs.

-Ne fais pas comme si tout ça t’appartenait.

Dixit la gamine qui vient juste de piquer le verre au vieux milicien. Elle manquait tellement de logique cette fille. Il espérait qu'il n'aurait plus à la revoir. Ce serait désastreux pour lui et sa carrière.

-On doit retrouver le propriétaire, s’excuser et le dédommager. TU dois le dédommager. Tu aurais put éviter ça...

Fatigué d'entendre les conneries qu'elle déversait, il s'approcha de celle-ci et lui mit l'un de ses doigts sur les lèvres. Cela devait être tellement humiliant pour elle, mais qu'il s'en foutait. Elle était tellement exaspérante. Qu'elle se taise une demi-seconde saurait le combler de bonheur. Maintenant, il devait partir. Il savait très bien qu'il laissait ces êtres stupides en plan, mais qu'importe. Ce n'était pas son problème.

Spoiler:

Si il y avait bien une chose certaine, c’est que Xandra n’était pas prête d’oublier le départ d’Arnold et sa parfaite maîtrise d’elle même. Son regard noir l’avait suivit jusqu’à ce qu’il quitte les lieux, jusqu’à ce que son compagnon de la soirée ne reprenne la parole.

-Moi c'est Barral je suis aussi milicien mais c'est tout récent.

Ça fait quelques...mois.

La rousse avait à nouveau fixé l’entrée avant de terminer sa phrase, peut être que le vieux soldat avait changé d’avis ? Pas vraiment…
Xandra lâcha un profond soupire à fendre l'âme en regardant les trois types peu sympathiques avancer vers eux. Ça se voyait dans leurs regards, leurs attitudes, ils n’étaient pas venus tuer le temps.

On dirait que la soirée va être longue...

La milicienne resta silencieuse en les écoutant, commençant à réfléchir à un moyen de le tirer de ce mauvais pas. Autrefois elle l’aurait planté là le fameux Barral, elle se serait déjà fait la belle, mais ça c’était avant.

Ses mains vinrent se poser sur ses fourreaux, ses yeux suivirent les mouvements des hommes avec concentration. Ils se saisirent du borgne, la rousse sentit alors une vague de colère lui vriller l’estomac et elle répondit presque instantanément en faisant un pas dans leurs directions, d’une voix un peu grave.

Lâchez le.

Et merde Xandra, tu recommences...

"C'est quoi ça ? Ta petite copine ?"
"Quand j'en aurais fini avec toi je me ferais une joie de lui mater son petit cul"

Cette fois elle ne répondit pas, le regard du type lui arracha un frisson de peur, de dégoût aussi, qui lui parcouru l’échine, Xandra déglutit moins bien.
La rousse pencha légèrement la tête sur le coté en fixant le pauvre bleus en bien fâcheuse posture. Il venait de prendre sa défense, peu importe la raison, elle ne regrettait plus d’être encore là.

Arrête !

Il ne lui avait pas vraiment laisser le temps de réagir. Elle regarda son compagnon inconscient puis dégaina. Ils étaient trois, des bons morceaux. La rousse pouvait régler son compte à un d’entre eux, son choix était fait, elle pouvait bien amocher le second mais elle ne s’en sortirait pas…

Xandra pouvait toujours essayer de gagner du temps ou elle pouvait s’enfuir, encore. Au lieu de ça elle dévisagea le connard à la grande gueule. D’un bond en arrière rapide, la rousse mit un peu plus de distance entre eux.

Touche le encore et je te jure que je te tue. Laisse nous partir, on est dans le même camp. Il t’a humilié ? Tu as eu ta revanche, restons en là...

Cette fois, Xandra ne raterait pas le moindre mouvement de son adversaire, au moindre faux pas sa lame s’enfoncerait dans sa chair sans hésitation.

" Attention ma jolie, ces truc là c'est pas des jouets tu risques de te faire mal avec."

Si j’étais toi j’approcherais pas.

Xandra continuait d’essayer d’afficher une assurance qu’elle était loin de posséder. Ce genre de type là avec une grande gueule, tout le monde les craignait, parfois à tord, parfois à raison, juste parce qu’ils avaient confiance en eux. La confiance c’est contagieux.

Comme la milicienne l’avait promis, elle réagit immédiatement, sans prévenir, sans même regarder l’homme qu’elle avait blessé, dès qu’il avait remué une oreille dans sa direction. Elle était obligé de la jouer offensif, il fallait qu’ils la craigne, au moins un peu, sans ça elle était foutu. Son regard dur ne lâchait plus le connard qui avait sonné Barral. Comme il serrait les poings la rousse se força à sourire, pour essayer de le convaincre et surtout de se convaincre qu’elle n’avait pas peur. Ça aussi c’était perceptible.

Elle se redressa un peu avec une désinvolture feinte, resserra la prise sur la garde de ses armes.

" Tu ne sortiras pas d'ici tu sais"

Aucun de nous deux ne sortira d’ici.
Touche le encore et je te jure que je te tue. Laisse nous partir, on est dans le même camp. Il t’a humilié ? Tu as eu ta revanche, restons en là...

Ses yeux quittèrent sa cible un bref instant, l’éclat d’une lame attirant son regard derrière son ennemi. Barral. Puis une voix la fit sursauter, le tavernier était de retour.

Angélo !

Un prénom qui ne lui allait pas le moins du monde.

Ca suffit maintenant, ils ont eu leur compte laisse-les partir et viens donc plutôt boire un verre avec moi.
Et vous deux là que je ne revois plus trainer votre tronche dans mon troquet, ni celle de l'autre taré ! Compris !.

Xandra se détendit un peu, elle rengaina. Ses yeux allèrent d’Angélo au deux autres miliciens qui l’accompagnait. Visiblement la chance était avec eux et elle ne comptait pas la laisser passer.

Compris.

D’un pas rapide elle s’approcha du borgne, se pencha vers lui et lui tendit la main.

Viens. Tu peux marcher ?

Xandra l’aida à se remettre sur pied, puis elle lança sa propre bourse prêt de celle du milicien. Elle doutait qu’il soit plus riche qu’elle, sa fortune seule ne suffisait sûrement pas à couvrir les dégâts.

Bientôt ils quittaient les lieux tant bien que mal. Elle s’arrêta pour regarder la rue, se demandant par ou était partit le soldat.

On devrait essayer de retrouver le vieux con, peut être qu’il a des ennuis lui aussi...

Dans quelle merde il s'était foutu. Sérieusement. Dans tous les cas, il était habitué à ça. Depuis des dizaines années il frappait, pourfendait et ôtait des vies. La bagarre à laquelle il avait participé n'était pas inhabituelle. On pourrait même dire que c'était une sorte de routine pour le vieux loup. Provoquer quelques brutes et couper leur membre un par un, avant de dire « ce n'est pas moi, ce sont eux qui ont commencé. » Rien d'illégal, quoi.
...
Quel homme bizarre ce Arnold.

Pour retourner au sujet initial, Arnold était dans la merde. Son épaule droite était salement amochée. Il avait beau porter un plastron, ça ne protégeait pas l'intégralité de son corps. L'un des connards l’avait poignardé avec une bouteille cassée. Bien sûr, il n'avait rien laissé paraître. Il voulait ressembler à un homme fort, et non à une fillette qui ne cesse de se lamenter encore et encore. (cc Xandra)

Heureusement, il n'y avait pas beaucoup de personnes dans les rues pour voir son piteux état. La lune était sur le point de montrer le bout de son nez, les citoyens se barricadaient donc dans leur demeure. Quoi de plus normal depuis l'apparition des fangeux dans ce monde délabré.

Fatigué de sa marche forcé vers... il ne le savait pas lui-même, il s'engouffra dans une petite ruelle où il s'effondra sans pousser le moindre gémissement. Son esprit était embrumé depuis la mort de ses coéquipiers. Le milicien avait un peu honte de ne ressentir aucune tristesse. N'importe quelle personne aurait versé quelques larmes, mais lui, il n'était pas une personne normale. C'était dans sa nature de rester froid devant n'importe quelle situation. Pour reprendre ses esprits, l’aînée empoigna la garde de son épée et commença à fixer le vide en silence.

Spoiler: