Bagarre générale [Pv Xandra et Barral]

Xandra s'efforçait de marcher lentement, elle qui était plutôt du genre à trottiner faisait des efforts. Si Barral ne se plaignait pas, il n’en souffrait pas moins, elle pouvait bien faire ça pour lui après le début de soirée particulièrement pourri qu’ils venaient de passer. Sil le brun refusait de l’aider à retrouver Arnold, elle le raccompagnerait chez lui avant de revenir fouiner par ici. Xandra se serait collés des baffes, un jour elle finirait peut être par être capable de s’occuper de ses fesses...

- Des ennuis ? Qu'il aille se faire foutre...on a essayé de l'aider et t'as vu ce qu'il en a fait ? Il s'est tiré...tiré en nous plantant comme des merde.

Effectivement, ça semblait mal partit, la rousse le regarda avec un air contrit en se mordillant la lèvre.

Je sais je sais...Il s’est tiré et en prime il m’a tout collé sur le dos…
Peut être qu’il a passé une très mauvaise journée ou peut être que c’est juste un gros con. Mais c’est l’un des nôtres. Avec ou sans toi j’irais.

Xandra réfléchissait à des arguments plus convaincants pour faire rester le borgne, parce que même si elle savait que c’était ridicule - il n’allait pas revenir, pas ce soir - la milicienne avait la peur irrationnelle de recroiser le route d’Angelo avant celle d’Arnold. Si d’aventure elle parvenait à le retrouver dans le labyrinthe que formait les bas quartiers...

Contre toute attente, son collègue se mit à sourire et à donner une précision qui ne laissait aucun doute quant à la décision qu’il venait de prendre.

Merci, je te revaudrais ça.

Xandra lui tapota le bras et se remit en route, passant une main doucement sur sa mâchoire endolori. Elle avait remarqué la boiterie du vieux loup, oui, mais n’y avait pas vraiment prêté attention. Aussi ses yeux se posèrent sur le sol boueux en quête d’une trace que sa démarche particulière aurait laissé. Rien. Le temps passait dans les rues désertées, les deux miliciens silencieux brassaient du vent. C’est donc sans grande conviction que Xandra leva le nez vers une énième ruelle avant de se figer soudain.

Barral, je crois qu’on l’a trouvé !

Revenant sur ses pas, la rousse s'engagea en hâte dans la ruelle La bonne nouvelle c’est que le milicien était seul, la mauvaise c’est qu’il avait pas l’air très en forme et qu’il allait probablement être chiant. Encore plus s’entend…

Xandra s'agenouilla devant lui et le foudroya du regard, par principe, s’apprêtant à lui demander comment il se sentait, avant qu’elle ne remarque la large tâche rouge qui souillait son plastron, puis la profonde entaille. Anticipant une potentielle réplique acerbe, Xandra prit la parole.

Ferme là “chéri”. On va devoir te recoudre…

Plongeant son regard pale dans l’oeil valide de Barral, avant de le poser à nouveau sur l’homme qui lui faisait face, elle ajouta.

L’un de vous deux à point de chute dans le coin ? On ne peut pas aller chez moi et on a pas vraiment intérêt à se pointer à la caserne cette nuit...

Toujours dans ses pensées, il entendit des bruits de pas se rapprocher. Des racailles ou les deux couillons. À vrai dire, il aimerait bien que ce soit la première option. Sinon, ils devraient se taper leur sermon. Ce serait très ridicule pour un vétéran de voir des gamins n'ayant même pas la moitié de son âge le gronder. Résolu à ne pas s'enfuir il resta sur place, étendu sur le sol. Le vieux loup allait affronter leur regard jonché de haine et de dégoût.
Être détesté n'était pas inhabituel pour lui. Arnold n'avait pas d'ami et il en avait pas besoin pour être franc. Il vivait encore, non ? Alors pourquoi s'encombrer d'une amitié qui ne durera certainement jamais dans un monde pareil. La famille, les amis, ils tombent tous comme des mouches à Marbrume.
Vivre plus de quarante ans était un miracle, ici...

Enfin, il put voir les personnes qui étaient à sa poursuite. Dupont et Dupond. Génial . On va s'amuser. La rousse s'agenouilla devant le milicien, ne se gênant pas pour le foudroyer du regard. Le vieillard lui rendit son amabilité avec un petit sourire narquois en coin.

-Ferme là “chéri”. On va devoir te recoudre…

Oh, il ne comptais pas parler. Pas à une fille dans son genre.

- On va aller à "La belle rousse". Enfin dans une de ces annexes. C'est pas très loin d'ici.

C'est parti pour un tour. L'homme au cache œil lui offrit son épaule. Sans le remercier, Arnold glissa son bras droit autour de son cou pour pouvoir se soutenir. En un gémissement étouffé, il réussit à se lever grâce à Barral.
Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent à une ancienne réserve grossièrement emménagée par le borgne. Sans demander l'avis à personne, il libéra son bras pour se diriger vers le lit où il s'assit.

-Alors ? On fait quelque chose en particulier ? Une partouze peut-être ? Ou peut-être voulez-vous me recoudre avant que je crève dans le lit ? Ce serait un peu glauque, non ? Devoir se coucher dans un lit où quelqu'un est mort...

C’est pas mal chez toi lança Xandra en toute honnêteté, très naïvement. C’était plus grand, plus ordonné que son chez elle et surtout c’était plus haut de plafond. Il ne devait pas se sentir oppressé ici, comme ça lui arrivait à elle, certains soirs, souvent en fait. Cette impression d'étouffer de l’intérieur, écrasé par sa propre vie.

Quoiqu’il en soit, elle n’était pas là pour visiter ni pour broyer du noir. Elle s’approcha d’un Arnold un peu pâlichon qui s’était littéralement laissé choir sur le lit de Barral. Au prix d’un effort indéniable la jeune femme contint un “connard” qui tentait avec force de s’échapper de ses lèvres.

Ta seule présence suffit à rendre cet endroit glauque. Pour ce qui est de la partouze, c’est une idée, mais j’fais pas dans le grabataire. Après...vous deux, vous faites ce que vous voulez.

Petit sourire en coin à l’attention de Barral, pour essayer de se détendre, un moyen comme un autre de s'excuser aussi, pour le vieil emmerdeur qu’ils allaient devoir se coltiner encore un moment par sa faute.

Je suppose que tu as ce qu’il faut pour recoudre notre...petit camarade ?

Question dont elle connaissait déjà la réponse. Xandra se tourna à nouveau vers Arnold sans attendre, la fatigue commençait à se faire sentir et toute hargne avait disparu de ses traits, retrouvant peu à peu leurs douceurs habituels.

Je vais t’aider à te déshabiller.

Parce qu'enlever n’importe quelle pièce d’armure blessé était un calvaire, ils étaient tous bien placé pour le savoir, en tout cas elle et le vieux sans aucun doute. Qu’il accepte ou non elle ne comptait pas vraiment lui laisser le choix.

Quitte à être ici tout les trois, autant discuter. Peut être que le vieux était capable de se montrer avenant ? Les fangeux avaient des allures de punitions divines, alors un miracle, pourquoi pas.

La pire blessure qu'on vous ait infligé, c'est quoi ?

-Tu crèveras pas ici, on ne s'est pas donné tout ce mal pour ça, t'inquiètes pas.

Cool. Au moins il ne voulait pas sa mort, c'tait déjà ça.

-Ta seule présence suffit à rendre cet endroit glauque. Pour ce qui est de la partouze, c’est une idée, mais j’fais pas dans le grabataire. Après...vous deux, vous faites ce que vous voulez.

Môdame ne mâche pas ses morts on dirait. Il n'allait certainement pas enculer un mec. Sauf si nécessaire, bien sûr. Il ne ressentait aucune attirance pour les garçons, et ce n'est certainement pas aujourd’hui que cela allait changer.

Pour rajouter encore un peu de merde sur le tas, il s'amusa à se rouler sur la couchette. Après avoir joué comme un gamin sur le lit, les draps avaient pris une couleur pourpre. Quelques taches brunes étaient visibles un peu partout. Ah, c'est tellement amusant la vie de vieux. Arnold savait très bien qu'il n'avait encore que quelques années à vivre. C'est donc normal qu'il en profite, non ? En vérité, ce n'était qu'une simple vengeance.
Les deux jeunes croyaient pouvoir le sermonner ? Meh.

-Je suppose que tu as ce qu’il faut pour recoudre notre...petit camarade ?

Le nombre de fois qu'il s'était fait recoudre de vilaines blessures, il ne les comptait plus. Mais ce n'est pas pou autant que le vieux loup aimait ça. Sentir les aiguilles fendre sa chair, c'était horrible.

-Je vais t’aider à te déshabiller.

Le milicien soupira. Il n'avait pas le choix, on dirait. "Pas touche au sous-vêtement, capish ?" Avec un air maussade, il leva les bras pour faciliter la tâche à Xandra.

-J'ai trouvé ça aussi, ça traîne là depuis je ne sais quand, c'est dommage de le laisser perdre.

De l'alcool ? Geuh. Il était assez soûl comme ça. Fallait pas en rajouter, aussi. Mais peut-être que ça allait l’aider à surmonter ce merdier ?
Ah, qu'importe. Arnold prit la bouteille que lui tendait Barral.
Après deux longues gorgées, il redonna la bonbonne au borgne.
En effet, ça faisait du bien.

-La pire blessure qu'on vous ait infligé, c'est quoi ?

-Celle que vous être en train de soigner.

Spoiler:

Xandra avait secoué la tête de gauche à droite avec lassitude en réponse à la réflexion d’Arnold. Qu’est ce qu’il croyait le croulant ?

J’ai pas l’intention de faire plus que le nécessaire pour que tu passes la nuit répondit la jeune femme tout en retirant les vêtements d’Arnold.

Puis ses yeux avaient lâchés le visage du vieux milicien pour lorgner la bouteille d’alcool. Elle qui n’avait pas vraiment eu l’occasion de profiter de son verre, intercepta la bouteille au vol avait que Barral ne la récupère et s’envoya une bonne rasade. Quelque chose lui disait qu’elle allait avoir besoin de ça pour supporter la suite, les réflexions qui n’allaient pas manquer de fuser pendant son point de croix...

Bon, il avait fait l’effort de lui répondre, elle n’allait pas de se plaindre, pas de quoi engager une conversation mais pas de vilaine réplique acerbe ou terriblement agaçante. Elle hésita à répondre à son tour, se demandant bien si au fond, ça interessait quelqu’un dans la pièce ? Finalement, elle décida de se taire sur la question.

-Celle que vous être en train de soigner.

Prenant ça pour une réponse, volontaire ou non, à la question de Barral, la rousse haussa les épaules avant de se lever. Il fallait bien que quelqu'un le fasse de toute façon.

Ouais, je m’occupe de son cas…

Elle traîna la table basse jusqu’en face d’Arnold et versa un peu d’alcool sur le draps qui tenait plus du chiffon. Xandra n’aimait pas ça, se recoudre ou recoudre les autres, elle connaissait trop la douleur, supportable mais pesante.

Je suis désolé, lâcha la jeune en tapotant la surface de la plaie, Arnold ou pas, c’était sortit tout seul avec une grande sincérité. Puis elle passa le fil dans l’aiguille, les yeux un peu plissés par la concentration.

Prêt ?

Puis sans attendre de réponse, Xandra laissa son bref sourire s’évanouir. Premier passage de l’aiguille, concentrée, la rousse penché sur le milicien s'attella à sa tâche.

Spoiler:

-Ça

Ils comptaient répondre par monosyllabes, phrases courtes ou onomatopé toute la soirée ces deux là ? Non, y avait bien moyen de faire quelque chose, comme donner l’exemple en buvant plus que les autres, c’était bien connu, boire sa déliait les langues. Elle avait envie d’entendre autres choses que les faibles râles de douleurs d’Arnold la petite milicienne.

D’un signe du menton elle remercia Barral pour la lumière supplémentaire, qui ne serait pas de trop. Le front un peu plissé par la concentration, la rousse attaqua le second passage d’aiguille après s’être offert une nouvelle gorgée d’alcool.

- C’est arrivé comment ? Ton œil.

Elle continua sa couture, observant régulièrement Arnold dont elle ne pouvait s'empêcher de se méfier, il serait bien capable de lui en coller une. Bientôt son ouvrage fut terminé et avec un sourire satisfait et une petite tape sur l’épaule la jeune femme se releva.

- Et voilà, comme neuf ! Fin si on peut dire…Tâche de ne plus de te rouler partout, j’ai pas envie de recommencer.

La rousse s’essuya les mains et retourna s’asseoir à côté du vieux, après avoir remit le meuble à sa place, se perdant à nouveau dans la contemplation de la pièce, décidément, c’était vraiment sympa chez le milicien.

- Si tu nous racontait ce qu'il t'est arrivé, ça fait du bien de parler parfois...

- Ouais, c’est l’age qui t’as rendu con ou tu l’as toujours été ?

Puis se sentant un peu coupable, ça lui ressemblait pas d'être méchant gratuitement, la jeune femme se racla la gorge et ajouta :

- Je plaisante...Barral à raison, tu devrais laisser la merde sortir, tu te sentiras un peu mieux après.

La rousse lui tendit la bouteille et se souvenant à coté de qui elle se trouvait, elle ajouta :

- Au sens figuré, bien entendu…

Valait mieux préciser ou bien Barral la maudirait à jamais, enfin, les maudirait à jamais.

Ainsi donc, le vieillard se fit déshabiller par la rousse. Ce qui était un peu ironique. Il avait beau être un croulant, il n'était certainement pas rendu à l'âge où il devait se faire aider pour se déshabiller. C'était même tout le contraire. Pour un vieux, il était capable de faire bien des choses. Notamment fendre la chair et séparer des membres. Ce qui était, en soi, plutôt étonnant. Rares étaient ceux qui atteignaient un tel âge depuis l'avènement des monstres.
Vint ensuite l'aiguille. Contrairement aux gosses, lui, il n'avait pas peur de ces petites choses. Toutes les années passées à combattre l'avait endurcie face aux lames et objets coupants. Ce n'était pas la première fois qu'il se blessait, et ce n'était certainement pas la dernière. Pour faciliter la tâche à la jeune femme qui était à ses côtés, il détendit ses muscles, et devint mou, presque comme un cadavre. Au premier passage de l'aiguille, il ne ressentit rien. Ses pensées l'avaient attiré depuis bien longtemps. Le deuxième, le troisième... rien. Aucune sensation. Ce fut la tape qu'on lui donna sur son épaule qui le fit sortir de ses songes. Reprenant soudainement son air maussade et froid, il leva la tête vers les deux jeunes miliciens.

Ce qui m'a rendu comme ça, hein ? Et si je vous disais que j'ai perdu tous mes compagnons dans une mission en dehors de la cité ? Peut-être allez-vous me dire que c'est les risques du métier, et je savais à quoi m'attendre, mais que faisons-nous quand nous avons passé des dizaines d'années avec ces gens-là ? Ce n'était pas de simples recrues, non. C'était mes amis. Court silence. Du plus loin, que je me souvienne, j'ai toujours eu un sale caractère. Mais chacun à ses défauts et ses qualités. Aujourd'hui, je crois avoir tous perdu mes bons côtés. Mais bon, il ne me reste qu'un bout de temps avant de mourir, comparé à vous. Vous les jeunes. Alors j'men fous de mon image. Désireux de se lever, il leva son bras et pris appuie sur le lit pour se redresser, sans pouvoir cacher une légère grimace. Je... Je rentre à la base. Bonne journée.

Spoiler:

Xandra avait grimacé en entendant le monologue du vieux borgne, s’offrant une énième rasade d’alcool. Il avait dû en voir des vertes et des pas mûres, elle ne doutait pas une seconde qu’il ait perdu au delà du supportable mais la fange avait mit tout le monde sur un piédestal à ce niveau là, du moins ceux qui avait le courage, l’inconscience ou la stupidité de mettre les pieds dehor,s là ou les bêtes avaient compris, elles, qui ne fallait pas y mettre les pattes.

“De simples recrues” pour la rousse, aucun des connards qui l’accompagnaient ne pouvaient être qualifié de “simples” quelque chose, n’en déplaisent à certains, ils étaient ceux qui permettaient à d’autres de survivre ici, à l’abris entre les grands murs fissurés d’une ville à bout de souffle. Elle comprenait la nuance dont il était question mais ce n’était pas tout.

Elle n’avait put se retenir de rire, un rire un peu narquois, un peu triste aussi, c’était étonnement perceptible.

- Deux, c’est le nombre de mes amis encore en vie à ma connaissance aujourd’hui dont un qui joue de la pioche pour le restant de ses jours. J’ai vu des collègues mourir, certains que je ne connaissais que depuis une journée, d’autres depuis des mois, tu n’es pas le seul à avoir vu plus que ce qu’un homme, ou une femme, devrait voir. C’est ce genre de pensées qui t’isoles des autres. Il n’est plus questions d’âge maintenant, nous sommes tous en sursis.

Quant au fait de rentrer, tu peux oublier. C’est gentil de nous souhaiter une bonne journée, surtout venant de toi, mais il est fait nuit maintenant.

Barral n’avait fait que confirmer ses propos sans chercher à le faire, ils avaient chacun eu une vie bien remplie avant la milice, différente mais du genre qui laissait des traces. Xandra n’était pas vraiment fière d’elle mais elle avait appuyé là ou ça faisait mal, au sens propre, pour obliger le vieux milicien à se rasseoir.

- C’est vrai, parle. Quelles sont les qualités que tu caches si bien sous cette couche de rancoeur, sous le poids des cadavres. Parles-nous d’eux, de tes amis. Tu devrais boire, ça sera plus facile.

Xandra arrêtes de lui aboyer dessus...

Mais elle n'arrivait pas à s'en empêcher, quelque chose la poussait à prendre soin de l'ancien, parce que les anciens c'était important, que bientôt il n'y en aurait plus un seul pour leur parler de la milice d'avant, de chaque rue, de gens qu'ils n'avaient même pas connu, et en même temps elle lui en voulait toujours pour son comportement dans la taverne...