Marbrume



Partagez

 

 Les bienfaits du Labret - Acte II

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2, 3, 4  Suivant
Tisseuse
Tisseuse



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyJeu 7 Juil 2016 - 21:57
Le voyage jusqu'au Plateau du Labret s'était déroulé sans difficultés particulières.

Si le voyage avait commencé sous de biens mauvais auspices avec le retrait d'une partie des miliciens, la compagnie avait parfaitement rempli son office en menant Colin à bon port. Silas et Finn avaient ouvert la marche en tant qu’éclaireurs, laissant une demi heure derrière eux du reste de la troupe pour vérifier si la route était libre. Les discussions avaient été bon train : Zelvajra avait longuement palabré sur Serrus et ses bienfaits à qui voulait (ou ne voulait pas) l'entendre. Barral s'était rappelé au bon souvenir de Colin et ils avaient refait tous les deux la bataille du Labret, non sans une pensée émue pour ceux qui étaient tombés sous les coup des Fangeux et La Trinité savait qu'ils étaient nombreux. Le seigneur de Noblecoeur avait survolé les discussions, comme perdu dans ses propres pensées.

La compagnie avait progressé rapidement et couvrirent la distance séparant Marbrume d'Usson en une journée. Lorsqu'ils arrièrent en début de soirée dans le petit village fortifié les villageois les accueillirent avec une joie non dissimulée. Ils avaient déjà chargé les cinq lourdes charrettes attelées de deux chevaux chacune qui prendraient la route le lendemain matin. La compagnie passa la nuit dans la demeure de Colin qui rassembla la compagnie et les cinq miliciens à la veillée, parlant avec le plus grand sérieux.

Messieurs, les choses risquent de se corser demain matin.

Les charrettes vont considérablement nous ralentir : nous devrions mettre deux jours pour rejoindre Marbrume. Cela signifie notamment que nous allons devoir bivouaquer dans les maraicages, ce qui ne sera probablement pas une partie de plaisir. Les Fangeux sont bien sur les principales menaces, mais les Bannis seront peut être de la partie avec toute cette nourriture que nous transportons. Ils nous faudra donc redoubler de vigilance et organiser des tours de garde. Personne n'y coupera et vous aussi devrez prendre votre tour Monseigneur Zelvajra ! Même si vous n'avez pas d'épée, vous avez deux yeux que j'espère bien affûté pour guetter dans l'obscurité.

Nous resterons groupés contrairement à l'aller, nous aurons besoin de toutes les lames si nous venions à faire une mauvaise rencontre. Reposez-vous bien ce soir et mangez à satiété, il vous faudra toutes vos forces pour mener à bien notre mission...


Le rendez-vous fut fixé à l'aube et le fermier laissa les hommes à leurs occupations nocturnes, profitant de sa femme et de son fils avant le grand départ.

La compagnie se regroupa donc au premières lueurs de l'aube, quelques villageois les attendant pour leurs souhaiter bonne chance et leur rappeler qu'ils protégeaient le fruit de leurs durs labeurs. Le Haut Prêtre de Serus dit une bénédiction pour le convoi et le récoltes à venir avant que les charrettes et leurs protecteurs ne se mettent enfin en route. Les rassurantes palissades de bois d'Usson disparurent au bout de quelques minutes de marche et la troupe se retrouva rapidement entouré d'arbres tortueux projetant une ombre inquiétante et de vasières tourbeuses malodorantes. C'était pourtant le même chemin qu'à aller mais il semblait plus hostile, plus sombre...

Le convoi était enfin sur la route du retour.
Revenir en haut Aller en bas
ZelvajraHaut-Prêtre de Serus
Zelvajra



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyLun 11 Juil 2016 - 14:52
Citation a écrit:
Allez les moutons, on répond à la quête. 8D

Fichtre, on lui avait retiré la compagnie de son cher Silas. Ce n'était pas très grave car en l'état, elle ne lui servait pas à grand-chose. En effet, personne ne devait soupçonner un quelconque lien entre les deux hommes et il fallait dire qu'en se contentant de suivre les routes sécurisées, ils atteindraient à priori sans trop de problème le Plateau du Labret. Le Haut-Prêtre de Serus était resté plutôt discret pendant le trajet, se contentant souvent de répondre à une question perdue. Colin pensait à tord qu'il donnerait sa vie pour protéger l'un d'entre eux. C'était hors de question et ce n'était pas parce qu'il ne savait pas se battre. Il espérait, sans trop y croire, que Silas récupère quelques informations sur Finn Gallagher et cette fameuse compagnie des Lames. Quant à Barral Trell, il apparaissait comme un Milicien lambda qui souhaitait juste accomplir son travail pour arrondir une fin de mois. Pour Zelvajra, il y avait une présence bien plus intéressante que ceux-là. Le Baron de Noblecoeur, Hugues. Le Héros du Labret. Il ne s'était pas vraiment attendu à ce qu'un Noble et encore moins Hugues se propose pour assurer la sécurité d'un convoi. Au fond, ce n'était pas illogique, il devait sûrement désirer s'assurer par lui-même que ses sacrifices récents ne furent pas vains. Cet optimiste, cette volonté de s'accrocher rebutait au plus haut point le Haut-Prêtre de Serus mais peu importe, il ferait donc sûrement une cible de choix. Il avait été bien incapable de déterminer qui accompagnerait le convoi avant de s'y rendre lui-même mais Silas avait à priori transmis avec succès ses recommandations. « Ils » sauraient comment agir le moment venu, il ne s'inquiétait pas vraiment. Son frère ne le décevrait pas et il tirait presque la grimace à la seule idée d'y penser.

« Oui, je sais pourquoi je suis là. » dit-il, le sourire aux lèvres. Zelvajra avait grand hâte, l'accomplissement de longs mois de préparation touchait à sa fin. « Je ne manquerais pas d'avertir nos fines lames si je détecte le moindre danger. J'espère que nous reviendrons tous en vie et que Marbrume pourra profiter de cette récolte, c'est plus que jamais nécessaire. »

Intérieurement, il leur souhaitait à tous une mort lente et douloureuse. Sauf Silas, son très cher Silas. Il était pénible de ne pas pouvoir converser « naturellement » avec lui. Il connaissait son rôle et défendrait le convoi, à partir de là, les mots seraient inutiles. Toutefois, dans la nuit, il fut très tenté de rejoindre sa couche pour s'entretenir plus intimement avec lui. Enfin, il ne pouvait pas prendre ce risque, ils risquaient d'être entendus par une oreille indiscrète et tout un tas de rumeurs saugrenues tourneraient alors à leur sujet. Il fallait se reposer pour la merveilleuse journée qui allait suivre, une journée teintée de sang et de larmes.

Le lendemain matin, il se joignit donc à Silas, Finn, Barral, Hugues, Colin et d'autres hommes présents pour assurer la sécurité du convoi. Zelvajra connaissait plutôt bien le Labret pour s'y être rendu plusieurs fois par le passé mais il n'y était pas retourné depuis l'avènement du Fléau. Naturellement, il s'affaira à réaliser ce qu'on attendait de lui. Après tout, il avait prétendu se joindre à cette expédition sur recommandation du Temple de la Sainte Trinité pour adresser ses vœux à ces vivres. Il voulait surtout voir de ses propres yeux l'espoir acquis par cette fébrile humanité. Il en était désormais persuadé, le Labret ne pouvait pas rester debout, il apportait trop de choses à Marbrume. Tôt ou tard, il devrait se pencher sur la question.

« Compagnons, amis, fils... » débuta-t-il. « Voyez comment le Dieu-Cerf peut se montrer généreux. Il a conservé les récoltes que nous pensions perdues et celles que nous obtiendrons dans quelques mois permettront à Marbrume de manger à sa faim. Lorsque les fidèles s'entraident, lorsqu'ils donnent tout pour la réalisation d'une tâche dépendant de l'intérêt commun, de l'intérêt supérieur, rien ne peut alors les arrêter. Nous avons la chance de compter parmi nous l'un des Héros du Labret, si ce n'est son plus grand Héros, le Baron de Noblecoeur. Vous avez affronté l'horreur, vous avez connu le désespoir mais vous n'avez pas plié. Vous êtes un exemple pour les générations à venir et j'ose espérer que nos enfants prendront exemple sur vous et qu'ils seront touchés par votre courage et votre détermination. Serus est Grand, Serus est Bon, Serus sait faire preuve de… Gratitude. Nous devons poursuivre cette noble quête et faire tout ce que nous pouvons pour apporter à Marbrume ce dont elle a besoin. Lorsque nos cœurs doutent, lorsque nos peurs nous atteignent, n'oubliez jamais, ô grand jamais que la Sainte Trinité est là pour nous guider. Les Dieux ne nous abandonneront jamais, cette récolte en est la preuve. » déclara-t-il, tout sourire. Le Haut-Prêtre de Serus semblait pleinement investi dans son discours et croire dur comme fer à ce qu'il était en train de raconter. La tromperie était… délicieuse. « Gloire aux Héros du Labret, Gloire à nos Lames et Gloire à Serus. »

Le mensonge était devenu une véritable aisance chez Zelvajra. Dans le fond, il pensait réellement certaines choses dans son discours. Oui, Serus avait été généreux, oui, Marbrume avait beaucoup de chance et oui, Hugues de Noblecoeur était véritablement le Héros du Labret. C'était juste qu'à titre personnel, tout ceci n'arrangeait pas son plan plus… global. La Voix de la Discorde ne pouvait tolérer ce regain de confiance et il allait falloir prendre quelques décisions très prochainement pour remédier à tout cela. Lui vivant, Marbrume serait poussée dans ces derniers retranchements, la cité franche tomberait avant lui. C'était ne tout cas ce dont il était persuadé, mégalomanie quand tu nous tiens. En tout cas, chacun fut libre de réagir ou non au petit discours du Haut-Prêtre de Serus et ils prirent ensuite le chemin du retour, voire peut-être du non retour… ? Zelvajra se tenait debout dans la masse, au plus près de la troisième caravane.
Revenir en haut Aller en bas
Finn GallagherMercenaire
Finn Gallagher



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyMar 12 Juil 2016 - 21:14
Spoiler:

Le voyage aller s'était passé sans encombre et ils avaient progressé rapidement, si bien qu'avant que le jour ne tomba -et grâce à un départ fort matinal- ils étaient arrivés sains et sauf au Labret où un repos bien mérité les attendaient tous avant qu'ils ne repartent le lendemain. Finn avait eut l'agréable surprise d'y rencontrer celle pour qui battait son cœur, la belle et courageuse Ilhanne, Chasseuse compétente de Traquemont qu'il "fréquentait" depuis peu, mais qu'il aimait autant qu'il l'admirait. Cet heureux hasard dont il remercia les Trois lui permit de passer une fort belle soirée -peut-être même la nuit, mais sa discrétion fut telle que nul ne pouvait le dire- et on le trouva frais et dispo au petit matin, apprêté pour la longue marche au pas des charrettes pleines à craquer qui n'attendaient plus que leurs gardiens. Saluant tout un chacun avec le sourire et un signe de tête en prime, le Mercenaire vint se placer aux côtés de ses camarades de mission avec un visage grave de circonstance, écoutant le long discours du Haut-Prêtre de Serus en acquiesçant légèrement. Une bénédiction n'était jamais de trop, un discours galvanisant non plus même s'il préférait de loin ceux de son Capitaine ou de Strakhov. La présence de Hugues de Noblecoeur était sans conteste un plus pour la motivation au sein du groupe, mais plus que par admiration, ce fut surtout par curiosité qu'une fois le laïus terminé, l'ancien artisan s'approcha du Noble pour le saluer de nouveau, respectueux malgré tout au vu du personnage.

- Baron de Noblecoeur. Je tenais à vous dire que ce sera pour moi une grande fierté, si d'aventure nous devions essuyer une attaque, de combattre à vos côtés. Votre présence, j'en suis sûr, attirera la bienveillance de Serus sur nous. Puisse Rikni guider nos bras.

Comme pratiquement tout le monde à Marbrume, Finn avait forcément entendu parler du Noble et il avait réfléchit sur tout le trajet aller à ce qu'il conviendrait ou non de dire à cet homme d'arme qui avait vu l'horreur d'aussi près et en avait réchappé. Lui-même n'avait guère tué beaucoup de Fangeux jusqu'à présent, mais il comptait bien se rattraper sitôt qu'il en aurait l'occasion. S'éloignant donc après avoir brièvement échangé avec Hugues, le Mercenaire alla prendre sa place au sein du convoi, telle qu'elle lui fut attribuée par le Chef des Fermiers, se tenant prêt pour le départ, la main sur la garde de son épée. Avec un peu de chance, une fois cette mission terminée, il pourrait espérer aller quémander le droit de posséder une épée bâtarde, qui sait. Ah, comme il est beau pour la jeunesse de rêver un peu.
Revenir en haut Aller en bas
Ilhanne BarrowmerMilicienne
Ilhanne Barrowmer



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyMer 13 Juil 2016 - 8:48
« T’es sûre que tu veux faire ça, te porter volontaire pour faire partir de l’escorte du convoi ? J’t’rappel qu’y’a pas si longtemps t’clopinais à peine d’un bout à l’aut’ d’une pièce. »

Questionna septique le jeune homme qui portait les couleurs de Traquemont, alors que j’enfilais ma veste.

« N’importe quoi, s’était y’a plus longtemps que tu t’rappel, t’voix pas les jours passé d’puis qu’t’es ici, c’tout. J’marche et j’cours très bien maintenant. »

Je sautais pas comme un cabri et je détalais pas comme un lapin sur des lieux, mais au moins je pouvais marcher des longues distances sans avoir plus mal que n’importe qui, ce qui était tout ce qu’on me demandait là tout de suite. Bien sûre que je pouvais courir aussi…

La nuit commençait doucement à la coucher sur Usson quand le convoi en provenance de Marbrume était arrivé. Pour faire le trajet en une seule journée, ils avaient sûrement dû partir alors que le jour se levait à peine et forcer le pas. Moi, j’étais arrivé là, il y a à peu, pas vraiment volontaire, mais pas vraiment obligé d’y être, je m’étais surtout pas senti de refuser sortant d’une période de convalescence ou je m’étais sentie comme un poids. Presque deux semaines où j’avais rejoint le Labret, j’y avais retrouvé une tête plus ou moins connue, du moins pas personnellement, le Chevalier de Nouet. Ça faisait déjà un moment depuis l’expédition dans la mine.

Par curiosité, ou possiblement pour avoir l’impression de jauger ceux que j’allais accompagner demain, m’étant simplement, je m’étais faufilée jusqu’à la petite place, lieux d’arriver des charrettes vides. Je n’avais d’ailleurs pas été la seule à me demander qui pouvaient bien être ceux qui allaient escorter le fruit du labeur de ceux exporté au labret. Une petite foule éparse s’était plus ou moins massée, les gens passaient, voyaient et repartaient à leurs occupations.

Au milieu de toutes les silhouettes, quelques unes qui avaient une allure plus ou moins familière, j’avais reconnu la stature et le cache-œil de Barral. Merde, pourvu qu’il ait appris à marcher à et à reconnaître une réelle épée d’une épée d’entraînement depuis l’expédition de cartographie… En parlant de cette dernière, celui qui m’avait questionné que Valériane était là aussi. Bonne ou mauvaise nouvelle ? On verrait bien. Une dernière personne avait piqué au vif on attention et ma curiosité, Finn était là. Ça n'aurait pas vraiment dû m’étonner, après tout c'était un mercenaire et ce genre de travail, était typiquement une tâche qui demandait ce genre d’hommes.

Il était certain pour les autres que j’avais disparu une soirée, peut-être une nuit, mais dans tous les cas j’étais présente aux premières lueurs de l’aube aux lieux de rendez-vous pour partir.

Trop tendue pour vraiment écoutez le discours de ce qui semblait être un prêtre, au vu de sa tenue, j’avais passé le temps de sa prière un peu à l’écart, à faire une dernière vérification que je n’avais rien oublié que ça allait. J’eus une pensée pour ma sœur qui m’aurait sûrement mis une taloche derrière la tête pour ne pas avoir écouté, mais je savais que le trajet allait être long, très long et qu’on allait être une parfaite cible pour tout dans ces foutus marais il n’y avait pas de quoi avoir l’esprit serein. Ça me faisait avoir du mal à tenir en place, ce qui déjà habituellement n’était pas une mince affaire, mais au moins la nature agitée de mon comportement habituel cachait plutôt bien l’anxiété du départ.

Du coin de l’œil, j’avais vu Finn parler à un homme d’une petite trentaine, une masse blonde entourant son visage. C’était lui le Baron de Noblecoeur . Tout le monde avait dû en entendre parler, du moins tous ceux qui s’étaient intéressé au Labret, ce qui devait faire une très, très large partie de la population. Avoir un héros du Labret avec nous s’était bon pour l’image et un peu pour la morale. Pour ma part, je m’étais faite discrète comme d’habitude. tant que de Nouet n'était pas là, de toute façon, je n'étais qu'une bonne âme qui aidait à mettre en place. Mais il était en retard. Il avait peut-être changé d'avis, ou avait reçu d'autres ordres, si tant était qu'il en recevait. Pesant brièvement le pour et le contre de les escorter quand même, je n'avais pas réellement eut à réfléchir, si je m'étais portée volontaire pour avec quelqu'un du fort, il n'y avait pas de raison pour que soit moins volontaire à présent.
J'avais été finalement voir celui qui dirigerait le convoi, un peu au dernier moment, il fallait bien le dire, lui proposant de joindre mes forces au leur, contre rien de particulier. Je ne courrais pas après une rémunération.

Puis il avait été temps de quitter l’abri relativement rassurant des palissades d’Usson. Les marais et tout ce qu’ils contenaient n’attendait que nous.


Dernière édition par Ilhanne Barrowmer le Sam 16 Juil 2016 - 17:26, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
SilasMilicien
Silas



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyMer 13 Juil 2016 - 12:55
Spoiler:

Silas n'avait jamais été d'une nature très bavarde. Du moins pas depuis les tristes événements qu'il avait eu à subir il y a de ça quelques années. Ainsi, l'entourage plus ou moins proche qu'il lui restait avait vu le jeune homme de nature enjoué et sympathique se métamorphoser en créature morose et silencieuse. Un changement brutal, qui avait fait disparaître le jeune homme derrière un masque de glace et de violence contenue. La violence, c'était tout ce qu'il lui restait..

Mais aujourd'hui, pendant la longue marche reliant Marbrume et le Labret, Silas aurait aimé parler. Mais pas à n'importe qui bien entendu.. Qu'aurait-il pu dire au Baron de Noblecoeur, héros du Labret ? Ces deux hommes n'avait rien en commun si ce n'est le sang sur la lame de leurs épées.
Alors peut-être au mercenaire ? Il aurait pu leur être aisé de trouver un sujet d'entente, surtout en voyant la mine perpétuellement joyeuse de l'homme de la compagnie des Lames. Mais à vrai dire, c'était justement ça qui l'avait rebuté. Il ne se sentait pas de supporter un bavardage volubile et sans but. Quand à Barral Trell, si son camarade milicien lui était relativement sympathique -notons ici que sympathique était synonyme d'aucune envie de meurtre immédiat à son égard- il n'avait rien de particulier à partager, le voyant suffisamment souvent à la Caserne.

Bien entendu, Silas avait envie de parler à son Guide, sa voix. Celui avec qui sa langue se déliait tout naturellement, avec qui il pouvait partager toutes ses craintes, et les Trois savent qu'elles étaient nombreuses.. Mais pour sa plus grande déception, la discrétion était de mise et il ne pouvait donc s'adresser à Zelvajra. Un milicien discutant pendant des heures avec un Prêtre, cela était suffisamment surprenent pour attirer l'attention. Et de toute manière, ils étaient entourés d'oreilles indiscrètes, ils ne pouvaient donc pas se permettre de parler de ce qui les importait vraiment.

Il prit donc son mal en patience, ruminant dans son coin comme à son habitude, le regard suffisamment sombre pour désamorcer toute tentative de conversation.
Ses pensées dérivèrent vers ce qu'on pouvait appeler ses amis. Où étaient-ils à l'heure actuelle ? Leur préparation avançait-elle comme prévue ? Quel dommage de devoir les revoir dans de telles circonstances, obligé de donner le change pour les autres.. Oh, comme Silas languissait le moment où il pourrait les rejoindre.. Mais malgré son nouvel alignement, il conservait son sens du devoir acquis grace à la Milice. Il ne déserterait donc pas son rôle, jouant son personnage à la quasi-perfection.

La journée, et la nuit se passèrent donc dans le silence pour Silas, malgré quelques discrets hochements de tête échangés entre Zelvajra et lui, légère et discrète marque du lien qui les unissait et qui ne faiblissait pas.. Cette solitude lui servit à se promener sur le Labret sans attirer l'attention, enregistrant tous les détails pouvant un jour se montrait utile. Qui sait ?

Le lendemain, fidèle à son poste, il se retrouva au milieu des hommes d'armes l'accompagnant, écoutant le discours religieux de son camarade. Si seulement les autres savaient.. Cela aurait presque pu le faire rire tant la situation était ironique.
Ce n'est que maintenant qu'il remarqua la présence de la Barrowmer junior. Ce qui lui laissa un goût amer dans la bouche. Il n'aimerait pas être celui qui annoncerait la probable mauvaise nouvelle à Valériane.
Car oui, mauvaise nouvelle il y aurait sûrement. Et pas que pour elle, il osait espérer. Silas raffermit sa poigne sur la poignée de son épée. Il était fébrile, il avait hâte. Quel fabuleux carnage se serait !
Revenir en haut Aller en bas
Geoffroy de NouetChevalier
Geoffroy de Nouet



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyMer 13 Juil 2016 - 17:49
Le soleil se levait sur les palissades d'Usson, ce petit village de fermiers situé entre Marbrume et le Labret. Bien que faiblement fortifié, il n'en restait pas moins une étape de choix pour les voyageurs se rendant du plateau à la cité – et il y en avait eu, entre l'opération de reconquête, les chariots de nourriture, et les renforts dépêchés depuis Marbrume.

Geoffroy y avait trouvé refuge le temps d'une nuit, croisant ainsi le chemin de la caravane de charrettes et de son escorte. Comme eux, il revenait du Labret où il s'était battu depuis le début de la reconquête, héros méconnu parmi tant d'autres.
Pourtant, sa mine grave n'avait rien à avoir avec le fait d'être parmi les oubliés des récits et de l'Histoire. Non, il se fichait bien des honneurs et de cette pseudo gloire dont tous ceux qui n'avait pas daigné participer ne manqueraient pas d'affubler les "héros du Labret". Eux n'avaient pas vu ce qu'ils avaient vu, ni fait ce qu'ils avaient été ammenés à faire. Ces gens là pourraient bien parler d'une victoire héroïque sur la Fange, aucune parole ne saurait effacer ce à quoi le jeune homme avait assisté sur le plateau.

Outre les sinistres pensées qu'il ruminait, son visage accusait la fatigue accumulée ces derniers jours et que cette nuit de repos n'avait pas suffit à effacer. Il quitta l'auberge du village et récupéra son cheval, avant de se diriger vers la porte de bois gardée par un paysan armée d'une fourche. Le prenant probablement pour un retardataire de l'escorte, ce dernier l'informa que le convoi était déjà parti depuis un moment. Haussant les sourcils pour toute réponse, le chevalier donna des talons pour faire accélérer sa monture. Quitte à traverser les marécages et sachant le manque d'hospitalité de leurs habitants, autant le faire à plusieurs. Ces gens ne cracheraient probablement pas sur une épée supplémentaire.

Les formes des chariots et les silhouettes de leur escorte ne tardèrent pas à se découper dans le lointain. Quelques instants plus tard, il les avait rattrapés.
Ignorant les regards méfiants qui se portaient sur sa personne, il demanda à voir le chef du convoi, auquel il proposa gracieusement de joindre sa lame aux leurs. Bien évidemment, il ne s'attendait pas à recevoir une quelconque rémunération et refuserait catégoriquement si d'aventure on lui en proposait une. Les vœux qu'il avait prêté des années plus tôt sonnaient faux depuis le Labret et ce qu'il avait dû faire au nom de la réussite de l'opération et de la protection de Marbrume, mais il conservait un minimum de fierté et d'estime de soi. Il était chevalier, que diable, pas mercenaire.
Revenir en haut Aller en bas
Hugues de NoblecoeurBaron
Hugues de Noblecoeur



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyMer 13 Juil 2016 - 18:25
 « CRÔÔÔÔAAAA ! »

Hugues se réveilla en sursaut, trempé de sueur et le palpitant cognant contre sa poitrine. Il avait encore une fois rêvé des grandes flammes décrivant un cerf géant qu'il avait vu ce jour là. Il se revoyait, totalement nu et minuscule sous le regard implacable de l'apparition, alors qu'autour de lui ses compagnons mourraient un à un, tantôt dévorés à la gorge, tantôt éventrés par de longues griffes acérées. Et comme à chaque fois, lui était le seul à survivre ou presque, il était le témoin impuissant du carnage, le rescapé maudit de la tempête, le miraculé damné.

 « Crôôôôaaaa ! Serus ! Serus ! Crôôôôaaaa ! »

Ce maudit corbeau le suivait depuis son départ de la cité, gardant ses distances avec le lion pour ne pas finir dans sa gueule tout en restant assez proche pour le narguer. Le noble n'avait jamais aimé ces bestioles charognardes et annonciatrices de mauvaises nouvelles, des compagnons de sorcières et, selon certaines croyances, les envoyés de la Mort elle-même. Celui-ci avait dû appartenir à un troupe de saltimbanques pour avoir été ainsi dressé à reconnaître et mémoriser des mots.

 « Je ne suis pas encore mort, saleté, alors va ennuyer quelqu'un d'autre. »

Il se leva péniblement, encore secoué par son cauchemar récurent, et par le réveil plutôt désagréable que lui avait offert l'oiseau de malheur. L'aube n'était plus très loin même si la Lune faisait encore briller les marais d'une lueur inquiétante. Deux jours d'enfer les attendaient, les charrettes allaient faire un boucan à réveiller le Diable et cette nourriture serait cause de nombreux soucis même une fois arrivée à Marbrume. En ces temps de disette, qui ne serait pas tenté ?

 « Crôôôôaaaa ! Blé ! Blé !  Crôôôôaaaa !»

Hugues décida de l'ignorer et s'habilla pour la journée, son plastron de plates recouvert de son nouveau tabard conçu par dame de Beauval, son épée à son flanc et son bouclier portant ses armoiries dans le dos. Il était encore amaigri par les trois mois qu'il avait passé reclus dans son manoir, ne pouvant manger ni dormir, l'esprit accaparé par ce grand cerf nimbé de flammes qui était la cause de toutes ses peurs. Trois longs mois passés à craindre sa propre ombre, à ne voir presque personne et encore moins le Soleil, à cogiter et à se morfondre. Mais c'en était fini à présent, une vigueur nouvelle lui durcissait la poigne et lui embrasait les yeux, il était à nouveau prêt à combattre pour les ruines du royaume.

Il sortit finalement de sa chambre aux premières lueurs, rejoignant la masse grandissante de badauds autour du convoi fin prêt à partir. Là, le haut-prêtre qui les avait accompagné récita sa bénédiction, qui sonna creux pour le lion qui n'aimait pas du tout être couvert de gloire et adulé par les foules. Ce qu'il faisait, il le faisait pour les gens et le royaume, pas pour un quelconque honneur à gagner. Il tenta gauchement de dissimuler son embarras avec une drôle de grimace lui déformant la barbe et en levant simplement le bras en signe de salut. Quelques mois plus tôt, peut-être aurait-il sorti un discours sur les héros du quotidien, sur le prix de la survie et compagnie, mais aujourd'hui il n'en avait plus la force. Certes il continuerait de se battre avec autant d'ardeur qu'avant, mais la diversion lui coûta bien plus cher que trois mois de dépression, et cette blessure à l'âme ne se faisait plus discrète que noyée sous le vin.

 « Crôôôôaaaa ! Cerf ! Lion ! Serpent ! Crôôôôaaaa ! »

Sale bête. Ce qui agaçait le plus le baron c'est que cet oiseau semblait parfaitement comprendre ce qui était en train de se passer, il visait toujours juste en mettant un mot d'une précision mortelle sur la situation actuelle. Mais dans ce cas, qui était le serpent ?
Il sortir de ses rêveries quand le mercenaire prenant part à l'opération vint lui parler. L'homme avait tout d'un gars honnête qui gagne sa croûte par les armes faute d'avoir des talents d'ébéniste, et là où certains nobles et chevaliers auraient pu regarder l'individu avec dédain du fait de son statut d'épée-louée, le lion afficha un sourire. Il avait été lui aussi mercenaire, dans une autre vie, et savait donc que ce métier n’entachait nullement l'honneur d'une personne.

 « Votre présence est tout aussi importante que la mienne l'ami. Le royaume a besoin d'homme valeureux et volontaires, et aujourd'hui ces deux qualités seules peuvent faire de vous un héros. Je ne suis pas plus exceptionnel que le pauvre bougre qui a accepté de conduire l'un des chariots. »

L'humilité était sincère et véritable, Hugues n'était pas le genre d'homme qui se dépréciait pour qu'il puisse ensuite être couvert d'éloges. La dépréciation ne servait qu'à donner confiance aux autres, à essayer de leur faire comprendre que tous pouvaient aider l'humanité à s'en sortir pour peu qu'ils arrivent à trouver le courage d'agir.

Toujours est-il que le convoi quitta le village, et que le lion se posta, à pieds, près de l'un des transports, la main sur le pommeau de son épée et le regard scrutant les marais non sans une certaine appréhension.

 « Crôôôôaaaa ! Morts ! Morts ! Morts ! Crôôôôaaaa ! »
Revenir en haut Aller en bas
Barral TrellMilicien
Barral Trell



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyJeu 14 Juil 2016 - 14:03
La palissade d'Usson se profila au bout chemin après une longue journée de marche sans incident. Rien n'avait perturbé leur progression. Pas la moindre petite anicroche. Un simple coup de chance ou ce n'était que le calme avant la tempête ? Il y avait de quoi se posait la question . Sur le trajet quand il en avait eu l'occasion il avait fait un brin de causette avec Colin se remémorant l'arrivée des travailleurs sur le Labret et la grande bataille qui avait eu lieu.

-C'est pourquoi j'ai décidé de rejoindre la milice, pour affronter la Fange plutôt que de la subir.

Ce fléau qui l'avait arraché à sa mer chérie, il comptait bien lui faire payer cela et faire en sorte que tout redevienne comme avant. Mais cela il le savait ce n'était qu'une illusion, rien ne serait comme avant, pour lui comme pour le reste de la population, rien ne serait jamais plus pareil si tant ait que l'on parvienne à anéantir la Fange. Trop de choses avaient changé, des choix avaient été fait...C'est d'une oreille distraite qu'il écouta les élucubrations du haut-prêtre, répondant poliment si on s'adressait à lui sans pour autant détourner son attention de la route ou gardant le silence.
"Belle demeure" pensa-t-il alors qu'il se dirigeait vers le domicile du fermier. Enfin tout était relatif. La maison offrait un certain confort comparé aux autres maisons de Cusson puisqu'elle était celle de Colin et Barral comptait bien profité de cette nuit de répits avant la suivante qui elle ne s'annonçait pas de tout repos. Le chef d'expédition réunit tous son monde pour leur expliquer la suite des réjouissances.


« Ils nous faudra donc redoubler de vigilance et organiser des tours de garde. »

Ça c'était dans ses cordes. Prendre un tour de veille sur le bateau lors de longues sorties en mer, le fait de savoir que la vie de ses camarades dépendait de sa vigilance et de sa capacité à réagir, c'était ainsi qu'il avait fini par acquérir pleinement sa place au sein de l'équipage car il n'avait jamais pris ce rôle à la légère et jamais il ne s'était laissé gagner par le sommeil. Dans les marécages ça serait certes un peu différent mais il ne serait pas totalement pris au dépourvu.

« Reposez-vous bien ce soir et mangez à satiété, il vous faudra toutes vos forces pour mener à bien notre mission »

Barral y comptait bien. Même si se remplir la panse était très tentant, vu l'abondance sur la table il y avait matière à faire, il opta pour un repas léger mais avec des mets de qualité savourant chaque bouchée. Une fois la causerie de Colin terminée, il prit congé de ses collègues pour la nuit.

Lever au chant du coq, enfin là en l’occurrence c'était au croassement d'un corbeau - ce qui lui rappela son camarade du même nom, Barral prit une petite collation avant de rejoindre les charrettes et ses compagnons. Là il repéra une silhouette, la rouquine de la mission de cartographie. Il sentit ses poils se hérisser, pourvu qu'elle se taise, il la salua d'un signe de la tête cependant. Il gardait en effet un souvenir amer de sa première vraie mission dans les marais depuis il se traînait une ribambelle de surnoms. Heureusement que ces rumeurs n'étaient pas arrivées aux oreilles du représentant des fermiers. Il ne l'aurait surement pas engagé...

Les cinq charrettes étaient là, chargées à raz, et attelées, mais visiblement personnes ne s'étaient portés volontaire pour les conduire et c'étaient donc les cinq miliciens qui feraient office de cocher. Machinalement il observa les nœuds effectués pour arrimer la cargaison, ça serait dommage d'en semer une partie faute de nœuds suffisamment serrés, il les éprouva un peu cela semblait tenir.

Juste avant que le convoi ne s'ébranle, le Haut-prêtre bénit les denrées salvatrices accordées par Serus. Barral eut encore quelques minutes après leur départ ce refrain en tête : "Serus est Grand, Serus est Bon " alors qu'il marchait le long du convoi à la place que Colin lui avait attribuée.

Les palissades protectrices disparues, bien malin serait celui qui pourrait dire de quoi leur avenir était fait : leur sort était à présent entre les mains des Trois. Barral essaya de faire en sorte de s'accoutumer le plus rapidement possible aux cliquetis que faisaient le convoi afin de discerner celui qui, différent, signalerait un danger.

Revenir en haut Aller en bas
Tisseuse
Tisseuse



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyDim 17 Juil 2016 - 0:15
Colin avait eut la surprise de trouver une aide qu'il n'attendait pas.

Tout d'abord une certaine Ilhanne Barrowmer s'était présentée à lui peu avant le départ d'Usson. Chasseuse de son état, elle se proposait d'accompagner le convoi sans aucune forme de rémunération. Colin hésitait un peu à l'idée qu'une femme protège la caravane mais le besoin de soutien et le fait que les miliciens étaient finalement moins nombreux plaidaient en sa faveur.

Citation :
Test de charisme
Charisme d'Ilhanne : 8
Malus pour le sexe faible : -1 (Colin est un poil misogyne je sais XD)
Bonus pour le besoin de soutien : +1
Résultat des dés : 7
C'est juste, mais ça passe !

Je ne vous cache pas que le trajet jusque Marbrume sera difficile et semé d’embûches, mais nous sommes moins nombreux que prévus alors j'accepte votre proposition. Mais je vous préviens, je ne puis en rien assurer votre sécurité et j'attends de vous que vous assuriez celle du convoi sans faillir !

Le fermier marqua une courte pause.

Bienvenue dans la compagnie Ilhanne ! Je me nomme Colin Sineaux et c'est moi qui suis en charge de mener à bon port notre convoi. Je ne vous présente pas le reste de notre compagnie, vous aurez tout le loisir de faire connaissance avec vos compagnons de voyage sur la route.

Postez vous près du troisième chariot, vous ferez équipe avec le milicien Silas ! Bonne chance à vous et que la Trinité vous garde !


Ils avaient quitté depuis quelques minutes Usson lorsqu’un homme en armure demanda à lui parler. Il se présentât en tant que chevalier Geoffroy de Nouet et proposa gracieusement sa lame pour protéger le convoi. Un autre allié et noble qui plus est proposant de s’associer à son entreprise ? La journée avait son lot de rebondissements et de surprises...

Citation :
Test de charisme
Charisme Geoffroy : 8
Bonus pour la noblesse : +1
Résultat des dés : 3
Réussit

Merci pour votre aide Monseigneur, nous l'acceptons avec plaisir !

Si il n'avait pas pris le temps de faire correctement les présentations pour Ilhanne, Colin choisit de prendre quelques instants pour le faire avec Geoffroy. C'était un noble et même au milieu des marais, il devait faire son possible pour respecter l'étiquette. Il désigna rapidement chacun les différents membres qui s'étaient approchés.

Je vous présente les membres notre compagnie : le seigneur Hugues de Noblecoeur, Zelvajra, Haut-Prêtre de Serus, Silas et Barral Trell, miliciens de leur état, Finn Gallagher le mercenaire de notre fine équipe et Ilhanne Barrowmer, chasseuse et unique dame de notre compagnie. Pour ma part je suis Colin Sineaux, représentant des fermiers du Labret chargé de la lourde tâche de mener ce convoi jusque Marbrume.

Le fermier se tourna alors vers le seigneur de Nouet.

Je vous prie d'excuser mes manières un peu abruptes, mais nous allons devoir nous remettre en chemin. La route sera longue jusque Marburme et plus vite nous serons arrivés, plus vite nous serons à l'abri ainsi que le fruit du travail d'une saison ! Postez vous près du dernier chariot s'il vous plaît Monseigneur et n’hésitez pas à engager la conversation avec le Baron de Noblecoeur !

Colin remit donc en route le convoi qui poursuivait sa route au travers des marais. Les charrettes se suivaient en file indiennes, éloignées de quelques mètres les unes des autres mais suffisamment proche pour que l'on puisse se parler de l'une à l'autre.

Les charrettes avec les chevaux faisaient 3m50 de long sur 1m50 de large, faisant s'étirer la petite troupe sur une bonne trentaine de mètres. Les miliciens cheminaient à pied au collet des animaux, les guidant sur la route sinueuse. Les membres de la compagnie cheminaient eux aussi à pied à proximité des charrettes, protégeant les positions attribuées par Colin. Les charrettes étaient essentiellement faites en bois mais avaient été renforcées par des ferronneries afin d'améliorer leur solidité. De plus un arc et une vingtaine de flèches avaient étés placées au niveau des essieux des chariots afin que ses protecteurs puissent les utiliser en cas de besoin. Il y avait également un peu de matériaux de réparations si une roue ou un essieu venaient à se briser.

Le chef de l'expédition avait lui même organisé la protection du convoi : la tête était menée par Colin et Zelvajra, le second chariot protégé sur le flanc gauche par Barral, le troisième sur le flanc droit par Silas et le flanc gauche par Ilhanne, le quatrième sur le flanc gauche par Finn et enfin le dernier chariot était protégé sur chaque flanc par Hugues et Geoffroy. Les miliciens avaient ordre de guider les bêtes, mais si il y avait du grabuge ils pourraient tirer les freins de l'attelage pour immobiliser le convoi et prêter main forte à la compagnie.

Restait à espérer qu'ils n'en aient pas besoin...


Spoiler:


Dernière édition par Tisseuse le Lun 18 Juil 2016 - 11:46, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Opale la CriardeBannie
Opale la Criarde



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyDim 17 Juil 2016 - 16:07
L’été arrivait bientôt, et cela se ressentait. La chaleur se faisait de plus en plus présente, et il fallait parfois s’enfoncer loin dans les marais pour récupérer un peu de fraîcheur. Peu appréciaient s’aventurer si loin cependant, même pour de l’ombre. Je n’y faisais pas exception. Les fangeux étaient devenus plus zélés, comme plus frustrés que les puissants rayons solaires de l’été, en journée, ne les refoulent derrière les arbres humides des marécages. Le soir venu, quand l’astre déclinait dans le ciel, ils devenaient hargneux, pire encore qu’en hiver, et affamés. Même moi, qui n’avais rien à envier à des soldats niveau courage et témérité, j’évitais d’attarder trop mes parties de chasse, alors que j’avais moins de scrupules quelques mois plus tôt. C’était agaçant, car les animaux, eux aussi, cherchaient la fraicheur. Ils s’enfonçaient derrière les buissons, plongeaient dans les étendues immobiles et froides des marais, luttant contre le soleil de juin, me poussant souvent à abandonner ma traque lorsqu’ils pénétraient des zones qui étaient à coup sûr infestées de créatures mortelles. Ainsi la saison battait son plein, les oiseaux chantaient… mais mon groupe traversait une passe dans laquelle nous n’avions jamais eu autant faim. Les racines et les plantes leur permettaient de subsister sans trop de carences, mais la viande manquait terriblement. Longtemps qu’ils n’avaient pas eu un daim, ou un sanglier. Les lapins et les écureuils commençaient à me dégoûter, même mélangés aux herbes douces de Gaby, et c’était grave. Quand quelqu’un qui crevait la dalle comme moi venait même à rechigner pour manger quelque chose d’essentiel à sa survie, c’est qu’il fallait expressément réagir.

Alors, nous avions réagi. Gaby, Hub, Pissenlit et moi-même nous étions beaucoup rapprochés du Labret, depuis qu’il avait été investi par les autorités de la cité. Plusieurs nuits, quand les paysans étaient retranchés dans leurs maisons, que les miliciens faisaient des rondes autour des palissades, nous sortions, au risque d’attirer des bêtes. Parfois nous réussissions à voler quelques sacs de grain, quelques pièces de viande. Parfois rien du tout. Parfois notre quête était avortée par les gargouillements gutturaux des fangeux qui, comme nous, cherchaient une faiblesse dans les palissades de bois pour s’introduire dans les champs. Et ils y arrivaient plus souvent que nous. Une fois, nous avions été sur le point de dérober une chèvre laitière, mais une créature nous avait surpris. Une seule d’entre elle a suffi à nous mettre en déroute, nous, quatre bannis expérimentés qui avaient survécu depuis des mois dans cette nature de merde. Nous étions rentrés sales, dégoutés, et moi particulièrement frustrée. Je m’étais déjà imaginée pouvoir cuisiner pleins de nouvelles choses avec le lait de cette chèvre, et en rentrant au camp, j’avais déjà cassé une ou deux poteries avant que Gaby ne me calme. J’étais pas quelqu’un qui se plaignait de la dureté de la vie. Je m’adaptais, j’avais toujours été comme ça. La vie était dure, la vie c’était de la merde, et je faisais avec. Mais là, bordel, là… Je commençais vraiment, vraiment à saturer. Gaby était devenue plus maigre que moi, ce qui témoignait de la gravité de la situation, vu à quel point mes os saillaient sous la peau. Je la soupçonnais de réduire ses parts pour servir des denrées plus conséquentes aux autres. Cette fille était beaucoup trop altruiste pour son propre bien. Je me demandais encore souvent comment elle pouvait être encore en vie. En tous les cas, à cause de ma maigreur, je ne savais même pas comment les autres réussissaient encore à trouver quelque chose d’attirant en moi, durant les nuits où nous oubliions le monde extérieur. Peut-être ne trouvaient-ils rien d’attirant, en fait. Peut-être étaient-ils seulement animés, comme moi, du désir d’oublier la vie, de s’abandonner dans un plaisir aveugle.

Aller régulièrement voler au Labret, en pleine nuit, était fortement risqué cependant. Nous nous y étions essayé que quelques fois, et les risques encourus avaient terminé par être beaucoup trop importants en comparaison des bénéfices. La nuit, il fallait se percher dans nos arbres et dormir. Se balader était trop mortel. Cependant, le souci restait le même. Nous avions faim. Et il fallait faire quelque chose, putain de merde. Alors, plutôt que voler le plateau directement, nous nous sommes mis à surveiller les routes jusqu’à la cité. Les convois, débordant de victuailles, ne devaient pas trop tarder. Peut-être aurions-nous la chance de détourner une caravane entière, pleine de grains, de fruits… voire qui sait, voler un bovin, ou un cochon ? Quel pied ça serait !
Ce fut ainsi, qu’un jour, lorsque nous eûmes vent d’un ravitaillement de Marbrume depuis le Labret, nous ne perdîmes pas de temps. Gaby resterait au camp – elle avait tiré la courte-paille –, Hub, Pissenlit et moi partirions à l’assaut.

Le matin de l’embuscade, nous choisîmes bien notre lieu. Il s’agissait d’un chemin de terre, entouré d’un bosquet. La terre était meuble, sèche, bien loin encore de la lisière des marais. Le terrain était donc parfaitement praticable, et itinéraire logique pour une caravane, qui roulerait bien. Les arbres autour du chemin permettraient cependant à des assaillants comme mon groupe de se créer une cachette très acceptable. En tant que bannis, nous avions su obtenir l’information que le convoi passerait aujourd’hui, mais c’était tout. Nous n’avions pas d’informateurs ni aucun espion, donc nous ne savions pas, concrètement, combien de charrette il y aurait, ni combien d’hommes seraient affectés à la défense. Nous étions à moitié aveugles, alors, se poser derrière la cachette rassurante des arbres était une stratégie classique, mais efficace.

Grâce à la hache de Hub, nous couchâmes un arbre sur le chemin. Un arbre assez gros, épais, qui forcerait le convoi à s’arrêter pour prendre le temps de déblayer. Et un homme seul ne pourrait pas le faire rouler comme ça, vu la lourdeur avec laquelle il tomba, et le bruit mat qui retentit lorsqu’il s’échoua sur le chemin.
Une fois l’obstacle couché sur la route, nous primes donc nos places, cachés dans les arbres. Moi, arc déjà bandé, flèche déjà prête à partir, je m’installai derrière un arbre et des buissons feuillus. Pissenlit était sur la même rive que Hub, à vingt mètres l’un de l’autre, mais dans le bosquet opposé au mien. Pour prendre le convoi à revers, lorsque les défenseurs tourneraient les visages vers le bosquet d’où je tirerais mes flèches, dans une diversion habile et mortelle.

Je ne comptai pas combien de temps nous patientâmes. Le soleil se faisait haut dans le ciel, et grâce aux dieux, l’ombre des arbres nous permettait de tenir la chaleur de ce mois de juin. La nature était calme, les oiseaux piaillaient doucement. Parfois une brindille se brisait, et je tournais brusquement la tête, pour ne voir passer qu’un écureuil ou un autre rongeur. Enfin, des bruits au loin, des cliquetis, des roulements, furent témoin de l’arrivée lente mais progressive de la charrette.
J’écarquillai doucement les yeux. Il n’y avait pas une mais cinq charrettes. Mes prunelles sautèrent d’homme en homme, et j’en comptai treize. Treize défenseurs. Bordel. Sur le coup, j’hésitai sur la stratégie à prendre, qui était susceptible de changer avec cette nouvelle information.
Le convoi s’arrêta, notant l’arbre couché en plein milieu du chemin. C’était gros, il n’y avait pas eu de tempête la nuit précédente qui justifierait qu’un arbre soit tombé. Ils déduiraient très rapidement les causes d’une telle coïncidence. Alors, à peine les roues des charrettes s’arrêtèrent que je tirai ma flèche pour viser l’essieu d’une roue dans la dernière charrette. Un tir précis, destiné à bloquer le mécanisme, et empêcher la charrette définitivement de rouler si le convoi reprenait sa route. Ainsi, si les défenseurs réussissaient à fuir pour leur vie, faisant courir les chevaux, ils seraient au moins obligés de laisser une charrette pleine en arrière, à moins de prendre le risque de rester la dé-verrouiller.

Je n’attendis pas de voir si ma flèche fit mouche, que j’en décochais une autre. Un homme à la barbe foisonnante et rousse se trouvait de mon côté. Calant mon arc contre mon visage alors que les premiers défenseurs du convoi commençaient à comprendre à cause de ma première flèche tirée, je lâchai la seconde, droit sur la gorge de l’homme.


Citation :
Voilà pour l’ouverture, en espérant qu’elle convient à tout le monde :)

Opale est venue avec ses deux PNJs, décrit dans sa fiche.
Hub est un gros costaux, qui se battra avec sa hache s’il est amené à se battre au corps-à-corps. Pour l’instant, caché dans le bosquet, il jette des couteaux de jet, et tente d’atteindre Finn de la charrette 4, juste de son côté. Pissenlit, lui, au corps-à-corps se battra à la dague. Pour l’instant, couteaux de jet, comme Hub, et il tire sur le milicien de la charrette 2. Ils ont la carrière du banni briscard. Je laisse au Mj toute liberté pour déterminer leur rang bien évidemment, et je le laisse les contrôler à sa guise au court du rp si besoin !

Opale de son côté, a donc tenté un Tir précis contre l’essieu de la charrette 5, et elle enchaîne contre un Tir précis à la gorge contre Hugues de Noblecoeur.

Bon jeu à tous ! o/
Revenir en haut Aller en bas
InvitéInvité
avatar



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyDim 17 Juil 2016 - 18:49
Le beau temps. Un régal. Des oiseaux, ces foutus emmerdeurs, qui gazouillent à longueur de journée, font péter les plombs, et, quand ils ne sont pas occupés à transformer tes oreilles en chou fleur, n’hésitent pas à te chier dessus. C’étaient, à mon humble avis, la pire engeance de la création. Ils rendaient parfois service. Sur un coup de peur, ils s’envolent frénétiquement, battant leurs maudites ailes ridiculement petites, signifiant au passage la proximité d’un prédateur, ou d’un humain. Et dans les deux cas, mieux vaut se méfier.

Je n’arrêtais pas de penser aux oiseaux, en me rendant vers un lieu qui n’avait rien de particulier en fait, vu que c’était une route. Pourquoi, par les trois, les oiseaux n’avaient-ils pas de bras ? Cela devait être sacrément chiant non ? Obligés de manger avec leur bec, pas possible de s’essuyer les fesses. Et ils pouvaient tripoter personne. Dure vie que la leur, me disais-je en suivant ma route. Du coup, ils hurlaient, gazouillaient et hululaient juste parce qu’ils étaient jaloux ? Vendu, théorie acceptable.

Arsène, Merric et… Bordel. L’autre. Le débile. Nous étions tous quatre en route, de notre côté. Mais pas les seuls. Turian aussi avait chopé des gus, et les traînait à sa suite. Diviser les forces, c’était un bon plan. Déjà parce que l’attention des autres fragiles serait séparée en plusieurs points, ça éviterait une contre offensive groupée. Et ensuite parce que si jamais l’un des groupes se faisait démolir, l’autre pourrait se tirer fissa la queue entre les jambes, en pleurant maman et surtout, en sauvant sa foutue peau. Henri ! Voilà son nom à l’autre crétin. Henri. Mes aïeux, pauvre gars.

On avait pas les chiffres exacts, concernant le groupe qui mènerait et escorterait le convoi de nourriture jusqu’à Marbrume - que cette foutue ville flambe sérieux - mais on était sûrs, Silas avait été relativement clair là dessus, que la garde serait corsée. Pas étonnant remarque. Les trouillards qui vivaient en ville avaient peur de perdre un quignon de pain. Alors des charrettes pleines..A se demander pourquoi ils n’avaient pas réquisitionné tout un bataillon, en fait. Ç’aurait été digne de leur couardise.

«Deux secondes les gars. Faut que je pisse un coup.

- Mais Seth on a pas le temps de… commença Henri, qui pour le coup aurait mieux fait de la fermer.

- Toi, tu t’appelles Henri, déjà. Ensuite j’ai plus de facilités à me souvenir du nom des oiseaux qui me brisent les esgourdes, que du tien. Et pour finir, si ça t’emmerde que je m’arrête deux secondes pour me vider, rampe et ouvre la bouche, comme ça on s’arrêtera pas.»

Un silence gênant s’installa. Enfin, c’était sans compter sur ces putains d’oiseaux qui continuaient à gazouiller. Je les déteste, bordel. Et on peut même pas les manger. Enfin, si on peut, mais grosso merdo, si jamais on mange une seule de ses bestioles, on a cent fois plus faim derrière. Alors non merci.

Bref.. ma vessie soulagée, on avait repris la marche. On se tenait environ à une dizaine de mètres de l’orée du bois. Façon de parler, en tout cas, une route terreuse passait vaguement par là, mais derrière elle, il y avait encore des arbres. Bien utiles, mais eux non plus, je pouvais plus les voir. Ils se ressemblent tous, et s’ils étaient pas utiles quand les fangeux nous tombaient sur le râble, j’aurais probablement déjà commencé à les abattre un par un. De là où on était, même si notre vue était bouchée, à de nombreux endroits, il était aisé d’entendre le bruit d’une procession. Je m’étais d’ailleurs rendu compte d’une chose. Depuis que l’armée et la milice urbaine avaient fusionné, et surtout depuis l’arrivée des trucs, on embauchait un nombre assez impressionnant de crétins, de fous, d’handicapés, de femmes. DE FEMMES. Je grattai distraitement ma belle cicatrice réservée aux bannis, plaquée sur mon bras. Si j’avais pas été banni… Des femmes dans la milice. Même plus la peine d’aller les chercher au bordel ou dans les champs. Je devais bien avouer que ça me laissait un peu rêveur. Mais pas longtemps. Nous avions une mission, et nous comptions bien la…


--- ### ---


Seth s’arrêta. Brutalement d’ailleurs. Il semblait sortie de ses drôles de rêveries, distraites et nonchalantes, et par dessus tout, avait arrêter de fredonner, en parodiant le cri des oiseaux. Même si par peur, par crainte de se faire arracher un membre, un oeil, ou peu importe,ses acolytes n’avaient pipé mot durant le trajet, ils n’en pensaient pas moins. Père de la Douleur ou non, évoluer avec lui était dangereux. Mais justement. On ne l’appelait pas ainsi pour rien.

Ce qui fit réagir Seth, ce fut le tronc d’arbre, couché en travers de la route. Pour ne point rater leur cible, ils s’étaient rapprochés du tracé terreux, et avaient fini par apercevoir l’arbre. Ce qui n’était pas prévu. Les prunelles d’azur du chef de meute parcoururent les sous bois, et il fit signe, en toute discrétion, d’avancer, en faisant le moins de bruit possible. Il était parti peu avant Turian, et avait suivi un tracé plus direct. A moins qu’il n’ait couru ? Non, se dit Seth, ils avaient passé du temps à peaufiner leur plan, il n’allait pas tout ruiner sur un coup de tête.

Arsène était un archer. L’archer le moins typé de la création. Il possédait un embonpoint que la famine avait du mal à entamer, des joues bizarrement creuses, mais une carrure colossale. Sauf qu’il était horriblement maladroit. C’est d’ailleurs sa maladresse qui lui avait valu le bannissement. Banni pour avoir chassé, même si elle avait été autorisée, mais en taillant tellement dans le vif pour abattre sa cible qu’il en avait abattu trois camarades chassant avec lui. Notons que ce genre d’accident peut arriver, mais il est beaucoup moins fréquent que cela arrive entre miliciens. Néanmoins, il avait une précision somme toute chirurgicale, du moment que sa cible était LOIN.

Merric. Un type malingre, fin comme un roseau, des cheveux roux filasse aux nuances de boue et de vase, pour qui l’hygiène était ce que possédaient les femmes vierges. Lui-même étant puceau, il ne les collectionnait donc pas. Il possédait une pique - comprendre par là une solide branche de bois, avec une lame d’épée brisée fixée au bout - et seule son agilité lui avait permis de rester en vie jusque là. Et sa façon un peu bizarre de bouger. Seth n’avait jamais vu de macaque, mais il aurait trouvé la comparaison pertinente.

Quand à Henri, c’était un bretteur. Ou en tout cas, il était du genre à se battre au corps à corps avec ce qu’il trouvait. Un peu comme Seth à dire vrai, mis à part que ce dernier affectionnait la hache par dessus tout.

Le quatuor s’était donc arrêté non loin de l’arbre, et selon les instructions sèches et précises de leur meneur, s’étaient dispersés. Arsène suivait Seth, pendant qu’Henri et Merric restaient en retrait, prêts à bondir. Ces deux là, Seth leur avait expressément ordonné d’attendre l’intervention de Turian. Selon leur angle d’attaque, ils forceraient les autres à porter leur attention sur une multitude de points différents.

C’était assez curieux de voir comme en en quelques minutes, secondes même, l’attitude du banni avait changé. D’un naturel provoquant, insultant, distrait, nonchalant, il avait viré de bord presque instantanément pour revenir à ce qu’il affectionnait tout particulièrement : son rôle de commandant et de soldat. Quinze ans de métier ne s’oubliaient pas facilement. Il avait bien maigri, ces derniers mois, et de trapu, avait fondu pour rendre un corps noueux, sec, entretenu physiquement.

Malheureusement pour son plan d’action, il capota à moitié dès que le convoi s’arrêta devant l’arbre. Il se doutait bien que ça n’était pas Turian, mais n’aurait pas pensé que d’autres bannis soient au courant du voyage, alors qu’eux tenaient leurs informations de l’intérieur, pour le coup. Et rares étaient les miliciens qui accordaient le moindre crédit aux bannis. Il se mordit la lèvre une seconde, et indiqua à Arsène de le suivre. Le sifflement de quelques flèches était parfaitement audible. Et instantanément, des ordres retentirent afin de protéger le convoi, et de contre attaquer. C’était gênant, mais peut-être que cela faciliterait plus encore l’intervention de Turian. Il laissa un bref soupir lui échapper, et fonça dans les fourrés en direction des tirs. Il était difficile de discerner quoi que ce soit, mais il finit par repérer sa… cible ? Un cure-dent qui tirait des allumettes, c’était ça, sa cible ?

«’Sèn, vise les cannassons. S’ils décident de faire demi-tour à cause des débiles qui se sont pointés on va l’avoir dans le cul. Bute les, blesse-les, je m’en fous. Vide toutes tes munitions dessus. On verra après pour les soldats.»

Arsène obtempéra d’un hochement de tête frénétique, et se mit en position de tir. Seth quant à lui, progressait voûté au maximum à travers les fourrés. Le plus discrètement possible. Il resserra la prise de sa hache, quand il pouvait presque sentir l’odeur corporelle de sa cible - un vrai cure-dents vous dis-je - et se releva une fois derrière elle, appuyant le tranchant contre sa nuque.

«Vous êtes combien ? lança-t-il d’une voix doucereuse. Non laisse tomber, je m’en fous. Aidez-nous plutôt à défoncer les chevaux, on a plusieurs groupes qui vont s’attaquer aux gardes. On partagera le butin ensuite si vous voulez. Mais là, va falloir se serrer les coudes ma p’tite. Vendu ?»

Spoiler:

Revenir en haut Aller en bas
TurianBanni
Turian



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyDim 17 Juil 2016 - 23:14
- Bon sang, il fallait vraiment que ça nous tombe dessus …
- Arrête, c'est pas si terrible, finalement. On doit juste le suivre et écouter ses ordres.
- Justement. Ce type est beaucoup trop perché pour qu'on lui obéisse. On va tout droit à notre mort, Guiral !
- J't'ai connu moins froussard, Raph'. Il est pas comme au clan, là. Il a même l'air sérieux.
- Il a mis une couronne et porte au moins dix colliers de pierres précieuses, dont la plupart sont restés bloqués au niveau de son front.

Guiral émit un léger rire nasal. Il lutta pour ne pas partir en fou rire. Il avait raison, Raph'. C'était pour le moins étrange. Mais depuis le temps, ils commençaient tous plus ou moins à le connaître, Turian. Tout le monde au camp savait qu'il avait parfois des délires surprenants. Raphaël ne lui avait jamais fais confiance, et il c'était toujours dit qu'il n'avait pas sa place à la tête de la Discorde. Enfin, c'était pas non plus comme s'il avait son mot à dire.

Turian marchait dix mètres devant eux, la posture exagérément digne et altière. Depuis qu'ils avaient ramené un beau trésor au marée, il se prenait pour un roi. Il lui arrivait même de se balader avec un sceptre.
Fort heureusement, pour cette attaque, il restait fidèle à son gros marteau et son poignard dentelé.

- J'ai un mauvais pressentiment.
- Ferme ta gueule Raph'.

Turian avait subitement arrêté sa marche pour leur jeter un regard, sûrement le premier depuis qu'ils s'étaient mis en route. Un large sourire égaya son visage, sans raison.
Les deux hommes le rejoignirent prestement, au cas où il aurait un truc à dire. Mais non, il reprit gentiment la route.
Ce petit arrêt inutile eut le mérite d'arracher un nouveau rire à Guiral. Contrairement à son acolyte, lui l'appréciait bien, le Turian, et le trouvait incroyablement intéressant et divertissant.

Ils restèrent tout trois silencieux jusqu'à leur lieu de destination. Turian lâchait de temps en temps des petits bruits de bouche, claquement de langue et légers sifflements distraits, peu inquiet. On aurait pu croire qu'il faisait une simple balade. Les fangeux, tout ça, ça semblaient passer au-dessus de sa tête.

Raphaël était plus inquiet. Enfin, qui pouvait l'en blâmer ? Il n'était pas banni depuis si longtemps que ça, et c'était la première fois qu'il attaquait un convoi. C'est Turian lui-même qui l'avait réclamé. Ce dernier avait grandement apprécié les compétences de Raph' en lancé de couteaux, et semblait s'être subitement pris d'affection pour lui.
À peine la vingtaine, pas très grand et relativement fin, il avait un visage beaucoup trop sérieux, des expressions toujours anxieuses et inquiètes. Ses cheveux bruns partaient dans tous les sens, et ses yeux, noisettes, semblaient toujours toiser avec mépris.
Il avait été banni peu de temps avant, à peine quelques semaines après son ami et presque père Guiral, qui lui avait bien la quarantaine passé. Le quadragénaire avait perpétué un double-meurtre au Temple alors qu'il était sous l'emprise de certaines herbes peu recommandables. Le verdict, une fois attrapé, avait été sans appel, et il avait fini dehors. Lui, savait plus ou moins manier … ce qui lui tombait sous la main. Un tabouret faisait généralement l'affaire, mais il aimait bien utiliser des pierres ou des bûches. Pour l'occasion, il avait une belle masse. Il était costaud et grand, Iguald, et avait de longs cheveux châtains qu'il gardait toujours noué en queue de cheval. Banni, il avait laissé derrière lui une épouse et trois enfants d'une dizaine d'années. C'était dur, mais c'était la vie.
Quant à Raph', orphelin sans repère, il s'était attaché à la seule personne qui lui donnait un peu d'attention, et n'avait pas accepté qu'il se fasse dégager de Marbrume. Alors, à son tour, il avait mal agit. Oh, il n'était pas un assassin. Son idée avait été de créer un mouvement de panique en plein cœur du marché en sortant ses lames pour menacer le premier qui croisait sa route, et de se laisser attraper sans trop se débattre. De toute manière, au-dehors ou dedans Marbrume, c'était pour lui la même chose.

Sans un mot, les trois énergumènes s'accroupirent derrière un buisson particulièrement touffu. Ils arrivaient apparemment pile au bon moment. Le convoi n'était pas loin.
Turian chercha rapidement des yeux Seth, de l'autre côté, sans pour autant fouiller la végétation des yeux. Le plan était clair. Chacun se préoccupait de sa partie, peu importait le déroulement de l'attaque.

- Eh, pourquoi y'a un tronc, là ? S'enquit Raph'.
- J'sais pas.

Cela le perturba quelque peu.
La première charrette était proche. Turian se moquait de la raison de cet arbre couché. Cela, au contraire, facilitait son affaire. Il mit une tape sur l'épaule de Guiral histoire de bien attirer son attention, alors qu'il était déjà là et bien concentré.

- Tenez-vous prêt. On y va dans … trois … deux … un …

Et quand ils se redressèrent pour foncer, une flèche perça l'air de l'autre côté. Il y eut un instant de flottement.

- Bordel Seth devait attendre sur nous, non ?
- On y va, rien à foutre !

Et ils se ruèrent hors de leur cachette de fortune, toute arme dehors.
Guiral, de son côté, se rua sur la première charrette pour attaquer les deux chevaux de sa masse, frappant au centre de leur crâne pour les abattre le plus vite possible.
Raphaël envoya l'une de ses précieuses lames dans la direction d'Ilhanne, avant de bondir à la manière d'un félin à l'arrière du véhicule et tenter d'achever, ou du moins grandement blesser la jeune femme. Son regard glissa furtivement du côté de Silas. Il avait eu des ordres, Raph', et reconnu d'un coup d'oeil l'homme qu'il ne devait pas tuer.
À son tour, Turian bondit, avec beaucoup moins de grâce et d'agilité que son camarade. Lui se chargea de la première charrette, et se concentra sur une cible précise. Zel. Il l'attrapa brutalement par le col de son vêtement avant d'envoyer son front contre son crâne dans un charmant coup de boule et de le repousser violemment en arrière. Il porta ensuite son attention sur Colin, et brandit son marteau en l'air, désireux d'en finir rapidement.

Les deux hommes qui accompagnaient Seth rejoignirent la bataille. Henri se focalisa sur le premier milicien qui lui tombait sous la main, tandis que Merric courut à l'arrière du convoi où il tenta une attaque sur Geoffrey.


Dernière édition par Turian le Mer 20 Juil 2016 - 11:15, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Finn GallagherMercenaire
Finn Gallagher



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptyMer 20 Juil 2016 - 9:50
La route empruntée par le convoi était des plus praticables, ce qui n'était pas pour déplaire à Finn. Celui-ci était de la campagne et il avait connu les charrettes embourbées dont les roues se prenaient dans une terre boueuse ou bien se coinçaient dans un nid de poule vicieusement dissimulé à leur vue. C'était alors tout un art que de dégager le véhicule, d'autant plus lorsque celui-ci était lourdement chargé comme c'était le cas en ce jour. Le soleil était heureusement de leur côté et les Trois leur avait ainsi envoyé de magnifiques rayons qui tiendraient à distance d'éventuels Fangeux, pourvu qu'ils ne s'aventurent pas sous le couvert des arbres par un chemin dérobé. L'air était frais, mais agréable, les chevaux étaient calmes et marchaient d'un bon pas tout en tirant leur attelage et le Mercenaire songea que c'était presque trop beau pour être vrai. Ne se plaignant cependant pas, il avait adressé une prière silencieuse à la Trinité, demandant à Anür de les bénir, à Serus de veiller sur Ilhanne qu'il apercevait devant lui près du chariot précédant celui qu'il gardait, et à Rikni de guider leur bras si d'aventure il devait arriver quelque chose.

Le Milicien qui se trouvait devant à guider leur propre chariot semblait trop concentré pour que Finn puisse espérer engager la conversation et il était hors de question pour lui de déconcentrer qui que ce soit ne pouvant demeurer près de lui sans risque. Ainsi vit-on le jeune Mercenaire parfaitement silencieux et concentré, à observer avec attention la route, les cahots éventuels et les arbres alentours, bien que ce soit davantage vers l'avant que se porta son regard, ses yeux appréciant à intervalles réguliers la vision d'une certaine Chasseuse à quelques mètres de là. Deux jours de marche semblaient être bien longs, d'autant plus si l'on considérait les risques éventuels et l'homme d'armes se surprit à songer que le Duc aurait pu envoyer plus de Miliciens pour assurer un tel ravitaillement. Ce fut alors qu'un peu plus en amont, ses yeux clairs aperçurent immédiatement une forme couchée en travers de la route, un arbre qui, sitôt qu'ils s'arrêtèrent, ne fit aucun doute quant au fait qu'il avait été fraichement abattu. Pour en avoir vu plus d'un, il fronça les sourcils en songeant qu'aucun bûcheron digne de ce nom n'abandonnerait ainsi son travail et ne l'aurait pas non plus accompli de la sorte.

- C'est une embuscade ! Tous à cou... !

Commença-t-il à crier, avant que le bruit caractéristique d'une flèche se fichant dans le bois ne résonne, plusieurs mètres en arrière, le faisant pivoter sur ses jambes en même temps qu'il dégainait son épée courte. Hélas, ainsi présenta-t-il son profil à la menace qui fondit vers lui, fendant l'air dans un bruit ténu, pour ne pas dire silencieux. La seule protection qu'il possédait était une armure de cuir agrémentée de légères plaques de métal et, si jusqu'à présent cela lui avait toujours suffit, au moins au sein de la Cité, Finn était sur le point de découvrir que hors des murs de Marbrume, c'était loin d'être suffisant pour faire face à une attaque... de Bannis.
Revenir en haut Aller en bas
Barral TrellMilicien
Barral Trell



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptySam 23 Juil 2016 - 0:32
Le convoi quitta la sécurité toute relative des protections de Cusson. Barral avait pris place conformément aux instructions de Colin aux côtés de la seconde charrette sur son flanc gauche. Curieusement il n'était pas surpris de cette affection, c'était d'une logique même, étant donné qu'il était censé ne rien y voir de son oeil droit. Le soleil était de la partie et c'était agréable de sentir la chaleur qu'il diffusait sur sa peau. Un temps parfait pour une longue sortie en mer songea-t-il, un brin nostalgique de sa vie d'avant. Un jour, dans ses rêves les plus fous, il serait capitaine de son propre bateau. Un jour peut-être s'il survivait, si la Fange était anéantie...

Lorsque le galop d'un cheval était parvenue à ses oreilles, ami ou ennemi il fallait s'attendre à tout , sa main s'était portée à son arme. Réflexe qui ne lui aurait pas traversé l'esprit quelques mois plut tôt. Il avait bien changé depuis ses débuts en tant que milicien - il lui a fallu un temps d'adaptation assez long certes - mais à force d'entêtement et d'entrainement il avait fini par trouver ses repères et surtout ne plus être le boulet. Le cavalier se révéla être un certain Geoffroy de Nouet qui fut accueilli à bras ouvert par Colin et aussitôt accepté dans le convoi. Qui refuserait une lame de plus ? Barral remarqua tout de même que l'homme semblait être assez fatigué comme s'il ne s'était pas reposé depuis un long moment.

Et le lent cortège reprit son chemin vers la cité après cette halte imprévue. Barral était attentif, son oeil se posait rapidement tantôt sur un buisson, tantôt loin au delà de la route. Il ne focalisait pas son regard sur un point précis ainsi il serait à même de repérer un mouvement dans la broussaille. Il prenait son rôle avec sérieux sentant dans son dos le regard perçant d'Ilhanne qui ne manquerait pas de le trucider si d'aventure il venait à s'attaler au beau milieu du chemin comme lors d'une certaine mission. Quand son regard se posa sur un objet qui n'aurait pas du se trouver là. Pas après la nuit calme qui venait de s'écouler. C'était un travail d'homme. Un énorme tronc se tenait au bout milieu de la route bloquant leur progression. Ça puait à plein nez. Au même instant Barral entendit Finn crier que c'était une embuscade.

Instinctivement il s'accroupit, non pas pour laisser passer l'orage, mais pour réduire la surface qu'il offrait à l'adversaire. Combien étaient-ils ? Cela restait à déterminer. L'assaut semblait venir de tous les côtés. Rester calme, réfléchir et agir. On leur tirait dessus, il leur fallait moyen de se protéger. Ça marcherait peut-être.


- Henry, dévie la charrette un peu sur la gauche.

La manœuvre ainsi faite devrait permettre de raccourcir la longueur du convoi et si le milicien de la charrette suivante effectuait la même manœuvre de son côté ils auraient ainsi entre les parois des deux charrettes un petit espace où se protéger.
Colin !
Regardant vers l'avant Barral vit que la situation n'était pas très bonne. Il distingua deux voir trois bannis face à un fermier, un prêtre et un milicien. Colin était le représentant des fermiers, celui qui paierait à leur arrivée à Marbrume, mais c'était aussi le chef de l'expédition. Et bien que peut intéresser par les gains négociés la veille, il se devait de tenter quelque chose pour lui venir en aide. Car un navire sans capitaine est un navire qui va droit dans les récifs. Mais il était beaucoup trop loin pour y arriver à temps, il ne vit alors qu'une solution. Attrapant un caillou de bonne taille dans sa main, Barral le lança de toutes ses forces vers Turian. Avec un peu de chance il parviendrait à détourner son attention du fermier.

Revenir en haut Aller en bas
Geoffroy de NouetChevalier
Geoffroy de Nouet



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II EmptySam 23 Juil 2016 - 15:06
Le paysage morne et sans vie des marécages défilait tristement sous les yeux de Geoffroy alors que le convoi se traînait avec une lenteur rare le long du chemin. Il en venait presque à regretter de n'avoir pas fait bande à part et traversé les marais de son côté. Peut-être serait-il déjà arrivé à l'heure actuelle et, pour être honnête, il n'aurait pas craché sur une nuit de repos. Une vraie nuit, dans un vrai lit, avant de reprendre la direction de Traquemont.

Mais il ne l'avait pas fait, et le regretter maintenant n'avait aucun intérêt, d'autant plus que sa présence ici répondait à une certaine logique. En tant que chevalier, on aurait même pu considérer qu'il s'agissait là de son devoir. Prêter sa lame à une noble cause, aider Colin et ses petits camarades à traverser un milieu pas franchement amical, assurer l'approvisionnement des bonnes gens de Mabrume... En voilà de bonnes raisons de prêter main forte, pas vrai ? Aurait-il vraiment pu passer outre cette réalité et laisser ces gens se débrouiller seuls ?

À bien y réfléchir, oui. Il aurait pu, complètement, s'il n'y avait eu autre chose. En fait, l'idée même que ces denrées pour lesquelles tant d'innocents avaient donné leur vie puissent ne jamais passer les murailles de Marbrume lui était insupportable.

À cela venait s'ajouter, il devait bien l'avouer, une certaine part de curiosité quand il avait reconnu deux têtes parmi l'escorte du convoi. Ilhanne Barrowmer, pour commencer. Geoffroy avait fait sa connaissance pendant une mission dans les environs de Traquemont, au cours de laquelle ils s'étaient aventurés dans les tréfonds d'un site minier à l'abandon. Elle semblait être attirée par les situations risquées comme un papillon par une flamme, mais il était plutôt rassuré de pouvoir compter sur son arc en cas de besoin.

Quant à l'autre, il s'agissait d'Hugues de Noblecoeur. Son action pour attirer les fangeux loin du convoi avait suscité chez le chevalier un intérêt mêlé de respect, sans qu'il puisse déterminer si cela relevait de l'inconscience la plus totale ou au contraire d'une bravoure incroyable. De fait, Geoffroy ne savait pas exactement quoi penser du baron à la crinière flamboyante. La vérité à son sujet devait se trouver quelque part entre ces deux extrêmes.

Ce fut d'ailleurs aux côtés d'Hugues que Geoffroy fut assigné à l'escorte du convoi, plus précisément à la protection de la dernière charrette. Poussé en cela par la monotonie du voyage ainsi que par un certain sens de la politesse, il commença par se présenter personnellement à son compagnon de route :

« Geoffroy de Nouet, chevalier de Traquemont. C'est un honneur de vous rencontrer, Baron de Noblecoeur. »

Il ne s'agissait pas là d'une simple flagornerie, Geoffroy était sincère dans ses propos. Si le baron n'avait pas attiré les fangeux à l'écart du cortège pendant les premières heures qui suivirent le lancement de la reconquête du Labret, les pertes humaines déjà considérables auraient été encore plus importantes.
Sans rien ajouter, il se plaça de l'autre côté du chariot et le convoi reprit sa route, fort d'un membre supplémentaire. La troupe parcourut ainsi plusieurs lieux sans incident notable, dans un silence relatif uniquement rythmé par le grincement des essieux.
Même cette nuisance sonore finit par s'éteindre lorsque les conducteurs arrêtèrent leurs véhicules. Intrigué, Geoffroy fit quelques pas en direction de la tête du convoi pour connaître la raison de cette pause, lorsqu'un cri s'éleva.

" C'est une embuscade ! Tous à cou... ! "

L'instant d'après, une flèche sifflait dans les airs et vint se ficher dans la charrette derrière lui. Instantanément, le chevalier plongea à couvert, mettant la surface de bois du véhicule entre lui et la direction générale d'où le projectile avait été tiré.

Sans leur laisser le temps d'organiser leur défense, les assaillants surgirent de leur cachette. Un lancier chargea sur sa position et Geoffroy s'écarta de quelques pas du chariot pour éviter de se retrouver acculé et, probablement, embroché. Il lui fit face, bouclier levé pour dévier son attaque et si possible écarter son arme de manière à pouvoir s'approcher suffisamment pour riposter. S'il trouvait la faille dans sa défense, il lui plongerait sa lame dans le ventre pour le vider comme un poisson.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
MessageSujet: Re: Les bienfaits du Labret - Acte II   Les bienfaits du Labret - Acte II Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Les bienfaits du Labret - Acte II
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 4Aller à la page : 1, 2, 3, 4  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Alentours de Marbrume ⚜ :: Marécages de l'Oubliance-
Sauter vers: