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 Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé]

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Ambre de VentfroidFondatrice
Ambre de Ventfroid



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MessageSujet: Re: Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé]   Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé] - Page 2 EmptyLun 11 Juil 2016 - 21:10
A son grand soulagement, il ne fallut pas argumenter avec la dame de Saurell pour la convaincre de revenir chez elle. Elle avait oublié tous ses propos un peu fous – pour le moment – et n’enquiquinait plus les deux nobles avec ça. Visiblement savait-elle être raisonnable lorsqu’il le fallait. Ses sourcils courbés étaient témoins de son mal de tête lancinant, et ses pensées se faisaient encore brumeuses. Ambre laissa le tissu humide glisser le long de sa joue une dernière fois, laissant la femme le maintenir elle-même avant de le lâcher. On lui permit de se redresser, doucement, jouant toujours cette inquiétude faussée – à part celle de la domestique qui était réelle pour le coup. Ambre, avec un flegme exemplaire, n’échangeant aucun regard avec Grâce, du moins pas tant que la Saurell les avait en ligne de mire. Ambre l’aida par la suite à se lever, la forçant à rester debout quelques instants au-dessus du sofa pour vérifier qu’elle ne s’écroulait pas.

Quand elle fit quelques pas, Ambre laissa en suspens une main précautionneuse derrière son dos, restant légèrement en arrière de la voyante. Là, elle s’autorisa un regard vers Grâce, un bref signe de tête, et entreprit de conduire la Saurell dehors. Elle remercia la maîtresse des lieux, ainsi que la domestique pour son accueil, et s’efforça de guider la blonde, un peu frustrée cependant que cette dernière avance au rythme d’un escargot. Ambre ne voulait pas tarder, et se la traîner sur des ruelles entières avant d’arriver à sa demeure, mais c’était inévitable. L’on allait forcément les voir toutes les deux dans l’Esplanade en cet après-midi ensoleillé, et cette simple pensée crispa les mâchoires de la comtesse. Il lui faudrait être habile.

Alors que ces appréhensions occupaient l’esprit de la rousse, et qu’elle venait de passer la première rue en quittant le manoir de Grâce, la blonde se fit cependant plus entreprenante tout à coup, et lui agrippa le bras, au-delà de tous les codes d’étiquette convenables. Elle n’était ni de sa famille, ni une amie proche, et elle le savait. Pourtant la tension interne qui avait semblé l’animer explosa d’un coup, la faisant déraper dans ses gestes. Les propos firent peur à Ambre un instant. Comment ça elle se souvenait de tout ? Avait-elle entendu tout ce qu’elle avait échangé avec Grâce pendant qu’elle était inconsciente ? C’était une plaisanterie n’est-ce pas ? Tout leur plan n’était pas en train de s’écrouler ?
Au moins, lorsque la Saurell expliqua plus à même ses propos, les prunelles quelque peu perturbées de la comtesse donnèrent une certaine crédibilité quant à la réaction à avoir. La voyante venait de lui apprendre qu’elle se souvenait de quelque chose, qu’elle savait que Grâce était indirectement responsable de son malaise. Mais elle se confiait à Ambre, visiblement persuadée que cette dernière était une alliée. Si le fait qu’elle n’ait pas en confiance en Grâce pouvait poser problème et agaçait légèrement Ambre sur le coup, cela venait néanmoins de renforcer l’estime que pouvait avoir la dame de Saurell pour la Ventfroid. Usant de son propre étonnement, mais pas pour les mêmes raisons, Ambre répondit, l’air un tantinet apeuré :

- Vraiment ? J’étais près de la fenêtre, vous veniez de me sortir la carte de la Mort alors je… j’avoue ne pas avoir fait attention à votre échange avec Grâce après coup. Je vous ai juste entendue sombrer, et quand je me suis retournée, vous étiez au sol. Pourquoi pensez-vous qu’elle vous aurait fait du mal ? Ambre prit une pause volontaire, pour appuyer son effet. Je ne connais que peu cette femme il est vrai mais… en tous les cas je lui ai demandé de me rapporter des produits de guérisseur tandis que je vous ramènerai chez vous. J’espère que cela ne vous gêne pas ?

Air penaud savamment travaillé. Diantre, si Morion devait la croiser à cet instant précis, nul doute qu’il ne reconnaîtrait pas même sa propre femme. Elle était ridicule.

- Je ne sais pas pourquoi je le pense… Je le sais, c’est tout, rajouta la femme, une lueur folle dans les yeux. Rikni ne m’en a pas dit que du bien, ça non… Alors cela me suffit. Et je… Tant que vous restez avec moi, et ne me laissez pas seule en sa présence, alors oui, je la laisserai vous rapporter des onguents dans mon manoir. Colette nous accueillera.

Colette, la domestique sûrement. La blonde s’était collée à Ambre comme un enfant à son parent, c’en devenait presque indécent, et Ambre était un peu raide alors qu’elle conduisait la noble sur les pavés. (Je te tuerai pour ça Grâce :v) La comtesse reprit un air préoccupé, et pour être tout à fait honnête, il était à moitié factice, celui-ci.

- Je… je ne sais pas, ma dame. Vous m’avez mis le doute, oui, mais… cela me fait peur. Rikni dévoile des desseins dangereux. En toute franchise, vous devriez éviter de faire de telles annonces à n’importe qui, cela a tendance à soulever des chaleurs parmi notre caste.

- Mais vous n’êtes pas n’importe qui, comtesse.

Ambre se tut. Elle n’avait pas tort, certes. Mais elle ignorait à quel point elle avait fait une erreur en lui assenant de telles nouvelles. Elle allait mourir. Avait-elle seulement conscience qu’elle s’accrochait désespérément à celle qui serait la cause de son trépas ?

Sur le chemin, les deux nobles en croisèrent quelques autres. Ambre saluait les gens d’un signe de tête, parfois sans rien dire, parfois en expliquant que Saurell avait fait un malaise et qu’elle la raccompagnait au manoir. Un homme termina par les escorter, voyant à quel point la blonde s’accrochait à Ambre, soulageant la comtesse du poids de la voyante, qui parfois titubait vraiment, la tête en feu. Ambre retint un peu son souffle alors qu’elle avait peur qu’elle ne reparte dans des élucubrations mystiques, mais la présence d’un autre semblait l’avoir rendue muette. La comtesse espérait qu’on ne laisserait pas des rumeurs sordides couler sur son compte. La belle comtesse de Ventfroid vue en compagnie de la Sorcière de l’Esplanade, cela serait particulièrement peu seyant. Mais cela l’aurait été encore moins si on avait raconté qu’elle avait laissé une pauvre veuve à moitié folle inconsciente sur les pavés n’est-ce pas ? Un mal pour un bien.

Enfin, le manoir Saurell fut visible, et Ambre remercia chaudement le hobereau, qui s’éloigna, non sans un regard déplacé dans le décolleté de ces dames, qu’il avait été visiblement très heureux d’escorter.

- Dois-je appeler Colette ? demanda Ambre, toisant la porte de la demeure, qui puait déjà les poils de chat à trois mètres à la ronde.

- Nous allons la faire venir oui, mais l’appeler non. Elle est devenue sourde avec l’âge.

- Oh.

Le visage d’Ambre devint un peu sombre. Grâce l’avait prévenue, ça n’était donc pas réellement une surprise, mais s’imaginer devoir gesticuler pour faire comprendre des choses à une analphabète, et le comble du ridicule en cette journée commençait à atteindre des records inédits. Doucement la patience de la comtesse s’effritait.

Fort heureusement, lorsqu’elles pénétrèrent le hall de la bâtisse, et que la vielle Colette se présenta à elles, la bouche entrouverte de voir sa supérieure ainsi escortée, Saurell se mit à bouger les mains de manière précise, et la compréhension éclaira les prunelles de la domestiques. Ambre fronça les sourcils. Elle ne connaissait pas le langage des signes. Il faudrait éloigner cette personne âgée lorsqu’elles interrogeraient la voyante. Et ne surtout pas prendre le risque à ce qu’elles puissent échanger quoi que ce soit sans qu’Ambre ni Grâce ne puissent comprendre. Montant Saurell jusqu’à sa chambre, Ambre coucha la blonde, jetant un regard alentours. Les lieux puaient les chats, et ces derniers, nombreux déjà, avaient suivi les deux femmes, miaulant, queue en l’air, sautant sur la couche de la blonde, qui accueillit avec un plaisir manifeste ses boules de poil. Ambre prit place sur une chaise auprès du lit, bordant la diseuse de bonne aventure, un peu raide. Grands dieux, elle détestait être là. Vivement le retour de Grâce. Au moins avait-elle réussi à enfermer la Saurell à l’abri des regards.
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Grâce de BraseyBaronne
Grâce de Brasey



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MessageSujet: Re: Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé]   Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé] - Page 2 EmptyJeu 14 Juil 2016 - 1:19
L’endroit était cosy, presque intime, ou plutôt intimiste, un boudoir de femme, ou seule celle qui régnait en maître dans ce petit espace décidait si l’intrusion qui y était faite serait privée ou moins privée. Ici celle qui régissait son espace n’avait guère fait l’erreur de laisser quelque oreille traîner. La jeune femme, brune, une petite vingtaine, un air doux et quelque peu innocent regardait Grâce avec une expression proche du scepticisme.

« Ne me regarde pas comme ça Eugénie… que tu veuille le croire ou non, les fiançailles avec d’Alchas m’accablent, m’occupe l’esprit. Il faut que je les brise. Malheureusement je ne suis qu’une femme et il faut aussi que je me repose de temps à autre, malheureusement pas assez tranquille je peine à fermer l’œil. »

Mademoiselle de Brasey ne s’était guère dirigé vers une lugubre échoppe pour se procurer de quoi mettre la dingue dans de meilleures conditions. S’était-elle seulement contenté de rendre visite à ce qui lui tenait lieux d’amie proche. Beaucoup de femmes de la noblesse si elle n’avait pas quelques poisons, avaient de la médecine pour se calmer, ou quelques astuces pour paraître sereine de disposée en toutes circonstances. Pour sa part, Grâce n’en avait que rarement, il était possible que sa mère ou Dame de Restellis en est eût, cependant, elle ne préférait mêler ces deux harpies (même si l’une était bien moins poire que l'autre) sa petite histoire et si une fiole disparaissait ou se vidait cela aurait trop attiré l’attention et attisé la curiosité mal placée. Alors qu’un crédible mensonge à une personne toute disposée à rendre quelques services, cela était bien plus sûr.

La jeune femme, fit quelques dans son petit nid et sortait un coffret se trouvant sur une étagère un petit contenant plein aux quatre cinquièmes.

« Cela ne te fera pas dormir, seulement somnoler, colmater, toutefois le contenu apaisera ton anxiété et te brouillera assez l’esprit ou t’éviter de trop penser. Avec cela tu devrais t’endormir plus aisément. Néanmoins, permet moi de te mettre en garde, ce que contient cette fiole te fera un peu perdre ton discernement. Un peu comme un abus d’alcool il pourrait te délier la langue. Connais-je au moins trois personnes qui seraient parfaitement curieuses de connaître les petits secrets de Grâce de Brasey. »

Elle lui tendit l’objet dont la Baronne se saisit délicatement.

« Ton inquiétude me touche, très chère, pourtant elle me semble quelque peu déplacée. N’ai-je pas plus de ressources ? »

Rétorqua Grâce un demi-sourire savamment effacé aux lèvres.

Dans la demeure, assez petite, de Saurell, l’ambiance était plutôt calme malgré la fébrilité de là celle qui y habitait. Elle n’avait pas réellement rechigné à se laisser mettre au lit, sentant elle-même sa faiblesse physique. Son mal de tête ne s’était guère atténué, mais au moins n’avait-il pas empiré.

« Vous savez, j’étais parfaitement sérieuse quand je disais que Rikni voulait vous mettre en garde sur vos avenirs possibles. Je … je ne sais pas ce qu’elle veut, je ne sais pas ce qu’elle dirait du fait que je vous le dis. Je vous en supplie, il vous faut impérativement que vous choisissiez le bon chemin, celui qui vous donnera des enfants. »

Saurell regarda la Comtesse avec des yeux presque suppliants. Elle n’avait jamais eu d’enfants, du moins jamais qui n’avait dépassé quelques mois, ou une année, puis son mari était décédé. Elle souffrant autant de la perte de ce dernier que ne pas avoir un petit être, un héritier, un bout de son aimé perdu à materner. Elle ne souhaitait à personne de connaître cette détresse. Elle prit un chat sur les genoux, une espèce de matou un peu miteux, un dominant visiblement qui aimait bien se battre. L’animal se mit à ronronner alors que les doigts de sa maîtresse s’enfonçaient dans son poil parfois épars. La prétendue voyante allait ouvrir la bouche, ajouter quelque chose de nouveau à son plaidoyer, cependant le bruit ténu de quelqu’un qui frappait à la porte l’en empêcha. La blonde regarda Colette et lui fit un signe. La femme de chambre disparut dans un pas traînant.

À la porte Mademoiselle de Brasey attendait, enveloppée dans une cape de tissu un peu léger qui brouillait son identité à qui ne la regarderait pas de si près, elle n’était qu’une Dame qui venait rendre visite à l’attraction par défaut de l’Esplanade. Une vieille, très vieille femme ouvrit, elle regarde la fringante jeunette de bas en haut et de haut en bas puis elle lui adressa un regard morne avant de faire un geste de bras pour l’invité à entrer. Du personnel de qualité assurément…
La domestique guida l’invitée dans les couloirs jusqu’à la maîtresse des lieux. Dans la demeure régnait une affreuse et prenante odeur de chat, sur les bords de tapis on voyait les poils accrochés trahissant tout autant que leurs effluves la présence des animaux de compagnie. Au fur et mesure que les deux femmes approchaient de la chambre principale, cela se faisait plus intenable. Dire que Dame de Ventfroid devait être là-dedans depuis un moment. Grâce songea qu’elle devrait trouver un présent, une attention pour se faire pardonner, en quelque sorte d’avoir infligé cela à son associée de l’instant.

« Dame Surell, pardonnez mon irruption, mais je ne pouvait décemment vous laisser ainsi, sans venir quérir de vos nouvelles, après le fâcheux malaise dont vous avez été victime chez moi. »

Chassant quelques félins la Baronne s’installa le plus naturellement du monde sur le bord du lit, faisant intentionnellement fie à des règles du protocole. Elle voulait se montrer humaine, avenante, proche. Dans sa main se trouvait une petite bouteille pas plus grande que la paume remplie de quelque chose de vaguement visqueux d’un vert tendre.

« Tenez, c’est une infusion qui calme les nerfs, une petite merveille d’efficacité. »

La blonde regarda la jeune femme assise à moins d’un mètre d’elle, puis regarda la fiole, puis regarda à nouveau la brune avant de regarder la rousse d’un air interrogateur, comme une petite fille à qui on présentait un remède, comme si Ambre était sa mère à qui elle demandait si elle devait réellement prendre la mixture dans le contenant.
La demoiselle ne rata pas une miette de ce comportement pour le moins transparent.

« Seriez-vous méfiante Dame Saurel ? »

Questionna-t-elle feignant d’être blessée par un tel manque de foi à son égard. En réalité, elle le comprenait assez, elle s’en amusait même quelque peu.
Grâce soupira avant d’ouvrir la fiole et avaler une petite gorgée. Au travers du verre partiellement opaque aussi bien la dingue de la Comtesse pouvait constater, qu’en effet, le niveau avait baissé. La jeune femme se félicita intérieurement d’avoir pour le moment opté pour la méthode douce, elle pourrait lutter contre un très léger engourdissement, au vu du peu qu’elle avait avalé.

« Aussi puérile que ma jeune sœur… Prenez-le si vous le désirez, maintenant que vous avez vu par vous-même qu’il ne s’agissait nullement d’une mixture nocive. »

La délirante attendit quelques instants, cherchant toute trace d’intoxication, de douleur sur le visage de celle qui lui avait tendu la fiole, mais il n’y avait rien, rien qu’un air égale et quelque peu désabusé. Elle laissa donc glisser une mais hésitante vers le contenant posé peu avant par la Baronne sur la table et de chevet et en boire, un peu, beaucoup, tout le petit contenant. Mademoiselle de Brasey afficha une mine faussement satisfaite et soulagée avec un doux sourire rassurant.

« Vous allez vous sentir mieux dans quelques instants. »

Elle aurait aimé se tourner vers Ambre où lui faire un signe, cependant cela aurait mis trop en évidence le semblant de lien entre les deux femmes, leur complicité dans l’affaire du malaise et dans les questions qu’elles allaient lui poser quand la décoction ferait effet. Ce serait une erreur de débutante, aucune d’elles ne pouvait se le permettre.

Eugénie avait-dit que le produit pourrait lui délier la langue comme l’aurait fait quelque verre de trop. Grâce espérait que cela n’inclurait pas également les délires et fabulation fantasque des ivrognes, au moins ne seraient-elles guère dépaysée par la nature des élocutions de la dingue dans ce cas.
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Ambre de VentfroidFondatrice
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MessageSujet: Re: Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé]   Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé] - Page 2 EmptyJeu 14 Juil 2016 - 23:36
- Ce n’est pas si simple, ma dame. Quand bien même les dieux ont-ils tracé pour moi des destins dont ils entrevoient parfaitement les embranchements, il est dur pour nous de démêler le vrai du faux, et de prendre la pleine mesure de leurs desseins. J’ignore ce qu’il me faut faire pour assurer un avenir à mes enfants.

Cela serait trop facile, s’il suffisait simplement d’abandonner ses griefs contre le Duc pour assurer à sa lignée une vie paisible, non pas ? Qu’est-ce qui lui disait que ses fils et ses filles ne mourraient pas prématurément à cause de la Fange ? Qu’une maladie ne les frapperait pas, ou pire, qu’elle ne mourrait pas en couches ? Les deux voies proposées par la voyante étaient bien trop manichéennes. Rikni, dans son rêve, avait assuré à Ambre que la voie contre le Duc finirait forcément dans le malheur, et qu’il était certain que si elle n’en sortait pas, cela finirait mal. Cependant, elle s’était bien gardée de lui dire quelle autre voie il fallait ainsi choisir, et laquelle lui assurerait un destin différent. Tout n’était donc pas si simple – il n’y avait pas un bon chemin et un mauvais, mais toute une suite de choix possibles, qui pouvaient tous amener à des conséquences dramatiques, ou très heureuses. Ambre agirait selon son cœur et ses convictions, pas pour espérer acheter une sorte d’avenir déjà écrit.

La comtesse était perturbée cependant. Que la Saurell ait évoqué les noms cités dans son rêve, c’était quelque chose qu’elle n’expliquait toujours pas. Elle se sentait terriblement vulnérable, depuis que les mots étaient tombés dans le manoir de Grâce, et elle n’aurait de repos que lorsque cette femme serait morte. Qu’elle ait obtenu ces informations par un réseau savamment organisé, ou qu’elle reçoive réellement tout cela des dieux, elle en savait trop. Il avait été stupide de venir leur en parler, même si sa part de voir Ambre perdre ses enfants l’avait visiblement poussée à se montrer bavarde. Altruisme ou bêtise, la frontière était mince.

Un chat vint se frotter sur le bas de la robe de la comtesse, et cette dernière le poussa du pied discrètement. Elle releva les yeux vers la blonde, assise sous ses couvertures avec trois autres chats blottis contre elle, qu’elle faisait ronronner en les gratouillant tranquillement. A peine la trentaine, et cette veuve menait une vie digne d’une mamie Pierrette. Ambre se demandait à partir de quand elle avait pu sombrer autant dans la mélancolie. La mort de son mari, ou celle de ses enfants ? C’était pour tous ces éléments, à dire vrai, que cette femme n’avait pas encore été traînée au tribunal pour sorcellerie. On la prenait en compassion, on était peiné de l’avoir vue sombrer dans la folie depuis la perte de ses êtres chers. Alors, on l’évitait le plus souvent, elle et ses tendances mystiques.

- Vous me le diriez si quelqu’un était venu vous voir à mon sujet, n’est-ce pas ? L’homme au ruban m’en veut beaucoup, vous savez… Je serais fort aise d’être mise au courant s’il était en train de prévoir quelque chose à mon encontre.

Ambre profitait de l’absence de Grâce, envers qui la blonde n’avait visiblement aucune confiance, pour tenter de tirer des informations. Amadouer, elle savait faire, surtout lorsque son interlocuteur semblait lui porter un dévouement aveugle.
La femme nia, encore. Joscelin lui faisait peur, Joscelin était ignoble – jamais elle n’irait le rencontrer sciemment. Ambre se tut sans insister, et s’occupa en compagnie de Colette d’allumer de l’encens apaisant dans la pièce. L’odeur lui rappela un instant la mort de son père, durant laquelle le prêtre Zelvajra avait enveloppé la pièce d’encens cérémonial. Depuis, cette odeur lui soulevait des nausées, et des mauvais souvenirs. Elle prit soin de se rasseoir rapidement, loin de la source où le produit se consumait.

Par chance, Grâce ne tarda pas à se montrer. Le temps de trajet jusqu’à la demeure discrète de la voyante avait suffi à ce que la baronne s’avance de son côté. Ambre fut soulagée lorsqu’elle la vit traverser le parvis de la porte, et se redressa subrepticement. La dame de Saurell se figea un peu, en constatant la présence de celle qui était « aussi mauvaise que la peste » dans sa chambre.

- Merci d’avoir fait si vite, souffla Ambre, toujours dans son rôle de guérisseuse dévouée. J’espère que le médecin vous aura fourni assez de fioles pour durer quelques jours ? Cela serait du repos bien mérité.

Question anodine, visiblement innocente, mais la comtesse cherchait à s’assurer que tout était prêt pour tenir la blonde au lit pendant une petite semaine. Le produit devrait l’apaiser assez pour qu’elle en ressente les effets salvateurs, mais en même temps la fatiguer, la forçant à prendre plus de repos que nécessaire.

Malgré la reconnaissance affichée d’Ambre pour Grâce, la veuve toisa la fiole en verre avec un peu de scepticisme. Elle portait toujours en elle une peur dirigée contre la baronne. Elle prenait conscience, peut-être, qu’il avait été une erreur de jouer aux voyantes avec cette femme. Malheureusement pour elle, il était trop tard. Avec un étonnement qu’elle contint derrière un visage un peu stoïque, Ambre regarda Grâce avaler une gorgée du contenu de la fiole. Elle espérait que le produit était peu concentré, sans quoi elle risquait de se retrouver avec deux délirantes sur les bras. Ambre regarda Grâce en même temps que la voyante analysait l’expression de la baronne. Elle aussi cherchait des signes, ignorant après tout la réelle nature du produit qu’avait rapporté la noble. Rien de troublant ne vint perturber la quiétude de la pièce, alors, finalement, la comtesse ajouta :

- Ne soyez pas si craintive, ma dame. J’ai fait déplacer la baronne de Brasey expressément pour votre santé, et elle s’est empressée d’accéder à ma demande.

Elle faisait tout pour se faire passer pour la commanditaire de tout, comme si Grâce était à ses ordres dans cette affaire, alors qu’elles étaient de subtiles alliées. Cela lui paraissait être la meilleure approche à aborder face à elle, qui était persuadée – à raison – de la dangerosité de Grâce.
Ambre resta tendue jusqu’à ce que le produit disparaisse entièrement entre les lèvres de la voyante. Lorsque ce fut chose faite, une sombre satisfaction parcourut son corps. Une fois à moitié dans les brumes de son esprit, il serait aisé de lui faire boire d’autres produits régulièrement, entretenant son malaise. La domestique Colette le ferait elle-même sans le savoir, lorsqu’elle servirait à sa supérieure une mixture qui était censée soulager cette dernière. Rares étaient ceux qui s’opposaient aux onguents des guérisseurs.

Petit à petit, la voyante s’apaisa. Elle sombra dans une quiétude relative, la respiration lente. Colette parut soulagée de la voir s’améliorer, et lorsque sa présence ne fut plus requise, elle sortit de la pièce en laissant les nobles entre elles, comme c’était leur volonté. Saurell expliqua par signes qu’elle congédierait les deux femmes en temps et en heure, mais que pour l’instant leur présence était voulue. Colette s’inclina et quitta les lieux.
Le temps que le produit fasse pleinement effet, Ambre avait de nouveau trempé un tissu dans une petite bassine d’eau, et reprit les caresses sur le visage de l’indisposée. Quand l’étoffe passa sur les paupières fermées de la blonde, elle s’autorisa un échange de regard avec Grâce.

Bientôt, plus que de l’apaisement, la dame de Saurell présenta quelques… effets secondaires. Elle se mit à parler, sans que ni la comtesse ni la baronne ne dise mot. Elle parla, et parla encore, comme si on l’avait questionné sur sa vie, car elle évoqua ses enfants, et son mari. Elle évoqua la façon dont ce dernier fredonnait lorsqu’il rentrait le soir, comment il venait l’aider à entretenir ses fleurs dans leur jardin. Elle évoqua le premier mot que prononça son premier enfant, avant de mourir d’une infection qui l’emporta dans une longue agonie. Elle évoqua sa mère, qui prêchait la parole des dieux tous les jours. Pleins de détails aussi vastes qu’hétéroclites furent lancés aux oreilles des deux nobles, et quand le flux de paroles dépassa les dix minutes consécutives, sans aucune interruption, Ambre augmenta la pression du tissu humide contre la joue de la semi-inconsciente.

- Dame de Saurell. Sa voix se fit plus ferme, pour se faire entendre par-dessus le flot de paroles, mais aussi parce qu’elle commençait à être lassée de devoir jouer les bienveillantes. Dame de Saurell, écoutez-moi. Qui vous a parlé du ruban bleu ?

Ambre cita ensuite des noms, pour focaliser l’attention et les pensées de la délirante sur ces personnes. Joscelin de Puylmont. Jade de Mirail. Ambre doutait fortement que sa sœur soit un jour partie quémander les services d’une voyante, et confié sa déception à propos de Joscelin, mais il fallait faire face à toutes les éventualités. Hector de Sombrebois.

- Qui vous a parlé du tableau ? Qui vous a parlé de la nuit entre Grâce et son ancien époux ? De nos passés ?

Qui, qui, qui. Encore une fois, Ambre répéta les noms, en ajouta d’autres.
La dame de Saurell tourna le visage à l’opposé de la main d’Ambre, pour échapper au tissu humide qui la gênait. Un pli apparut entre ses sourcils, elle bougea un peu dans son lit. Elle avait tantôt les yeux fermés, tantôt les pupilles posées sur les deux nobles à son chevet. Elle eut du mal à se focaliser, mais, quand elle réussit enfin, elle répondit :

- Je vous l’ai déjà dit… C’est Rikni. Elle me parlait déjà avant, mais mes visions se font de plus en plus précises et courantes au fil des semaines. Cela s’aggrave depuis la Fange. Je vois… des choses horribles.

Ambre se crispa au-dessus de la malade. Elle prit une grande inspiration, prenant énormément sur elle pour ne pas définitivement s’énerver, et exploser sa couverture face à la voyante. Elle réitéra les questions, encore et encore, poussant la veuve à bout, mais doucement. Elle ne compta pas combien de temps cela dura. Les encens eurent tous le temps de se consumer, en tous les cas. Mais ce fut inutile. Elle répéta inlassablement les mêmes propos, malgré les interventions de la comtesse, et celles de la baronne.
La comtesse termina par se redresser alors que Saurell repartait dans des délires, citant parfois leurs noms, et un magnifique « Grâce langue de serpent » jaillit, totalement gratuit.

- Je crains qu’elle ne soit réellement persuadée des inepties qu’elle nous sert, murmura Ambre, les dents serrées. Même droguée, elle tient le même discours. Cette femme est folle.

Ambre était déçue, et agacée, et lâcha brusquement le tissu mouillé, abandonnant ses attentions. Que dirait-elle à Morion ? « Une femme sait beaucoup de choses sur nous, et je n’ai pas réussi à déterminer d’où. » Elle doutait fortement que toute torture supplémentaire soit utile, et son impuissance la laissait amère.

Tout cela la laissait dans une position délicate. Qu’allaient-elles faire, maintenant ? Si Ambre avait été seule, cela aurait été simple. Elle aurait pris congé poliment, et aurait rejoint son époux rapidement, organisant la suite avec lui. Là, il y avait Grâce. Elle ne pouvait décemment pas se lever, lui dire au revoir, et laisser la situation en l’état. Mais que dire ? Qu’elle avait été heureuse d’essayer avec elle de percer le mystère de cette femme, mais que cela avait été un échec ? Alors, merci et au revoir ? C’était ridicule.

- Je prendrai mes dispositions, ce soir, trancha brusquement Ambre, avec un ton très fermé. Elle venait de prendre une décision. Je parlerai de cette affaire à mon époux tant qu’elle divague encore. Je ne tiens pas à vous lier davantage que nécessaire à nos actions, mais cette femme a des chances de mourir bientôt. Les mots furent assenés sans aucune émotion, un contraste saisissant avec le masque de bienveillance qu’elle avait affiché tant que la Saurell avait toute sa tête. Je crois qu’il serait méprisant de ma part, et une insulte à votre… discernement, de considérer avoir une chance de faire disparaître cette femme sans que, après cette journée, vous ne vous doutiez qu’il y ait un lien. Je ne peux guère laisser cette femme avoir le pouvoir de lancer scandales et calomnies sur ma famille, sur ma sœur.

Elle toisa longuement Grâce, observant les traits de son visage avec une minutie exemplaire, pour détecter toutes ses réactions. C’était risqué, très risqué, de lui balancer tout ça. Mais Grâce était enfoncée dans l’affaire jusqu’au cou, comme elle. Elle avait fourni une drogue, tandis qu’Ambre n’avait objectivement rien fait si ce n’est laisser les choses se faire, pour l’instant. Si Grâce voulait trahir, Ambre avait autant d’éléments ou presque pour la faire tomber.

- Tout sera fait avec une maîtrise parfaite, bien entendu, et personne ne pourra jamais remonter ni à vous, ni à moi. Cependant, cela m’agace de devoir arriver à de telles extrémités. Cela soulèverait questionnement, forcément – la blonde était jeune et il était difficile de faire passer sa mort pour une maladie, à moins de la tenir dans un tel état délirant durant plusieurs semaines. Si vous pensez à un meilleur moyen que la mort pour museler toutes les informations que sa langue habile sort au compte-goutte, je suis toute ouïe.

Même si, à part le silence d’une tombe, Ambre voyait mal un moyen plus efficace. Et elle doutait fortement que Morion soit enclin à laisser son cœur battre une fois qu’il saurait qu’elle avait évoqué le fameux tableau.
Saurell grogna dans le léger sommeil agité dans lequel elle était tombée.
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Grâce de BraseyBaronne
Grâce de Brasey



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MessageSujet: Re: Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé]   Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé] - Page 2 EmptyLun 1 Aoû 2016 - 22:39
La folle n’avait rien dit, rien du tout, rien à part les mêmes élucubrations qu’elles leur avaient servies tout au long de leurs entretiens. Apaiser son esprit ne lui avait délié la langue, ou si cela l’avait fait, elle n’en avait guère été rendu plus lucide. Le produit faisait de plus en plus effet, Grâce elle-même le sentait, elle avait cette désagréable impression d’être moins alerte, comme après une très longue journée. Tout cela pour d’autres que d'agaçantes répétitions sur le fait que Rikni aurait offert ses visions à la prétendue voyante et une charmante allégation tout à fait infondée, du moins du côté de la folle aux chats, avant que cette dernière n’aille rejoindre le royaume des songes.

« Tellement charmante cette Dame Saurel. »

Ironisa la Baronne avec un léger sourire de coin légèrement crispé. Si leur manque de résultats était une éventualité à forte probabilité ce n’était pas pour autant que cela en devenait moins frustrant. À en voir l’attitude et le ton utilisé par Ambre on pouvait deviner qu’elle était également amère de cette récolte infructueuse, peut-être même plus que Grâce après tout c’était elle qui avait répété encore et encore leurs interrogations et leurs questions.

« Voyez-vous Comtesse, c’est à cela que je songeais tout à l’heure en parlant de prendre part aux investigations tous ensemble pour ne pas nous gêner et non seulement d’interroger ensemble une démente. Aussi nécessaire cela a-t-il été. »

Savoir qu’elle n’en démordait pas même sous l’emprise d’un calmant qui embrumait son esprit semblait être un certain indice de la droiture de la prétendue voyante. Par droiture il fallait surtout entendre surtout l’honnêteté de sa démarche, aussi bonne actrice avait-elle pu être, aux prises avec le produit elle aurait forcément laissé filtrer quelque chose, elle aurait prononcé un mot de travers, relever où crée une incohérence, or là, nullement. Si cela était bien un coup monté et ça l’était forcément, il était plus probable qu’elle ait-été instrumentalisée. Celui, ou ceux qui étaient derrière cela s’étaient servis de son esprit faible et trouble.

« Si quelqu’un de suspect est venue la visiter, si elle a visité quelqu’un, il en restera assurément une trace quelque part, même si pour cela il faut déployer des trésors d’ingéniosité pour interroger la vieille bonne sourde et analphabète. Or à chaque petite piste deviendra plus floue une fois suivie. »

Grâce n’était nullement de celles qui laissaient faire attendant patiemment que ce qu’elle désirait leur soi servi sur un plateau d’argent, elle était de celle qui agissait, cherchait les réponses par elle-même. Cela tenait sûrement d'une certaine paranoïa due à l’environnement dans lequel elle avait grandi. N’importe qui pouvait frelater une information. Bien entendu elle ne pouvait tout faire complètement par elle, il y avait des choses que son statut lui interdisait, mais il y avait toujours un moyen de s’assurer la complète bonne foi des personnes.

Puis vint la question du sort de l’endormie. Lorsque la Comtesse parla d’écourter sa vie Mademoiselle de Brasey ne silla pas. Elle aurait pu feindre d’être choquée, offusquée, contrarié par cette éventualité, cependant elle ne n’était nullement. La jeune femme fut un brin surprise, cependant, agréablement surprise de la considération que semblait porter Madame de Ventfroid à ses modestes capacités. Ceci-étant, dans leur situation, avec ce qu’elles avaient entendue et vécu, il aurait été stupide, voir presque candide de ne même pas envisager qu’un décès de Saurel aurait été une pure et fortuite malencontreuse coïncidence.
Jouer l’effarouchée lui avait semblé une insulte au discernement de sa compagne d’intrigue de ce jour.

« Il y aura toujours quelqu’un pour croire une illuminée. Des personnes parfaitement saines d’esprits qui savent que les autres ne se méfient pas des doux dingues qu’ils peuvent se permettre de dire ce qu’ils veulent devant quelqu’un qu’il pense non apte à retenir quelque chose, à en saisir la subtilité. »

Elle était parfaitement bien placée pour le savoir, dans d’autres circonstances cela aurait pu être elle qui avait passé de longues heures à poser des questions d’apparence parfaitement innocente à l’illuminée qui marmonnait aux prises avec son songe. Cela dans le seul espoir de l’entendre lâcher une information sur quelqu’un.

« Je crois que nous n’ayons guère d'alternatives plus sûres, pour ce qui est de prendre un droit sur la vie de Dame Saurel. »

Conclut la jeune femme d’un ton presque trop neutre. D’autres solutions elles en avaient mais toutes comportaient une plus ou moins imposante part de risque.

« Cependant, il serait sage d’attendre, si quelqu’un l’a bien envoyé comme nous semblons toutes les deux le penser, Il reviendra chercher ses informations ou confiera la tâche à un homme de confiance. Le risque est grand, néanmoins avec ce qu’elle a bu, il est assuré qu’elle restera tranquille au moins toute la journée de demain. De plus, si celui qui lui a répété nos secrets est un tantinet prudent, il viendra vite rendre visite à sa chère amie pour qu’elle lui fasse innocemment un rapport sur notre entrevue. De ce fait devrions-nous mettre sous surveillance discrète les deux entées de la demeure? Je pourrais m’en occuper dès mon retour au manoir de Restellis si vous le souhaitez. »

La proposition n’était que cela, une proposition.
En parlant Grâce avait fait le tour de la pièce où sur les meubles coûteux des empilements de babioles étranges s’entrelaçaient. Elle dit également déguerpir quelque chat qui feula en avant de glisser hors de la pièce. Ses yeux passèrent sur tout ce qui semblait vaguement occulte, ou au moins mystique, elle se sentait quelque peu las à cause de la mixture.

« Je comprends parfaitement que vous n’ayez nullement envie que les histoires de votre famille s’ébruite tout comme je n’ai aucunement envie que quelqu’un d’autre et encore moins D’Alchas apprennent les bassesses auxquelles j’ai dû m’astreindre. »

Sur ce qui un jour avait-dû être un bureau, elle avisa une pile de papiers qui avaient un jour été pliés et portait de vestiges de cachet de cire, des missives, lettre et autres mots moins officiels.

« Décidément ce mariage n’aura été qu’une trop longue et désagréable mise à l’épreuve. Que j’aurais préféré me tordre de douleur dans mon lit, empoisonnée par ma propre mère, que de me laisser passer la bague au doigt... d'autant plus pour qu'au final cela ne fasse qu'offusquer les Dieux. »

Laissa-t-elle échappé en se saisissant des documents. Sûrement Grâce n’avait-elle encore réalisé la portée de ce que sa bouche venait de prononcer, en revanche elle en avait parfaitement compris le sens. Si elle ne pouvait se présenter au temple le jour de ces noces, ces dernières n’auraient guère lieu d’être. À défaut de dissuader le père d’Adalman et le sien de forcer cette union au moins cela pourrait-il offrir un peu plus de temps à la Baronne pour trouver une solution plus définitive à son souci.
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MessageSujet: Re: Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé]   Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé] - Page 2 EmptyJeu 4 Aoû 2016 - 12:36
Grâce ne cilla pas. Ne laissa pas même échapper un signe d’étonnement ou de choc face aux paroles de la comtesse. Ambre toisa quelques instants la baronne alors qu’elle confirmait qu’il n’y avait aucune autre alternative : la mort de Saurell. Avait-elle caché sa surprise de façon habile, de façon si experte qu’Ambre n’avait rien pu déceler, ou était-elle réellement indifférente ? Grâce tenait-elle autant qu’elle à ce que les informations détenues par la jeune voyante soient tenues secrètes ? Ambre observa la Brasey, calme. Cette dernière n’était définitivement pas une femme à scrupules… Peut-être serait-il intéressant de se lier plus avant à cette femme, au long terme, plutôt que se contenter d’alliances imprévues dans des situations désagréables. Les deux femmes semblaient se rejoindre sur beaucoup de points lorsqu’il s’agissait d’agir contre des adversaires… Grâce était possiblement un contact de choix pour le côté le plus sombre de la comtesse – celui qui s’était réveillé après la mort d’Armand. Ambre avait cela dit quelques difficultés à montrer cette partie d’elle. A part Morion qui en connaissait la pleine mesure, chez les autres, elle était une femme d’une bonté à toute épreuve. Grâce, cela dit, avait le chic pour tomber sur les situations où la comtesse était forcée de tomber le masque. Le piège contre Joscelin, maintenant ça… Toute sa réputation de fille de bonne famille se morcelait petit à petit à son contact. C’était à double tranchant. Soit cela permettrait d’engager une relation qui couvrirait plus que de simples banalités avec la jeune baronne… soit cela pouvait être dangereux, si sa fidélité n’était point assurée. Un statut quo qu’il faudrait déterminer un jour.

- Bien ; je vois que nous sommes arrivées aux mêmes conclusions, termina-t-elle par lâcher, non sans continuer à observer un peu la baronne, comme si elle la jaugeait avec des yeux neufs. Cette femme a mauvaise réputation à l’Esplanade ; esprit brisé depuis son veuvage… Mais, en effet, il y aura toujours des gens pour accorder crédit à ses délires, surtout lorsqu’ils se montrent si… précis. Ambre fronça légèrement les sourcils, la manière dont la Saurell ait appris tout cela restant un mystère complet. L’idée que Rikni lui soufflait réellement aux oreilles la faisait frissonner. Raison pour laquelle il est impossible de la laisser déblatérer ces choses en toute liberté. Ambre posa le regard sur la Saurell endormie, le teint lisse et neutre. Je n’aime pas être réduite à ces extrémités-là mais… parfois c’est inévitable.

Ambre avait fermé ses émotions depuis qu’elle avait pris la décision de la faire tuer. Son cœur n’avait plus la place de s’attendrir, de se retrouver peiné. Il fallait agir, quoiqu’il advienne. Et pour ça, il fallait rester droit et indifférent, jusqu’à l’exécution de l’objectif.

- Quant au reste, vous avez tout à fait raison. Je ne comptais point la faire éliminer tout de suite, ne vous en faites pas pour cela. Si sa mort survenait alors que cette femme vient à peine de nous rendre visite, cela serait… définitivement louche, et pas en notre faveur. Il faudra attendre une semaine, voire plus. Attendre que votre… notre… surveillance ait apporté quelque chose, ou non. Je plussoie de faire espionner les entrées de sa demeure. Si quelqu’un entre, je veux savoir qui, et quand. De même, si Saurell sort, je veux savoir où elle se rend. Même si notre « remède » devrait la faire tenir tranquille quelques temps.

Ambre aurait aimé s’en occuper tout de suite. Prévenir son mari dès qu’elle quitterait Grâce, organiser cela de concert avec la baronne peut-être, puis que le cas Saurell soit déjà enterré à l’aube. De l’histoire ancienne, qu’ils pourraient vite oublier. Mais ça n’était pas possible. Il fallait faire preuve de discernement, d’intelligence, et surtout pas de précipitation. C’était le meilleur moyen de faire des erreurs.

La comtesse suivait Grâce du regard, qui s’était levée pour faire le tour de la pièce, après avoir fait fuir quelques chats sur son chemin. Elle avisa quelques documents sur le bureau de Saurell ; Ambre posa son regard dessus également, avant de le relever vers la baronne après sa remarque sur son mariage. C’était… ironique, car Ambre avait pu recevoir quelques confidences de la part de son ancien mari, il n’y avait pas si longtemps que cela. Désormais elle se trouvait face au parti opposé. Les dieux avaient un étrange sens de l’humour parfois.
Grâce semblait accorder peu de crédit au mariage. Ou alors était-ce parce qu’elle n’avait vraiment point aimé son mari. Mais la baronne parut, à cet instant, très indépendante. Rechignant à dépendre d’un homme, à s’offrir définitivement. Le contraste entre ça et les propres noces de la comtesse était saisissant. Ambre, de son côté, n’imaginait plus sa vie en tant que Mirail mais bien en tant que Ventfroid. Machinalement, elle croisa les mains contre son ventre.

- Ce qui se passe entre deux époux doit rester entre eux deux, approuva Ambre dans un léger murmure. Cela faisait réponse aux « bassesses » dont parlait Grâce ; la comtesse comprenait tout à fait qu’elle ne veuille pas que cela s’ébruite, ça non plus. Elles avaient toutes les deux des intérêts à faire taire la Saurell, c’était un bon point. Pour le reste… si votre premier mariage n’a point été heureux, je crois que les dieux vous accordent une seconde chance, ma Dame. Qu’ils aient été offusqués ou non… vous êtes toujours là, en bonne santé. Je gage que tous les maux du monde vous seraient tombés dessus, si les dieux avaient été complètement contre cette… annulation. A moins qu’ils ne vous réservent quelques longs et doux malheurs tout au long de votre vie, mais ça… cela serait digne de notre chère voyante de deviner les desseins de nos dieux. Je ne m’y essaierai pas. Ambre fit une légère pause. En tous les cas je sais une chose : s’empoisonner n’est jamais une bonne solution ; cela donne raison à tous ceux qui nous veulent du mal. Imaginez ce cher baron de Puylmont se satisfaire de votre trépas à cause de votre affront ; c’est une vision désagréable n’est-ce pas ?

Ambre afficha un air un peu amusé, mais transparaissait surtout un air sérieux, presque solennel. Le message était clair : il fallait lutter. Même si son premier mariage était un fiasco total. Même si on l’offrait à nouveau en pâture à un homme dont elle ne voulait point. Le mariage était une étape indispensable à la vie d’une femme, on n’y échappait pas. Seul le veuvage permettait cette indépendance si attendue par la baronne, et qui sait, avec la fange, peut-être lui accorderait-on ça très vite.

La comtesse posa doucement les yeux sur les documents que Grâce venait d’agripper.

- Y-a-t-il quelque chose d’intéressant pour nous ? Avec qui est-elle en contact ? Nous ne pouvons décemment emporter les papiers sans soulever des soupçons, mais avec ce qu’elle a bu, je pense que nous avons un peu de temps devant nous pour examiner le tout avant de nous quitter. Après quoi, je rentrerai rejoindre mon époux, baronne. Je le mettrai au fait de cette situation… et j’échangerai très rapidement avec vous par missive. Nous nous reverrons assez vite, je le sens. En attendant, je peux poster l’un de mes espions à une sortie de ce manoir, et peut-être l’un des vôtres pourrait surveiller l’autre. Avec nos deux familles réunies, pas une seule fourmi n’entrera ou ne quittera ce manoir sans que nous le sachions. Ambre se leva doucement pour se rapprocher et aider Grâce à feuilleter les papiers. Cela vous convient-il ?
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MessageSujet: Re: Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé]   Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé] - Page 2 EmptyJeu 4 Aoû 2016 - 23:23
Les yeux de Grâces glissèrent sur les lignes de lettres plus ou moins délayées tracées sur les parchemins, alors qu’elle écoutait d’une oreille attentive ce qu’Ambre lui disait à propos de son ancien mariage, de son annulation, et de la chance que lui accordaient les Dieux avec ses nouvelles fiançailles. Une seconde chance… D’Alchas n’avait pas les atours d’une seconde chance, il avait seulement des airs d’âcre punition. Rien, il ne faudrait rien lui donner pour lui permettre de prendre le dessus. Il l’engloutirait complètement, la broierait sans scrupules s'il avait de quoi, la jeune femme en était persuadée.

Toutefois, elle la demoiselle arbora un léger sourire qui avait quelque chose d’amusé, sans pour autant se défaire d’une certaine gravité.

« Entre eux, une, ou plusieurs, tierces personnes encore non identifiées, une aliénée persuadée de parler à notre déesse et vous. »

Rétorqua-t-elle tout aussi bas que Madame de Ventfroid avait fait sa petite remarque. S’était fort aimable d’essayer de la rassurer, du moins si c'était cela que la Comtesse tentait de faire, cependant il ne fallait nullement oublier leur situation et l’hypothèse la plus probable qui semblait l’expliquer. Grâce savait qu’Hector était sociable, trop sociable, parfois bavard, trop bavard, confiant, parfois trop confiant. Cela ne l’étonnait pas qu’il pût faire quelque confidence inappropriée, même si pour ce qui était d’un sujet aussi sensible elle doutait qu’il soit assez loquace. Somme toute cela ne restait pas impossible.

« Au moins pour ce qui est de vous Madame, ai-je l’assurance que ce serait comme si ce n’était resté qu’entre Sombrebois et moi. »

Les deux jeunes femmes semblaient avoir cela en commun de savoir garder leurs lèvres closes quand il le fallait. De plus avaient-elles toutes les deux des secrets sur l’autre, sans pour autant que Mademoiselle de Brasey se considère comme en position de force ou même égalitaire avec la Ambre. Elle n’était nullement assez sotte pour penser faire le poids face aux Ventfroid si un jour l’envie lui prenait de jouer de ses connaissances. Toutefois l’idée ne lui effleura pas l’esprit, au fond son acolyte d’intrigue lui plaisait. Elle se semblait s’offusquer d’un certain manque de compassion et comprenait parfaitement les tenants et les aboutissements de ce qu’elles faisaient.

L’évocation du Baron au ruban arracha un discret rire à la jeune femme malgré l’air quelque peu sévère de son interlocutrice.

« Je ne ferais donc nullement ce plaisir à notre cher Puylmont. Lui rendre la vie plus douce … Quelle affreuse perspective. »

Il n’y avait pas que des poisons dans ce monde, ils y en avaient qui rendait simplement souffrante, ou d’autres, comme ceux qu’elle avait ingérés et donnés à Saurell ne faisaient que calmer les nerfs, rendant quelque peu amorphe. Grâce ferait ce qu’elle voudrait de toute façon, comme elle l’avait toujours fait et comme elle le ferait toujours n’en déplaise à ce cher Adalman.

Les papiers glissaient entre les mains de la Baronne et entre eux dans un léger bruissement quelquefois couvert par un miaulement félin.

« Malheureusement non, de la correspondance personnelle à propos de son défunt époux, quelques papiers plus fonctionnels, et des notes difficilement lisibles sur quelques rêves, eux aussi semblent toucher son amour perdu. Il y a même quelques missives datées d’avant la fange. Pas d’initiales douteuses, du moins pas à ma connaissance, pas de missives étranges qui sortent de la masse des autres… rien. Toutefois, il serait bon que vous vérifiez, il est possible qu’un nom vous soit familier. »

Proposa-t-elle en tendant la pile de papiers à Ambre. Elle n’avait rien à ajouter sur ce qui était du déroulement des opérations pour les prochains jours, s’accorder avait semblé simple et naturel entre les deux femmes.

« Parfaitement Comtesse. »

Un délicat sourire aux lèvres, la demoiselle finit son tour de la chambre, rien. Il n’y avait rien de plus intéressant que celle-ci pile de vieux parchemins. Cela avait quelque chose de contrariant, cependant tout ne pouvait pas être aisé, sinon la vie aurait moins de sel.
La jeune femme épousseta quelques poils de chat qui s’était incrusté dans le tissu de sa robe puis fit quelques pas vers la porte, non sans un regarde pour la prétendue voyante endormie. Ses prunelles glissèrent de Saurell à Ventfroid.

« Je ferais mettre quelqu’un à la poste de service dès que je serais rentré. »

Elle l’informait simplement de ce qu’elle allait mettre en place.

« Nous forcerons notre Rikni fictive à sortir de l’ombre. »

Affirma grâce avec un air décidé quelque peu narquois, toujours aussi persuadé que la divinité n’avait rien à voir dans cette histoire et que les prémonitions avaient des sources tout ce qu’il y avait de plus humain. Puis la Baronne prit courtoisement congé.
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MessageSujet: Re: Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé]   Ainsi parlait la folle aux chats [Ambre - Terminé] - Page 2 EmptyDim 11 Sep 2016 - 18:46
Ah, ça, Grâce en avait l’assurance, c’était certain. Ambre n’avait aucun intérêt à ébruiter les découvertes de Saurell concernant la baronne de Brasey et son ancien mari. Ça n’était en plus que des détails de pacotille qui ne servaient à rien, si ce n’est tourner en ridicule publiquement la baronne. La comtesse n’avait aucun intérêt à faire courir des éléments sur sa vie sexuelle, ça n’est pas comme si les Brasey faisaient partie de ses cibles actuelles. Cette famille avait toujours conservé une certaine neutralité, comme les Mirail, même si la neutralité des Brasey paraissait disons… moins bienveillante. Il valait mieux les avoir parmi ses alliés que parmi ses ennemis, c’était une conclusion qui était venue naturellement à Ambre. Rares étaient les familles à l’heure actuelle qui maitrisaient la cour de l’Esplanade et tous ses nids de vipères. Beaucoup étaient des réfugiés, des combattants qui n’étaient nobles que pour savoir défendre des terres. Les subtilités des coulisses de Marbrume, il fallait savoir s’en imprégner. Grâce était ce genre d’atout. Même si elle devenait de ce fait aussi un danger, rien que par ce qu’elle avait entendu à propos du tableau. Il faudrait composer avec ce détail aussi, mais pour l’instant, Grâce n’avait pas assez d’informations pour devenir réellement inquiétante – sans compter le fait qu’elle semblait désireuse de s’allier elle aussi, plus que de se faire de la comtesse de Ventfroid une ennemie. Mais, passons. Toutes ces élucubrations, Ambre n’avait pas le temps d’y accorder de l’importance, là, tout de suite.

Il n’y avait rien dans les papiers tenus par Grâce, et Ambre eut beau jeter un œil elle aussi dans les affaires de la voyante endormie, rien ne sortait de l’ordinaire. Des correspondances avec quelques connaissances, des commandes. Aucun échange suspect, ni contact étrange pour une noble de sa caste. L’enquête ne mènerait rien ce jour, il fallait se faire une raison.

- Et nous le ferons bien, renchérit Ambre à la dernière phrase de Grâce. Se proclamer liseuse des desseins de Rikni, ça n’est définitivement pas quelque chose que nous pouvons laisser faire. Je vous souhaite un bon retour baronne, nul doute que nous aurons à nous recontacter très vite.

Avant de prendre congé de la demeure de dame Saurell, Ambre laissa un mot sur la table de chevet, que l’endormie pourrait consulter à son réveil. Le « remède » qu’on lui avait fourni permettrait de continuer à soulager son mal dû à sa chute, mais à prendre en doses raisonnables si elle ne voulait pas se mettre à dormir toute la journée. Elle prendrait des nouvelles également. Et mettrai un espion en surveillance sur sa maison, mais ça, Ambre ne le précisa bien évidemment pas dans la missive.

Lorsque le tout fut fait, Ambre quitta les lieux peu de temps après le départ de Grâce, pour se diriger directement chez elle.


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